prendre dans quel sens prendre le concept de ce disque, où le mettre dans l’étagère. Ceux pour qui le saxo constituera un point de non-retour. Et puis ceux qui comme nous, ni idolâtres ni haineux, constateront que si notre Polly Jean, tour à tour sorcière aiguë et objet brûlant de désir, pythie virginale et adolescente écorchée, serpentine à mues multiples, parcourt désormais la planète pour mieux la secouer – comme autrefois la photographe Dorothy Lange témoignant de la Grande Dépression – avec sa banderole « engagée » cousue à même le torse, ça ne l’empêche pas de perpétuer sa mission frondeuse, celle de tailler quelques sacrés morceaux – ou morceaux sacrés au vu du penchant gospel de ce nouvel album – dans la peau coriace du rock, ‘The Community of Hope’ et son refrain-slogan ou le pilonnant ‘Ministry Of Defence’, avec son saxo en guise de sirène de détresse, en tête. Si nous n’épinglons pas aujourd’hui ce disque au tableau d’honneur, c’est que notre nombre actuel d’écoutes n’est pas suffisant pour savoir si ses échos hantés, si ses recoins relégués parfois en fond de mix tatoueront nos oreilles pour de bon. (alr)
The Heavy
glaise où The Heavy prend sa source ? Bath, Somerset, cité thermale aux multiples influences romaines, a accouché du plus ricain des groupes anglais. Un frémissement soul sur peau brûlante, épaisses volutes bleues garage, capiteuses rythmiques funky, The Heavy enivre les sens jusqu’au tournis, porteur d’essences d’un autre temps. Hot Tubes Time Machine. ‘Hurt & The Merciless’ plonge tête la première, sans pédiluve, dans les eaux troubles du grand bassin. Sous apnée, Kelvin Swaby vide ses poumons en furieuses grimaces héritées de Screaming Jay Hawkin, risquant la tasse à tout moment. Pas de répit, pas de prises d’air, ‘Since You Been Gone’ prend appui sur le carrelage et propulse The Heavy dans un crawl infernal, cadence olympique, qui ne s’apaisera que le temps de deux ballades. Dans les couloirs adjacents, Dirtbombs, Black Keys et Gnarl Barkley tombent le bonnet face à cet outsider anglais et sa foulée puissante. « C’est bath. » insiste-t-elle. A croire que l’expression fut créée pour Swaby et sa bande. (ab)
« C’est bath ! », dit-elle, complicité retroussée au coin des lèvres. Il sourit, il voit des signes partout. Sait-elle que l’expression viendrait de cette station balnéaire an-
Microcultures
Sub Pop/Konkurrent
Ce quatuor basé à San Francisco ne sort pas du brouillard pas plus qu’il ne vit dans l’oubli. Il compte en ses rangs des musi-
OUT NOW!
MONEY Suicide Songs
Chantre du geste créatif précis et précieux, du savoir-faire particulier s’exprimant en marge des standards industriels, Microcultures reste l’une des rares struc-
OUT NOW!
WILD NOTHING Life Of Pause OUT NOW!
DOOMSQUAD Total Time
‘Daughter Of The Sea’ ‘Rewind To The End’
‘Heron Oblivion’
Counter Records
House Of Wolves Aberdeeners
Heron Oblivion
‘Hurt & The Merciless’
ciens de Comets on Fire, Espers, Sic Alps et Assemble Head of Sunburt Sound. Leur premier single ‘Oriar’ avait laissé bonne impression auprès de la presse américaine qui a vu dans ce nouveau combo la perpétuation d’un rock cosmique incarné dans la décennie 2000 par des groupes comme Dead Meadow ou Comets on Fire. Ce premier album confirme un potentiel naissant mais certain. Margaret Baird, sa chanteuse et batteuse, a eu l’occasion de faire ses preuves tant avec Espers que sous son nom propre ou encore avec Kurt Vile ou Sharron Kraus. Son chant ténébreux dit l’Amérique des franges et des fanges. Des textes habilement articulés, des inflexions vocales infectieuses. A la basse, Ethan Miller courbe les droites tandis que la paire de guitaristes s’en donne à foison. Si la plage introductive ‘Beneath Fields’ nous rappelle vaguement Low dans l’expression de sa fragilité, celles qui suivent se tendent, se raidissent au fur et à mesure que le disque se déploie pour atteindre une sorte de plateau paroxystique sur l’intrépide ‘Faro’. (et)
OUT NOW!
M. WARD More Rain 20.05 2016
MARISSA NADLER Strangers
tures de production à encore envisager la démarche musicale comme un artisanat. Rien d’étonnant donc à ce que ces deux projets aient pu voir le jour grâce à la plateforme de crowdfunding du label. Car les chansons aussi tristes que gracieuses de House Of Wolves (aka Rey Villalobos, les hispanophones auront noté l’astuce) ne sont pas vouées à remplir les stades ni à se faire télécharger en masse. Avec son timbre androgyne et la mélancolie en guise de ligne directrice esthétique, le songwriter américain est probablement destiné à faire partie de ces artistes à l’aura confidentielle qui offrent ponctuellement un noble motif de réelles réjouissances (‘Martians’, ‘Beautiful Things’). Entre arpèges acoustiques, piano vintage, rythmes décontractés et mellotrons poussiéreux, voilà un disque qui vaut autant pour ses qualités musicales que pour sa fragilité et son humilité extrêmes, quand l’époque favorise l’arrogance ou la gonflette des egos. Sans leur dénier toutes ces qualités, on sera un chouïa moins bienveillant avec le premier essai des Aberdeeners. En dépit de leur charme et de leurs qualités formelles indéniables, les compositions de ce collectif auvergnat auraient peut-être mérité de gagner en maturité et profondeur. Car si on navigue plutôt en eaux claires dans des atmosphères bucoliques dégageant de fortes effluves d’un folk-rock très orchestré, si la formation trousse des morceaux à la fois simples, mélodiques et directs, il se dégage un je-ne-sais-quoi d’inachevé et de creux
OUT NOW!
EXPLOSIONS IN THE SKY The Wilderness 03.06 2016
FIONA BRICE Postcards From
10.06 2016
JAMBINAI A Hermitage
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