Relations des quatre voyages entrepris par Christophe Colomb. Tome II. 1

Page 119

DE CHRISTOPHE COLOMB.

107

il dit qu’il ne sait quel caprice s’empara de cet Indien, mais que par crainte sans doute, et de nuit, il voulut s’en retourner à sa peuplade, et l’amiral ajoute que comme il avait son bâtiment ballè en terre (en seco en tierra), et qu’il ne voulait pas le mécontenter, il le laissa s’en aller. Ce chef promit de revenir au point du jour, mais on ne le revit plus. Les deux chrétiens trouvèrent en route beaucoup de gens qui revenaient dans leurs villages, et les hommes de même que les femmes portaient à la main un charbon allumé et des herbes pour prendre les parfums, ainsi qu’ils en avaient coutume (1). Ils ne trouvèrent sur le chemin aucun village composé de plus de cinq maisons, et partout ils recevaient la même réception. Ils virent beaucoup d’es(1) Dans l' Histoire des Indes écrite par l’évêque Casas, chap. 66, on trouve cette circonstance plus détaillée. « Ces deux chrétiens trouvèrent, dit-il, sur leur route « beaucoup de monde, tant hommes que femmes, qui se «rendaient dans leurs chaumières; les hommes portant « toujours dans les mains un charbon allumé et certaines « herbes pour se parfumer. C’étaient des herbes sèches ren« fermées dans une certaine feuille également sèche, et de « la forme de ces mousquets (a manera de masquete ) dont « les enfans se servent le jour de la Pentecôte. Ils étaient « allumés par un bout, tandis qu’ils suçaient l’autre et l’ab« sorbaient ; et buvant intérieurement la fumée par l’aspira« tion, cette fumée les endormait et les enivrait pour ainsi « dire par les narines de cette manière, ils ne sentaient


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.