Œuvres de Léonard. Tome I

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LETTRE SUR

UN

VOYAGE AUX ANTILLES. Vous savez, madame, avec quel regret je vous ai quittée: mon chagrin me suivit jusqu’à Nantes, où j’allais m’embarquer ; mais quand je fus dans la rade , quand je respirai l’air de la mer, je repris un peu courage. Vous n’imaginez point l’impression que fait sur des insulaires là vue de cette mer dorée par le soleil levant, dans une matinée d’avril, et le souffle d’un vent frais , et le bruit des voiles agitées, et les cris des matelots , et les apprêts du voyage. Ce goût aventurier , qui nous saisit dès que nous mettons le pied dans un navire, nous promène gaiement dans le pays des chimères. Nous réalisons en idée toutes les fables des voyageurs ; et tandis que le bâtiment nous emporte, l’essaim des riants projets vole autour de nous. Ces flots turbulents que nous avons à parcourir n’ont rien


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