Questions relatives à l'abolition de l'esclavage. 2

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5 CONSEIL SPECIAL DE LA MARTINIQUE. M. L’ORDONNATEUR, appelé à donner son opinion sur ce Délibération prélipoint, s’exprime ainsi : « Ainsi qu’on vient de le dire, la minaire. «question vitale, la seule dont la solution puisse réaliser «ou anéantir les espérances de l’émancipation, la seule à « examiner pour arriver à des conséquences rationnelles, « est celle de savoir si le Gouvernement, en concédant la «liberté aux esclaves, est apte à garantir la continuation « du travail dans les colonies. Pour ce qui me concerne, «je suis loin de le penser. Si l’Angleterre, avec la force de « ses lois et les ressources de ses finances, n’a pu obtenir « sous ce rapport que des résultats éphémères, si la culture «dans ses colonies est menacée au point qu’on doive re« cruter à grands frais des cultivateurs dans toutes les par« ties du Globe , la France , avec des lois plus douces, avec « moins de richesses et peut-être moins de persévérance, « avec son administration paternelle et tolérante, ne peut « arriver qu’à des résultats encore plus fâcheux. On se flatterait en vain, il faut savoir le dire; aux yeux de ceux « qui connaissent les colonies et qui ont été à même d’étudier longuement les mœurs de la race noire, l’administration française paraît inhabile à garantir le travail « après que l’affranchissement des esclaves aura été décrété. «Sous ce rapport, nous n’avons pas à nous préoccuper ici des opinions qui peuvent exister en France ; ce serait ‘mettre une entrave à nos délibérations et ravir à la commission centrale des renseignements précis qu'elle est en droit d' attendre de notre expérience locale et de notre impartialité. Le Gouvernement du Roi nous a demandé la vérité tout entière, nous la lui dirons sans aucune ré« serve et, après l'ac omplis ement de ce premierdevoir,

autre, en recherchant fran« nous en accomplirons un chement et loyalement les moyens de réaliser l'émanciménageant autant que possible « pation des esclaves en osueltinérêts. Je crois donc qu'en principe le conseil doit considérer comme sa principale obligation celle d'é« clairer le Gouvernement du Roi sur l'immense responsabi« lité qui se rattache à l'acte dont on poursuit la réalisation, « et qui touche au cœur l'existence des colonies, l'industrie « manufacturière et agricole de la France, son commerce et sa puissance navale. »


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