Histoire des classes ouvrières et des classes bourgeoises. 1

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CHAPITRE II.

sagesse des classes ouvrières, il nous a paru logique de nous adresser à leurs préjugés et à leurs passions. Le mal le plus redoutable, en effet, qui travaille depuis quarante ans les ouvriers, c’est la répugnance qu’ils ont à n’être qu’ouvriers, et l’espèce de persuasion que les mauvais historiens, les mauvais publicistes, les mauvais orateurs révolutionnaires leur ont inspirée, que la condition de mercenaire est une situation dégradante et anormale, que la violence et la cupidité des grands ont à la longue imposée au peuple, et de laquelle la conscience des droits de l’homme exige qu’il sorte, coûte que coûte, loin qu’il puisse y avoir aucune moralité à l’accepter et aucun profit à la régler. L’exemple de l’Assemblée constituante abolissant les livrées, celui de la Convention abolissant la domesticité, et tous ces souvenirs de la fraternité populaire, qui donnait indistinctement pour la première fois le nom de citoyen au riche comme au pauvre, au duc comme au laquais, et qui ne faisait pourtant en définitive que dissimuler l’inégalité de la chose sous l’égalité du mot, ont laissé aux classes ouvrières ce mouvement d’inquié-


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