Numéro 97 - Avril 2017

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Les nouvelles de l’IEP

Avril 2017 - Numéro 97

http://www.sciencespropos.com


Avril 2017

Sommaire Éditorial

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Politique Société

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Tribunes libres

Actualités

Introduction

Sommaire

Réactions Opinions

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Le dossier du mois

L’élection présidentielle

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- Strohteam life - Planète sport

50 52 Divertissement

Vie de l’IEP

Sport

Stagiaire Travailleuse Zoom sur...

El Futuro

Page 16 - 11 candidats en colère Page 40 - Analyse de la campagne

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WACQTD Questionnaire MSS

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Propos n°97

Éditorial

The Propos must go on Par Raphaël Rauch aka l’Acc’Rauch

Actualité oblige, dans ce numéro 97, nous allons largement revenir sur l’élection présidentielle française qui approche à grand pas. Vous retrouverez dans ce numéro une présentation de l’ensemble des candidats à l’élection. Au mieux, nous avons réussi à avoir une réelle interview des plus téméraires (cœur sur vous P. Poutou et N. Arthaud) ; au pire, nous avons quelques lignes de rencontre (ce cher Benoît, qui nous a quand même mis une sacrée douille après cinq heures de conférences et d’attente pour 45 secondes d’interview). Et quand nous n’avons ni interviews, ni rencontres précipitées, nous avons fait en sorte que chaque candidat soit défendu par un élève de l’IEP. Ainsi, il pourra essayer de vous convaincre et de vous dire pourquoi il faut voter pour son candidat. Bref, nous n’avons pas l’ambition de vous déterminer dans votre vote, mais nous espérons que ces quelques éléments, vu par la jeunesse iepienne strasbourgeoise, pourront vous éclairer lors de vos choix. Au-delà du dossier spécial présidentielles, c’est aussi (déjà) le dernier numéro de l’année. Et oui, c’est étrange à dire mais nous y sommes finalement arrivés : le 8ème et ultime numéro de Propos pour l’année 2016-2017. On ne va pas se mentir, c’est arrivé un plus vite que prévu. Il n’y a pas si longtemps que ça, on préparait encore un guide de rentrée à distribuer aux nouveaux pipos, et huit mois plus tard, nous avons tenu notre promesse : réaliser un numéro mensuel, pour revenir sur l’actualité de l’IEP ou plus largement française et internationale. Jamais dans l’Histoire de Propos (crée en novembre 1990, on vous le rappelle pour les plus distraits) le journal n’était sorti avec une si grande fréquence. D’ailleurs M. Blazy n’en revient toujours pas. On a eu quelques galères, on a eu quelques différents, on a eu quelques embrouilles, mais mine de rien, lorsqu’on met ces huit numéros bouts à bouts, je crois qu’on peut être fier de nous. Nous avions la lourde tâche de faire redécouvrir ce journal à l’ensemble de l’IEP, que ça soit aux deuxièmes années sceptiques, aux premières années qui avaient déjà entraperçu des bribes du journal, aux quatrièmes et cinqu… (à non pardon, eux, ils ne sont jamais revenus lire Propos). Avec la confiance de l’administration qui nous a plusieurs fois épaulé dans les épisodes de galères (miskine, je ne me remettrais jamais de cette grève de la poste) et le travail acharné de quelques personnes, Propos est redevenu le digne journal qu’il était à

sa création. Nous espérons sincèrement que vous avez tous pris du plaisir à le lire, à le feuilleter, à le retrouver tout au long de l’année ; qu’il vous aura occupé entre deux passations de MSS ou qu’il vous aura permis de mieux connaître toutes les filles de la Strohteam Basket (que Propos félicite plus que jamais pour son succès au KRIT). Il est donc bientôt venu le temps de laisser la place à la nouvelle génération de journalistes en herbes qui portera votre journal à la rentrée prochaine. Nous souhaitons de tout cœur bonne chance (et bon courage) à la future équipe de Propos (qui se décide encore au moment où j’écris ces lignes). Qu’elle lui fasse honneur en améliorant toujours la qualité du journal, en développant son contenu, en augmentant sa diffusion et en le rendant toujours plus indispensable à la vie de l’IEP. Sans oublier le plus important, pour citer un grand poète de l’IEP injustement méconnu : le journal en couleur, c’est le début du bonheur.

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In Propos Veritas


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Actualités - Politique

Les actualités Politique

- Les législatives de l’incertitude

- Retour sur la conférence des «Femen» - Anatomie de l’oppression

Société

Les législatives de l’incertitude Par Gigi Abrams

La France entière est actuellement focalisée sur l’élection présidentielle, sur qui sera notre prochain président. Chacun y allant de son pronostic pour savoir qui sera le plus à même de diriger notre pays. Mais il y a un élément que, à tort, l’on oublie trop souvent, c’est que le président ne décide pas seul, et que par conséquent la présidentielle ne décidera pas du destin d’un pays entier. En effet, l’exécutif soumet ses propositions de loi au Parlement, et quand bien même il souhaite gouverner par ordonnance, il lui faut aussi l’aval des parlementaires. De ce fait, si le président n’a pas une majorité parlementaire alors il ne peut pas faire grand-chose, et chaque prise de décision se transforme en un bras de fer interminable avec les représentants de la Nation. Et à ce propos, nos représentants seront bientôt renouvelés : en juin pour nos chers députés, et en septembre pour la moitié des sénateurs. Passons outre le fait que le Parlement recommencera à travailler qu’aux alentours d’octobre, il est primordial de se rappeler l’existence de ces élections. Parce

qu’en ces temps de campagne basée sur des hommes providentiels qui pensent changer notre pays à eux seuls, il convient de leur rappeler qu’un pouvoir législatif existe, qu’il faut son accord, et qu’on ne décide pas un beau matin d’une mesure qui s’appliquera le soir même. Mais cet oubli peut paraître compréhensible, tant le Parlement a perdu de tout son pouvoir sous la Ve République, maté par la férocité d’un exécutif gaullien des débuts et par un quinquennat qui n’ont fait que le transformer en une simple chambre d’enregistrement de la volonté présidentielle. Or, la situation est sur le point de changer. Actuellement, les deux favoris des sondages (cela vaut ce que cela vaut) sont Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Deux candidats qui sortent du bipartisme en vigueur depuis 1958, hors des deux grands partis de gouvernement. Or, ces derniers ont non seulement les ressources, mais aussi la capacité de mobiliser les candidats et les électeurs pour les élections législatives. Bien qu’on les assimile souvent à une simple ratification de la présidentielle,

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les législatives obéissent à des logiques locales qui sont souvent complexes et ancrées historiquement. Dans ce contexte, il sera plus que difficile pour le FN et En Marche ! d’obtenir une majorité législative afin de gouverner. EM déjà, parce que cela sera sa deuxième élection seulement et qui lui faudra apprendre les codes qui la régissent, séduire les électeurs en surfant sur la hype d’un Macron fraîchement élu et éviter de se faire avoir par le PS ou LR rodés à cet exercice ; autrement dit une mission quasiment impossible. Quant au FN, bien qu’ayant plus d’expérience législative, le scrutin majoritaire à deux tours devrait freiner son ascension, fragmentant le paysage politique par le vote utile plutôt que de lui offrir une confortable majorité comme cela a été le cas pour le PS en 2012. En ce qui concerne les sénatoriales n’en parlons même pas, puisque ces partis devront faire l’exploit de percer la carapace clientélaire des élus locaux contrôlant la chambre haute, sachant que les deux partis n’ont qu’une faible assise locale et donc un faible réseau clientélaire pour gagner cette élection, ils ne


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Actualités - Politique Éditorial

devraient pas obtenir une dizaine de sièges. Mais qu’est-ce que cela impliquerait concrètement ? Dans cette hypothèse, Macron et Le Pen ne pourront gouverner que par coalition. Macron bénéficiera sans doute

pas gouverner à moins de violer sciemment la Constitution, tout en étant soumise aux joies d’une cohabitation forcée. Sachant que les deux partis n’auront pas le Sénat (qui devrait voir son basculement à droite confirmé), l’exécutif verra

parlementaires pour gouverner et mener à bien les projets de l’exécutif. Les élections législatives pourraient bien révéler le Parlement au grand jour, lui permettant de retrouver son rôle de vé-

d’une alliance centriste avec les modérés du PS et de LR, mais son alliance sera bancale et soumise aux fluctuations des députés qui la composent. On sera loin de la présidence forte revendiquée dans les discours de l’ancien ministre, mais plutôt dans une négociation permanente pour avoir des majorités de circonstances sur ses principaux textes. Pour MLP, la situation est nettement plus complexe : le FN doit à tout prix remporter la majorité parce qu’il pourrait voir le reste de l’échiquier politique se coaliser contre lui au Palais Bourbon (notamment entre PS et LR). Bien que la Constitution stipule que le Premier ministre est issu du parti majoritaire, nous ne sommes pas à l’abri de manœuvres politiques en cas de victoire frontiste, ce qui serait un revers considérable pour MLP qui ne pourrait tout simplement

le processus législatif ralenti, mais surtout sera dans l’impossibilité de mener toute réforme constitutionnelle, sauf en violant la Constitution comme savait si bien le faire de Gaulle en 1962 et en 1969. Nous sommes partis de l’hypothèse où les nouveaux candidats arriveraient au sommet, mais rien n’exclut une situation analogue en cas de victoire des socialistes ou des républicains, voire de Mélenchon. La fragmentation du paysage politique français devrait se retrouver dans l’Assemblée nationale, les négociations pour former un gouvernement à l’issue des élections s’annoncent rudes. À l’heure où certains craignent une dérive autoritaire, celle-ci pourrait bien être stoppée par un Parlement fragmenté entre les grandes forces politiques du pays, rendant compliquée la formation de majorités

ritable contrepoids à l’exécutif. À vrai dire, c’est la stabilité tant vantée de la Ve République qui serait mise à mal par un gouvernement de coalition fluctuant au gré des textes et des humeurs politiques. Les compromis seraient monnaie courante, les discussions longues et interminables et l’exécutif ne seraient plus le seul maître à bord, il devra composer avec un Parlement éclaté. En fin de compte, le renouvellement des deux chambres cette année pourrait sonner le glas de la monarchie présidentielle et marquer le retour en force du législateur sur la scène nationale. À l’heure où tous se demandent quel président gouvernera le pays en mai, il serait bon de se demander avec quelle majorité parlementaire il compte gouverner. Car comme toutes questions soulevées par ces élections, elle demeure imprévisible.

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Actualités Éditorial - Société

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Retour sur la conférence des «Femen» du 18 février Par Nolwenn Giry-Fouquet

La conférence donnée à la librairie Kleber portait sur le livre d’Inna Shevchenko, leader des femen en France, et de Pauline Hillier, activiste au sein du mouvement depuis 2012. Ces deux femen ont voulu dénoncer l’emprise de la religion sur les femmes, et sur le corps des femmes à travers leur livre « Anatomie de l’oppression ». En quelques mots, le livre se penche sur chaque partie du corps féminin : la tête, les seins, le cœur, le ventre, etc ; pour ainsi montrer qu’en réalité ces organes sont tombés sous le joug des dogmes religieux. Si l’une des critiques portées sur ce livre est la radicalité des mots et des idées, cette radicalité est cependant assumée par les femen. Pour elles, c’en est même une nécessité. Elles n’ont pas peur de crier haut et fort que les religions sont faites PAR des hommes et POUR des hommes, et que la femme s’en trouve asservie. Elles commencent leur conférence en revenant sur leur passé et en montrant à quel point le parcours de chacune a imprégné et marqué leur engagement

auprès des femen. Alors qu’Inna a grandi dans une Ukraine régie par les règles patriarcales, Pauline est née en Vendée, dans un pays où il n’y a pas autant de pressions sur les femmes. Or, elles soulignent l’universalité du combat féministe. Pauline mentionne que durant ses études d’art, malgré la majorité d’étudiantes, ce sont les étudiants hommes qui avaient le plus d’opportunités professionnelles. Quant à Inna, elle fut durant sa jeunesse, et encore aujourd’hui, marquée par la prostitution et l’exploitation des femmes en Ukraine. Elle raconte que, de nombreuses fois, lorsqu’elle marchait dans la rue, des hommes venaient lui donner des flyers proposant du travail sexuel dans des clubs. Inna s’indigne face au fait que de telles pratiques ne soient pas combattues, dans une société ukrainienne où la religion a une place prépondérante dans les mœurs. La religion a pris une telle importance dans nos modes de vie et nos pensées, que pour certains, ne pas avoir de religion paraît inconcevable. Elles racontent que lorsque Pauline était emprisonnée

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pendant un mois en Tunisie, les femmes tunisiennes emprisonnées trouvaient cela anormal qu’on puisse être athée. Cela montre à quel point la religion est ancrée dans la mentalité de ces femmes. Elles s’indignent donc face à ce « sacré » que l’on protège, que l’on ne devrait pas attaquer. Mais au nom de la liberté d’expression, elles revendiquent le droit de pouvoir s’attaquer à la religion. Leur conférence s’achève sur l’idée qu’il faut que « la religion s’adapte », car « c’est sa seule chance de survie ». Elles sont bien conscientes que les religions ne sont pas mauvaises dans leur fond, mais selon elles, pour que la parité homme/ femme soit effective, la religion se doit d’évoluer. Enfin, j’ai trouvé l’un des échanges qu’il y a eu avec le public assez éclairant. Un homme se demandait si ce n’était pas aussi le rôle des hommes qui était à redéfinir, afin de pouvoir réfléchir ensuite à la condition de la femme dans la société. Il s’explique en disant qu’étant lui-même transsexuel, il a eu du mal à s’afficher en tant qu’homme car on met une étiquette sur le rôle de l’homme dans la société actuelle (« un homme ne doit pas pleurer » « un homme doit être fort »). Pour lui si la condition de la femme est si dégradée, c’est aussi à cause des schèmes de pensée que l’on véhicule sur le rôle de l’homme au sein de la société. Sur ce point, les femen sont complètement d’accord. Ainsi reconsidérer la place des hommes au sein de la société serait le premier pas vers une meilleure acceptation de celle des femmes.


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Actualités - Société

Anatomie de l’oppression Par Une Moule

Dans Anatomie de l’oppression, sorti en mars 2017, Inna Shevchenko, l’Ukrainienne leader des Femens et Pauline Hillier, une militante française exposent la manière dont la religion est la principale cause de la condition des femmes dans le monde, en étudiant l’expression de la domination patriarcale sur chaque partie du corps des femmes. Les textes religieux des trois religions abrahamiques traités ici ont été écrits plusieurs milliers d’années auparavant. Et pourtant, leur influence néfaste est encore bien présente dans nos sociétés, dans nos corps et dans nos esprits. Ainsi, chaque chapitre consacre une partie du corps de la femme, tel qu’il est oppressé par la religion : le livre part donc de la tête, passe la poitrine, le ventre, le sexe, les mains ou encore les pieds. Je n’ai jamais vraiment su comment me positionner face aux Femens, leurs actions étant critiquées et discutées un peu partout. Mais, après lecture de ce livre, ce dont je suis certaine c’est qu’elles se justifient, que leurs idées ont du sens. Etant athée, non baptisée, j’ai toujours été très éloignée de la religion dans mon cercle proche. D’un côté, les quelques croyants que je connais sont loin d’être des fervents pratiquants. D’un autre côté, les médias ne cessent de nous montrer les pires exemples de l’intégrisme religieux. D’où un rapport personnel à la religion très ambiguë. Ainsi, je crois au respect des religions et à la liberté de culte, mais il s’agirait avant tout que les religions respectent les femmes. Ce livre n’a fait que renforcer ma conviction, en montrant le non-sens des traditions et valeurs religieuses sexistes qui m’affectent moi-même, pourtant athée vivant dans une société oc-

cidentale. Que ce soit l’islam, le christianisme ou le judaïsme, toutes prônent la soumission des femmes dans leurs textes et traditions. Pourquoi donc ? Tout simplement car les textes religieux ont été écrits par des hommes, pour des hommes et contre les femmes, à qui l’on attribue tous les torts. N’estce pas Eve qui a croqué la pomme ? Vous avez du mal à me croire ? Extrait du nouveau testament : « Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur ; car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Eglise, qui est son corps, et dont il est le sauveur ». Encore ? Extrait du Coran (sourate 2 verset 223 « Les femmes sont votre champ de labour. Cultivez-le de la manière dont vous l’entendrez, ayant fait auparavant quelque acte piété ». Vous allez me dire que ces textes ne sont que des mots écrits il y a des siècles auparavant, qu’ils ne font plus sens aujourd’hui. Et pourtant… Les femmes, la moitié silencieuse de l’Humanité La religion a toujours été une barrière à la liberté d’expression que ce soit par ses morales, ses règles, ses tabous, ses blasphèmes qui ont « noyauté » les sociétés, progressistes ou non. D’ailleurs, critiquer la religion reste « un des actes politiques les plus courageux au XXIe siècle ». S’exprimer contre Dieu en 2016 est passible de mort dans 13 pays du monde, et le blasphème passible de prison ou d’amendes dans 39 pays y compris la Nouvelle-Zélande, l’Allemagne et même l’Alsace ! En témoigne Charlie Hebdo et ses « l’avait quand même bien cherché ».

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Les femmes sont celles qui subissent le plus cette censure : « l’Eglise catholique leur accorde tout juste le droit de lire des prières et de chanter, le judaïsme leur interdit de lire la Torah ». Ce passage du livre m’a particulièrement marqué, à travers les nombreux exemples de textes. N’est-il pas vrai que ce silence des femmes se retrouve même dans une salle de classe à l’IEP, que nous l’avons, nous étudiantes pleinement intégré. Facile alors d’expliquer la haine et l’incompréhension qui animent les détracteurs des Femens qui expriment leur message de façon atypique, mais surtout avec force. Couvre-toi Alors que la kippa est portée pour « honorer Dieu », le couvre-chef des femmes est lui porté pour « dissimuler ses attraits » et ne les réserver qu’aux regards exclusifs de son mari. Quant à l’Eglise catholique, bien qu’elle ait fait des progrès, on trouve toutefois dans les textes des paroles prônant la même idée « L’homme ne doit pas se couvrir la tête puisqu’il est l’image et la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l’homme » (Première épître aux Corinthiens 11,7) « C’est pourquoi la femme, à cause des anges doit avoir sur la tête une marque de l’autorité dont elle dépend » (11,10). Si une femme désire porter un voile par pudeur ou tout simplement parce qu’elle en a envie, car c’est sa culture : c’est son droit. Comme le soulignent Inna et Pauline, « régir les tenues vestimentaires des femmes dans leur vie privée, dans la rue ou sur la plage nous semble effectivement liberticide » ; « Les armes de nos sociétés laïques doivent être le débat, l’éducation et l’intégration ». Toutefois, il ne faut pas


Actualités - Société

oublier qu’en défendant les vêtements les plus intégristes, on défend les intérêts des islamistes qui forcent des millions de femmes à porter le voile, tandis que d’autres choisissent de le porter, consciente ou non des idées sexistes qui les habitent. De même, la lecture des écrits islamiques reste une affaire d’interprétation : une partie des musulmans qu’Inna et Pauline appellent « modernes » ne considèrent pas les cheveux comme « awrah » c’est-à-dire intime (ce qui doit être caché). La « liberté de choix » est quelque chose de très subjectif : en 2015, Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur s’affiche « tout sourire » aux côtés d’une petite fille voilée. Le concept de « liberté de choix » est ébranlé : est-ce que cette petite fille est consciente qu’elle soustrait sa beauté envoûtante aux appétits sexuels des hommes ? Comment un choix peut-il être fait de gré lorsqu’on y est incité depuis la maternelle ? De plus, pourquoi le voile, censé « honorer la femme », est-il utilisé en Tunisie pour couvrir les têtes des prisonnières ? Pauline en a fait l’expérience lorsqu’elle fut condamnée en 2013 pour « atteinte aux bonnes mœurs » suite à une action menée devant le palais de justice de Tunis pour réclamer la libération d’Amina, une sympathisante Tunisienne. Cachez ce sein que je ne saurai voir : entre hyper sacralisation, hyper sexualisation et pudeur

Les seins sont un outil de communication largement utilisés par les médias, et largement encensés par la religion pour sa fonction d’allaitement. En parallèle, les tétons des femmes sont censurés sur Facebook et l’on s’insurge lorsque les Femens décident de les afficher. « La femme est tentatrice ou sainte, démone ou déesse, Eve ou Marie, putain ou mère, mais jamais autre chose, jamais surtout ce

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qu’elle décide d’être ». En 2016, une mère qui allaitait dans une rame de métro nantais a été rappelée à l’ordre ( à tort ) par un agent de sécurité qui lui affirma que la pratique était considérée comme exhibitionniste. La religion joue un rôle clef en rendant obscène ce qui ne l’est pas. Ce contrôle de la sexualité féminine qu’exige les religions conduit à des formes de torture, notamment dans des communautés chrétiennes où l’on bande les seins des jeunes filles dès leur plus jeune âge, allant jusqu’à leur appliquer des spatules chaudes à même la peau. Enfant, l’apparition de la poitrine marque la fin de l’égalité entre garçons et filles : il ne nous est plus permis de nous balader sans T-shirt sans paraître pour des exhibitionnistes. En 2016, aux Etats Unis, une étudiante a été convoquée par le directeur car elle ne portait pas de soutien-gorge sous ses vêtements… « Jamais aucune femme ne s’est plainte des bosses ostensibles des braguettes des hommes […] Jamais elles n’y ont vu un appel au sexe ». Enfin, un passage du livre qui résume extrêmement bien ce qu’Inna et Pauline veulent démontrer : « Visualisez : à gauche, la photo d’une femme seins nus brandissant une pancarte dans une manifestation, à droite, celle d’une danseuse seins nus du Crazy Horse. C’est systématiquement celle de gauche qui sera conspuée. Vous ne voyez pas de différence entre la poitrine de l’une et de l’autre ? Il y en a une pourtant : celle de gauche n’est pas tournée vers le plaisir masculin. Partout où elle passe celle de gauche est insultée, battue et arrêtée ». L’endoctrinement Au Burundi, où la religion majoritaire est le catholicisme (60% de la population), en 2013, 73% des femmes contre 44% des hommes pensent qu’un mari peut frapper son épouse si elle brûle le

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repas, si elle néglige les enfants ou si elle refuse d’avoir des rapports sexuels). La religion, c’est donc le contrôle du corps, mais aussi celui de la pensée. C’est l’art de l’endoctrinement des femmes, du formatage et du muselage. C’est leur faire croire que ces idées viennent d’elles. Ainsi, les femmes sont souvent ennemies de leurs propres droits et de leur propre épanouissement. Conclusion Les femmes doivent acquérir une indépendance intellectuelle suffisante vis-à-vis de la religion pour se libérer. De plus, les religions doivent se réformer toute seule. Les interventions des occidentaux ne vont provoquer qu’un renfermement de l’islam intégriste sur lui-même. Inna et Pauline soulignent que la présence d’une tête en haut de la pyramide hiérarchique religieuse favorise la libération des femmes : l’islam, qui ne possède pas de Pape comme les catholiques, éprouve alors plus de difficultés à se rénover lorsqu’une poignée d’intégristes s’emparent des textes et en font leur propre interprétation. « Les religions abrahamiques patriarcales n’ont pas moins de torts que les grandes industries de la mode ». Les standards sont différents mais restent imposés aux femmes. La seule différence réside dans leur utilisation : pour l’un, les femmes sont un outil commercial tandis que pour l’autre, elles servent à renforcer la déférence du féminin au masculin. De plus, il va sans dire que les hommes sont également soumis à une conception rigide de ce que doit être leur rôle. A croire que la religion considère les hommes comme des gros pervers incapables de se contrôler. Au final, les hommes ne sont-ils pas, aussi contre leur gré, sous l’emprise de leur propre créativité ?


