La Guadeloupe. Renseignements sur l'Histoire, la Flore, la Faune [...]. Tome III. Vol.1

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— 175 — de bon suc, et c'est pour l'ordinaire ce qui leur manque. Car comme il n'y a point de boucheries établies dans la pluspart de nos isles, la viande fraische ne se rencontre pas toujours, et la pluspart des maistres ne peuvent, ou ne veulent pas en faire la dépense, pour les engagez, d'où vient qu' il en meurt une infinité de ces maux. » Une autre maladie, propre et particulière aux îles, laquelle pour un certain nombre finit fatalement et ne trouve, pour les autres, de guérison que par un voyage en France, l'usage des eaux de Bourbon et l'expérience de bons médecins, est une espèce de paralysie ou engourdissement des nerfs et des tendons, causée « par une pituite visqueuse, qui distillant du cerveau, « imbibe la substance de ces nerfs, et empesche la libre « communication des esprits vitaux, d'où il arrive que les « membres et particulièrement les bras et les jambes, demeurent « tous contrefaits. « L'usage immodéré des fruicts du pays, engendre une si « grande quantité de bile que les coliques bilieuses y sont « ordinaires, et dont j'ay veu mourir plusieurs. Les médicamens « dont on se sert pour ces maladies aiguës sont les mesmes « dont on se sert en France quand on en est attaqué : mais « j'en ay veu qui se sont soulagez et mesme guéris, par des « ventouses qu'ils se sont fait appliquer sur le ventre... « Les chirurgiens sont dans nos isles, tout ensemble Mede« cins et Apotiquaires ; mais la plus-part étant très-ignorans, « ou ils ne connoissent pas les remedes, ou ils ne scavent pas « s'en servir. « L'on y saigne fort rarement, et l'on croit que c'est exceder « que de saigner cinq fois dans une fièvre violente, parce que « la plus-part des m aladies dégenerent en hydropisies. » Thibault de Chanvalon traitant, en 1751, des maladies particulières aux blancs, dit d'abord que la chaleur étant presque toujours la même sans interruption, les effets de sa continuité exercent sur l'économie la plus désastreuse influence. « Toute l'habitude du corps en est altérée, les facultés même « de l'esprit, si on ose le dire, en sont accablées.... « Les forces s'épuisent dans ces contrées brûlantes par des « sueurs ou des transpirations violentes et continues; rien ne « les répare. Le sang se dépouille et s'appauvrit insensiblement, « l'équilibre est rompu, les solides perdent leur ton; de-là les « engorgemens, et bientôt après les maladies inflammatoires « si communes dans nos Isles. « En y arrivant, on est frappé du teint de ceux qui les « habitent; on les prendroit pour des convalescens. On ne « voit point sur les physionomies cet air de vie et de santé, « « « « « «


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