infosantésuisse Nr. 10/2008 französisch

Page 1

10/08

info santésuisse

Rationaliser Réseaux, coordination et non rationner et coopération

Le magazine des assureurs-maladie suisses


Page 4

Page 12

Page 18

Coordination des soins : de nos jours, une nécessité

Les « cyber-docteurs » remettent l’écoute des patients au goût du jour

Des assurés satisfaits : la «méthode» Galenos

Sommaire Sous la loupe 4 Coordination des soins : de nos jours, une nécessité 6 Une journée au sein du nouveau cabinet d’urgence de l’hôpital cantonal de Lucerne 8 France. Projet de loi : « Hôpital, patients, santé et territoires » 10 Felix Huber : « L’heure de gloire des médecins généralistes ne saurait tarder » 12 Les « cyber-docteurs » remettent l’écoute des patients au goût du jour 14 Trois questions à Dietmar Michlig, directeur du Réseau Santé Valais Assurance-maladie 15 Graphique du mois : les Suisses paient 240 millions de trop pour les analyses de laboratoire 16 Centre Cada de santésuisse : rétrospective et perspectives 18 Des assurés satisfaits : la « méthode » Galenos 20 Rapport annuel de l’Institution commune LAMal 21 Inscription aux cours interentreprises 22 Qualité élevée de la prise en charge des patients nécessitant une oxygénothérapie En bref 23 Lutte contre l’obésité chez les jeunes Service 24 Pro Senectute prône « la force de travail des 50 ans+ » 24 Nouvelles du monde 25 Manifestations 25 Mr Raoul 26 santésuisse : un film d’animation pour combler les lacunes 26 La population suisse est en bonne santé – mais des inégalités existent

No 10, décembre 2008 Paraît dix fois par an prix de l’abonnement 69 fr. par an, 10 fr. le numéro Éditeur et administration santésuisse, Les assureurs-maladie suisses, Römerstrasse 20, case postale, 4502 Soleure Responsable de la rédaction Nello Castelli, Département Politique et Communication, case postale, 4502 Soleure Rédactrice : Maud Hilaire Schenker, téléphone 032 625 42 49, téléfax 032 625 41 51, courriel : redaction@santesuisse.ch production : Vogt-Schild Druck AG, Gutenbergstrasse 1, 4552 Derendingen Conception de la mise en page  Pomcany’s mise en page  Henriette Lux et Felix Bosch administration des annonces Toutes les annonces – les offres d’emploi y compris – sont à adresser à : «  infosantésuisse  », Römerstrasse 20, case postale, 4502 Soleure courriel : redaction@santesuisse.ch Administration des abonnements téléphone 032 625 42 74, téléfax 032 625 41 51 Portail : www.santesuisse.ch Page de titre : Prisma Bildagentur AG, Schlieren (ZH) ISSN 1660-7236


Coordonner, mettre en réseau : le dialogue est indispensable La notion de réseau gagne du terrain. D’un point de vue purement linguistique déjà, le terme est omniprésent. On parle de réseau social, de réseau de communication, de réseau informatique, de réseaux de médecins, de réflexion (et d’action ?) en réseau. Le domaine de la santé n’échappe pas à cette tendance : presque tous les séminaires ou projets concernent les réseaux et la coordination. C’est très positif. Les réseaux de personnes ou d’organisations permettent souvent d’atteindre des objectifs communs avec plus de succès en coordonnant mieux les compétences disponibles. L’importance des réseaux est évidente. Toutefois, pour qu’ils puissent exister et devenir productifs, une condition fondamentale doit être remplie : le respect réciproque et le dialogue. Cela paraît banal, mais une bonne communication est primordiale à toute collaboration. La politique de la santé suscite de nombreux débats et articles, mais les protagonistes agissent plus les uns contre les autres que les uns avec les autres. Les discussions autour des votations ou les modifications de lois obtenues de haute lutte ne favorisent pas toujours le dialogue. Concrètement, je souhaite plus de dialogue entre les assureurs, les fournisseurs de prestations et les cantons pour trouver des solutions constructives, tournées vers le futur et satisfaisantes pour les clients. En l’occurrence, l’objectif recherché est que les partenaires tombent d’accord, non que l’Etat intervienne et réglemente. Au niveau politique, je souhaite un échange d’idées sur les réformes de la santé, afin qu’assureurs, fournisseurs de prestations et cantons développent ensemble des solutions sur le long terme, évitant du même coup que les ordonnances n’augmentent plus vite que les coûts. Je souhaite donc un dialogue qui facilite le partenariat, les réseaux et réduise le rôle de l’Etat.

3 | Editorial 10/08

Otto Bitterli Membre du Conseil d’administration de santésuisse


Pourquoi nous n’échapperons pas à une collaboration accrue au sein du système de santé

Coordination des soins : de nos jours, une nécessité Depuis longtemps, les réseaux de médecins et les cabinets de groupe sont connus comme des modèles permettant de faire des économies de primes. Aujourd’hui, leurs avantages qualitatifs sont de plus en plus mis en avant. Idéalement parlant, la gestion coordonnée des soins promet une meilleure qualité à des coûts inférieurs. Le rêve des économistes de santé est en train de devenir une nécessité réelle pour la survie de notre système.

Les Suisses sont toujours plus nombreux à choisir des modèles alternatifs d’assurance-maladie. Régulièrement, plus de médecins adhèrent aux réseaux ou aux cabinets de groupe. Un nombre croissant d’hôpitaux concluent des accords de collaboration et, dans certaines régions, les médecins de premier recours peuvent maintenant assumer leur service de garde et d’urgence à l’hôpital. Cet élan de collaboration dans le système de santé est-il vécu comme une nécessité objective ou comme un enrichissement ? Qu’est-ce qui importe le plus : les incitations financières ou l’intime conviction ? Quoi qu’il en soit, à l’avenir, la collaboration dans le système de santé va encore se renforcer. Pour diverses raisons expliquées ci-dessous, la capacité du système à répondre aux besoins dépendra dans une large mesure du bon fonctionnement de la coordination des soins et de la mise en réseau des prestataires. Raison 1 : seul un système coordonné garantira un nombre suffisant de médecins de famille

Le Fonds national de la recherche scientifique a publié en 2007 une étude sur les intentions professionnelles des nouveaux médecins, hommes et femmes. Les résultats ne sont guère encourageants : seuls 16 % envisagent de devenir généralistes. 91 % d’entre eux veulent travailler dans un cabinet de groupe. L’étude estime que ces chiffres reflètent une société en mutation où le sacrifice de la vie privée n’est plus de mise et où le besoin d’horaires réguliers est plus grand. Pour garantir à l’avenir aussi l’approvisionnement médical en soins de base, il faut non seulement de meilleures conditions de formation et de travail mais aussi des cabinets de groupe en plus grand nombre. Ces derniers sont en mesure de compenser, jusqu’à un certain point, la réduction de l’offre en médecins de premier recours grâce à la fourniture plus efficace des prestations médicales et aux frais administratifs moindres. Mais le cabinet de groupe n’attire pas seulement les nouveaux et les jeunes médecins. Une étude de « swisspep-Institut für Qualität und Forschung im Gesundheitswesen » de 2006 l’atteste : dans le canton de Berne, 30 % des médecins sont déjà membres d’un réseau. 53 % pourraient envisager une adhésion. 46 % des médecins de premier recours ont déjà adhéré à un réseau et 41 % y réfléchissent. Seuls 13 % rejettent catégoriquement les réseaux de médecins.

Raison 2 : la coordination au service de la qualité

Le New England Journal of Medicine a publié en 2003 une étude inquiétante : dans 50 % seulement des cas, les patients reçoivent aux USA les bons soins au bon moment. Les affections telles que le diabète, les infections des voies urinaires, les fractures de la hanche ou les plaies ouvertes sont particulièrement mal traitées. Les alcooliques ne sont correctement traités que dans 10 % des cas. Pour améliorer ces pourcentages, l’étude conseille de créer des incitations positives, de mesurer la qualité et d’en publier les résultats, de coordonner les soins et de mettre le système en réseau. Il existe déjà des preuves que la fourniture coordonnée des soins de santé augmente la qualité des traitements. Dieter Cohen, médecin-chef de la clinique médicale à l’hôpital cantonal d’Aarau, en a présenté les premiers résultats au Forum Managed Care de 2007. Grâce aux recommandations, aux directives de traitement et à la meilleure collaboration avec les médecins en libre pratique, l’hôpital cantonal d’Aarau a pu réduire significativement le taux de complications en cas d’attaques cérébrales et d’infarctus ; il se situe maintenant nettement en dessous du taux moyen de complications. Pour Dieter Cohen, il est non seulement important de collaborer avec le médecin traitant en amont mais aussi de planifier soigneusement la période suivant la sortie de l’hôpital. L’information rapide et précise des personnes ou des institutions traitant le malade en aval en fait partie. Il peut s’agir, outre les médecins, des établissements médicosociaux, de l’aide et des soins à domicile ou du service social de la commune. Selon le médecin-chef, l’hôpital cantonal d’Aarau transmet les rapports de sortie à toutes les parties impliquées dans les cinq jours – donc plus rapidement que tous les autres hôpitaux comparables. Raison 3 : les futurs défis du système de santé réclament des soins coordonnés

A l’heure actuelle, les pathologies subissent de profonds changements. Selon le European Brain Council, déjà 127 millions de personnes souffrent d’une maladie psychique ou neurologique – sur un total de 400 millions d’habitants. Selon l’OCDE, 62 % des personnes en Grande-Bretagne et 37 % en Suisse sont en surpoids ou obèses. Conséquence : une augmentation des maladies cardio-vasculaires, du diabète ou des problèmes d’articulations. Ces tendances semblent se confirmer ; le risque est donc bien réel qu’à l’avenir une proportion plus forte de personnes souffre de plusieurs maladies chroniques en même temps. S’y ajoute le vieillissement de la population. Les cas de démence seront plus fréquents ; beaucoup de patients ne s’y retrouveront plus seuls dans le système de santé. La demande en médecins de famille travaillant en réseau et accompagnant les patients tout au long de leurs traitements va croître rapidement. La déclaration de Volker Amelung, épidémiologiste allemand et spécialiste en médecine sociale, n’a donc rien d’étonnant : « Le développement d’une bonne gestion des soins sera un défi majeur pour les systèmes de santé. »

4 | Sous la loupe 10/08


Photo : Prisma

Raison 4 : l’exercice de la médecine devient toujours plus complexe

Les connaissances médicales doublent tous les cinq ans. Les médecins travaillant en cabinet individuel auront toujours plus de peine à se tenir au courant des dernières découvertes tout en exerçant leur activité médicale. Les cercles de qualité montrent que l’échange des savoirs représente un besoin important pour un nombre toujours plus grand de médecins. Daniel Gelzer, du « cercle de qualité B Merian Iselin », à Bâle, écrit dans le numéro 4/08 de la revue Primary Care que durant les séances mensuelles réunissant dix à quatorze membres, deux cas d’incidents critiques sont en moyenne discutés. Les problèmes de diagnostic y sont les plus fréquents, suivis des problèmes de traitement. « En l’absence d’une quelconque forme de collaboration, les médecins sont seuls avec leurs difficultés. » Raison 5 : les coûts

Dans son rapport sur le système de santé suisse, l’OCDE identifie trois causes principales aux coûts en constante augmentation : le tarif à la prestation individuelle, un fédéralisme exacerbé et l’absence de collaboration. Les conséquences de cette situation sont graves : une étude de l’Université de Lausanne estime que des traitements d’un volume de trois milliards de francs sont effectués sans aucune utilité médicale. Helsana fait état de 23 millions de francs par an payés pour des réhospitalisations évitables. Si l’on extrapole ce chiffre, on arrive à 200 millions de francs pour l’ensemble des assureurs. Une meilleure coordination des soins permettrait d’éviter au moins partiellement de tels coûts. Il est prouvé que les réseaux de médecins enregistrent une croissance de coûts plus modérée : hawadoc, le réseau de médecins de famille de Winterthour, affiche par exemple une augmentation des coûts de 25,7 % entre 1997 et 2005 – alors que la moyenne suisse dépasse les 30 %. A noter qu’il ne s’agit pas de coûts plus bas en valeur absolue imputables à la sélection des bons risques, mais bien d’une croissance des coûts effectivement ralentie. Andreas Weber, président de mediX, a démontré au Forum Managed Care 2008 les économies potentielles résultant de la coordination des soins en présentant l’exemple suivant : à la suite d’un accès de faiblesse, un patient a été hospitalisé. Coûts : 4870 francs. Une année et demie plus tard, le même cas se reproduit. Les médecins de mediX l’ont cette fois traité de manière ambulatoire puis l’ont mis sous la garde d’une infirmière. Coût total : 1022 francs. PETER KRAFT

Le système de santé ne fonctionne parfaitement que si les différents intervenants se coordonnent entre eux.

