Esclavage et immigration

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pas excessives. On a dû faire pour les immigrants, ce qu’on avait déjà fait pour les esclaves (1), fixer des minima (2). Il est d’ailleurs intéressant, dans cet ordre de choses, de se reporter à la discussion, en Conseil privé, d’un projet d’arrêté sur le régime de l’immigration à la Martinique. Par prétendu respect des mœurs indiennes et de la couleur locale, et tablant sur ce que l’Indien n’aime pas l’isolement, on décidait que les coolies engagés seraient groupés dans des cases, par sexe et par famille ; il était inutile que chaque case reçut autant de lits qu’elle renfermait d’individus, l’espace libre serait plus grand avec un seul lit, c’est-à-dire des planches de bois recouvertes d’une natte ou d’une couverture, et encore la natte était considérée comme un accessoire « d’un luxe tout asiatique, qui ne semble propre qu’à une chose, devenir une pépinière d’insectes ». On discutait ensuite sur l’opportunité qu’il y avait d’adjoindre à chaque case un banc de bois, « objet d’un luxe tout européen, dont l’usage serait regardé par le coolie comme une intolérable tyrannie » (3). Bref le coolie était très malheureux ; il avait souvent 1. Ordonnance royale du 5 juin 1846. Cf infra, page 13. 2. Pour la nourriture, de la morue, de la viande et du riz en quantité déterminée ; pour les vêtements, deux chemises, deux pantalons ou deux jupes en toile, un chapeau de paille ou deux mouchoirs de tête en coton; pour le logement, la dépense était insignifiante, d’ailleurs combien de travailleurs, gagnant 1 franc ou plus par jour, étaient logés. 3. Séance du Conseil privé du 16 janvier 1859.


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