Ti Train Lontan et Gare de Saint-Pierre

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Ti Train Lontan & Gare de Saint-Pierre


M. Eugène Pallu de la Barrière modifie alors le cahier des charges et arrête le chemin de fer à Saint-Louis dans la partie Sous-le-Vent.

La chambre de commerce, lors de la séance du 31 août 1875, reconnaît l’utilité du chemin de fer comme «œuvre de progrès, devant contribuer à la prospérité de la Colonie». Les conseils municipaux, appelés à donner leur avis motivé sur le projet, doivent se prononcer. À Saint-Pierre, le cahier d’enquête contient quatre protestations. Ces quatre protestations repoussent toute subvention de la part de la Colonie «parce que la concession du port [de Saint-Pierre] ayant été faite sans aucune subvention, on ne comprend pas qu’il en soit demandé une pour le chemin de fer et le port qui n’ont aucune connexité l’un avec l’autre.» A Saint-Pierre, le conseil de commune adopte, dans sa séance du 26 juillet 1875, la résolution suivante : «considérant que l’usage de la voie ferrée imposera inévitablement un surcroît de frais aux marchandises et denrées de toute nature, et repoussant toute idée de subvention de la part de la Colonie, vu l’abandon d’une portion de la route Nationale, le Conseil émet un avis défavorable au projet de chemin de fer présenté et repousse toute subvention pécuniaire et autres concessions, avantages et monopole à l’entreprise projetée». Sept communes : Saint-Denis, Sainte-Marie, Sainte-Suzanne, Saint-André, Saint-Paul, Saint-Louis et Saint-Leu «reconnaissent l’utilité du chemin de fer» et un seul, celui de Saint-Pierre déclare la création du chemin de fer «plus nuisible qu’utile.»

Saint-Pierre n’en voulait pas

En 1872, Alexandre Lavalley, ingénieur civil, et Eugène Pallu de la Barrière, homme d’affaires, s’engagent dans un projet ambitieux : un port et un chemin de fer sur l’île de La Réunion.

Le train arrive à La Réunion

Panorama du port de la Pointe des Galets vers 1887-1910. Saint-Pierre qui construit son port depuis 1853 et l’inaugure en 1883 voit d’un mauvais oeil la concurrence de ce nouveau port qui a les préférences du Gouvernement et qui de plus est couplé à un chemin de fer cliché Henri Georgi, collection ANOM

Néanmoins, l’homme d’affaires, tenace, n’abandonne pas totalement, convaincu que «l’avenir prouvera combien les dangers redoutés sont imaginaires et que les opposants seront les premiers à demander la continuation du chemin de fer» ; «l’article 1er, quoique modifié en apparence, ne l’est donc pas en réalité, puisqu’en définitive le chemin de fer peut être entrepris immédiatement de Saint-Benoît à Saint-Pierre si la Colonie le réclame». La commission d’enquête rappelle «qu’avec ou sans chemin de fer il est urgent pour la Colonie de compléter et d’assurer la communication des diverses parties de l’île entre elles». Des grands travaux sont indispensables, la liaison entre Saint-Denis et La Possession, les grands ponts, comme celui de la rivière Saint-Étienne, etc. La commission rappelle que la Compagnie «se charge de les exécuter à bref délai, et de nous en faire jouir beaucoup plus tôt que nous ne pouvions l’espérer, aussi nous demande-t-elle de participer à une dépense que l’avenir nous imposait de toute manière ; ce n’est donc pas une subvention à son entreprise qu’elle réclame, mais tout simplement une participation à la dépense nécessitée pour des travaux, qui sont pour nous d’une importance capitale, et qui, en toute éventualité, deviendront la propriété de la Colonie». (Commission d’enquête chargée d’examiner la demande de MM. Lavalley et Pallu de la Barrière, 1875)


La Gare de Saint-Denis en 1882 Cliché M. Blondel, coll. Société de Géographie - B.N.

