Trinidad, journal d'un missionnaire dominicain des Antilles anglaises

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C’était à un kilomètre à peu près du presbytère. Je trouvai couchée sur le sol, enveloppée de misérables hardes, une femme presque blanche et qui paraissait avoir une cinquantaine d’années. Elle me parut très gravement malade. Après l’avoir encouragée, je lui demandai si elle se décidait à embrasser la foi de l’Église romaine : « Je n’ai pas encore fait mon idée, me répondit-elle. I have not yet made up my mind. Je vous ai seulement fait appeler afin que vous priiez pour moi. » Je lui parlai longuement de la nécessité de mourir dans la véritable Église de JésusChrist pour être sauvée. Je lui fis observer qu’elle était sérieusement malade et qu'il était temps de se décider, que peut-être le lendemain il serait trop tard. Je me heurtai à une obstination absolue. Je priai avec elle et la fis prier; pendant près d’une heure je l’exhortai, lui parlant des miséricordes du Seigneur-, mais aussi de ses jugements terribles ; rien n’y fit. Elle me répondait invariablement : « Je n’ai pas encore fait mon idée. » Voyant que le moment de la grâce n’était pas venu pour cette malheureuse, je me retirai, le cœur oppressé, en lui disant toutefois que je continuerais à prier pour elle, et que, si elle se décidait à me faire appeler le lendemain, ce jour-là encore je serais à sa disposition. Ce qui me donnait quelque espoir de la conversion de cette wesleyenne, c’est qu’elle savait l' Ave Maria et le disait en faisant sa prière : chose presque inouïe chez les protestants, surtout dans sa secte. Elle l’avait appris, me ditelle, d’une amie catholique à laquelle elle avait promis de le réciter. Le lendemain, c’était dimanche. A la messe, je recommandai tout spécialement à Dieu cette pauvre moribonde,


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