Trinidad, journal d'un missionnaire dominicain des Antilles anglaises

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— 37 — que je tuerai. » En route, le vaisseau qui portait Dâaga et ses compagnons fut capturé par les Anglais, qui rendirent les nègres à la liberté, mais dans leur colonie de la Trinidad. C’était à l’époque de l’émancipation des noirs, dont les Anglais se montraient les plus ardents champions. A bord, Dâaga reçut les plus sanglantes injures de la part de ses compagnons de captivité, qui, tout en se réjouissant de le voir pris dans ses propres filets, l’accusaient, avec raison, d’être la cause de leur malheur. Pour les apaiser il jura qu’une fois débarqué sur la terre des blancs, il ferait expier à ces derniers leur perfidie en les attaquant durant la nuit. « Et si les Paupaus et les Yérabas veulent me suivre, leur dit-il, je me fais fort de les ramener tous en Afrique. » Telles furent, en effet, les raisons qui poussèrent les noirs à la révolte : se venger et regagner leur pays. A cette époque, on avait établi, au nord de Saint-Joseph, une caserne de noirs*, elle était située sur le plateau que la maison des Sœurs occupe maintenant. Aux sauvages enfants de l’Afrique on fit jurer fidélité au roi, la main sur l’Evangile, et ils devinrent soldats anglais. Or, dans la nuit du 17 juin 1837, les habitants de SaintJoseph furent éveillés par les cris guerriers ou plutôt les hurlements des soldats noirs. Vers trois heures du matin, ceux-ci mirent le feu aux huttes qui leur servaient de caserne et à la case d’une pauvre femme appelée Darlymple ; puis, armés de fusils et de sabres, les révoltés coururent attaquer le quartier des officiers et des soldats blancs. Ogston, un Yéraba, renverse d’un coup de sabre un soldat noir qui tentait d’arrêter l’insurrection, et Dâaga l’achève d’un coup de pistolet. Les insurgés, au nombre de deux cents, tirent


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