Etude inégalités hommes femmes avril 2015

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carrière longue et continue. Le type de mobilité le plus favorable est celui de la fidélité à sa branche d’entrée accompagnée d’échappées vers d’autres secteurs.

Plus le portefeuille d’employeurs est étroit et moins les chances de stabilisation sur le marché sont grandes. Donc la taille globale de cet indicateur joue très favorablement sur les chances de survie. Plus précisément, la continuité de la carrière et la longévité professionnelle sont associées à une multiplication des relations d’emploi avec des employeurs différents. Cette association est somme toute assez mécanique, puisque les individus qui ont travaillé douze ans de façon régulières ont sans aucun doute augmenté le nombre d’employeurs avec lesquels ils ont noué une relation d’emploi.

Pour lever cette difficulté d’interprétation, il paraît pertinent de regarder l’effet du nombre moyen d’employeurs différents par année de présence. Le résultat saillant de cette opération est que, pour les hommes comme pour les femmes, mieux vaut avoir travaillé annuellement avec un petit nombre d’employeurs différents. Ce résultat rappelle que la structure de l’offre d’emploi est très variable, avec d’une part une multitude de contrats de très courte durée (un jour) et, d’autre part, des contrats qui courent sur plusieurs mois. La diminution de la durée des contrats, observée depuis maintenant plus de vingt ans, joue un rôle majeur dans le processus de précarisation des individus sur le marché. Accumuler un grand nombre d’employeurs différents en moyenne chaque année signifie accumuler des contrats de courte durée avec différentes employeurs, calendrier d’activité qui renvoie à l’image d’une course permanente aux petits contrats pour survivre.

Le résultat sans doute le plus fort de cette régression sur les effets propres des indicateurs de la relation d’emploi sur les chances de continuité et de longévité, est celui qui concerne le rôle qu’y jouent les relations de fidélisation que se construit le salarié. Femmes et hommes se différencient assez nettement sur ces variables. Pour les uns et les autres, mieux vaut être moins dépendants de l’employeur principal lorsqu’est pris en compte le volume d’emploi total qu’il a offert au salarié. Mais si la régularité de la présence de cet employeur principal n’a pas d’effet sur les chances des femmes d’avoir une carrière longue et continue, il en va autrement pour leurs collègues masculins. Ce résultat nous dit que, pour les hommes, la construction de liens professionnels privilégiés et durables avec cet employeur principal récurrent relève 96


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