Après les derniers sondages (travaux préparatoires de 1877 et 1878), la Compagnie du Chemin de fer et du Port de la Réunion (C.P.R.) s’engage, dès août 1878, dans les grands travaux. De Saint-Benoît à Saint-Pierre, en passant par Saint-Denis, se dessine la future ligne du chemin de fer. Il faut franchir les nombreux cours d’eau, et les échafaudages se dressent dans les lits des ravines et des rivières pour la réalisation des ponts et des viaducs. Il faut creuser parfois dans de la roche dure et réaliser des tunnels entre Saint-Denis et La Possession. Dans la plaine désertique de la Pointe des Galets, les ouvriers de la Compagnie creusent un port artificiel. Non loin des futurs docks et bassins, des paillotes se dressent, premières habitations sur l’emplacement d’une ville à venir. Si Saint-Pierre défend son port contre celui de la Pointe des Galets, la concurrence n’est pas réelle ; le port de la Pointe des Galets étant mieux adapté aux nouveaux navires à vapeur et surtout mieux positionné sur la route maritime de Marseille à La Réunion, via le canal de Suez en service depuis 1869. La Compagnie du Chemin de fer et du Port de la Réunion trouvera à Saint-Pierre, comme dans la plupart des communes, les ouvriers indispensables à la réalisation de ses travaux pour les chantiers sur le quartier (ponts, ponceaux, voie ferrée, etc.).

Inauguration du chemin de fer le 11 février 1882, dessiné d’après nature et lithographié par A. Roussin

L’évêque de La Réunion, Mgr Coldefy, bénit les locomotives, pour une inauguration en grande pompe du chemin de fer en présence du Gouverneur et des invités venus de toute l’île.

Loi d’Etat du 23 juin 1877

Le 11 février 1882

Le Sénat et la Chambre des députés adoptent la loi relative à la création d’un port à la Pointe des Galets ainsi qu’à l’établissement d’un chemin de fer reliant ce port à Saint-Pierre et à Saint-Benoît.

Le 23 juin 1877

Le Président de la République en 1877 Maréchal De Mac Mahon

Ancienne gare de Saint-Pierre du côté de le rue de La Cayenne, cliché anonyme, entre 1900-1930, collection ANOM

«(...) Et, maintenant, lâchez la bride à la vapeur ! qu’elle aille semer sur tous les points de l’île la bonne nouvelle de la mise en activité du chemin de fer et répéter les noms de ceux qui ont travaillé à en doter la Colonie.» Extrait du discours d’inauguration du Gouverneur Pierre Etienne Cuinier. Le 12 février 1882 est inaugurée la ligne de Saint-Denis à Saint-Louis. Sur la rivière Saint-Étienne, les culées et les piles terminées, la Compagnie est en attente du tablier métallique en provenance du Creusot (Saône-et-Loire). La rivière Saint-Étienne ne peut être franchie en son absence. Il faudra attendre juillet 1882 pour la mise en service de la section entre Saint-Louis et Saint-Pierre. La gare de Saint-Pierre (alors près de la rue de La Cayenne) peut enfin accueillir ses premiers voyageurs. A sa mise en service, le chemin de fer comprend deux circonscriptions «s’étendant, l’une de Saint-Benoît à la halte de la Possession, l’autre de la Possession à SaintPierre». (Arrêté du 17 février 1882, Art. 1er). Les organisations administratives évolueront tout au long de l’activité du service ferroviaire. Ces circonscriptions seront redécoupées plusieurs fois. Des haltes seront rajoutées en fonction des demandes des usagers. Par ailleurs, certaines haltes deviendront des gares comme Bras-Panon ou Étang-Salé.


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Ri in d viè es re Li Sa du mite M in t-A ât s n Pe tit dré Ba Ca zar m bu Bo ston isRo u M ar ge in Sa e in teRa Suza vin n e d ne Sa es in te- Chè v M La ar res ie M ar Sa e in teCl ot i ld e Sa in t-D e Pl ac nis ed G uG ra nd ouv e C e rn La e Po halo me s up n t Le sess e i Po on Bo rt ut d Sa e l’ É in t-P tan Ca au g se l rn Ca e p H Sa om a in t-G rd Sa il in les t H -Gil leser le Ba m s 2 in e i Sa tage vil s lag lin e eG lesra nd Bain eR s Sa in avin t-L e e u G en da Po rme r in te ie Ét au S an el gSa lé Sa in t-L ou Pi is er re fo An nds cie nn eG Sa in a t-P re ier re

A Saint-Pierre, le terminus se situait d’abord du côté de ravine Blanche. Les rails seront rajoutés ensuite jusqu’au niveau du bassin de radoub à l’endroit de la Gare actuelle.

