Saint-Pierre Martinique : 1635-1902. Partie 1

Page 28

D'ENAMBUC A SAINT-CHRISTOPHE

11

trouvait entre leurs mains et, pour le surplus, l e u r accordant six mois de crédit. Ce tabac de nos premiers colons des Antilles se vendit si bien en Z é l a n d e , que l'exemple de ce navire fut suivi par d'autres de sa nation, qui a c c o u r u r e n t pourvoir les colonies de tout ce dont elles avaient besoin. Les F r a n ç a i s de Saint-Christophe e u r e n t alors quelques années de paix et de prospérité. Pourtant, ils n ' é t a i e n t encore que quelques centaines contre 5 000 à 6 000 Anglais. Aussi, d e v a n t ce petit nombre et malgré les souvenirs des vertes leçons reçues de la flotte d e Cussac, ainsi que d u corsaire Giron et de d ' E n a m b u c , les A n glais se sentaient-ils constamment poussés à v e x e r leurs voisins et à empiéter sur leurs droits. Mais ils furent si r u d e m e n t réprimés à chaque tentative trop criante q u e , suivant u n historien de l'époque, les plus hardis avouaient ingénument qu'ils aimeraient mieux avoir affaire à deux diables qu'à un seul colon français. L a Compagnie continuait à n'envoyer, à d e rares intervalles, que la moitié des choses les plus indispensables a u x habitants, tandis que les Hollandais leur apportaient r é g u l i è r e m e n t , en abondance et à m e i l l e u r m a r c h é , tout ce qui leur manquait. Pour cette raison, a y a n t amélioré et a u g m e n t é leurs plantations de tabac et de coton, ils réservaient leurs récoltes à ces derniers ou les faisaient passer eux-mêmes en Hollande ou en A n g l e t e r r e . Les seigneurs d e la C o m p a g n i e , dans l e u r incapacité à r e m é dier à ce mal dont ils étaient les premiers a u t e u r s et les p r e m i è r e s victimes, ne voulant pas non plus consentir à tout p e r d r e j u s q u ' a u bout, obtinrent du roi, le 25 novembre 1634, u n e déclaration qui défendait à tous navires de traiter avec Saint-Christophe, sans permission de la compagnie. Cette déclaration, bien e n t e n d u , resta lettre morte et papier d'archives, après e n t e r r e m e n t de première classe, comme il y en a tant dans la poussière des colonies et p a r m i les cartons du ministère . E n 1635, cependant, la Compagnie fit u n effort pour se rapprocher des colons. L e 12 février, a u palais du cardinal de Richelieu, elle rédigea u n nouveau contrat sur des bases u n peu plus larges


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.