Un Parisien dans les Antilles

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DEUXIÈME PARTIE. — LA HAVANE.

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« — Où en étions-nous, senora ? « ___ Vous étiez arrivé à l’alcôve. « — C’est juste ! Il parla une heure durant des embellissements qu’il voulait faire dans sa chambre. Il exigea que je fisse une descente chez tous les fleuristes de la Havane et des environs, et que je leur défendisse de rien vendre à d’autres qu’à lui jusqu’à nouvel ordre. Je vous assure qu’il était fou, et je crois qu’il fera de sa chambre une chapelle de mai dont vous serez la Vierge. Nous avons cherché longtemps ensemble le moyen d’éloigner sa mère. J ai heureusement parmi mes amis un homme sûr, probe, habile, qui se ferait pendre—-et qui sera pendu un jour — Plutôt que de manquer à sa parole, quand on lui a Promis quelques piastres. Il viendra demain à trois heures et, tout essoufflé, dira à la bonne femme qu’on la demande chez elle en grande hâte; que tout le monde étant retenu sur la sucrerie à cause de la roulaison, il a offert de venir la prévenir ; qu’on lui a sellé un cheval et qu’il a failli le crever pour arriver avant l’heure du chemin de fer, qui part à quatre heures pour Aguada del Cura. Il répondra a toutes les questions qu’il n’en sait pas plus long, que, pressé de partir, il n’a pris le temps que d’enfourcher sa bête. Puis on ne le reverra plus. La bonne dame partira comme la flèche, vous pensez ! Elle en sera quitte Pour une soldeur, et vous pourrez voir le caballero demain. « Cette conclusion une fois posée, le vendeur avale Une gorgée de soda glacé, essuie sa moustache du revers de sa manche et reprend :


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