Le christianisme et l'esclavage

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puissance et les infirmités se trahissent à la face de Dieu et des hommes. Rappelons-nous que la cupidité a été le premier mobile de la traite des nègres et de l’esclavage dans les colonies. C’est elle encore qui aujourd’hui s’oppose à leur abolition. Le colon hésite, temporise, crie misère, l’humanité disparaît devant la perspective de sa ruine qu’il considère comme imminente. Il semble n’avoir ni l’esprit, ni le courage de substituer aux bagnes, dont il est le gardien, des institutions meilleures. Il succombe sous les vices du passé ; écrasé sous leur poids, il en a la conscience et redoute, agité par de noirs pressentiments, la première ivresse de l’affranchissement. Dans l’état actuel des choses, la question, il faut l’avouer, n’est pas aussi simple qu’on le croit au premier abord. Aux jours où nous vivons, on se flatte de résoudre toutes les difficultés par des lois, des décrets, des ordonnances. Que de déceptions, que de mécomptes dans cette manie législative! Décréter l’émancipation, régler l’indemnité due aux colons, voilà la première partie de ce grand acte de justice, sans doute très-importante en elle-même. Mais rendre l’esclave di-


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