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Tribunes libres - Réactions Éditorial

Tribunes libres Réactions

- Le mythe de l’homme providentiel, un danger pour la démocratie

Opinions

- Patricia Kaas, les grenouilles et le dimanche. - Vers une décadence pédagogique ?

Le mythe de l’homme providentiel, un danger pour la démocratie Par Gigi Abrams

La France est en crise à peu près tous les niveaux : économique, politique, social. Ce contexte de crise rejaillit avec force dans une campagne présidentielle déjà délétère. Ce contexte morose offre un terreau fertile à l’apparition d’une grande figure de la vie politique française : l’homme providentiel. L’homme providentiel est aussi vieux que la République, aussi vieux que la politique dans le monde, et a été notamment théorisé par René Girard ou Jean Garrigues comme une personne tierce (donc hors de l’appareil partisan classique) voulant sauver le pays de la crise, par tous les moyens. Figure directement tirée de l’imagerie chrétienne du prophète, l’homme providentiel a de tout temps existé dans la République française, y compris aujourd’hui. Macron, Mélenchon et Le Pen se posent chacun dans cette figure très simple qui permet d’attirer des suffrages de tous bords, et notamment des classes populaires qui s’identifient plus facilement à cette figure de sauveur. Hamon et Fillon ont du mal à utiliser cette figure car ils ont été désignés par les électeurs à l’issue de primaires, pas par le Ciel.

Pourtant, il nous faut nous méfier de la figure de l’homme providentiel, car celle-ci est toujours directement entrée en conflit avec l’idée même de la démocratie et de son fonctionnement. Des exemples d’hommes providentiels, notre histoire en compte plein. En tête, on a Napoléon, illustre empereur des Français encensé par l’historiographie, qui fut à la tête d’un régime dont l’autoritarisme n’a rien à envier aux dictatures actuelles et qui a envoyé toute une classe d’âge à la mort dans des campagnes militaires aux quatre coins de l’Europe. La IIIe République a toujours essayé d’empêcher une figure d’homme providentiel d’émerger, car elle savait que cela représentait un danger à son existence (la chute de la IIe République servant d’avertissement), la tentative de Boulanger dans les années 1880 ne pouvant lui donner que raison. Cependant, elle céda aussi aux sirènes du sauveur lorsque Clémenceau prit le pouvoir pendant la dernière partie de la Grande Guerre, gouvernant le pays d’une « main de fer », euphémisme pour dire autoritaire. Pétain s’est aussi posé en sauveur

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d’une France humiliée après la défaite de 1940, ce qui lui a donné la légitimité nécessaire pour installer le régime de Vichy. Enfin, ce fameux général de Gaulle, arrivant au pouvoir en 1958 en tant que sauveur d’une France au bord de la guerre civile (quitte à préparer un coup d’État en secret), installant un régime personnel et conservateur qui fut prolongé tant bien que mal par Pompidou. Entre exactions du SAC contre les opposants, mépris du Parlement et de la Constitution, répression des manifestations de gauche, référendums transformés en plébiscites et censure des médias, on ne peut pas dire que le gaullisme ait été une période fort démocratique. Ce résumé orienté et très rapide de l’Histoire nous permet de comprendre un point fondamental : l’homme providentiel n’est pas compatible avec la démocratie. Toute la Ve République et notre culture politique récente sont fondées sur ce mythe d’un sauveur de la France en crise. Ce mythe sous-entend qu’un homme seul, le président, viendra à bout de tous nos maux par sa propre volonté. Or, le président ne décide pas seul, pas


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Tribunes libres - Réactions

dans un régime qui se veut démocratique du moins : il doit composer avec le pouvoir législatif, mais aussi avec quantité d’acteurs (lobbys, syndicats, associations) qui font que le président ne peut pas appliquer son programme tel qu’annoncé. Macron, Mélenchon et Le Pen veulent sauver la France, partent seuls en campagne contre un système à l’agonie. S’il est permis de douter des velléités autoritaires de Macron ou Mélenchon qui verront plus leur projet se fracasser sur le mur de la réalité institutionnelle du

viendrait freiner la volonté du sauveur envers le pays. Vous vous rappelez dans les films ces héros qui passent outre ceux qui s’opposent à leurs plans de sauvetage ? Maintenant, retranscrivez cela dans le contexte politique. L’homme providentiel part du principe que son projet finira par rallier ses opposants car il est juste, et que leur mise à l’écart n’est que temporaire, que le mépris de l’État de droit et des droits de l’homme qui peuvent survenir ne sont que des passages nécessaires. Com-

projet entouré de ses lieutenants, le reste est accessoire. Quand on dit que l’homme providentiel se présente hors du système partisan, c’est soit qu’il veut se démarquer du système qu’il combat, soit qu’il est arrivé au pouvoir en-dehors de toute élection, comprenez par un coup d’État. Alors que notre pays traverse une crise profonde et durable, la figure de l’homme providentiel dans cette campagne présidentielle nous apparaît comme la solution définitive. Pourtant, nous de-

pays, il convient de s’inquiéter pour Marin Le Pen, d’autant plus qu’elle se réclame du gaullisme. Mais la politique-fiction n’est pas l’objet de cet article. De ce fait, une fois au pouvoir, l’homme providentiel va soit voir sa volonté se fracasser contre la situation concrète (suscitant ainsi la colère des électeurs), soit franchir tous les obstacles qui se dressent face à lui pour réaliser son dessein divin. Par obstacles, on entend généralement l’opposition ou tout pouvoir, entité, qui

bien de régimes autoritaires se sont installés par la force au pouvoir en utilisant ce mythe du sauveur de leur pays en crise ? Dans une compétition politique normale, on peut se poser en homme fort, s’affirmer en tant que candidat qui compte résorber les maux du pays, cela ne fera pas pour autant penser à un homme providentiel. Car l’homme providentiel passe outre la compétition électorale, il considère que le Ciel lui a donné un mandat et que le peuple ne fait que le valider, lui seul peut mener son

vrions nous inquiéter de ceux qui se proclament comme sauveurs de la République et de ses citoyens. Nous devrions nous en inquiéter au nom de notre démocratie, de nos libertés, car l’homme providentiel est un danger pour notre démocratie. Cela, car un homme seul ne peut sauver le pays, à moins de mettre à terre tous les autres organes constitutionnels de la République. Dans ce cas, nous n’aurions plus un sauveur mythologique à la tête de notre pays, mais un dictateur.

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Propos n°97

Tribunes libres - Opinions

Patricia Kaas, les grenouilles et le dimanche. Par Valentina Ivanova

Je passe ce semestre à Sciences Po Strasbourg. Ceci, bien sûr, n’est pas ma première fois en France, mais ce pays ne cesse de m’étonner. En outre, je commence enfin à comprendre ce qui est un cliché, et ce que les Français font réellement. Par conséquent, j’ai décidé de parler des stéréotypes les plus courants sur la France dans mon pays - la Russie - et de les déconsidérer ou, vice-versa, confirmer… №1. Les Français n’aiment pas

parler d’autres langues que le français

En Russie, les gens pensent que si vous parlez à un Français en anglais, il ne vous répondra pas. Cela s’applique aux touristes. Bien sûr, il est dommage pour le français que le langage unique de la communication mondiale soit remplacé par l’anglais omniprésent. Mais vous ne restez jamais complètement sans réponse. Par conséquent, il vaut la peine d’apprendre au moins quelques phrases en français, afin de ne pas paraître ignorant. Les Français adorent leur langue et c’est génial. D’où l’opinion que les Français ne parlent pas bien l’anglais. On ne peut pas dire que tous les Français connaissent l’anglais parfaitement, mais il y a ceux qui le parlent librement. Ceci, comme dans tout autre pays. Mais il convient de noter que lorsque les Français parlent anglais, ils ont un accent spécifique en raison de consonnes douces. №2. Les Français organisent

constamment des grèves et des manifestations

Oui, c’est vrai. À Strasbourg, je vois souvent des grèves, par exemple, le samedi après-midi, en train de marcher dans le centre

de la ville. Néanmoins, la grève française ne dure généralement pas longtemps et ne diffère pas en efficacité. №3. Les femmes françaises sont raffinées et élégantes

Les Français et surtout les Français savent s’habiller avec goût, la France est le lieu de naissance de grands noms dans l’industrie de la mode, comme Chanel, Dior et Yves Saint Laurent ! Mais maintenant, on voit que les femmes françaises s’habillent assez laconiquement, de sorte que ce soit avant tout confortable. Mais c’est la tendance de notre temps, quand on doit être constamment en mouvement, alors je trouve cela absolument normal. Ici, je veux faire une petite comparaison sur les Français et les Russes qui s’habillent dans l’université. Probablement, 70% des étudiantes russes s’habillent assez bien à l’université, du moins elles essayent. Robes, jupes, ou talons, elles couvrent toujours leurs cheveux et, bien sûr, le maquillage. Alors que les filles françaises préféreront des vêtements confortables et un maquillage minimal. Je ne sais pas, nous avons tous les jours à l’université, comme une fête pour une raison quelconque. №4. Les Français sont sympathiques et bienveillants

Simplement si vous venez en Russie, vous serez peut-être surpris du fait que personne ne vous accueille dans le bus, et dans le magasin, personne ne souhaitera une bonne journée. En France, c’est familier, presque automatique, pour dire bonjour dans les transports en commun avec chauffeur ou pour souhaiter une bonne journée / soir / nuit (souligner) ou

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un bon week-end, s’il est vendredi. Ce n’est pas la bonne volonté, mais une simple règle de comportement dans la société. En Russie, nous ne faisons pas cela, mais pas parce que nous ne sommes pas amicaux, mais parce que nous n’aimons pas entrer en contact avec des étrangers. №5. Tous les Français sont fumeurs

Oui, en France, en fait, on fume beaucoup. Mais ils ne fument pas plus qu’en Russie, par exemple. C’est un cliché commun selon lequel un Français a toujours une cigarette à la main. №6. Les Français portent tou-

jours un béret sur leurs têtes, ils

ont un marin sur leurs corps, et ils

portent une baguette et du vin dans

leurs mains. Cette idée des Français nous est venue avec des photos et des films. Je suis d’accord, un homme avec une baguette sous son bras est beaucoup plus facile à rencontrer en France qu’en Russie. Mais je connais beaucoup de Français qui n’achètent pas de pain tous les jours, ils n’aiment pas le fromage (quelle horreur !), surtout avec une forte odeur, et ne mangent pas d’huîtres, de grenouilles et de foie gras.

№7. Une bureaucratie française sévère

En effet, la France utilise activement la paperasserie. De plus, tous les comptes, lettres et autres documents ne doivent jamais être jetés. Un papier soigneusement rempli - la clé du succès dans près de 100% des cas. Il m’a fallu beaucoup de temps pour terminer toutes les questions administratives à l’arrivée (entrée à l’université, assu-


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rance, ouverture d’un compte bancaire, achat d’une carte SIM, etc.). Il s’agit d’un véritable essai pour obtenir un morceau de papier d’un endroit à l’autre. Mais peut-être que c’est vraiment une lutte pour d’autres étudiants étrangers, mais pour moi ce n’est pas le cas, car la bureaucratie est semblable à la fois en France et en Russie. №8. La France est un pays cher On peut l’accepter. Eh bien, par exemple, les produits : ce qui est vendu en Allemagne pour 1 euro, en France coûtera 2 euros. Par conséquent, certains étudiants se rendent pendant quelques heures à Kehl, pour acheter des provisions pour une semaine, voire un mois à venir. Donc, plus rentable, et cela semble cool : conduire en Allemagne pour la nourriture. №9. Patricia Kaas est la plus célèbre chanteuse française

En France, la chanteuse avec une voix inhabituelle n’est pas très populaire. Patricia Kaas est beaucoup plus aimée par le public russe que par les Français eux-mêmes.

№10. Les Français sont toujours

№12. Tous les Français cuisinent

J’ai vraiment commencé à remarquer qu’être en retard de 10 à 15 minutes est la norme. Bien que, peut-être, il me rencontrait de telles personnes.

La cuisine française est connue comme une des meilleures du monde. En effet, l’UNESCO a inclus les traditions culinaires françaises dans la liste du patrimoine culturel immatériel d’importance mondiale. Néanmoins, je ne peux pas dire si tous les Français savent comment bien cuisiner. Mais ils savent avec certitude sur la nourriture !

en retard

№11. Les Français ne sont pas la nation la plus industrieuse

Je vais citer des faits. La semaine de travail en France est de seulement 35 heures (pour comparaison, au Brésil - 44 heures, en Allemagne et en Russie - 40 heures). En outre, le déjeuner dure de 12 à 14 heures. Cette pause de deux heures est un rituel pour les Français. Eh bien, par exemple, nous, les étudiants de Sciences Po, allons manger dans un Resto U. C’est un temps que personne ne nous enlève, nous ne mangeons pas seulement, nous parlons, nous discutons les dernières nouvelles, partageons des impressions, planifions le week-end et juste nous reposons de l’école. Le fait que les magasins travaillent seulement à 20h00, est un fait déprimant, car je suis habitué à ce qu’il y a toujours des endroits en Russie qui sont ouverts 24 heures par jour, 7 jours par semaine. Et puis, dimanche, tout est fermé. Et non seulement ce jour-là, parce que les banques, par exemple, sont fermés le lundi.

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bien

№13. Les étudiants de français ne répondent généralement pas aux cours

C’est comme ça. Si nous comparons des cours en France et en Russie, je peux dire avec certitude que les étudiants français préfèrent plutôt écouter l’enseignant. Et, bien sûr, écrivez ce qu’il dit. Plus précisément, ils tapent. Oh ouais, c’est la différence drôle entre les Français et les Russes : vous tapez des courses, et nous les écrivons. Parfois, les étudiants français n’ont plus de stylo avec eux, ce qui est très étrange pour moi, car c’est toujours dans mon sac, car je n’écris que dans le cahier. Je tiens à souligner la capacité spatiale des étudiants français à taper rapidement pour suivre l’enseignant ! Je ne peux pas faire ça…


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Vers une décadence pédagogique ? Par un auteur anonyme

Loin de vouloir tomber dans le lieu commun du « sciences pipo » cet article est un cri d’alarme, qui pose un constat et appelle à la réflexion. Il s’agit de s’éloigner d’une complaisance facile, de se dire qu’ailleurs c’est pire, que ça va, sans pour autant s’abaisser à « cracher dans la soupe ». Car derrière cet article se cache la volonté d’améliorer notre IEP, ce qu’il devient nous concerne tous direc-

semble nous pouvons envisager la pédagogie à l’IEP différemment. Transmettre, c’est bien là toute l’idée de la pédagogie, mais il faut que cette transmission soit durable. Que transmet-on à l’IEP ? Énormément, mais qu’en garde-t-on ? Finalement trop peu. Le premier pilier auquel s’attaquer doit être celui de l’évaluation, et nous savons tous qu’apprendre bêtement son cours est largement plus rentable

tout défini. Ici, soit vous jouez le jeu, soit vous vous brûlez les ailes. La dissertation qui n’est d’ailleurs plus un impératif dans de nombreuses matières, à se demander si nous renonçons ou si nous tendons à embrasser un modèle anglo-saxon, mais dans une grande école de France il serait dommage de renoncer à un tel patrimoine. Le cours doit en effet être un socle, et non pas une finalité, sauf peut-être

tement, notre diplôme restera à jamais lié à son nom et à sa destinée. La formation iepienne est pleine de potentiels et de richesses, de par sa diversité et sa complémentarité, un potentiel qu’il serait si dommage de laisser se gâter. Loin de vouloir jeter l’opprobre sur des professeurs compétents et reconnus, forts sympathiques pour l’immense majorité, l’article vise à leur montrer qu’en-

dans les notations du premier cycle que de vouloir s’en détacher afin d’amener sa propre pierre. D’aucuns assument ouvertement vouloir retrouver leurs mots, leurs titres dans les copies, mais l’art dissertatoire s’en retrouve alors vicié : car la dissertation c’est l’occasion de la liberté intellectuelle, et non pas le prétexte d’une simulation, de la recopie d’un mode de pensée déjà

au collège, mais sommes-nous au collège ? Croyez-le ou non, mais la blague existe. Quel paradoxe pour un IEP qui met concrètement à la disposition de ses élèves des moyens considérables en termes associatifs, de conférences, de rencontres, de voyages, et de tant de belles et bonnes choses, qui sont finalement réduites à des examens aux attraits hypocrites. Vous

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me répondrez alors qu’au final tout le monde s’y retrouve, que les redoublements sont rares, qu’il y a des bons et des moins bons, et que ce n’est que du détail. Pourtant, une réalité plus sombre se cache derrière tout cela : l’oubli. Car le système ainsi configuré fait que la totalité ou presque des élèves doivent se gaver de connaissances avant quelques échéances, et ainsi oublient tout le lendemain. Quelle frustration que d’être obligé de voir tant de choses pour finalement n’en retenir si peu. Le choix d’aller dans une grande école c’est aussi celui de ne pas aller à l’Université (pour x raisons) et pourtant nous nous retrouvons face au même système, aux vices identiques, estce bien cela la direction qu’il faut emprunter. Nous avons nos locaux et notre liberté, à nous de composer avec, moins d’amphis pour plus de TD ? Un système de classes comme en prépa ? Quoi qu’il en soit, il faut réagir, car la frustration est extrême, d’avoir tant de savoir à disposition mais de subir une organisation cours/examens qui nous empêche en terme de temps/ rentabilité de devenir compétents au premier cycle. Comme effet secondaire, le passage d’une année sur l’autre s’accompagne d’un long moment de retour sur ce qui a déjà été vu, avant de poursuivre sur des bases plus que fragiles. Le jour doit venir où, avec courage, Sciences Po Strasbourg s’assume comme une école d’excellence, ne se limitant plus à cette façade qu’est le concours d’entrée, en somme un billet de tombola parmi tant d’autres. Le constat est réel, partagé. En subdivisant, nous tombons sur d’autres problématiques : quel est intérêt de voir un sujet différent toutes les deux semaines dans certains TD, ce n’est pas sérieux, comment en est-on arrivés là ? Qu’importe la réforme, elle doit exister, il faut un temps de réflexion sur ce que nous voulons comme

système d’organisation (amphi, TD, classes ou ateliers) d’horaires, d’évaluations, de contenu, de répartitions … pour que notre IEP trouve sa propre voie et que ses élèves aient enfin le bagage solide pour lequel ils se sont battus. Des mesures simples et efficaces existent, prenons l’exemple du vice actuel que connaissent de nombreux lieux d’études supérieures : la diapo. Cette fossoyeuse de charisme et de pédagogie, cet accessoire si superficiel quand on y réfléchit bien. La mesure la plus simple et efficace, presque évidente, serait d’interdire l’utilisation des diapos par les profs ainsi que par les élèves, qui pour beaucoup ont déjà du mal à se débrouiller à l’oral sans, il faut avancer pas à pas. Si on n’arrive pas à transmettre une idée sans diapo, alors qu’espère-t-on concrètement/durablement transmettre avec ? Pour les professeurs, il s’agit du simple constat que beaucoup ont été formés à une époque où ces technologies n’étaient pas encore démocratisées, et que c’est une vraie frustration de se savoir en face de quelqu’un de très compétent qui reste pourtant bloqué dans ses slides, avec des montages souvent confus, et une perte immédiate de charisme et de contact humain. Certains résument leur cours à lire des slides, d’autres s’en détachent plus et quand bien même, le contact humain entre professeur et élève s’en voit considérablement affecté. Pour le spectateur, l’attention est réduite, et on se dit toujours que l’on pourra récupérer le slide sur Moodle... Ne soyons pas victimes des schémas préconçus du « cours moderne ». Tant d’autres sujets pourraient être évoqués ici, de la mentalité entre élèves à la tenue vestimentaire, ou de la culture qui s’y développe. Depuis le début de l’année, de bonnes mesures ont été prises par le directeur afin de ré-embrasser cette aura de di-

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gnité qui devrait envelopper notre école, mais un grand chemin reste à faire. SciencesPo Paris est dans la capitale nationale et bénéficie de son aura, nous sommes dans une capitale européenne et rien ne nous empêche de les dépasser à terme, il ne s’agit que d’un travail en commun élèves/administration, un choix, du courage, des sacrifices, de la fierté. C’est plus facile et amusant de renoncer, « c’est plus chill gros te prend pa la tete », à nous de choisir. Et si les institutions ont leur rôle à jouer, nous avons aussi le nôtre, je sais qu’une majorité silencieuse et au combien réfléchie subit cette culture «école de commerce lawcast» que de nombreuses de manifestations tendent à implanter, c’est à vous de vous montrer plus forts, plus dignes. C’est un effort de tous les jours. Pour conclure, je pense que la dépolitisation de l’IEP doit être la souche du mal à combattre, lors des élections étudiantes la grande majorité soupirait, esquivait, le taux d’abstention a été effrayant, honteux, la démocratie apparaissait alors comme une contrainte. Beaucoup ne savaient pas qui était qui, situation d’autant plus honteuse quand on sait que ces moments politiques sont si importants chez nos voisins parisiens, qui eux ont gardé une porte grande ouverte au politique dans leurs murs. J’aime le BDE, mais n’est-ce pas effrayant qu’une élection d’association suscite plus d’adhésion et d’intérêt que l’élection de nos représentants locaux, que ceux qui vont concrètement définir les lignes, ou de l’élection du chef de l’État ? Pourquoi une soirée est-elle plus médiatisée que la venue de grands penseurs ? Un IEP politisé c’est avant tout un IEP en accord avec les matières qu’il enseigne, qui retrouve une population curieuse, capable de participer et de proposer des changements.


