Numéro 95 - Février 2017

Page 1

Les nouvelles de l’IEP

Février 2017 - Numéro 95

http://www.sciencespropos.com


Février 2017

Société

04

Présidentielles

02 03

Les faits Les candidats

06 08

Tribunes libres

Introduction

Sommaire Éditorial

Actualités

Sommaire

Réactions Expression Opinions

09 10 12

Les dossiers du mois

La semaine euro, 23ème édition !

La culture, lien entre les Hommes

Zoom sur...

Bernard Friot

33

Tennis

36

2

Culture

El Futuro

30 31 32

Sport

Étudiante Stagiaire Travailleuse

Photographie Littérature Cinéma

38 41 42

Divertissement

Page 24 - Retours sur la semaine euro Page 29 - Penser l’Union europénne

Page 16 - Penser la culture Page 18 - Où s’arrête l’art ?

WACQTD Abécédaire

44 46


Propos n°95

Éditorial

L’Europe c’est l’Art Par l’Acc’Rauch

« Mais si les gars, on peut carrément faire un double dossier, Art et Europe c’est loin d’être incompatible ». Propos exceptionnel pour une actualité iepienne exceptionnelle : Art et Europe se mêlent pour vous proposer un double dossier de qualité supérieure. Durant la Semaine Européenne, si l’idée d’un Erasmus obligatoire a été défendue, la vision d’une Europe unie par la langue portée, ou encore la nécessité des énergies renouvelables soutenue, aucune commission n’a eu le rôle de réinventer et présenter une politique culturelle et artistique ambitieuse. Pourtant l’Europe c’est aussi la culture. L’Europe c’est l’Art.

tenant la culture européenne à travers le cinéma, la télévision, la musique, la littérature, etc. Toutes ces politiques européennes de promotion de l’Art et de la Culture ont ainsi pour vocation de porter une culture européenne, tout en préservant les cultures nationales, en respectant ainsi la devise de l’Union Européenne, In varietate concordia (en Latin ça claque toujours plus).

L’Europe c’est l’Art et la Culture sur le temps long de l’Histoire. L’Histoire de l’Art européen commence avec la préhistoire. Ainsi, les premières peintures rupestres de Lascaux ou d’Al Tamira en Espagne représentent déjà ces correspondances entre ce qui peut s’apparenter aux prémices de l’art européen. L’Art s’est ensuite développé durant l’âge de Bronze pour exploser dans la Grèce antique puis en Rome antique. Tous les styles ont été éprouvés et continuent d’évoluer : Classicisme, Byzantin, Roman, Gothique, Renaissance, Baroque, Néoclassicisme, Moderne, etc. Cette Histoire européenne de l’Art est faite de circulations entre les cultures et les peuples. Si De Vinci est Italien, la Joconde est pourtant française. Un tel don du peintre au Roi François Ier illustrait déjà d’un idéal européen où peuples, idées et visions de la culture et de l’art se diffusaient, à l’image de ses artistes et intellectuels.

L’Europe c’est l’Art et la Culture même au-delà de ces contingences purement artistiques. L’Europe c’est aussi l’Art pour défendre sa vision, son idéal d’unité dans la diversité face aux dangers qui menacent le monde. Ainsi, après les attentats qui ont secoué la France et la Belgique, les deux pays (notamment à travers le Centre Pompidou et Bruxelles-Capitale) vont s’allier à l’horizon 2020 pour promouvoir l’Art, la culture, et ainsi lutter contre l’obscurantisme en ouvrant un pôle culturel à Molenbeek, capitale bruxelloise du terrorisme européen.

L’Europe c’est l’Art et la Culture et l’Union Européenne tente d’assurer leur promotion concrète à travers le vieux continent. Dès le traité de Maastricht, la Culture devient une compétence européenne. Le programme Culture 2000 a pour objectif de favoriser la coopération entre les créateurs, les acteurs culturels et les institutions culturelles des États membres ; chaque année, deux villes sont choisies pour devenir Capitale Européenne de la culture ; le programme Europe Créative 2014-2020 qui englobe 38 pays et financera quelques 250 000 artistes vise à renforcer les secteurs européens de l’Art et de la création en sou-

Alors oui, Union Européenne et Art sont décidemment indissociables, et c’est face à un tel constat que nous profitons de l’actualité européenne des deuxièmes années et de l’actualité artistique de l’IEP pour mêler dans ce numéro 95 de Propos deux thèmes qui sont particulièrement chers aux cœurs des étudiants de Sciences Po Strasbourg.

3

Bonne lecture.


Février 2017

Actualités - Société

Les actualités Société

- Justice pour Théo ou le début d’une réflexion sur la police

Justice pour Théo ou le début d’une réflexion sur la police Par Gigi Abrams

Le jeudi 2 février en fin de journée, dans le quartier de la Rose-des-Vents d’Aulnay-sousBois, un contrôle d’identité dégénère. Théo, un jeune homme de 22 ans, après un enchaînement d’événements qui restent pour l’instant flous, est plaqué au sol par trois policiers. Entre deux insultes racistes, l’un d’eux introduit un bâton télescopique dans son rectum, ce qui lui perfore le canal anal sur 10 cm, le mettant en ITT pour 60 jours après avoir frôlé la mort par septicémie. Les policiers, soutenus par l’IGPN, disent que cette agression était un accident, tandis que les manifestants et soutiens de Théo demandent que justice soit rendue. Les quatre policiers ont d’ailleurs été immédiatement suspendus par le ministre de l’Intérieur. Cette affaire intervient dans un contexte tendu de lutte contre le terrorisme, mais aussi de critiques de la police après son rôle dans les manifestations contre la loi Travail et dans l’affaire Adama Traoré, jeune homme mort dans des circonstances troubles après avoir été embarqué par la gendarmerie l’été dernier. Cette affaire de viol par

des policiers est tout bonnement honteuse et inadmissible. Quatre policiers, pris dans l’ivresse du pouvoir que leur confère leur uniforme, se sont livrés à un acte tout simplement horrible envers le pauvre Théo. Quand bien même celui-ci aurait agressé les policiers comme ces derniers l’affirment, les codes de procédure ne disent pas qu’il faut introduire un bâton télescopique dans le rectum d’un suspect pour le maîtriser. Cet acte est gratuit et barbare, les policiers sont ici indéfendables. On peut comprendre que les jeunes du quartier demandent des comptes à la justice, justice qui semble d’ailleurs plus apte à juger en comparution immédiate des manifestants violents que les policiers incriminés, mais passons. Les policiers sont là pour protéger les citoyens, pas pour se livrer à des actes de violence gratuite contre eux et s’en sortir avec des peines de sursis comme il est généralement admis dans ce genre d’affaires. La police doit être irréprochable à chaque instant, et dans le cas contraire, être traduite devant la justice pour répondre de ses actes. C’est comme cela qu’un

4

État de droit doit fonctionner. Je ne tomberais pas dans les affirmations du style ACAB et « police nationale, milice du capital ». La police est plurielle et complexe, et il sera erroné de la réduire à un ensemble d’individus violents et racistes comme le fait l’extrême gauche. Les violences contre les policiers sont aussi inacceptables, et ne font que nourrir la violence de certains d’entre eux, qui considèrent alors que l’usage abusif de la force est le seul moyen pour se faire respecter. Particulièrement quand vous êtes une jeune recrue parachutée dans la banlieue parisienne et que vous voulez vous imposer. La plupart des policiers sont irréprochables, et leurs conditions de travail ne sont pas des plus simples tous les jours, mais cela n’excuse pas tout. À ceux qui défendent corps et âme les policiers dans cette affaire en plaidant les difficultés d’exercer ce métier dans les quartiers sensibles, on vous rappelle juste que ce n’est pas avec ce genre de pratiques que leurs conditions de travail vont s’améliorer. Ce n’est pas parce qu’un jeune s’enfuit car il a quelque


Propos n°95

Actualités -Éditorial Société

chose à se reprocher, qu’il mérite d’être battu à mort par les policiers sous les applaudissements de la droite. Les policiers sont des policiers et pas des cow-boys dans un Far West de béton. Il y a une vraie méfiance par rapport à la po-

ment se comporte la police de façon générale ? Personne ne le sait vraiment, nos expériences personnelles ne sont pas universelles, et nous devrions savoir comment se comporte la police à tout instant. Les policiers sont le visage le

et du terrorisme. Un débat sur la violence dont peut faire preuve la police, et des conséquences que cela peut avoir dans des quartiers sous tension et délaissés par la République. Justice doit être rendue, et les policiers doivent être

lice dans certains quartiers, et pas seulement parce qu’elle cherche à faire respecter la loi, mais aussi parce qu’elle abuse de son pouvoir à certains moments par des insultes, voire des coups. On ne sait pas grand-chose des actions de la police dans les « cités », ni même des pratiques de la police en général, on ne sait pas si cette violence gratuite est monnaie courante ou bien exceptionnelle. On sait que les CRS ont la matraque lourde et facile, cela s’est vu lors des manifestations du printemps dernier, mais qu’en est-il de la BAC ? De la police municipale ? Com-

plus visible de la République, s’ils veulent être considérés comme légitimes, ils se doivent d’être irréprochables et exemplaires, et non pas prétendre qu’une matraque a accidentellement déchiré l’anus d’un jeune homme de 22 ans. En réalité, nous ne savons pas grandchose des pratiques des forces de l’ordre, il est donc difficile de porter un jugement sincère et objectif.

condamnés pour leurs actes. Les juges doivent réaffirmer leur autorité sur leur bras armé, pour montrer à cette minorité violente et inquiétante qu’ils ne sont pas impunis et que la justice s’applique aussi à eux. Une bonne police est garante d’une bonne démocratie, dans un cadre solide qu’est l’État de droit, au contraire une police en roue libre met en péril les libertés de chaque citoyen. La police se doit d’être exemplaire, les policiers qui ont violé Théo doivent être condamnés. Il en va de la santé de notre démocratie.

L’affaire Théo aura au moins eu le mérite d’ouvrir un débat sur la police à l’approche d’élections présidentielles dominées par les thèmes de l’insécurité

5


Présidentielles - Les faits Éditorial

Février Février 2017

Les Présidentielles Les faits

-Youtube et les politiques français dans la campagne présidentielle de 2017

Les candidats

- Retour sur la réunion publique de JeanLuc Mélenchon à Strasbourg

Youtube et les politiques français dans la campagne présidentielle de 2017 Par Antoine Couillaud

«La campagne de 2007 a été celle des blogueurs, celle de 2012 s’est jouée sur Twitter, celle de 2017 sera celle des youtubeurs» - Jean Massiet alias Accropolis. Youtube est la plateforme de vidéo en ligne numéro un au monde. Elle compte plus d’un milliard d’utilisateurs soit près d’un tier des internautes du monde entier. Ces internautes génèrent plusieurs centaines de millions d’heures de vidéos chaque jour pour des milliards de vues. Cette plateforme touche principalement les 18-24 ans. Youtube est clairement une plateforme en plein succès qui séduit principalement les jeunes. Sur cette même tranche d’âge, 65% se sont abstenus aux élections régionales de 2015. C’est alors une partie de la population qu’il faut séduire et amener à voter pour les prochaines élections présidentielles. Il est certain que cela pourrait avoir un impact non négligeable. Les politiques l’ont clairement compris et pour une partie d’entre eux, se sont lancés dans le « Youtube Game ». Bastien Lachaud, Responsable

des événements de la France Insoumise exprime que « Le but de la campagne numérique est d’accéder aux personnes à qui nous n’avons plus accès de manière dite traditionnelle ». L’entrée dans le Youtube Game Mais généralement les chaines youtube des politiques ne sont que des supports de communications classiques où ils y partagent leurs interventions en meeting, au Parlement, à la TV, etc... Et ces chaines n’ont généralement presque pas de vues et d’abonnés (par exemple la chaine Youtube de Jean Lassalle) D’autres se sont lancés dans la création de vidéos seulement pour Youtube où ils communiquent directement aux électeurs. Pour certains c’est un succès retentissant, pour d’autres c’est beaucoup plus mitigé. Mais dans tous les cas cela leur permet de plus facilement avoir accès à la parole en toute transparence et sans restriction de temps. Surtout quand on sait que l’égalité du temps de parole en période de campagne aux élections présidentielles a été

6

assoupli dans les médias audiovisuels le 5 avril 2016. Cela favorise les grands partis et impact les petits candidats. Youtube permet donc de contourner cela et d’atteindre une partie de la population qui est dans sa majorité dépolitisée. Aux Etats-Unis, Bernie Sanders avait misé sur Youtube pour accroitre sa sphère d’influence et surtout pour pouvoir concurrencer plus facilement les autres candidats beaucoup plus riches. Il y a beaucoup de chaines Youtube de politiques français. Voici les 10 plus importantes en fonction du nombre d’abonnés : 10. Benoit Hamon +4 000 9. Marion Maréchal-Lepen +5 000 8. Jean-Marie Le Pen +7 000 7. En Marche +7 000 6. Nicolas Sarkozy +7 500 5. Marine2017 +12 000 4. Philippot +15 000 3. FN +17 000 2. UPR +28 000 1. Mélenchon +200 000


Propos n°95

Présidentielles - Les faits

cela semble marcher. Même si il risque de continuer à être minoritaire aux prochaines élections présidentielles et législatives, Youtube lui offre l’opportunité de se faire entendre et d’augmenter ses chances de victoire.

L’étalage du Front National Le Front National est très ancré dans la sphère de Youtube puisqu’elle possède les 10 plus grosses chaines. Ce parti a donc compris l’opportunité qu’est Youtube. Jean-Marie Le Pen est d’ailleurs le plus vieux Youtubeur politique français où il sort toutes les semaines un « Journal de bord ». Il en est aujourd’hui à plus de 460 épisodes. Mais ils se ressemblent un peu tous et ne font aucun buzz. Le 10 janvier 2017, Florian Philippot lance sa chaine politique avec un format de vidéo rappellant celui des Youtubeurs stars. Cela n’est pas annodin, les jeunes électeurs en sont les cibles potentielles. La dédiabolisation est en marche: humour, bonne ambiance et pleins de petits clichés à la culture geek. Et cela marche, sa première vidéo a fait plus de 350 000 vues. Philippot a compris qu’il fallait revoir la façon de communiquer sur Youtube. L’indétronable Mélenchon Mélenchon est le premier Youtubeur politique français et de loin. D’où vient ce succès ? En plus de rassembler de plus en plus de français en général, il propose des formats originaux tel que sa série « Pas vu à la télé » où il incarne un journaliste. Mais sa force vient du fait qu’il fonctionne de plus en plus sur un format d’horizontalité contrairement à tout le reste (même si Philippot essaye d’aller dans la

même démarche). Il remercie en permanence ses abonnés Twitter, Facebook et Youtube que ce soit en meeting, sur sa chaine ou à la TV. Il a réussi à sortir du format TV que toutes les autres chaines ont. Et cela est parfaitement compréhensible, tous les politiques que nous connaissont commencent à être âgés et ont toujours été formaté à la TV. Mélenchon créer un lien entre lui et sa communauté, il s’ouvre à eux et laisse plus facilement place aux débats. De plus, il a davantage d’abonnés que le nombre moyen de téléspectateurs sur les chaînes d’information en continue. Cela lui permet d’avoir une plus grande sphère d’influence.Youtube a donc un impact important dans la campagne de ce candidat. L’opportunité pour des partis ultra-minoritaires Mais Youtube c’est aussi l’opportunité pour des mouvements et partis beaucoup moins connus de se faire entendre. C’est le cas de l’Union Populaire Républicaine qui est la deuxième chaine Youtube de politiques français et qui est tenue par François Asselineau. Ce parti souhaite notamment sortir de l’euro, de l’Union Européenne et de l’Otan. Pourtant il n’a même pas fait 1% aux élections européennes de 2014. Il revendique le fait d’être censuré par les médias. Internet et ici Youtube est une opportunitée importante pour lui et

7

Un rapport politiquescitoyens nouveau Youtube risque au moins de changer le rapport des politiques aux citoyens. Depuis longtemps les politiques s’adressent aux électeurs verticalement et surtout les considèrent le plus souvent comme des consommateurs de bulletin. Aujourd’hui Youtube risque de changer cela en obligeant les politiques à enfin considérer les électeurs comme des citoyens. Ce canal de communication est par essence plus horizontal, plus engageant et plus direct répondant alors à une demande pressante des citoyens. Ils vont aussi être obligé de jouer la carte de la sincérité. La liberté de parole est complète et ne peut être déformée ou entravée par les médias. Il ne sera plus possible de dire que c’est la « faute de l’autre ». Mais il y a un risque de faire autre chose que de la politique, Nathalie Kosciusko-Morizet le montre bien avec sa série « Ronan, Françoise, Karl et les autres... » où elle y raconte clairement sa vie. Ici le politique cherche à se montrer comme un simple électeur. Mais c’est souvent raté puisqu’on leur demande de faire de la politique et pas autre chose. Youtube ouvre alors à une nouvelle manière de pratiquer la politique. Mais une question se pose: «Veulent-ils vraiment faire de la politique autrement ou utilisent-ils YouTube comme un support éphémère, le temps de leur campagne ?» s’interroge Jean Massiet. Il faudra attendre après le 7 mai pour le savoir.


Présidentielles - Les candidats

Février 2017

Retour sur la réunion publique de Jean-Luc Mélenchon à Strasbourg Par Éva Moysan et Lise Fortmann

Mercredi 15 février 2017, Jean-Luc Mélenchon était en réunion publique à Strasbourg devant plus de 4500 personnes (selon les organisateurs). Le public était réparti à trois endroits différents : dans la salle principale où se trouvait le meeting, dans une salle annexe et en dehors du Palais des Congrès pour ceux n’ayant pas pu entrer. Pour pallier au manque de places, une diffusion en direct sur de grands écrans leur était proposée. C’est en évoquant l’affaire Théo que Mélenchon débute son discours, à l’extérieur de l’auditorium. Il a notamment rappelé que la loi et les forces de l’ordre se devaient d’être irréprochables afin d’être légitimes. La suite du discours s’est tenue dans l’amphithéâtre principal où Mélenchon a fait le choix de centrer son propos sur les conséquences de la mise en application du CETA. En effet, le matin même, les parlementaires européens, dont il fait partie, ont voté la mise en application du traité de libre-échange entre l’Europe

et le Canada. Fortement opposé à cette mesure, il a tenu à expliquer sa position. Il a notamment insisté sur les conséquences écologiques de cet accord et sur les craintes à avoir quant à sa ratification. En effet, ce traité facilite l’importation d’énergies fossiles en provenance du Canada, ce qui s’oppose aux objectifs de la COP21 d’augmenter l’utilisation des énergies renouvelables. De plus, le CETA prévoit la création de Cours spéciales sur l’investissement qui permettent aux multinationales d’attaquer les États s’ils prennent une disposition législative qui contrevient à leurs intérêts. L’accroissement des échanges avec un moindre contrôle provoquerait l’arrivée massive sur le marché européen de produits des fermes usines canadiennes ne respectant pas le bien-être animal et amoindrissant la qualité des produits. Cela met en danger les petites exploitations qui ne pourraient pas faire face à la concurrence en termes de prix et cela s’oppose aux circuits courts qu’il est légitime de favoriser. Tout au long du discours, Mélenchon

8

se montre un fervent opposant du CETA et rappelle qu’une mise en place provisoire du CETA était prévue dans tous les cas. Ainsi, il critique l’aspect technocratique de l’Union européenne. Mélenchon s’est ensuite consacré à la définition de ce qu’il entend par « protectionnisme solidaire », un des aspects majeurs de son programme. En effet, à chacun de ses meetings il se concentre sur un des volets de son programme qu’il tient à mettre en lumière. Contrairement à ce qui peut être fait dans d’autres meetings, celui-ci n’avait pas la vocation d’être une démonstration de force. En effet, personne ne scandait « Mélenchon président », il n’y avait pas de drapeaux français agités dans tous les sens et l’assemblée était relativement calme. Cependant, les propos de Mélenchon étaient ponctués d’applaudissements à intervalles très réguliers. Certains pourront être déçus de l’aspect non christique de la chose, mais on ne peut pas accuser le programme d’être fictif. (Si vous voulez en savoir en plus, la réunion publique a été entièrement filmée et est disponible sur la chaîne YouTube de Jean-Luc Mélenchon)


Propos n°95

Tribunes libres - Réactions Éditorial

Tribunes libres Réactions

- Alerte à la BNU !