5 | Sous la loupe 10/08


Une journée au sein du nouveau cabinet médical d’urgence de l’hôpital cantonal de Lucerne

Guider, soigner et délester Après les hôpitaux de Baden et de Soleure, l’hôpital cantonal de Lucerne dispose à son tour d’un cabinet médical d’urgence. Exploité en collaboration avec les médecins de famille de la région, ses objectifs sont doubles : décharger son propre service d’urgence des cas bagatelles et réduire la charge du service de garde pour les médecins de famille. Nous avons pris le pouls de ce nouveau cabinet à l’hôpital pendant une demi-journée.

Dès l’entrée principale de l’hôpital cantonal de Lucerne, le nouveau cabinet médical d’urgence saute aux yeux. Nous voilà parfaitement fixés sur son rôle : réceptionner tous les patients qui se considèrent comme des cas d’urgence et se rendent de leur propre chef à l’hôpital sans y avoir été envoyés par des médecins. C’est la grande différence avec le cabinet médical d’urgence de l’hôpital cantonal de Baden où une station de tri située en amont aiguille les patients vers le cabinet médical ou vers le « véritable » service des urgences destiné aux cas graves. A Lucerne, le cabinet médical d’urgence effectue lui-même ce tri. « Nous pouvons ainsi économiser un échelon dans la chaîne des urgences », explique le docteur Piet van Spijk, son directeur. « En outre, les patients présentant des pathologies bénignes arrivent directement au bon endroit sans perturber le fonctionnement des autres services hospitaliers. » Pendant les jours ouvrables, le docteur van Spijk, un médecin assistant et une assistante médicale gèrent le cabinet médical d’urgence. Les médecins de famille prennent le relais le soir et le week-end. Réactions positives des médecins et des patients

Comment réagissent les médecins de famille face au nouveau cabinet médical d’urgence ? « Jusqu’à présent, de manière très positive », précise le docteur Piet van Spijk. « Je suis étonné de la rapidité avec laquelle ils se sont familiarisés avec leur nouvel environnement et de leur engagement. » Le directeur du nouveau cabinet concède toutefois que les médecins de famille qui participent au projet en phase pilote sont bénévoles. « Je ne sais pas ce qu’il en sera en janvier, au démarrage effectif du cabinet d’urgence. » A partir de 2009, faudrat-il forcer les médecins à participer à son fonctionnement ? Le docteur van Spijk ne l’espère pas. Les médecins de Lucerne et de ses environs ont le libre choix entre le service de garde actuel et le service de garde en cabinet médical d’urgence. Il se veut optimiste : « Nous pensons qu’il y aura suffisamment de généralistes prêts à assumer la garde à l’hôpital, de telle sorte que personne n’y sera contraint. » Et les patients, réservent-ils un bon accueil au nouveau cabinet d’urgence ? « Nous enregistrons entre cinq et quarante consultations par jour », explique Piet van Spijk. Le week-end, lorsqu’en ville les cabinets médicaux sont fermés, les patients sont nettement plus nombreux. Mais, selon van Spijk, les noctambules saouls ou blessés sont très minoritaires. « Les matches de football ont aussi peu d’influence. »

Le cabinet médical d’urgence encourage-t-il la médecine de famille ?

Pour Piet van Spijk, un effet secondaire bénéfique est que, grâce au cabinet médical d’urgence, les médecins assistants sont également confrontés, en milieu hospitalier, à la médecine de famille. La doctoresse Verena Briner, médecin-chef en médecine interne et initiatrice du projet, est du même avis. « Notre cabinet d’urgence contribue à encourager la relève des médecins généralistes », dit-elle. Selon elle, la création de tels cabinets dans les hôpitaux devient une nécessité face à la demande croissante : « Pour chaque petit problème, beaucoup de personnes veulent un médecin – et tout de suite. » Celles qui habitent à proximité d’un hôpital vont donc tout naturellement au service des urgences. La structure s’en trouve surchargée et le traitement des vrais cas d’urgence perturbé. Verena Briner affirme que le cabinet médical remédie à ce problème tout en déchargeant les médecins de famille de services de garde longs et fréquents. Elle ne partage pas les vues de certains généralistes craignant de voir le cabinet d’urgence débaucher leurs patients au profit de l’hôpital : « Nous délivrons aux patients du cabinet d’urgence une liste de médecins de famille établis dans les environs qui acceptent encore de prendre des patients. L’objectif recherché est que, pour les cas non urgents, ils consultent le médecin de famille au lieu de l’hôpital. » D’une manière générale, Verena Briner critique le pessimisme des généralistes : « Comment les jeunes médecins peuvent-ils encore avoir envie de devenir généralistes, si leurs associations répètent sans cesse combien la situation est déplorable ? » Les améliorations et les solutions inédites, comme le cabinet médical d’urgence à l’hôpital ou les nouveaux instituts universitaires de médecine de famille, ne sont à son avis pas suffisamment appréciées par les médecins eux-mêmes. Au mauvais endroit – mais pas en vain

Stefan Widmer, médecin assistant actuellement occupé presque exclusivement au cabinet d’urgence, ne souhaite pas vraiment devenir médecin de famille : « Les signaux envoyés par le monde politique sont

6 | Sous la loupe 10/08


trop négatifs. » Pourtant, en soi, le travail lui plairait. Après une matinée tranquille, Stefan Widmer suit un cours de formation continue à l’hôpital. Vers la fin de l’exposé sur les « risques médicaux en cas de vacances balnéaires », il est appelé au cabinet. Un patient l’attend : il se plaint depuis longtemps de douleurs dans la zone de la vessie. L’homme ne parle pas allemand et a de la peine à décrire ce qu’il ressent. Il semble à première vue qu’il ne soit pas satisfait du diagnostic peu sûr de son médecin de famille. Il veut une fois pour toute savoir ce qu’il a exactement. Stefan Widmer ausculte la vessie et la prostate, mais ne trouve rien d’inquiétant à part un léger grossissement. Le patient n’a pas vraiment l’air content de ce constat. Alors seulement, on se rend compte que le médecin de famille avait envoyé le patient à l’hôpital pour examen. L’homme aurait dû se rendre directement à la division d’urologie, ce qu’il n’a pas fait, parce qu’il n’avait pas compris et n’arrivait pas à s’exprimer. Il est donc arrivé au cabinet d’urgence, ce qui se produit

de temps à autre, selon Stefan Widmer. Mais la visite n’a pas pour autant été inutile, l’urologue aurait de toute manière dû faire les examens auxquels il a lui-même procédé – le patient a donc déjà subi une partie du traitement. Tranquilliser rapidement et simplement

Si la matinée a été calme, Stefan Widmer n’a maintenant plus un instant de répit. Un autre patient se plaint de douleurs lancinantes à un orteil. Il y a quelques jours, il a heurté un mur avec son doigt de pied et depuis, les douleurs n’ont pas disparu. Le médecin fait faire une radiographie et peut alors tranquilliser le patient : l’orteil est simplement foulé et il suffira de le traiter avec du Voltaren. Pour le patient suivant aussi, la situation n’est pas trop grave : il doit prendre depuis peu un médicament qui lui cause des démangeaisons. Stefan Widmer explique à l’homme qu’il s’agit là d’un effet secondaire normal du médicament et qu’il n’y a pas de raison de s’inquiéter. Il lui prescrit un remède qui calme les démangeaisons et recommande au patient de consulter un médecin de famille si celles-ci persistent après la prise du médicament délivré. Une chance – précisément pour les migrants

Il est évident que tous ces cas n’ont rien à voir avec de véritables urgences. Mais pour Stefan Widmer, il ne faut pas pour autant mettre en doute l’utilité du cabinet d’urgence à l’hôpital : « Tous ces patients auraient atterri au service des urgences de l’hôpital qui a vraiment autre chose à faire. » Il rappelle aussi que les cas enregistrés la nuit sont plus lourds. Enfin, il ne confirme pas l’impression que nous avons eue au cours de cette journée : « Non, ce ne sont pas essentiellement des hommes qui viennent au cabinet d’urgence à l’hôpital. S’il n’y a pas eu de femmes aujourd’hui, c’est un hasard. » En revanche, la part de patients d’origine étrangère est élevée. « Mais c’est précisément pour ces personnes que notre cabinet est une chance. Nous évitons qu’elles ne provoquent des goulets d’étranglement dans les services d’urgence proprement dits en leur remettant une liste indiquant les éventuels médecins de famille. Nous contribuons ainsi à ce que ces personnes puissent mieux s’intégrer dans notre système de santé. »

Illust

ratio

n : Pri sm

a

PETER KRAFT

Exploitation commune des cabinets médicaux d’urgence, une chance pour les médecins de famille, les hôpitaux et les patients.

7 | Sous la loupe 10/08


France. Projet de loi : « Hôpital, patients, santé et territoires »

Proximité rime-t-elle avec qualité ? Lors du Conseil des ministres du 22 octobre 2008, Roselyne Bachelot-Narquin, ministre française de la santé, a présenté le projet de loi « Hôpital, patients, santé et territoires ». L’enjeu du projet est de garantir l’accès de tous à des soins de qualité. Il a pour objectifs de lutter contre les « déserts médicaux », de décloisonner les soins ambulatoires, les soins hospitaliers et le secteur médico-social mais aussi d’améliorer l’éducation thérapeutique et la prévention. Le mot d’ordre est : coordination. C’est la première réforme d’une telle envergure depuis quarante ans.

La réforme tend à moderniser l’hôpital et à renforcer les liens entre médecine de ville et hôpital, afin que chaque patient puisse se voir proposer, sur tout le territoire, des soins à tarif opposable. Elle s’attachera en priorité aux territoires particulièrement touchés par les problèmes de démographie médicale. La remodélisation de l’hôpital passe par diverses stratégies. Les établissements devront développer une culture du résultat et définir des indicateurs de qualité. Information et transparence seront de mise. La coordination entre l’hôpital de proximité et les plateaux techniques de proximité sera accrue dans le cadre de communautés hospitalières de territoires (CHT). Les hôpitaux adhéreront à un projet médical commun défini par l’ensemble des professionnels, partageront ou se répartiront des missions et mettront en commun des ressources matérielles ou des compétences de médecins, de soignants ou de gestion. Le but est de désengorger les services d’urgence, où trop souvent les malades se rendent par défaut, et de décloisonner les soins ambulatoires, les soins stationnaires et le secteur médico-social. Accès de tous à des soins de qualité

La loi entend aussi trouver une solution au paradoxe suivant : comment une densité médicale parmi les plus élevées des pays de l’OCDE peut-elle laisser des « déserts médicaux » ? La permanence des soins n’est aujourd’hui plus totalement assurée dans dix-sept départements. Roselyne Bachelot veut davantage prendre en compte les spécificités locales. Aussi la permanence des soins sera-t-elle organisée au niveau régional. Le nombre de médecins formé sera lui aussi décliné en fonction des besoins locaux. Partant du constat que 70 % des médecins restent dans la région où ils ont étudié, dans chaque spécialité, le nombre d’étudiants et d’internes sera désormais réparti en fonction des besoins de santé locaux et de la démographie médicale. Conformément aux souhaits de nombreux médecins, notamment les plus jeunes, les soins de premier recours seront mieux organisés grâce à la création des maisons médicales pluri-professionnelles. Elles réuniront sous un même toit, en zone rurale, l’ensemble des professions de santé : médecin généraliste, dentiste, infirmière, physiothérapeute…

La ministre française de la santé Roselyne Bachelot-Narquin visite un hôpital.

