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1 Etat de la situation mondiale et perspectives européenne et subsaharienne

En substance, le rapport des Nations Unies indique que nous serons 8 milliards d’humains sur Terre fin novembre 2022 et que la planète devrait compter 9,7 milliards d’habitants en 2050 et culminer à 10,4 milliards dans les années 2080. Un petit nombre de pays en Afrique et en Asie seront à l’origine de la majeure partie de cette augmentation.

Alors que certains pays continuent de croître rapidement, d’autres voient leur population décliner. Dans le même temps, la population mondiale vieillit, l’espérance de vie mondiale continuant à augmenter et la fécondité à diminuer

Pour rappel, la croissance d’une population est assurée par 2 facteurs. D’une part, le solde naturel qui calcule la différence entre les naissances et les décès. Ce solde naturel est notamment fortement influencé par le nombre moyen d’enfants par femme (taux de fécondité). D’autre part, le solde migratoire qui fait le bilan entre les immigrations et les émigrations.

Pour obtenir une croissance de la population, il y a deux explications : soit ces 2 soldes sont positifs (ce qui est donc le cas quand les naissances sont plus importantes que les décès et les immigrations plus importantes que les émigrations), soit un de ces 2 soldes est suffisamment positif pour compenser la diminution de l’autre. Inversement, la croissance de la population peut être ralentie, voire annulée, si ces soldes ne se compensent pas voire s’annulent. Enfin, elle décroit si ces soldes sont négatifs ou si un de ces soldes est négatif au point de ne pas être compensé par l’autre.

Chaque pays a ses propres dynamiques quant à ces soldes et surtout ses propres enjeux. Néanmoins, et comme nous le développons ci-après, de grandes disparités subsistent essentiellement entre deux ‘blocs’ de pays que sont les pays dits 'développés’ et ceux dits ‘émergents’.

1.1 Nombre d’enfants par femme et solde naturel

Un indicateur démographique clé dans le calcul du solde naturel est le nombre d’enfants par femme. On parle ici de l'indice conjoncturel de fécondité (ICF) qui est le rapport entre le nombre d'enfants nés vivants dans une génération au cours d'une année et le nombre moyen, durant cette même année, de femmes de ce groupe en âge de procréer. Cet indice est utilisé dans la plupart des études internationales et permet donc une comparaison plus aisée entre pays. Même si cet indice n’est pas le reflet exact du comportement d’une génération réelle, il s’agit d’une projection sur base de taux observés de procréation par catégorie d’âge.

En 2021, le rapport des Nations Unies faisait état d’un nombre moyen d’enfants par femme dans le monde de 2,3. Ce dernier devrait tomber à 2,1 en 2050 selon leurs projections. Pour l’UE, la progression naturelle de la population est négative depuis 2012, car le nombre de naissances est en baisse. Le taux est passé de 10,2 naissances pour 1 000 habitants en 2001 à 9,1 en 20203

En Belgique, le nombre moyen d’enfants par femme en 2021 est estimé à 1,59, soit une légère augmentation par rapport à 2020 (1,54)4. En France, le nombre moyen d’enfants par femme en 2021 est de 1,835 enfant par femme.

Comme le montre le tableau ci-dessous, ces niveaux sont très disparates. On observe par exemple en Afrique sub-saharienne un nombre moyen d’enfants par femme de 4,6 enfants C’est également dans cette région que l’on dénombre le plus haut pourcentage d’adolescentes-mamans 3

Pour prendre un indicateur plus facile à appréhender, nous pouvons prendre le taux de natalité pour 1000 habitants. En Belgique, il y a 10,2 naissances / 1000 habitants en 20216 soit 117 914 naissances vivantes sur l’année 2021. Pour la France, elle, ce taux s’établit en 2021 à 10,9 enfants/1000 habitants7 soit approximativement 738 000 naissances vivantes sur cette même année. En Afrique subsaharienne, la moyenne est de 30,81 naissances/1000 habitants en 20218

Ces chiffres doivent être mis en perspectives avec le taux de mortalité infantile. Alors que la Belgique et la France connaissent entre 3,3 et 3.6 décès/1000 naissances vivantes en 2020, l’Afrique du Sud en connait, elle, un taux de 25,89

Le solde naturel d’une population se calcule également en rapport au nombre de décès dans une population. Le taux brut de mortalité est le rapport du nombre de décès de l'année à la population totale moyenne de l'année. La Belgique a connu 112 291 décès en 2021 sur une population de 11 521 238 habitants (9,75 décès pour 1000 habitants) et en hausse de 2,4% par rapport à la période 20172019. La France a connu 657 000 décès en 2021 sur une population de 67 626 000 d’habitants (9,72 décès pour 1000 habitants). Sur le continent africain, le taux de mortalité pour 1000 habitants varie de 5,3 pour le Kenya à 11 pour le Nigeria10

1.2 Solde migratoire et croissance de la population

En Belgique et en France, le solde migratoire reste le moteur principal de la croissance de la population.

