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RECHERCHES CHRONOLOGIQUES ET HISTORIQUES
de ses principaux caractères, qu’il est difficile de méconnaître (1). En 1669, les actes publics signalent une grande mortalité, qui fut attribuée à une contagion apportée d’Afrique par les esclaves noirs (2). En 1682, trois ans après, Barbot, qui visita Fort-Royal et Saint-Pierre pendant l’hivernage, rapporte « qu’il y avait « alors peu de navires dont les équipages ne ressentissent « les effets de l’insalubrité de l'air, et que quelquefois des « hommes mouraient en l’espace de quelques heures, sans « avoir de maladie apparente (3). » Huit ans après nous retrouvons le mal dont par le Barbot sévissant à la Martinique. Cette fois on lui donne un nom qui servira à le distinguer pendant longtemps, quoiqu’il soit le résultat de l’erreur. Écoutons le père Labat : « Au mois de décembre 1690, le vaisseau l'Oriflamme « et deux autres navires de la compagnie des Indes, qui re« venoient de Siam avec les débris des établissements de « Merguy et de Bancock, relàchèrent successivement au « Bresil et à Fort-Royal de la Martinique. Pendant leur sé« jour dans cette dernière colonie, ils demeurerent mouillés « dans le Carénage, bassin sûr et commode formé par la « nature entre de hautes collines volcaniques, mais dont « l’insalubrité est d’autant plus grande qu’il est abrité « contre touts vents, excepté celui du sud. On assure que « les salaisons qui étoient à bord de ces bâtiments étant « avariées par la longueur du voyage furent jetées dans ce « port, et qu’il en résulta une infection d’où naquit une
(1) Dutertre, t. 1, page 422. (2) Moreau de Saint-Méry. Lois et constitution de Saint-Domingue, t. 1, page 407. (3) Barbot, A description of the coast of Guinea, in Churchill's collection, in-f°. London, 173, t. 6.