Prévention et santé publique

L’éducation thérapeutique des patients ou « disease manage­ ment » (voir infosantésuisse 7/08) sera ancrée dans la loi pour faciliter et améliorer les conditions de vie et de prise en charge de personnes atteintes de maladies chroniques. Des mesures d’interdiction de vente d’alcool aux mineurs et l’interdiction totale de la vente des cigarettes « bonbons » aromatisées seront mises en œuvre. Organisation territoriale du système de santé

Le texte prévoit aussi la création d’Agences régionales de santé (ARS), présentées comme les « véritables clés de voûte » de la nouvelle organisation du système de santé. Elles regrouperont dans une même entité les services de l’Etat, de l’assurance-maladie ou les agences régionales de l’hospitalisation. Elles devront, à une échelle régionale, assurer un pilotage de la politique de santé en s’occupant de la prévention, des soins de ville ou hospitaliers et des institutions pour les personnes âgées ou handicapées. « Les ARS favoriseront l’adaptation de nos politiques de santé publique aux spécificités territoriales. Par exemple, pour accompagner le vieillissement dans notre pays, il est indispensable de reconvertir des lits de court séjour en lits et places de long séjour, notamment médico-sociaux. Si nous menons cette politique depuis Paris, elle sera vouée à l’échec alors que menée territorialement, elle réussira », estime Roselyne Bachelot. Les premières craintes

Les fermetures ? Soutenue dans son principe par la Fédération hospitalière de France (FHF), qui regroupe les respon-

8 | Sous la loupe 10/08


Photo : Keystone

sables des hôpitaux publics, et par les associations d’usagers du collectif interassociatif sur la santé (Ciss), la « recomposition hospitalière » suscite pourtant de vives inquiétudes localement. « Le risque est que le CHU, l’hôpital de référence, siphonne l’activité des hôpitaux de proximité », a mis en garde le responsable national à la Santé du Parti socialiste, Claude Pigement. Beaucoup craignent la fermeture de certains services de chirurgie et d’obstétrique. Selon la Fédération hospitalière de France, entre 100 à 150 services de chirurgie devraient fermer. A quoi le professeur Guy Vallancien, chirurgien à l’Institut mutualiste Montsouris (Paris), auditionné par la mission Larcher à l’origine du projet de loi, rétorque : « Ce n’est pas parce qu’un village n’aura pas d’hôpital que les habitants ne bénéficieront pas de structures sanitaires. […] Nous avons des transports rapides, la télé­médecine. Utilisons les outils de la modernité pour maintenir la qualité et la proximité dans les villages. » La « privatisation » de l’hôpital public ? Le projet de loi fait entrer l’hôpital public dans une optique de rentabilité avec une autonomie et un pouvoir accru pour le directeur d’établissement. Devenu un véritable « patron », il pourra décider du recrutement, de la rémunération des médecins et du budget de l’hôpital. L’objectif est de redresser les finances des hôpitaux publics, déficitaires de 467,7 millions d’euros en 2007. Les syndicats craignent de voir la rentabilité passer devant les besoins des patients ou l’égalité des soins. Les hôpitaux pourraient bien être incités à sélectionner les patients les plus rentables.

La qualité ? Le projet de loi sur la santé prévoit notamment de lier la rémunération des médecins à leur activité, au risque de favoriser une « sélection » des patients en fonction de leur « rentabilité ». Selon l’ordre des médecins, « cette rémunération à l’activité (…) risque de mettre une pression qui ne va pas dans le sens de la qualité des soins. Il peut y avoir des divergences sensibles entre la conception d’un directeur d’établissement et celle du praticien sur ce qui convient pour tel ou tel patient. La dimension quantitative est susceptible d’entraîner des dérapages ». Face aux « déserts médicaux », au trou de la sécurité sociale et à l’engorgement des services des urgences, les réformes sont nécessaires. La coordination, la revalorisation et une meilleure répartition sur le territoire sont certes les meilleurs atouts. Reste à voir ce qu’il en sera dans la pratique : verrat-on une modification en profondeur du paysage médical français ? Ou la simple fermeture d’établissements pour des raisons d’économie sans que le travail de coordination ne se poursuive derrière ? Une inégalité régionale persistante parce que les régions ne pourront pas insuffler les mêmes moyens dans le domaine de la santé ? Un flot de manifestants empêchant l’application de la loi ? Les hôpitaux publics britanniques ont connu une réforme similaire sous le gouvernement de Tony Blair en 1997 avec une mise en concurrence des établissements entre eux, et des objectifs de rendements et d’efficacité à remplir. Mais le gouvernement s’était donné les moyens d’améliorer son système de santé publique en triplant son financement. MAUD HILAIRE SCHENKER

9 | Sous la loupe 10/08


Entretien avec le Dr Felix Huber, directeur du cabinet de groupe mediX à Zurich

« L’heure de gloire des médecins généralistes ne saurait tarder »

Photo : màd.

Nous aurions en fait souhaité organiser un débat entre un précurseur du Managed Care, Felix Huber, et un défenseur du cabinet médical individuel. Mais aucun des médecins de famille contactés n’a voulu participer à la controverse. Doit-on y voir un signe de la profonde mutation des soins de premier recours ?

Cet entretien devait être un débat vous opposant à un défenseur convaincu du cabinet individuel. Mais aucun des différents médecins de famille contactés n’a voulu vous donner la réplique. Comment expliquez-vous ce refus ?

On assiste manifestement à un changement de mentalité. Il y a quelques années encore vous auriez sans peine trouvé quelqu’un prêt à relever le défi. Dans l’intervalle, les obstacles économiques et organisationnels auxquels les cabinets individuels doivent faire face se sont amplifiés. Les médecins sont, semble-t-il, d’avis que le cabinet individuel est un modèle qui a fait son temps.

ses femmes médecins – mais aussi d’hommes qui participent à l’éducation de leurs enfants. Les médecins de premier recours se plaignent de consacrer beaucoup de temps au service de garde. Mais ils craignent aussi une perte de compétence en cas de création de services de garde et d’urgence à l’hôpital par exemple. Que faire pour résoudre le dilemme ?

Il faudra effectivement observer de très près si, avec le « modèle de Baden », il n’y aura pas un transfert vers l’hôpital de patients traités par les médecins de premier recours. C’est déjà le cas en ville et dans les agglomérations où beaucoup de personnes se rendent directement au service des urgences de l’hôpital et ne consultent plus le médecin de garde. De tels centres répondent donc bien à la demande. L’avenir nous dira si ceux-ci doivent se trouver dans les hôpitaux, comme à Baden, ou si des cabinets de groupe peuvent remplir cette fonction. Dans vingt ans, quelle sera la structure des soins médicaux dans les villes d’une certaine importance ?

Les cabinets individuels auront pratiquement disparu. Les cabinets de groupe ne compteront plus seulement une majorité de généralistes, ils intégreront aussi des spécialistes. A l’avenir, les patients ne seront plus envoyés d’un endroit à l’autre. Ils seront soignés aussi longtemps que possible sous un même toit.

Déplorez-vous ou saluez-vous ce constat ?

Je suis ravi de cette évolution. J’ai toujours été convaincu que les cabinets de groupe offraient des avantages décisifs. C’est pourquoi je me réjouis de l’avancée de cette idée au sein du corps médical. Une étude réalisée auprès des jeunes médecins, hommes et femmes, sur leurs souhaits professionnels révèle que seuls 16 % d’entre eux veulent devenir généralistes, et parmi eux 91 % souhaitent travailler dans un cabinet de groupe. La nouvelle génération va-t-elle porter un coup fatal au cabinet individuel ?

C’est inquiétant si seulement 16 % des jeunes médecins veulent devenir généralistes : ce chiffre est beaucoup trop bas. Il devrait au moins atteindre les 50 %. Des mesures visant à augmenter l’attrait de la profession s’imposent de toute urgence. Si les futurs médecins de famille souhaitent pratiquement tous travailler dans un cabinet de groupe, c’est que leur conception de la profession a changé. Ils veulent travailler en équipe et avoir, dans une certaine mesure, des horaires réguliers. Quel rôle joue la « féminisation » largement citée du métier de médecin de famille ?

A l’avenir, la majorité des médecins seront des femmes. Les cabinets de groupe facilitent jusqu’à un certain point le travail à temps partiel, ce qui répond aux vœux de nombreu-

Quelle sera la future structure des soins médicaux de premier recours à la campagne ?

Il faut impérativement trouver de nouvelles solutions. Les médecins de campagne qui partent à la retraite ne trouvent plus de successeur. L’offre des cabinets de groupe en zones rurales sera certes moins complète et les gens devront se rendre en ville pour effectuer certains examens spécialisés. Mais c’est déjà le cas aujourd’hui, preuve que les structures sont en train de se modifier. Je conseille aux médecins de campagne de ne pas rater l’occasion de prendre leur destin en main et de se regrouper, sinon ils se trouveront perdants. Si les médecins concentrent leurs activités en certains endroits, la population rurale devra parcourir de plus grandes distances pour se rendre au cabinet médical.

Tout d’abord, de tels inconvénients sont préférables à l’absence totale de cabinets médicaux pour les régions peu peuplées et les vallées de montagne. Ensuite, les cabinets de groupe n’ont pas forcément qu’un seul site. Pour compléter l’offre, des cabinets médicaux mobiles pourraient être également envisagés, comme le faisaient autrefois les camions Migros. De nombreuses mesures pour rendre plus attrayante la profession de médecin de famille sont à l’heure actuelle en discussion. Quelles sont dans le lot celles qui sont appropriées ?

10 | Sous la loupe 10/08


Les incitations financières jouent certainement un rôle important. Des points tarifaires de valeur supérieure ou des positions tarifaires plus attractives pour les médecins de premier recours auraient certainement des effets positifs. A l’inverse, les baisses de revenu sont négatives. La baisse des tarifs des analyses de laboratoire n’incite assurément personne à choisir la profession de médecin de famille. Mais l’image professionnelle du généraliste doit aussi être améliorée. Aujourd’hui, de nombreux traitements effectués par les spécialistes pourraient tout aussi bien l’être par le médecin de famille. Il serait totalement inapproprié de prévoir une formation moins complète et plus rapide pour les médecins de famille, avec pour corollaire des compétences moindres. Dans quelle mesure les médecins généralistes sont-ils maîtres de leur avenir ?

Photo : Prisma

Avec la complexité croissante de la médecine, la demande en médecins qui suivent les patients tout au long de la chaîne de traitements va augmenter. Plus encore qu’aujourd’hui, les médecins de famille seront à l’avenir indispensables. Leur heure de gloire et la reconnaissance de leur rôle de pivot ne sauraient tarder. Les premiers signes avant-coureurs sont déjà perceptibles : des instituts de médecine de famille ont été fondés dans plusieurs universités. Nous ne pouvons saisir cette chance que si nous façonnons activement le changement struc-

turel sans attendre passivement qu’il opère. Il faut parler d’une seule voix et au-delà du cabinet de groupe, nous regrouper en réseaux de médecins. Quelle contribution les assureurs-maladie peuvent-ils fournir à une offre de soins de premier recours bien étoffée ?

