Trinidad, journal d'un missionnaire dominicain des Antilles anglaises

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meme, au contraire, s’était sentie remplie d’assurance. « A ce moment, avouait-elle, ma foi se changea en une espèce de vision, et bien que je ne fusse catholique que depuis peu de temps, je me sentais capable de répondre à toutes les objections que le ministre aurait pu me faire. Il vit sans doute qu’il n’avait rien à gagner avec moi, car il ajouta de sa voix la plus doucereuse : « Ma fille, je n’in« siste pas davantage ; sachez cependant que vous m’avez « fait beaucoup de peine par votre défection ; vous en « avez fait à votre mère, je le sais, vous avez scandalisé « notre Congrégation, vous avez exposé votre salut; mais « j’espère que la réflexion et les salutaires avis de votre « mère vous ramèneront à votre devoir, lorsque vous « aurez cessé de subir la pernicieuse influence de ces « nonnes qui sont la peste de ce pays. » Puis, le ministre, m’abandonnant à mon malheureux sort, ajoutait gaiement Minie, prit ma mère à part et lui parla longtemps, parfois élevant la voix et s’exprimant avec une grande excitation. Je saisis même ces mots : « Oui, il le faut « absolument, retirez-la de ce lieu infâme ! Vous la reti« rerez ! » Cette conversation fit une impression pénible sur l’esprit de Mme Philip ; elle avait un grand respect pour son ministre ; l’idée de l’avoir affligé en donnant son consentement à la conversion de sa fille était pour elle un remords. Elle eût désiré lui donner au moins la satisfaction qu’il demandait : retirer sa fille du couvent ; mais elle ne pouvait s’y résoudre en pensant à la peine qu’elle causerait à son enfant. Après le départ du ministre, la mère était triste et paraissait toute préoccupée ; Minie alla vers elle et l'em-


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