Propos n°97

L’élection présidentielle

Le dossier du mois

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La Rouge Nathalie Arthaud

- 11 candidats en colère - Analyser cette campagne

Le Truand François Fillon

L’Espion François Asselineau

La Brune Marine Le Pen

Le Banquier Emmanuel Macron Le Frondeur (frondé) Benoît Hamon

L’Incompris Jacques Cheminade

La Brute Jean-Luc Mélenchon

Le Bon Jean Lassalle L’Hanouna Nicolas Dupont Aignan

Le Sans-pression Philippe Poutou

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Arthaud, Nathalie Surnom : LA ROUGE Âge : 47 ANS Statut : PORTE-PAROLE LO Expérience : 0,56% en 2012 (mashallah elle peut que faire mieux) Interview réalisée par Florian Martinez et Antoine Couillaud Pour Nathalie Arthaud, la candidate autoproclamée des travailleurs, la campagne pour la présidentielle est l’occasion de pouvoir défendre les intérêts des “opprimés”. Pour elle : “le monde du travail est aujourd’hui confronté à une guerre féroce qui est menée par le patronat, les grands groupes industriels et les banquiers. […] Quelque soit le prochain Président de la République, le recul de la condition ouvrière ne cessera pas. Nous appelons les travailleurs à un vote de conscience, un vote de combativité pour protéger leurs besoins ». En visite à Strasbourg, la candidate du parti Lutte Ouvrière accepte de répondre aux questions de Propos, avant son meeting du 3 avril 2017. F.M : Tout d’abord, bonjour Madame Arthaud, et merci de bien avoir voulu prendre le temps de répondre à nos questions. Vous êtes professeur d’économie et gestion dans un lycée polyvalent d’Aubervilliers. Alors que la redistribution des richesses et du capital occupe une place fondamentale dans votre programme, l’éducation n’occupe qu’une place très relative. Ne pensez-vous pas que la lutte contre le capitalisme devrait aussi passer par une meilleure redistribution des connaissances, au travers d’un accès

plus égal à l’éducation et la culture ? Je suis convaincue que la lutte pour que les travailleurs et le monde ouvrier accèdent à ces droits élémentaires,c’est à dire avoir un emploi correct, un salaire décent, un accès aux soins et à l’éducation, dépend avant tout d’une conscience de classe, de la conscience d’être aujourd’hui confrontée à un grand patronat, une grande bourgeoisie, qui prospère en attaquant la condition ouvrière. Ils doivent avoir conscience qu’on doit leur répondre. La meilleure façon d’y répondre c’est en s’organisant, en pesant de toute sa force collective, en faisant grève, en manifestant. C’est avant tout une question de conscience. Et je pense que cette question passe d’abord par le militantisme, pas les organisations syndicales et politiques. Cela fait partie de notre combat. Oui, nous voulons transformer cette société, cette place capitaliste, parce que nous pensons que le capitalisme est un obstacle pour bien des choses : pour développer l’économie, mais aussi l’éducation. L’essentiel, c’est d’abord de renverser cette société parasitaire et irresponsable à bien des niveaux. Du coup, la lutte pour imposer des changements dans le système éducatif et ne pourront

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intervenir qu’après le renversement du capitalisme ? Aujourd’hui, on remarque que même ce qui dépend de l’état, c’est à dire... tout ce qui ne devrait pas normalement être soumis à la bonne volonté de cette grande bourgeoisie, je pense à l’éducation, à la santé, aux transports, mais aussi aux logements, dépend avant tout des décisions des grands groupes. Ces causes manquent cruellement de moyens, de plus en plus, y compris parce que ceux à la tête de l’état n’imagine qu’une seule grande politique, celle de mettre au service des plus riches, des possédants, l’argent de l’État. Nous sommes dans une politique qui ne va clairement pas dans le sens d’améliorer le service public. On peut constater cela partout ! Il faudrait embaucher massivement : pourquoi ne le font-ils pas ? Parce qu’ils préfèrent réserver cet argent pour une minorité. C’est ça la réalité. Bon. Pour ne prendre qu’un exemple, celui du fameux « pacte de responsabilité de Hollande ». C’est Milliards d’euros par an, qui n’ont été versé qu’au principe qu’elle les aiderait à embaucher. Monsieur Gattaz avait d’ailleurs promis un million d’emploi. La réalité a été que cet argent a été empochée, d’abord par les grands groupes, puis au bout du compte dans les dividendes distribués aux gros actionnaires. C’est


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41 milliards aurait pu représenter un million d’emplois. Un million d’emplois : chez nous, nous pensons qu’on aurait pu le faire, en employant dans le milieu du service public. On nous dit que c’est une urgence mais tout ceux qui se succède au pouvoir ne font rien. Le problème n’est pas une question de promesse. Nous entrons dans une période de foire au promesse : vous entendrez pendant les promesses des candidats. Je dis aux travailleurs, tout ce qui ira dans notre sens, il va falloir l’arracher ! Rien ne nous sera donné, tout dépendra du rapport de force que nous serons prêt à arracher. Vous êtes la candidate d’un parti communiste prônant l’émancipation des exploités « à l’échelle mondiale ». Dans cette élections, plusieurs de vos adversaires souhaitent faire le pari d’une sortie des traités européens et de la zone euro. Quelle est votre position sur cette question là ? Nous pensons que les discussions autour de l’Europe sont vraiment une diversion. C’est vraiment de la diversion parce que personne ne peut croire que le grand patronat cessera une fois sortie de l’Union Européenne. Personne ne peut croire que cela empêchera les fermetures d’usines et les suppressions d’emplois. Prenez la BNP Parisbas, elle supprime des postes malgré ses 7.7 millards de profit. SFR a supprimé 5.000 emplois. Être à l’extérieur ou à l’intérieur de l’Union Européenne change-t-il quelque chose à leur politique? Je ne crois pas une seconde. Est-ce que sortir de l’U.E va forcer ces entreprises à augmenter les salaires? A cotiser plus pour que de meilleures retraites soient assurées? Je ne crois pas non plus. Moi je pense que tout cela fait partie d’une diversion, de la même façon que celle qui

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consiste à faire croire que tous les maux de la société viennent des immigrés. Tout cela est fait pour qu’on ne regarde pas les vrais responsables, les décideurs, ceux qui dominent l’économie et dirigent du haut de leurs conseils d’administration la société, conformément à leurs intérêts. Ces intérêts-là sont égoïstes, correspondent à ceux d’une minorité et certainement pas à ceux des intérêts collectifs. A.C. :En 2012, vous avez obtenu 1.5% des suffrages au premier tour. Aujourd’hui, alors qu’il semble difficile pour les sondages que vous atteignez la barre des 5%, pourquoi n’est-il pas possible de s’allier avec le Nouveau Parti Anticapitaliste et Philippe Poutou? Effectivement, je ne sais pas combien je ferai. Pourtant, même en ajoutant chacun de nos deux scores, le NPA et moi sommes très loin du second tour, vous en conviendrez. De ce point de vue là, il n’y a strictement aucun enjeu pour que l’un, ou l’autre, se prive de faire campagne et de défendre toute sa politique. Il n’y a absolument aucun enjeu. Je crois au contraire que nous pouvons défendre les politiques propres que nous portons. Nous sommes deux partis avec des différences : séparément, nous adressons un message plus large à ceux qui regardent vers l’extrême gauche. Nous permettons aussi aux électeurs d’extrême-gauche de s’exprimer au plus près de leurs convictions. Je ne vois absolument pas cela comme un problème. Au contraire, je pense que le fait d’être deux, d’avoir deux fois plus de temps de parole dans la campagne et deux fois plus de possibilités de prendre à contre-pied ces illusions électoralistes qu’on nous sert aujourd’hui, c’est une force. A.C : Dans ce cas là, quel est

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l’enjeu de cette campagne, puisque l’objectif n’est pas de remporter la présidentielle? L’enjeu c’est de pouvoir s’exprimer. S’exprimer collectivement et directement, comme lorsqu’on va manifester alors que nous sachons qu’il est fort probable que nous n’obtiendrons pas gain de cause. On va quand même manifester. Pourquoi ? Parce qu’on croit qu’il est important de montrer ce que l’on pense, de mesurer la force que nous représentons et de défendre un autre point de vue, de dénoncer le camp d’en face. Nous menons beaucoup de combats qu’on mène tout en sachant qu’ils ne seront pas victorieux, mais nous les menons parce qu’il est important de montrer qu’il existe une autre perspective politique. On le fait dans la rues, pendant les manifestations, il faut également le faire pendant les élections. Dans un combat électoral que sont les élections, tous les courants doivent être représentés. Il est primordial que le courant des travailleurs, conscient qu’il ne peut tomber dans cette duperie et que son sort ne dépendra pas du prochain Président de la République, puisse s’exprimer, haut et fort. Nous ne faisons pas parti de ceux qui gardent leurs poings fermés dans leurs poches. Quand on a quelque chose à dire, on se donne les moyens de le dire. Nous savons que nous sommes une force minoritaire, d’accord, mais nous savons que nous ne sommes pas les seuls à partager nos idées, et nous voulons faire savoir à ces gens là qu’ils sont écoutés. Nous sommes prêts à nous battre, tout simplement. Quel regard portez-vous sur la place des réseaux sociaux dans la campagne, notamment de l’utilisation de Youtube par certains candidats qui se servent de cette plate-forme pour se


L’élection présidentielle

faire mieux entendre que sur un plateau télévisé ? Je pense que tous ces médias sont très complémentaires. Ceux qui n’ont pas accès au grand média que sont les télévisions n’ont pas non beaucoup d’exposition sur YouTube. Je crois qu’en réalité les choses se complètes et s’entremêlent beaucoup. Certes, il faut utiliser tous les moyens possibles. Nous, on essaie de faire tout ce qu’on peut, y compris en tant que petite force. F.M : Puisque la présidentielle n’est pas un objectif, comment abordez-vous les élections législatives? Nous serons présents dans toutes les circonscriptions. Pour nous, c’est la suite de cette

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même campagne. Beaucoup de nos camarades sont le reflet de notre organisation, ce sont des ouvriers, des employés. Nous sommes tous des travailleurs, des retraités parfois, mais appartenant tous au même monde du travail. F.M : À Sciences Po, nous incarnons pour beaucoup la reproduction des élites, parfois même une école qui formate purement et simplement ses élèves. Pensez-vous que la formation des futurs cadres de la Nation doit être réformée ? Je suis pour renverser l’Etat! Je pense qu’aujourd’hui, l’Etat est construit sur mesure pour accompagner la domination de la classe politique sur le reste de la société. Je ne vais pas vous

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dire comment former l’Etat, quelles mesures sont els plus adaptées pour former cette grande bourgeoisie. Oui, je pense que les travailleurs sont capables de faire une révolution et de créer un appareil d’Etat tout autre, qui ne soit pas spécialisé, qui ne soit pas coupé de la population mais vivant. On espère qu’il finira par disparaître. Beaucoup de tâches administrés par l’Etat peuvent et doivent être gérées collectivement, en s’appuyant sur le dévouement, l’engagement et la volonté et la pression collective de tous. Effectivement, peut-être qu’après cela, il n’y aura peut être plus de Sciences Po. Désolé pour vous, mais vous pourrez vous consacrer à des problèmes tout aussi passionnant, même plus. F.M : Justement, quels ouvrages suggérez vous pour les étudiants de Sciences Po, afin de les aider dans leur reconversion vers de nouvelles études? Le Manifeste du Parti Communiste! Marx & Engels. Vous l’avez lu? Lisez-le. Pas le Capital, c’est une fleur que je vous fait! F.M : Et bien merci de penser à nous, merci pour cette belle attention Lisez aussi l’Etat et la Révolution, Lénine. Et ça sera déjà pas mal!


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Asselineau, François

Surnom : L’ESPION Âge : 59 ANS Statut : FONDATEUR DE L’UPR Expérience : Après HEC et l’ÉNA, un crédo : le frexit Candidat défendu par un reptilien.

François Asselineau est un inspecteur général des finances qui a fondé le 25 mars 2017 l’Union Populaire Républicaine. Il est parti du constat qu’il avait fait lors de ses passages dans différents cabinets ministériels : l’impossibilité pour les gouvernements élu d’appliquer leur ligne politique en raison de la contrainte des traités européens. Afin de recouvrer la souveraineté française et donc une démocratie fonctionnelle, il souhaite sortir de l’Union européenne et de la zone euro par l’article 50 du TUE ainsi que de l’OTAN par l’article 13 de son traité fondateur. Je vais m’employer à expliquer le raisonnement qui a conduit à cette prise de position en me concentrant sur deux éléments : l’Union européenne et la zone euro. Pour ce parti, l’UE a dès l’origine un vice de création. En effet, il soutient que la création de l’UE a été poussée par les Etats-Unis pour empêcher une trop grande indépendance des européens visà-vis des menées américaine. Il explique que le projet européen est dès son origine piloté par des hommes soutenus et financés par les américains et qui doivent leur rendre des comptes. Cette analyse s’appuie sur une série de document déclassifié dont par exemple ce compte rendu d’une réunion entre des agents de la CIA et le président de la CEE de l’époque monsieur Marjolin. Il explique également que la construction européenne ac-

tuelle et son inefficacité est expressément voulue pour empêcher toute émergence d’un bloc concurrent et indépendant. Cela passe notamment par un élargissement sans cesse plus étendu de l’UE qui conduit au blocage de toute direction politique interne et rend nécessaire la délégation de cette direction politique à un tiers extérieur, en l’occurrence les Etats-Unis. En effet, bien que l’UE soit rendu fortement inefficace par le nombre élevé de ses membres et que ce constat soit partagé par tous les gouvernements membres (28 encore aujourd’hui) l’UE a tout de même jugé bon de faire entrer la Croatie en 2016. Cette incapacité à se concerter à 28 conduit à des décisions absurdes comme les sanctions à l’encontre de la Russie décidées par les Etats-Unis et l’UE en 2014 mais qui impactent

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en réalité uniquement l’économie européenne. L’UPR considère l’UE comme irréformable du fait de l’accord nécessaire des 28 gouvernement dont les intérêts sont par trop divergent pour pouvoir orienter cette union dans un sens commun. Il propose donc en toute logique, vu qu’elle constitue davantage un frein qu’une avancée, d’en sortir sereinement par l’article 50 comme va le faire le Royaume-Uni. La question de l’euro, qui nous distingue effectivement de l’exemple du royaume uni, constitue aussi un cas de blocage majeur et structurel pour les différents pays de la zone euro avec pour seul objectif de nous arrimer aux intérêts du bloc américain. L’UPR pointe justement quelques contradictions avec le discours officiel. En effet, la créa-


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Éditorial L’élection présidentielle

tion de l’euro n’a nullement nui à la suprématie du dollar. Ainsi la part du dollar dans les réserves monétaires des différentes banques centrales du monde en passée de 59% en 1995 à 62% en 2011. De plus l’euro a une cause structurelle de fragilité. En effet, on observe depuis la crise des dettes souveraine en 2010 une divergence des taux de target 2 entre les différentes banques centrales nationales de la zone euro. Si cela peut paraître technique c’est en fait la raison la plus fondamentale de la fragilité structurelle de l’euro. En effet, en conservant leurs banques centrale nationale, les Etats de la zone euro ont en réalité conservés leurs monnaies nationales mais en imposant une taux de change fixe de 1 pour 1 sans limitation de montant. Cela signifie que quand auparavant un état, par exemple la grèce importait des biens en provenance d’Allemagne ou quand de riches armateurs grecs transféraient leur fortune en Allemagne on observait immédiatement une baisse de la valeur de la monnaie grecque face au deutsch mark ce qui avait pour conséquence de freiner les importations grecques et la fuite des capitaux vers l’Allemagne. Or

aujourd’hui cela n’est plus le cas, ce qui signifie que les pays les plus sûr de la zones euro reçoivent des quantités colossales de fonds en provenance des pays du sud. On peut observer ce phénomène avec la divergence des taux dit « target 2 » (cf le graphique ci joint, échelle des ordonnées en millions d’euro) où l’Allemagne en rouge se retrouve massivement créditrice envers les pays du sud de l’europe. Cela a une double conséquence néfaste. D’une part l’appauvrissement des pays du sud mais surtout l’obligation pour la

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Bundesbank de se porter garante de centaines de milliards d’euros de créances « pourrie » c’est-à-dire remboursé en valeur « deutsch mark » si l’euro venait à exploser alors qu’elles ont a l’origine une valeur de lire italienne ou de peso espagnol bien plus faible. Cela laisse planer sur l’économie allemande un risque terrible d’inflation ce qui, si le lecteur est attentif à l’actualité, a conduit nombre d’allemands à vouloir sortir au plus vite de l’euro parmis lesquels le parti AfD mais également de nombreuses élites économiques dont des dirigeants de la Bundesbank ou de la BCE qui ont d’or et déjà démissionné ou menacé de la faire. On voit donc bien que l’euro qui ne menace nullement la suprématie du dollars est en fait un élément de blocage et d’inertie supplémentaire pour les pays européen. En effet, là où ces Etats auraient normalement dus faire usage de leur politique monétaire pour s’ajuster au marché mondial et à leur différences de compétitivité, on se retrouve au contraire avec un euro dont la valeur ne correspond aux intérêts d’aucun pays de la zone, ce qui contribue à une inertie et une puissance de chacun de ces Etats.


Propos n°97

L’élection présidentielle

Cheminade, Jacques Surnom : L’INCOMPRIS Âge : 75 ANS Statut : FONDATEUR DE SOLIDARITÉ ET PROGRÈS Expérience : Candidat en 1995 et 2012, jamais 2 sans 3 Interview de Norbert Dumas. Bonjour Monsieur Dumas et merci de nous accorder votre temps pour répondre à ces quelques questions. Nous représentons le journal « Propos », de l’Institut d’Etudes Politiques de Strasbourg et dans le cadre des présidentielles 2017 nous constituons un dossier pour que chaque candidat puisse s’exprimer, directement dans l’idéal, ou sinon par un de ses soutiens ou représentants. Journal à petit tirage mais grandes ambitions ! Sans plus attendre voici les questions. Nous tenions à poser d’abord quelques questions propres à la candidature que vous supportez, puis ensuite des questions plus générales qui seront posées dans les mêmes termes aux autres personnes interrogées. Première question donc. Monsieur Cheminade parle dans son programme d’un nouveau Bretton Woods. Concrètement qu’est-ce que cela changerait en France ? C’est un combat global contre un système financier qui dévore les économies des pays comme la France. Le système de Bretton Woods permettait de laisser les pays créer du crédit pour leur économie tout en empêchant la spéculation sur les monnaies grâce à des taux de change fixe. L’abandon de Bretton Woods, qui a commencé en 1971, a laissé une vague de spéculation s’abattre sur les monnaies des différents pays. Des banques empruntaient du cré-

dit à bas taux dans un pays pour le revendre dans un autre pays. Ce jeu purement financier détourne le crédit émis de son véritable but économique. Or la France comme d’autres pays ont besoin de crédit public pour leurs projets d’avenir. Elle doit donc s’assurer qu’elle peut bâtir avec les autres pays un nouveau système international qui permet au crédit de fonctionner. Le crédit public est également une notion au centre du programme. C’est sans doute un concept étranger à la plupart des lecteurs, pourriez-vous le présenter ? Je ne pense pas que ce soit un concept si étranger que ça aux Français. Ça veut simplement dire que l’Etat démocratique décide de créer son crédit qui va dans ce qu’il juge bon pour son économie. Si par exemple on estime qu’une infrastructure de transport public est nécessaire pour développer une activité dans cette zone on émet le crédit public orienté pour la faire. La réalisation est publique ou privé mais l’orientation de ce crédit là est publique. Le remboursement du crédit à la banque nationale qui l’a émis est fait par les recettes de l’Etat. Ces derniers se sont accrus par l’activité générée au bénéfice de tous si le crédit est bien orienté. C’est très différent du système actuel. Aujourd’hui on a un système de banques centrales qui émettent du crédit seulement aux banques privés. Les états peuvent emprunter auprès de ces banques

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mais aux conditions d’un marché spéculatif où on regarde la note des agences de notations. Or ces agences de notation n’ont rien de démocratique. Le crédit public servira surtout les projets bénéfiques à l’intérêt commun sur le long terme car il est basé sur l’avenir et non pas sur un pari à très court terme comme sur les marchés financiers. La sortie de l’OTAN figure également dans le programme. Estce parce que l’Alliance a perdu toute raison d’être ou parce qu’elle nous soumet à une influence étrangère ? Pour ces deux raisons la France doit en sortir. La politique de guerre de l’OTAN est une catastrophe qui a causé beaucoup de guerre pour de mauvais prétextes, notamment au moyen orient. La France ne peut pas devenir un pion dans cette politique qui empêche un développement économique de cette région en entretenant un chaos qui risque de nous entrainer dans une guerre mondiale à force de provocation. Au contraire la France a pour vocation de favoriser un développement mutuel dans cette région et doit faire entendre sa voix au sein de l’OTAN avant de sortir si elle n’est pas entendue. Elle pourra alors participer aux projets de développement comme les Nouvelles Routes de la soie portées par la Chine. Nos forces armées viseront à protéger ce type de projet dans un cadre défini par l’ONU et non l’OTAN.