Ils doivent conclure avec les réseaux de médecins des contrats équitables et cesser de pratiquer la sélection des risques. Un certain nombre d’assureurs-maladie inscrivent sur leurs listes les réseaux de médecins sans prendre préalablement contact avec eux et sans rémunérer la meilleure coordination des traitements. Ils coupent ainsi l’herbe sous les pieds à l’ensemble des modèles de Managed Care. Au niveau politique, je déplore une absence de vision sur la direction que doit prendre notre système de santé. De nombreux parlementaires semblent dépassés par la complexité du dossier et le Conseil fédéral ne donne pas non plus d’impulsions ouvrant de nouveaux horizons. Le projet de Managed Care, sorte de patate chaude que l’on se refile, en constitue le meilleur exemple. Il existe toutefois des propositions concrètes pour une assurance de base duale.

Oui, et j’en suis enchanté. Nous luttons depuis longtemps afin que les modèles de Managed Care soient plus attractifs grâce à des incitations telles qu’une participation plus basse aux frais. Cette mesure appliquée aux génériques a déjà prouvé son efficacité. Naturellement, les modèles d’assurance de base duale doivent se fonder sur des actes – des contrats négociés entre médecins et assureurs – et pas seulement sur des proclamations unilatérales des caisses-maladie. Comment améliorer la coordination entre médecine ambulatoire et stationnaire ?

A mon avis, la solution réside moins dans la réunion de ces deux secteurs que dans l’initiative des médecins de premier recours. S’ils prennent les devants, coordonnent les différentes étapes du traitement et assument une co-responsabilité budgétaire, la connexion entre secteurs ambulatoire et stationnaire s’en trouvera à coup sûr facilitée. Quels avantages inhérents aux réseaux de médecins ont été jusqu’ici méconnus – voire mal vendus ?

Felix Huber : « Les médecins sont semble-t-il d’avis que le cabinet individuel est un modèle qui a fait son temps. »

Les réseaux de médecins passent avant tout pour des modèles permettant de faire des économies. Leurs avantages qualitatifs restent malheureusement trop peu connus. Avant tout dans les réseaux dotés d’une responsabilité budgétaire, les médecins se rencontrent régulièrement, échangent leurs expériences et font certifier leur qualité. Jusqu’à ce jour, les ­assureurs-maladie n’ont guère reconnu ces efforts. En récompensant par des tarifs plus élevés les certificats de qualité, le débat autour de l’absence de critères de qualité en médecine serait rapidement clos. INTERVIEW: PETER KRAFT

11 | Sous la loupe 10/08


Visite du site de télémédecine de Medgate

Les « cyber-docteurs » remettent l’écoute des patients au goût du jour Medgate gère des patients par téléphone et par Internet. En écoutant les symptômes décrits, les médecins établissent des diagnostics précis, rédigent des ordonnances et les faxent à la pharmacie. Des photos numériques de modifications cutanées envoyées par les patients remplacent la visualisation directe, les valeurs de pression artérielle sont transmises par SMS. Cauchemar ou alternative judicieuse ? Une visite chez Medgate apporte une réponse positive, notamment parce que les cyber-médecins acceptent leurs limites.

Dans les années 90, le monde de l’information a évolué à un rythme effréné. En 1995, le patron de Microsoft, Bill Gates, n’évoquait pas encore l’Internet dans un document portant sur l’avenir de son entreprise. Or, à peine quatre ans plus tard, une grande partie des foyers d’Europe centrale avait une connexion Internet. Rien d’étonnant donc à ce qu’en 1999, trois jeunes amis, un médecin, un économiste et un informaticien aient eu l’idée de chercher de nouveaux moyens de communication pour le domaine de la médecine. Ils ont alors fondé la société de télémédecine, Medgate. Une évolution fulgurante

Aujourd’hui, Medgate emploie cent trente collaborateurs, dont quarante-cinq médecins, répartis sur trois sites en Suisse. Les membres de Medgate reçoivent des conseils médicaux par téléphone, via Internet ou par vidéoconférence. Des patients atteints d’affections cardio-vasculaires ou respiratoires peuvent se faire surveiller à distance. Le responsable des relations publiques de Medgate, Cédric Berset, évoque avec fierté les 1600 téléconsultations que Medgate traite chaque jour. « Près de 60 % des personnes qui appellent peuvent être soignées par Medgate », explique-t-il. Autrement dit, les médecins posent le bon diagnostic par téléphone et donnent aux patients les indications nécessaires pour se soigner eux-mêmes. Si des médicaments doivent être pris, les cyber-­ docteurs peuvent, dans des cas définis, les prescrire et faxer l’ordonnance directement à la pharmacie. Un potentiel reconnu par les caisses-maladie

Medgate est donc en mesure de régler 60 % de tous les problèmes médicaux sans consultation du médecin traitant. Pas étonnant que les caisses-maladie s’y intéressent de plus en plus. Dix grands assureurs proposent déjà un accès à Medgate à leurs clients ; s’y ajoutent plusieurs petits assureurs via la fédération RVK. Cédric Berset nous confie qu’ils seront quelques-uns de plus en 2009. Près de la moitié de la population suisse peut ainsi bénéficier des prestations de Medgate. Les doutes subsistent néanmoins : un médecin peut-il vraiment poser un diagnostic sérieux par téléphone ? Voit-il réellement autant de choses qu’un praticien qui examine son patient ?

Un diagnostic fiable grâce aux bonnes questions

Lorsqu’un patient appelle chez Medgate, une assistante télémédicale saisit sur informatique les renseignements fournis. Les médecins de Medgate voient directement les cas saisis et rappellent le patient dans les trente à soixante minutes qui suivent. Timo Rimner est l’un des télé-médecins. Il a sur son écran les données d’un patient qui se plaint de maux de dos depuis plusieurs jours, mais qui pense que ce n’est pas un lumbago. Timo Rimner appelle le patient, lui fait expliquer ses symptômes et commence ensuite à poser des questions ciblées : où se situent exactement les douleurs ? Quelle est leur intensité ? Dans quelles régions se diffusent-elles ? Les douleurs surviennent-elles lors de certains mouvements ou à certaines heures de la journée – par exemple le matin au lever ? Le médecin conclut qu’il s’agit quand même d’un lumbago. Il prescrit des anti-inflammatoires pour quelques jours et convient d’un nouveau rendez-vous téléphonique. Timo Rimner veut s’assurer que le lumbago n’évolue pas en hernie discale. Un autre patient décrit à Timo Rimner des douleurs dans la région du mollet. Les douleurs sont concentrées sur une petite zone et ne sont pas superficielles. Une fois de plus, le médecin de Medgate pose des questions précises. Mais cette fois-ci, un diagnostic clair n’est pas possible. Timo Rimner craint qu’il ne s’agisse d’une thrombose. Il conseille donc au patient d’aller voir son médecin traitant. Après l’appel, Timo Rimner montre les questionnaires de Medgate. Il apparaît clairement que le médecin n’a pas posé des questions au hasard. Il a en fait suivi un schéma éprouvé. Les médecins connaissent par cœur bon nombre de ces questionnaires. En cas d’incertitudes, ils peuvent facilement les consulter pendant l’appel grâce à un logiciel clairement structuré. Accepter les limites

La visite chez Timo Rimner a permis d’éliminer un certain nombre de préjugés. Son oreille expérimentée, son intuition et des processus éprouvés lui permettent d’établir des diag­ nostics sûrs. Cependant, la télémédecine a des limites comme le montre l’exemple de ce patient souffrant de douleurs au mollet. Pour Timo Rimner, deux précautions valent mieux qu’une : « Lorsque je ne suis pas sûr à 100 %, je ne pose pas de diagnostic et je conseille au patient d’aller voir son médecin. » Il demeure toutefois étonnant que le médecin arrive à compenser l’absence de visualisation directe. Timo Rimner l’explique ainsi : « En temps normal, nous nous focalisons tellement sur le visuel que nous ne maîtrisons plus guère l’écoute attentive. Mais lorsque nous sommes privés de nos yeux, les oreilles prennent automatiquement le relais et nous entendons plus que ce que nous pouvons imaginer. » Par ailleurs, les télé-médecins ne doivent pas renoncer totalement aux impressions optiques. Lorsque cela s’avère utile et possible, ils demandent aux patients de leur envoyer par e-mail des photos de leurs affections. C’est très utile surtout pour les problèmes dermatologiques, précise Timo Rimner.

12 | Sous la loupe 10/08


Photo : màd.

Les médecins de Medgate au travail.

Aide à l’étranger

Medgate offre aussi son soutien à ses membres, quand ils ont des problèmes de santé à l’étranger. Lorsqu’un patient appelle de l’étranger, les médecins de Medgate organisent un traitement médical économiquement approprié en collaboration avec un réseau mondial d’agents. Souvent les informations d’un professionnel suffisent pour que le patient se soigne seul, dit Bernhard Povel, responsable de l’assistance médicale chez Medgate. Dans les autres cas, un contrôle par le médecin local ou même l’accueil dans une clinique est nécessaire. Medagte s’occupe alors aussi de consulter l’assurance quant au suivi des coûts. Ainsi, les mauvaises surprises pour les patients et les assureurs-maladie tels que des traitements inadaptés, des cliniques privées très éloignées et des factures non remboursées peuvent en grande partie être éliminées. Selon Bernhard Povel, « ce qui est important, c’est la clarification médicale et logistique complète. » En cas d’urgence, Medgate organise aussi le transfert ou le rapatriement des personnes très malades, si les prestations correspondantes sont assurées. Des mesures de la pression artérielle par SMS

Le troisième pilier des activités de Medgate est le « Disease Management ». Les patients souffrant d’hypertension reçoivent des tensiomètres qui transmettent les valeurs mesurées sur le téléphone portable au moyen de la fonction Bluetooth. Un SMS est envoyé aux médecins de Medgate qui peuvent ainsi suivre en temps réel l’évolution de la pression artérielle du patient. Si les valeurs sont anormales, le gestionnaire avertit le patient et son médecin de famille pour que le traitement puisse, si nécessaire, être adapté sans délai. Le médecin de famille reste par conséquent l’interlocuteur principal des patients. Medgate s’occupe aussi de la formation des patients pour gérer leur maladie au quotidien. Medgate a aussi une solution pour les patients âgés qui n’ont pas de téléphone portable et qui ne souhaitent plus en acheter : il prête un téléphone portable ou un appareil qui ressemble, par sa taille et sa forme, à un radio-réveil. Celui-ci transmet les données et indique aussi tout de suite si la mesure et la

transmission ont bien fonctionné. Mascha Bethke, médecin en chef adjoint du Disease Management, ajoute toutefois que même les personnes âgées savent généralement très bien utiliser un téléphone portable. Elles y prennent même parfois goût. Elle constate que les patients perdent rapidement leur défiance initiale à l’encontre de la transmission électronique de leurs données médicales : « Ils se sentent accompagnés en toute discrétion et apprécient que leur médecin de famille soit également étroitement impliqué dans le Disease Management. » Les caisses-maladie achètent pour leurs assurés la prestation « Disease Management », que Medgate propose aussi pour le diabète et les insuffisances cardiaques. « Mais nous ne leur envoyons pas de données médicales », affirme Mascha Bethke. Complément idéal aux franchises élevées

Medgate est donc plus qu’un centre d’appel médical. Le directeur général Andy Fischer considère que son entreprise offre une réelle solution pour le dilemme auquel notre système de santé est aujourd’hui confronté : « Les exigences de la population ne cessent de croître. On veut disposer d’un médecin partout et tout de suite, ce qui entraîne une hausse immodérée des coûts. Medgate remplit à des prix raisonnables les exigences élevées en termes de disponibilité et de qualité. » Medgate est financièrement très intéressant non seulement pour le système de santé, mais aussi pour les assurés. Etant donné que les consultations chez Medgate ne sont pas facturées au patient, les assurés qui ont souscrit une franchise élevée peuvent demander un avis médical sans devoir payer. Andy Fischer ne cache pas son enthousiasme pour « sa » société Medgate : « Ceux qui connaissent notre système et savent qu’ils peuvent le combiner à une franchise élevée auraient tort de s’en priver. » PETER KRAFT

13 | Sous la loupe 10/08


Trois questions à Dietmar Michlig, directeur du Réseau Santé Valais

« La qualité prime sur la distance » Photo : màd.