Expression

- Expecto Proponum : Poudlard

Opinions

- Plus c’est gros plus ça passe... les mensonges des « souverainistes » aux peuples d’Europe

Alerte à la BNU ! Par Matthieu Roche

Tout le monde connaît la BNU ! Cette bibliothèque nationale universitaire pourtant viole le droit, mais surtout nos libertés. Il est vrai, vous ne le remarquez sans doute plus, ou du moins cela ne vous choque plus. Pourtant à chaque fois que vous entrez pour travailler ou vous instruire ; vous, moi, NOUS sommes contrôlés en permanence. Nous devons sous prétexte qu’une affiche indique qu’il faut présenter son sac aux «

agents » alors nous sommes obligés d’opérer à ce contrôle visuel. Sûrement vous pensez que je peux me passer d’aller à la BNU si je ne souhaite pas montrer mon sac. Je ne critique pas la nature du contrôle (même si cela est discutable), mais l’application de celui-ci. Je tiens à vous informer que ce contrôle routinier est manifestement illégal. Ce contrôle est présenté comme une nécessité, c’est la raison pour laquelle le gouvernement incite les directeurs de lieux rassemblant un public à mettre en œuvre le plan Vigipirate. C’est pour cela que la BNU a décidé d’utiliser ses agents de sécurité incendie afin d’opérer à un contrôle visuel des sacs. Pourtant juridiquement seuls les agents de sécurité ou les policiers/militaires/gendarmes peuvent opérer à ce contrôle. Les agents de sécurité incendie ont des fonctions différentes des agents de sécurité. Les agents de sécurité incendie ont des fonctions qui sont

9

définies par l’arrêté du 2 mai 2005 relatif aux missions, à l’emploi et à la qualification du personnel permanent des services de sécurité incendie des établissements recevant du public et des immeubles de grande hauteur. Or dans cet acte, il n’y a aucune mention du contrôle visuel. Par définition, ces agents ne peuvent donc pas contrôler visuellement les sacs. C’est pour ces raisons que Jules Féron et moi-même avons décidé de faire un recours gracieux à la BNU.


Février 2017

Tribunes libres - Expression

Expecto Proponum : Poudlard Par Étienne Roussey

Nous avons tous attendu à nos onze ans la lettre envoyée par Poudlard à tous les apprentis sorciers. Après avoir découvert ma boite aux lettres vide, je ne puis cacher que ma onzième année fut une réelle déception. Maintenant que mes rêves de sorcier se sont envolés et que tous mes espoirs ont été placés dans le monde Moldu, je me suis dit qu’il était temps de soumettre Poudlard à la critique. Et pour cela, on va se poser plusieurs questions. Poudlard est-elle dans le monde de la Sorcellerie (anglaise) la meilleure école pour embrasser la plus belle des carrières ? La réponse est définitivement « oui », et ce pour une simple raison : Poudlard est la seule école de sorcellerie en Angleterre. Bien qu’Albus Dumbledore affirme que les études à Poudlard ne sont pas obligatoires et que les parents peuvent décider de faire euxmêmes l’éducation de leur enfant, très peu de familles semblent emprunter cette voie. Ainsi, si l’on regarde la situation en Angleterre, Poudlard a un monopole total sur l’éducation des jeunes sorciers anglais. Dès lors, le Poudlard Alumni semble rassembler tous les plus illustres personnages du monde de la sorcellerie. Un peu à la manière de Columbia ou du MIT qui recensent tous leurs prix Nobel, Poudlard peut être fière d’avoir compté dans ses rangs Albus Dumbledore, directeur de la même école, président du Magenmagot (une sorte de Cour de cassation) et Manitou suprême de la Confédération Internationale des Sorciers, mais a aussi compté Barty Croupton Senior, ancien ministre de la Coopération Magique Internationale, Norbert Dragonneau, célèbre

magizoologiste, Barnabas Cuffe, ancien directeur de la Gazette du Sorcier ou encore Gwenog Jones et Victor Krum (venu à Poudlard pour une sorte d’Erasmus lors du Tournoi des Trois Sorciers), tous deux célèbres joueurs de Quidditch... Si l’on regarde plus près, même notre très chère École Nationale d’Administration ne peut prétendre avoir sur Linkedin un tel corpus d’anciens élèves. L’École de Sorcellerie Poudlard semble donc bien être incontournable pour qui voudrait faire carrière en Angleterre. Mais alors que Poudlard est l’unique lieu de l’enseignement en Angleterre, une question mérite d’être posée : les cours qui y sont dispensés sont-ils satisfaisants ? La réponse globale que l’on peut apporter est non. Poudlard dispense en gros quinze cours : dans le Tronc commun obligatoire on trouve l’Astronomie, la Botanique, l’Histoire de la Magie, la Métamorphose, les Potions, les Sortilèges, le Quidditch, la Défense contre les Forces du Mal et en options se trouvent l’Arithmancie, la Divination, l’Étude des Moldus, l’Étude des Runes, la Musique et l’Art (eh oui) ou encore les cours de Soins aux créatures magiques de notre très cher Hagrid. Si la maquette pédagogique semble bien pluridisciplinaire (Harry, Hermione et Ron ont bien un profil Sciences Po !), il faut quand même noter que cette école reste bien plus une école de Combat et de Kung-fu qu’une réelle institution du savoir et de la sagesse. Elle omet en effet d’enseigner ce qui est le plus susceptible de servir à ses étudiants lors de leur entrée dans le monde professionnel. Hormis l’étude des Runes qui s’apparente à un très lointain cour de Latin ou de Grec, aucune

10

langue étrangère ne semble être enseignée. De plus, Poudlard ne semble pas vraiment intéressé par l’enseignement de l’économie. Bien que savoir gérer les Gallions semble être l’apanage des Gobelins dans la saga, il serait quand même malin pour les sorciers d’apprendre à être de bons vieux capitalistes. Et puis je suis sur que la Théorie quantitative de la monnaie fonctionne même avec des Gallions ou des Noises. En fait, si l’on reprend nos amis Karl Marx et Pierre Bourdieu, nous pouvons nous apercevoir que les sorciers vont acquérir à Poudlard une sorte de capital magique. Ils pourront par la suite de leurs études remobiliser ce capital afin d’occuper des positions de pouvoir dans le champ de la Sorcellerie. Si l’on suit la logique, il semblerait que savoir utiliser un bon vieux sortilège de Jambencoton ou de Stupéfixion est donc un avantage indéniable en vue d’occuper une place importante dans le Ministère de la Magie. Un peu comme si savoir faire un ippon-seoi-nagge, ou manier un nunchaku, étaient des qualités indispensables pour prétendre intégrer le Cabinet du Premier ministre. Poudlard a pour vocation première d’accueillir tous les sorciers et sorcières du RoyaumeUni, et ce en proposant une éducation gratuite si le sorcier est boursier (Tom Jedusor disposera par exemple de ces bourses). Il semble donc ne pas y avoir mieux d’un point de vue égalité des chances. Il est néanmoins intéressant de constater qu’elle repose sur un fonctionnement particulièrement élitiste et compétitif. Poudlard semble être la consécration du système méritocratique à l’anglaise et à la française.


Propos n°95

Tribunes libres - Expression

Dès la première répartition qui a lieu entre les quatre maisons, les études à Poudlard s’avèrent être durement sélectives. Deux examens au cours de la scolarité vont sortir du lot : les BUSEs (Brevets Universels de Sorcellerie Élémentaire) et ASPICs (Accumulation de Sorcellerie Particulièrement Intensive et Contraignante) qui vont tour à tour sélectionner les candidats les plus aptes à occuper de hautes fonctions dans le monde du travail magique. Bien heureusement, pas de classements pour savoir qui partira en Erasmus à l’École de Sorcellerie d’Ilvermorny

portante source d’inspiration chez nos amis anglais. Enfin, il est à noter que JK Rowling n’a pas oublié d’associer à Poudlard tout un beau gratin associatif qui fait sa saveur. Le fameux BDS (le Bureau Des Sorciers lol), très réputé en Quidditch et en Bavboules (c’est une sorte de jeu de bille), serait entré en négociations avec les Écoles de Durmstrang et de Beauxbâtons pour organiser un éventuel Crit. Il paraît que des Ultras de Beauxbâtons auraient perturbé un cours de métamorphose en faisant des bruits de cigale.

la narrer. Bon, après tous ces jeux de mots un peu vaseux, il va peutêtre falloir penser à conclure. Mais c’est quand même mieux de le faire en répondant à une question : est-ce que Poudlard vaut réellement le coup ? Parce que je suis un bon Moldu franchouillard, je dirais mouais. N’oublions pas que Poudlard enseigne tout de même la violence (et la violence c’est mal) et que d’éminents gens pas très très bien y ont étudiés : Dolohov, Lestrange, Macnair, Avery ou encore notre très cher Voldemort. Je n’aime pas trop beaucoup ça.

aux États-Unis ou finira à l’École de Magie Soviétique de Khatanga (véridique c’est un patelin de Sibérie). En fait, si l’on regarde de plus près, Poudlard a de nombreux points communs avec le système éducatif anglais * ; la date de création de Poudlard au IXe siècle n’est pas sans rappeler le College d’Eton créé dès 1440. L’uniforme porté par les élèves de Poudlard a des résonances avec les costumes gris et la cravate noire portés à Harrow, le système de préfets se retrouve à la Rugby School, les compétitions de Quidditch entre les maisons ressemblent plus ou moins aux tournois d’aviron organisés entre Oxford et Cambridge... En bref, JK Rowling semble avoir une im-

Aussi, Science Poudlard Forum a réalisé une belle opération en réussissant à faire venir l’ancien ministre de la Magie Cornélius Fudge. De plus, l’EJO projette de faire une joute des maisons sur le sujet « On ne dit pas néanmoins, mais Voldemort » avec Serdaigle à l’affirmative et Serpentard à la négative et la Chorale de Flitwick va bientôt donner un concert dans la Grande Salle. Finalement, les rumeurs disent qu’une liste BDE Gryffondor est sur le point se présenter et que le jeune Harry Spotter serait motivé pour reprendre Sorcier Strasbourg Consulting l’an prochain. Affaire à suivre. La vie de Poudlard bat donc son plein et le cher journal Propoudlard est bien là quotidiennement pour vous

Les professeurs de Poudlard ne devraient pas oublier qu’ils sont parmi les uniques dépositaires d’un ancien savoir (cf Dolores Ombrage) et que l’enseignement de la Défense contre les Forces du Mal ne fait que transmettre aux générations futures le goût de la violence. Disons que la société n’est que le reflet de ce qui y est enseigné et du coup, je me dis que je suis vraiment bien avec ma MSS et mes questions de Sciences Po et ça c’est beau. En tous cas, que la magie soit avec vous camarades jusqu’au terme de cette belle année. La Bise sur vous et bossez bien vos sortilèges.

11

*Je vous renvoie au Philosophie-Magazine, Hors série numéro 31, « Harry Potter à l’École de la Philosophie », qui est une vraie mine d’or de réflexion.


Février 2017

Tribunes libres - Opinions

Plus c’est gros plus ça passe... les mensonges des « souverainistes » aux peuples d’Europe Par H.

Je me souviens du jour où je l’ai vu pour la première fois, ce cercle de douze étoiles dorées sur fond bleu, ce symbole d’unité, de solidarité et d’harmonie entre les peuples d’Europe. Longtemps j’ai cru, à tort, que ses étoiles représentaient les 12 pays fondateurs de l’Union, symbolisant ainsi la paix et l’égalité entre les États. Ces douze étoiles dorées symbolisent en réalité la perfection et la plénitude, à savoir l’état de ce qui est parfait et complet. Et leur disposition en cercle symbolise l’unité. Or à ce jour, cette Union européenne est loin d’être parfaite et l’unité qui y règne semble avoir été fragilisée par le récent Brexit. Il existe aujourd’hui au sein de l’Union européenne, une cinquième colonne, dont les grandes figures sont les pseudo souverainistes européens tels que Le Pen en France, Farage en GB, etc. Ces autoproclamés « souverainistes » crient à tout va que les pays membres de l’Union européenne ne sont plus souverains et que la seule perspective possible pour les nations d’Europe est la fin de l’Union européenne… mais est-ce réellement la vérité ? Aujourd’hui j’ai envie de te parler de la manière dont certains utilisent le Brexit et dernièrement l’échec du référendum de Matteo Renzi en Italie pour clamer haut et fort que l’Union européenne est morte, que les Européens ne veulent plus de l’Union européenne et que c’est une bonne chose que les États européens retrouvent leur souveraineté.

I- Le mensonge des « souverainistes » Tout d’abord, il faut expliquer que les « souverainistes », notamment français sont, soit dans le mensonge, soit dans l’ignorance, lorsqu’ils soutiennent que les États membres ne sont plus souverains au sein de l’UE. Rappelons que l’article 88-1 de la constitution française du 4 octobre 1958 dispose que « La République participe à l’Union européenne constituée d’États qui ont choisi librement d’exercer en commun certaines de leurs compétences en vertu du traité sur l’Union européenne et du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, tels qu’ils résultent du traité signé à Lisbonne le 13 décembre 2007 ». Ainsi les États membres de l’Union européenne ont choisi librement de transférer une partie de leur souveraineté vers l’Union européenne. Or ceuxci peuvent s’ils le souhaitent, grâce à la procédure prévue par l’article 50 du traité de Lisbonne, quitter l’Union européenne. Ce droit de retrait démontre bien que l’Union européenne ne saurait imposer à un État une politique qu’il n’accepterait pas. De plus au sein des organes directeurs de l’Union européenne, les États jouent un rôle primordial. Que ce soit au sein du conseil européen (rassemblant les chefs d’États et/ou de gouvernements des États membres) ou du conseil de l’Union européenne (réunissant les ministres des pays membres de l’Union européenne), les États sont souverains, ils ne prennent pas des décisions qui vont à l’encontre de leurs intérêts propres. La règle de l’unanimité au sein du conseil de l’Union européenne garantit d’ailleurs cette

12

souveraineté. Il faut également rappeler que selon les plus hautes juridictions françaises, la Constitution française est au-dessus des traités au sein de la hiérarchie des normes. Les arrêts Sarran du 30 octobre 1998 (« La suprématie conférée aux engagements internationaux ne s’applique dans l’ordre interne aux dispositions de nature constitutionnelle ») et Fraisse (cour de cassation en 2000) ont notamment consacré cette suprématie de la Constitution, au sommet de l’ordre juridique. Ainsi pour qu’un traité soit adopté, il faut qu’il soit en accord avec la Constitution. On a dû par exemple modifier en 1992 la Constitution française pour adopter le traité de Maastricht (suite à la décision du 2 septembre 1992 du Conseil constitutionnel). En 2007 (suite à la décision du 20 décembre 2007 dans le cadre de son arrêt concernant le traité de Lisbonne) le Conseil Constitutionnel a rappelé que la Constitution est placée au sommet de l’ordre juridique. La Constitution permet donc à la France de participer à la création au développement d’une organisation européenne permanente dotée de la personnalité juridique et investie de pouvoirs de décisions par l’effet de transferts de compétences par les États membres. La Constitution française ne permet, par contre, ni la mise en cause des droits et libertés constitutionnellement garantis ni l’atteinte aux conditions essentielles d’exercice de la souveraineté nationale, atteinte appréciée par le Conseil constitutionnel in concreto lors de son contrôle. On


Propos n°95

ne peut donc pas porter atteinte à la souveraineté nationale. Si l’on essaye de réfléchir sur la notion de souveraineté, avant de crier souveraineté à tout va, on comprend qu’au sein de l’Union européenne, les États membres sont souverains puisqu’ils décident volontairement de déléguer une partie de leur souveraineté vers l’Union européenne, qu’ils ont un droit de retrait de cette union, que, selon les instances juridiques françaises, un traité ne peut porter atteinte à la souveraineté nationale et qu’enfin les États membres sont les principaux décisionnaires au sein de l’Union.

II- L’analyse erronée des « souverainistes » Selon certains « souverainistes », le Brexit est l’affirmation de la souveraineté du peuple britannique. Pourtant il semble qu’il n’existe pas un peuple britannique, mais bien 4 Nations et 4 peuples au sein du Royaume-Uni. Le Brexit semble être la décision des seuls peuples anglais et gallois, car l’Écosse et l’Irlande du Nord ont voté majoritairement en faveur du maintien dans l’Union européenne. Si on considère que

Tribunes libres - Opinions

la souveraineté des États est primordiale, ne faut-il pas respecter les volontés des peuples écossais et nord-irlandais ? Ne faut-il pas laisser l’Écosse devenir indépendante et entrer dans l’Union européenne, et ne faut-il pas laisser l’Irlande du Nord faire sécession et rejoindre sa sœur la République d’Irlande (petit rappel historique : l’Irlande est divisée en 2 depuis 1921 en application du Government of Ireland Act, « cadeau » des Britanniques) afin de créer une Irlande réunifiée, membre de l’Union européenne ? De plus, il apparaît que certains chiffres annoncés par les partisans du Brexit pour convaincre pendant la campagne étaient erronés. Le chef du parti populiste UKIP, Nigel Farage, ardent militant en faveur du Brexit, a reconnu que l’un des arguments principaux des opposants à l’UE était faux (Les 350 millions de livres envoyées chaque semaine à l’Union européenne et que les partisans du Brexit voulaient reverser au National Health Service [système de la santé publique du Royaume-Uni] se sont transformés en 163 millions par semaine…). Sans parler du fait que le Royaume-Uni bénéficiait d’un statut particulier au sein de l’UE. En effet, celle-ci en plus de ne pas faire partie de la zone euro avait

13

conclu un accord avec l’UE lui permettant de recevoir plus d’argent de la part de l’Union (notamment par le fonds FEDER) qu’elle ne reversait à l’UE. Dès lors, on peut se demander si le Brexit n’est pas le résultat d’une part du pari risqué de David Cameron qui a transformé le vote du Brexit en plébiscite, et d’autre part d’une machination des « souverainistes » populistes, qui, par le biais de mensonges, auraient réussi à ancrer dans les pensées des peuples d’Europe l’idée que l’UE est l’unique responsable de leurs problèmes nationaux. Aujourd’hui de nombreuses critiques sont adressées à l’Union européenne et ces critiques ne sont pas sans fondements. Certes, l’Union européenne n’est pas parfaite, certes de nombreuses choses sont à revoir, mais le projet d’Union européenne lui ne doit pas être abandonné. La critique principale que les autoproclamés « souverainistes » font à l’Union est “ qu’on a voulu créer un État européen se basant sur un peuple et une nation européenne ; or, il n’existe pas de peuple européen ». Or, contrairement à ce qu’ils affirment, une nation ne se base pas obligatoirement sur un peuple unique. Au sein d’une même nation plusieurs peuples peuvent cohabiter, pour former une nation il suffit que ces peuples aient envie de vivre ensemble (c’est la conception française de la Nation). Et c’est là le but même de l’Union européenne : unir les peuples d’Europe dans la paix et la diversité. Les solutions que les « souverainistes » souhaitent apporter aux problèmes de l’Union sont dénuées de sens et d’intelligence. D’ailleurs, cette solution est unique et limpide : en finir avec l’Union européenne.


