VOYAGE A L'OUEST DU HAUT NIL.
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Ndjoûrs. Faqih-Allah est venu m'y rejoindre douze jours après, le jour où je me disposais à reprendre ma route vers l'est, c'està-dire le 7 février.
Je lis halte ce jour-là à la zerîba Tanis, près de la rivière du même nom qui, selon M. Schweinfurth, se jette dans le Bahar-el-Ghazâl. Mais, d'après les indigènes, elle se jetterait dans un lac situé un peu plus au nord que l'endroit où je la passai, et qui n'a point d'issue. Le 8 février, je m'arrêtai dans un village ndjangué qui est bordé au nord par des steppes d'une grande étendue. Ce caractère de steppes particulier à cette région me paraît fort bien s'accorder avec la mention que font les indigènes fleuves se perdant dans des bassins fermés. Comme le Tanis en effet, l'Ayak, que je traversai un peu plus loin en quittant la zerîba Cherîf, c'est-à-dire le 10 février, et qui est un peu plus grande que le Tanis, se perd au nord-est dans un lac appelé Guéki. L'Ayak sert de limite aux Ndjangués et aux Dingas. Les Ndjangués s'étendent jusqu'au nord du lac Tanis, où ils confinent aux Nouêrs, et au sud jusqu'à l'île formée par le Ndjoûr et le bras du Boro dont j'ai déjà parlé; d'autre part ils vont jusqu'au pays des Nômbas et, au nord du Bahar el-Ghazâl, jusqu'à l'endroit où se réunissent les cours d'eau qui forment le Fakam. Le 11 février, je fis halte dans la zerîba Cap Siaby, qui relève de la moudirîyé de Rol. Le 12, je passai un torrent appelé Fytio, qui se jette dans le lac Guéki, et j'atteignis le 13 la zerîba de Malzac, où se trouve la résidence du moudir Yousef. Plus au sud, on rencontre une population mélangée de Ndjoûrs et de Nouêrs, que les Bongos appellent Bellic, qui parle la langue des Nouêrs, mais qui a toutes les habitudes des Bongos. Le moudir Yousef ne voulait pas me permettre de continuer ma route vers l'est, m'affirmant que le gouverneur de Khartoûm ne l'avait pas permis à un Anglais qui était mort fou à Berber. Je lui répondis qu'il allait m'obliger à me hasarder au nord, au milieu des nations indépendantes