Histoire générale des Antilles suite

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que faiblement les protéger, dépendait de leur courage. Cependant la France, pour agrandir ses îles, avait accumulé toutes sortes de lois et d’ordonnances dont le chaos avait parfois produit l’insurrection. Étouffée par les colons eux-mêmes, l’insurrection, qui avait disparu avec l’abolition de l’exclusivisme, avait été remplacée par la guerre, autre fléau terrible pour les colonies. Mais alors, cherchant à se caser, les colons, non encore stationnaires, n’avaient point senti les étreintes de l'égoïsme, et les maux ainsi que les joies étaient communs entre frères, entre gens qui souffraient des mêmes douleurs. La cause commune était de chasser l’Anglais de nos îles et même de conquérir sur lui des terres, afin de diminuer son influence dans cette partie du Nouveau-Monde. Dès lors l’attaque et la défense étaient aussi choses communes, et si une colonie avait à ses portes l’Anglais, aussitôt accouraient vers elle les colons de toutes les îles. Ces colons,en outre, peu riches alors,et aguerris aux travaux des champs, la plupart provenant des engagements que la France avait facilités, se transportaient facilement là où il y avait a défendre le drapeau national. Partant de cet étal de choses, que les guerres que nous avons reproduites nous prouvent assez, les généraux, malgré les conflits qui s’élevaient parfois entre eux, comptaient sur leur coopération réciproque. Le chef suprême des îles, constamment en marche d’une île à l’autre, en embrassait les besoins les plus pressants, besoins auxquels il subvenait incontinent. Mais, en 1743, nos îles étant moins protégées par la marine, en ce sens que cette arme affaiblie, décimée, avait à faire face aux vaisseaux anglais en Amérique, en Europe et dans l’Inde, en ce sens encore que les troupes, stationnant aux îles, se trouvaient spécialement aux ordres du gouverneur-général qui en retenait la majeure partie à la Martinique, le point le plus essentiel à défendre, nos îles, disons-nous, avaient plus spécialement à compter sur leurs propres ressources. Aussi de Clieu non-seulement se réjouissait de ce que, dès le début de la guerre, les Anglais ne fussent point débarqués


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