Février 2017

Tribunes libres - Opinions

Cette volonté de sortir de l’Union est motivée par le seul désir de retrouver la souveraineté qu’ils croient, à tort, avoir perdue au sein de l’Union européenne. L’idée même que la France pourrait seule peser dans les relations internationales avec en face des super États comme la Russie, la Chine ou les États-Unis, est plus que ridicule. Le seul moyen pour que la France continue à peser sur la scène internationale est de rester au sein de l’Union et de permettre à l’Union européenne d’acquérir une véritable souveraineté. Nous nous devons de donner à l’Union les moyens de ses ambitions. Or, l’Union européenne est aujourd’hui menacée par des grandes puissances comme la Russie qui souhaitent affaiblir l’Union en aidant les « souverainistes » populistes à atteindre le pouvoir. Les partis d’extrême droite comme le Front national en France reçoivent par exemple des aides financières de la Russie… Difficile de ne pas comprendre la position de Poutine vis-à-vis de l’UE… il semble que le gouvernement russe craint que l’Union européenne perdure et pire qu’elle se renforce. III- L’Union peut-elle se renforcer et si oui comment ? On trouve au sein de l’Union de nombreux mouvements qui militent pour une réforme de l’Union européenne, notamment les Fédéralistes. Contrairement à ce que beaucoup pensent, ceux-ci sont les Européens les plus critiques vis-à-vis de l’actuelle Union européenne. Ceux-ci en plus d’apporter une critique constructive à l’Union européenne actuelle, pensent que

l’Union européenne doit se doter d’un gouvernement fédéral élu démocratiquement par la Nation européenne, en d’autres termes d’une autorité supranationale démocratique. Le fédéralisme semble être un bon moyen moyen de garantir la pérennité des particularités locales et donc la pérennité des particularités des différents peuples européens. Le fédéralisme semble être le mieux adapté à répondre aux exigences spécifiques des peuples européens puisque celui-ci est fondé sur le principe de subsidiarité, qui consiste en une

raineté, car la souveraineté c’est la capacité à agir concrètement pour se protéger et défendre les valeurs européennes. Il est inacceptable de laisser le terme de souveraineté aux populistes d’extrême droite et d’extrême gauche et à leurs mensonges. À l’heure où une menace terroriste sans précédent plane sur l’Europe, où la crise des réfugiés fait rage transformant la mer Méditerranée en cimetière géant, où l’Union européenne connaît un déficit démocratique sans précédent et où le réchauffement climatique s’accélère. Il est primordial que l’Union européenne s’exprime en-

prise de décisions au niveau le plus à même (le plus logique et le plus efficace) de prendre ces décisions. Il faut rappeler qu’au sein d’un État fédéral, les États fédérés ont des compétences propres, ce qui permet à ceux-ci de conserver une part de leur souveraineté dans des domaines propres et donc exclusifs aux États. Une gouvernance fédérale européenne permettrait enfin à l’Europe de peser véritablement sur la scène internationale en lui donnant les moyens financiers et matériels d’agir.

fin d’une seule et même voix afin de trouver des solutions concrètes à ces problèmes. Cette unification tant souhaitée pourrait passer par la refonte du système de l’Union européenne, faisant passer celle-ci de simple Confédération d’États à un véritable État fédéral européen. J’espère qu’un jour viendra bientôt où le drapeau européen flottera fièrement à travers l’Europe et que les citoyens européens pourront tous affirmer qu’ils font partie d’une même nation, la nation européenne, et que celle-ci sera dirigée par un gouvernement européen élu démocratiquement par les peuples unis et fraternels d’Europe.

Il convient aujourd’hui de défendre une Europe de la souve-

14


Propos n°95

La culture, lien entre les Hommes

Les dossiers du mois

La culture, lien entre les Hommes Page 16 Page 18

Penser la culture Où s’arrête l’art ?

La semaine euro, 23ème édition ! Page 24 Page 29

Retours sur la semaine euro Penser l’Union européenne

La culture, keskecé que ce truc ? Complexe à définir, elle nous est à la fois commune - a fortiori à nous européen - mais nous permet également de nous distinguer d’autrui. Qu’il s’agisse d’un aristocrate français d’un vieillard au fin fond de l’Uttar Pradesh ou d’un homme de Cromagnon, nous partageons certaines choses. Le grand Louis de Gouyon Matignon partage d’ailleurs cet avis : gadjo, aristo, manouches, jeunes, vieux, nous partageons tous une même culture européenne. La culture lie les hommes, et il semble, dans un monde aujoud’hui chaque jour davantage divisé, nécessaire de revenir dessus et de comprendre quelle est la place de la culture, et de l’art en particulier.

15


Février 2017

La culture, lien entre les Hommes

Urgence : remettons la culture au centre des débats Par Nolwenn Giry-Fouquet et Florian Martinez

Le thème de la culture dans les débats présidentiels n’est que très peu traité, voire totalement absent des récents débats politiques. Qu’il s’agisse de médias traditionnels ou plus spécialisés, comme France Inter ou France Culture, peu d’émissions semblent s’intéresser au sujet de la culture dans les programmes des candidats. En se penchant sur chacune de leurs propositions, on constate pourtant que la culture représente tout un pan de leur projet. Pensons à ces grands politiciens qui ont marqué l’histoire nationale : André Malraux, Georges Pompidou, François Mitterrand ou le Général de Gaulle, ces hommes de lettres qui ont en réalité donné à la culture un sens important à leur politique. Aujourd’hui, cette vision de la culture a largement disparu puisqu’elle s’affillirait davantage à un thème abordé par convention, loin d’être un grand axe des programmes. Lorsqu’elle est abordée dans les programmes, la culture reflète les idéologies politiques de chaque parti. On retrouve chez Marine Le Pen la volonté de défendre l’unité et l’identité de la France à travers la culture, de défendre la langue française, de promouvoir le roman national, et de préserver le patrimoine. Elle envisage notamment de supprimer «l’enseignement des langues et cultures d’origine» à l’école. Pour MLP la culture ne s’envisage qu’à travers le prisme de l’histoire nationale. Cette volonté de préserver la spécificité française se retrouve aussi chez François Fillon qui souhaite soutenir la création française. Il s’agit pour lui de préserver le patrimoine français en favorisant son exportation. Cela passe par la mise en place ambitieuse d’un plan « patrimoine pour tous

» dans lequel seront consacrés 2 milliards d’euros sur cinq ans à la restauration des monuments et objets d’art. Mais le fait marquant du programme culturel de Fillon reste la façon dont il envisage le financement aux artistes, aux créateurs et aux musées. Il planifie non pas un financement par les impôts, mais un recours massif au mécénat et au financement participatif. Le programme soutenu par Benoît Hamon accorde quant à lui une grande importance à la démocratisation des arts et de la culture. L’enseignement au travers de son programme « Arts pour tous à l’école » y contribue. C’est aussi ce que vise la mise en place d’un passeport culture pour tous les jeunes qui donne accès aux arts populaires comme le cinéma, les concerts, et les théâtres. En effet, son programme ne néglige pas la culture qu’il considère comme l’aspect « créateur du lien social » de notre République. C’est pourquoi il souhaiterait porter le budget consacré au développement et à la diffusion de l’art et de la culture à 1% du PIB -- mesure phare de son programme. Il ajoute enfin une loi anti-trust qui garantirait le pluralisme et l’indépendance des médias et la qualité de l’information. En ce sens, aucun groupe ne pourra détenir plus de 40% des parts d’un média de presse écrite, radio, TV ou en ligne. A l’inverse de ces trois exemples, nous retrouvons des candidats ayant développé peu ou proue leur projet culturel. Tel est le cas de Jean-Luc Mélenchon ou Emmanuel Macron, dont les réflexions ne se limitent qu’à une proposition phare, respectivement l’abrogation de la loi Hadopi et l’octroi d’un chèque culturel de 500€ à tout français atteignant sa majorité.

16

Au regard de ces nombreuses propositions, plus ou moins étoffées, originales ou même réalistes, force est de constater l’ostracisme dont la culture est victime sur la scène médiatique. Les candidats ne dépassent pas le cap de l’intervention sur un plateau : pas une seule référence à elle lors des débats pour les primaires de gauche, si l’on exclut le « regret » (sincère?) de Manuel Valls à la fin du troisième débat. A droite, on ne l’aborde que sous la dimension d’identité de la nation et des citoyens et d’assimilation des immigrés. Aucune mention de la culture non plus dans les prises de position des deux extrêmes, sinon quelques allusions au tournant numérique sur un tract ou dans une vidéo Youtube. Cette situation n’est pas inédite. Aussi peut-on se demander, au regard du bilan du dernier quinquennat, si le prochain président mettra réellement en oeuvre une des ses “notions culturelles phares”. Outre la pauvreté des débats, les candidats restent ainsi cantonnés à des constats redondants. Quel que soit le résultat de l’élection de mai prochain, la culture restera une fois de plus la grande négligée de la campagne. Or, en réalité, son absence quasi-généralisée ne relève moins du décalage entre ce que les candidats disent et ce que les candidats écrivent, mais plutôt de l’importance que les citoyens lui accordent. Face aux autres enjeux des évolutions de notre monde, il est évident que la culture rapportera moins de voix dans les urnes en faveur des candidats que le chômage, le terrorisme ou encore nos relations extérieures. Sa valeur dans le marché politique étant moindre, elle est condamnée à disparaître de la sphère politique. Pourtant, cette « crise de la place occupée par la culture »


Propos n°95

dépasse de simples questions de campagnes électorales. Il dépend de la responsabilité de tous les acteurs de la société pour redonner à la culture la place centrale et essentielle qui la caractérise. Politiques, médias et citoyens doivent s’attarder sur ce sujet pour surmonter plusieurs grands obstacles tels que la transition

La culture, lien entre les Hommes

vers le numérique, la réduction des inégalités sociales et géographiques entre différentes franges de la population ou encore la cohabitation de cultures diverses à l’heure de la mondialisation. Avant d’être une promesse floue et peu détaillée, n’oublions pas que la culture est créatrice d’identité et de sens, vectrice de valeurs et

de reconnaissance. L’Histoire ne se souviendra guère des civilisations ayant entrepris de vaines politiques économiques et gestionnaires, mais se rappellera de celles qui ont perduré grâce à l’immense héritage culturel qu’elles laissèrent derrières elles.

Quarante ans et toujours pimpant : le centre d’art et de culture Georges Pompidou Par Éva Moysan

Les 4 et 5 février, le centre Pompidou, à Paris, a fêté ses quarante ans en rendant l’entrée gratuite. Au programme, des expositions inédites, des projections, des conférences… et même une fanfare ! C’est l’occasion de revenir sur l’histoire de « Beaubourg », comme il est affectueusement surnommé. De l’affection, les Parisiens et les Français n’en ont pas toujours eu pour ce musée et son architecture. Il faut rappeler que c’est une initiative du président de la République Georges Pompidou, qui annonce dès 1969 sa volonté d’un espace où se côtoieraient les arts plastiques, le cinéma, le design, la musique et les livres. Beaubourg, c’est donc plus qu’un musée, d’où son nom : le Centre d’art et de culture Georges Pompidou. C’est une idée plutôt novatrice pour l’époque, on fait donc le choix d’une architecture très moderne et surprenante. En effet, le projet est confié à Renzo Piano et, dès les premières maquettes, il fait l’objet de vives critiques. Les tuyaux apparents et colorés déplaisent, ce qui va valoir à l’édifice le surnom de « la raffinerie ». À la mort de Pompidou en 1974, la construction est menacée, tant

l’idée est peu populaire au sein de l’administration et on dit que Chirac a pesé de tout son poids pour qu’elle ne soit pas abandonnée. Et on ne peut que s’en réjouir, car aujourd’hui, le centre Pompidou est le plus grand musée d’art moderne au monde, il possède tellement d’œuvres qu’on estime qu’environ 5 % sont exposées (il faut dire que le centre détient environ 12 000 œuvres). Il y a donc une grande rotation des œuvres : à quelques mois d’intervalle, on a presque l’impression de visiter un musée différent. Mais la richesse de Beaubourg c’est aussi sa Bibliothèque Publique d’Information que la plupart des étudiants parisiens connaissent. Celle-ci est singulière : les prêts à domicile sont impossibles et il n’y a aucune réserve de stockage. On peut aussi souligner l’existence d’un espace pour apprendre une langue en autodidacte ou encore d’un autre

17

dédié aux télévisions étrangères. Les collections du centre Pompidou se caractérisent par leur éclectisme : les expositions temporaires peuvent mettre en lumière le travail de Magritte, d’André Franquin avec son personnage Gaston Lagaffe ou encore de Gérard Fromanger, il y en a donc pour tous les goûts. Quant aux expositions permanentes, cela va de Matisse, à Marcel Duchamp en passant par Klein et Gabriel Orozco, là encore les amateurs d’art moderne et contemporain seront comblés. Mais nul besoin de connaissances artistiques approfondies, une des réussites du musée et de rendre accessibles et explicites les œuvres exposées. Enfin, la vue sur les toits de Paris offerte au dernier étage vaut à elle seule le détour.


La culture, lien entre les Hommes

Février 2017

Takashi Murakami métamorphose l’art, de l’autre côté du globe Par Teil

« Tout est plus ou moins artificiel. Je ne sais pas où s’arrête l’artificiel et où commence le réel. », ainsi s’exprime Andy Warhol, dans son ouvrage America. Rassurons-nous mutuellement, cet article ne traitera que très peu de l’encore omniprésent artiste américain. Pourtant il n’est pas inutile de le rappeler à nos esprits. Le fondateur du pop art avait su avec brio confondre les représentations artistiques et représentations commerciales, industrielles ; provoquant un bouleversement du marché de l’art et des sujets traités par ses plus éminents représentants : Contemporain à Marcel Duchamp et ses ready-made révolutionnaires ainsi que Tzara et le mouvement dada en Europe. La définition même de l’art était revisitée, et même si l’influence de cette période continue d’inspirer de grands artistes contemporains (Melik Ohanian, Mark Bradford..), le mouvement s’est essoufflé dans sa dimension subversive. La société de consommation et le système économique capitaliste s’implantant durablement dans nos sociétés, les rapports entre art et industrie se sont quelque peu sclérosés, les grands artistes se penchant sur la question se plaçant quasiment automatiquement dans une posture de dénonciation ainsi que de rejet. Ce sentiment a été amplifié par la reconnaissance de nouvelles formes d’art, comme le street art : mouvement qui, jusque dans sa genèse, rejette le système actuel. Pour autant, des artistes s’amusant de toutes les dimensions de l’art et de ses relations avec le système social comme économique, il y’en a de très novateurs, il suffit de tourner son regard vers l’autre côté du globe : au Japon. Né à Tokyo en 1962, Murakami appartient à la génération néo-

pop japonaise (dit aussi Superflat) apparue après l’éclatement de la bulle économique qu’a connu le pays à la fin des années quatre-vingt. Il a su se faire connaître en incorporant dans son œuvre des éléments de la culture populaire contemporaine de son pays sous forme d’anime (animations) et de manga (BD). Il reste cependant inspiré par les sources traditionnelles japonaises. Il use de l’iconographie bouddhiste et des rouleaux de peintures du XIIe siècle ainsi que de la peinture zen, ou des techniques de composition de la peinture excentrique de la période Edo au XXIIIe siècle. Son apparition sur le marché de l’art japonais déchaîna les critiques, car il s’agissait pour beaucoup d’une dévaluation de l’art traditionnel si cher au cœur des Japonais. Il en va de même pour son recours à un expressionnisme qui, à l’époque, constituait un rejet du réalisme et de la tradition. Il en résulte des peintures entre motifs kitsch et personnages de bandes dessinées qui ont fait sa renommée. La pratique artistique de Takashi Murakami renouvelle les liens entre l’art d’élite et la culture populaire non seulement dans l’idée que l’art appartient pleinement à l’économie, mais aussi dans une démarche de valorisation des supports comme les mangas, les jeux vidéos, les animés qui ont du mal à se défaire de leur image de simple consommable. L’artiste est célèbre pour avoir forgé un nouveau modèle entrepreneu-

18

rial basé sur le détournement de stratégies de marché. Ce schéma peut également correspondre à la mutation d’une société bâtie sur la consommation, aujourd’hui convertie en une économie tournée vers les services, ce qui différencie Murakami d’Andy Warhol et de ses émules, Jeff Koons et Damien Hirst. Il va même jusqu’à créer sa firme internationale, Kaikai Kiki Co, qui canalise une bonne partie de son travail, il y fabrique en masse des produits dérivés, il y produit des films d’animation et du design pour entreprises : sa collaboration avec Louis Vuitton lui a valu une célébrité planétaire. Tout comme Warhol en son temps, Murakami est lorgné d’un œil méprisant par ses contemporains lui reprochant de chercher à faire de l’art une industrie, et de perdre de vue la dimension désintéressée nécessaire à la création d’une œuvre d’art et non d’un bien. Pour autant, sa remise en question des codes de l’art au Japon permet peu à peu une réelle reconnaissance des créateurs de contenus de mangas, d’animés comme de jeux vidéo, sans parler de ses expositions dénonçant l’exagération dans les vidéos pornographiques japonaises, instaurant des critères de séduction absurdes. Il cherche aussi à dénoncer la misère affective de nombreux Japonais, l’omniprésence étouffante des traditions et tabous dans la société nipponne…


Propos n°95

La culture, lien entre les Hommes

Les blockbusters sont-ils des œuvres d’art ? Par Gigi Abrams

Hé oui, Francis, cette question est légitime. Le cinéma est considéré comme le septième art, c’est-à-dire que les films, de manière générale, sont considérés comme des œuvres d’art. Du moins en théorie. Or, le cinéma est pluriel et non homogène, il y a des films pour tous, et de toutes les sortes, même des pires. Considérer un cinéma pluriel comme un art est une chose très abstraite puisque l’art en lui-même est une notion très complexe à définir. Si l’on se fie à notre bon ami Wikipédia, l’art est une activité qui s’adresse aux sens, aux émotions, à l’intellect, aux intuitions. Dans l’imagerie commune, est art ce qui est beau, voire ce qui relève de l’exceptionnel. Vous conviendrez qu’il est donc difficile de définir concrètement ce qui est artistique, ce qui est une œuvre d’art. Pourtant, il est plus communément admis que les blockbusters, issus d’un pan du cinéma très populaire qui s’adresse à un public très large, ne sont pas considérés comme de l’art par les élites cinématographiques, ou tout du moins qu’il est moins légitime à se prétendre artistique qu’un film de Godard, un poème de Victor Hugo ou une peinture de Picasso. Cette affirmation est assez erronée, et nous allons voir pourquoi. Un blockbuster se définit comme un film à gros budget (comprenez dans les 100 millions de dollars, si ce n’est bien plus), et surtout qui a l’intention de détruire toute la concurrence sur son passage. En clair, un budget maximum pour une rentabilité maximale. On considère que les blockbusters sont apparus avec l’ère du nouvel Hollywood et ses représentants que sont Spielberg, Lucas, Coppola, Scorsese ou de Palma (pour ne citer qu’eux) avec leurs films comme les Dents de la mer ou Star Wars. Au fil du

temps, le genre s’est développé, transformé, modifiant en profondeur les codes du cinéma et en devenant un véritable business pour les studios. Et là on touche à une première limite : l’art ne doit pas être un business (du moins officiellement), si l’on fait une œuvre d’art c’est par volonté d’expression artistique et non pas par appât du gain. Or, certains blockbusters sont justement conçus dans cette optique de rapporter le maximum d’argent aux studios, ils sont donc créés à des fins purement lucratives. Vous voulez des exemples ? La saga Transformers, les films Marvel, le nouvel univers Star Wars, la saga Expandables, tous ont été (plus ou moins) conçus dans l’objectif premier de rapporter de l’argent aux studios, et ne sont pas dans une démarche purement artistique. Mais, et c’est un énorme mais, il existe des blockbusters qui sont des œuvres d’art, au même titre que l’art légitime promu par le BDA (désolé c’était gratuit). Certains blockbusters sont des folies visuelles, de par leur énorme budget, et nous absorbent pendant toute la durée dans une euphorie numérique grandiose : ce sont des films comme Interstellar, Mad Max Fury Road, Star Trek. D’autres sont des films qui nous font réfléchir, sur le monde, l’Homme, et tout un tas d’autres domaines qui appellent à l’intellect : les derniers films de Christopher Nolan, Matrix, Fight Club. Il y en a qui préfèrent en appeler nos émotions, jouer sur la corde sensible pour faire réagir le spectateur, nous faisant pleurer ou sursauter : La Liste de Schindler, les Dents de la mer, Il faut sauver le soldat Ryan, Gladiator. Enfin, certains films créent des univers totalement hallucinants en partant de presque rien, un univers fédérant des millions de spectateurs sur plu-

19

sieurs générations, avec une longévité bien plus grande qu’aucun artiste ne pouvait l’espérer. Star Wars est le meilleur exemple de ce dernier point puisque Georges Lucas a créé un univers colossal en s’inspirant dans diverses mythologies pour créer un film beau faisant réfléchir sur notre monde et sur l’histoire. Univers qui est toujours adulé et respecté près de 40 ans après son apparition. Star Wars, et toute la saga de manière plus générale, est le parfait exemple d’un blockbuster qui constitue tout simplement une œuvre d’art, faisant honneur au cinéma. Sauf que la situation est en train de changer. Vous avez remarqué que j’ai cité beaucoup de films assez anciens, c’est normal. Il est plus difficile de trouver des blockbusters qui constituent vraiment des œuvres d’art parmi les sorties récentes. Les studios reprennent la main et imposent leurs propres films dans un simple objectif de profit et de destruction de la concurrence. Beaucoup sont plats, lisses, consensuels et même la débauche d’effets numérique ne suffit plus à redresser le tir. Je te vise particulièrement toi Roland Emmerich avec ton Independance Day 2. Je ne dirais pas comme certains que « Ouais, mais les blockbusters ce n’est pas du cinéma, regarde le dernier Polanski tu verras ce que c’est le VRAI cinéma ». Alors déjà Polanski devrait être en prison, et ensuite les blockbusters sont du cinéma, ils constituent juste son versant le plus commercial et le plus développé, celui qui ne répond pas aux canons de la culture légitime que nous avons intériorisé. Le cinéma n’est pas unique, il est constitué de plusieurs aspects diamétralement opposés et qu’on ne peut pas comparer. Le cinéma est pluriel, et c’est cela qui le rend si


Février Février 2017

Éditorial La culture, lien entre les Hommes

captivant, si beau. Oui tous les blockbusters ne sont pas des œuvres d’art, et certains sont des catastrophes honteuses, en cela je suis d’accord. Dire que tous les blockbusters sont fades et sans intérêt, c’est de la mauvaise foi teintée de mépris. Sans les blockbusters américains, le cinéma ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui, et ne ferait pas autant recette. Les blockbus-

ters parlent à tous, qu’ils soient des œuvres d’art ou de simples films de commande. À l’instar des jeux vidéo ou de la bande-dessinée, ils démocratisent l’art, le rendent plus accessible et lui donnent surtout une nouvelle jeunesse. L’art est une notion subjective, chacun considérant comme artistique ce qui relève de sa propre éducation, cela y compris pour les blockbusters. Les blockbusters rendent cet

art qu’est le cinéma plus accessible pour tous, ce sont eux qui m’ont fait aimer le cinéma et qui m’ont poussé à le découvrir. Alors même s’ils ne sont pas tous des œuvres d’art, les blockbusters ont ce mérite de démocratiser le cinéma, quitte à le rendre commercial. Mais après tout, aujourd’hui l’art n’est-il pas devenu commercial ?

