Voyage à la partie orientale de la terre-ferme dans l'Amérique Méridionale, t. III

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A LA TERRE-FERME.

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que l’on proposoit d’imposer sur le tabac pour faire la somme exigée, l’intendant trouvoit ce moyen insuffisant à raison de la grande facilité que chacun auroit à le frauder. Il proposa de joindre à cette imposition un droit de cinq pour cent d’entrée et de sortie sur tout ce qui s’expédieroit dans les douanes maritimes, afin de couvrir le déficit,s’il y en avoit. De part et d’autre on écrivit des rames de papier, et les points de difficulté restèrent les mêmes. Les quinze années d’existence de la vente exclusive du tabac en avoient trop fait connoître les avantages, pour pouvoir s’y soustraire par les mêmes moyens qu’on l’auroit pu avant qu’elle ne fût établie. Tous les raisonnemens, toutes les hypothèses, toutes les conjectures échouoient contre l’évidence des calculs du fisc. On jugea que, ne pouvant le convaincre, il falloit le rendre odieux. Le cabildo de Caracas assura que l’administration malversoit dans la préparation du tabac. Le syndic général D. Louis-Lopez Mendez provoqua, au commencement de décembre 1794, une information sur la mauvaise qualité des tabacs qui se vendoient dans les bureaux. Vingt-six témoins furent entendus, tous affirmèrent que le tabac de la régie étoit très-mauvais et nuisible à la santé.


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