Voyages du père Labat de l'ordre des FF. Prêcheurs, en Espagne et en Italie. Tome II

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D'ESPAGNE

ET

D’ITALIE.

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nestes se sont fait sentir bien des années après. Je partis heureusement de Bologne avant que cette nouvelle y fût arrivée, quoique ce malheur fut arrivé le douze ou le treize du mois de May. Cela avoit terriblement affligé Marstro Fabricio. J’ai sçû depuis que nôtre déroute à Turin le dix-septiéme Septembre de la même année, avoit fait une si puissante impression sur son bon cœur, qu’il n’avoit pu y resister, ce malheur s’étant joint au moment fatal marqué de toute éternité pour le terme de ses jours. Il en fut tellement Mort de saisi, qu’il se mit au lit, demanda & Marstro Fabricio. reçût ses sacremens avec une pieté exemplaire, & mourut enfin dans une parfaite resignation aux ordres de la Providence, plus heureux & plus sage infiniment qu’un autre genie François de la même Ville, qui s’étoit pendu, quand il eût appris le détail du siege de Barcelonne. On trouvera ces manieres extraordinaires en France, où on n’a jamais vû de François mourir de douleur, à cause des malheurs de sa patrie, & encore moins avancer ses jours pour ne pas survivre à ses disgraces, aussi n'est-ce pas le païs des Heros du bon cœur. Sans en aller chercher la raison O ij


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