La modification corporelle ou le pouvoir de transformer son corps en œuvre d’art Par Antoine Couillaud

Streching, implant, piercing, tatoo, branding, scarif’, tongue split, etc... Ces termes ne vous disent rien ? Vous font peur ? Vous attirent ? Vous fascinent ? Et bien vous êtes tombé au bon endroit. Ils concernent tous un art corporel appelé la modification corporelle dit BodMod. Mais qu’est ce que c’est ? La modification corporelle est le pouvoir de transformer des parties de son corps de manière volontaire et contrôlé. Le BodMod peut être effectué à des fins culturelles, pour les sensations lorsque celle-ci est pratiquée ou encore pour transformer son corps en une oeuvre d’art. C’est sur ce dernier point que nous allons nous pencher. Ici le corps n’est pas que le support d’un art comme peut l’être la peinture, la danse, etc... Ici le corps est l’art en lui même parce que celui-ci est transformé. Les différents procédés Souvent on a l’imagine des personnes modifiés à l’extrême mais beaucoup plus de monde que l’on imagine est atteint par ce phénomène. La boucle d’oreille est disons l’élément le plus commun. Elle entre dans la case des piercings. Le piercing est le perçage de la peau avec une aiguille pour y déposer un bijou. Certains vont plus loin en pratiquant le stretching (=to stretch=étirer)

20


Propos n°95

pour agrandir le troue du bijoux. Le plus connu est le stretch au lobe de l’oreille. Le tatouage est tout autant connu que les piercings. Pas besoin de le présenter ici. Entrons dans des modifications moins connues. La scarification par exemple est le fait de graver un dessin sur la peau par incision. Les traits sont légèrement en relief. C’est discret, c’est beau, ça change et il y a de plus en plus d’adeptes. Une déclinaison de la scarification est le « branding » qui est le fait d’utiliser une flamme ou des plaques de métal brulantes pour former un dessin. Cela permet d’avoir des gravures plus rondes, plus en relief et plus grosses. C’est encore très peu développé. Dans l’idée de relief, il y a les implants dit les implants sous-cutané. Ceux-ci sont des formes en relief (en teflon ou silicone) que l’ont met sous la peau. Le but est d’avoir une forme particulière qui ressort. Enfin il y a le tongue split (ou la langue de serpent) qui est le fait de séparer les deux groupes de muscle de la langue. Le pouvoir de rendre son corps en oeuvre d’art Mais où est l’art dans tout ça ? Le BodMod est le pouvoir de changer son corps en oeuvre d’art. Une oeuvre d’art parce que le corps fait l’objet d’une création artistique ou esthétique. Chaque modification a dans l’ensemble ce but (mettons de côté les modifications seulement significatives.). Ce que permet le BodMod, ce n’est pas seulement de

La culture, lien entre les Hommes

produire une œuvre d’art, c’est de la vivre. Par exemple, le tatouage sur un corps n’est pas seulement porté, il est aussi vécu. Le BodMod est alors de l’art corporel dit du Body Art, Cela ne se passe pas sur le corps mais dans le corps. Certains poussent cet art encore plus loin pour vivre et incarner totalement leur oeuvre. C’est l’objet de la modification corporelle extrême. On ne s’arrête plus à une partie du corps, ici c’est tout le corps. Certains incarnent même un personnage. Ce n’est plus le corps qui est une oeuvre, c’est la personne en elle même. Pour arriver à de beaux résultats, il faut avoir recours à de réels artistes de la modification corporelle et ils sont rares. Le BodMod n’est plus un art créé par l’artiste, c’est aussi un art créé par l’objet de cet art qui est la personne recevant ces modifications. Avant d’effectuer cela, il faut bien évidement se connaître. Le BodMod est alors une façon d’exprimer ce que nous sommes ou bien ce que nous avons au fond de nous on y repoussant nos propres limites physiques. La suspension corporelle, un art éphémère allant plus loin que le corps en lui même La suspension corporelle est une autre manière d’exercer la modification corporelle. Cela consiste à être suspendu par des crochets dans la peau et une forme de lévitation est alors pratiquée. Outre la recherche de sensations par celui qui l’exerce, cette pratique peut être

21

aussi considérée comme du Body Art. Mais à la différence du reste, cela est totalement éphémère et ne dépasse guère plusieurs heures voir minutes. Cet art est généralement montré à un public et il y a souvent des mises en scène. C’est une pratique issue de la culture underground et repousse encore une fois les limites du corps pour rechercher une forme d’art. Mais ici, ce n’est plus seulement la modification en elle-même qui est de l’art, ici c’est en plus le contexte, la mise en scène et les positions pratiquées en suspension qui transforment le corps en oeuvre d’art. Nous avons affaire à un tableau mélant corps et décors. Un tabou dans notre société La modification corporelle est aujourd’hui beaucoup trop considéré comme un tabou et est très mal perçu par ceux qui sont extérieurs à cela. Notamment en France. Notre société n’est pas encore habituée à ça et il existe un blâme envers ces pratiques et cet art. Mais dans d’autres pays limitrophes comme l’Allemagne ou l’Espagne, cela est beaucoup mieux vu, au minimum pour les piercings et tatouages. Pourtant, la quasi totalité de ces modifications existent depuis très longtemps et certaines sont même ancestrales. L’art progresse et s’ouvre à des formes nouvelles. Cela divise, cela réunie. En tout cas ici, l’art transforme le corps et le corps devient art.


Février Février 2017

Éditorial La culture, lien entre les Hommes

Le sport peut-il constituer un huitième art ? Par Martine

A l’occasion d’un mensuel accordé à l’art et la culture, il paraissait intéressant de changer de perspective dans la manière de voir le sport qui, du fait de sa médiatisation, apparaît comme une distraction à grande échelle et à grand spectacle. Cependant, maints commentateurs sportifs utilisent dans leur vocable des expressions qui laissent sous-entendre que les sportifs sont des artistes, des génies à part entière. Partition, récital, chef d’œuvre et j’en passe, tels sont ces quelques exemples qui permettent de nous questionner sur ce qu’est réellement le sport et le rapport qu’il tient avec l’art. Une des premières dimensions de l’art est de plaire, de conquérir celui qui s’ouvre, qui éveille ses sens face à l’œuvre de l’artiste. En ce sens, et d’une certaine manière, le sport se donne également à voir, il est l’objet d’un jugement. Le sportif aujourd’hui est scruté de toute part de telle sorte qu’il est examiné comme on examinerait l’œuvre d’un artiste, pour comprendre ce qui fait que sa performance a été exceptionnelle ou, au contraire, décevante. Le spectateur, quand il se rend au stade, espère avant tout voir quelque chose de beau, vivre un événement unique. Tout est fait pour rendre l’événement sportif beau et plaisant à voir aujourd’hui, bien que ça ne soit pas toujours le cas. Même les infrastructures qui accueillent les rencontres sportives et les manières de les organiser sont faites pour séduire les témoins de ces événements. La deuxième caractéristique essentielle de l’art est celle de créer, d’innover, de savoir dépasser ce qui a été déjà fait en créant son propre style, en marquant sa discipline de son empreinte. L’art c’est aussi sa-

voir se réinventer et seuls quelques virtuoses peuvent s’offrir ce privilège de marquer leur domaine artistique d’un savoir-faire unique et inégalable. A ce titre, rien n’empêche de penser les grands sportifs de ce monde comme des artistes d’exception, capables d’amener le niveau de leur sport à des sommets insoupçonnés comme ce fût le cas de Mohamed Ali, de Michael Jordan, de Pelé, ou encore de Roger Federer et Usain Bolt de nos jours. Toutes ces personnalités possèdent cette aura rare et unique qui est la conséquence de leur apport à leur discipline de par leur charisme mais surtout leur créativité, leur virtuosité qui ne se retrouvent chez aucun autre athlète. En dansant sur un ring, en faisant des miracles avec sa raquette ou en délivrant une prestation de haut vol à l’instar de Zidane en 2006 contre le Brésil, le sport semble bien teinter d’une dimension artistique presque normale. Cependant, parler d’un huitième art à part entière semble plus difficile à reconnaître. Tout d’abord, le sport se base sur une culture de l’instantanée. Aujourd’hui, tous les faits et gestes des footballeurs principalement sont analysés minutieu-

22

sement au point de faire des analyses des analyses déjà faites. Ces réactions à chaud et cette difficulté à avoir un recul par rapport au fait sportif distingue celui-ci de l’œuvre artistique qui est davantage mûrie, jugée avec un certain détachement. De plus, l’émotion provoquée par le sentiment d’assister à un moment unique lors d’un événement sportif mondialement connu a quelque chose de tellement passionné et de tellement fort en raison du suspens, de la médiatisation qui en est fait, que l’art paraît davantage basé sur la sagesse et le rapport dépassionné l’œuvre. Enfin, comme le signale le sociologue Paul Yonnet, «dans le sport c’est la quantité, la mesure qui fait le résultat. On juge d’un match en fonction d’une quantité. En art, on ne juge jamais de la qualité par la quantité». Ainsi, si le sport a bien quelque chose d’artistique dans le fond, il contient des limites intrinsèques qui ne permettent pas de le considérer comme un art à part entière, ce qui peut être interprété comme une marque de sa force et son attractivité aujourd’hui dans une culture de l’immédiateté et du loisir.


23 ● La littérature c’est avant tout : A) Un refuge B) Un contre-pouvoir C) Un passe-temps

● Le questionnement qui m’intéresse le plus est : A) La question des apparences, du réel et de l’irréel B) La question de l’amour et des relations humaines C) La question de la formation de l’identité

Majorité de C : L’Attrape-cœurs, J.D Salinger L’attrape-cœurs, roman culte et intemporel, a su marquer la jeunesse américaine sur plusieurs générations en comptant aux lecteurs les tribulations d’un ado en fugue dans les rues de New York. Révolté, ultrasensible, paumé, Holden va devoir faire face à la réalité d’une société qui ne laisse que très peu de place aux rêves et à l’insouciance. L’errance de l’adolescent, son chemin vers l’indépendance et sa quête de liberté s’apparentent à l’histoire éternelle d’un gosse perdu cherchant des raisons de vivre dans un monde hostile et corrompu. L’attrape-cœurs c’est le récit des trois jours de vagabondage et d’aventures cocasses d’un adolescent à la recherche de soi-même et des autres.

Majorité de A : Le portrait de Dorian Gray, Oscar Wilde Le portrait de Dorian Gray c’est le roman qui a scandalisé l’Angleterre victorienne en contant une quête du plaisir et de beauté sous toutes ses formes, belles ou insupportables tout en établissant une profonde rupture entre l’art et la morale. Intrépide, fantastique et représentatif de la « décadence ». « Les folies sont les seules choses qu’on ne regrette jamais » et c’est sous l’égide de cette maxime que Dorian Gray, un cynique dandy londonien, va tenter de percer le mystère de la beauté éternelle. En un sens, Oscar Wilde anticipe tout au long de cet ouvrage les dérives modernes du narcissisme qu’il percevait dans la figure du dandy, sa superficialité, son égoïsme et son hypocrisie.

Majorité de B : La confusion des sentiments, Stefan Zweig La nouvelle La confusion des sentiments c’est, avant tout, l’histoire d’une relation équivoque entre un éminent professeur et l’un de ses jeunes élèves captivé par le génie de son maître. La thématique de la relation maître-élève et la présence d’un triangle œdipien entre le maître, sa femme et le disciple vont laisser place à une réelle « confusion des sentiments » qui va bouleverser la vie des personnages. L’acuité dans la description et l’analyse psychologique remarquable des personnages illustrent cette tension constante entre admiration et passion amoureuse. Stefan Zweig, en décrivant l’idylle naissante d’un professeur et de son élève, traite également la question de l’homosexualité et de la perception de celle-ci au sein de la société allemande du début du vingtième siècle.

Qui dit culture, dit littérature et qui dit littérature, dit culture. Si l’idée de lire vous laisse dubitatif, ou que votre flemme surpasse votre envie de vous mettre à lecture, Charles Dantzig dans Pourquoi lire, se fera un malin plaisir de vous énumérer tous les bienfaits de la lecture. Si vous n’êtes toujours pas convaincu, Pierre Bayard vous aiguillera dans votre démarche dans Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ? Alors, si le fait de reprendre la lecture fait, malgré tout, partie de vos résolutions, ou si l’envie de lire quelque chose qui pourra à coup sûr (ou presque) vous plaire, voici un petit questionnaire qui pourra vous aider à déterminer votre choix (selon une sélection de 3 livres) :

Par Lise Fortmann

● Je préférerais être... : A) Un Lord, respecté et puissant B) Un érudit, curieux et ambitieux C) Un aventurier, débrouillard et idéaliste ● Je préfère les histoires : A) Fantastique B) Réaliste C) Romanesque ● Il m’arrive parfois d’être : A) Un peu imprudent B) Un peu prise de tête C) Un peu naïf ● Parfois la vie est : A) Étonnante B) Injuste C) Amusante

● Qui dit lecture, dit : A) Bouleversements B) Rêveries C) Escapades ● Si je devais ne choisir qu’une seule figure de style, ce serait : A) Une antithèse B) Une métaphore C) Une hyperbole ● Un véritable héros devrait être : A) Sombre et rusé B) Rêveur et romanesque C) Insurgé et insoumis

Quel livre est fait pour vous ? La culture, lien entre les Hommes

Propos n°95


Février 2017

La semaine euro, 23ème édition !

La semaine euro vue de l’intérieur Par Ana Pardo Torres

Ma ‘’semaine euro’’ commence en octobre, pendant un après-midi avec trois français qui discutaient de l’Europe. Depuis ce jour, on s’est vu presque toutes les semaines pour débattre des thématiques et préparer les commissions de la grande semaine européenne. Et finalement, la semaine euro est arrivée. Pendant cette semaine, ces trois personnes ont fait partie du jury où ils ont montré un visage plus dur. Ils ont beau-

travail de Sciences Po Forum, du BDE, de Monsieur Eckert, de Monsieur Valhas, de Madame la Rue, de Claude Fotau et de Propos qui ont fait de très bons articles pendant la semaine. Pour moi le meilleur jour a été le jeudi, quand j’ai été investie du rôle de « Madame la Présidente ». C’était génial de parler à l’hémicycle, de sentir le pouvoir et aussi de disposer d’un bouton rouge qui puisse éteindre les mi-

speechs très sérieux et très intéressants. Sans oublier les participants reconnus pour leur élégance. Les conférences ont été bien, surtout la plus célèbre, où personne n’est resté indifférent à Louis de Gouyon Matignon. Ça a été la conférence où tout le monde était vraiment réveillé, en train de poser beaucoup de questions. Mais, je dois dire que pendant le déjeuner il était moins radical, plus gentil et…oui ! Je dois aussi men-

coup travaillé pour faire en sorte que tout soit parfait. Ils m’ont aidé pour être au niveau et ces « trois français » sont devenus mes amis : Benjamin, Vincent et Alice, merci pour votre aide, et votre travail, vous avez fait de la semaine euro une expérience unique. Je suis très fière d’avoir pu travailler avec vous. Aussi, il faut remercier le

cros des eurodéputés quand je le souhaitais HA HA HA. En général, tous les jours ont été super cool. On a fêté certains anniversaires, on a regardé des vidéos où tout le monde dormait (M. Vahlas inclus), on a trop mangé pendant le cocktail du vendredi, on a eu de supers interventions, on a vu vraiment des futurs eurodéputés qui ont fait des

tionner que maintenaient nous sommes amis sur Facebook (il a ajouté seulement les filles du jury) ! Bref, l’expérience a été super ! Les Erasmus ont été hyper bien intégrés et il y avait une excellente atmosphère de convivialité ! Merci à tous d’avoir fait une semaine euro énorme ! Vive l’Europe !

24


Propos n°95

La semaine euro, 23ème édition !

La semaine euro vue par tous ! Questionnaire #3 Par Von Schtemler (à Loulou #Bae)

Ah les questionnaires ! Quelle belle invention quand on a aucune idée de sujet pour son article… Avant de rentrer dans le vif du sujet, Propos tient à remercier toutes les personnes et associations impliquées dans l’organisation de cette semaine, ce fut une grande réussite ! Egalement, laissez-nous rappeler qu’il ne s’agit pas pour nous d’ « évaluer » le travail des bénévoles. Propos s’inscrit ici dans une perspective humoristique (plus ou moins réussie) et informative. Par la magie du GoogleForm, c’est tipar. Comme à l’accoutumée, débutons par une brève présentation, Je suis … Et bien nous avons 90% de 2A, 9% d’Erasmus et 1% d’ « infiltrés » qui représenteraient en fait un seul photographe barbu malgré son jeune âge… Aucun nom ne sera bien sûr dévoilé.

C’est tout naturellement que notre première question sérieuse porte sur l’« intérêt de la semaine euro ». La majorité (64%) la juge « Carrément intéressant et, bonus, on s’est senti beaux et intelligents pendant 5 jours ». Sacré bonus en effet quand on est habitué à être moche et con le matin à 8h, juste après le réveil, en 324. 16% confessent que le principal intérêt était de « Rattraper ses heures de sommeils ». Ce sont bien sûr les personnes qui ont été mises à l’honneur durant les vidéos des pétillantes Sérine et Gaïa. Pour 20% d’entre vous, le rôle de la semaine était « Capital : il fallait vraiment que je change ma photo de profil ». Vous remarquerez donc aisément le 2A peu original à son profil Facebook

: une photo de profil sérieuse toute belle et une photo de couverture de type « meme » annonçant un départ proche pour une contrée lointaine (mon profil en somme…).

