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Fitness : un coach nommé ADN
DÉCODER L’ADN du sport
Votre miroir vous suggèret-il de faire de l’exercice ? Parlez-en à votre ADN.
Alimentés par les données de navigation internet, les algorithmes permettent comme jamais auparavant une approche personnalisée de chaque individu.
Ainsi, Netflix peut prédire nos choix de séries, Amazon nos achats. «Nous adorons choisir, avance Stuart Grice, biologiste et ancien chercheur en génomique à l’université d’Oxford. Une façon pour nous d’affirmer notre pseudo-indépendance.
Comment comprendre alors, que notre approche de la santé ait jusqu’à récemment été uniforme? On nous enjoint de ne pas fumer, de perdre du poids tout en négligeant la spécificité de chacun.»
En 2013, Grice et deux collègues décident de créer des programmes de remise en forme basés sur l’analyse génétique. «Un outil qui vous suggère des exercices physiques, non pas en fonction de votre comportement passé, mais de vos prédispositions génétiques», résumet-il.
Sept ans plus tard, la science tâtonne encore, tandis que l’industrie de la génomique personnelle, elle, prospère. Athlètes professionnels internationaux ou simples particuliers, les clients abondent chez FitnessGenes, la société de Grice. La démarche est simple : pour 150 €, vous recevez un kit de prélèvement salivaire que vous retournez à FitnessGenes. Celle-ci extrait votre ADN et l’analyse. Quelques jours après, résul-
Génie génétique: le programme d’entraînement qui fait saliver.
tats d’analyse, conseils d’entraînement personnalisés et régime alimentaire génétiquement adapté vous sont accessibles via une application de la société.
«Le but n’est pas de dire aux coaches d’une équipe cycliste comment rendre leurs coureurs plus rapides, explique Grice, mais de leur fournir des données individuelles sur chaque athlète, sur les variations internes liées au régime alimentaire, par exemple.»
Il cite le cas d’une cycliste dont l’analyse d’ADN a révélé une tendance à la prise de poids après la saison. «Elle présentait de multiples variations génétiques liées à la suralimentation. Faire de l’exercice c’est bien, mais si vous arrêtez, vous mangez plus. Nous lui avons conçu un programme d’intersaison. Résultat: l’athlète a cessé de grossir, et justice lui a été rendue en prouvant que la prise de poids n’était pas due à sa paresse.» Selon Stuart Grice, une blessure est au corps ce que la faillite d’une entreprise est à l’économie, nous en connaissons les tenants et les aboutissants, mais ignorons les impacts sur le fonctionnement futur du système dans son ensemble. «Là est l’avenir de notre industrie: fournir des prévisions clés pour anticiper les changements dans le système. Mais la route est encore longue», conclut-il. ftnessgenes.com Une perf sous influence
Trois manières dont les gènes influencent nos performances. Le gène du sprinteur
« La protéine ACTN3 agit sur la récupération après certains exercices », explique Grice (ci-dessus). Produite dans les fibres musculaires à contraction rapide, qui libèrent des poussées rapides de puissance, elle est régulée par le gène ACTN3, surnommé le gène de la vitesse. « Certains l’ont, d’autres pas. La plupart des sprinteurs d’élite en sont pourvus. Sa présence profite aux sports de force. »
L’horloge interne
Le rythme circadien qui régit notre cycle de sommeil est lui-même régulé par certaines protéines. « Les mutations de ces protéines peuvent affecter le moment idéal pour manger et pour s’entraîner, explique Grice. Les meilleures performances ont lieu entre midi et 20 heures, c’est pourquoi de nombreuses compétitions d’élite se déroulent en début de soirée. Mais cela ne convient pas à certains athlètes. »

Cure de légumes
La variabilité génétique peut nuire à l’oxygénation des muscles par les vaisseaux sanguins. Il est possible d’y remédier par des moyens naturels, assure Grice : « Augmenter la consommation d’aliments à forte teneur d’azote comme la betterave peut chez certains avoir un effet positif. »