Commerce et traite des Noirs aux côtes occidentales d'Afrique

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Opérations de traite isolées du golfe de Biafia.

— 204 — m’est-il arrivé de chavirer itérativement avec ces mêmes pirogues au milieu des lames énormes qui forment la barre continue de la plage. Ces obstacles, loin d’entraver les opérations des, négriers, semblent au contraire les favoriser : aussi les croiseurs n’ont-ils pas réussi devant ces foyers de traite, aussi bien que sur la côte des Graines, à capturer les trafiquants d’esclaves et à faire avorter leurs plans. On assure, toutefois, que récemment on y a mis à mort, près de Lagos, 1,500 esclaves, qu’il devenait en même temps impossible de nourrir à terre ou de faire embarquer ; si les infâmes ont eu recours, en effet, à une extrémité aussi barbare, le sang de leurs victimes, en même temps qu’il crie vengeance, a coulé du moins comme preuve terrible que leur odieux trafic commençait à se voir réduit aux abois. On conçoit, en effet, que le massacre de tant d’esclaves représente pour leurs bourreaux une perte matérielle énorme, et à laquelle ils n’ont dû se résoudre qu’en présence de la plus absolue nécessité. Nous avons vu, dans la première partie de ce volume, que le commerce d’huile de palme commençait à prendre une certaine extension dans les parages de Whyda et de Badagry : cette traite y attire annuellement dix à douze navires troqueurs, lesquels y viennent d’autant plus volontiers que c’est le prétexte honnête dont ils se servent pour approvisionner ces établissements de marchandises propres à la traite des esclaves; d’autres, et ce sont le plus souvent des navires des États-Unis, mouillent devant ces points, même devant Lagos, pour se vendre aux négriers établis à terre, et subir, après cette vente, la transformation immédiate dont nous avons déjà parlé, celle de bâtiment troqueur en bâtiment négrier. Après la rivière de Benin le littoral se montre jusqu’au cap Formose, et même au delà dans le golfe de Biafra, entrecoupé par de nombreux cours d’eau qui forment le vaste delta du Niger ou Kouara; dans ces rivières la traite des noirs ne se fait guère que par opérations isolées et cela en grande partie à cause du développement qu’y a pris le commerce d’huile de palme, surtout dans le Bony, les Calebar et le Cameroons; quant à la fraction de côte qui s’étend depuis Cameroons jusqu’au Gabon, on y trouve les habitudes du commerce licite, principalement de la troque d'ivoire que cette fraction de côte produit en grande quantité.


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