Vient ensuite l’avis sur les conférences, cette fois-ci avec les questions ouvertes. Joie, voici l’occasion de retrouver les meilleures plumes de notre IEP pour des réponses cinglantes. Les réactions sont partagées bien évidemment. Si certains n’y vont pas de main morte : « Pas très Charlie de faire subir cette torture pendant 5 jours », « Longues, arrêtez de poser des questions à 11h59 #onafaim » ; d’autres sont plus positifs : « « Chouettes ! » « Intéressantes », etc,… S’il est une réponse qui synthétiserait toutes les autres : « Un mercredi dynamitant dans une semaine tout de même intéressante ». Et en effet « Loulou », aussi appelé « Bae » a su réveiller même les plus flemmards. Big Up à ceux qui n’ont rien compris aussi : « Instigatrices » ET à Monsieur Punchline : « J’ai jamais dormi dans un fauteuil qui a vu passer autant de personnes importantes ». La question suivant est logique : quel fut ton conférencier préféré ? 5% répondent « Le juriste (Jacqué) », 7% répondent « L’allemand (Scheer) », 66% (!!!) répondent « Le Gadjo européen » et appellent ainsi de leurs vœux un pays unique où Bavière et Poitou-Charentes ne feraient plus qu’un ! Un score de 15% pour notre ex-maire « La Strasbourgeoise (Keller) » et enfin 7% de personne qui répondent « Je ne connais aucun conférencier,

25

j’étais occupé avec Morphée ». Des juristes, des allemands, des strasbourgeoises, des flemmards, un romano nord-coréen-ivoirien : la population de l’IEP se reconnaîtrait presque dans ces intervenants. On demande maintenant quel a été le « meilleur dérapage de conférencier ? » Bien sûr le Gadjo Européen fait très fort puisque selon certains : « Louis était lui-même un gros dérapage ». On retrouve, parmi ses nombreux faits d’armes, le désormais cultisme « il n’y a pas de pauvreté en France ! », le non moins fameux « Pour vous, c’est quoi la nation française ? C’est l’Algérie française ? » ; son controversé « L’Europe doit avoir des couilles » ou encore son méconnu : « On crée une police franco-allemande : et pour ça, il suffit de changer les écussons de chacun ». Retrouvez son OneMan-Show, en Mai dans toute la France et en Juillet à Pyongyang. On retrouve aussi « Le fameux point G de Scheer » ou encore le diplomate Kosovar et son « «lt’s a quite difficult question ». ***** Passons maintenant aux commissions de l’après-midi, activité principale de la journée ! Question personnelle et intimiste : « Dans ta commission, tu étais la personne qui... » 25% se désignent comme la personne qui « n’a rien fait (aka «Le planqué») ». Pour 20% c’est plutôt celle qui « donne son avis une fois et qui retourne dormir (aka «François Scheer») ». 15% se voient comme la personne qui « hoche la tête à


Février Février 2017

Éditorial La semaine euro, 23ème édition !

chaque fois qu’on lui demande son avis (aka «Alexandre Laslop») ». Enfin celle qui « a tout fait au dernier moment (aka «Le Président malgré-lui») », 17%. On notera aussi 23% (??) d’« Autre », qu’on classera volontiers dans la catégorie des « Planqués ». Allez faire votre autocritique plutôt que de vous planquer. Bien sûr chacun est libre de se mettre dans une de ces cases, on ne dénoncera personne, hormis le Président de Propos, aka François Scheer. Vient ensuite « le meilleur clash ». Il est vrai que l’hémicycle a été le théâtre de passe d’armes à en faire frémir les Lopez (mais si, vous savez, les potes de Louis !). On retrouve largement devant le « Clash des Martin » avec 44% des votes. Qui n’a pas tremblé devant la véhémence des propos de Charles-Antoine et de son cadet Maxence ? Qui n’a pas vu une famille se briser à la mesure que leurs opinions sur l’Ukraine divergeaient ? Déchirant. On retrouve aussi la lutte au sommet du BDE avec les députés Kuentz et Vaz, qui récoltent 23% des voix. Une lutte de pouvoir qui nous aura fait patienter avant la prochaine saison de Game of Thrones le 25 juin prochain. Enfin, le clash entre notre Tsar local et notre Elfe de maison préféré (« Je vous prierais d’envoyer un député plus sérieux ») remporte 33% des voix ! Vous aurez sans doute apprécié ce dropthe-mic audacieux. Après vous avoir interrogés sur les conférenciers il fallait le faire sur les députés : « Quelle vanne / punchline vous a le plus marqué ? ». Nous avons ici une autre mention du « Point G » grâce à « Jules Féron, une vanne à lui tout seul ».

Un grand bravo aussi à Emilien et à ses proverbes pleins de bons sens et de sagesse : « on ne donne pas à boire à un âne qui n’a pas soif » et « on ne fait pas d’omelette avec des œufs durs » On a aussi les méchants rageux : « Mdr le fait que la résolution AFFA1 ait été votée est une vanne en soi ». Sans doute les gens de l’attack speech. On saluera Gislain, notre consultant cinéma et son accroche sur l’Union Européenne ; ainsi que le « Monsieur Vaz, tient tient comme on se retrouve ». Bref pour résumer : « J’ai arrêté de compter ». Et c’est vrai que vous nous avez régalés lors de cette semaine. Qui a été, selon vous, le meilleur député ? Bien sûr le Jury a déjà décidé et comme quelqu’un le précise « Arnaud Dubuisson clairement, il n’a pas volé son titre ». D’autres noms sont bien sûrs présents : Nathan Kuentz, Edouard Bailhache, Nikita, Émilien et son départ, Elise Moulène, Marie Denoue, Etienne Roussey. Un coucou perso à celui qui a fait la blague sur Rama Yade que je ne peux malheureusement pas publier ici. Aussi un illustre inconnu : « Celui qui a passé l’Internationale le lundi juste avant que la Semaine commence ; je ne sais pas qui tu es, mais je t’aime. » (Vous avez remarqué, maintenant on planque spotted dans les rubriques ?). Enfin le pervers narcissique : « Moi ». Ton avis sur la phrase la plus entendue cette semaine, stratégie d’esquive pour les uns, volonté d’approfondir la réflexion pour les autres : « désolé mais ma question a déjà été posée »?

26

41% d’entre vous sont gentils et puis « on les croit », mais 41% reconnaissent aussi « On déplore le manque d’inspiration, mais on fait comme on peut quand on tient quand même à prendre la parole ? ». Enfin 8% d’Autres, qui savent décidément jamais donner un avis. ***** Passons au jury et à ses manques de respects. C’est très largement Le «merde» de Vincent qui l’emporte avec 48% des voix ! Vient ensuite « L’affiche communiste de Benjamin » avec 37% des voix. On notera aussi les 13% pour « les semi-comas (discrets) pendant les conférences ». Propos s’excuse auprès du jury et plus particulièrement auprès de Madame Thatcher pour avoir orienté la caméra dans sa direction à de nombreuses reprises, empêchant ainsi un sommeil réparateur. Vu tout ce qu’ils ont donné ils l’auraient mérité, encore un Big Up (ouais on est beauf à Propos, pas la peine d’en faire un post FB). Pour ce qui est des contrôles de sécurité, nous vous avons interrogé sur leur pertinence : 10% considèrent que « C’était nécessaire, surtout le bon «Algeco» ». Propos, premier sur le sarcasme. 31% nous avouent que c’était « Inutile, j’ai ramené 3g de weed sans pression ». M’étonnerais que ce soit de la weed qu’ait pris Loulou mercredi, mais bon passons. Enfin 46% (petits coquins) : « J’ai adoré, surtout pour me déssapper à 8h devant toute la promo (la légende dit que certains ont même entamé une danse du Limousin) ». Propos est bien sûr entré en contact avec SBB pour tenter d’obtenir plus d’informations. Vient une question capitale :


Propos n°95

amphi 324 ou Hémicycle ? Bien sûr une lutte acharnée a eu lieu entre l’ « Hémicycle Schuman » et « l’amphi 324 », mère de toutes les batailles. Certains avancent que le vainqueur est le « 324 pour les fenêtres » ou la « lumière naturelle » mais d’autres considèrent que ce serait « l’hémicycle pour les bons sièges ». Comme l’exprime calmement un sondé : « Ahhhhh les sièges de Robert Schuman sont dingues quand même ! ET ILS ONT DES ACCOUDOIRS ! » Certains recommandent la « Kfet de l’IEP » et d’autres se demandent « c’est qui Robert Schuman ? » Le retour de Monsieur Punchline en prime : « J’ai fait plus d’heures dans l’hémicycle, donc Robert Schuman ». Quoique Monsieur Irrespect est pas mal aussi : « Le nouveau bâtiment ». Mother of Savage…

La semaine euro, 23ème édition !

Quid de la nourriture ? Pour 23%, « Nickel, j’ai particulièrement apprécié le SEUL micro-ondes pour réchauffer mon cassoulet » et carrément 58% pour « Choqué et déçu de la ségrégation gastronomique jury / peuple (nous aussi on veut le resto gratos) ». On en a même 10% pour « Parfait, j’ai adoré vider mon PEL #jesuiscrous ». Non mais vous vous rendez compte ??? Des français ! En 2017 ! Qui se plaignent de ne pas avoir assez d’argent… J’ai mal à mon Loulou. J’ai mal à mon ivoirien et à mon coréen. Pour finir, une ptite note ? dédi ? souvenir ? Le retour du pervers narcissique en première ligne : « Merci à moi-même d’être fantastique ». On a ceux qui ont mangé le respect : « Le wifi gratuit c’est cool, quand il surchargé moins » ou « Mes victoires à duelquizz

contre Moulène ». Et après tellement d’amour : « Bien joué les copains <3 » ; « vive les vidéos du club vidéo!! » ; « La comuz du mercredi midi + Al Tajani mag, merci Sérine et Gaïa » ; « L’ERASMUS GRATUIT ET OBLIGATOIRE VAINCRA BORDEL », Et même : « c’est très personnel, mais quand j’ai pu de nouveau marcher un peu sans béquille ». Prompt rétablissement ! Et même une réponse du grand Eurodéputé A. D : « 10/10 à ce questionnaire et gros bisous au Jury <3 et à Propos sans qui je ne serai rien ! ». A moi de conclure donc… Encore merci à tous pour cette semaine, qui a demandé du travail mais qui a tellement apporté ! Que vous soyez souverainistes, europhiles, gens du voyage, flemmards du côté, erasmus, membres du jury, 1A incrusté, merci pour vos réponses et à la prochaine !

La semaine européenne vue par différents médias Par Gigi Abrams

AFP : Les étudiants de Sciences Po Strasbourg ont participé à la semaine européenne du 6 au 10 février 2017 au Parlement européen. Le Monde : Les étudiants de cette grande école que constitue l’IEP de Strasbourg, école tournée vers l’excellence et l’international comme le dit si bien son directeur, ont pu participer à la semaine européenne organisée par les élèves les plus investis. Cette semaine se déroulait même au Parlement européen, vénérable organe démocratique de l’UE. Pendant une semaine, ils se sont livrés à des débats et ont écouté des conférenciers prestigieux,

mettant en avant l’amour de l’Europe ancré dans cet institut, et cela malgré quelques débordements eurosceptiques. Les étudiants de Sciences Po Strasbourg sont en marche vers l’Europe. Le Canard enchainé : UN BUFFET FORT DE CAFÉ. Après une prestigieuse semaine européenne, les étudiants de Sciences Po Strasbourg ont pu profiter d’un buffet offert par le Parlement. Buffet très généreux puisqu’on évalue son coût à une dizaine de milliers d’euros, tout cela financé avec l’argent du contribuable. Un buffet servi par les proches de la présidence du Parlement européen, serveurs dont nos sources affirment

27

que leurs contrats seraient fictifs. Malgré des macarons succulents et un café gratuit, cela ne risque pas de calmer l’euroscepticisme au sein de la population. L’Humanité : Pendant une semaine, les étudiants bourgeois de l’IEP de Strasbourg ont pu profiter de l’institution capitaliste par excellence : le Parlement européen. Choyés pendant toute une semaine, profitant de repas hors de prix qui n’arrivent pas au niveau du PMU de la Forêt noire, et écoutant des conférenciers pro-européens et déconnectés du peuple. Les étudiants ont été une fois de plus confortés dans l’idéologie dominante qui promeut un asservissement du


Février 2017

La semaine euro, 23ème édition !

affichant pleinement et au grand jour le mépris de ces élites envers les ouvriers du Nord qui constituent le cœur de notre pays. La présence de nombreux étudiants étrangers montre bien le mépris des valeurs françaises qui règne dans cet institut internationalisé et soumis à la mondialisation.

prolétariat par le libéralisme. Encore une fois, nos camarades au sein de l’assemblée ont vu leur liberté d’expression marginalisée par un jury effrayé par de possibles barricades dans le bâtiment Louise Weiss. Valeurs actuelles : La propagande pro-européenne bat son plein à l’IEP de Strasbourg. Les bobos étudiants ont passé une semaine au Parlement à boire les paroles de conférenciers soumis à l’instance supranationale, et plus soucieux de leur place dans la sphère europhile que de la volonté d’un peuple voulant retrouver sa souveraineté. La mention spéciale est adressée à Louis de Gouyon Matignon, énième visage d’une élite mondialisée déconnectée des réalités, et méprisant l’État nation auquel chaque Français est attaché. Le politiquement correct était de mise chez les étudiants, confortant la pensée unique en vigueur dans l’institut chargé de former les futures élites. Marine Le Pen a promis de mettre fin à cette honteuse pratique une fois arrivée au pouvoir.

Libération : Formidable ouverture d’esprit que constitue la semaine européenne pour les étudiants de l’IEP de Strasbourg. La semaine européenne a permis à ces étudiants fans de Bach et Polanski de parler d’Europe. De vifs débats ont nourri l’assemblée, mettant en avant le pluralisme en vigueur dans l’institut, y compris en faveur de la minorité fasciste pro-FN au sein de l’hémicycle Robert Schuman. D’ambitieuses résolutions ont été présentées, et raviront à coup sûr nos chers eurodéputés et donneront de l’espoir à chaque Français quant à la volonté de changement qui émane de cette jeunesse globalisée. Rivarol: Les bobos islamogauchistes dociles que sont ces étudiants de l’IEP de Strasbourg sont de sortie et arrivent en force dans l’antre du diable : le Parlement européen. Pendant une semaine complète, les étudiants de Sciences Po Strasbourg ont été abreuvés d’une propagande cosmopolite et pro-européenne,

28

Le Figaro : Financés par l’argent public, les étudiants de Sciences Po Strasbourg ont pu profiter d’une semaine au Parlement européen, initiative lancée sous Chirac, et dont il aurait secrètement approuvé la création. Cette semaine a été un temps d’expression d’opinions déconnectées de la réalité : Erasmus gratuit et obligatoire, impôts sur les sociétés, protectionnisme de long terme, méfiance envers la Russie ; autant d’opinions à côté de la plaque de la part d’étudiants influencés par le socialisme et opposés aux vertus de la mondialisation. Heureusement, nous avons pu compter sur la présence de la grande Fabienne Keller, et d’étudiants du parti Républicains, qui représentaient la vraie France et la vraie opinion des Français dans un hémicycle acquis à la gauche jusqu’aux derniers instants. Le Huffington Post : Cette étudiante de Sciences Po Strasbourg a été critiquée sur sa tenue « trop légère » pendant la semaine européenne, sa réponse est MAGISTRALE et a été retweeté par CYRIL HANOUNA !


Propos n°95

La semaine euro, 23ème édition !

La Semaine européenne – une nouvelle perspective de l’Europe Par Salla Ponkala, (étudiante visitant de l’Université de Tampere, Finlande)

Je suis venue à Strasbourg en janvier pour le deuxième semestre. Dès le début, j’ai entendu parler que la semaine européenne serait une expérience inoubliable, et qu’il faudrait absolument y participer. J’avais beaucoup de doutes, comme tous les étudiants étrangers, mais petit à petit nous avons eu le courage de nous inscrire. On a dit que cela ne sera pas trop sérieux, non ? Il faut seulement que tout le monde cherche les vêtements les plus fins possible apportés de leur pays d’origine (tout le monde n’avait pas pensé à cela en avance) et tous les discours seront en français. En français rapide, comme les jeunes Français ont la tendance de parler assez couramment ! Malgré les soucis, on est entré dans l’impressionnant bâtiment du Parlement européen lundi matin le 6 février, consciencieusement à 8 h 30, sans aucune idée si on a bien choisi ou non. Je suis certaine qu’aucun des étudiants étrangers ne regrette d’avoir participé. La semaine européenne nous a donné une nouvelle perspective pour voir l’Union : il était extrêmement intéressant de voir comment les étudiants français perçoivent l’Europe et comment sont leurs arguments sur les sujets traités au Parlement. J’ai remarqué que, même si nous ne sommes pas très loin dans le nord, nous Finlandais, je me sentais un peu oublié. Il me semblait que l’UE que

nous connaissons dans le nord est assez différente de celle des Français. Cela m’a aidé à comprendre beaucoup mieux les attitudes des Européens du centre vers l’intégration et pourquoi la politique européenne paraît aux Nordiques parfois étrange, voire absurde. Particulièrement, le discours – ou bien le débat – offert par M. de Gouyon Matignon a évoqué beaucoup de questions entre les étudiants étrangers sur la citoyenneté européenne : où sont les Européens en fait ? Existe-t-il de l’égalité entre les pays membres ? La logique de l’intégration vient-elle uniquement du « couple franco-allemand » ? Même si j’étais le seul Finlandais dans la salle Robert Schuman, je crois que les autres étudiants étrangers ont partagé les mêmes sentiments, quoi que soit leur origine. En outre, les prises de parole des ambassadeurs d’Estonie, Kosovo, Bulgarie et Hongrie ont bien montré la diversité de l’Union. J’imagine qu’ils ont aussi fait réfléchir les étudiants français, qui n’ont nécessairement pas visité les pays plus petits près de la frontière de l’est de l’Europe. En général, la semaine européenne a été une bonne révision des institutions et leur fonctionnement pour les étudiants européens, mais aussi pour ceux qui viennent des autres continents. Les sujets traités lors des conférences et par les commissions ont pris en compte l’éco-

29

nomie, l’intégration européenne, la politique extérieure, l’identité européenne, etc. de la manière instructive et intéressante. Comme tous les pays de l’UE n’ont pas de grandes institutions juste à côté, il était très fascinant de visiter le Parlement européen. On a finalement vu concrètement où l’on prend des décisions tellement difficiles à comprendre pour tellement grande partie des citoyens européens. J’ai compris qu’avoir une expérience telle que la nôtre ne serait jamais possible dans beaucoup des pays européens simplement à cause de la distance géographique. Pour cela, je crois que la possibilité de participer à la semaine européenne – ou la semaine la plus intéressante de la deuxième année – rend les étudiants étrangers de Sciences Po Strasbourg privilégiés par rapport aux autres qui sont venus en France. La fatigue était fortement présente à la fin de la semaine (j’ai dormi 14 heures la nuit entre samedi et dimanche), mais personne n’a quitté le Parlement sans sourire. Même si j’ai encore énormément de choses à faire et voir ici à Strasbourg avant de rentrer en Finlande, je suis sûr que la semaine européenne sera parmi les mémoires les plus inoubliables de mon échange en France. Alors, merci pour tous les organisateurs et les participants de la semaine européenne !


Février 2017

Éditorial El Futuro - Étudiante

El Futuro Étudiante

- Agathe Brin

Stagiaire

- Julie Kleinfinger

Travailleuse

- Julie Dubroux

Portrait d’étudiante : Agathe Brin Par Une Moule

Présentez vous en quelques mots : Nom, Prénom, master, année du diplôme etc... BRIN Agathe, 6A, double diplôme ECOFI Solvay/Sciences Po Strasbourg de régulation économique et financière en Europe/ corporate strategy and finance in Europe (master de Weill) (année 2016). Quelques mots sur ton master (défauts, qualités etc..) Super master que je conseille à tout le monde bien que la concurrence ait été rude pour l’obtenir. Malheureusement le partenariat a été annulé (peut être reviendront-ils sur cette décision un jour, de source officieuse: les belges se plaignaient des locaux de l’IEP...) Que faites vous comme études? Dans quel but ? Classe préparatoire au concours de l’ENA pour obtenir l’ENA ou la Banque de France. Arrivée en Master 2, je me suis rendue compte à quel point le métier d’auditeur ne vendait pas du rêve et je n’ai pas vraiment envie de tra-

vailler là dedans (or c’est le premier débouché en sortant d’ECOFI)

en option pour le concours d’inspecteur des finances publiques.