Saint-Pierre : «Terminus !»

A sa mise en service, le chemin de fer comprend deux circonscriptions «s’étendant, l’une de Saint-Benoît à la halte de la Possession, l’autre de la Possession à Saint-Pierre». (Arrêté du 17 février 1882, Art. 1er)

Bo e ur no i bi Ri er t (k viè m 0) Br re de as s R -P Ch ano oche em n s

De Saint-Benoit à Saint-Pierre

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A la demande des usagers, la halte de Pierrefonds (Km 117 + 300) permet de desservir le secteur où résident les employés de l’usine sucrière et de la distillerie de Pierrefonds ; la halte de l’ancienne gare de Saint-Pierre (Km 125 + 221), sur le boulevard Hubert Delisle, propose un arrêt au niveau de la rue de la Cayenne juste après la ravine Blanche. Elle est le terminus de la ligne ferroviaire et se situe alors loin des bassins du port à moins d’un kilomètre de la gare actuelle. L’ancienne gare deviendra alors une simple halte (halte de l’ancienne gare). En octobre 1890, la direction du C.P.R. déplacera son terminus près des bassins du port. Après avoir traversé le pont de la rivière Saint-Étienne (520 m d’ouverture et limite communale entre Saint-Louis et Saint-Pierre), la voie ferrée passe devant la halte de Pierrefonds et amorce une courbe vers la droite en direction du Cap Long. Les rails longent ensuite le littoral, traversent successivement les ponts en maçonnerie de la ravine des Cabris, de la ravine de la Rampe, de la ravine de la Balance et de la ravine de la Saline. La voie ferrée arrive à Saint-Pierre, traverse le pont en maçonnerie de la ravine Blanche avant d’emprunter le boulevard Hubert Delisle en direction du terminus de la ligne, la gare de Saint-Pierre (Km 126 + 200).


Ce pont ferroviaire dû à l’ingénieur Dubois et réalisé par la Compagnie du Chemin de fer et du Port de la Réunion (C.P.R.), entre 1878 et 1882, se compose de 2 culées (culée de la rive droite sur la commune de Saint-Louis, culée de la rive gauche sur la commune de Saint-Pierre), de 9 piles en maçonnerie de basalte taillé reposant sur un sol composé de galets, de sable et de graviers. L’ouvrage, constitué de 10 travées, atteint une longueur totale de 520 m. C’est le plus long pont de la ligne ferroviaire. «La rivière Saint-Étienne, la plus terrible de toutes, n’a pas moins de un kilomètre de largeur à Saint-Louis. Une chaussée ou digue en gros blocs, protégée par un coude du lit, a réduit cet espace à 500 mètres, qu’on franchit sur un pont métallique, à poutres horizontales de dix travées de cinquante mètres de portée. On est allé chercher, jusqu’à 14 mètres de profondeur, le conglomérat quartenaire solide pour fonder les piles en maçonnerie qui recevront le tablier.» (Le chemin de fer de la Réunion, E. Pélagaud, Album de l’île de la Réunion, 1883) Fin 1881, les culées et les piles terminées, la Compagnie était en attente du tablier métallique en provenance du Creusot (Saône-et-Loire). Le 12 février 1882 est inaugurée la ligne de Saint-Denis à Saint-Louis.

Pont du chemin de fer sur la rivière Saint-Etienne vers 1897-1898, CPA H. Mathieu, collection Eric Boulogne

La rivière Saint-Étienne ne peut être franchie en l’absence du tablier. Il faudra attendre juillet 1882 pour la mise en service de la section entre Saint-Louis et Saint-Pierre. Tout vient à point à qui sait attendre…

Profil en long du pont de la rivière Saint-Etienne, sd, collection ANOM

De Saint-Louis à Saint-Pierre

Afin de permettre à la voie ferrée de franchir la rivière Saint-Étienne, entre Saint-Louis et SaintPierre, est édifié au km 116.227, un pont métallique en treillis de 520 m de long et de 3,50 m de large.

