La Guadeloupe. Renseignements sur l'Histoire, la Flore, la Faune, la Géologie, la Minéralogie, l'Agr

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du sentier conduisant au plateau. Ils ont ouvert une trace qui, du morne Goyavier, va directement aboutir à la ravine L’Herminier et n’escaladent plus le morne Tarade. Le volcan, dans l’est, a de nouveau, peu à peu, perdu de son intensité, et toute son activité s’est concentrée dans le cratère du sud, mais avec beaucoup moins de violence qu’après l’éruption de 1836. La Grande-Fente présente toujours son abîme elliptique, s’enfonçant comme un entonnoir. Ses parois, formées de laves brûlées, sont entrecoupées de brisures fumantes. Du fond de l’abîme jaillissent cependant de légères colonnes de vapeurs dues à la combinaison de la vapeur d’eau avec plus ou moins de soufre. Les parois sont tapissées vers le sommet de mousses et d’autres plantes délicates, parmi lesquelles M. Edelestan Jadin a découvert une violette nouvelle : viola stipularis. Le Pont-Naturel a résisté jusqu’ici aux assauts du temps, et son arche grandiose brave, sur ses assises de porphyre, les feux souterrains qui n’ont pu encore le désagréger. Les autres parties du volcan sont restées dans l’état où elles se trouvaient après 1836. Le Pont-Chinois et le Pont-du-Diable sont toujours suspendus sur l’abîme ouvert en 1797. Au-dessus de la caverne, qui est toujours inaccessible, et au commencement de la fente, une large et profonde excavation s’est formée dans laquelle le soufre s’est entassé en quantité si considérable, que ce gouffre, ainsi comblé, a été désigné sous le nom de : Puits ou Mer-de-Soufre. Le touriste qui s’égare souvent dans cette horrible solitude, admire chaque fois des merveilles inattendues, et son œil ébloui la contemple sous des aspects toujours nouveaux. Le volcan se réveille parfois. Tout est alors en activité sur le plateau. La Grande-Fente emplit son abîme elliptique d’une fumée noire et épaisse. Le piton Napoléon-le-Grand déchire l’air de sifflements plus formidables et plus stridents. Le Volcan-du Nord offre l’affreux et sublime tableau qu’il présentait aux regards avant 1836. Parfois les mares qui existent encore bouillonnent avec une véhémence extraordinaire et la plus grande donne, en raccourci, le tableau qu’offre le Geyser de l’ Islande. Empruntant la description de lord Dufferin, nous dirons : Soudain un dôme d’eau se gonfle, se soulève à une hauteur d’environ quinze pieds, puis se brise et tombe immédiatement, suivi d’une brillante colonne d’eau ou plutôt d’une gerbe de colonnes, qui, envelopée d’une robe de vapeurs, jaillit dans les airs, par une succession d’efforts saccadés dont chacun porte les crêtes argentées de la


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