La Guadeloupe. Renseignements sur l'Histoire, la Flore, la Faune, la Géologie [...] Tome II-: 1625-1

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leur présentait leurs pères massacrés, leurs frères égorgés, leurs enfants réduits en esclavage. I1 vantait ses exploits, racontait les victoires qu’il avait remportées, les exhortait à se confier à sa valeur et à combattre intrépidement. La guerre était résolue, le lieu du rendez-vous assigné, le jour du départ fixé. Quand il s’agissait de simples expéditions qui ne demandaient pas le concours des forces de toute la nation, le chef envoyait un guerrier renommé dans chaque toubana pour rassembler une bande de volontaires. Pour connaître l’époque fixée pour le départ de chaque village, on remplissait une calebasse, choisie à cet effet, de pierres. Tous les jours on en retirait une, et lorsque la calebasse était vide, les guerriers marchaient vers le lieu assigné pour le rendez-vous. Pendant ce temps, les pirogues étaient mises en état, les femmes préparaient les vivres, assemblaient la provision de cassave (ayaboüi), et faisaient la pâte de bananes, qui dans le besoin, servait de nourriture et de boisson, était faite avec des bananes bien mûres, écrasées et passées à travers un hébichet fin. Elle était façonnée en forme de petits pains séchés au soleil ou dans des cendres chaudes après avoir été enveloppés dans des feuilles de balisier. « Lorsqu’ils veulent, dit Labat, se servir de cette pâte, ils la délayent dans de l’eau, ce qui se fait très facilement. Elle épaissit l’eau, et lui donne une petite pointe d’aigreur agréable qui réjouit, qui désaltère beaucoup, et qui nourrit en même temps. » Cette pâte, ainsi que les vivres qui étaient sujets à s’avarier, étaient enfermés dans de grands coyemboucs : ce sont, ajoute le même historien, de grosses calebasses d’arbres que l’on coupe à la quatrième ou cinquième partie de leur longueur, on couvre cette ouverture avec une autre calebasse, et ces deux pièces sont jointes ensemble avec une ficelle de mahot ou de pite, à peu près comme le dessous d’un encensoir est joint à son dessus; ces deux morceaux de calebasse ainsi ajustez s’appellent un coyembouc : ce mot aussi bien que l’invention vient des Sauvages. » Le père Breton désigne le coyembouc sous le nom de : chapon. Lorsque le coyembouc était rempli de ce qu’on voulait y mettre, on serrait le couvercle avec la corde. Les hommes apprêtaient leurs armes consistant en: Arcs (chimala) longs d’environ six pieds. Les deux bouts étaient ronds et avaient un diamètre d’environ neuf à dix lignes. Deux hoches arrêtaient la corde. La grosseur s’augmentait également des deux bouts en venant vers le milieu, qui était ovale en


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