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Passons maintenant si vous le voulez bien aux questions générales. Nous voulions aborder autant de sujets que possible et nous avons donc parfois limité un sujet à une question. Tout d’abord, alors que l’échéance du vote se rapproche à grand pas, quel regard porter sur cette campagne, et en particulier sur les nouveautés qu’elle a vu naître ? Je pense à la prise d’importance croissante d’Internet ou de Youtube, mais aussi à ce débat de l’avant premier tour qui a déclenché de nombreuses polémiques. Les principaux candidats sont des hommes du système. Marine le Pen n’a pas été au gouvernement mais elle compatible avec la nature profondément égoïste du système financier. Les vraies nouveautés 2017 sont les candidats Jean Lassalle et François Asselineau qui n’ont pas fait partie d’un gouvernement et qui se présentent pour la première fois. Il y a une défiance au système actuel et certains cherchent à s’organiser politiquement. Sans projet à la hauteur la direction est toutefois incertaine. La candidature de Jacques Cheminade est indispensable pour nourrir un projet avec des idées et ne pas resté à un stade contestataire ou tourné vers le passé. Internet peut aider ce phénomène à s’organiser tout comme cela peut être un miroir aux alouettes. Par exemple on a vu qu’environ 70% des abonnés Tweeter de Macron, Le Pen et Mélanchon sont suspectés d’être de faux compte juste là pour gonfler le nombre d’abonné. Je suppose que le débat de l’avant premier tour dont vous parlez désigne le débat des 5 candidats qui ont été invités à débattre sur TF1 le 20 mars. Il y avait un autre débat en parallèle sur internet avec Nathalie Arthaud et Jacques Cheminade. Ce qui est scandaleux est que la période d’égalité du temps de parole a été

réduite de 5 à 2 semaines. C’est la loi Urvoas de janvier 2016. Avant les deux dernières semaines c’est l’équité du temps de parole. Cette dernière est bizarrement définie comme un principe qui dit que les candidats ont un temps de parole proportionnel à leur notoriété. Le débat des 5 est l’illustration de ce principe qui empêche de nouvelles têtes d’émerger. Les scores aux élections sont très corrélés au temps de parole et ceux qui sont en place pensent qu’il est bon de jouer là-dessus. Ce que M. Urvoas et les députés qui ont votés cette loi ont fait en réalité est de laisser encore plus de pouvoir aux médias et au monde de l’argent qui les financent au détriment de la république. Que penser des affaires judiciaires et scandales qui ont rythmé cette campagne ? Moyens d’escamoter le débat de fond ou nécessité démocratique de contrôler les candidats ? Il peut y avoir un contrôle de l’argent public sans des médias qui se moquent visiblement du débat de fond. Les boules puantes des uns contre les autres font les premières pages des journaux. De plus les médias créent le climat qui rend pessimiste en répétant en boucle ces scandales. Quelle est aujourd’hui la priorité de l’économie française ? Jacques Cheminade a détaillé ce que devait être les 100 premiers jours de la présidence française. Les mesures de courts et moyens termes doivent être menées de front sur la même période. A court terme il faut réunir les professionnels dans les différents secteurs d’activité du pays et voir où il manque de la main d’œuvre rapidement. On peut s’appuyer sur la banque publique d’investissement pour créer le soutient au PME et PMI. Pour le long terme il faut engager dès le début les réformes de fond qui feront sauter les verrous

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financiers qui empêchent d’orienter le crédit là où il faut. C’est vital car le système financier actuel ne pourra pas tenir longtemps sans créer un grave effondrement économique. Pour cela il faut un appui international et les BRICS seront un appui nécessaire car ils ont protégé leur économie de la financiarisation spéculative. La France doit voir qui est intéressé en Europe ou ailleurs à s’engager dans la réforme du système financier en faillite. Ces réformes concernent le nouveau Bretton Wood, couper les banques en deux (banque d’affaire d’un côté et banque commerciale de l’autre), les grands projets d’équipement de l’homme et la nature en Europe, le retrait de l’euro. La difficulté est de se dégager du verrou financier sans abandonner les bonnes relations existantes. Il faudra pour cela que la France écoute les autres pays et propose des solutions adaptées. Avec les autres pays européens Jacques Cheminade propose de garder une monnaie commune pour des projets communs mais pas unique. Une brève question aussi sur la politique internationale de la France, très vaste sujet. Simplement, quel doit être le rôle de la France dans le monde ? Puissance discrète, leader européen ou encore membre fort du système international ? La France peut jouer un rôle important dans trois domaines importants qui sont les facteurs de la paix mondiale de demain. Ce sont l’espace, la mer et le développement de l’Afrique. Pour l’Afrique par exemple un projet central et la revitalisation et la remise en eau du Lac Tchad. Si la France mène le combat des réformes du système financier en orientant son action internationale globale avec ces objectifs en tête et en s’appuyant sur les BRICS, elle sera entendue internationalement et inspiratrice. Il ne s’agit pas de retrouver une


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puissance d’antan perdue mais d’assurer notre participation active au monde de demain. C’est une voie difficile car elle demande de changer nos habitudes. Même si cela s’accorde avec la vision qu’a pu avoir la France sous De Gaulle il faut aujourd’hui aller beaucoup plus loin. À Sciences-Po nous incarnons pour beaucoup la reproduction des élites, parfois même une école qui formaterait purement et simplement ses élèves. Estce-que la formation des futurs cadres de la nation (pensée comme le chemin typique de Sciences Po puis de l’ÉNA), doit être réformée ? Oui, en effet, une France réellement républicaine ne peut pas se contenter d’un système qui entretient une élite sans mixité sociale. Cela doit être intégrer dans la réforme de l’enseignement général qui permet la mixité sociale et offre une culture classique accessible à tous, pas seulement à une future élite. Dans ce contexte il ne s’agit pas d’éliminer les grandes écoles mais de les réformer. Le cas de Science Po est particulier car même si elle a un statut à la fois public et privé, le projet de sa création était avant tout porté par des intérêts privés. Ce projet a remplacé le projet d’Hippolyte Carnot de créer une école spéciale des services publics. Ce projet avorté était intéressant et incorporait des matières comme les sciences et l’épistémologie des sciences pour former des fonctionnaires attachés à l’économie physique et aux dé-

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couvertes de l’humanité. Jacques Cheminade propose de s’appuyer sur une réforme de l’ENA pour raviver ces idées. C’était d’ailleurs la vocation initiale de l’ENA qui a finalement été dès le début sous l’influence de Science Po (prépa, locaux). Polytechnique et les écoles d’ingénieurs doivent suivre la même voie et éviter des pièges typiquement français tels que la sélection par les mathématiques qui forme des gens prêt à appliquer des formules mais pas des républicains. Quel rapport à l’identité ? Concept dangereux ou qui peut être porteur ? Jacques Cheminade propose un grand ministère de la Coopération, du Co-développement et de l’Intégration. L’immigration ne doit pas être considérée séparément des questions économiques comme un problème ou une chance en soi. Oui, le concept d’identité est dangereux dès qu’il est lié à la terre, au sang et à la race. Nous accordons dans notre école une large part à la Culture, qu’on essaye de partager le plus possible. On sait aussi combien ce sujet est au cœur des débats. Concrètement, quelles améliorations envisage Jacques Cheminade pour faciliter l’accès à la Culture ? Un partage de la culture veut dire qu’on donne à tous les Français l’art et la science. Ça commence par l’éducation. L’éducation basée sur des formules mathéma-

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tiques tout faites ne peut pas offrir une base adéquate pour un accès à la culture. Dans les écoles, il faut plus de découverte par soi-même des sciences comme par exemple les initiatives de « mains à la pâte » qui sont à généraliser. Il faut aussi la pratique d’une activité créative artistique comme par exemple les orchestres, dans l’esprit d’« El Sistema » qui existe et fonctionne bien à grande échelle au Venezuela et essaye de s’implanter en France comme à Bischviller en Alsace par l’association El Sistema-France. Pour pouvoir voir les grandes œuvres de l’histoire de l’humanité, il faut des musées de l’imaginaire avec des reproductions d’œuvre et des palais de la découverte un peu partout en France. En parallèle la culture des jeux vidéo violents et de la drogue doit être combattue. La culture du court terme qui règne dans les salles de bourses correspond à une culture des images qui nous tient sans arrêt en état d’alerte dans l’instant présent. Beaucoup de scènes à la télévision sont gratuitement violentes et font appel aux bas instincts qui excluent tout le reste par inhibition du cerveau. Cela empêche complètement de penser à long terme. Au contraire notre projet est de créer une culture républicaine en diffusant ce qui existe en petit dans certains milieux qui y ont accès. Merci énormément Monsieur Dumas d’avoir pris le temps de répondre à nos questions et nous vous souhaitons bonne chance pour la fin de cette campagne.


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Dupont-Aignan, Nicolas Surnom : L’HANOUNA Âge : 56 ANS Statut : FONDATEUR DLF Expérience : Candidat en 2012 et en 2017 Candidat défendu par H. Dervaux

Bonjour Hippolyte et merci de répondre à nos questions ! Tu es là pour nous éclairer et nous en apprendre un peu plus sur la candidature de Nicolas Dupont-Aignan, que tu soutiens en tant que vice-président des jeunes de Debout la France. Tout d’abord, alors que le départ du plateau de TF1 a déchaîné les passions, quel regard porter sur la campagne présidentielle ? Comment assurer que tous les candidats aient la possibilité de se faire entendre ? Le système actuel de parrainages par les maires est satisfaisant dans la mesure où il permet un certain pluralisme au 1er tour de la présidentielle. Néanmoins, la récente modification par le gouvernement socialiste des règles d’égalité de temps de parole lors de la présidentielle est un problème majeur pour notre démocratie. Il n’est pas acceptable, sous couvert du faux principe « d’équité », que des grands intérêts privatisent l’élection la plus importante aux yeux des Français. C’était le sens de ce départ du plateau de TF1, non pas tant pour protester contre l’absence de Nicolas Dupont-Aignan du débat, mais pour enjoindre la chaîne à inviter tous les candidats et à abandonner sa sélection des opinions. En République, il n’y a pas de «

grand » ni de « petit » candidat, comme il y a pas de « petit » ni de « grand » Français. Nicolas Dupont-Aignan se déclare souvent « gaulliste ». Quelles sont les idées que porte le gaullisme en 2017 ? Le gaullisme c’est avant tout l’indépendance de la France. C’est le point cardinal d’une doctrine qui reste en vérité très moderne face à l’asservissement actuel de notre pays aux grandes puissances d’argent et aux intérêts étrangers. Néanmoins, le gaullisme est également un humanisme et une exigence : la France est grande lorsque tous les Français s’unissent au service d’un destin commun comme lors de la Révolution ou de la Résistance. C’est pourquoi il faut qu’on exige de notre pays le meilleur de luimême car la France a en permanence la tentation de se replier sur des querelles intérieures qui l’entrainent vers le déclin. Aujourd’hui être gaulliste c’est croire que l’action politique a encore le primat sur la vie économique et sociale. Par exemple, la France doit défendre farouchement son modèle social et ses services publics, attaqués par la mondialisation qui tire tous les systèmes sociaux vers le bas.

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Dans le programme de Nicolas Dupont-Aignan est évoqué un grand partenariat entre la France et l’Afrique. En quoi nos relations avec ce continent sont-elles essentielles pour le monde de demain ? D’abord, il faut rappeler que nos liens avec le continent Africain sont très forts et sont une chance pour la France. D’ici 2050, le Français sera la première langue au monde, devant le Mandarin et l’Anglais grâce au dynamisme démographique exceptionnel de l’Afrique (sa population atteindra 4,5 milliards d’habitants en 2100). Néanmoins, cette évolution entraine de grands défis : comment arriverons-nous à permettre à ces nouveaux habitants de vivre dignement chez eux ? Nous ne faisons pas d’illusion : l’immigration est d’abord une déchirure personnelle et les immigrants préfèrent d’abord vivre auprès des leurs. Nicolas Dupont-Aignan propose un grand plan Marshall pour l’Afrique car sur le modèle de l’Europe de l’après-guerre, seule une aide financière de grande ampleur permettra de donner une chance à la croissance démographique africaine de bénéficier aux pays Africains. Ce plan permettra aussi le rayonnement de la France : il assurera de nouveaux débouchés aux produits français. D’ailleurs, en ce qui concerne l’éco-


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nomie, il est également important que le système absurde et néo-colonialiste du Franc CFA (lié à l’euro) soit abandonné. Passons maintenant si vous le voulez bien aux questions générales. Nous voulions aborder autant de sujets que possible et nous avons donc parfois limité un sujet à une question. Tout d’abord, alors que l’échéance du vote se rapproche à grand pas, quel regard porter sur cette campagne, et en particulier sur les nouveautés qu’elle a vu naître ? Je pense à la prise d’importance croissante d’Internet ou de Youtube, mais aussi à ce débat de l’avant premier tour qui a déclenché de nombreuses polémiques. La campagne est pour l’instant polluée par les affaires de Monsieur Fillon. Néanmoins nous avons remarqué que certains commentateurs préféraient parler plus des affaires que du fond, afin d’éviter les vrais sujets et d’enfermer les français dans le terrible choix du duel Macron-le Pen. Heureusement qu’il existe internet ! C’est d’ailleurs grâce à internet que la vidéo du passage de Nicolas Dupont-Aignan au JT de TF1 a atteint 13 millions de vues ! Plus globalement, internet est une véritable soupape démocratique qui permet de contourner des médias parfois peu respectueux du pluralisme des opinions. En ce qui concerne YouTube je tiens à signaler qu’une chaine Youtube a été lancée « Nicolas décrypte l’actu » sur le modèle de celle du talentueux youtubeur (un peu bobo) Hugo Travers. Que penser des affaires judiciaires et scandales qui ont rythmé cette campagne ? Moyens d’escamoter le débat de fond ou nécessité démocratique de

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contrôler les candidats ? Comme nous le pensons, c’est un problème. Mais le véritable sujet c’est pourquoi avons-nous tant de « candidats à problèmes » en France ? La vérité est que trop souvent notre classe politique est corrompue par l’argent, on l’a vu avec les pots-de-vin que les qataris offraient à nos ministres. Néanmoins, une loi vient d’être adoptée (Nicolas Dupont-Aignan était d’ailleurs un des seuls députés présents en séance à la voter…) pour empêcher quiconque de briguer un mandat s’il ne possède pas un casier judiciaire vierge. Il peut s’en féliciter. Quelle est aujourd’hui la priorité de l’économie française pour NDA ? Réindustrialiser le pays. La France a perdu 1,5 million d’emplois industriels en vingt-cinq ans et nos fleurons industriels (Alstom, Alcatel, Technip etc.) sont laissés à la prédation de grands groupes étrangers, notamment américains. C’est inacceptable. Notre balance commerciale affiche un déficit annuel de près de 50 milliards d’euros (alors que notre balance commerciale était à l’équilibre en 1999, au moment de l’introduction de l’euro, soit dit en passant…). Réindustrialiser le pays est la mère de toutes les batailles car les emplois industriels sont bien payés, sont des emplois stables et surtout sont pourvoyeurs d’une kyrielle d’emplois subsidiaires dans les services. Ce combat pour la réindustrialisation sera gagné en activant trois leviers : d’une part en baissant massivement les charges et les impôts qui pèsent sur les producteurs français (NDA propose de diviser par deux l’impôt sur les sociétés pour les bénéfices réinvestis en France par exemple). D’autre part, il faut absolument relancer massivement l’investis-

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sement public et faire de l’Etat un stratège qui jouera son rôle en organisant les filières industrielles en amont (aides à la recherche, R&D) et en aval (soutien par la commande public, aides à l’export), comme cela a été fait pour le TGV, le Concorde, Rafale ou Airbus. Enfin, il faut absolument se réveiller et prendre conscience que la mondialisation est une jungle faîte de concurrence déloyale. Il faut faire du protectionnisme ciblé, notamment vis-à-vis des firmes françaises qui osent importer des produits en France après avoir délocalisé la production ou encore en appliquant des droits de douane sur les produits étrangers compétitifs grâce au dumping social et environnemental. En réalité, revenir à un VRAI libre-échange, juste et non faussé. Une brève question aussi sur la politique internationale de la France, très vaste sujet. Simplement, quel doit être le rôle de la France dans le monde ? Puissance discrète, leader européen ou encore membre ferme du système international ? La France doit être fidèle à son rôle, celle d’une grande puissance, indépendante à la fois des Etats-Unis, de la Russie et des puissances asiatiques. Nous devons partout faire avancer le droit international et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, c’est-àdire respecter la souveraineté des Etats et la volonté des peuples. Enfin, il faut promouvoir un monde multipolaire dominé par la coopération des Etats souverains. Nous devons absolument rehausser notre effort de défense pour le porter à 2% du PIB (hors pensions), revenir aux effectifs dans l’armée au niveau de 2007 (soit 50 000 postes supplémentaires d’active) et construire un deuxième porte avion non nucléaire pour pérenniser en perma-


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nence notre force de frappe opérationnelle et nucléaire. Cet effort de défense est la condition de notre crédibilité sur la scène internationale et permettra de soulager nos armées, engagées à juste titre sur beaucoup de front pour prévenir en amont des menaces pouvant menacer durement notre pays et notre population (Mali, Syrie, sentinelle etc.). À Sciences-Po nous incarnons pour beaucoup la reproduction des élites, parfois même une école qui formaterait purement et simplement ses élèves. La formation des futurs cadres de la nation (pensée comme le chemin typique de Sciences Po puis de l’ÉNA), doit-elle être réformée ? Une partie de la « stagnation française » réside dans l’incapacité des décideurs français à penser un modèle de développement adapté aux spécificités de notre pays et à innover en sortant des sentiers battus de la bien-pensance économique et politique. NDA estime notamment que le problème est que certains professeurs distillent sous couvert de neutralité scientifique un biais très fort dans leurs ensei-

gnements, même si la subjectivité est consécutive des sciences humaines. Du reste, il ne faut pas remettre en cause la très grande qualité des enseignements dispensés à Sciences Po ou à l’ENA et la difficulté de leurs concours. Quel rapport à l’identité ? Concept dangereux ou qui peut être porteur ? Dire que l’identité est dangereuse est un non-sens, c’est comme si je disais que la personnalité est un concept dangereux en soit. Tout dépend de ce que l’on fait de cette notion, tout comme la négation de son identité est extrêmement contre-productive. Il faut à nouveau enseigner la fierté d’être Français, notamment à l’école. La France, pays des Lumières, de la rationalité, de la Révolution, de la République et de la Nation doit être le creuset où des gens de diverses origines pourront s’assimiler et se sentir autant Français qu’un Français « de souche ». La France est un pays universaliste qui doit à nouveau défendre sa culture et son identité afin d’en faire un étendard positif et rayonnant. Enfin, il faut absolument que le multiculturalisme cesse d’être porté aux nues car il détruit

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à petit feu l’unité de la nation française. Or sans unité de la nation, pas de sentiment d’appartenance commun et donc pas de démocratie. Nous accordons dans notre école une large part à la Culture, qu’on essaye de partager le plus possible. On sait aussi combien ce sujet est au cœur des débats. Concrètement, quelles améliorations envisager, pour faciliter l’accès à la Culture ? Il faut démocratiser l’accès à la culture et cesser de penser la culture sous le prisme de quelque chose réservé à l’élite. Cela passe par le retour de l’Etat, car sans ce dernier les théâtres, les cinémas, les musées, les festivals et les bibliothèques déserteront la France périphérique, là où l’offre culturelle est déjà très faible. Il faut également encourager une diversité de l’offre culturelle, avec des manifestations pas seulement réservées à un public « intellectualiste ». Il est néanmoins nécessaire de tempérer ces propos : la France est déjà un pays où l’accès à la culture est excellent.


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Fillon, François Surnom : LE TRUAND Âge : 63 ANS Statut : SÉNATEUR (askip) Expérience : carrière 100% validée par le cabinet noir Candidat défendu par Antoine Soulié et Louis Ehr

Pour l’Europe, qui pour ne pas mourir a besoin qu’on la relance, et qui sait que cette relance ne se fera sans une solidarité Franco-allemande réaffirmée, sans ambiguïté, sans faiblesse, et sans démagogie. Une Europe dont la direction n’incomberait pas à la seule puissance de l’Allemagne mais qui laisserait à chacun l’occasion de défendre ses intérêts nationaux, avec notamment la renégociation de fond en comble de la directive sur les tra-

vailleurs détachés. Cette Europe devra avant tout garantir la sécurité des européens, recentrer son fonctionnement pour privilégier à un fonctionnement technocratique rejeté par les peuples un fonctionnement adapté aux situations de crise qu’elle traverse: protégeons nos économies, harmonisons nos conditions d’accueil, réaffirmons notre Destin commun par le souvenir de notre Histoire et par la mise en avant de la culture européenne dont Strasbourg reste le

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plus puissant symbole. Pour l’emploi, qui ne demande qu’à repartir pour peu qu’on veuille bien le libérer des charges, des taxes, des normes qu’on ne trouve plus nulle part ailleurs, pas même en Chine communiste, et qui font de nous l’homme malade de l’Europe, en condamnant tant de français à l’oisiveté forcée et à la dépendance, là même où ils devraient pouvoir croire en l’indépendance, à la liberté, à la sécurité du travail. C’est pour cela qu’il faut


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réduire l’impôt sur les sociétés et stabiliser la loi fiscale pour renforcer l’attractivité du pays et créer les emplois qui nous manquent. L’emploi ne se fera pas, malgré les utopies, sans nos start-up et nos investisseurs, c’est pourquoi il faut l’encourager par les mesures suivantes : réduction de l’impôt de 30% pour chaque particulier qui investit dans une PME française ; alignement de nos normes sur celles du reste de l’Europe ; et, n’en déplaise aux idéologues, suppression de l’ISF, ce carcan fiscal que l’on porte tel un boulet et qui bride les ambitions de tant d’entrepreneurs, nous privant de milliers d’investisseurs qui ne demande pas mieux qu’à servir leur Patrie. Alléger les charges, c’est aussi réduire la dette et les dépenses en augmentant progressivement le temps de travail par négociation dans le privé, en s’adaptant à chaque filière dans le public. Pour rendre aux Français un état qui les protègent. Ce sera d’abord un Etat qui protègera les familles, cet élément central de toute société civilisée, en protégeant les droits de l’enfant et en rétablissant l’universalité des allocations familiales voulue par le général De Gaulle, et détruite par le parti socialiste. Ce sera aussi un Etat qui protège ses agriculteurs, dont les ancêtres ont fait la France, là où d’autres préfèrent les laisser mourir par idéologie et sans les avoir écoutés : la France rurale,

celle des territoires et des terroirs, doit être aidée par la suppression des normes et des charges non européennes qui la rende impuissante face aux voisins qu’elle dominait jadis. Un Etat qui protège, c’est aussi un Etat qui n’accepte pas qu’on abatte ses citoyens dans la rue, c’est pourquoi il faut lutter de façon implacable contre ceux qui, qu’on le veuille ou non, nous ont déclaré la guerre. Pour commencer, qu’on ne craigne pas de nommer l’ennemi : le totalitarisme islamique. Pour lutter, il faut d’abord mettre les monarchies du pétrole face à leurs responsabilités, s’entendre ensuite avec la Russie qui partage le même ennemi que nous, en levant les sanctions qui nous pénalise davantage qu’elle ; et en mettant hors-la-loi les mouvements qui se réclame de ce totalitarisme. Les français qui retournent leurs armes contre leur pays doivent être automatiquement déchus d’une nationalité qu’ils récusent, comme jadis sous la Révolution. Pour la jeunesse qui a besoin de pouvoir croire en son avenir, à un avenir dans le travail plutôt que dans l’assistanat, dans la fierté de son pays plutôt que dans la repentance permanente et dans la honte. L’avenir commence dans l’Ecole, dans l’apprentissage des fondamentaux, mais le rôle de l’Ecole, c’est aussi de donner à tous les enfants de France la certaine idée qui ferait germé

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dans leur cœurs l’amour de la Patrie. C’est pourquoi il faut réécrire les programmes d’Histoire sous l’autorité d’académiciens et non d’idéologues, rappeler nos fondements culturels que sont le latin et le grec, n’en déplaise à madame Vallaud-Belkacem. La langue française, qui reste une langue de culture majeure de par le monde, doit être valorisée à ce titre dans nos écoles. Après l’école, l’avenir c’est le monde du travail : il faut faciliter et renforcer l’engagement des entreprises pour la formation des jeunes en mettant en place par exemple une exonération totale de charges pour l’emploi d’un jeune en alternance. Entre l’école et l’emploi, il y a tout de même l’université : elle doit être libre de créer des filières d’excellence et de s’administrer elle-même. Si nous soutenons François Fillon, c’est aussi pour nos Outre-Mer, pour notre santé, pour le logement et pour les retraites, pour l’environnement et l’innovation numérique, et bien d’autres sujets que ces quelques lignes ne nous permettent pas d’aborder. Résumons alors notre engagement et notre foi en l’avenir de la France par cette phrase du général De Gaulle : « Il n’y a qu’une fatalité, celle des peuple qui n’ont plus assez de force pour se tenir debout et qui se couchent pour mourir ». Pour nous comme pour François


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Hamon, Benoît Surnom : LE FRONDEUR Âge : 49 ANS Statut : MINISTRE SOCIALO Expérience : Un frondeur frondé Interview (sic) réalisée par la rédaction Candidat défendu par Zoé Lehuger Deux (courtes) questions à Benoît Hamon Vous savez, vous êtes premier dans nos intentions de vote lors d’un sondage réalisé à SciencesPo Strasbourg… Ah super ça ! Vive SciencesPo Strasbourg ! Votre slogan c’est « Faire battre le cœur de la France ». Ce cœur s’est-il arrêté de battre ces dernières années ? Pas sur le terrain. Pas quand on voit toutes les innovations qu’il y a, je ne crois pas. Par contre je pense qu’il a arrêté de battre dans beaucoup de hautes administrations et parfois au gouvernement. » La filière SciencesPo est souvent critiquée. Est-ce-que la formation des futurs cadres de la Nation, celle imagée du moins (ENA, les IEPS), nécessite une réforme ? Je pense qu’il faudrait qu’on ait une clause de rendez-vous. Une clause qui fait qu’au terme de votre formation, quand vous rentrez dans la haute administration, il y est comme à l’armée, avec l’Ecole de guerre, un moment où on repasse une épreuve. Pour voir si on peut exercer les plus hautes responsabilités durablement. Et aussi qu’il y ait

des formules qui permettent une meilleure promotion, notamment de ceux qui sont simples fonctionnaires et aspireraient à diriger une haute administration, mais ne le peuvent pas aujourd’hui hélas.

