Relations des quatre voyages entrepris par Christophe Colomb. Tome I

Page 217

INTRODUCTION.

171

Ce n’était qu’ainsi, disait-il, qu’il était convenable que les choses eussent lieu , afin qu’on pût travailler dans ces contrées à l’établissement de la religion chrétienne, seul motif qu’il fût, selon lui, possible aux Européens d’alléguer avec justice pour intervenir dans le gouvernement des Indes (1). En somme, l’affabilité évangélique, la douceur de la charité et la persuasion pacifique de la chaire de vérité, telles étaient les seules armes que l’évêque désirait qu’on employât dans cette conquête spirituelle ; en conséquence, tout ce qui s’éloigne de ce principe est à ses yeux un crime, une usurpation , une tyrannie, un désordre. Si l’amiral propose les moyens qu’il regardait comme les plus prudens pour soumettre l’île Espagnole et y établir la domination des rois d’Espagne, l’évêque ne voit dans ces moyens que l’oppression et la destruction des Indiens (2). S’il en choisit quelques uns pour les présenter au Roi ou pour qu’ils lui servent d’interprètes, il regarde comme une injustice et une offense faite à Dieu et au prochain de les emmener contre leur volonté, et de les séparer de leurs familles, quoique temporairement. S’il leur impose l’obli(1) Bartolomé de Las Casas, prologue de l'Histoire des (M. F. DE NAV.) Indes. (2) Bartolomé de Las Casas, Histoire générale des Indes, liv. I, chap. 54 (Idem.)


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.