Mémoires politiques et militaires du Général Tercier

Page 181

NOUVELLES COMMISSIONS MILITAIRES.

141

de l’escadre, je citerai le comte de Bozon-Périgord, frère du ministre Talleyrand ; il fut pris avec nous, mais il trouva moyen de s’embarquer sur un petit bateau qu’il eut le bonheur de rencontrer à l’extrémité de la presqu’île. M. de Vauban, dont nous avons les Mémoires, fut assez heureux d’échapper aussi. Un jeune petit émigré entra comme tambour dans un bataillon républicain. Je tairai le nom de ce petit émigré, qui depuis... Mais alors il était royaliste. Quantum mutatus ab illo!

Il est devenu lieutenant général en France : je veux taire même le nom de sa province, et je m’abstiendrai de dire s'il vit encore. Voilà en un mot, sur l’affaire de Quiberon, des détails qui n’ont point encore été connus. Je puis, sur ma parole, en assurer l’exactitude. Je n’ai aucun intérêt de déverser le blâme sur ceux qui l’ont mérité. Je ne suis animé d’aucun notre sentiment que celui de la pure vérité en faisant connaître exactement les malheurs d’une expédition dus à l’impéritie et à la négligence, et qui ont retardé de dix-huit ans le retour en France de la famille désirée des Bourbons. Je sais qu'il se trouvera des personnes qui contesteront la vérité de mon récit; il se trouvera même des contradicteurs parmi des gens qui n’auront point été témoins des faits. Mais je n’en persisterai pas moins dans mes affirmations. Après la mort héroïque du brave comte de Sombreuil, après celle du respectable évêque de Dol et des douze prêtres venus avec lui d’Angleterre, et dont le supplice militaire a formé à ce saint prélat une véritable couronne de martyr, on multiplia les commissions militaires afin d’en finir plus vite. Outre les deux établies dans la ville d’Auray, on en créa trois autres dans le bourg de Quiberon. Un matin on nous fit tous sortir de la prison. Une force


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.