Œuvres de Léonard. Tome II

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LIVRE

I.

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Nous verrons s’écouler nos jours Comme le ruisseau pur qui fuit dans la prairie. LUCINDE.

Hélas ! contre ma peine inutiles secours ! Souvent tu m’entretiens dès la naissante aurore , Jusqu’au temps où la nuit recommence son cours: Quand nous nous séparons, il me semble toujours Que tu n’as point tout dit encore. ZERBIN.

Je dis ce que je sais ; mais il est, je le voi, Bien d’autres choses que j’ignore. LUCINDE.

C’est ce que j’imagine ; et toi, Zerbin, et toi, Es-tu toujours content, toujours gai près de moi ? ZERBIN.

Toujours, Lucinde, hormis quand ce mal me tourmente Je sens alors en moi je ne sais quelle ardeur; Je voudrais t’embrasser, te serrer sur mon cœur: Je t’embrasse , te serre.... et rien ne me contente. LUCINDE. Ah ! je me doutais bien que tu souffrais aussi. Mais par quelle étrange disgrâce Notre bonne amitié nous gêne-t-elle ainsi ? Plus j’y rêve, Zerbin, plus cela m’embarrasse. ZERBIN.

Serait-ce quelque sort qu’on nous aurait jeté ? LUCINDE. dis-tu là ? nous serions bien à plaindre. que O ciel ! ZERBIN.

C’est qu’il est des bergers dont on a tout à craindre. On dit que d’un seul mot ils ôtent la santé.


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