Vous collaborez aussi très activement avec les hôpitaux universitaires.

« Un trop faible nombre de cas n’offre plus un travail intéressant et de qualité. »

La coordination et la collaboration ne sont pas une problématique propre aux seuls médecins de famille. Les hôpitaux régionaux n’y échapperont pas non plus. Le canton du Valais en est un bon exemple : depuis 2004, tous les hôpitaux du canton sont réunis sous un même toit, le « Réseau Santé Valais ». Son directeur général, Dietmar Michlig, explique les raisons d’un tel projet et dresse un bilan intermédiaire.

Concrètement, pour quelles raisons le Réseau Santé Valais a-t-il été fondé ?

En fait, les médecins sont les instigateurs de la réforme. Les bons oncologues ou chirurgiens cardio-vasculaires n’ont plus voulu pratiquer leur spécialité dans un seul site en Valais. Le faible nombre de cas n’offrait plus un travail intéressant et de qualité. C’est pourquoi nous avons dû créer les conditions permettant à nouveau aux spécialistes de travailler en Valais de manière optimale et, de surcroît, avec plaisir. Il est important de le souligner : nous n’avons pas procédé à un démantèlement, nous avons attribué des tâches spécifiques à chaque site. Une autre raison à la création du Réseau a été et reste la situation du marché du travail. Vous ne trouvez plus aujourd’hui de personnel qualifié pour six salles d’opérations non exploitées à pleine capacité. De plus, en tant que canton touristique, le Valais doit être capable de réagir aux fluctuations saisonnières, une ­tâche difficile avec six sites.

En Suisse, trop peu de médecins sont formés. C’est pourquoi, pour la formation des assistants et des médecins-chefs, nous collaborons avec les hôpitaux universitaires de Genève, de Lausanne et de Berne. Nous employons les assistants en début de carrière et leur offrons la possibilité d’acquérir une grande expérience pratique. Ils achèvent ensuite leur formation dans les hôpitaux universitaires. C’est là que, dans un second temps, nous recrutons nos médecins-chefs. Nous annonçons bien à l’avance aux hôpitaux universitaires les places vacantes prévisibles. Ils peuvent ainsi nous fournir des médecins intéressés à travailler dans un hôpital régional traitant un grand nombre de cas. En l’absence d’une telle collaboration, il nous serait très difficile de recruter de bons médecins. Le transfert du savoir-faire des hôpitaux universitaires est aussi pour nous un aspect important. Par exemple, leurs spécialistes opèrent et collaborent sans cesse avec notre personnel. Dans les cas de transfert d’un patient de l’hôpital universitaire dans nos services, nous avons amélioré l’échange d’informations : pour chaque discipline, les deux parties ont désigné un interlocuteur de référence. Quant aux rapports médicaux, ils sont standardisés. Quel a été l’accueil réservé par la population au Réseau Santé Valais ?

Les vives réactions que nous avons connues s’observent dans toute région où des hôpitaux ont été fermés. Il faut un certain temps pour que la population prenne conscience que la qualité prime sur la distance. Prenons un exemple : chaque hôpital n’est plus doté d’un service de soins intensifs. En contrepartie, les services qui ont été maintenus sont dirigés par des responsables spécialement formés à cet effet. Au départ, les impressions qui dominaient dans la population locale concernaient la perte du service de soins intensifs de leur hôpital. Mais c’est justement parce que le Valais forme une entité qu’il est capable d’exploiter à Sion une unité de soins intensifs conformément aux directives de la Société suisse de médecine intensive. L’étroite coopération du Haut-Valais y a aussi participé. Je crois qu’avec le temps la population reconnaît les avantages qualitatifs de cette solution et finit donc par l’accepter. De toute manière, la situation ne cesse d’évoluer : nous discuterons aussi du nombre de sites à l’horizon 2015–2020. Pour maintenir les infrastructures dans leur état actuel, nous devrions selon toute probabilité investir dans les prochaines années quelque 150 millions de francs. A mon avis, il nous faudra examiner de manière approfondie s’il est vraiment judicieux d’investir dans le maintien d’une telle structure. PETER KRAFT

14 | Sous la loupe 10/08


santésuisse compare les prix des laboratoires suisses avec ceux de l’Allemagne et de l’Autriche

Analyses de laboratoire : les Suisses paient 240 millions de plus que les pays voisins

Les analyses de laboratoire jouent un rôle important dans l’examen médical. Selon des estimations, un patient sur trois en moyenne se voit prescrire une analyse de laboratoire. Le médecin peut réaliser certains tests dans le laboratoire de son cabinet médical, mais la plupart des analyses sont effectuées par un laboratoire commercial. Chaque année, ces laboratoires engrangent 400 millions de francs de chiffre d’affaires à la charge de l’assurance de base. Des écarts de prix de 70 %

santésuisse a comparé les prix des laboratoires suisses à ceux de l’Allemagne et de l’Autriche. Les quarante analyses qui rapportent le plus aux laboratoires privés – soit 50 % du chiffre d’affaires global – ont été retenues pour l’étude. santésuisse n’a pris en compte que les prix des analyses, sans les taxes ou les frais éventuels. Pour la conversion en francs suisses des montants en euros, le taux de change officiel de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) – qui était de 1,63 €/CHF au moment de la réalisation de l’étude – a été utilisé. L’OFSP s’en sert aussi pour contrôler les prix des médicaments. Un indice de prix selon Laspeyres* a ensuite été calculé à l’aide de ces données. Les résultats sont pour le moins impressionnants : un panier identique d’analyses de laboratoire coûte en effet 70 % de moins en Allemagne et en Autriche qu’en Suisse. Si les laboratoires helvétiques facturaient les prix allemands, l’assurance de base pourrait économiser plus de 240 millions de francs par an !

Des chiffres comparables sont constatés pour l’Autriche.

baisses de tarifs ne seront pas introduites le 1er janvier comme prévu.

L’OFSP se décide à agir

Des baisses de prix modérées

En Suisse, en matière de prix d’analyses de laboratoire, la liste des analyses de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) fait office de référence. Or, cette liste date des années 80. Depuis, d’énormes progrès technologiques ont été réalisés. Aussi les examens de laboratoire ne sont-ils plus aussi complexes qu’autrefois. Conscient du problème, l’OFSP prévoit une baisse des tarifs des laboratoires de 20 à 25 %. Interviewé par la Berner Zeitung, Peter Indra a déclaré que « le laboratoire ne doit pas être axé sur le profit ». Selon lui, si les tarifs couvrent les coûts et si les médecins sont avant tout indemnisés par patient, les incitations à ne réaliser que les analyses utiles s’en trouveront améliorées. Il n’a toutefois pas encore été décidé de manière définitive si les tarifs des médecins praticiens privés devaient être baissés autant que ceux des grands laboratoires : « Nous allons vérifier les chiffres présentés par les médecins de famille », a indiqué Peter Indra au Tagesanzeiger. Ce qui est sûr, c’est que pour des questions de temps, les

santésuisse soutient les efforts de l’OFSP dans le domaine des laboratoires. Les tarifs des laboratoires ne doivent pas servir à maintenir les structures, mais à garantir des analyses efficaces. Les assureurs-maladie estiment que les tarifs spéciaux ne sont justifiés que si l’utilité d’un laboratoire spécifique en termes d’approvisionnement médical peut être prouvée. Pour les médecins de famille il est donc adéquat de tenir compte de leur pratique, tout en respectant les principes d’économie d’entreprise. L'étude comparative des prix de santésuisse révèle que les baisses de prix de l’OFSP sont très « timides ». Alors que certains prix divergent de 70 %, il ne baisse les tarifs suisses que de 25 %. Du coup, les prix des laboratoires suisses restent sensiblement plus élevés qu’à l’étranger (voir le graphique). MARKUS ZIEGLER

* Cette méthode est par exemple aussi employée pour calculer l’indice des prix à la consommation.

TARIF DE LABORATOIRES: COMPARAISON DES RÉDUCTIONS DE PRIX DE L’OFSP ET DU POTENTIEL D’ÉCONOMIES 100

100

EFFET DE LA RÉVISION DE L’OFSP

90 80 INDICE DES PRIX

En Suisse, les dépenses pour les analyses de laboratoire se montent chaque année à plus d’un milliard de francs. 41 % de cette somme sont imputables aux laboratoires privés, 36 % aux laboratoires des cabinets médicaux et 23 % aux laboratoires des hôpitaux. santésuisse a réalisé une étude comparative des prix des laboratoires privés en Suisse, en Allemagne et en Autriche qui révèle des écarts de prix considérables.

70 60

POTENTIEL D'ÉCONOMIES RESTANT

50 40 30

32

30

AUTRICHE

ALLEMAGNE

20 10 0 SUISSE

A y regarder de plus près, les baisses de tarif des analyses de laboratoire ordonnées par l’OFSP sont très modérées.

15 | Assurance-maladie 10/08


Année charnière pour le centre CADA : entre l’ancienne et la nouvelle carte d’assuré

Centre CADA de santésuisse : rétrospective et perspectives Photo : Peter Kraft

On pourrait établir un parallèle avec la pièce de cinq francs. Bien qu’elle soit frappée côté face de l’effigie de Guillaume Tell et côté pile du drapeau suisse, elle reste une pièce de cinq francs. La carte d’assuré affiche aussi toujours la carte client au recto et la carte UE au verso. Mais contrairement à la pièce de cinq francs, son temps est compté. Nouvelle production de la carte d’assuré existante Le Conseil fédéral a décidé de différer l’émission de la nouvelle carte d’assuré nationale au début 2010, en raison du report courant 2009 de l’introduction du nouveau numéro d’AVS.

Depuis le début du mois de novembre, le centre CADA fait les trois-huit et la production chez les deux fournisseurs de cartes Intercard et Trüb bat également son plein. Ces prochains jours, « l’ancienne » carte d’assuré à bande magnétique sera envoyée à plus de cinq millions d’assurés. Trois ans après la dernière livraison globale, la durée de validité des cartes existantes arrive en effet à son terme. Au même moment, compte tenu des retards liés à l’ordonnance technique et à l’introduction du nouveau numéro d’AVS, le Conseil fédéral a décidé que la nouvelle carte d’assuré nationale à micropuce devra être éditée avec un an de retard, dès le début de l’année 2010.

