L’Institut International de Photographie et la naissance des collections iconographiques du Mundaneum. Raphaèle CORNILLE Bref historique Lorsqu’en 1903, Ernest de Potter propose de créer une section spécialisée sur la photographie au sein de l’Institut international de Bibliographie, Paul Otlet et Henri La Fontaine accueille l’idée avec enthousiasme. Les progrès réalisés en techniques photographiques sont tels que le document photographique a désormais sa place aux côtés des textes et documents imprimés en tant que source documentaire. L’Institut International de Photographie voir le jour en novembre 1905 avec la signature d’une convention entre Ernest de Potter, nommé directeur de cette nouvelle section et l’Institut international de Bibliographie. Ernest de Potter fait don de ses documents (photographies, plaques de verre, périodiques et ouvrages spécialisés,…) et s’engage à récolter tout document relatif à l’image pour constituer le Répertoire iconographique Universel. La revue mensuelle « La Revue internationale de photographie », anciennement éditée par Ernest de Potter sous le nom de Revue belge de photographie, rendra compte des développements de l’Institution et consacrera une part importante aux questions documentaires. L’Institut International de Photographie a pour objet l’étude et la diffusion de tout ce qui concerne la documentation par la photographie et la documentation en matière de photographie ; l’établissement d’un office centralisant en des collections systématiques complètes, tenues à jour et mises largement à la disposition des travailleurs, tous les documents et informations relatives à la documentation sur et par la photographie ; et l’organisation de la coopération internationale dans ce domaine. 1
Les collections et répertoires formés sont en connexion avec les autres sections de l’Institut international de Bibliographie et les mêmes méthodes sont appliquées : utilisation de la fiche standard et classement selon la Classification décimale universelle. Le Répertoire Iconographique Universel ne se limite pas aux photographies mais embrasse toutes les formes d’illustration : figures, estampes de toutes natures, illustrations découpées dans des périodiques, cartes postales illustrées, …. Cette encyclopédie par l’image doit donner une représentation du monde et de l’activité humaine. Il s’agit d’un outil essentiel pour les chercheurs et les étudiants mais doit également être utilisée dans l’enseignement, en améliorant la qualité des illustrations des manuels ou en servant de support documentaire aux enseignants par le prêts de diapositives de projection. En 1912, l’Institut International de Photographie accroit ses collections avec l’acquisition d’objets et d’accessoires pour constituer un Musée de l’Industrie Photographique. Ce Musée facilitera non seulement les transactions commerciales mais la mise à disposition de ce matériel auprès des travailleurs permettra des études comparées et des démonstrations des sciences photographiques. En 1921, des différents entre Ernest de Potter et l’Institut international de Bibliographie amènent à la signature d’une nouvelle convention. L’Institut International de Photographie cesse d’exister en tant que tel pour devenir la section Iconophotographique du Musée international sous la direction de l’Union des Associations internationales.
