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Fin d’été à l’isle-aux-coudres
Fin d’été à l’isle-auxcoudres
Ève debiGaré
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j’échappe mes lunettes dans l’eau le courant aspire mes lunettes les verres se dissolvent dans le courant mon carnet glisse d’entre mes doigts l’eau mange les pages se mêlent à la transparence des flots
le fleuve est affamé et la plage de plus en plus fleuve l’écume lèche les chevilles les algues s’accrochent aux jambes la marée lave la grève à son passage
l’eau dans les pieds retient au sol et le vent se casse en éclats dans le dos les cheveux dans la brise chatouillent les joues mes mains suintent les mots jamais dits
mais les vagues se fatiguent les coquillages s’éparpillent doucement la houle apaise les blessures encore vives les oies dessinent les échos de la terre qui se déshabille
la plage est vengeance et le fleuve de plus en plus plage le sable reste entre les orteils les eaux rassasiées régurgitent les roches souillent l’unité du fleuve
la marée se retire à son gré et laisse ses entrailles à découvert en partant