Le centre CADA et les interlocuteurs compétents dans les caisses-­maladie travaillent sans relâche depuis le mois d’octobre pour préparer la livraison globale. De nombreuses maquettes ont été modifiées. Plusieurs lettres d’accompagnement ont dû être adaptées. Les données actuelles ont été traitées et transmises. Tous les jeux de données doivent en effet être importés correctement pour que le centre CADA puisse exécuter les commandes. Parallèlement à cette livraison globale, le Groupe Mutuel est nouvellement intégré dans le centre Cada et ses données sont transmises afin qu’il puisse accéder dès le début 2009 aux services de consultation. Les services de consultation seront élargis en 2009

Le retard dans l’édition de la nouvelle carte d’assuré permet au centre CADA et aux assureurs participants de mettre cette année charnière à profit pour

Chiffres clés du centre CADA de 2005 à 2008 Nombre de cartes d’assurés produites

11 735 520

Nombre de commandes cumulées de cartes exécutées

2699

Nombre de commandes cumulées de couvertures exécutées

1293

Nombre d’enregistrements de couverture traités

13 959 085

Nombre de maquettes de cartes

104

Nombre de produits de cartes

100

Nombre de lettres d’accompagnement Nombre de jeux de données mis en page

384 1732

élargir et peaufiner encore davantage les services de consultation. Les assureurs participants ont la possibilité, grâce aux sept services de consultation actuels représentant environ 8000 fournisseurs de prestations (caisse des médecins, H-Net, IFAK, Galenica, Curabill, etc.), d’optimiser leurs processus administratifs. Ils peuvent ainsi se préparer, pour l’ensemble des fournisseurs de prestations, à la qualité exigée pour les futurs contrôles de cartes et informations de couverture d’assurance. Le centre CADA sera ainsi en mesure, dès la mise en service de la nouvelle carte d’assuré en 2010, de présenter également une solution économique afin d’étendre le contrôle en ligne obligatoire de la carte aux 40 000 fournisseurs de prestations. Les assureurs doivent proposer la consultation en ligne de la couverture d’assurance, tandis que les fournisseurs de prestations sont libres ou non d’utiliser cette possibilité. La nouvelle carte d’assuré suivra en 2010

Quatre ans après son adoption par le Parlement, il est à présent établi que la nouvelle carte d’assuré nationale devra être éditée en 2010. Les assureurs ont demandé un report, mais le Conseil fédéral a malheureusement rejeté cette requête. Les assureurs du centre CADA sont toutefois préparés à l’introduction de la nouvelle carte. Trois projets partiels sont actuellement réalisés en collaboration avec les assureurs participants : • Adaptation de la production de cartes en vue de la nouvelle carte à puce • Première attribution et vérification en cours du nouveau numéro d’AVS en guise de numéro d’assurance sociale • Elargissement des services de consultation – sous forme de solution mini-

16 | Assurance-maladie 10/08


male pour l’assurance obligatoire et de solution maximale pour la partie facultative – afin de soutenir les processus administratifs Le centre CADA et ses fournisseurs sont à présent bien parés, d’un point de vue professionnel, technique et opérationnel, pour la mise en œuvre économique et efficace des dispositions légales relatives à la carte d’assuré. Les défis technologiques ont été maîtrisés sans que les assureurs aient eu à apporter d’im-

portantes adaptations aux livraisons de données. La période de préparation et de développement de trois ans s’est avérée payante. Fin octobre, santésuisse et le centre CADA ont transmis à l’Office fédéral de la statistique 7,5 millions de jeux de données actualisés et anonymisés (en fonction des assureurs) afin de tester la première attribution. La livraison productive des données suivra le 15 janvier 2009. Le centre CADA se réjouit que quatrevingts assureurs aient d’ores et déjà signé un contrat cadre avec lui et qu’ils utilisent diverses prestations en fonction de leurs besoins individuels. Le centre CADA remercie tout particulièrement les plus de cent interlocuteurs et collaborateurs de projet des assureurs pour leur coopération très constructive et leur confiance à l’égard de l’équipe CADA. HANS-PETER SCHÖNENBERGER

Au forum ehealthcare, les visiteurs testent le service de consultation en ligne de la couverture d’assurance du Centre Cada.

17 | Assurance-maladie 10/08


L’assureur-maladie le plus populaire de Suisse fête ses 100 ans

Des assurés satisfaits : la « méthode » Galenos Galenos, qui a fêté ses 100 ans en 2008, affiche le taux de satisfaction le plus élevé de toutes les caissesmaladie suisses. Lors d’une visite du siège à Zurich, nous avons découvert la recette du succès de Galenos : une combinaison réussie de tradition et de modernité.

Des portes ouvertes à tous les étages : chez Galenos, personne ne travaille reclus dans son bureau. Côté décoration, les tons chauds du bois dominent. L’intérieur agréable et familier contraste étrangement avec la façade extérieure plutôt austère du siège de Galenos à la Militärstrasse de Zurich. Les bureaux se trouvent à mi-chemin entre la Bahnhofstrasse et la Langstrasse – un contraste de plus. La même dualité s’applique aux méthodes de la caisse-maladie Galenos, où la tradition séculaire côtoie le travail pionnier et les technologies dernier cri. Fondée dans un bistrot

En août 1908, soixante membres du Schweizerischer Technischer Verband (Association technique suisse) se réunirent dans un bistrot de Baden pour fonder leur propre caisse-maladie, afin de pouvoir verser des indemnités journalières aux techniciens suisses en cas de maladie. Il a fallu attendre 1943 avant que la « Krankenkasse des Schweizerischen Technischen Verbandes » puisse également prendre en charge les coûts des traitements. La prime mensuelle s’élevait alors à un franc. En 1956, se sont rajoutées les premières assurances d’hospitalisation et les couvertures spéciales pour tuberculeux et poliomyélitiques. En 1968, la caisse a conclu un contrat de réassurance avec un plus grand assureur. Ainsi, elle a pu accéder aux méthodes de traitement les plus modernes de l’époque. Pour un petit assureur-maladie, c’était tout sauf évident dans les années 60. En 1980, l’entreprise se dote d’un premier ordinateur pour la comptabilité et l’administration. Puis, en 1994, la caisse-maladie passe à la vitesse supérieure en généralisant l’informatique dans toute l’entreprise, en s’ouvrant aux non-membres de l’as-

sociation et en changeant de nom pour devenir Galenos. Des périodes tumultueuses : la croissance plonge Galenos dans les problèmes

En 1997, peu de temps après l’entrée en vigueur de la LAMal, des magazines de consommateurs et la télévision se sont intéressés à cette caisse-­maladie bon marché. Résultat : le nombre de membres passe de 8500 à 17 000 en 1998. Ce chiffre n’a cessé de grimper jusqu’en 2001 pour se stabiliser finalement à près de 30 000 assurés. Cet afflux massif d’assurés a causé de gros problèmes à la caisse. Les collaborateurs et l’infrastructure n’étaient en effet pas de taille à faire face à un tel « assaut ». Les factures et les propositions d’assurance sont restées longtemps en plan. De nombreux nouveaux adhérents ont généré des coûts élevés non prévus, faisant fondre les réserves à ­vitesse grand V. En 1997, le taux de réserve de Galenos s’élevait à près de 40 %. En 2002, il était dans le rouge de 10 %. L’autorisation d’exercer a failli lui être retirée. « L’OFSP nous a mis le couteau sous la gorge », raconte le directeur de longue date Hans-Peter Lang. La seule issue possible pour Galenos a été d’augmenter les primes de manière drastique. L’effet escompté ne s’est pas fait attendre et en 2005, Galenos a de nouveau atteint les quelque 15 000 assurés actuels. Les réserves sont peu à peu remontées pour atteindre 24 % actuellement. Galenos a tiré des leçons de cette période de troubles : elle ne se positionne plus aujourd’hui comme une caisse bon marché, mais comme un assureur offrant une qualité de prestations élevée.

par ce biais. A l’heure actuelle encore, Galenos sait transformer les possibilités de l’informatique en convivialité pour ses clients. En 2008, les utilisateurs de Comparis ont élu Galenos pour la troisième fois consécutive « caisse offrant les meilleures prestations ». Cela tient aussi, selon Paola Tornare, cheffe du service Administration des ventes d’assurances, au nouveau système informatique qui permet un traitement extrêmement rapide des demandes d’offres et de mutations. « Ceux qui demandent une offre à Galenos la reçoivent par ­e-mail en l’espace d’un jour », explique Paola Tornare. Les assurés de Galenos ont toujours affaire à la même interlocutrice, quel que soit le motif de leur appel. Cette situation présente des avantages de part et d’autre. Les collaboratrices n’exécutent pas constamment la même tâche dans la chaîne administrative et elles sont compétentes pour tout ce qui touche à « leurs » assurés. « Du coup le travail est plus varié », souligne Paola Tornare. Et pour les clients, il est agréable d’avoir affaire à une gestionnaire qui connaît leur histoire et

Des collaborateurs et des clients satisfaits

Galenos a toujours fait preuve d’innovation vis-à-vis de ses clients. A la fin des années 90, elle est la première caissemaladie suisse à proposer un calculateur de primes en ligne. Les personnes intéressées peuvent aussi demander des offres ou poser des questions directement via Internet. Dès le départ, près d’un tiers des demandes lui parviennent

Ecouter et présenter des solutions, telle est la recette toute simple de Galenos.

18 | Assurance-maladie 10/08


Explications et conseils plutôt que simples refus

Tandis que le service administratif fait mouche auprès des clients avec son service clientèle sympathique, le chef des prestations Joël Straehl, pour sa part, a une tâche un peu plus ardue. Son service doit aussi annoncer et expliquer les décisions désagréables comme le refus de prise en charge d’une prestation. Dans de telles situations, que peuvent faire les collaborateurs pour contribuer à la satisfaction des clients ? « Nous justifions en détail nos décisions et montrons que la loi ne nous laisse pas d’autre choix », explique Joël Straehl. Le fait de donner des alternatives est sans doute encore plus important : « Il arrive

Chaleureux, mais correct

souvent que d’autres assurances sociales soient compétentes. Dans ces caslà, nous indiquons à nos clients comment ils doivent procéder et à qui ils doivent s’adresser. » Joël Straehl reconnaît cependant que ses collaborateurs sont aussi confrontés à des réclamations. « Mais c’est justement dans de telles situations que l’on peut faire preuve de bonne volonté. Il importe de ne pas se contenter de défendre son point de vue de manière bureaucratique, mais de rechercher la cause du différend avec les assurés. Des questions ciblées s’avèrent souvent utiles : qui vous a prescrit cette thérapie ? Le médecin vous a-t-il informé que ce traitement ne fait pas partie de l’assurance de base ? » Généralement, affirme Joël Straehl, les assurés comprennent ensuite pourquoi Galenos ne peut pas prendre la prestation en charge. « Il nous arrive aussi de donner des conseils aux assurés pour éviter à l’avenir des surprises désagréables. Par exemple, ils devraient nous avertir avant une hospitalisation. Nous pourrions ainsi les prévenir tout de suite si la prestation n’est pas prise en charge. »

Photo : Prisma

leurs problèmes dans les grandes lignes. Ces avantages ne sont pas purement théoriques, puisque, comme nous le disions, Galenos recueille le taux de satisfaction le plus élevé de Suisse. Les collaborateurs, eux aussi, lui restent fidèles : « Bon nombre d’entre nous travaillent ici depuis plus de dix ans », précise ­Paola Tornare.

Pour Joël Straehl aussi, des collaborateurs satisfaits sont essentiels. Dans sa petite équipe, chacun est affecté aux ­tâches qui correspondent à ses capacités. « Si j’ai un collaborateur qui redoute chaque appel téléphonique, alors qu’un autre passerait volontiers ses journées au téléphone, cela déterminera clairement lequel mènera les entretiens téléphoniques et lequel se chargera des vérifications à l’arrière-plan », explique le chef de service. L’important, pour Joël Straehl, est que ses collaborateurs travaillent de manière autonome et responsable. Pour atteindre cet objectif, il met volontiers la main à la pâte. Les collaborateurs doivent identifier les problèmes, proposer des solutions concrètes et s’y tenir. Des formations régulières et une porte ouverte apportent le soutien nécessaire. Dans d’autres domaines aussi, Joël Straehl ne fait pas les choses à moitié. Il a des principes très stricts en matière de prise en charge des coûts. Il s’insurge notamment contre la pratique qui consiste à garder les malades chroniques à l’hôpital, à pleins coûts, même après la phase aiguë de leur maladie. « Lorsque des patients dont le traitement est terminé attendent à l’hôpital qu’une place dans un EMS se libère, ils ne se rendent service ni à eux-mêmes, ni à la collectivité. C’est un moyen pour les cliniques de rentabiliser leurs lits excédentaires. » Joël Straehl tente d’empêcher ce type d’abus avec des prises en charge restrictives des coûts : « Je préfère accorder des prises en charge pour des durées relativement courtes et réexaminer la situation ultérieurement. » En agissant ainsi, il ne se fait pas que des amis : « Certains hôpitaux ne m’ont pas à la bonne », avoue-t-il, un sourire en coin. PETER KRAFT

19 | Assurance-maladie 10/08


Rapport annuel 2007 de l’Institution commune LAMal

Résolution solidaire des problèmes épineux Photo : Prisma

En 2007, l’Institution commune LAMal a fourni dans 105 521 cas une entraide en matière de prestations pour un montant total de plus de 130 millions de francs. 34 % des cas et 51 % des coûts ont concerné des ressortissants de pays de la CE/AELE séjournant à titre provisoire en Suisse. L’Institution commune LAMal contribue ainsi de manière prépondérante à faciliter la libre circulation des personnes en Europe. Un fonds d’insolvabilité très sollicité

L’Institution commune LAMal contribue beaucoup à la libre circulation des personnes dans l’UE.

