Histoire de la 2e Guerre Mondiale 5 (1944-1945)

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n’y soit pas physiquement au banc des accusés ? Une condamnation par contumace n’aurait pas eu la même portée. » De Gaulle sent bien que les temps changent. Il a suffi de quelques semaines pour que la guerre européenne soit refoulée loin dans les mémoires alors que les déportés survivants des camps continuent d’arriver. De Gaulle accueillant les femmes du camp de Ravensbrück ne peut retenir ses larmes devant ces visages émaciés, ces corps décharnés. Et il sait par les confidences de sa nièce, Geneviève de Gaulle, déportée, ce qu’a été la vie de ces femmes héroïques. Comment oublier ce qu’a été cette guerre contre un système qui incarnait le mal ? De Gaulle continue donc ses visites dans les différentes régions de France. L’accueil est partout chaleureux. « Ah, si l’on pouvait croire aux lendemains féconds de ces enthousiasmes ! » s’exclame-t-il. Mais à Paris, le climat est lourd dans cet été 1945. La ville est comme assoupie. De Gaulle lit les rapports des commissaires de la République. Ce n’est pas l’enthousiasme qu’ils évoquent, mais, surtout dans les départements ouvriers, la lassitude des plus pauvres qui se transforme déjà, ici et là, en colère. Et naturellement, les partis politiques, les communistes d’abord attisent ces premiers foyers de protestation. Les communistes sont à la tête des anciens prisonniers de guerre qui, depuis trois semaines, manifestent. Et des responsables de la Fédération nationale des prisonniers, par opportunisme, approuvent les défilés, haranguent les anciens prisonniers, oublient qu’ils devraient défendre la politique gouvernementale. De Gaulle convoque l’un de ces hommes. Il reconnaît ce François Mitterrand qu’il a reçu à Alger, bien qu’il fût un ancien pétainiste devenu naturellement 372


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