Qu’est-ce que qui vous y plaît/ déplaît ? La pluridisciplinarité et l’intensité intellectuelle demandée.

Avez-vous participé à des associations pendant vos années à l’IEP ? Comment l’avez-vous valorisé ? Cheerleading mais c’est un peu dur à valoriser sur un CV sans perdre en crédibilité. PEI cette année comme tutrice, pour montrer ma capacité à aider les autres de façon bénévole.

Quelles sont vos perspectives de carrière, vos plans pour le futur, vos espoirs ? Avoir un concours administratif en rapport avec l’économie de près ou d’un peu plus loin et si par malheur j’échoue, trouver un poste de contractuel dans l’administration pour retenter ma chance. Et si vraiment ça ne le fait pas alors je ferais du consulting/audit comme mes camarades de promo. Au final, votre master s’est-il révélé utile? Est-il en lien avec vos études post-diplôme ? Utile en partie oui pour toutes les connaissances nécessaires sur le fonctionnement de l’Europe, la régulation et l’économie. Je ne suis pas sûre que tous les développements économiques que j’ai dû subir soient vraiment utiles, quoique il y a économétrie

30

Un conseil pour les plus jeunes pipos ? Le master et la filière ne sont pas vraiment importants, il est toujours possible de rebondir, ou de faire autre chose par la suite. Privilégiez les parcours atypiques, c’est valorisant sur un CV et c’est assez recherché parmi les recruteurs. Parce que au final, nombreux sont ceux pouvant inscrire «IEP» sur leur CV! Et ne pas hésiter à postuler à des offres parfois un peu (mais pas trop) loin de notre CV (j’ai réussi à avoir un stage au Ministère des affaires étrangères par exemple).


Propos n°95

El Futuro - Stagiaire

Portrait de stagiaire : Julie Kleinfinger Par Une Moule

Présentez vous en quelques mots : Nom, Prénom, master, année du diplôme etc... Kleinfinger Julie, Corporate Strategy and Finance in Europe, 2016. Stagiaire. Quelques mots sur ton master (défauts, qualités etc..) Je l’ai fait sans savoir ce que je voulais en faire, pour passer le temps avant le stage et le diplôme. En quoi consiste votre stage ? Je suis en stage à l’Assemblée Nationale : je suis à l’Office Parlementaire de l’Évaluation et des Choix Scientifiques et Technologiques. Je contribue à l’élaboration d’un rapport sur les nouvelles biotechnologies. Avec mon administrateur, ma co-stagiaire, et les rapporteurs, on interroge des spécialistes du domaine, souvent des scientifiques, mais aussi des juristes et des représentants de la société civile, pour aider les parlementaires à comprendre un sujet, pour élaborer les futures lois sur le sujet. Notre rapport aura un impact sur la prochaine loi de bioéthique, qui doit être révisée tous les 5 ans. Qu’est-ce que qui vous y plaît/ déplaît ? Ce qui me plaît c’est essentiellement, tout ce que j’y apprends. C’est passionnant ! Je nage en pleine science-fiction, donc c’est chouette. Et puis c’est intéressant de travailler au cœur d’une telle institution, ça fait vivre certains cours de 1A, qui à l’époque ne l’était pas tellement... Ce qui est moins sympa, c’est la situation de stagiaire, le côté pré-

caire et la paie qui va avec, pour l’indépendance c’est pas le top. Et puis l’honnêteté intellectuelle en prend quelquefois un coup avec le politique. Comment l’avez vous trouvé/ obtenu ? Le réseau personnel. Le boss de ma mère a vu l’offre et pouvait soumettre ma candidature. Après, il y avait LM + CV + entretien. Mais si un tel stage vous intéresse, il ne faut pas hésiter à demander aux anciens de glisser votre CV dans une boîte mail. Quelles sont vos perspectives de carrière, vos plans pour le futur, vos espoirs ? Là, il me faut un taff pour 6 mois, idéalement un truc qui va dans le sens des 3 ans d’expérience pour que les recruteurs commencent à regarder le CV d’un.e jeune diplômé.e. En septembre au plus tard, je pars en Nouvelle Zélande en Permis Vacance Travail (PVT ou Working Holiday Visa : pour ceux qui ne connaissent pas, google est votre ami ;) ). Là-bas, je prendrai peutêtre un taff qualifié mais comme l’idée c’est de bouger, je vais forcément me retrouver à ramasser des kiwis un moment ou un autre ; ça pourrait être bien fun ! Après pourquoi pas un autre PVT ailleurs, un VIE/VIA (vous avez d’ailleurs le droit faire un VIE pour votre stage de fin d’étude dans le master de Weill), l’idée est de voir du pays. Au final, votre master s’est-il révélé utile ? Est-il en lien avec votre plan de carrière ? Pas tant que ça... Pour

31

certaines opportunités, ça accroché l’œil du recruteur, mais pas plus que ça. En fait, ça m’a formé à pleins de métiers que je ne voulais pas faire finalement... Mon master m’a surtout aidé à approfondir mon analyse dans des domaines économiques. J’ai zappé tout l’aspect pratique parce que ça me gonflait. Avez-vous participé à des associations pendant vos années à l’IEP ? Comment l’avez-vous valorisé ? J’ai été présidente du BDI, et j’ai organisé des événements avec une asso Erasmus pendant ma 3A : ça intéresse beaucoup les recruteurs. C’est sur ça que je mise en entretien. J’expose comment les problèmes rencontrés m’ont permis d’acquérir les compétences qui les intéressent. Un conseil pour les plus jeunes pipos? Si une entreprise ou un job vous intéresse, démarquez-vous, contactez directement les gens qui peuvent vous recruter ou y contribuer. J’ai eu un de mes stages après avoir rencontré une entreprise intéressante à un forum sur les doctorats CIFRE. La start-up qui m’a recruté pour mon stage de fin d’étude m’a dit que mon power-point de motivation (au lieu d’une bête lettre), avait fait la différence : ça peut être tout con, mais ça m’a permis de faire presque que du one shot. La paresse rend intelligent. Pour ceux qui se reconnaissent dans cette phrase, je vous recommande ces techniques.


Février 2017

El Futuro - Travailleuse

Portrait de travailleuse : Julie Dubroux Par Une Moule

Présentez vous en quelques mots : Nom, Prénom, master, année du diplôme etc... Julie Dubroux, Master 1 Economie et entreprises en 2010/2011 puis M2 Marketing à l’EM Strasbourg en 2011/2012. En possession d’un emploi. Quelques mots sur ton master (défauts, qualités etc..) Le M1 Economie et Entreprises permet d’approfondir les matières sur l’entreprise (gestion, marketing, finances, droit fiscal, etc.). Il est assez complet et ouvre des portes à ceux qui ne souhaitent pas nécessairement travailler dans la fonction publique ou en politique. Quel emploi occupez-vous ? Consultante en secteur public. Racontez nous votre journée type ! Il n’y a pas vraiment de journée type … En conseil en secteur public, nous répondons à des appels d’offres pour des missions. Les missions peuvent être très différentes selon les clients (des ministères, des collectivités, des établissements publics, des hôpitaux, etc.) et selon le sujet de la mission. Je travaille dans une équipe spécialisée en amélioration de la performance et en finances publiques. Mes missions peuvent donc, par exemple : - de l’analyse financière : dans ce cas, c’est beaucoup d’analyse de chiffres, de tableaux excel, etc. , - de l’amélioration de l’organisation d’une direction (souvent dans un objectif de plus de performance) ou des projets spécifiques (comme par exemple, en ce moment, la fusion des régions) : dans ce cas, on fait beaucoup d’entretiens avec le client, des groupes de travail,

pour essayer de trouver les difficultés, puis mettre en place des axes d’amélioration, etc. Qu’est-ce que qui vous y plaît/ déplaît ? Ce qui me plaît : le fait de travailler sur des sujets différents, ce qui me permet d’appréhender des acteurs, des contextes et des sujets très divers selon les missions. De plus, on apprend très vite et beaucoup : le conseil est un milieu qui responsabilise assez rapidement et qui challenge. Finalement, j’ai de nombreux collègues, qui ont tous plus ou moins mon âge et il y a une très bonne ambiance (contrairement à ce qu’on entend parfois ...) Comment l’avez vous trouvé/ obtenu ? (études post diplômes, stages etc...) Après l’IEP, j’ai fait un deuxième master en école de commerce et, dans ce cadre, j’ai réalisé un apprentissage en conseil en secteur public. Je ne travaille plus dans la même entreprise que celle dans laquelle j’ai fait mon apprentissage, mais je pense que ces éléments ont pu aider pour ma candidature. Pour le job dans mon entreprise actuelle, j’ai tout simplement envoyé une candidature pour un premier emploi. Le secteur du conseil est un secteur qui embauche bien et beaucoup de jeunes sortis d’école. Quelles sont vos perspectives de carrière, vos plans pour le futur, vos espoirs ? En conseil, les perspectives de carrière sont plutôt encourageantes : on évolue chaque année (passages de grade) . Je ne sais pas si je ferai toute ma carrière dans le conseil mais, pour l’instant,

32

je n’ai pas d’autres perspectives. Au final, votre master s’est-il révélé utile ? Est-il en lien avec cet emploi actuel ? Je pense que tout mon parcours a été utile. Mon M2 en marketing n’est pas vraiment en lien avec mon emploi actuel toutefois mais je pense que mon travail (consultante en secteur public) est un bon compromis entre mes études à l’IEP puis en école de commerce. Avez-vous participé à des associations pendant vos années à l’IEP ? Comment l’avez-vous valorisé ? J’étais au BDE et au BDA et dans une équipe de sport. Je ne l’ai pas particulièrement valorisé dans le cadre de mon emploi actuel car j’avais d’autres expériences plus en lien avec mon travail mais je l’avais valorisé dans le cadre de mes premiers stages. Un conseil pour les plus jeunes pipos ? N’hésitez pas à faire des stages, parler à des anciens, rencontrer des professionnels (du monde de l’entreprise mais aussi dans les institutions publiques, etc.), aller à des forums, pour trouver ce qui vous correspond. Le plus important je pense, est de faire des stages ! N’attendez pas la 5ème année et le stage obligatoire pour commencer ... En effet, cela vous permettra : 1. de savoir ce qui vous plait (il n’y a rien de tel que l’expérimentation pour cela. En plus, le monde du travail est très différent de ce qu’on apprend en cours). 2. de trouver un stage de 5ème année et un premier emploi beaucoup plus facilement (vous aurez des expériences à mettre en avant).


Propos n°95

Zoom sur... Bernard Friot

Zoom sur Interview

- Bernard Friot

Interview de Bernard Friot : le salaire universel Par la rédaction

Bonsoir Bernard Friot. Benoit Hamon vient de gagner la primaire socialiste et a mis au cœur du débat le sujet du revenu universel. Pour vous est-ce déjà une satisfaction que ce sujet soit abordé ? Même si l’on sait que le revenu universel n’est pas suffisant à vos yeux. Ce n’est pas que ce ne soit pas suffisant, c’est que je suis un adversaire du revenu universel. Pour moi c’est un pas de côté qui nous fait régresser. Je m’en expliquerai pendant la conférence, mais ce n’est pas un progrès. Pourquoi une telle opposition ? Ça vient de loin tout ça. C’est tout sauf une nouveauté. La France et l’Union Européenne, depuis les années 1990, organisent deux piliers des ressources, vous avez dû avoir un cours sur les piliers quelque part je suppose. On a un premier pilier fiscalisé qui, en matière de protection sociale, serait le panier de soin, financé par la CSG et non plus par une cotisation, les allocations familiales, les minimums divers et variés et un régime de base en matière de pension. Ensuite vient un deuxième pilier, lié à l’entreprise, très contributif, et de

plus en plus lié au marché financier. Les mutuelles sont de plus en plus dans une logique assurantielle par exemple. Elles relèvent d’ailleurs de la même instance de régulation que les assurances. Le revenu de base c’est un pas de plus, où ce n’est pas simplement une scission entre un premier pilier financiarisé et un deuxième pilier de plus en plus financiarisé dans la protection sociale. Mais c’est une scission dans l’ensemble des ressources avec le remplacement d’une partie du SMIC, surtout si on est à 800 euros. Car bon, 400 euros c’est un peu différent. Mais si on prend par exemple la proposition Hamon, qui reprend celle de la fondation Jean Jaurès de juin dernier, avec un revenu entre 800 ou 1000 euros, là, ça se substitue à une partie du SMIC. Le SMIC qui est déjà largement fiscalisé. En effet, beaucoup du SMIC n’est plus payé par l’employeur, puisque que vous avez des exonérations de cotisations employeurs qui sont compensées par une dotation budgétaire au régime général. Et puis vous avez le RSA avec tout un tas de dispositifs dans lesquels la fiscalité se substitue au salaire. Le SMIC est payé pour moitié par

33

les contribuables. Là, il s’agit de faire payer le SMIC quasiment en totalité par les contribuables. De changer également l’allocation chômage qui pour le moment est en un seul pilier vers un système en deux piliers avec les 800 balles et puis, sur un mode très contributif, un complément mais qui serait géré aussi dans une logique financière. Qui ne serait plus géré comme l’UNEDIC dans une logique salariale. C’est un pas de plus pour fiscaliser un premier pilier de ressources et faire évoluer du côté de la logique financière un deuxième pilier. Eliminer le salaire tout simplement. L’enjeu de tout ça c’est d’en finir avec le salaire. C’est l’enjeu capitaliste décisif aujourd’hui. Et c’est tout à faire normal que le parti socialiste soit sur ces positions. En parlant du PS, vous faites partis des rares économistes encartés au PCF, quel est votre avis sur la gauche française aujourd’hui en général ? Sur la gauche alternative ? Sur la candidature de Mélenchon ? Alors moi je ne vote pas aux présidentielles car je considère que c’est une élection piège à con. Je


Février 2017

Zoom sur... Bernard Friot

vote aux législatives, mais je milite contre l’élection présidentielle depuis longtemps. Disons qu’on pouvait considérer comme une bonne nouvelle la constitution du Front de Gauche, qui sortait les différents groupes soucieux d’un changement de société de leur esprit de chapelle, mais enfin, ça a échoué. Mélenchon a été un candidat tout à fait excellent du Front de Gauche en 2012. Mais l’échec de ce parti fait qu’il s’est lancé dans une aventure personnelle, ce vieux démon dont le Front de Gauche avait réussi à le libérer. Là on est en plein délire de celui qui va sauver le monde. Si vous ne votez pas aux présidentielles c’est donc contre cette « monarchie présidentielle » que dénonce Mélenchon ? Oui mais il ne faut pas être monarque soi-même pour dénoncer la monarchie. Mais il a pourtant dit plusieurs fois que s’il était élu, il démissionnerait après avoir réuni une Constituante. C’est sans doute très bien, mais je ne crois pas que la France insoumise ou le Parti de gauche aient fonctionné autrement que dans un dispositif extrêmement centré autour du leader. Et il n’a jamais pris de distance vis-à-vis de Mitterrand qui est celui qui a embourbé la gauche dans une logique présidentielle. Vous seriez pour une VIème République ? Oui oui sûrement, mais pour moi l’essentiel n’est pas là. L’essentiel c’est de changer la propriété des entreprises et la capacité que nous avons ensemble à être souverains en matière économique. Mais qu’il faille une autre Constitution c’est évident oui. Alors comment changer le système sans passer par la prési-

dentielle ? Ah bah écoutez, par les législatives ! Nous sommes encore une république parlementaire, même si l’ajout à une Constitution déjà forte discutable de l’élection présidentielle au suffrage universel en 1962 a rendu très fragile notre démocratie, le parlement a le pouvoir s’il l’exerce ! Il peut empêcher le président et le gouvernement de fonctionner. C’est pour ça que l’inversion du calendrier qu’a fait Jospin est une catastrophe. Pour continuer sur l’aspect fragile de notre démocratie, vous avez participé à l’appel des 58. Que prônez-vous pour lutter contre l’État d’urgence, alors qu’il est prévu qu’il continue jusqu’en juillet 2017 ? C’est un signe d’un très grand effondrement démocratique le fait que nous votions l’État d’urgence et que ça pose de question à pas grand monde ! C’est quand même assez tragique. L’État d’urgence est fait pour diriger la guerre sociale. Je le vois bien dans les Alpes-Maritimes où j’ai quelques centres d’intérêts. L’État d’urgence il est fait pour arrêter les migrants, criminaliser ceux qui les soutiennent. Il a été largement utilisé pour criminaliser l’action syndicale, les militants de la Cop 21 qui ont été assignés à résidence. Je suis pas un spécialiste de science politique donc je ne sais pas trop quoi proposer, à part militer. Vous êtes partisan de l’abolition de la propriété lucrative, selon vous, quel système permettrait de la remplacer efficacement ? Celui qu’on a déjà mis en place ! On n’est pas à la recherche d’un truc qui n’existe pas, on n’est pas dans l’utopie ! On est dans la possibilité de poursuivre plus loin un déjà-là qui a permis par exemple de produire la santé, sans

34

les institutions capitalistes, puisque ce sont des fonctionnaires ou des libéraux qui ont un salaire à vie ! Sans capital, sauf pour le médicament, même s’il est clair qu’il faut supprimer la production capitalistique du médicament, on n’est pas encore allé jusque-là. Pour le reste l’appareil de soin est largement sans capital, les cliniques privés ça reste « peanuts » dans la production de santé. Et puis sans crédit, en tout cas dans le passé. Actuellement dans le partenariat public privé on invente des trucs complétements aberrants comme la CADES qui va chercher des capitaux dans les marchés financiers pour financer les hôpitaux qui sont tous dans le rouge du coup ! Mais on a prouvé au contraire que les hôpitaux étaient en excellente santé lorsqu’ils étaient subventionnés par une hausse d’autres cotisations maladies, qui permettaient à l’assurance maladie de subventionner les investissements. C’est comme ça qu’on a créé les CHU dans les années 1960. Ce n’est pas par un appel de marché des capitaux ! Donc on a prouvé à hauteur de 10% du PIB, c’est quand même important la santé, que nous pouvions nous passer de la propriété lucrative, aussi bien sous la forme de propriété entrepreneuriale que sous la forme du crédit, pour financer l’investissement, assurer le fonctionnement d’une production aussi essentielle que celle de la santé. Donc tout production peut se faire sans capital. Que répondez-vous à l’argument de l’incitation, celui qui dit qu’on a de la motivation à travailler pour soi et pas pour les autres ? Merci de vous faire l’avocat du diable, sans trop de convictions au demeurant (rires). Je vous réponds aussi par l’existence par exemple de tout l’appareil scientifique. Il est à propriété d’usage et


Propos n°95

il y a une grande détermination au travail des scientifiques. Parce qu’il y a d’autres motivations à l’action que le fait d’accumuler un patrimoine. Il y a le fait de progresser en qualification et en salaire, ce n’est quand même pas non plus négligeable dans la détermination des personnes. Et puis il y a le fait d’être dans une compétition pour le bien commun, pas pour des intérêts privés, c’est extrêmement motivant ça ! Quel est votre avis sur la remise en cause par François Fillon de la Sécurité Sociale, objet central de votre thèse ? Fillon, Hamon même combat ! Fillon dit « On va financer un panier de soin par la CSG, les risques lourds, par la CSG, pas par la cotisation ». C’est Rocard qui met tout ça en place. L’intellectuel en chef disons de tout ça c’est Rocard. C’est pour ça que c’est Saint Rocard, canonisé dès sa mort. Un deuxième pilier, qui va être le cœur du dispositif, c’est les complémentaires, dans une logique financière croissante. C’est pareil pour Hamon ! Un revenu de base fiscalisé et des rémunérations contributives qui vont quitter l’orbite du salaire, qui vont être de la rémunération à l’acte, des contrats de mission. Donc je juge la proposition de Fillon exactement comme celle de Hamon. Ce sont des gens interchangeables puisqu’on est dans une présidentielle, qui est le combat du même contre le même, c’est le fondement de la présidentielle. La semaine dernière nous avons accueillis à l’IEP monsieur André Zylberberg, auteur du Négationnisme économique, je ne sais pas si vous connaissez… …Oh mais un peu ! Mais c’est le moins fou des deux. Cahuc est un peu plus fou que lui. Il est même un peu sympathique Zylberberg, c’est ça qui est terrible mais