Le 16 août dernier, je révisais non sans peine pour les rattrapages lorsque le soleil vint m’éclairer dans cette pénombre pleine de microéconomie et JL CLémentitude : Benoit Hamon annonçait sa candidature à l’élection présidentielle française. J’avoue que j’attendais cette annonce depuis pas mal de mois, et même précisément depuis deux ans, lorsque le 25 août 2014, il annonçait au 20h de France 2 sa décision de ne pas participer au gouvernement de Manuel Valls, affirmant «nous avons été élus, il y a deux et demi, pour améliorer la situation concrète de nos compatriotes, c’est pour cela qu’ils ont choisi la gauche, pour réduire le chômage, pour réduire les inégalités, réduire la pauvreté, augmenter le pouvoir d’achat. Aujourd’hui, la rigueur et la manière dont elle est mise en place ne nous permet pas d’atteindre ces objectifs». C’est vrai qu’à l’époque déjà, le discours du Bourget de François Hollande semblait de plus en plus

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lointain, et notre président semblait réconcilié avec son ennemie, celle-là même qui n’avait pourtant ni nom ni visage. Depuis, entre la déchéance de nationalité, la loi El Khomri ou sa petite nièce la loi Macron, ma carte du PS n’en finissait plus de me démanger jusqu’à finir à la poubelle. Au milieu de ce chaos, Benoit Hamon n’a eu cesse de répéter que, quand le bateau est assiégé par les pirates ; on ne le quitte pas en leur laissant la barre. On se bat contre eux pour récupérer le navire qui nous appartient. Nous n’avons pas à avoir honte du Parti Socialiste, du parti de Jaurès, des congés payés, des 40 puis 35h de travail hebdomadaire. La honte, c’est d’avoir cédé à la droitisation du champ politique, la honte est pour François Hollande d’avoir cédé des millions aux grands patrons sans contreparties pour l’emploi, la honte c’est cette loi qui vient casser notre code du travail, la honte c’est que pour la première fois, les violences policières augmentent sous un gouvernement prétendument de gauche. Mais voilà que, le dimanche 29 janvier, après une courte campagne , et défiant tous les sondages, Benoit Hamon arrive en tête du premier tour de la primaire de la»Belle Alliance Populaire» puis la remporte avec 58,65% des suffrages contre Ma-


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nuel Valls. L’impression, pour les militants socialistes, qu’enfin nous avons récupéré notre navire. Mais le plus dur est encore à venir. Commence alors une campagne présidentielle ubuesque, où, il faut le dire, le candidat du Parti Socialiste a mis du temps à trouver

grande coopération européenne dans le domaine de la défense, la création d’une brigade de contrôle anti-discriminations, la réforme du statut pénal du chef de l’Etat (c’est pas Fifi qui promettrait ça..), la lutte contre les déserts médicaux, la «garantie service public» uni-

Une République inclusive, ouverte, bienveillante et résolument moderne. Les derniers jours ont été difficiles pour Benoit Hamon, avec notamment la défection de Manuel Valls, suivi par d’autres qui en se ralliant à Emmanuel Macron, pié-

une place. Il est vrai qu’en faisant le choix de mettre au cœur de sa campagne non pas les questions identitaires, sécuritaires et les intérêts du Medef, Hamon prenait le risque de ne pas être dans l’air du temps. Pour citer quelques une des propositions phare du candidat pour un futur désirable, on peut parler du revenu universel d’existence de 600 euros, la reconnaissance du vote blanc, l’extension du droit de vote aux étrangers pour les élections locales, la mise en place d’un «49-3 citoyen», la lutte contre les perturbateurs endocriniens, la constitutionnalisation de la préservation des biens communs environnementaux comme l’eau et l’air, une plus

verselle à moins de 30 minutes, l’abolition de la loi travail, la reconnaissance du burn out comme maladie professionnelle, la sortie du nucléaire, le rétablissement de la police de proximité, l’expérimentation du récépissé de contrôle d’identité pour lutter contre le contrôle au faciès, et pour finir sur celles que je n’oserais nommer les meilleures, la généralisation des sanctions contre les entreprises qui ne respectent pas leurs obligations en matière d’égalité Femmes/ Hommes et l’objectif de faire de la lutte contre les violences faites aux femmes une grande cause nationale. Voilà le futur désirable que nous propose Benoit Hamon, un programme parfois surprenant, mais surtout ambitieux et réaliste.

tinent l’engagement pris devant le peuple français il y a quelques mois de soutenir le gagnant de la primaire. Néanmoins je ne pense pas que cela soit forcément une mauvaise chose. Il est temps de définir, ou plutôt redéfinir, ce qu’est être de gauche. Manuel Valls n’est pas plus de gauche qu’Emmanuel Macron, et peut être ce repositionnement de l’ancien premier ministre est-il finalement une bonne clarification. Enfin, gardons en tête que d’après une enquête Cevipof du 20/03/17, 41% des électeurs n’ont pas arrêté leur choix pour cette présidentielle. Ces 41% peuvent faire basculer le résultat de l’élection du mois prochain, et peut être nous permettre de faire battre le cœur de la France.

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Lassalle, Jean Surnom : LE BON Âge : 61 ANS Statut : DÉPUTÉ Expérience : Berger et maire de la mégapole de Lourdios-Ichère Candidat défendu par Léo Luchier Jean Lassalle, député de la 4ème circonscription des Pyrénées Atlantique, maire de la commune de Lourdios-Ichère depuis 40 ans, a obtenu contre toute attente le 17 Mars les 500 parrainages nécessaires pour concourir à l’élection présidentielle. Cet homme, du haut de son mètre 92 et sa voix chatoyante, aime raconter des histoires comme il l’a plusieurs fois montré en session à l’Assemblée Nationale, et il compte bien devenir l’auteur des prochaines pages de celle de la France. Souvent qualifié d’atypique, Jean Lassalle l’est effectivement tant par son parcours que par son projet. Un grand homme se construit par ses actes. Rétrospective. Son Parcours Berger de profession, il devient maire de sa commune à l’âge 21 ans en 1977. En 2002, il se présente aux élections législatives de la 4ème circonscription des Pyrénées Atlantiques qu’il remporte également. Il cumule ces 2 mandats depuis. La particularité de Jean Lassalle c’est qu’a son discours sont liés des actes qu’on ne peut lui enlever. Il est l’archétype du porteur de doléance dans une République qui s’est déclaré une et indivisible en délaissant les territoires. Lui, il se fait le porte-parole de ceux à qui il doit son mandat, et il l’a démontré à plusieurs

reprises. En 2004, alors que dans l’hémicycle Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur, s’apprête à prendre la parole, Il entonne un chant béarnais « Se canta » afin de s’opposer à la fermeture d’une gendarmerie dans sa circonscription. Il bénéficia d’une assez large couverture médiatique. Il obtiendra gain de cause avec le maintien de la gendarmerie. En 2006, il a fait une grève de la faim de 40 jours pour empêcher la fermeture d’une usine, toujours dans sa circonscription, qui employait 140 salariés. Il obtiendra une nouvel fois gain de cause en obtenant un accord signé conjointement de l’entreprise et de l’état qui scelle le maintien de l’entreprise dans la vallée d’Aspes. En 2013, il entreprend une marche de 5000 km à travers la France pour recueillir les témoignages de français de tous bords, de toutes origines, et appréhender à sa manière l’opinion publique. De ce périple naîtra un livre, A la rencontre des Français, qui dresse le bilan des témoignages qu’il a entendu et des conclusions qu’il en retire. C’est de ce parcours chaloupé qu’est né le projet qu’il souhaite porter aux yeux des français lors de cette élection présidentielle. Il voit sa candidature comme le seul avenir enviable pour la France, comme à peu près

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tous les candidats. De ses années d’expériences, des conclusions qu’il a pu en tirer est donc né un projet qui a pour prétention d’apporter les solutions adéquates. Son Projet Son projet, Jean Lassalle l’esquisse dans son livre Un berger à l’Elysée sorti en 2016. Ce livre fait à la fois office de bilan général de l’état de la France à l’heure actuelle, ainsi que de début programme où apparaissent de timides propositions. L’idée, elle tient en 3 mots : « Retaper la France ». Pour cela, Jean Lassalle développe plusieurs axes, mais dont le principal est de redonner la voix au peuple. Il souhaite en effet remettre au goût du jour les territoires, et redonner ses lettres de noblesse à la commune, qui est l’entité territoriale ancestrale de l’action citoyenne. C’est l’échelon politique le plus proche du citoyen, celui où les décisions prises ont un impact direct sur son quotidien. Redonner sa place aux territoires, c’est aussi conserver les services publics de proximité, ceux qui font exister l’Etat sur tout le territoire, et ce sans distinction de lieu, de densité de population, avec une parfaite égalité. Des services qui de plus en plus se trouvent être démantelés au profit d’une « rationalisation de l’Etat » qui sacrifie ses missions d’intérêt général sur


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l’autel du néo-libéralisme. Le deuxième axe de son projet est un combat, celui contre la financiarisation effrénée de l’économie sur laquelle l’Homme ne semble plus avoir aucune prise. Il souhaite limiter le pouvoir de la sphère financière sur l’économie réelle et mettre un terme à cette loi de l’économie ubuesque qui veut que tout investissement doit être rentable sous 3 mois, empêchant tout développement de projets sur du long terme. Limiter le pouvoir des actionnaires en somme. Le troisième axe qui se dégage est celui de l’éducation. Jean Lassalle estime que derrière chaque individu se cache un talent, une voie, mais que l’école actuelle n’arrive que trop peu à le repérer et surtout à le valoriser chez chaque élève. Il souhaite donc un encadrement beaucoup plus grand autour des enfants, non pas pour aider les plus faibles à intégrer les cursus généraux et tous les mener vers le bac général, mais bien pour les conduire vers des voies qui les intéressent. Il est pour la revalorisation de l’apprentissage ainsi que des filières techniques et professionnelles. Il est aussi favorable à l’apprentissage de langues étrangères et régionales dès le plus jeune âge, afin d’éviter l’ignorance et tourner l’esprit des élèves français vers le monde extérieur. Le quatrième et dernier grand axe de son projet est l’indépendance et la place que doit occuper la France dans les relations internationales. Obnubilé par une vision gaullienne du monde, il reste persuadé que la France est un grand pays. Il veut donc replacer au cœur de la politique extérieur française le dialogue, et redorer le blason de l’ONU. S’il est élu, il prendrait comme premières mesures de retirer toutes les troupes françaises des théâtres d’opération sur lesquelles elles

sont engagées, et s’assiérait autour de la table des négociations avec Poutine et Bachar Al-Assad pour régler le conflit syrien. Il existe d’autres axes, notamment autour des relations de la France avec l’Afrique, mais sont ici résumés les 4 principaux. Cet homme atypique, souvent qualifié de doux rêveur, fait depuis peu la une des journaux pour ses envolées lyriques ainsi que sa certitude à être au second tour face à Marine Le Pen. Alors oui l’homme a des défauts, bien qu’une partie de son programme soit accès à gauche et qu’une partie de sa famille était communiste, il vient d’une formation politique de centre-droit, et il lui est souvent reproché sa promotion des terri-

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toires qualifiée de « vieille France ». Sa Mégalomanie lui cause aussi parfois des torts, mais n’est pas là chez lui un aspect assumé qu’induit forcément une élection uninominale conduisant à de telles responsabilités et que tous les autres candidats essayent de cacher ? Depuis le début de sa carrière politique, il n’a jamais perdu une élection, alors pourquoi perdrait-il celle-ci ? Un film, réalisé par Pierre Carles et Philippe Espinasse, retraçant son parcours et sa campagne est en préparation, il devrait sortir avant le premier tour. Son titre ? « Un berger à l’Elysée ? », puisse la réponse à cette question être positive.


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Le Pen, Marine Surnom : LA BRUNE Âge : 48 ANS Statut : DÉPUTÉ EURO Expérience : C’est la digne héritière de son popo. Candidat défendu par Charles Maurice Je vois déjà certains lecteurs pousser des cris d’orfraie en ouvrant Propos à cette page. Ne leur en déplaise, et aussi surprenant que cela puisse paraître, les marinistes existent à Sciences Po Strasbourg. Éléments d’explication. LA SOUVERAINETÉ, MÈRE DE LA DÉMOCRATIE ET DE TOUTE POLITIQUE La souveraineté est le principe même qui fonde et conditionne la Démocratie. Or, la France n’est plus un pays souverain : nous déléguons, depuis 1992, à des institutions supranationales ou à des représentants de représentants, des pouvoirs qui ne devraient pas être délégués, ni même déléguables. Les pouvoirs de battre monnaie, de « décider de l’État d’exception » (ce qui est selon Carl Schmitt, la définition même du pouvoir souverain), de maîtriser ses frontières ou encore ses lois et son budget, sont autant d’instruments qui touchent à l’essence même de la souveraineté du Peuple Français, et donc de la Démocratie. Les détracteurs des souverainistes réduisent souvent leurs arguments à l’idée même que nous demeurons souverains puisque nous avons régulièrement signé et ratifié les différents

traités européens. La belle affaire! Il ne fait pourtant guère de doute que nous ne décidons que de très peu ou de rien. La souveraineté est absolue, indivisible : on est souverain, ou on ne l’est pas, tout comme on est libre ou on ne l’est pas. Réduisant encore un peu plus leurs arguments à une vision juridique appauvrissante, les anti-souverainistes déclarent aujourd’hui, comme Jean-Claude Juncker, qu’il « ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens » . C’est ce qu’un intellectuel français a appelé la « démocrannie » , ou la forme douce (sous les oripeaux de la légalité et des valeurs « démocratiques ») de la tyrannie. En proposant une négociation avec les partenaires européens en vue de récupérer nos souverainetés essentielles, ceci évitant d’abord la rupture directe avec les pays européens tout en garantissant un système de coopération et de dialogue en Europe, Marine Le Pen entend redonner une marge de manoeuvre conséquente à la France et aux Français, permettant ainsi de mettre en oeuvre de véritables politiques. La France, en effet, est condamnée aux petites mesures; condamnée

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à disserter sur l’augmentation de la CSG ou de la TVA, si elle ne récupère pas sa souveraineté. L’EURO, MONNAIE CONTRE LA FRANCE ET CONTRE L’EUROPE Il faudra également faire un jour le bilan de la monnaie unique. J’ai compris le caractère négatif de la monnaie unique en 2013-2014, à la veille des élections européennes, quand nous avons découvert l’incapacité de la Banque Centrale Européenne à lutter contre le chômage, puisque c’était en dehors de son mandat. Marie-France Garaud avait pourtant expliqué pour qui et pour quoi l’Euro a été réalisé : une demande des Allemands pour faire digérer la réunification. Et nombreux sont celles et ceux trouvant dans l’Euro la réalisation d’un échec historique. Plusieurs économistes, dont des Prix Nobel, se sont prononcés en faveur de sa dissolution: Stiglitz, Krugman, Pissaridès (qui devint anti-Euro lors de la crise de Chypre), des anciens directeurs et gouverneurs de banques centrales, des professeurs renommés (Todd, Sapir, Lordon). Or, il y a une forme d’hégémonie intellectuelle dans certains milieux: que ce soit à Sciences Po, à l’Université ou dans les médias, parler de la sortie de l’Euro


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vous attire des comportements qui rappellent ceux de l’Église au moment de la Réforme: on vous met à « l’Index » , on vous accuse « d’hérésie »… Et pourtant « la terre tourne », disait Galilée. La candidature de Marine Le Pen aura au moins le mérite de faire parler de l’Euro, en tant qu’échec pour la majorité des Français; des Italiens (qui sont majoritairement eurosceptiques) mais également pour les Grecs (qui meurent encore aujourd’hui de cette monnaie), et réussite pour quelques uns: haute finance, grandes entreprises, Allemagne, Pays-Bas, zone Mark etc. L’Euro est contre la France, mais également contre l’Europe. Alors parlons-en ! POUR LE RETOUR DES FRONTIÈRES ET D’UNE POLITIQUE ÉTRANGÈRE RESPECTUEUSE DES AUTRES PAYS DU MONDE Déplorable tendance, qui consiste à abolir les frontières pour construire des murs autour de la Tour Eiffel. L’espace Schengen est une passoire, tout le monde le sait, mais personne n’ose le dire, de peur de faire le « jeu du FN ».

Pourtant, il y a urgence à rétablir des frontières, que ce soit au niveau de la circulation des personnes, des marchandises ou des capitaux.

kozy, Fillon, Hollande, Fabius, Clinton etc. Tous ont le poids de la responsabilité des flux migratoires sur leur dos. Et ce n’est pas aux Français de payer l’addition !

Point de « repli sur soi », point de « haine de l’étranger ». Le droit d’asile ne sera pas remis en cause, demeurera - non pas une filière d’immigration - mais un droit pour les individus persécutés par leur gouvernement. Marine Le Pen avait ainsi proposé à ce que l’asile politique soit accordé à Julian Assange ou même à Snowden. Les réfugiés ne seront plus accueillis de manière irresponsable: on impose aujourd’hui aux Français d’accueillir des « migrants » contre leur volonté; et on dit de l’autre côté à ces mêmes migrants qu’ils peuvent venir sans aucun problème. Qu’avons nous réellement à leur offrir? On comprend aisément les raisons qui les poussent à venir chez nous, on comprend leur détresse, mais rappelons nous de ceux qui ont déstabilisé la Syrie, les pays du Maghreb ou du Sahel. Ils ont un nom! Ils ont une adresse! OTAN, Washington, Sar-

Nous les raccompagnerons et les aiderons chez eux, puisque nous ferons - notamment - de l’Afrique la priorité de la politique étrangère de la France (fin du Franc CFA, de la « françafrique » qui est une forme de néocolonialisme, lutte contre le terrorisme etc.) . Marine Le Pen, c’est une politique étrangère dans l’héritage de la politique des non-alignés de De Gaulle : « face au mondialisme, souverainistes de tous les pays, unissez vous! » pourrait-on presque affirmer.

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Les frontières ne sont ni des murs, ni des barbelés, mais bien « des filtres nécessaires contre le chaos du monde » (Régis Debray). Elles sont ce qui séparent la « maison commune » du monde extérieur, ce qui permet de contrôler qui rentre chez nous ou non. Aucun lecteur ici n’accepterait de laisser sa porte grande ouverte, il en va de même pour la maison France.


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Les frontières permettent de s’épargner des flux migratoires iniques, un capitalisme financier débridé, qui joue contre l’économie réelle, de faire du protectionnisme raisonné - comme par exemple imposer la préférence nationale en matière de commande publique. RESTAURER L’IDEE DE NATION POUR SAUVER LA RÉPUBLIQUE? La Nation est essentielle. Les Français voteront les 23 avril et 7 mai prochains pour élire le Président de la République Française. Pas un gouverneur de province européenne, pas un vice-chancelier, mais bien un Chef d’État. Sans Nation, pas de République. Opposer République et Nation est une erreur. Pourquoi? Parce que la Nation n’est pas ethnique, elle est politique. Quand Marine Le Pen propose d’instaurer la préférence nationale, 100 artistes s’insurgent appellent à faire barrage , alors même qu’ils bénéficient de l’exception culturelle, qui est en fait la préférence nationale appliquée au domaine artistique. Je mets au défi le lecteur de trouver un seul propos discriminant chez Marine Le Pen; un seul propos dirigé contre les origines de tels ou tels Français, contre une religion. Point d’islamophobie, mais bien un rejet de l’islamisme. Point de racisme, mais une demande - y compris chez les Français naturalisés - d’arrêt de l’immigration. Rejeter le communautarisme, c’est libérer les jeunes femmes contraintes de porter le voile, libérer les individus de pressions religieuses, ethniques, tribales et communautaires, et de leur permettre de s’assimiler pleinement dans la communauté nationale. On parle de « Français de

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souche », on oublie « les Français de branche » qui entendent également voter Marine. Marine Le Pen, c’est la réconciliation nationale entre tous les Français. Qui divise? Qui a enfermé les français musulmans dans l’islamisme? Qui a accru le fossé entre la campagne et les villes? Il y a beaucoup de questions mais une seule réponse: ce sont ceux qui ont été au pouvoir, pas nous! La République ne peut être sans la Laïcité: elle fut conçue en partie par Jean Bodin, auteur bien connu de Les Six Livres de la République, et moins connu du Colloquium Heptaplomeres (le Conseil des Sept). La Laïcité est là d’abord pour empêcher qu’une religion n’impose sa politique, tout en garantissant la liberté de culte de chacun. Le Conseil des Sept a posé les bases de l’État laïc et de la Nation française. Dans une époque ravagée par les guerres de religion, Bodin et ses consorts ont fait le constat que l’on ne pouvait réfuter les croyances religieuses par des arguments issus de la Raison. Devant cet échec du rationnel contre l’irrationnel, la nécessité de l’État laïc devenait impérieuse: « Dès lors, l’important lors des guerres de religion en France n’est pas de savoir si l’on est catholique ou huguenot, mais si l’on est français ou rallié au roi d’Espagne » . On retrouve là la vision qui est aujourd’hui défendue par Marine Le Pen : (1) la religion ou l’origine ne compte pas dans le fait que l’on est Français ou non; (2) l’État est laïc et doit faire respecter la laïcité; (3) accepte-t-on de construire et de participer à un

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espace commun? C’est bien le sentiment d’appartenance à une seule communauté nationale qui fait qu’aujourd’hui Paris accepte de payer pour la Creuse, que les Français acceptent encore les impôts et les transferts sociaux. C’est bien le concept de Nation qui est au coeur de l’État-providence. C’est parce qu’il n’y a ni peuple européen ni nation européenne que le fédéralisme est impossible puisqu’il exigerait de l’Allemagne qu’elle transfère 8à 10% de son PNB (soit 230 milliards d’euros) pendant au moins une décennie, ce qu’elle ne pourra ni ne voudra. En votant Marine Le Pen, j’entends ainsi restaurer sa souveraineté; j’entends réconcilier tous les Français; (re)bâtir notre Nation; avoir un avenir chez moi, et pouvoir être réellement fier de mon pays.