Le plus grand pont de l’île

Pont ferroviaire de la rivière Saint-Etienne vers 1905-1912, CPA L. Angelin, collection Eric Boulogne

Pont sur la Rivière St-Etienne et sa passerelle piéton vers 1910, CPA O. Du Mesgnil, collection Eric Boulogne

Mais le 15 mars 1956 la fermeture de la «Branche Sud», entre Saint-Pierre et Le Port, met un coup d’arrêt au trafic ferroviaire sur le secteur. Quelques années plus tard, le tablier métallique du pont de la rivière Saint-Etienne sera démonté puis vendu à la ferraille. Pour faire face au développement du réseau routier, la D.D.E. (Direction Départementale de l’Équipement) réalisera, en 1992-1993, un pont routier prenant appui sur les piles de l’ancien pont ferroviaire «en vue du doublement du pont de la rivière Saint-Étienne - RN 1». Durant la période cyclonique (l’hivernage disait-on alors), la traversée de la rivière Saint-Étienne pouvait être suspendue pendant de longues semaines. À la demande de M. François de Mahy, député de La Réunion, la Compagnie du Chemin de fer et Port de la Réunion (C.P.R.) établira à ses frais «une passerelle gratuite pour piétons», en encorbellement sur le flanc du pont métallique. Durant le passage du cyclone Gamède, dans la nuit du 24 au 25 février 2007, sous la poussée des eaux, la pile n° 7 cède et entraîne l’effondrement du pont routier. Les eaux de la rivière Saint-Étienne eurent raison des derniers vestiges du plus grand pont ferroviaire de l’île. Aujourd’hui il ne reste plus rien de l’ancien passage de la voie ferrée.


Ces anciens ouvrages d’art, construits par la Compagnie du Chemin de fer et du Port de la Réunion, visibles sur le sentier littoral de Saint-Pierre, témoignent de l’époque du C.P.R. et du C.F.R. Ravine des Cabris Pont situé au Km 121 + 764 m. Composé de 2 arches (d’une longueur de 10 m chacune), en maçonnerie de basalte taillé, d’une longueur totale de 29 m, d’une largeur de 3,50 m et d’une hauteur de 3,80 m. Réalisé entre 1879 et 1881, l’ouvrage repose sur un sol composé de sable et de gravier. Aujourd’hui, les marcheurs empruntant le sentier du littoral de Saint-Pierre peuvent traverser cet ancien pont ferroviaire du C.P.R. et du C.F.R., situé près de la Pointe du Bois. Ravine de la Rampe Pont situé au Km 122 + 148 m. , d’une seule arche, en maçonnerie de basalte taillé, d’une longueur de 3,10 m, d’une largeur de 3,50 m et d’une hauteur de 3,40 m. Construit entre 1879 et 1881, l’ouvrage repose sur un sol composé de sable et de graviers.

Pont de la Ravine de la Balance, cliché Patrick Barthet

Malgré les aléas du temps, ces anciens ponts ferroviaires s’inscrivent sur un parcours destiné aux promenades pédestres et cyclistes empruntant l’ancienne emprise de la voie ferrée.

Pont de la Ravine de la Rampe, cliché Patrick Barthet

Les vestiges ferroviaires (suite)

Sur le littoral, entre Pierrefonds et le port, la commune de Saint-Pierre possède un important patrimoine ferroviaire, avec une succession de ponts remarquables.