Zoom sur... Bernard Friot

bon… Que pensez-vous alors de cette critique qu’ils font des hétérodoxes ? Ecoutez, la réponse qui leur a été faite est extrêmement juste. On a pris des statistiques, dans l’American Economic Review et seulement 4% d’articles relèvent de l’économie expérimentale, car c’est bien ça l’argument principal, l’économie est expérimentale ! Or, dans toutes les publications de Cahuc, il y a 0% d’économie expérimentale. Donc quand ces gens-là parleront de ce qu’ils font, on en causera avec eux. En fin d’interview nous posons souvent la même question, quels sont les trois livres que vous conseillerez à un SciencePiste ? Il faut lire Laquaris. Il y a au moins 3 ouvrages, ça vous sortir de la fable de la naissance de l’Europe, ça vous sortira d’un tas d’âneries. Il montre très bien comment la classe dirigeante, qui a toujours été soumise au capitalisme allemand, est passée entre 1940 et 1944 à une allégeance au capitalisme américain qui est à l’origine de la construction européenne. Tout ça est utile à lire. Car on nous raconte tellement de bêtise sur les pères de l’Europe. Vous être contre la forme actuelle de la construction européenne ? Bah tient pour ça lisez Corinne Gobin ! Un très bon bouquin d’une politiste de l’ULB qui est l’historienne depuis les accords de Paris, depuis la CECA, depuis 1951, l’historienne des institutions européennes, ça décrasse ça aussi. Pour terminer, on va vous demander de choisir entre deux propositions rapidement, soit vous choisissez l’une des deux

35

soit vous expliquez pourquoi ni l’une ni l’autre. Lénine ou Trotski ? Ça me dépasse je n’ai lu ni l’un ni l’autre, je botte en touche. Blum ou Jaurès ? Jaurès incontestablement, Blum c’est Mitterrand, c’est un adversaire de classe. C’est le plus malin. Encore une fois, les adversaires de classe les plus malins sont à gauche, les autres sont à droite. Révolution ou élection ? On ne peut pas opposer les deux choses. Par exemple les occupations des usines en 1936, c’est au lendemain d’une victoire électorale inespérée. La victoire de 1936 est dans les mêmes conditions qu’aujourd’hui : on attend le fascisme. Et cette victoire électorale va donner une espèce de confiance en eux aux travailleurs qui vont occuper une usine, et là on est plutôt dans le registre d’une Révolution. Il n’y aurait pas eu le régime général en 1946 s’il n’y avait pas eu la victoire communiste aux élections législatives de 1945. Donc ça ne peut pas s’opposer. Vème ou VIème République ? On l’a un peu vu, je n’ai pas de fétichisme du changement de Constitution, les anglo-saxons s’en passent bien. L’essentiel pour moi c’est de changer le mode de production mais c’est clair que la Vème n’aide pas du tout, donc une constitution autre serait tout à fait souhaitable. Merci à Lola Couturieux d’avoir pu nous organiser cette entrevue et merci à Bernard Friot de nous avoir accordé de son temps avant sa conférence.


Février 2017

Sport - Tennis

Tout le sport Tennis

- Les légendes sont éternelles

Les légendes sont éternelles Par Jérôme Flury

Il y a des mythes, des histoires et des héros qui traversent les temps. Il en va de même pour le sport. Certaines histoires restent toujours gravées dans nos mémoires, que ce soit des succès olympiques, des records historiques ou plus simplement de belles aventures. Derrière ces records et ces récits sportifs, se trouvent des femmes et des hommes qui laissent des souvenirs particuliers. Mais surtout il ne faut jamais enterrer les légendes et le dernier grand tournoi de tennis nous a apporté une nouvelle preuve de ce fait. Cet Open d’Australie 2017, un tournoi faisant partie des 4 tournois majeurs au tennis, a été renversant. Qui avant le tournoi aurait pensé à de telles finales ? Très franchement peu de monde. Nadal n’est plus depuis quelques années l’imbattable joueur qu’il était, Federer est sur une pente descendante depuis plus d’un an tandis que chez les filles, Serena Williams a perdu sa première place mondiale il y a quelques mois et sa sœur Venus n’était plus en finale d’un tournoi majeur en simple depuis presque 8 ans ! Deux affiches inattendues mais simplement exceptionnelles.

36


Propos n°95

Federer, Nadal, les sœurs Williams, font partie des légendes du tennis et sont sans doute les meilleurs des années 2000-2010. Les grandes oppositions entre le Suisse et l’Espagnol notamment sont restées dans les mémoires. Ces deux là ont laissé de bons souvenirs à tous les fans de tennis. Même si depuis quelques saisons le plus fort semble plutôt être le serbe Novak Djokovic et que le numéro 1 mondial est aujourd’hui le britannique Andy Murray, les deux finalistes de ce premier tournoi du Grand Chelem de la saison sont clairement des légendes de leur sport. Et ceux qui ne les voyaient plus assez forts pour revenir en finale les ont simplement enterrés trop vite. Nadal (Numéro 9) qui élimine Monfils (France, numéro 6) avant Raonic (Canada, numéro 3), Federer (numéro 17) qui écarte Nishikori (Japon, numéro 5) ou encore Wawrinka (Suisse, numéro 4) alors que les médias l’envoyaient à la maison dès les seizièmes de finale… Décidément nos deux « papys » du tennis mondial ont réalisé un beau parcours pour se tracer la route jusqu’en finale. Certes ils n’ont pas croisé la route ni de Murray ni de Djoko, éliminés précocement cette année au grand étonnement de tous, mais ils ne sont tout de même pas en finale par hasard. Ils sont juste à leur âge (30 pour Rafa et 35 pour Roger) et malgré

Sport - Tennis

leurs années galères, toujours au top ! De plus, non seulement les légendes restent éternelles mais en plus, on se les remémore toujours sans ennui. Sur le plateau de l’Equipe, les chroniqueurs se retrouvent interrogés de la manière suivante : « Finale entre les sœurs Williams : géant ou gênant ? » L’argument d’un des journalistes est le suivant : certes cette finale n’est pas inédite et oui il faudrait aussi que des jeunes s’affirment et remplacent définitivement les “anciennes“. Mais finalement le vent de fraîcheur existe bien quand vous voyez la joie de ces vieilles stars qui re-goûtent à une finale. Regardez le visage de Nadal qui tombe sur les genoux après sa victoire en quart face à Raonic en seulement 3 sets. Regardez la joie de Federer après chacune de ses victoires, lui qu’on annonçait sur la fin avant cette compétition, lui qui n’avait pas connu un classement aussi mauvais à l’ATP depuis bien longtemps ! Du côté des filles, il suffit d’observer Venus Williams après sa demi-finale. A 36 ans, l’Américaine a célébré sa victoire entre rires et larmes, toute heureuse de parvenir à nouveau à la dernière étape d’un tournoi du grand chelem. Enfin la rage de Serena Williams - qui va récupérer la première place mondiale bientôt - fait tout autant plaisir à voir. Serena est d’ailleurs sans

37

doute celle dont le nom est le moins surprenant à retrouver en finale, mais l’américaine revient au sommet après une petite période creuse en fin d’année 2016. Retrouver sa sœur ainée, numéro 1 mondiale en 2002 (il y a 15 ans quand même !!) était en revanche une grande surprise. Mais elle est encore là, au sommet, après tant de saisons passées à taper dans la balle jaune. Cet Open d’Australie aura décidément permis de nous souvenir de ces légendes du tennis. Federer, Nadal, Serena et Venus Williams, autant de sportifs et de sportives qui nous ont fait rêver durant des années. Tous les fans de tennis ont hâte de voir ces oppositions, que l’on soit fan d’un des protagonistes de ces finales ou non, il s’agit bien d’affiches de rêve. Ce dimanche 29 janvier 2017, Nadal et Federer se sont retrouvés pour la 35è fois dans une compétition officielle. C’est Federer qui est sorti vainqueur de cet énième duel, mais c’est surtout le tennis en lui-même qui sort gagnant de ce tournoi grâce à ces retrouvailles entre ces immenses champions. Alors, que ces finales soient le début d’une nouvelle jeunesse pour ces grands noms de leur sport ou bien qu’elles constituent leur “chant du cygne“ sportif, elles nous auront permis de nous souvenir que ces champions sont toujours là. Et qu’ils n’aiment pas être oubliés.


Février 2017

Culture - Photographie

Culture Photographie

- LA JUNGLE DE CALAIS : retour sur une expo photo à voir

Littérature

- Le Comte de Monte-Cristo

Cinéma

- Chez nous - Jackie

LA JUNGLE DE CALAIS : retour sur une expo photo à voir Par Jeanne Lagarde

Vendredi 27 janvier 2017 avait lieu le vernissage à l’Abbaye de Neimenster (au Luxembourg) de l’exposition photo de Chiara Debize, étudiante en troisième année à Sorbonne Nouvelle, en faculté de Cinéma (Paris 3). Cette étudiante s’est rendue dans la Jungle de Calais pour photographier les lieux, les structures nécessaires à la vie quotidienne des personnes sur place, mais aussi rencontrer des migrants et des associations. Pourquoi avoir photographié la jungle, dans quel but et sous quel angle ? L’idée lui est venue d’aller photographier la Jungle de Calais au moment de passer le concours de la FEMIS, école de cinéma renommée: l’une des étapes pour y entrer était de rendre un dossier d’enquête, en l’occurrence créé autour du mot « éclat ». Elle a ainsi choisi d’orienter son devoir vers une problématique que l’on pourrait résumer de cette manière : « dans une ville éclatée territorialement, socialement, culturellement comme Calais, peut-on y

trouver de l’éclat au sens de lumière? ». L’étudiante a toujours eu un intérêt pour Calais et sa cause migratoire. Petite, la « jungle », moins importante, existait déjà, et elle souhaitait déjà rencontrer les personnes qui y vivaient. Des années plus tard, allant finalement à la rencontre des associatifs et des migrants, Chiara a passé cinq jours à discuter avec eux et à photographier les lieux avec son iPhone. Souhaitant dans un premier temps prendre les clichés avec un Réflex, elle a rapidement abandonné l’idée en optant pour la prise de vue d’un simple téléphone portable, rendant ainsi une image plus terre à terre de la jungle, plus accessible. Son but était avant tout de donner une autre image des lieux, pas seulement une vision misérable. Il lui « a semblé plus juste de produire des images moins sophistiquées et « non professionnelles » pour montrer « l’intérieur de la jungle » ». On assiste à une exposition de photos abordant les lieux sous un angle original et novateur, juste avant son

38

démantèlement en octobre 2016. L’expédition a permis une vraie prise de conscience pour l’étudiante. Elle dit: « Mon attachement personnel et l’obstination des médias me firent comprendre que se dégageait de Calais et de la « jungle » une véritable force qu’il était nécessaire d’explorer. Mais je voulais aborder le sujet d’un point de vue différent, ne pas me limiter à une lecture dramatique sous l’emprise de l’actualité. » Même si la plupart des journaux essaient de renvoyer une image positive ou neutre des habitants de la « jungle », la population a du mal à prendre véritablement conscience qu’il n’y a aucune différence entre eux et la population locale, sauf, évidemment, un passé douloureux et un pays à fuir. L’exposition S’agissant simplement au départ d’un dossier étudiant, l’expédition et les photos se sont rapidement retrouvées à la tête d’une exposition, par un jeu de hasard.


Propos n°95

Culture - Photographie

toute première impression de Chiara fut la terreur, la peur d’arriver seule dans un endroit inconnu qui pourtant était partout dans les journaux. Son premier contact avec les migrants ne fut pas dans la jungle elle-même mais lors d’une distribution de repas qui jouxte le camp, gérée par l’association « SALAM».

La directrice des affaires culturelles de l’Abbaye de Neimenster, Dominique Escande, est tombée sur le dossier lors d’une réunion et a décidé d’exposer les photos dans le cadre d’un projet plus large abordant le thème des migrations. L’exposition a donc eu lieu à cette Abbaye, au Luxembourg. Elle contient 12 photos, imprimées en grand. Les cartels sont peu explicatifs, afin de réduire la subjectivité de l’artiste uniquement à un oeil et laisser ainsi plus de liberté au spectateur. En regardant les clichés, un point est frappant: on se rend vite compte que les habitants mettent en place - à moindre échelle des structures de vie communes à la plupart des sociétés avec les « moyens du bord »: commerces, coiffeur, restaurants, églises, et même un centre culturel à multiples fonctions. Il s’agit de « lieux de vie », tenus par les migrants avant le démantèlement de la Jungle. Ils créent ces constructions, les sortent de terre dans des conditions précaires, ce qui les rend d’autant plus respectables. La photographe

a souhaité mettre en lumière ces lieux, et donc l’éclat humain. Selon elle, « celui-ci (l’éclat) est la preuve que le camp est en train de s’humaniser, de prendre ses marques face au désastre des conditions de vie dans lesquelles vit une population que l’on n’arrive plus à chiffrer précisément ». Sur les photos, le ciel est bleu, les structures vivantes. Les clichés sont lumineux et emplis de vie. Le temps a joué un rôle important dans l’appréhension des photos, rendant une impression plus gaie : les lieux sont colorés et ensoleillés. Certaines photos montrent des tags sur des murs qui ont une utilité informationnelle mais aussi décorative: il ne s’agit pas d’endroits tristes, abandonnés, mais de lieux où des personnes vivent tous les jours. L’exposition renvoie un espoir, une sorte de message positif. Cinq jours d’enquête et de découverte dans la Jungle L’arrivée dans un tel endroit, au coeur de l’actualité à ce moment-là, fut saisissante. La

39

L’étudiante est restée cinq jours et dormait à proximité du lieu, chez une connaissance familiale. Elle était accompagnée d’un bénévole associatif lors de l’entrée dans la jungle. Au départ, les migrants ne comprenaient pas forcément ce qu’une fille blanche, seule, venait faire ici. Certains ont vu son Réflex et se sont montrés méfiants, pensant qu’il s’agissait d’une journaliste. Chiara a fait preuve d’une certaine réserve dans un premier temps, estimant qu’on « ne peut pas rentrer pas dans la jungle comme bon nous semble. C’est chez eux (les migrants). Je ne souhaitais ni m’imposer, ni les déranger». Mais très vite, les hommes et femmes sur place se sont montrés avenants, voire accueillants pour certains. « Le contact a été très facile, les migrants viennent vers toi, te demandent qui tu es, ce que tu fais puis te racontent leurs histoires, leurs rêves à leur tour», rapporte l’étudiante. Les journées là-bas étaient tout de même compliquées, car le démantèlement allait commencer. La photographe a passé deux jour-


Février 2017

Culture - Photographie

nées entières dans la jungle, les autres jours étant consacrés aux interviews des associations sur place. Les bénévoles étaient surtout des étudiants en Master, des gens à la retraite ou des femmes au foyer. Il y avait autant d’hommes que de femmes. Les associations et bénévoles parlaient soit anglais, soit français (ou les deux); mais ils venaient de pays frontaliers avec la France pour la plupart. Pour se rendre sur place, il y avait plusieurs entrées. Chiara entrait par le chemin le plus simple, et le plus modeste. Une autre entrée, plus grande, a été créée avec une vraie route pour permettre aux associations d’apporter de la nourriture et des vivres par camions. Le deuxième jour, l’étudiante a fait la connaissance d’un migrant, Hamid, avec qui elle est

toujours en contact. Originaire du Soudan, il parlait un peu français, et prenait des cours avec des bénévoles. Aujourd’hui il a repris ses études de droit à Calais et attend actuellement ses papiers français. Elle a également interviewé un migrant devenu artiste dans la jungle, Alpha. Maintenant, cet artiste est renommé, et a exposé à Lille. Désormais, après le démantèlement, ils sont répartis aux quatre coins de la France dans des CAO, des Centres d’Accueil d’Orientation: ce sont de petites structures dans lesquelles les migrants sont orientés temporairement, le temps de la demande d’asile. Certains sont déjà en train de revenir à Calais pour tenter de partir en Angleterre. Des camps à Paris ont également été démante-

40

lés, d’où un retour à Calais. Le fait d’effacer ces camps ne résout, d’ailleurs, en rien le problème. Effacer le lieu ne revient pas à effacer les personnes y habitant: les migrants existent toujours, ils reviennent car ils n’ont pas le choix; sans oublier les migrants qui arrivent à Calais après le démantèlement sans avoir été averti que le camp a été démantelé. L’alternative semble illusoire et pas forcément viable. Dans tous les cas, l’étudiante en est ressortie grandie, elle a noué des liens, s’agissant d’une expérience avant tout humaine. L’exposition durera jusqu’au 26 février, c’est pas loin, on prend son billet pour le Luxembourg et on admire les belles photos.


Propos n°95

Culture - Littérature

Le Comte de Monte-Cristo Par L’Acc’Rauch

Sur les conseils avisés du présidenté général, el maquetisto général s’est mis à la lecture de ce qui est officiellement le-meilleur-livre-qui-claque-des-mèresque-j’ai-jamais-lu, j’ai nommé Le Comte de Monte Cristo. Je ne peux que l’en féliciter. Tout d’abord parce qu’il écoute mes conseils avisé et parce que clairement, il ne le regrettera pas. Je vais vous dire pourquoi en quelques points (et aussi parce que ce numéro de Propos manquait officiellement de Top, et nous on aime ça les Tops) 1. Parce qu’Alexandre Dumas, c’est plus qu’un écrivain. Alexandre Dumas c’est la littérature française à lui tout seul, Alexandre Dumas, c’est la France. Les trois Mousquetaires, Le chevalier de Maison Rouge, Propos n°94, et j’en passe, sont autant de chef-d’oeuvres qui ont marqué l’Histoire. 2. Parce qu’Edmond Dantès - le personnage principal de ce livre - est un modèle de persévérance face à l’adversité, de bravoure, de courage et toutes ces qualités sont plus que nécessaires pour être à Propos. 3. Parce que certes, deux fois 700 pages, ça peut faire peur, mais qu’est ce que ça passe bien sur une plage, avec un petit soleil d’été. Au pire, tu t’en serviras pour frapper ton pote qui fait pas son taff sur le mémoire de MSS. 4. Parce qu’il n’y a pas plus prenant qu’un livre qui mêle trahison, vengeance, aventure, passion, suspense. Il se passe au moins autant de chose à Sciences Po Strasbourg, mais c’est moins bien raconté. Au-delà de ça et plus sérieusement (Qualitat Zeitung comme nous avons l’habitude de dire entre nous), je vous invite

vraiment à prendre un jour dans votre vie le temps de lire ce livre. Certes, attaquer 1 400 pages ça peut faire peur. Mais s’il est actuellement en train de prendre la poussière sur une étagère, allez le chercher et plongez vous dedans. Vous ne le regretterez vraiment pas. Vous passerez par toutes les émotions, de la peur à la colère en passant par la tristesse, la joie (quand même un peu de temps en temps). À l’image d’un Steinbeck aux Etats-Unis, Dumas réalise dans Le comte de Monte Cristo une fresque de la France du début du XIX, en passant des contrées exotiques de Jaïna aux salons mondains parisiens. Les thèmes universels que sont l’injustice et la vengeance soutiennent le héros vers ce qu’il croit être la justice après avoir tant souffert. De simple marin voué à un destin ordinaire il se transforme par l’acquisition de la richesse, l’intelligence et l’ascension sociale en un instrument divin du châtiment (un peu comme vous après Sciences Po quoi). Vous ne pourrez plus en décoller : comment va-t-il sortir de sa prison du Château d’If ? Va-t-il trouver le trésor de l’abbé Faria ? Comment va-t-il détruire l’univers de ceux qui l’ont détruit quinze années plus tôt ? Autant de réponses que vous trouverez dans ce chef

41

d’oeuvre. Après ces 1400 pages, vous n’aurez plus qu’une seule envie : aller faire un tour du coté de Marseille, prendre un bateau pour l’ile de Monte Cristo, et partir vérifier si après tout, il ne reste pas quelque trésor enfoui sous un rocher.

