Il se souvient avoir lu la description de ce phénomène dans un article du National Geographic, dans la salle d’attente de l’hôpital de Montgomery. Par contre il ne se rappelle plus les théories scientifiques avancées. Avec ses frères, ils entouraient leur père, en attendant que les médecins achèvent l’opération qui permettrait à leur mère de se nourrir à nouveau. Incapable d’avaler sans assistance médicale, elle avait dû se faire poser une sonde reliée à une poche ventrale. Ce jour-là, sa tête et son cœur n’était qu’un maelström de peine et de peur. Alors il avait juste retenu de sa lecture que les causes les plus probables seraient dues à des conditions climatiques aberrantes. Rien de surnaturel, juste la météo. Pourtant, au-dessus de l’aire de repos, le ciel d’un bleu sans nuage semble promettre une journée radieuse. Marc s’engage sur la bretelle qui accède à l’A6. Aaron se retourne et sent la nausée revenir quand il aperçoit les deux sillages de chair écrasée laissés par les pneus. Volailles et poissons façon sushi. L’étrange averse s’est abattue uniquement au-dessus des w.-c., et des places de parking autour du bâtiment. Comme si l’énorme panneau de l’autoroute placé sur le faîte de la toiture avait joué le rôle de paratonnerre en attirant sur elle les animaux. Il se demande si l’article du National Geographic expliquait aussi comment des oiseaux pouvaient rester suspendus dans les airs. Marc déclenche son clignotant, un minibus Toyota, bleu ciel, se décale pour le laisser entrer. Sa carrosserie arbore un logo humoristique d’un club de basket féminin junior de la région parisienne : Le mimi♥bus des paniers percés.
Une fille dort, la joue posée contre la glace. Aaron la suit des yeux pendant les quelques secondes qu’il faut au véhicule pour les doubler. Blonde, extrêmement pâle. Un visage ovale
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