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Macron, Emmanuel Surnom : LE BANQUIER Âge : 39 ANS Statut : EX-TOUT Expérience : Ni à droite ni à gauche (mais pas trop à gauche quand même) Candidat défendu par Ugo Rostaing La question se pose pour chacun de nous, doit on voter pour les élections présidentielles ? Et si oui, pour qui ? C’est précisément à partir de ces interrogations que s’est créé le mouvement En Marche en avril dernier. À l’origine une « aventure personnelle », le mouvement a su rapidement pro-

On parle aujourd’hui de lui comme d’un candidat important, si ce n’est le favori : tout cela a été rendu possible par l’inspiration qu’il a su générer chez ses supporters, à la limite de la fascination. Pourtant, dans les faits, Emmanuel Macron n’emporte pas l’adhésion de tous, et à l’inverse même, il est

qui est de redonner sa place aux considérations des citoyens. La douzaine d’axes autour desquels sont développés les propositions d’En Marche ont suivi un long processus de sélection : La Grande Marche, en Juillet, pour dégrossir les préoccupations des Français ; Les ateliers de restitutions de

liférer pour atteindre les 100000 membres en octobre dernier, plus de 200000 aujourd’hui. Ces membres se sont réunis dans des comités locaux, des rassemblements de 10 à 30 personnes, qui ont discuté des thèmes qui touchent tous les Français. Pour beaucoup c’est du blabla, mais en fait, c’est précisément l’argument par lequel Emmanuel Macron a su convaincre, entraîner une dynamique.

fortement rejeté par une large part de l’opinion, voyant en lui tantôt le suppôt des banques, tantôt le digne successeur de François Hollande. L’important n’étant pas de le catégoriser, mais plutôt de voir ce qu’il a pu faire jusqu’à maintenant, en l’occurrence son projet. Le « plan de transformation » d’En Marche que porte Emmanuel Macron s’est d’abord longtemps fait attendre. Depuis qu’il a présenté son programme, tous ont pu voir l’objectif porté par E. Macron

la Grande Marche, qui ont identifié les thèmes de campagne ; les ateliers du plan de transformation, qui ont permis aux participants des comités locaux de prioriser les propositions qui leur ont été soumise par le comité national.

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Bref, un programme construit selon les attentes des Français, pour répondre au mieux à leurs préoccupations.


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Mélenchon, Jean-Luc Surnom : LA BRUTE Âge : 65 ANS Statut : REBELLE ÉCOLO Expérience : Arrivera à Jet-Pack à son prochain meeting Candidat défendu par Dalila Zin El Abidine De la vertu à l’action, voilà le sens de mon engagement politique. Il commence par le constat d’un déséquilibre : il est à la fois facile à tout un chacun de se faire une idée du juste, il est beaucoup plus difficile de transformer la justice en réalité effective, tant notre société a réduit à néant notre volonté et capacité d’agir. De nos préoccupations immédiates, de la

lonté de construire, à son image, un avenir en commun.

multitude des divertissements à disposition, de notre impatience, il est resté à notre société française une inertie latente et l’impression amère que nos actions sont vaines, aspirée par le manège d’une organisation mondiale dont on a jugé qu’elle nous dépassait. Pourtant, il arrive un point de rupture où le constat des injustices prend le dessus sur notre résignation. De l’idée du juste naît la vo-

sée sur le site jlm2017.fr entre les mois de février et août. La deuxième étape a été celle d’une synthèse de ces contributions en un livre programme accessible à tous, dont le contenu propose aux citoyens français d’élargir les conditions de possibilité de leurs actions, au profit d’une vertu commune. À ce stade, la campagne présidentielle en est la troisième étape : la naissance des groupes

À titre personnel, c’est le projet porté par la France Insoumise qui m’a semblé le mieux à même d’effectuer cette transition, par le biais de l’engagement participatif. La première étape de son processus a été celle d’une contribution de 3 000 insoumis, dépo-

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d’appui, les stands de discussions, les assemblées générales, les réunions publiques, un chiffrage collectif qui ont formé le moment charnière où chacun a pu voir se transformer sous ses yeux l’idée du juste en actions retrouvées. Cet avenir en commun s’incarnera avec le geste du vote insoumis que l’on glissera dans l’urne.

Nous avons fait du phi de la sagesse l’étendard de la France Insoumise que nous revendiquons. Ces deux symboles qui peuvent paraître paradoxaux à certains sont pourtant nécessaire à l’avenir en commun que nous voulons, puisque l’insoumission est le point de départ des révolutions qui ont contribué à améliorer la condition humaine.


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Poutou, Philippe Surnom : LE SANS-PRESSION Âge : 50 ANS Statut : TROLL Expérience : Souhaite doubler son score de 2012 (et atteindre 2,3%) Candidat défendu par Florian Martinez Le 6 mars dernier, à deux semaines seulement de la date limite de réception des parrainages pour la présidentielle, il n’était encore qu’à 150 signatures. Un mois plus tard, Philippe Poutou, candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste, est qualifié pour participer à l’élection présidentielle. Retour sur sa conférence strasbourgeoise, à la Maison des Syndicats. Si seulement une centaine de personnes sont venues assister au meeting du 6 mars, la modeste salle louée pour l’occasion est complète. Quelques affiches portant les slogans et les valeurs du parti ornent les murs constituant un décor simple et sobre, à l’image du candidat. Ici, pas de drapeau français, pas de chants ni de larges portraits à l’effigie de Philippe Poutou. L’ambiance est totalement dénudée de providentialisme, mais plutôt chargée d’une certaine colère, véhiculée par les interventions de quatre militants du NPA et de la CGT, en préambule de la conférence. Le discours de Philippe Poutou, improvisé mais certainement structuré, laisse une marquante impression d’énergie, qui perdure longtemps après la fin de la soirée. Son intervention est un exposé vif, succinct et clair du programme du NPA et de sa vision de la société. Pas de doute : ce mee-

ting, comme tous les autres, n’est pas un prétexte pour se tailler un chemin dans la course à la présidentielle. Avec 1,15 des suffrages en 2012, le candidat reste lucide quant à ses chances d’accéder à l’Elysée : “Se dire candidat ouvrier, c’est pas très racoleur”. Au contraire, c’est avec fierté qu’il assume une position anti-présidentialiste. Peu importe les railleries qu’il subit dans les émissions comme On n’est pas couché, il s’agit pour lui de porter haut et fort « les revendications de la force d’en bas, celle la force ouvrière, celle que les patrons ignorent et ne veulent pas entendre».

« Combattre la droite et l’extrême droite, ça ne se fera pas par le PS ou des solutions institutionnelles. Il faut un parti pour les exploités » Face à une probable victoire des “ultra-libéraux” en mai, il n’est pas question la moindre seconde d’établir des accords avec un seul des partis de gauche. « Combattre la droite et l’extrême droite, ça ne se fera pas par le PS ou des solutions institutionnelles. Il faut un parti pour les exploités » déclare P. Poutou

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.Selon lui, ce n’est qu’au travers d’une gauche de combat et non une gauche de gouvernement qu’il sera possible de reconstruire un monde social apaisé. Malgré quelques affiliations communes, le NPA refuse une alliance avec les Insoumis : n’en déplaise aux soutiens mélenchonistes de l’IEP, pour P. Poutou, Mélenchon n’est qu’une version à peine plus radicale de ce que propose le PS et Benoît Hamon : « Pendant une campagne électorale, on est de gauche et une fois dans le gouvernement, on est de droite. Mélenchon a déjà été à la fois au Parti Socialiste et au gouvernement ». Incrédulité et scepticisme appuient une forte indignation contre la gauche des institutions. Par ailleurs, l’union auprès du parti Lutte Ouvrière et de Nathalie Arthaud, avec qui il partage de nombreuses idées et propositions telles que l’interdiction des licenciements ou la baisse du temps de travail à 32h, n’est pas non plus envisageable. Les divergences opposant ces deux partis, décrits souvent à tort comme semblables, sont trop grandes. Qu’il s’agisse de questions idéologiques ou des visions sur des sujets aussi fondamentaux que l’écologie, le droit des femmes ou le protectionnisme, P. Poutou prône le pluralisme politique. « On est un petit parti avec des petits moyens, mais on compte bien obtenir les 500 signatures et aller


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jusqu’au bout ».

« Je me sens plus proche de Spartacus que des Gaulois » C’est grâce à l’occupation de la sphère médiatique et de la rue que le candidat entend faire avancer la société. « Je me sens plus proche de Spartacus que des Gaulois », confie-t-il à la salle : pour changer le système et se battre, il serait avant tout nécessaire de « remotiver une vraie conscience de classe » (ndlr.), opposée contre les dirigeants d’un système violent, corrompu et inégal. Ici, il dénonce à la fois l’évasion fiscale et la non-redistribution des richesses, le mépris social des professionnels de la politique et leurs implications dans de multiples affaires judiciaires. Le mot d’ordre est simple : « Les capitalistes sont toujours hors-la-loi. Il faut que ça change, et la bataille ne commencera qu’avec des revendications, des foyers de résis-

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tance ». À ce titre, Nuit Debout, le mouvement contre la loi El Khomri ou encore les ZAD de Notre-Dame des Landes ou de Sivens sont une aubaine, « de beaux mouvements qui donnent de l’espoir ». Quel que soit le résultat de mai, la victoire semble pourtant déjà acquise pour Philippe Poutou : la cause ouvrière, celle décrite entre autre par le film « Merci Patron » de François Ruffin et défendue par le candidat du NPA, sera bel et bien représentée lors des débats, apportant ainsi un vent de fraîcheur et de diversité dans nos fils d’actualité. Même si l’on ne partage pas une seule idée politique avec lui, sa candidature, parce qu’elle nous rappelle que le terrain des présidentielles n’appartient pas seulement à cinq grands partis majoritaires, requiert notre attention.

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Qui sera le nouveau résident de l’Élysée ? Par Arnaud Dubuisson

11 candidats ! 11 campagnes ! À 3 semaines du 1er tour, les sondages semblent nous vendre un débat ultime Le Pen – Macron au second tour de l’élection présidentielle. Pour la première fois, il y a quasiment autant de candidats eurosceptiques que de candidats europhiles. Mieux encore, personne ne semble être capable, aujourd’hui, de savoir qui des 11 candidats, sera au second tour et de fait, aura une chance de gagner. Certains croient les sondages, à défaut de ne pas avoir été déstabilisé par leurs incapacités récentes à prévoir les phénomènes du Brexit, de Donald Trump, de François Fillon lors de la primaire de la droite et du centre ou même de Benoît Hamon lors des primaires à gauche. Seulement, estce désormais raisonnable ? Après avoir prédit, en avance et par l’intermédiaire d’analyses fines des dynamiques de campagnes, la victoire de François Fillon et de Benoît Hamon aux deux primaires respectives, je me devais de vous

dévoiler mon pronostic ultime pour cette présidentielle. Que la tâche est rude ! Les idées sont vastes lors de cette élection présidentielle. Chacun peut y trouver son compte, or 40% des Français s’apprêtent à voter blanc à 3 semaines de l’élection ! Les observateurs ne cessent d’annoncer une abstention-record ? Un président ? La première présidente ? Qui aurons-nous à la tête de l’État le 7 mai 2017 ? Puisqu’il faut déterminer qui des 11 finira à l’arrivée, éliminons peu à peu ceux qui semblent ne pas être en mesure de gagner cette élection. Philippe Poutou annonce se présenter sans vouloir devenir président de la République. Après avoir obtenu 1,15% en 2012, Poutou annonce sa disqualification avant même de commencer sa campagne. Jacques Cheminade ! 3ème tentative pour l’homme qui ne dépassa jamais 0,28% lors de l’élection présidentielle. Autant dire que l’accession au second

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tour semble compromise. Nathalie Arthaud, la candidate des ÉtatsUnis d’Europe, atteignait 0,56% en 2012. Difficile d’imaginer un score qui explose en 2017. Nicolas Dupont Aignan collectait 1,79 % des suffrages en 2012. Sur TF1, ce dernier a protesté contre le débat des « gros candidats » annonçant qu’il n’y avait ni de « petits Français, ni de grands Français ». Une vague de soutien a proféré en sa faveur mais les Français ne semblent pas prêts à voter massivement pour ses idées. Jean Lassalle, pour sa première candidature à l’élection présidentielle souhaite s’affirmer comme le sauveur. Un berger à l’Élysée, les Français y sont-ils prêts ? Je prédis à ce dernier, sans nul doute, le prix du candidat le plus attachant. François Asselineau sera-t-il la surprise de l’élection ? Le candidat du Frexit profitera-t-il du niveau d’euroscepticisme en France ? Sa candidature était déjà une surprise. Cet homme n’a rien à perdre. Il peinera, sans doute,


Propos n°97

à rendre sa candidature comme un vote pour de nombreux Français. Je lui annonce un petit succès mais une potentielle révélation lors des débats télévisés pour les eurosceptiques. Nous voilà désormais avec 5 candidats potentiels pour briguer la présidence : Benoît Hamon, Emmanuel Macron, Marine Le Pen, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon. Un candidat semble être pris au piège. Ce dernier est Benoît Hamon. Entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon peine à imposer son revenu universel dans le débat public. Décrédibilisé par les autres candidats pour ses promesses, Hamon semble connaître une chute interminable au profit de Mélenchon qui apparaît comme le rempart pour la gauche. De plus, une partie des électeurs du PS semble se diriger vers Emmanuel Macron afin d’éviter un second tour Marine Le Pen – François Fillon. Je prédis à Benoît Hamon une 5ème place. L’homme qui montait dans le silence, raflant les voix de son camarade Benoît Hamon, JeanLuc Mélenchon semble connaître une véritable montée lors de cette élection. Après avoir obtenu 11,10% des suffrages en 2012, Jean-Luc Mélenchon semble redynamiser une partie de la France autour de son personnage, de ses valeurs et de son aura. Je lui prédis une belle 4ème place avec un score nettement amélioré tant une belle dynamique semble être de son côté. Emmanuel Macron – Marine Le Pen – François Fillon. 3 candidats pour une place. Et si Marine Le Pen n’était pas au second tour ? Ce phénomène n’est pas improbable. Et si Emmanuel Macron n’achevait pas sa marche sur un score honorable pour atteindre le second tour ? Et si François Fillon, le vainqueur annoncé

L’élection présidentielle

le soir du 2nd tour de la primaire de la droite et du centre, était véritablement plombé par une toute autre image au sein de la société suite aux affaires ? Alors que Marine semblait avoir toutes ses chances lors de cette élection, le retour au débat d’idées suite aux affaires Fillon a influencé une baisse radicale de sa dynamique. Par ailleurs, Le Pen semble avoir raté son premier débat télévisé. Ainsi, j’annonce Marine Le Pen, perdante de cette élection présidentielle, même si elle est au second tour face à Emmanuel Macron, une aubaine pour elle d’avoir potentiellement en face d’elle l’incarnation du rassemblement large de Robert Hue à Alain Madelin, europhile convaincu et « figure de la mondialisation qui réussit ». Emmanuel Macron – François Fillon. 2 candidats pour une place. Emmanuel Macron connaît, sans nul doute, une dynamique pour sa campagne et une curiosité sans précédente. Seulement, la dynamique d’Emmanuel Macron semble extrêmement fragile tant ce vote peut apparaître comme un vote « par défaut » pour un grand nombre d’électeurs du PS. Emmanuel Macron semble être, pour certains, un rempart pour éviter le traumatisme de 2002. Toutefois, je prédis, quoi qu’il en soit, l’accession au second tour de François Fillon. Fragilisé, lâché, enterré voire même conspué depuis plusieurs semaines, François Fillon semble avoir gardé un socle extrêmement solide ! Ce socle aurait pu avoir l’occasion de disparaître lors de ces dernières semaines mais François Fillon ne cesse d’affirmer son honnêteté. Après avoir concédé à plusieurs reprises avoir fait

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des erreurs, morales notamment, François Fillon y croit coûte que coûte. Le socle de François Fillon est, selon moi, l’un des plus solides parmi les candidats. Marine Le Pen sera, sans nul doute, freinée durant ces 3 semaines et je peine à imaginer Emmanuel Macron réussir une mobilisation massive envers sa candidature. Je crains, pour le candidat Macron, que le vote par défaut ne fonctionne pas face aux votes par conviction envers François Fillon notamment. Emmanuel Macron entraîne évidemment derrière lui, des votes de conviction mais ce dernier me semble très fragilisé et je peine à croire au second tour Emmanuel Macron – Marine Le Pen. Je prévois ainsi une victoire de François Fillon, disposant d’un socle qui n’hésitera pas à se mobiliser. François Fillon semble être, par l’intermédiaire des données du Big Data, un potentiel second au premier tour, selon Filteris, un algorithme canadien qui témoigne, par analyse des perceptions positives et négatives sur le web, du poids numérique des candidats à la présidentielle. À ceux qui ne croient plus aux sondages, je conseille ces nouvelles données, issues du Big Data qui furent les plus proches lors du 1er tour en 2012 ! Sur ce, ravi de vous avoir fait des articles de prédiction lors des primaires. Jamais 2 sans 3 avec cette présidentielle ? À suivre ! Bon vote !


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L’élection présidentielle

Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ? Point de vue campagne Par Martine

Une élection présidentielle est toujours un moment important dans la vie politique française, quel qu’en soit le résultat. Elle est d’autant plus importante lorsque, pour la première fois, elle permet aux étudiants que nous sommes de nous exprimer pour la première fois pour un tel suffrage. En voyant la petitesse de l’élection présidentielle, je me disais que tout était réuni pour ouvrir un débat digne de ce nom en France. Près de six mois plus, je constate à regret que je me suis trompé. De l’excitation dans l’attente du début de la campagne, je suis passé dans l’expectative, l’incrédulité d’une campagne rythmée par les affaires, les échecs d’un rapprochement à gauche, tout cela sous un ciel bleu marine qui menace de passer à l’orage.

très différents des candidats, elle avait tout pour plaire. Je pense notamment aux divergences de vues, au sujet du temps de travail, qui devaient être propices, selon moi, à un débat économique constructif autour de cette thématique sans cesse débattue. Il n’en a rien été. De même, le thème de l’ouverture ou du protectionnisme est sans cesse détourné sous forme d’expressions et de phrases chocs, chacun campant dans sa zone de confort. Au-delà du dernier débat, qui a été la timide occasion d’une vraie confrontation d’idées mis à part quand les thématiques étaient détournées avec soins par Mme Le Pen qui a, à titre d’exemple, préféré nous parler d’agriculture quand les journalistes lui demandaient d’exposer ses propositions pour l’écologie.

Loin de vouloir exprimer par cet article mon opinion publique qui ne regarde personne, cet article constitue simplement un appel à la raison. Cette campagne ne rime pas à grand-chose. Sur le papier, et au vu des programmes

En outre, cette campagne m’a superbement déçue dans cette manière de faire jouer les institutions judiciaires en tournant des possibles détournements de fond à son avantage. Sans parler des programmes qui n’engagent

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que ceux qui les lisent, marteler des discours aussi audacieux que dangereux vis-à-vis de la justice française témoigne d’un problème de transparence financière et politique qui se développe comme un cancer sans que rien ne soit réellement fait pour faire bouger les choses. Le pire dans toutes ces trames judiciaires, c’est cette faculté de Mr Fillon et de Mme Le Pen de prétendre que, pendant tout ce temps où ils sont interrogés sur leurs convocations auprès de la justice, le peuple français n’est pas écouté. Peut-être aurait-il fallu pour cela utiliser davantage ce langage de la vérité plutôt que de se porter en victime, de s’en prendre à un soi-disant « système » dont on sait très bien qu’ils y appartiennent tous les deux et profitent confortablement de financements publics. Baser sa campagne en se portant en victime, en parlant de toutes choses sauf de son programme, ça s’appelle effectivement du populisme. Attaquer la soi-disant manipulation des médias alors que tout le monde sait, au fond, qu’ils sont tous plus ou moins orientés


Propos n°97

pour un parti politique, c’est nier la liberté d’expression. Tout se passe comme si les médias n’avaient plus leur droit d’informer, d’exposer aux Français les possibles scandales d’État qu’on chercherait à leur cacher. Voter, selon Rousseau, c’était savoir faire le vide en soi et de choisir dans le silence de ses passions. Si chacun, plutôt que tacler ceux qui osent exprimer leurs opinions de manière constructive, se faisait sa propre opinion calmement tout en prenant de la distance et de la hauteur par rapport aux discours, aux réseaux sociaux, aux journaux télévisés, le débat serait sans doute plus paisible à la fois entre les candidats et entre les électeurs également. Cette déception, elle vient aussi de cette guerre d’ego qui a touché la gauche. A eux deux, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon avaient la possibilité de faire basculer nettement cette campagne à gauche avec des idées nouvelles et en rupture avec le mandat du Président Hollande. J’entends déjà tous ceux qui viendront me dire que leurs programmes n’ont que peu de points communs sur certaines thématiques, en particulier l’Europe, le temps de travail, la crédibilité d’un revenu universel. Toutefois, prétendre être prêt à tout pour faire triompher la gauche envers et contre tout et jouer au final une partie de passe passe pour savoir qui s’effacera au profit de l’autre illustre à quel point la présidentielle reste une lutte presque égoïste au risque de tout perdre. De même, et en dépit de la décision du Conseil d’État, la décision de pouvoir se passer de six candidats pour le seul et unique motif que les sondages ne les plaçaient pas en position favorable, est le marqueur d’un véritable déni de démocratie qui sera à peine

L’élection présidentielle

comblé par les deux débats du mois d’avril. Ce coup médiatique fort de Nicolas Dupont-Aignant, en ce sens, n’est pas un hasard. Difficile de promouvoir une campagne saine et paisible quand les candidats sont d’emblée placés dans un rapport inégalitaire par rapport aux « poids lourds » de cette campagne. Rien ne laisse présager que ces candidats auraient pu faire une percée le 23 avril prochain mais il paraît on ne peut plus normal de donner plus de visibilité à ces petits candidats qui cherchent à orienter le débat vers des thèmes parfois quelque peu oubliés et négligés. Ce déni de démocratie, c’est aussi tenir sa parole et ne pas sans cesse revenir dessus au gré des soubresauts de la campagne. Se présenter comme un homme qui respecte sa parole, qui prend des engagements et ne pas se conformer à ces derniers relève d’un manque de respect envers les Français. Je pense à Manuel Valls qui, en plus de ne pas tenir sa promesse de soutenir le candidat vainqueur de la primaire, a souhaité afficher ouvertement son vote à Emmanuel Macron alors que rien ne l’obligeait à le faire. Quand l’échec se fait ressentir, peut-être aurait-il été préférable de s’éclipser et de laisser la campagne se dérouler sans y prendre part. C’est cette prise de distance que manifeste le Président Hollande qui, s’il ne présent pas un bilan resplendissant, se tient à l’écart d’une élection qui ne le concerne plus depuis sa déclaration du 5 décembre dernier. Ce déni de démocratie enfin, c’est trouver normal d’attendre mars pour faire part de ses idées et de son programme pour la France comme si l’élection consistait en un blockbuster qu’il s’agirait de promouvoir par le prix de teasers et de meetings parfois vides de sens et de propositions.