L’Institution commune LAMal gère, pour le compte des assureurs­maladie, la coordination de l’entraide internationale en matière de prestations, le règlement des prestations en lieu et place des assureurs insolvables ainsi que la compensation des risques. Le rapport d’activité donne un aperçu du travail important fourni par la fondation. Il contient aussi des informations précieuses sur l’évolution de l’assurance-maladie.

Pour pouvoir prendre en charge les coûts des prestations légales en lieu et place des assureurs insolvables conformément à l’art. 18 al. 2 LAMal, le conseil de fondation de l’Institution commune LAMal a décidé le 2 juillet 1997 de constituer un fonds d’insolvabilité. Un montant de 50 à 60 millions de francs a été visé dans un délai de deux à trois ans. Mais à la suite du dépôt de bilan de la caisse-maladie Zurzach, la fondation n’a pu atteindre cet objectif minimum. Le 25 juin 2003, le conseil de fondation a approuvé la recommandation de l’OFSP de constituer un fonds d’au moins 100 millions de francs. Le 31 décembre 2007, le fonds d’insolvabilité avait atteint quelque 54 millions de francs. Jusqu’à ce jour, le conseil de fondation de l’Institution commune LAMal a constaté l’insolvabilité de trois caissesmaladie : Zurzach, Accorda et KBV. Pour ces trois cas d’insolvabilité, des prestations légales de près de 93 millions de francs ont été financées jusqu’à la fin 2007. L’expérience a prouvé, comme le souligne le rapport annuel, que les prestations légales qui doivent être financées à partir du fonds d’insolvabilité sont plus élevées que ce que les assureurs et l’OFSP avaient prévu. Il n’existe pas actuellement d’indices concrets de l’insolvabilité imminente d’une autre caisse-maladie.

Le volume de répartition croît rapidement

Les résultats de la statistique sur la compensation des risques sont très révélateurs. Ils montrent que le volume de répartition entre les assureurs-­maladie a progressé rapidement de 530 à 1323 millions de francs depuis l’entrée en vigueur de la LAMal. Ils donnent aussi une vue d’ensemble des coûts dans l’assurance de base et de leur répartition en fonction de l’âge et du sexe. Voici quelques résultats intéressants : • Les coûts par personne assurée dans l’assurance de base sont passés de 1996 à 2007 de 1730 à 2861 francs. • Dans les deux cantons les plus onéreux – Genève et Bâle-Ville –, les coûts par assuré se sont montés respectivement à 3706 et à 3994 francs ; dans le canton le moins cher, à savoir Appenzell Rhodes-Intérieures, ils n’ont été que de 1862 francs. • La participation aux coûts a certes augmenté en chiffres absolus au cours des dernières années (1996 : 227 francs par personne assurée, 2007 : 419 francs), mais sa part sur le montant global des coûts diminue depuis 1998 (1998 : 15 %, 2007 : 14,7 %). JOSEF ZIEGLER

Organes de la fondation

Le conseil de fondation Président : Markus Moser, docteur en droit Vice-président : Pierre-Marcel Revaz Autres membres : Guido Klaus, Urs Reich, Roland Zurflüh Le secrétariat : 54,4 postes, 64 collaborateurs Directeur : Rolf Sutter

20 | Assurance-maladie 10/08


Inscription aux cours interentreprises sous www.santesuisse.ch

Procédure d’inscription aux cours interentreprises : information destinée aux entreprises formatrices Certaines réactions nous ont laissé penser que les entreprises formatrices ont des questions concernant les inscriptions aux cours interentreprises. Voici donc un récapitulatif de la marche à suivre.

der une licence d’utilisation à santésuisse (www.santesuisse.ch sous Formation / Matériel pédagogique). Le logiciel « time2learn » permet de gérer les objectifs détaillés ainsi que les éléments d’examen. santésuisse propose des cours de connaissances de la branche en complément des cours interentreprises. L’inscription à ces cours peut également se faire via notre site Internet. Pour toute question, veuillez vous adresser à Antonella Sasso (antonella. sasso@santesuisse.ch) qui se fera un plaisir de vous renseigner.

Logiciel d’apprentissage « time2learn » : licence sur le site de santésuisse

SANTÉSUISSE, DÉPARTEMENT FORMATION

Si les entreprises formatrices souhaitent travailler avec l’outil pédagogique « time2learn », elles peuvent deman-

Photo : Prisma

Il est important de savoir que l’inscription aux cours interentreprises ne se fait pas automatiquement. Les apprentis doivent être inscrits individuellement. Le plus simple est de les inscrire dès la signature de leur contrat d’apprentissage pour éviter tout oubli. Nous fixons les lieux de formation en fonction des lieux de domicile des apprentis. Par conséquent, le délai pour les inscriptions est fixé à la fin du mois de juillet de l’année civile correspondante (début de la formation).

L’inscription aux cours interentreprises ne se fait pas automatiquement avec la transmission du contrat d’apprentissage à l’office de formation professionnelle compétent. Le plus simple est de la faire sur notre site, sous www.santesuisse.ch Formation / Cours de formation / Index des cours. santésuisse confirme l’inscription dès sa réception. Les apprentis sont ensuite invités aux différents cours interentreprises tout au long de la formation. Ces invitations sont envoyées à l’adresse privée des apprentis environ quatre semaines avant le cours interentreprises.

Cours interentreprises : la procédure d’inscription n’est toujours pas claire.

21 | Assurance-maladie 10/08


19 des 24 ligues pulmonaires cantonales travaillent « bien ou très bien »

Qualité élevée de la prise en charge des patients nécessitant une oxygénothérapie Photo: Prisma

60 000 patients

La prise en charge des patients nécessitant une oxygénothérapie est de qualité élevée.

L’examen par une instance indépendante de la prise en charge des patients jusqu’à la facturation fait partie de la convention passée entre santésuisse et la Ligue pulmonaire suisse. L’année dernière, le suivi des patients en oxygénothérapie a été passé au crible. Résultat : 19 des 24 ligues cantonales travaillent de manière remarquable ; des mesures visant à améliorer la situation dans les cinq autres ligues ont été initiées avec succès.

santésuisse est liée contractuellement à la Ligue pulmonaire suisse depuis plus de 30 ans. La convention règle les tarifs et l’encadrement des patients. Les personnes atteintes d’une maladie chronique des voies respiratoires sont ainsi assurées d’être traitées dans toute la Suisse au même prix et de la même manière.

Plus de trois cents collaborateurs répartis entre vingt-quatre ligues pulmonaires cantonales encadrent quelque 60 000 patients souffrant d’asthme, de BPCD (bronchopneumopathie chronique obstructive), d’apnées du sommeil et d’autres affections pulmonaires et respiratoires. Les personnes concernées ­reçoivent sur prescription médicale des appareils à oxygène, des inhalateurs et des appareils respiratoires, des masques et d’autres moyens auxiliaires. Les collaborateurs des ligues leur montrent comment les utiliser et les encadrent tout au long de la thérapie. Un guide de qualité décrit comment les tâches – du premier contact jusqu’au décompte avec la caisse-maladie – doivent être exécutées. Afin de contrôler le respect de ces prescriptions (minimales), la Ligue pulmonaire et santésuisse procèdent régulièrement à des audits de qualité portant sur les traitements standard. Gestion de la qualité axée sur la pratique

Les mesures d’encadrement des personnes souffrant d’apnées du sommeil ont été contrôlées en 2005. L’audit 2007 a porté sur la prise en charge des patients sous oxygène : « Les audits doivent démontrer si la gestion de la qualité est mise en œuvre sur place », explique Thomas Weiler, responsable des thérapies à domicile à la Ligue pulmonaire suisse. « Nous souhaitons savoir où nous pouvons nous améliorer et tirer les enseignements des erreurs commises, dans l’intérêt des personnes concernées et des caisses-maladie. » L’expert chargé de l’audit a été choisi paritairement par santésuisse et la Ligue pulmonaire. Hans-Ulrich Balthasar, de Schaffhouse, est médecin de formation. Il s’est spécialisé en gestion de la qualité après avoir effectué des études postgrades en économie d’entreprise. Pendant plusieurs mois, il a accompagné les collaborateurs lors de leurs visites et a contrôlé les notes et les documents. Il s’agissait de déceler d’éventuelles erreurs au moyen d’un questionnaire portant sur cinquante points. « J’ai

avant tout examiné les cas particuliers », explique l’expert, « car il est clair que si les collaborateurs de la Ligue savent régler les cas spéciaux, ils maîtrisent à coup sûr les cas de routine. » Audits : une véritable motivation à faire mieux

Les résultats sont remarquables : 19 des 24 ligues cantonales travaillent bien ou très bien. Seules cinq ligues doivent procéder à des ajustements – des lacunes ont notamment été constatées au niveau des documents électroniques. Il vaut la peine d’investir dans un contrôle de qualité approfondi : chaque ligue cherche à obtenir le meilleur résultat possible. « Les audits constituent une véritable motivation à faire mieux », ajoute Thomas Weiler. « Les collaborateurs ne souhaitent pas seulement faire bonne figure en se classant honorablement mais, fondamentalement, fournir un travail de grande valeur. Ainsi, avant l’examen, chaque ligue a œuvré intensivement à parfaire sa propre gestion de la qualité. » Après le contrôle des mesures d’encadrement des personnes souffrant d’apnées du sommeil et nécessitant l’administration d’oxygène, le prochain examen pourrait porter sur la qualité des résultats du travail de prise en charge : l’avis des personnes concernées et leur état de santé – et non les opérations d’encadrement – seront alors vérifiés. Selon Thomas Weiler, « les caisses-­ maladie ont bien entendu un intérêt prépondérant à ce que l’état de santé des malades s’améliore – grâce aussi à notre travail d’accompagnement. » ligue pulmonaire suisse

22 | Assurance-maladie 10/08


velle prestation. Les tractations n’ont cependant pas abouti en raison de divergences de vues quant au prix du programme. Toutefois, santésuisse a été en mesure de signer en septembre une convention tarifaire avec un fournisseur unique agréé. MadeCoach et l’association faîtière des assureurs-maladie sont en effet tombés d’accord sur un forfait de 4200 francs par enfant participant au programme. Aucune indemnisation additionnelle n’est possible au-delà de ce forfait. Les médecins associés aux programmes ne peuvent prescrire de traitements supplémentaires contre l’obésité pendant la durée du programme. En novembre, un accord a aussi été trouvé avec la FMH. Le montant du forfait s’élève lui aussi à 4200 francs. L’annexe à la convention règle le nombre exact de réunions collectives et individuelles, et désigne les professionnels intervenants (médecins, psychothérapeutes, diététiciens, physiothérapeutes). Au total, le programme dure une centaine d’heures environ. Les séances doivent avoir lieu dans une période d’une année. Les enfants et leurs parents doivent participer ensemble aux deux tiers des séances, faute de quoi l’obligation pour les assureurs-maladie de prendre en charge le traitement s’éteint. Les conditions de participation au programme sont les suivantes : • Obésité ou surpoids et présence d’une maladie aggravée ou subséquente à la surcharge pondérale • Transmission de la demande par le médecin • Garantie de prise en charge par l’assureur-­ maladie

