Œuvres de Léonard. Tome III

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DE

DEUX AMANTS.

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tenebres précipité du ciel. De quelle région charmante je suis revenu ! que d’illusions détruites ! je les ai revus tous ces lieux que vous embellissiez ; je leur ai dit mes derniers adieux; jeme suis prosterné sur la terre que vous aviez foulée; je l’ai baisée en sanglottant, et je me suis écrié : O terre ! je ne te verrai plus !. .. . Il va donc vous sacrifier ce père barbare ! il vous vendra au poids de l’or ! Cette, monstrueuse union doit se consommer, et moi, je la verrai d’un œil tranquille ! et je n’invoquerai pas toutes les foudres du ciel contre une union formée au mépris des engagements les plus sacrés! Non ! que l’enfer s’ouvre pour les engloutir les profanateurs de nos serments ! que le feu consume jusqu’à leurs traces! Mais, Thérèse! tu ne peux pas le subir cet hymen; tant que je vivrai, tu ne le peux pas : ta foi est à moi ; le ciel et la terre le savent. Attends que je sois mort ; attends que ma poussière soit le jouet des vents , et qu’ils l'emportent avec les serments que tu m’as faits! je ne tarderai pas longtemps à te rendre libre. Vivrai-je, en effet, pour voir un père indigne de ce nom signer ton malheur, et le plus vil mortel passer dans tes bras? vivrai-je pour


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