Les vestiges ferroviaires

Pont de la Ravine des Cabris, cliché Patrick Barthet

Ponceau du ruisseau de la Saline, cliché Patrick Barthet

Pont de la Ravine Blanche, cliché Patrick Barthet

Ravine de la Balance Pont situé au Km 122 + 664 m. Composé de 2 arches (d’une longueur de 2,00 m chacune), en maçonnerie de basalte taillé, d’une longueur totale de 8,00 m, d’une largeur de 3,50 m et d’une hauteur de 3,00 m. Construit entre 1879 et 1881, l’ouvrage repose sur un sol composé de tuf et de sable. Il est aujourd’hui partiellement ensablé. Ravine de la Saline Pont situé au Km 123 + 179 m., d’une seule arche, en maçonnerie de basalte taillé, d’une longueur de 3,00 m, d’une largeur de 3,50 m et d’une hauteur de 3,00 m. Construit entre 1879 et 1881, l’ouvrage repose sur un sol composé de tuf et de sable. Ravine Blanche Pont situé au Km 124 + 190 m, à 2 arches (d’une longueur de 10,00 m chacune), en maçonnerie de basalte taillé, d’une longueur totale de 29,00 m, d’une largeur de 3,50 m et d’une hauteur de 3,60 m. entre 1879 et 1881, l’ouvrage repose sur un sol composé de roches.


A Saint-Pierre l’infrastructure ferroviaire comprend deux voies ferrées principales et des voies secondaires (pour les wagons en attente et les manœuvres), un dortoir pour les mécaniciens et des entrepôts pour les marchandises (avec présence des services de la douane). Une plaque tournante, plateau circulaire horizontal pivotant sur un axe central, utilisée pour positionner les locomotives, les autorails et certains wagons dans une direction opposée (indispensable sur un terminus), viennent compléter le dispositif ferroviaire. La gare, construite en 1889-1890, est une gare de 1ère classe, avec ses six portes en anse de panier et à doubles battants, côté boulevard comme côté quai et voies ferrées. Le bâtiment est doté, sur chaque façade principale, d’un auvent soutenu par sept colonnes cannelées. Le bâtiment est en maçonnerie de basalte taillé, avec toiture à double pans en bardeaux et agrémenté de lambrequins ; les auvents sont également recouverts de bardeaux avec ajout de lambrequins. Cette gare à étage comprend à l’époque : une salle d’attente, une salle d’attente de 1ère classe, une salle de bagages, une billetterie, le bureau du chef de gare ainsi qu’un logement de fonction avec deux chambres. La gare de Saint-Pierre reste, dans le domaine architectural, un des plus beaux fleurons de l’époque du chemin de fer de la Réunion.

La gare de Saint-Pierre côté embarquement (côté mer) années 1950, cliché anonyme, collection Eric Boulogne

Le chemin de fer, relié au port de la Pointe des Galets, est un outil indispensable à la vie économique de la région de Saint-Pierre.

La Gare de Saint-Pierre vers 1910, CPA L. Dosité, collection Jean François Hibon de Frohen

Un poumon économique

L’ancienne gare de Saint-Pierre, avec ses 7 colonnes cannelées caractéristiques, reste l’une des plus belles réalisations de cette époque révolue…

La gare de Saint-Pierre

La Gare de Saint-Pierre vers 1958, cliché Dentiste Patel , collection Famille Patel

La gare de Saint-Pierre côté Boulevard Hubert Delisle, CPA Luda vers 1905-1910, collection Eric Boulogne

Le C.P.R. draine toutes les marchandises d’importation et d’exportation. Les productions de la région Sud et des Hauts (du Tampon) sont réceptionnées en gare de Saint-Pierre. Les exportations (sucres et rhums de l’usine des Casernes, farine de la féculerie de manioc de Saint-Joseph, huiles essentielles des Hauts, la vanille du Sud, etc.) sont dirigées, par voie ferrée, vers la Pointe des Galets, en direction principalement de la métropole et des colonies françaises. À SaintPierre, les entrepôts du C.P.R. réceptionnent les produits importés indispensables aux communes du Sud, et les commerçants viennent prendre livraison de leurs commandes de riz, de légumes secs, de farines alimentaires, d’huile, de poissons secs ou salés, de tissus, de vins, de produits manufacturés, etc. Le chemin de fer de La Réunion eut une fin semblable à tous les chemins de fer secondaires de France. Un matériel vieillot, un déficit chronique, l’abandon du public, la concurrence de la route, .... Néanmoins, le C.P.R. et le C.F.R. se trouvent être à l’origine de nombreux bouleversements dans une société en pleine mutation. Durant près d’un siècle, des milliers d’ouvriers, de cheminots et de dockers, contribuèrent, par leur dévouement, parfois au prix de lourds sacrifices, au développement économique et social de l’île.