Photo: Prisma

Après de longues négociations, la FMH et santésuisse ont signé une convention sur les programmes de traitements, d’enfants et d’adolescents souffrant de surpoids et d’obésité accompagnés de leurs parents. Un premier accord avait déjà été signé avec un fournisseur de prestations agréé. Au cours de ces programmes, répartis sur une centaine d’heures environ, les enfants et leurs parents réapprennent les fondements d’une alimentation saine et d’une activité physique suffisante. Un soutien psychologique et médical leur est également apporté. Le programme coûte 4200 francs par enfant. Par décision valable à partir du 1.1.2008, le Conseil fédéral a admis provisoirement dans le catalogue des prestations des programmes de groupe pour les enfants et les adolescents souffrant de surpoids ou d’obésité. L’ordonnance prévoit une « approche thérapeutique pluridisciplinaire » complétée par des programmes collectifs agréés, dirigés par un médecin. Les recommandations de la Société suisse de pédiatrie (SSP) et de l’Association suisse Obésité de l’enfant et de l’adolescent (AKJ) sont déterminantes pour fixer le contenu. L’ordonnance prescrit aussi une évaluation des programmes pour établir en toute transparence leur efficacité, leur adéquation et leur économicité. Sur la base de ces résultats, le Conseil fédéral se prononcera en 2012 sur l’admission définitive de ces programmes dans le catalogue des prestations. Initialement, la FMH et santésuisse ont donc entrepris des négociations tarifaires concernant cette nou-

23 | En bref 10/08

En

Programmes de groupes pour les enfants et les adolescents en forte surcharge pondérale à la charge obligatoire des assureurs-maladie


Photo: Prisma

Pro Senectute étoffe son offre de préparation à la retraite. Jusqu’à maintenant, elle n’organisait que des séminaires destinés aux particuliers. Avec le programme « AvantAge », elle conseille désormais les entreprises et les personnes exerçant une activité lucrative sur toutes les questions liées au vieillissement des effectifs. La retraite imminente n’est, de loin, pas le seul thème abordé. Les entreprises doivent apprendre à mieux utiliser les connaissances et l’expérience de leurs collaborateurs plus âgés. En plus de séminaires, Pro Senectute propose des formations pour les directeurs des ressources humaines et les chefs d’entreprise. Elle organise aussi des manifestations sur mesure pour les entreprises. Pour de plus amples informations, veuillez consulter www.avantage.ch

Nouvelles du monde

Comment mieux utiliser l’expérience des collaborateurs « âgés » ?

Service

Pro Senectute prône « la force de travail des 50 ans+ »

Vaccin contre la cocaïne Des scientifiques espagnols élaborent un vaccin contre la dépendance à la cocaïne. Le médicament ne stoppe pas en fait le besoin de drogue mais évite les effets de la cocaïne, confie le ministère de la santé espagnol. Le vaccin produit des anticorps empêchant que la drogue ne parvienne au cerveau.

Naissance d’un bébé après une transplantation d’ovaire A Londres, une femme a mis au monde une petite fille en bonne santé après une transplantation d’ovaire. La femme, stérile, avait reçu l’ovaire de sa sœur jumelle.

De l’argent encaissé pour soigner des morts En Sicile, les médecins auraient encaissé durant des années de l’argent pour plus de 50 000 patients décédés. Les médias italiens ont rapporté que les médecins auraient continué de toucher des forfaits de l’Etat, alors que les patients étaient déjà morts depuis longtemps. Selon la police financière, le montant des délits s’élève au moins à deux millions d’euros par an.

Arrêt des tests de produits coupe-faim En l’espace d’un mois, trois groupes pharmaceutiques – Pfizer, SanofiAventis et Merck – ont suspendu leurs tests sur des produits coupe-faim, pour cause d’effets secondaires indésirables trop nombreux. Un porte-parole de Pfizer doute que dans ces conditions une admission des produits par l’Etat soit réaliste.

24 | Service 10/08


Manifestations Organisateur

Fait particulier

Date/lieu

Renseignements

14 au 18 janvier Olma de SaintGall

www.gesundheitssymposium.ch

15 et 16 janvier Seedamm Plaza, Pfäffikon (SZ)

www.promotionsante.ch

Symposium sur la fourniture en soins Hôpital cantonal de Saint-Gall Une journée pour les écoliers, deux jours pour les professionnels de la santé, deux jours pour le grand public 11e Conférence nationale sur la promotion de la santé Promotion Santé Suisse

Thème : La promotion de la santé, enjeu d’une politique de société : pour un impact durable sur les déterminants sociaux

Les SwissDRG, un défi pour les hôpitaux, le corps médical et le personnel soignant IRP Université de Saint-Gall

Contributions de Manfred Manser et de Willy Oggier

22 janvier 2009 www.irp.unisg.ch Swissôtel à Zurich

Dessin : Marc Roulin

Informez-nous de vos manifestations : redaction@santesuisse.ch  Plus d’informations sur www.santesuisse.ch

25 | Service 10/08


Un film d’animation de santésuisse pour combler les lacunes Sur la page d’accueil de santésuisse, un film d’animation explique de manière compréhensible et ludique les principes fondamentaux de notre système d’assurance-maladie. Des enquêtes réalisées auprès de la population, mais aussi de nombreux articles de presse parus récemment ont révélé un manque d’information important. santésuisse souhaite com-

bler ces lacunes par une information parfaitement objective. Elle est en effet convaincue que les critiques faites aux assureurs-maladie reposent en partie sur un défaut de connaissances. Vous pouvez visionner le film sous www.santesuisse.ch – Politique et droit – Actualité.

L’Obsan publie son rapport national sur la santé 2008

La population suisse est en bonne santé – mais des inégalités existent faute d’informations concernant un mode de vie sain. Le rapport analyse aussi d’autres « déterminants sociaux » et leur influence sur le bien-être. Il en ressort que l’attention, les encouragements et la sécurité dont une personne a bénéficié dans son enfance et sa jeunesse jouent un rôle déterminant pour sa santé à l’âge adulte. Les migrants de diverses provenances, les personnes âgées vivant dans des conditions financières précaires ou les parents élevant seuls leurs enfants, ainsi que ces derniers, ont plus souvent des problèmes de santé. Afin de réduire les inégalités, l’Observatoire suisse de la santé propose pour les groupes de population vulnérables des actions préventives, cohérentes et coordonnées, à l’école, sur le lieu de travail et le marché de la consommation.

Photo : Prisma

Les habitants de la Suisse sont globalement en bonne santé et bénéficient, en cas de maladie, de soins de qualité. Telles sont les conclusions du rapport national sur la santé 2008, La santé en Suisse. Mais l’état de santé des individus n’est pas identique dans toutes les couches de la population, en raison principalement du niveau de formation différent et d’une situation économique plus ou moins favorable. Les personnes les plus pauvres et de formation moindre sont plus fréquemment et plus gravement malades. Les différences sont particulièrement importantes en matière de surcharge pondérale, de maladies cardiovasculaires et de cancer du poumon. Pour les auteurs du rapport, cela tient au fait que ces personnes ont de moins bonnes perspectives professionnelles et sont davantage victimes du stress. Elles adoptent en outre un comportement peu favorable à leur santé,

26 | Service 10/08

Service

Un film sur www.santesuisse.ch explique les rudiments du système d’assurance-maladie


Magazine

Mise au Point

« infosantésuisse »

Politique de la santé

Les informations de première main du domaine de la santé : actuelles, passionnantes, complètes ! Financement des soins ? Soins gérés ? Promotion de la santé ? Evolution des coûts ? Voici quelques thèmes brûlants qui agitent le domaine suisse de la santé. infosantésuisse, Le magazine des assureurs-maladie suisses, vous donne les informations essentielles avec précision et de manière fondée. infosantésuisse paraît dix fois par an. Commandez maintenant le magazine suisse du domaine de la santé :

❑ ❑

Cette publication est conçue en premier lieu pour les politiciens, les journalistes, les cadres des assurances et toutes les personnes intéressées à la politique de la santé. Cette revue paraît quatre fois par année. Elle est disponible par numéro ou sous forme d’abonnement. Veuillez compléter et retourner ce talon à santésuisse, service des éditions, case postale, 4502 Soleure, fax 032 625 41 51.

Abonnement à Fr. 69.– Abonnement découverte : 3 parutions à Fr. 20.–

• par courrier à santésuisse – Les assureurs-maladie suisses, Römerstrasse 20, 4502 Soleure • par fax au numéro 032 625 41 51 • par courriel à l’adresse : shop@santesuisse.ch • à la page d’accueil de santésuisse sous www.santesuisse.ch (rubrique « Publications »)

Commande ________ ex. «Mise au point / Politique de la santé» 4 / 08 ________ abonnement

Nom / Prénom

Nom / Prénom

Rue / No

Rue / No

NPA / Localité

NPA / Localité • Fax 032 625 41 51 • shop@santesuisse.ch • www.santesuisse.ch

• Fax 032 625 41 51 • shop@santesuisse.ch • www.santesuisse.ch


ail v a r t u a nt. er s Les dang urgir brutaleme s peuvent

Déclarez la guerre aux sols et escaliers glissants, aux câbles qui traînent et aux étagères instables! Les dangers au travail peuvent surgir brutalement. Tout accident sur le lieu de travail est un accident de trop: il cause des souffrances, crée des problèmes dans l’entreprise et coûte environ CHF 600.– par jour à

l’employeur. Prémunissez-vous en optant pour des moyens sûrs et dites non aux câbles qui traînent, aux prises défectueuses et aux sols et escaliers glissants. Comment vous engager pour des places de travail saines et sûres? Visitez www.ekas.ch.

ekas_infosantésuisse_s3_f_213x159.indd 1

6.11.2008 10:54:29 Uhr

Die Stiftung Gemeinsame Einrichtung KVG ist Durchführungsstelle des Risikoausgleichs. Gegenwärtig wird dieser mit den Kriterien Alter und Geschlecht durchgeführt. Das Parlament hat die Einführung eines morbiditätsorientierten Risikoausgleichs beschlossen (Kriterium Spitalaufenthalt bzw. Pflegheimaufenthalt im Vorjahr). Im Zusammenhang mit der Gesetzesänderung ist ein Ausbau des Stellenbestandes nötig. Wir suchen deshalb auf Anfang 2009 oder nach Vereinbarung eine(n)

stellvertretende(n) Abteilungsleiter(in) Risikoausgleich Ihre Aufgaben • Mitarbeit bei Datenerhebung, Datenkontrolle und Berechnung des Risikoausgleichs • Erstellung und Versand der Risikoausgleichsabrechnungen für die Krankenversicherer • Mitarbeit bei der Erstellung von Berichten (Geschäftsbericht und Quartalsbericht, Bericht an BAG etc.) Ihr Profil • betriebswirtschaftliche Ausbildung (z.B. Fachhochschule oder Universität) • mindestens 3 bis 5 Jahre Berufserfahrung (nach Möglichkeit in Verwaltung oder in NPO) • sehr gute MS-Office-Anwenderkenntnisse (Word, Excel, Access) • ausgeprägtes analytisches Denkvermögen • Sie sind bereit, Routinearbeiten zu erledigen und gleichzeitig sind Sie fähig, komplexe Aufgaben mit oft neuen Fragestellungen anzugehen. Für allfällige Fragen steht Ihnen der Abteilungsleiter Risikoausgleich, Urs Wunderlin, Tel. 032 625 30 25, urs.wunderlin@kvg.org, gerne zur Verfügung. Ihre vollständigen Unterlagen senden Sie bitte an Evelyne Hiltebrand, Gemeinsame Einrichtung KVG, Gibelinstrasse 25, Postfach, 4503 Solothurn, Tel. 032 625 30 83, evelyne.hiltebrand@kvg.org


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.