Relations des quatre voyages entrepris par Christophe Colomb. Tome II. 1

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DE CHRISTOPHE COLOMB.

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se rendit avec ses chaloupes pour voir le fleuve, et il entra dans un bras de mer qu’il rencontra une demi-lieue avant d’y arriver, mais qui n’en était pas l’embouchure. Il retourna sur ses pas, et trouva cette embouchure, dont la profondeur n’avait pas une brasse, et dont le courant était très rapide. Il y pénétra avec ses chaloupes pour examiner les bourgades qu’avaient déjà visitées ceux de ses gens qu’il avait envoyés avant-hier à la découverte. Il fit jeter le câble à terre pour remorquer, et les matelots parvinrent, en le tirant, à remonter les chaloupes à deux portées d’escopette; mais la rapidité du courant du fleuve ne leur permit pas de les remonter davantage. L’amiral vit quelques maisons et l’immense vallée où sont les bourgades, et il dit qu’il n’avait jamais rien vu de sa vie de plus beau que cette vallée que traverse ce fleuve. Il vit aussi plusieurs individus à l'embouchure dudit fleuve, mais à l’aspect des étrangers, ils prirent tous la fuite. L’amiral dit en outre qu’il faut que ces pauvres habitans soient bien tourmentés ( aquella gerite debe ser muy cazada), puisqu’ils sont si peureux. En effet, dès qu’ils arrivent en un endroit, ils allument, dans toute l’étendue de l'île, des feux sur les hauteurs (I); et cette cou(I) Colomb dit : luego hacen ahumadas de las atalayas


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