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Tout cela pour dire qu’une campagne aussi galvaudée ne vaut pas grand-chose de mieux que celle qui a eu lieu aux ÉtatsUnis, la justice étant décriée, les journaux critiqués, la démocratie oubliée. Toutes ces péripéties m’invitent à la méfiance, voire au dégoût envers certains candidats. Certains seront sans doute contents de cette campagne et supporteront becs et ongles leur candidat sans nuance et sans recul par rapport aux propositions faites. Tant mieux pour eux. En ce qui me concerne, c’est quelque chose que je ne comprends pas.


Avril 2017

Éditorial El Futuro - Travailleurs

El Futuro - Justine Simonin - Thomas Koetzel

Travailleurs

Stagiaire

- Jerôme Delsol

Portrait de travailleuse : Justine Simonin Par Une Moule

Présentez vous en quelques mots : Nom, Prénom, master, année du diplôme etc... * Justine Simonin, Master EERI (M2 à l’IEP de Grenoble Méditerranée et Moyen-orient), promotion 2013. Quelques mots sur ton master (défauts, qualités etc..) Comme pour beaucoup de Master en Relations Internationales j’imagine: trop de théorie et pas assez de pratique. L’enseignement nous donne assez de bases solides pour appréhender une situation dans son ensemble et sous différents prismes, ce qui reste un avantage indiscutable de la formation sciences piste comparée à d’autres formations. D’un autre côté le master manque vraiment de cours pratiques, d’interventions de professionnels. Par exemple le cours qui me sert le plus (et probablement le seul) dans mon emploi actuel est un cours de management de projet que j’ai seulement eu pendant un semestre, par rapport à d’autres cours théoriques (Histoire par exemple) qui prennent beaucoup plus de place et me semblent un peu inutile une fois au niveau master.

Quel emploi occupez-vous? Project Manager dans une ONG israélo-palestinienne. Racontez nous votre journée type! On travaille principalement online et l’équipe est petite, donc je travaille dans un bureau en open space. Je suis assez indépendante dans mon travail, mon patron me donne des objectifs généraux et à moi de m’organiser comme je veux pour les atteindre. Mes missions sont très variées: community management, grant management, grantwriting, research, wordpress etc. J’arrive au bureau à 10h, je prend ma pause déjeuner un peu quand je veux et généralement je quitte mon bureau vers 18h-18h30. Qu’est-ce que qui vous y plaît/ déplaît? Les + : l’indépendance, la diversité des tâches, la possibilité d’apprendre et d’acquérir de nouvelles compétences, l’ambiance détendue de mon bureau, la finalité de mon travail (la mission de l’ONG) Les - : le salaire trop bas, le manque d’organisation apparemment inhérent au secteur des ONG.

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Comment l’avez vous trouvé/ obtenu? (études post diplômes, stages etc...) Après un stage que j’avais trouvé grâce à un contact (sans rapport avec l’IEP). Quelles sont vos perspectives de carrière, vos plans pour le futur, vos espoirs ? J’aimerais acquérir plus de compétences qu’on ne m’a pas apprise pendant mon master mais qui sont super utiles/recherchées dans ce milieu: grantwriting, budget & management de projets en général, plus de compétences informatiques aussi et un peu en design. Mon projet principal est de continuer dans cette voie et de gagner en expérience pour pouvoir dans quelques années prétendre à un salaire plus élevé. Au final, votre master s’est-il révélé utile ? Est-il en lien avec cet emploi actuel ? Oui en général mon master est en lien avec mon emploi: je travaille au Moyen-Orient dans un secteur très proche de la coopération internationale donc ça colle avec ma formation RI-Moyen-


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Orient. Après comme dit plus-haut je pense pas que mon master en soi ait été indispensable pour bien faire mon travail mais c’est un plus. Quelques exemples: - tout ce qui touche à l’aspect culturel de travailler au Moyen-Orient avec des locaux, le fait d’avoir étudié la région et son histoire est un plus - on travaille beaucoup avec les ambassades donc connaître les rouages de de la diplomatie est de la géopolitique est un plus - on a récemment obtenu un financement de l’UE, et les bases acquises à l’IEP en droit, tout ce qui touche à l’UE et mon cours de management de projet s’avère vraiment très utile pour gérer ce financement Avez-vous participé à des associations pendant vos années à

El Futuro - Travailleurs

l’IEP ? Comment l’avez-vous valorisé ? J’ai fait partie de Stras’Diplomacy et j’ai participé à deux MUN. Je l’ai toujours mis dans mon CV mais je ne pourrais pas trop dire si c’est vraiment un plus ou pas. Par contre je valorise cette expérience en expliquant comment on a organisé la formation des délégations, comment on a recruté, essayé de financer etc et ça c’est vraiment un plus surtout pour les employeurs anglo-saxons. Un conseil pour les plus jeunes pipos? - vous allez sûrement vous sentir sur-qualifiés / sous-payés au moment de chercher un emploi mais sachez que c’est la même chose pour tous les nouveaux diplômés! - la recherche d’emploi est longue et c’est normal (6-8 mois de re-

cherche d’emplois c’est beaucoup plus courant qu’on peut le penser) - le réseau est votre atout le plus important: le marché du travail que vous voyez sur les sites d’annonces etc n’en est qu’une partie, faites marcher votre réseau à fond, c’est comme ça que vous allez sûrement trouver. Utiliser le réseau des anciens de l’IEP, Linkedin, les potes de potes, les gens que vous rencontrez randomly. N’hésitez pas à envoyer des mails, proposer d’aller boire un café pour poser des questions et apprendre de leur expérience etc. - En m’inscrivant à Pôle Emploi après mon Master on m’a redirigée vers l’APEC et ils ont des ateliers CV/lettre de motivation, entretiens etc qui paraissent assez relous au premier abord mais qui m’ont finalement pas mal aidé au début

Portrait de travailleur : Thomas Koetzel Par Une Moule

Présentez vous en quelques mots : Nom, Prénom, master, année du diplôme etc... Thomas Koetzel, master Finance and Strategy, diplômé en 2015 (promo John Nash). J’ai travaillé à l’étranger dans différents pays depuis. Quelques mots sur ton master (défauts, qualités etc..) L’énorme avantage est que tous les cours sont en anglais, réalisés par des intervenants externes et des professionnels. Cependant certain cours sont parfois redondants. Quel emploi occupez-vous? Supply Operations Manager

Racontez nous votre journée type! Beaucoup de voyages pour rencontrer les fournisseurs. Préparation de revues avec eux (travaillant dans l’industrie spatiale, la fiabilité des équipements que l’on achète est primordiale). Interface entre les fournisseurs et nos équipes d’ingénieur. Qu’est-ce que qui vous y plaît/ déplaît? J’adore voyager. Il y a beaucoup de contact humain, il est important d’avoir un excellent relationnel avec les fournisseurs. Travail très exigeant car il demande une maîtrise du droit, de la finance, mais aussi des aspects techniques des produits à apprendre sur le tas.

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Comment l’avez vous trouvé/ obtenu? (études post diplômes, stages etc...) Mon stage de fin d’études s’est déroulé dans l’entreprise où je suis actuellement, sur un des sites en Allemagne où je faisais de l’analyse financière. Puis je suis rentré travailler quelques mois en France, en banque, avant de décrocher un VIE dans cette entreprise à Portsmouth en Angleterre. J’étais project finance controller. J’avais mon portefeuille de projets d’une valeur totale de 40M€ pour lesquels je gérais les aspects financiers dans le but d’atteindre les objectifs de cash et de marge brute fixés. Durant ce VIE j’ai été identifié comme «talent» par les RH qui m’ont proposé de participer au processus de recrutement pour ce poster de supply operations manager.


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El Futuro - Stagiaire

Quelles sont vos perspectives de carrière, vos plans pour le futur, vos espoirs ? La continuité naturelle de mon poste est le job de project manager, cependant je viens juste de commencer et ne me vois pas changer immédiatement. De plus, j’aime beaucoup les achats et compte y rester plus longtemps. Au final, votre master s’est-il révélé utile? Est-il en lien avec cet emploi actuel? Il s’est révélé utile pour décrocher mes premier emplois et avoir un pied dans l’entreprise et le domaine de l’aérospatial qui m’a toujours fasciné. Cependant

pour mon emploi actuel, qui me demande la maîtrise d’énormément de questions techniques, c’est loin d’être la voie royale. De plus, les Allemands et les Anglais accordent une importance toute relative au diplôme en lui même. Avez-vous participé à des associations pendant vos années à l’IEP ? Comment l’avez-vous valorisé ? J’ai été au BDE et à la Junior Entreprise. J’ai surtout mis en avant mon dynamisme et mon sérieux. La Junior Entreprise pour les Anglais semble être un bel argument, de leur point de vue ça représente une année d’expérience pro très

constructive tout en étant étudiant. Ils prennent aussi cela comme une preuve de maturité. D’après mon expérience, les jeunes professionnels Français sont en effet bien plus aptes à travailler et proactifs sur les jeunes Anglais, mais moins que les Allemands cependant. Un conseil pour les plus jeunes pipos? Faites des stages l’été, participez aux associations. Sortez de votre zone de confort, surtout si vous envisagez une carrière à l’étranger, c’est ce qui sera valorisé.

Portrait de stagiaire : Jérôme Delsol Par Une Moule

Présentez vous en quelques mots : Nom, Prénom, master, année du diplôme etc... * Jérôme DELSOL, entré à l’IEP en septembre 2011, 5A Prep’ENA (2015/2016), Diplômé de l’IEP en filière «Action et Administration publiques» en 2016.

légitime dans le secteur des affaires publiques. Enfin, la PENA a la particularité de mélanger étudiants préparant les concours externes, préparationnaires des concours internes (donc déjà fonctionnaires) et du 3ème concours (ayant une expérience dans le secteur privé).

Quelques mots sur ton master (défauts, qualités etc..) La Prep’ENA (et Prep’INET) est la préparation aux concours administratifs de l’IEP. Elle est dite «non diplômante» car les étudiants «extérieurs» à l’IEP qui intègrent la Prep’ à Bac+5 n’obtiennent pas de diplôme. Aussi, pour les élèves de l’IEP, faire la Prep’ENA en 5A ne conduit pas à un Diplôme national de master (DNM). On sort «uniquement» avec le diplôme de l’IEP qui vaut Grade master (comme les diplômés d’écoles de commerce ou d’ingénieur). Cela étant, ce n’est pas un problème pour l’insertion pro : les taux de réussite sont élevés pour bon nombre de concours et le diplôme de l’IEP permet d’être

Que faites vous actuellement et pourquoi? Lauréat du concours Directeur d’hôpital en décembre 2016, je suis depuis janvier, élève directeur d’hôpital à l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) à Rennes. L’EHESP est, plus ou moins, l’équivalent de l’ENA ou de l’INET pour la fonction publique hospitalière : elle forme les cadres de l’administration hospitalière de catégorie A et «A+» (attaché d’administration hospitalière, élève directeur d’établissement sanitaire, social et médico-social, directeur des soins et directeur d’hôpital), et de certains corps de la fonction publique d’Etat (Inspecteur de l’action sanitaire et sociale notamment).

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En tant qu’élève directeur, j’ai le statut de «fonctionnaire stagiaire» : je ne suis plus étudiant, l’EHESP est mon employeur et je suis rémunéré mais je dois valider un cycle de formation de 2 ans (11 mois de formation à Rennes, et 13 mois sur le terrain, en bonne partie aux Hôpitaux civils de Colmar). Qu’est-ce que qui vous y plaît/ déplaît? Je n’ai pas forcément un gros recul mais ce que je peux dire aujourd’hui c’est que c’est vraiment une expérience extrêmement stimulante : à partir de janvier, on a vingt-quatre mois pour être capable d’exercer au mieux le(s) métier(s) de directeur adjoint d’un hôpital public, c’est à dire, généralement le premier ou deuxième employeur de sa ville, de son département, voire de sa région pour les CHU ! C’est un secteur en pleine mutation, extrêmement divers (on peut aussi bien faire le choix d’une direction des ressources humaines, des finances, de la


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qualité, des achats, ...sans parler des possibilités de mobilité dans les autres corps de la fonction publique), et qui nous conduit à manager et travailler avec des acteurs extrêmement différents (médecins, soignants, ingénieurs, et tous les métiers dits «invisibles» de l’hôpital) ! En tant que directeur adjoint on aura à faire en sorte que tous ces métiers puissent travailler ensemble pour le bon fonctionnement du service public. La formation à l’EHESP, reste une celle d’une école d’application. Même s’il y a une volonté d’élargir nos compétences (on a même quelques initiations à la médecine ! ) et de nous permettre de personnaliser nos parcours, il y a des passages obligés en termes de formation théorique. Cela étant, la vie à l’école est extrêmement riche et il est tout à fait possible d’y vivre sa passion en dehors de la formation ! Quelles sont vos perspectives de carrière, vos plans pour le futur, vos espoirs ? Encore une fois, l’hôpital public est en pleine mutation donc difficile de savoir exactement de quoi le futur sera fait ! La prochaine grande étape de ma «carrière», ce sera le choix du poste et la titularisation fin 2018. Personnellement je ne sais pas encore dans quelle direction (RH, finances, achats...), ni même sur quel type d’établissement (CHU, CH, établissement de santé mentale...) je veux me projeter pour commencer en janvier 2019. Pour l’instant je cherche à rester le plus ouvert et le plus curieux possible afin de me fermer aucune porte ! Au final, votre master s’est-il révélé utile? Est-il en lien avec ce que vous faites actuellement? Je dois clairement une large part de ma réussite aux concours à la PENA et plus largement à l’IEP

El Futuro - Stagiaire

: à l’équipe enseignante qui nous a suivi jusqu’aux oraux mais aussi à l’ensemble de la promotion. L’un des gros avantages de la Prep’ ENA (mais c’est aussi vrai des M2 qui conduisent aux concours comme CAP ou ALORE) c’est qu’on est des promos à taille humaine ce qui permet de travailler ensemble selon nos intérêts de concours (on était une grosse vingtaine contre plus de 100 dans les grandes prépas parisiennes). Si on prend les concours «sanitaires et sociaux» (D3S, EN3S, AAH, IASS, DH), on était une petite dizaine à en présenter et on en a tous réussi un ! Avez-vous participé à des associations pendant vos années à l’IEP ? Avez vous déjà eu l’occasion de le valoriser? J’ai bien profité de la vie associative à l’IEP ! Pour ce qui est de la participation active j’ai notamment été rédacteur et trésorier de Propos en 2A et j’ai travaillé sur une étude pour 180 degrees consulting. C’était utile pour remplir le CV afin de rechercher mes stages mais, en plus des savoir-faire qu’on peut acquérir par ces expériences, c’est aussi une expérience mobilisable dans les grands O de concours ! Un conseil pour les plus jeunes pipos ? Profitez de vos années étudiantes, vous aurez rarement le temps qu’on a à ce moment là ! Bien sûr, on nous le dis tout au long du cursus, pour faire des stages/ job d’un ou deux mois pendant l’été (mais des journées/semaines d’observation peuvent aussi être utiles), mais aussi pour rencontrer le maximum de monde, de profils, de parcours, etc... afin d’affiner son projet. Ne pas hésiter à être pro-actif et à contacter des professionnels : généralement, tout le monde aime parler de son métier !

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Zoom sur... Horizons

Zoom sur Vie de l’IEP

- Voyage solidaire

Le projet solidaire Smile In Mandalay ! Par l’équipe d’Horizons

Le Myanmar, kesako ? Le Myanmar, plus connu sous le nom de Birmanie (malgré le changement de nomination sous la junte militaire en 1989), s’étend sur plus de 670 000 km² (= celle de la France) et regroupe près de 54 millions d’habitants. Le Myanmar se situe au carrefour de l’Inde, du Bangladesh, de la Chine, du Laos et de la Thaïlande. La religion détient une place importante dans le pays : on y compte 90% de bouddhistes à laquelle s’ajoute 6% de chrétiens catholiques et baptistes, 4% de musulmans et 1% d’animistes. Après avoir obtenu son indépendance de la Grande-Bretagne le 4 janvier 1948, le pays sombre rapidement dans une dictature militaire avec le coup d’Etat du Général Ne Win en 1952. En 1988, Aung San Suu Kyi s’impose comme leader de l’opposition à la suite de répressions sanglantes conduites contre les manifestations pacifiques. Représentant une menace pour le régime, elle est de suite assignée à résidence à Yangon et reçoit le Prix Nobel de la paix en 1991 pour son engagement. En 2007, la « révolution de Safran », des suites de la hausse des prix, a un impact limité sur le régime. Le cyclone Nargis ravage le pays en 2008 tandis que le gou-

vernement refuse toute aide humanitaire. De premières élections sont organisées en 2010 mais la fraude électorale et l’exclusion du parti de la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) mené par Suu Kyi, libérée un an plus tard, empêche un réel changement politique. Le 8 novembre 2015, des élections démocratiques mènent la LND au pouvoir, obtenant 60% des 75% sièges disponibles, 25% des sièges étant encore réservés aux militaires. Un an après la mise en place du gouvernement de Htin Kyaw, ami d’enfance de Suu Kyi, le bilan reste très mitigé. En effet, le pouvoir militaire est toujours très présent et on assiste à la continuité des conflits entre l’armée birmane et les groupes ethniques, notamment dans les Etats Kachin et Shan, accompagnée de persécutions à l’encontre la minorité Rohingya, composée de près d’un million de musulmans et constituant la minorité la plus persécutée au monde selon l’ONU. D’un point de vue géopolitique, le Myanmar se trouve au cœur de la rivalité sino-indienne tandis que les Etats-Unis et l’UE appelle à la démocratisation du pays et à la fin des persécutions.

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Le

projet solidaire dalay

Smile In Man-

Le contexte Le Myanmar est un pays en pleine transition politique qui voit fleurir une diversité d’association issues de la société civile. Celles-ci souhaitent diffuser leur messages et rencontrent donc le besoin de maitriser les outils informatiques de communication. Les assos partenaires Le projet « Smile in Mandalay » a été élaboré en partenariat avec l’association française Info Birmanie dans le cadre de son programme de volontariat. Info Birmanie est une association française effectuant des missions de plaidoyer et de sensibilisation aux enjeux actuels du Myanmar auprès de la société française et européenne. Sur place, nous nous rendrons auprès de leur association partenaire Smile Education and Development Foundation qui milite en faveur de l’accès à l’éducation, la tolérance interreligieuse, la réduction de la pauvreté, la paix et la démocratie dans le pays. Le projet sur place Le projet « Smile In Mandalay » s’articule autour de formations à l’informatique et aux stratégies de communication. Nous


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travaillerons sur l’utilisation de Word, Excel, Power Point, du pack Google mais aussi sur la création de montages vidéo, d’affiches et de prospectus ainsi que sur les stratégies de communication sur les réseaux sociaux. Toutes les formations seront préalablement préparées et seront dispensées en anglais aux membres d’associations partenaires de Smile. Nous serons amenés à nous adapter aux différents niveaux d’anglais et devrons régulièrement retravailler nos formations afin de s’adapter aux attentes du moment. Des comptes rendu réguliers de nos activités seront rédigés pour vous tenir informés tout comme un rapport final destiné à l’association Info Birmanie et à ses futurs volontaires. L’équipe Les membres du projet Smile in Mandalay, ce sont nos quatre chouchous de 1A : Bérengère, Antonin, Estelle et Manon ; notre ravissante étudiante Erasmus Jana ; et nos sept 2A presque prêts à s’envoler pour la 3A : Quentin, Suzanne, Solène et Clara dont trois membres d’Horizons : Laure, Juliette et Aline ! Le budget et les actions de financement Les membres du projet ont dû redoubler d’inventivité pour rendre ce projet possible : succulentes ventes de gâteaux, service lors d’une soirée pompier, soirée à l’Agora, tombola et un petit vide dressing qui arrive ! Nous comptons également sur la subvention de l’IEP pour Horizons, compensée pour le moment par un prêt du BDI (merci <3), et avons lancé une campagne de financement participatif sur Leetchi. Nous avons également défendu notre candidature dans le cadre du concours Jeunes qui osent du Crédit Mutuel, ce qui nous a permis de remporter 500€.

Zoom sur... Horizons

Nous tenons à préciser que l’ensemble de ces contributions sert uniquement à financer les frais de séjour sur place (transport dans le pays, logement, alimentation, eau potable, visa). Les billets d’avions, les vaccins, les passeports, les assurances, l’adhésion à Info Birmanie ainsi que certains frais de groupe sont à la charge personnelle de l’étudiant, ce qui représente donc un investissement important. Néocolonialisme Il est utile de rappeler la vision d’Horizons sur ce point. Nous considérons que Smile in Mandalay est un projet solidaire et non humanitaire. Si la frontière entre ces deux termes est fine, nous envisageons l’humanitaire comme une réponse apportée, par des professionnels et personnes formées, à des situations d’urgence et de crise. La qualification de solidaire correspond donc mieux à notre projet que nous considérons comme inscrit dans une perspective de long terme. En effet, nous nous plaçons dans la continuité du programme de volontariat d’Info Birmanie, par lequel plusieurs volontaires sont déjà partis et qui perdurera après notre départ. De plus, Aline retournera auprès de Smile dans le cadre de son stage de 3A pendant 6 mois, ce qui contribuera également à assurer la continuité de notre projet. En parallèle de nos actions

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de financement, nous avons tenté d’aborder les thèmes du néocolonialisme et des valeurs auxquelles doivent répondre les projets solidaires lors de notre participation à l’émission du Club radio. C’est également l’un des aspects que nous souhaiterions voir être développé par le prochain bureau. Et le tourisme alors ? Il est clair que le tourisme n’est aucunement une priorité pour tout projet solidaire. Par ailleurs, le rythme imposé par les formations sera intense et nous ne bénéficieront sûrement pas d’un planning nous permettant de nous adonner à ce genre d’activité. Dans le cas contraire, la découverte du patrimoine birman sera à la charge personnelle des étudiants. Nous avons conscience du risque de néocolonialisme dans l’élaboration de tout projet de solidarité internationale. C’est pourquoi nous avons tenu à construire le projet avec Info Birmanie, association spécialisée sur le pays, mais aussi avec un acteur local : Smile Education. Notre projet a d’abord été étudié par Info Birmanie qui l’a jugé intéressant au regard de nos compétences, et l’a ensuite proposé à ses associations partenaires. C’est ainsi que nous sommes entrés en contact avec Smile Education, dont les besoins correspondaient à notre projet. Nous ne dispenserons par exemple pas de formations à l’anglais en raison de la trop courte durée de notre séjour imposée par le visa touristique (28 jours). Il sera par ailleurs crucial pour nous d’être attentifs et de nous adapter au jour le jour à l’évolution des attentes des associations une fois sur place. Merci à vous pour votre soutien lors de nos différentes actions au cours de l’année ! Ce zu tin ba deh !