«Et maintenant, ma dernière étape sera Saint-Pierre. Partis de Saint-Denis, vers sept heures du matin, nous n’y arrivons qu’à midi, après un trajet d’environ 125 kilomètres. À la gare stationnent plusieurs voitures, envoyées par les propriétaires des hôtels pour prendre les voyageurs. Nous nous faisons donc conduire tout droit à l’hôtel des voyageurs.»

Témoignages

Alphonse Gaud 1864-1896) alias Pooka dans Choses de Bourbon, 1888

Luc Donat, auteur/compositeur, a immortalisé cette époque dans son séga «P’tit train longtemps». Les paroles décrivent un pittoresque voyage dans le petit train à vapeur. Saint-Pierre est le terminus et pour continuer vers Petite-Ile, Saint-Joseph et Saint-Philippe, il ne reste plus aux voyageurs qu’à prendre… l’autobus.

«Saint-Pierre ou l’a arrivé Ou descend’là même terminus Pou continuer prend l’tobus»

La Gare de Saint-Pierre devenu bibliothèque dans les années 1980, cliché M. Volia, collection Saint-Pierre Patrimoine

Le 15 mars 1956, survient la fermeture de la «Branche Sud», entre Saint-Pierre et Le Port qui met un terme à 74 ans d’une aventure ferroviaire pour la capitale du Sud.

Trois omnibus devant la Gare de Saint-Pierre, cliché anonyme vers 1886-1910, collection Dr. Féroul

De nouvelles fonctions

Omnibus Dion-Bouton modèle 1914 devant la Gare de Saint-Pierre, sa, sd, collection Jean François Hibon de Frohen

La Gare de Saint-Pierre, Photomontage (dessin et photo) de Phil Quetin, 2017

A partir de 1956 la gare de Saint-Pierre est désaffectée puis réaménagée. Elle deviendra une annexe de la bibliothèque centrale de prêt durant quelques années, avant d’accueillir l’Office du Tourisme et un café dans les années 1990. Elle est inscrite en totalité au titre des Monuments Historiques depuis le 9 juillet 2012. Restauré en 2018-2019, le bâtiment fait partie aujourd’hui d’un ensemble de restauration et d’espace culturel avec une salle d’exposition retraçant l’histoire de l’aventure ferroviaire à La Réunion et à Saint-Pierre à travers des photographies et des textes de l’association Ti Train. L’ancienne Gare de Saint-Pierre est un témoin essentiel de l’histoire du «Ti Train» de La Réunion et demeure l‘un des rares vestiges du réseau ferroviaire sur l’île.


1878 (28 février) Constitution de la Cie du Chemin de fer et du Port de la Réunion (Société anonyme). Début des travaux du port de la Pointe des Galets et du chemin de fer. 1882 (11 février) Inauguration de la ligne de Saint-Denis à Saint-Benoît. 1882 (12 février) Inauguration de la ligne de Saint-Denis à Saint-Louis. 1882 (5 juillet) Mise en service de la section entre Saint-Louis et Saint-Pierre. 1888 (1er janvier) Le Chemin de fer et le Port deviennent la propriété de l’Etat. 1940-1942 (d’août 1940 à novembre 1942) Blocus de la Réunion. 1946 (19 mars) La Réunion devient département (Loi n° 46-451). 1946 (13 juin) Adoption par le Conseil Général du «principe de la suppression du chemin de fer». 1951 (1 janvier) Exploitation du C.F.R. en régie directe par le Département. er

En 1952, 6 motrices et 6 remorques Floirat viennent remplacer les vieux Brissonneau et Lotz. Ces autorails légers sont censés lutter avec les autocars plus pratiques pour les usagers ; les camions, de plus en plus nombreux et chargés de marchandises, représentent un important manque à gagner pour le Chemin de fer.

Car Courant d’air et Autorail au Barachois en 1955, cliché Jean Colbe, collection privée.