1
La documentation et l’iconographie, Bulletin de l’Institut international de Bibliographie n°78, 1906
Les collections iconographiques du Mundaneum Aujourd’hui encore, il nous est difficile de déterminer la provenance des documents iconographiques conservés dans les collections du Mundaneum. Aucun inventaire, aucun registre d’entrées n’a été retrouvé dans les archives de l’Institut International de Photographie . C’est au gré du dépouillement de la correspondance de l’Institut international de Bibliographie ou de la découverte d’informations dans les tiroirs du Répertoire Bibliographique Universel (Tiroir intitulé « DONS ») que nous pouvons attester de l’origine de certaines affiches ou plaques de verre. Les documents-mêmes d’Ernest de Potter ne sont pas identifiés hormis deux boites de négatifs photographiques illustrant la ville de Bordeaux. 2
La collection de plaques de verre, généralement peu connue du grand public, se révèle d’un intérêt certain pour retracer l’histoire de la photographie ou encore comme témoin historique et institutionnelle d’une époque. Supports fragiles, il est de notre devoir de veiller à la conservation de cette collection dans les meilleures conditions possibles. N’est-il pas extraordinaire à l’heure où les technologies évoluent si rapidement que des fichiers électroniques d’il y a 10 ans ne peuvent plus être consultés parce que les appareils de lecture n’existent plus, de pouvoir lire et admirer des vues sur un support datant de plus de 100 ans ? Au nombre total de 30 000 pièces et datant de la fin du XIXème aux années 1950, cette collection renferme d’’une part, des négatifs sur verre, essentiellement des prises de vues à caractère géographique, illustrant tous les continents. D’autre part, des diapositives de projection dont les sujets présentés sont aussi divers que variés : des cours d’Histoire de l’Art aux Expéditions Polaires, des fouilles en Egypte à la technologie de la fabrication des allumettes en passant par le scoutisme. La collection de plaques de verre fera l’objet d’une attention particulière dès 2011 avec la mise en place d’un plan de conservation-restauration-numérisation de ces documents. La collection de photographies, composée de quelques centaines de clichés, témoigne principalement de l’activité de l’institut International de Bibliographie et de ses sections : photos des conférences, des salles du Musée International,…. Une grande part de ses photographies relève également de la vie privée de Paul Otlet et d’Henri La Fontaine. Parmi les autres collections iconographiques conservées au Mundaneum, citons encore les collections d’affiches, de cartes postales et les dossiers documentaires du Répertoire iconographique Universel. La collection d’affiches. La constitution de cette collection est il est vrai assez originale. En effet, Paul Otlet n’est pas un collectionneur comme les autres, là où certains voient dans une affiche de Toulouse-Lautrec, l’œuvre d’un grand artiste, Paul Otlet, lui, y voit une documentation sur la vie de Montmartre. Nombre des ces affiches ont été récoltées dans le but d’illustrer les salles du Musée International au Cinquantenaire. Il nous est possible par la lecture de clichés photographiques de ces salles, de retrouver la trace des documents et comprendre alors leur utilité. Parmi les thématiques illustrées, notons l’importante collection d’affiches politiques belges et étrangères, les affiches de cinéma, les affiches touristiques ou encore les affiches des Expositions Universelles. La collection fait l’objet d’un inventaire photographique depuis 2008 pour en faciliter la consultation et éviter les manipulations excessives des documents fragilisés. Quelques pièces ont été restaurées au cours de ces dernières années et un projet global de conservation – restauration – numérisation a été mis en place dès cette année. Bien que l’Institut International de Photographie ait existé plusieurs décennies, ce sont seulement 6 boîtes d’archives qui ont pu être reconstituées pour retracer l’activité de cette institution
2
La collection de cartes postales, riche de 200 000 pièces dont les plus anciennes sont les cartes postales de l’Exposition Universelle de Bruxelles 1897. Cette collection a été divisée selon 2 types: les cartes postales toponymiques, qui recouvrent l’ensemble des continents et les cartes postales thématiques : cartes de vœux, costumes, portraits, cartes publicitaires. Actuellement, seule la description iconographique du document fait l’objet d’un inventaire, mais notre curiosité nous amène, de temps à autre, à lire la correspondance de ses missives et nous permet alors de découvrir les messages envoyés par les soldats blessés ou prisonniers pour rassurer leurs familles. La nature de ces documents prend alors une autre dimension. Les images découpées dans les livres et autres publications ont été regroupées dans des dossiers classés selon la Classification Décimale Universelle pour former le Répertoire Iconographique Universel. Actuellement, ce Répertoire représente une centaine de boîtes d’archives. On peut y distinguer des dossiers thématiques et des dossiers biographiques. L’inventaire de ce fonds est en cours de réalisation.
Le Répertoire Iconographique Universel – Collections Mundaneum Bulletin de l'Association belge d'Histoire contemporaine, XXXII – 2010-3