La Belgique connaît en 2021 une croissance de sa population de 62 770 habitants soit une augmentation de 0,5% largement soutenue par son solde migratoire. A long terme, la population belge continue certes de croître (12,8 millions d’habitants en 2070 par rapport à 11,5 millions en 2020), mais à un rythme moins soutenu que la moyenne observée sur les 30 dernières années. L’augmentation annuelle moyenne sur la période 2020-2070 est de 25.000 habitants supplémentaires (soit la moitié de la croissance annuelle moyenne sur la période 1992-2020)11 La France suit un schéma similaire et a

6 Statbel, Population – Naissances et Fécondité, 13 octobre 2022.

7 INSEE, Bilan démographique 2021, N°1889, 18 janvier 2021.

8 World Population Prospects. Nations Unies, 2022.

9 OCDE, Panorama de la Santé, Taux de mortalité infantile, 2021.

10 INSEE, Espérance de vie et indicateurs de mortalité dans le monde, Données annuelles 2020-2025, 17 janvier 2020.

11 Bureau fédéral du Plan Mars 2021 Perspectives démographiques 2020-2070 Scénario de référence et variantes connu, elle, une augmentation de sa population de 0,3%. Croissance tirée également par le moteur qu’est le solde migratoire12

En revanche, l’Afrique subsaharienne a vu sa population croître de 2,6%. Et concernant ses mouvements migratoires, suivant les données de la Banque mondiale, pour l’année 2017, la migration nette totale de cette région était de -1 814 121 de personnes (avec des valeurs extrêmes comme en Afrique du sud avec + 727 026 habitants et – 870 998 habitants au Soudan du sud). Ces chiffres traduisent des mouvements importants de populations sur ce continent.

L’UE a connu, elle, en 2020 une immigration nette de 0,96 millions d’habitants. Sa population a diminué d’environ 100 000 personnes passant de 447,3 millions au 1er janvier 2020 à 447,2 millions au 1er janvier 2021 ou encore à 446,8 millions au 1er janvier 2022. Cette décroissance trouve son explication de la combinaison des trois facteurs : diminution du nombre de naissances (-97 172 de 2019 à 2020), augmentation du nombre de décès (+ 531 045 de 2019 à 2020) et baisse du solde migratoire (+ 2,25 millions d’habitants en 2020 au lieu de 3 millions en 2019)13

Dans les données de la Commission européenne14 relatives aux migrations vers l’UE en 2020, on constate que la part de la population européenne née en Afrique subsaharienne n’est pas significative et n’est même pas représentée dans leurs études. Par ailleurs, dans les 10 principales nationalités des personnes ayant reçu un premier titre de séjour délivré dans un État membre de l'UE la même année, aucune des nationalités d’Afrique subsaharienne n’y figure.

En parallèle, dans les nationalités des primo-demandeurs d’asile15, en 2021, là 25% de ces 535 000 demandes provenaient d’un pays d’Afrique soit 75 340 demandes pour 29% pour les pays d’Asie. En 2021, seules 39 % de toutes ces demandes aboutiront à une décision positive.

De manière générale, l’UE accueille peu des réfugiés comparativement à sa population totale à savoir 0,6% en 2020, là où des pays comme le Liban et la Turquie en accueillent respectivement 12,5% et 4,4% de leur population.

12 INSEE, Bilan démographique 2021, N°1889, 18 janvier 2021.

13 Données Commission européenne 2020 : https://ec.europa.eu/info/strategy/priorities-2019-2024/promoting-our-europeanway-life/statistics-migration-europe_fr

14 Commission européenne - www. ec.europa.eu - https://ec.europa.eu/info/strategy/priorities-2019-2024/promoting-oureuropean-way-life/statistics-migration-europe_fr

15 Personne qui demande la protection internationale d’un autre pays. Elle demande ainsi l’asile à ce pays.

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