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LETTRES
LETTRE
XXXIX.
THÉRÈSE A CONSTANCE.
père est obligé d’aller à Paris pour un procès: il te verra, Constance ! que j’envie son bonheur! Qu’il est déjà loin le temps où nous pouvions nous voir et nous entendre! La vie est une chaîne continue de plaisirs et de peines, de jouissances et de privations. Quand on est bien dans un lieu, pourquoi ne pas s’arranger pour y rester? à quoi bon se transporter sans cesse dans des situations diverses? et que gagne-t-on à se déplacer ? Je n’oublierai jamais l’année que j’ai passée auprès de toi : ce sera l’époque de ma félicité ; et quand je voudrai juger si je suis heureuse , je comparerai mon sort à celui dont tu m’as fait jouir. Adorable cousine! que tu es aimée! mais que tu mérites de l’être ! Nous voilà seules à la campagne ; car mon frère a jugé à propos de suivre à la ville madame d’Arbon, et j’en suis quitte au moins pour quelque temps. Le Curé nous MON