Extrait de la Chronologie «Le Petit Train Longtemps» Collection « Le Siècle des Petits Trains » (Editions Cénomane, Le Mans / La Vie du Rail, Paris, 1992)

Gare de la Pointe des Galets en 1899, CPA H. Mathieu, collection privée.

Chronologie du train sur l’île

Extrait de la Chronologie «Le Petit Train Longtemps» Collection « Le Siècle des Petits Trains » (Editions Cénomane, Le Mans / La Vie du Rail, Paris, 1992)

Chronologie du train sur l’île

Automotrice Floirat et sa remorque, en gare de Saint-Pierre en 1952 cliché anonyme, collection Jean-François Hibon de Frohen

Corpet-Louvet et cheminots Cliché anonyme, collection S. Bourhis

1954 (31 juillet) La Direction Générale des Chemins de Fer et des Transports décide «la fermeture progressive à l’exploitation du Chemin de Fer de la Réunion». 1956 (15 mars) Fermeture de la «Branche Sud», entre Saint-Pierre et le Port. 1962 (26 novembre) Fermeture de la section entre Saint-Benoît et Saint-André. 1963 (1er juin) Ouverture de la 1ère route «en corniche», entre Saint-Denis et la Possession. 1963 (31 décembre) Fermeture de la «Branche Nord». Fin d’exploitation du C.F.R. 1964 (1er janvier) Mise en place d’un « service de secours ferroviaire », entre SaintDenis et le Port. 1966 Suppression du «service de secours ferroviaire», entre la Possession et le Port. 1976 (5 mars) Ouverture de la 2ème route «en corniche», entre Saint-Denis et la Possession - Suppression du «service de secours ferroviaire».


Bibliographie : Projet de Chemin de Fer, Rapport de la Commission d’Enquête et Cahier des Charges accepté par les Concessionnaires, H. Bridet, Saint-Denis, 1875. Concession d’un Port et d’un Chemin de Fer à la Réunion, Rapport fait au nom de la Commission chargée d’examiner la demande de MM. Lavalley et Pallu de la Barrière, L. de Lormel, Paris, 1876. Album de l’île de la Réunion, Antoine Roussin, volume 3, 1883. Instructions générales concernant les divers services du Chemin de Fer et Port de la Réunion, Saint-Denis, 1909. Le Petit Train Longtemps, Éric Boulogne, Éditions Cénomane, Le Mans/La Vie du Rail, Paris, 1992. Répertoire des Cartes Postales Anciennes de l’Île de La Réunion, J.-F. Hibon de Frohen, E. Boulogne, Y. Patel, J. Ryckebusch, Éditions JFHF, 2009. Locomotive ! Le petit train de l’île de La Réunion, Éric Boulogne, Éditions Orphie, 2012. Le Sud en 1900, Éric Boulogne, J.-F. Hibon de Frohen, Daniel Vaxelaire, Éditions Orphie, 2015. Choses de Bourbon, Pooka, 1888, Académie de l’Ile de La Réunion, Éditions Orphie 2016. Remerciements : Martine Akhoun, Evelyne Baillif, Bernard Batou, Gérard Chotard, Jean-François Hibon de Frohen, Jean-Paul Marodon, Mario Serviable, Pascal Laude, Daniel Vaxelaire, les Archives départementales de La Réunion, l’Association « Ti Train » (Association pour la Sauvegarde et le Patrimoine, la Rénovation et l’Exploitation du Chemin de Fer Réunionnais). Réalisation : Saint-Pierre Patrimoine, pôle du service culturel de la Ville de Saint-Pierre Recherches et textes : Patrick Barthet et Eric Boulogne Production : Ville de Saint-Pierre et Casino de Saint-Pierre

Départ d’une étape du rallye de La Réunion en 1959 devant la Gare de Saint-Pierre, cliché Dentiste Patel Yossof, collection Famille Patel.

Conception graphique P.L. d’après LM Communiquer


Défilé du 14 Juillet vers la fin des années 1950 devant la Gare de Saint-Pierre, cliché Dentiste Patel Yossof, collection Famille Patel.


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