PS : pour les plus terre à terre, il ne faut pas omettre de préciser que l’ensemble du livre promeut la consommation du haschich, et ça, ce n’est pas négligeable. Si Edmond le dit…


Février 2017

Culture - Cinéma

Chez nous

Par Antoine Couillaud

« Changer de stratégie n’est pas changer d’objectif » Hénard, ville fictive du bassin minier du nord de la France, est frappée par une montée du Rassemblement National Populaire (=Front national). Une jeune femme, Pauline Duhez, dépolitisée par déception politique, se fait séduire par un vieux docteur, et par l’idée de représenter le RNP lors des municipales. Ce dernier est Philippe Berthier, militant de ce parti depuis 40 ans et ancien membre du « Bloc Patriotique » dont le petit copain de Pauline fait partie. Ce copain, Stanko, est un fasciste refoulé du « Bloc Patriotique » qui n’arrive pas à mettre de côté ses origines et ce qu’il est actuellement. Enfin, Agnès Dorgerelle (=Marine Le Pen), représentante du RNP, va se ranger derrière la candidature de Pauline Duhez. Chez nous est un film déplorant une réalité tout en y exposant un avertissement. Le RNP est séduisant, il semble répondre aux problèmes des habitants de cette petite ville de province frappée par la délocalisation, l’immigration et la petite délinquance. Cela se passe dans une ville alors touchée par le repli communautaire et le racisme. Agnès Dorgerelle et Philippe Berthier semblent apporter la solution, en plus de leur sympathie apparente. Mais le RNP fait peur. La dédiabolisation marche, mais il reste profondément relié à son passé et notamment à la branche néonazie appelée le « Bloc patriotique », qui est représenté par Stanko. Le film montre la violence et la bêtise de ce groupuscule. Cette violence suit le RNP même lors de la campagne. Celui-ci n’est jamais trop loin pour protéger la candidate, même si le parti qu’il défend souhaite qu’ils ar-

rêtent. Cet ensemble est couplé à de la désinformation islamophobe (fake news) suivie par beaucoup trop d’habitants au sein de la ville. Le RNP veut représenter le peuple et Pauline, issue de ce peuple, est mieux à même pour en être l’image. Elle sert juste de symbole, ne connaît pas le programme et tout est organisé sans elle. Elle doit même changer son propre physique pour mieux correspondre à la tonalité du parti tout en venant du peuple. La dédiabolisation est en marche à travers un populisme intégralement codifié.

faut s’intéresser. Lucas Belvaux nous fait réfléchir sur ce que nous voyons tous du Front national, en plus de nous révéler les parties oubliées dues à la dédiabolisation. Cette idée de dédiabolisation est présente pendant tout le film et aurait très bien pu en être le titre. Mais malgré cela, les électeurs eux-mêmes ne sont pas dédiabolisés. L’exemple du chant « On est chez nous » au meeting d’Agnès Dorgerelle en est la preuve. Pourtant les personnes chantant cela sont des gens de la vie de tous les jours. Et là, le réel est bien présent.

Le film est critique tout en dévoilant une réalité et ne sort pas en salle par hasard, le réalisateur l’ayant lui-même dit. Cette œuvre se divise en deux parties : la première que l’on pourrait appeler « l’endoctrinement de Pauline », la deuxième « Un parti d’extrême droite allant trop loin ». La première pèche par une fausse lenteur. C’est long, mais en même temps les événements se déroulent beaucoup trop vite pour être réalistes. En parlant de réalisme, durant le film on se pose la question si le réalisateur cherche à être réel ou non. On a l’impression que c’est une piètre caricature du Front national. Mais Lucas Belvaux explique que non, que tout ça est bien vrai et qu’il n’en fait pas trop. Au contraire, il en minimiserait même l’ensemble. La deuxième partie est beaucoup plus rythmée, un peu comme une sorte de blockbuster américain. Dans la forme, le film reste assez simple, mais c’est sur le fond qu’il

Chez nous est un film qui fait déjà beaucoup parler de lui avant même sa sortie. Un film qui nous rappelle que le Front national n’est qu’un parti qui ne fait que dédiaboliser son image puisqu’il reste le même en soi. Un fond bien réel malgré une forme un peu grossière, Chez Nous est un film à voir pour mieux comprendre une partie de l’électorat du Front national.

42


Propos n°95

Culture - Cinéma

Jackie

Par Juliette Leroy

Des propres mots du réalisateur chilien Pablo Larrain, « Personne ne saura jamais qui était vraiment Jackie Kennedy ». C’est pourtant à cette icône des États-Unis que le réalisateur s’attaque pour son premier film réalisé en langue anglaise. Sorti en France le 1er février, le film se concentre sur une semaine de la vie de Jacqueline Bouvier, devenue Jackie Kennedy. De l’assassinat de son mari à Dallas le 22 novembre 1963 à ses obsèques une semaine plus tard, du tailleur rose à la robe noire de deuil, ce film permet de découvrir une facette plus privée, moins « people » de la vie de Jackie Kennedy. Le film s’ouvre par la première interview que donne l’ancienne First Lady depuis l’assassinat à Theodore White, pour le magazine américain Life, sur la terrasse de la maison de vacances des Kennedy Tout ce film c’est le combat d’une personne, passée de première dame des États unis à femme souhaitant inscrire la vie de son mari dans l’histoire. Et cette femme c’est Nathalie Portman qui l’incarne à l’écran. Sa performance à elle seule est une raison suffisante pour aller voir ce film. Sa ressemblance avec Jacqueline Kennedy est frappante. Tout y est, de la coiffure, aux vêtements, en passant par la grâce froide, le comportement et l’allure de Jackie. Cataloguée de potiche, de « femme de », Jackie montre ici l’image d’une femme qui laisse libre cours à ses émotions, se confie à son beau-frère Bobby Kennedy, et prend des antidépresseurs, une femme qui fera tout pour écrire l’histoire et la postérité de son mari, sans savoir qu’elle est également en train d’y entrer. Sa puissante force de caractère, sa détermination à im-

poser ses exigences concernant les funérailles sont parfaitement retranscrites à l’écran par la fabuleuse Nathalie Portman. Le film est tellement centré sur Jackie, si bien que l’on ne voit presque pas John Fitzgerald Kennedy dans les quelques scènes qui précèdent le drame. Nathalie Portman est de tous les plans, omniprésente, la caméra est focalisée sur elle et sur elle seule. Certaines scènes sont tellement puissantes et bien interprétées, que l’actrice devient Jackie et que le spectateur a l’impression de violer son intimité. À l’image de la scène où, quelques heures seulement après l’assassinat, Jackie se retrouve seule, assise devant un miroir et craque. Toutes ses émotions contenues après la mort de son mari éclatent, et le spectateur est presque mal à l’aise, gêné, devant le spectacle d’une simple femme qui vient de perdre son mari. La puissance de l’interprétation de l’actrice principale fait que le spectateur se sent voyeur devant la détresse de cette femme. Le film est caractérisé par une superposition de scènes tout au long de l’intrigue, ce qui apporte du dynamisme à ce que d’aucuns pourraient qualifier d’un manque d’action, qui fait en réalité partie intégrante de l’intrigue pour exprimer les doutes, les hésitations, la lutte aussi, l’isolement et la détresse de Jackie. Les scènes où Jackie répond au journaliste se superposent avec les événements de la semaine suivant l’assassinat, mais également ses souvenirs à la Maison-Blanche, comme lorsqu’elle réalise un reportage pour la chaîne CBS, où elle montre les aménagements qu’elle y a apportés, et où John Kennedy est présent. Certaines scènes sont très dures, à l’image de la scène où

43

l’on voit l’assassinat, tel qu’il a été perçu par l’héroïne. Alors que le spectateur peut penser que cette scène, pourtant centrale pour l’intrigue, ne sera pas montrée, elle est repoussée à la fin du film. La mise en scène est magnifique, et la musique, réalisée par Mica Levi (Under the skin) parvient à faire passer toutes les émotions que l’image véhicule au spectateur. Ce film, c’est également une plongée dans la politique des États-Unis. On découvre une forme moderne de communication politique avec les interviews données par Jackie et le documentaire réalisé dans la Maison-Blanche. On voit l’envers du pouvoir, la prestation de serment dans l’urgence du Vice-Président qui devient en quelques heures Président des États-Unis, Lyndon Johnson, son déménagement dans le bureau ovale, les modifications dans l’administration… On assiste également à la naissance d’un mythe, celui de JFK. Jackie voulait qu’on se rappelle de lui, l’inscrire dans l’histoire. Comme Abraham Lincoln, elle voulait que son assassinat le sanctifie. L’histoire de ce film, c’est l’histoire d’une femme qui se bat pour élever au rang de mythe son mari défunt, ancien Président des ÉtatsUnis, c’est une lutte contre l’oubli, une croisade pour le souvenir. Ce sont 1 h 40 qui passent très rapidement, et ce film, triplement nominé aux Oscars 2017, dans les catégories de meilleure actrice pour Natalie Portman, de meilleure musique de film pour Mica Levi, et de meilleurs costumes pour Madeline Fontaine, n’a pas fini de faire parler de lui.


Février 2017

Divertissement - WACQTD

Divertissement WACQTD

- Le grand retour des punchlines

Abécédaire

- Abécédaire du sciencepiste

Weill à ce que tu dis Par Von Schtemler

Laurent Weill, Macroéconomie (1A) « Quand on veut faire un emprunt on ne dit pas toute la vérité, c’est un peu comme quand vous draguez » (il s’y connaît ?) « Il est prouvé que l’on est moins efficace pour voler quand on a bu. Par contre pour les meurtres ça aide » (Ne me dites-pas qu’il s’y connaît aussi...) Louis de Fournoux La Chaze, TD de Droit (1A et 2A) « Vous avez eu votre partiel sur l’Handiphobie… C’est moche Handiphobie. Peut-être que le mot Handiphobie ne devrait pas exister » (Handiphobe…) « Cet avocat de H&M s’est complètement raté… Son nom est marqué, ne le prenez jamais » (Conseil avisé) « Si vous dites au juge « C’est abusé » ça ne va pas suffire à votre défense » (Captain Obvious) « Alors vous avez dit que le nain était consentant… Mais c’est pas là le problème » (En parlant de Morsang-sur-Orge. Enfin j’espère…) Nicolas Eber, Microéconomie, (1A) par l’intermédiaire de Laurent Weill, Macroéconomie, 1A « Depuis 10 ans, vous êtes la promo qui a eu la moins bonne moyenne en microéconomie, vous vouliez être uniques, c’est réussi» (Savage) Jean-Christophe Meyer, TD d’allemand (2A) « Notre hymne est quand-même vachement sanglant, en gros on dit que tous les autres sont des fils de pute » (Social-Traître)

Régis Blazy, Economie Internationale (2A) un homme très très chaud « Ça doit être le kiff pour un économiste de se dire que dans 200 ans on parlera encore de son travail » (rêveur) « Imaginez que le salaire de tout le monde explose, qu’on paye tout le monde au salaire de Pénélope Fillon » (rêveur aussi) « Il manque le WACQTD dans ce numéro propos.. ça doit être pour ça qu’il est vraiment bien » (Mais euuuuh…) « Elle me regarde avec de grands yeux vides et elle me dit « Vous savez monsieur Blazy j’aime pas l’économie »… Moi, après ça, j’avais juste envie de rentrer chez moi” (Choqué et déçu) Simon de Bonviller, TD d’économie (2A) Pendant un exposé il va se mettre au fond : « Bon je vais me mettre là un peu pour vous empêcher d’aller sur FB ». (Perspicace…) Jean-Philippe Kovar, Droit administratif (2A) « Le site du Conseil d’Etat a sauté le jour de l’affaire Dieudonné. Ils n’ont pas l’habitude d’avoir autant de visites, ce n’est pas Zone téléchargement quoi » (RIP ZoneTéléchargement) M. Hazoumé, TD d’HIPM (2A) « Dans la société politique de Locke, il faut un contrat de confiance. Je ne fais pas de publicité pour Darty. » (Capitaliste)

44


Divertissement - WACQTD

Propos n°95

M. Maurice Carrez, Sport et nationalisme (2A) « Je sais que la plupart d’entre vous ne lis jamais de livres mais bon... » (Méprisant ou réaliste ?) « J’ai une bonne paire de couilles c’est difficile de me faire peur » (Allo le Collectif ?) « Vos copies en général ne sont pas très passionnantes, pas plus que mes sujets » (Désabusé) Mme Benoît-Rohmer, Liberté publiques et droit de l’homme (2A) « Si vous insistez, je vous appellerai mademoiselle mais alors j’appellerai ces messieurs mon jouvenceau » (Le Collectif applaudit des deux mains) M. Jérôme Lasserre-Capdeville, Droit des obligations (2A) « Notamment un auteur, Planiol, qui lui aussi s’appelait Marcel, c’est véridique, non c’est pas un gag. » (Instructif) « TSF ça veut dire télégraphe sans fil ! Moi-même je l’ignorais totalement, passons. » (Tiendrait-il la page « Le saviez-vous » ?) Mme Morgane Paris, TD de Sociologie (1A) « Je ne sais pas s’il y a plus de suicides en Corée du Nord, mais je les encourage vraiment à le faire. » (RIP Louis de Gouyon Matignon)

F. Berrod, Droit du Marché Intérieur (4A) « L’échographie 3D ça ne sert à rien, mais ça permet de visualiser la chose. » (Affectif) « L’Arrêt Bosman, la seule affaire de la Cour commentée dans l’Equipe. » (Sportif) « Le vin rouge qui lutte contre la maladie d’Alzheimer, c’est comme le chocolat qui augmente vos performances sexuelles » (Le constat d’une expérience malheureuse ?) Gabriel Eckert, Droit administratif (4A) « Dieu a créé la terre en 6 jours, puis s’est reposé le 7ème selon la Bible. Mais ce n’est pas vrai. Il s’est remis à travailler, insatisfait avec la volonté de créer l’être parfait, véritablement à son image : il a alors créé le prof d’université. Mais Dieu est un être dialectique et doit donc créer le mal : il a alors créé le « cher collègue » » (En tournée pour son one-man-show les 4, 12 et 21 Avril au Zénith) « La position normale du fonctionnaire… sans aucun jeu de mots » (Graveleux) « Dans un milieu aussi étroit que le milieu universitaire. Pas étroit intellectuellement, hein » (Auto-défense) « “Je ne pourrai faire cours la semaine prochaine”. Une élève : “-Oh nooon !” Lui : « J’apprécie. Votre nom Mlle ? » (Charmeur)

45


Février 2017

Divertissement - Abécédaire

Abécédaire du sciencepiste Par L’Acc’Rauch et Le Maq

A comme… Associations Autant commencer par l’essentiel, le coeur même de Sciences Po. On allait quand même pas commencer par A comme…Administration publique. On sait que ça te vend du rêve mais attend d’être en master. B comme… Bâtiment (mais il a fallut se faire violence pour ne pas mettre « Brasseur ») Mythe ou réalité, personne ne le sait. Les 2A ont encore l’espoir de le voir un jour, sans doute pour leur dernière semaine de cours en 5A. C comme… Colle Qu’elle soit d’EGE, voire de MSS, matiquement pénible. qu’elle rime souvent matin.

d’histoire ou elle est systéD’autant plus avec samedi

D comme…Droit A toi de voir, soit ta matière préférée (et la magistrature est ton avenir) soit ce que tu considères comme une liberté fondamentale : le droit de réclamer le chauffage en amphi 324. E comme… Économie Autant la matière étudiée à l’IEP que ce qui devient nécessaire en fin de mois…Surtout les 3 dernières semaines. F comme…Flamenkuche La question ne se pose même pas… Si tu n’en as pas encore déjà mangé 4 dans la semaine, on se demande vraiment ce que tu fais à Strasbourg. G comme… Gala. Symbole de la fin d’une époque pour les uns, unique occasion annuelle de s’habiller classe pour les autres, il reste un événement attendu dans la vie de l’IEP. H comme… Hormones Toi aussi tu es déçu que le WEI soit déjà fini ? Tu pourras te rat-

traper. I comme… Irish Parce qu’on aurait pu mettre « institution » mais que Irish et Institution, c’est du pareil au même. J comme…Joute Car à l’heure où tu lis cette ligne, Propos a gagné sa manche contre le BDE. Certes pas la finale, mais sa manche, et ça, c’était pas arrivé depuis 8 ans ! Misert et Godot en force. K comme…Krit. Personne ne remet en cause cette orthographe. Il est et sera strasbourgeois. L comme…Liberté Comment ça le mec qui écrit ça à besoin de vacances ? M comme…MSS aka Mémoire Les passations vous ennuient déjà ? profitez, c’est officiellement la meilleure partie de ce travail. Courage et coeur sur vous, c’est un peu comme le WEI, on y passe tous, et après on se sent en famille. N comme…Nafissatou Diallo Elle nous a donné envie de faire Sciences Po, pour mieux comprendre les enjeux politiques et les arcanes du pouvoir. O comme…Oneopo La légende dit qu’un jour, il y a des siècles, dans une contrée lointaine située dans les montagnes de la Foret Noire, des gens portant ce nom se réunissaient et communiaient. P comme…Propos ou… Prix Pulitzer Coïncidence, je ne crois pas ? Q comme…c’est Quand les vacances ? (oui, vraiment beaucoup besoin).

46

R comme… Rafiot (ou redoublement) Et il s’avère que les deux sont plutôt compatibles : à trop fréquenter le premier on risque le second. S comme… Ici, aucun intérêt de préciser, tu as évidemment trouvé par toi même. Et si ce n’est pas le cas, remet toi en question. Es-tu digne de cet IEP ? T comme…Température Parce que tu auras noté que passé le 1er décembre à Strasbourg, ça caille sévère. Pourquoi on n’a pas mis Sciences Po Aix en voeux number one déjà ? U comme…palais U Il fut un temps ou Sciences Po se dressait fièrement dans le coeur du Palais Universitaire…Quelle idée de vouloir construire un nouveau bâtiment alors que ce si beau palais U n’attend que notre retour. V comme…Voisin Les colloc’ c’est bien, les amendes, moins. W comme…Weil A Ce Que Tu Dis Parce qu’il y a des gens qui n’ont toujours pas compris ce que voulais dire WACQTD et parce que sans M. Weil, Propos ne serait pas vraiment Propos #tousdesnuméros10. X comme… X nombres de chopes au Rafiot On a arrêté de compter, trop de dizaines. Y comme… YES YOU CAN Les partiels c’est de l’eau ! Propos te donne la confiance : petit mémo dans ce numéro pour que tout se passe au mieux. Z comme… Zbeul en before, Zbeul au Rafiot, et Zzzz en HGP En résumé, l’ordre naturel des choses après des millions d’années d’évolutions.


Propos n°95

Remerciements

Remerciements Par Le Maq

Plus que deux numéros et l’année est déjà finie. Déjà ? Pas sûr que le mot soit approprié. Et ouais c’est quand même fatiguant d’être maquettiste de Propos, surtout avec la belle équipe qu’on se tape. Je me charge donc des remerciements (première fois depuis longtemps qu’on a la place de les caser, c’est cool. Merci au Président de Propos d’avoir rendu ses articles avec seulement 48h de retard, on est en progrès Merci à Gigi qui assure toujours autant pour les corrections Merci aux vieux cons qui ont répondu à nos questionnaires Merci au BDE, à SPF, à Benjamin et Ana pour cette belle semaine euro Merci aux Erasmus ayant écrit dans Propos Merci à Léo pour son dessin et ses encouragements Merci à Juliette, Jeanne, Étienne, Matthieu et Jérôme pour leurs articles Merci à La fine équipe pour son travail acharné Merci à J-L Mélenchon, de nous avoir planté pour l’interview (mais merci à B. Friot, un vrai fra) Merci à moi-même, d’avoir encore passé un weekend pour le journal que tu tiens entre les mains (j’en ai marre) Merci à LCL de nous imprimer Et merci à vous, fidèles lecteurs du premier organe de presse de la planète. À titre informatif, la passation arrive très bientôt : candidats, tenez-vous prêts ! 47



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.