Avril 2017

Sport - Planète sport

Tout le sport Planète sport

- Merci Thierry

Strohteam life

- Top 10 Krit

Merci Thierry Par Jérôme Flury

Une vraie mentalité de vainqueur Il est là, avec le brassard et ses cheveux gris. 40 ans, dont plus d’une moitié passée dans le handball. Il chante l’hymne, il harangue ses troupes et il réalise arrêt sur arrêt une fois le match commencé. Il n’en est plus à sa première finale, mais c’est tout comme. Thierry Omeyer a la gagne dans le sang. Outre son palmarès aussi grand que lui (1.92 m), c’est surtout sa mentalité de champion qui a contribué à construire sa légende. Retour en quelques lignes sur l’immense carrière d’Omeyer, « Titi » pour les intimes, un travailleur hors norme, un compétiteur sans limites, un vrai leader sur et en dehors du terrain. Promu capitaine après le départ de la sélection de son ami de longue date Jérôme Fernandez, Titi a conduit dernièrement les bleus vers de nouveaux sommets dont la finale des Jeux Olympiques et ce sixième titre de champion du monde en janvier, sur nos terres. Match après match, compétition après compétition, Omeyer s’est imposé aux yeux de nombreux observateurs comme « Le meilleur gardien de l’histoire ». « Il est toujours comme le

gamin qui voulait gagner tous les matchs » - Son père Jean-Paul Comment expliquer que son envie folle de titres et de victoires ne s’est jamais atténuée avec les années qui passent ni avec les médailles qui s’accumulent ? Simplement parce qu’il n’est jamais rassasié. Ses débuts dans le hand montraient déjà sa rage de vaincre : alors joueur de champ à Cernay (tu ne connais pas ? Voir plus bas ^^), Thierry est déçu car l’équipe n’a pas vraiment de gardien. Les joueurs font un concours entre eux pour savoir qui irait dans les cages. « Thierry a gagné et y est resté » raconte son frère jumeau Christian, qui a lui aussi fait carrière dans le handball. « Je suis perfectionniste et c’est un poste où tu sais que tu n’atteindras jamais la perfection. Tu sais que tu vas toujours prendre des buts. C’est frustrant, mais c’est aussi ce qui te fait avancer » affirme Thierry.[1] La perfection est impossible mais ses statistiques montrent qu’il s’en est rapproché le plus possible. Des arrêts par centaines, par milliers même, des performances réalisées grâce à un énorme travail en amont.

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Un

très grand travail de préparation

Il ne faut pas croire que Titi doit sa réussite à de la chance ou seulement à des réflexes plus développés. Sa réussite découle en grande partie de l’intense travail qu’il fournit avant chaque rencontre. Un travail notamment axé sur la préparation vidéo. Il analyse tous les tireurs adverses, et c’est ce qui lui permet de connaitre les trajectoires de tir auquel il risque d’être confronté en match. Rien n’est laissé au hasard. Claude Onesta, son entraineur en équipe de France durant des années confesse, admiratif : « Avec tous ses éléments d’analyse, huit fois sur dix il sait où le type va tirer. C’est effarant (…) unique ». Ce travail permet au Mulhousien de réaliser des nombres d’arrêts impressionnants. Un seul exemple : en demi-finale des Jeux Olympiques à Rio en août dernier. Face aux redoutables Allemands, Thierry sort 17 arrêts et se permet même de marquer un but. En moyenne en championnat il réalise une quinzaine de parades par matchs. Une régularité au plus haut niveau épatante.


Propos n°97

Ma ville est devenue Omeyer-City Il se trouve que cette légende vivante vient de ma petite ville de Cernay (11 000 habitants, Haut-Rhin). Vu ses performances, il est devenu notre idole vivante ici. Son père, Jean-Paul Omeyer est l’adjoint du maire de la ville. La salle de hand a été renommée salle Thierry Omeyer et le gardien y anime des stages pour les jeunes chaque été. J’ai déjà eu la chance de croiser Titi cinq fois. 5 rencontres dont je me souviens très bien. Une fois à Carnaval, une fois alors qu’il inaugurait avec le maire une plaque sur notre mairie. Je suis également allé le voir après ses deux titres olympiques en 2008 et 2012, lorsqu’il est venu nous montrer sa médaille et signer des autographes. La photo plus bas, je l’ai prise lors de la cérémonie organisée pour son retour triomphant des Jeux Olympiques Londoniens. Nous avons suivi les matchs des JO sur écran géant avec sa fa-

Sport - Planète sport

mille, je me souviens de tous ces magnifiques souvenirs. Mais je me souviens surtout d’une rencontre en 2014. J’étais alors employé à la commune pour débroussailler à côté du gymnase abritant la salle Thierry Omeyer. Or l’après midi, qui vois-je arriver avec sa femme, Laurence et ses enfants, Manon et Loris ? Titi évidemment. Je m’empresse alors d’aller les saluer et lui pose certaines questions. Comme il a déjà 37 ans et que j’ai alors déjà peur qu’il prenne sa retraite je me souviens lui avoir demandé notamment quels étaient ses prochains objectifs avec les bleus. Lui très simple, a plaisanté avec moi, « ah les jobs d’été, je suis aussi passé par là ! », avant de me dire plus sérieusement vouloir poursuivre « Au moins jusqu’aux JO à Rio. On y va pour gagner la médaille d’or. Et j’aimerais poursuivre jusqu’au mondial en France ». 3 ans après il a tenu promesse. S’il n’a pas décroché l’or aux JO, il a tout fait pour

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et a réalisé une grande finale. Et il a fait partie de l’équipe présente au mondial à domicile. La dernière note dorée de sa glorieuse composition se trouve ici : dimanche 29 janvier 2017. Il est donc là, avec le brassard et ses cheveux blancs. 40 ans, dont plus d’une moitié passée dans le handball. Il chante encore une fois la Marseillaise avant de soulever cet imposant mais merveilleux trophée. Les yeux brillants il exulte encore une fois, une dernière fois en tant que gardien des bleus. Mais nous le reverrons, j’en suis persuadé. Le handball c’est toute sa vie et ce sport se retrouve un peu orphelin de son départ. Merci Titi, merci pour tout. Ps : J’aurais bien aimé vous mettre son palmarès au bas de cet article mais il aurait fallu utiliser une grande partie du journal. Je vous invite à regarder sa page wikipédia, vous verrez c’est assez impressionnant… ^^


Avril 2017

Sport - Strohteam life

Top 10 des meilleurs moments du Krit Par Nicolas Saverna

La nostalkrit, un état de langueur causé par l’éloignement de cette belle aventure lyonnaise. Durant trois jours, nous avons partagé des moments forts au sein de notre délégation, mais aussi avec nos amis lillois, aixois ou rennais. Chants, sueur et alcool furent au rendez-vous. Trois journées magiques, trois soirées endiablées, des souvenirs inoubliables. Regrets attendris, regards mélancoliques. Malgré le mal de crâne et la fatigue, j’ai envie d’écrire sur cet événement, de raconter ce que nous avons vécu ensemble. Voici un classement (très subjectif) des meilleurs moments du Krit 2017. 10) L’arrivée des délégations. Entré en scène dès le premier acte, la délégation strasbourgoise a montré une image combative pendant les premiers instants du Krit. L’occasion de récupérer quelques trophées de guerre, notamment aux lillois. 9) La paillade au RU avec les aixois. Dimanche soir, le bleu et blanc strasbourgeois s’est marié au rouge et jaune provençal, le temps d’une danse festive. On entendait presque les grillons chanter. 8) La sieste dans l’herbe du dimanche après-midi. Quelques minutes de repos sous le soleil lyonnais. Les jambes se détendent, les esprits aussi : le Krit marque le retour des températures printanières. 7) Le show des pompoms. Elles ont foutu le feu à la scène aux côtés des gars. Leur sixième place est injustifiée, mais on peut compter sur elles pour prendre leur revanche l’année prochaine...

6) La venue de Bernard, l’agent de sécurité. Un grand moment. «NOOOOON !» 5) Les bouchons de stroh offerts aux autres délégations. Qu’ils soient oranges, verts ou rouges, la passion du stroh les a envoyé sur la touche. Un pur moment de fraternité entre iepiens. 4) La finale de pétanque contre Aix. Une belle ambiance, une défaite cruelle. Les triplettes strasbourgeoises ont cependant montré qu’elles n’étaient pas venu sur les rives du Rhône pour enfiler des perles. 3) Le petit-déjeuner du dimanche matin. Sous les feux nourris de StrasBoumBoum, une marée bleu et blanche a ambiancé la première heure de cette dernière journée. Strasburg was on fire...

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2) Victoire de la strohteam foot face à Rennes. Après l’ouverture du score du baron Quinart, la strohteam s’est livré à un véritable récital. Le doublé de Luc Renouvel, inscrit en moins de deux minutes, a conforté la qualification. Après avoir vu ça, je crois qu’on peut mourir tranquille, mais le plus tard possible... 1) Victoire de l’équipe féminine de basket contre Paris en finale. C’est le moment marquant de ce Krit 2017 du point de vue strasbourgeois : une victoire éclatante pour confirmer un parcours sans fausse note. Après le coup de sifflet final, les supporters ont envahi le terrain pour entonner une magnifique Strasbourgeoise. Le premier titre pour Strasbourg depuis sept ans, encore félicitations.


Propos n°97

Divertissement - WACQTD

Divertissement WACQTD

- Le grand retour des punchlines

Questionnaire MSS

- Amour, gloire et poumons

Weill à ce que tu dis Par Von Schtemler

Régis Blazy, Economie Internationale (2A) « On a besoin ici d’un outil supplémentaire pour comprendre HOS. Moi aussi d’ailleurs, si jamais quelqu’un à un kleenex. » (Curieusement j’ai toujours pas compris HOS.) « Bon c’est bien ce résultat, mais comme dirait l’autre, « Faut pas être autiste » ! C’était maladroit. » (Actuel et classe.) Morgane Paris, TD de Science Po (1A) On a clairement ici la révélation de cette année 2062017, du très très lourd « Les chercheurs sont dominants dans l’espace académique mais dominés dans l’espace social...parce que la vie est une chienne. » (On dirait du Fauve.) « On va prendre un exemple à la fois trash et rigolo, celui du massacre des chats. Pensée pour Brigitte Bardot ». (Chat + Brigitte = combo.) « C’est l’avantage quand on est pauvre y a pas besoin de se battre pour l’héritage vu que y en a pas ». (Elle fait partie de ces gens qui croient encore aux pauvres en France… Que dirait Louis...) Louis De Fournoux La Chaze, TD Droit (2A) « Je vous dicte ça vous dérange pas ? J’ai la flemme de noter. » (Honnête.) Mme Benoit-Rohmer, Droit constitutionnel (1A) « Je crache dans le micro, je m’en excuse » (Un peu trop honnête.) M. Eber, Théorie des jeux (1A) « Vous savez quelle est la différence entre Dieu et un prof d’université ? Dieu ne s’est jamais pris pour un

prof lui. » (Blague de prof, cherche pas.) « Vous n’allez pas tout faire, quoique, il y a peut-être des stakhanovistes parmi vous. » (Dit-il devant un amphi aux trois-quarts vide.) Laurent Weill, Macroéconomie (1A) « Ne partez pas je veux absolument vous montrer le programme de Benoit Hamon sur le chômage ! (Il projette une diapo blanche) Voilà ! C’est tout pour aujourd’hui. » (Partisan mais rigolo) Jean-Philippe Kovar, Droit administratif (2A) « C’est pourquoi des auteurs ont proposé de présenter une forme d’échelle des services publics, avec différentes nuances. Pas 50 nuances de droit public, mais tout de même. » (Hot.) Alexandre Biebert, TD d’Histoire (2A) « Faites pas comme Fillon: c’est pas un assassinat du milieu politique » (François en prend plein la gueule) Maria Kordeva, TD de Droit Administratif (4A) Là aussi une candidate très prolifique. « J’ai vu des gens tricher pendant les partiels. J’ai pas trahi hein. » (C’est tellement beau… #TeamEcharpe) Un soir à 19h : « C’est à cause de moi que vous prenez le train si tard ? Je vais me pendre. » (Dépressive.) « Je vois que vous avez pas travaillé, la plaquette. J’ai croisé 3 personnes de ce TD au cinéma hier soir » (C’était pour aller voir « 50 nuances de droit » ?)

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Avril 2017

Divertissement - Questionnaires

Gabriel Eckert, Droit Administratif (4A) « Vous connaissez le principe ceintures et brettelles, principe essentiel du droit ? » (J’ai des goûts… très particuliers.) « A l’été 2019 nous allons quitter ce bâtiment. Ne riez pas cela va arriver » (THE sujet tabou.) « Cet arrêt est aussi clochemerle que le précédent, mais là il montre la capacité de l’administration à faire des choses imbéciles » Vincent Lozac’h, Sociologie des organisations (4A) « Quelles critiques peut-on adresser à Hirschman, autre qu’il soit économiste ? » (Savage.)

Monsieur Sinigaglia, Politiques culturelles (4A) « Ah oui, dans vos lettres pour le master PGC (Politique et Gestion de la Culture) n’oubliez pas de dire que vous êtes de gauche hein. » (Les islamos-bobo-gauchistes de retour.) Mme Moizard, UE espace de liberté, sécurité et justice (4A) « Un étudiant m’a parlé d’un article super sur les armes intelligentes dans Le Monde diplomatique, ouais je suis pas gauchiste au point de lire Le Monde diplo! » (Ah non y a pas que des islamos-gauchistes en fait.)

Amour, gloire et poumons Par Dorian Le Sénéchal et Laure Solé Dans le dernier épisode : cancer, lymphomes et poumons atrophiés. C’est avec nostalgie que nous revenons dans ces quelques lignes sur cette passation de MSS qui fut si chère à nos coeurs. Ce florilège met très clairement en exergue notre volonté de bien faire, bravant vent, pluie et gros relous pour accomplir la volonté de notre Juan Jose Torreiro Lareo international. Ainsi lorsque nous vous avons demandé la meilleure excuse pour refuser la passation le «wallah Je veux pas avoir de problèmes avec la police» nous a d’entrée de jeu apostrophés, malgré le fait que «Les fabricants de tabac sont des assassins, il faut tous les enfermer et passer le paquet à 20€, je ne veux pas répondre à ça» nous a aussi semblé quelque peu surprenant. Les “Ah non pas vous”, “désolé j’ai une vie”, “je suis sourd-muet” et “les surgelés vont fondre” se disputent la palme du bon gros mépris.

Il faut dire que nos enquê-

tés étaient très particuliers : Cadres du parti socialiste (ça existe encore oui), Serveurs au Spyl (ça émoustille), directeur de Sciences Po Strasbourg, tenancier d’un Vap n’ co ET d’une start up de drones... Nous devons une grosse dédicace au responsable du service d’addictologie du CHU de Strasbourg ainsi qu’à notre rmiste préféré : “moi j’ai jamais bossé, pas besoin aiiiight”. Même les buralistes semblaient des plus atypiques, certains ont été gracieusement servis: Le buraliste de Leo L. et Sélia D. par exemple, s’illustrait par des punchlines dignes d’un Bigard FNiste, celui-ci déclarant en donnant un colis à un asiatique espérer “qu’y’a pas un chien là dedans». Il revint de nombreuses fois dans les questionnaires, et fut même affectueusement surnommé “le khey du vap n’co”. Petite parenthèse : Sacha R. semble pour beaucoup être le buraliste officiel de l’IEP, maintenant si vous êtes en galère de clopes vous savez à qui vous adresser. Il semble qu’on eut aussi affaire à quelques vilains rabat-

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joies, s’insurgeant contre ces «gauchards» de Sciences Po et du gouvernement, insistant sur le fait que les filles du groupe allaient «finir voilées». (no comment) Nous eûmes aussi droit à de vrais militants engagés, porteurs de valeurs comme on les aime: «Je suis français moi ! Je consomme français ! JAMAIS j’irais acheter des cigarettes chez les boches». Les anecdotes sur les moments de gêne ont foisonné, une dame tenait par exemple absolument à justifier son arrêt de fumer par ses incontinences, et ce, de manière détaillée. On nous a aussi décrit des “quadras un peu trop libérées”, des vieux pointeurs comme le“retraité qui nous a IMPLICITEMENT fait comprendre, lorsqu’on lui a demandé si il vivait seul, que des petites jeunes comme nous ne le dérangerait pas”. Force et honneur au groupe qui a cumulé le cocaïnomane logorrhéique sur son amour pour la poudreuse et le mythomane “qui fume en réalité 200 clopes par jour selon ses estimations”. De même, la team redac adresse un chapeau bas aux galériens qui n’ont pas compris qu’il ne fallait


Propos n°97

pas lire toutes les questions à voix haute et qui ont demandé le plus sérieusement du monde “êtesvous un homme?” à un “grand black de 110 kg bien viril”. Pour la “petite note de bonheur de cette passation” les gars on repassera, vous êtes décidément de grands rageux. Cependant certains ont su avoir la “positive attitude”, telle Lorie en 2004. Nos chers camarades iepiens ont su apprécié de “gratter des clopes du coup”,mais aussi profiter comme il se doit de ”La distribution de pitch à côté de nous pendant 3h” on en retiendra que “c’était beau et bon”.Certains ont aussi pu parler des grands de cette vénérable institution “Laure teil lol jdec” (merci les gars ça me touche), mais aussi d’une réorientation possible: “Me mettre dans la peau d’un témoin de Jeovah” , “les bonnes grosses MILF” (COLLECTIF COPINES) et pompon sur la Garonne “La solidarité de la police ... Même eux ont voulu qu’on arrête ce massacre en nous virant de la gare !” À la question “qui fume la pipe?” 35% de nos enquêtés ont répondu “Personne. Juanito sort du 20e siècle stp” mais nous avons aussi eu le droit à des petites réponses alternatives pleines d’humour: “JLC” et “Ça se fume pas une pipe #AlerteLourdeur”: c’est bien gars, au moins tu le reconnais. Cette passation était aussi un concours du plus gros mensongeur: «- Quelle est votre CSP? -Je suis cadre - Et plus précisément, dans quel domaine? - Je suis femme de ménage», “J’ai 8 diplômes, mais en Chine…”, “Je suis à l’armée (le gars était fin comme Karim) “ (pas très sympa pour Karim). Quelques enquêtés ont aussi tenu à dire que nul affa-

Divertissement - Questionnaires

bulateur n’était aussi bon que ce cher Jean-Loup lorsqu’il tente de justifier ses retards. Il y’a des questions qui vous ont plus ennuyées que d’autres. Dans un premier temps, parce que c’est revenu très fréquemment, avec un ton plus ou moins agacé : “LE BAIL DE LA CIGARETTE QUI EXISTE PLUS LA NTM”, mais aussi «Utilisez vous la cigarette électronique....en boîte de nuit?» (spéciale dédicace à cette charmante dame de 60 ans). Nous avons constaté, avec la question “faîtes-vous du sport?”, que notre questionnaire comportait un authentique détecteur à beaufs, “le sport de chambre” étant l’une des grandes constantes de la passation. Cependant il y’a un enquêté très à cheval sur les questions de mépris de classe qui a tenu à nous préciser que: ”iI n’existe pas de réponse de beauf sur la question du sport, boire une bière lors de la «troisième mi-temps» n’est pas plus péjoratif que de faire de l’équitation ou du golf en bon gentrifieur.”. On n’oubliera pas non plus un certain Grégoire B. (on maintiendra son anonymat) qui a tenu à faire découvrir ses “tablettes”. Certains enquêtés ont senti le besoin d’argumenter, d’approfondir, d’exprimer assez longuement leur opinion sur chaque question, merci pour le dévouement les amis, mais nous on devait juste cocher des cases. Il y avait miss incontinente (encore), ”un homme plutôt mythomane, plutôt réparateur de drone toi même tu le sais”, mais aussi de nombreux enquêtés qui, à l’écoute du glorieux nom de “sciences po”, se sont sentis tout à fait obligés de faire un exposé détaillé de leurs opinions politiques. Il y eut aussi “L’ancien

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directeur de l’IEP en 1982, argumentation de type dissert pour chaque question”. Celui qui nous a marqué, c’est finalement cet homme qui s’est senti de raconter la guerre d’Algérie. Vos expressions libres, un peu trop parfois, nous ont offert un mélange subtil entre menaces de mort et déclarations d’amour. Les “Bannissez les travaux en groupe”, “Sa mère cette matière devrait être interdite par une convention internationale“, “La MSS, ça vous engraisse“, et autres “Si tu nous mets pas 16 c’est nous qui allons te fumer.” nous ont rappelé tout le péril que représente ce champ d’étude. Cependant loin de ces ondes fort négatives les “Merci pour le 12,5 au partiel Juanito, t’es un srab”, “Juanito mon pépito t’es le plus beau même avec les effets de halo”, “Juanito malgré tout, on t’aime bien, tu fais craquer toutes les 1A” ont fait grimper dans les sondages la côte de sex appeal de notre cher professeur. À cela ajoutons ce “message de soutien pour Jean-Loup, à qui personne n’a envoyé de mail”. Le mot de la fin du mot de la fin cependant, on se le garde un peu, Dodo le roi de la maquette (et non de la moquette ah ah ah -désolée-) et moi, Laure Teil. Vous nous avez bien fait rire, merci beaucoup. C’était une belle aventure, et comme dit Thornton Wilder “C’est lorsque vous avez chaussé vos pantoufles que vous rêvez d’aventure. En pleine aventure, vous avez la nostalgie de vos pantoufles.”


L’équipe 2016 - 2017 tire sa révérence.

Propos tient à remercier énormément de monde, mais la place nous manque. Merci à tous ceux ayant écrit dans Propos. Merci aux personnalités ayant accepté de répondre à nos questions (peut-être qu’un d’entre eux habitera là l’année prochaine, qui sait). Merci à tous nos lecteurs pour leur assiduité et pour leurs encouragements. Merci à Julien Chachay pour sa gentillesse extraordinaire. Et surtout, bonne chance à la prochaine équipe !


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