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Raquel Aguilar

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Tisser les histoires du peuple Huilliche

À 1000 kilomètres au sud de Santiago, aux portes de la Patagonie, Yaldad est l’un des nombreux îlots qui composent l’archipel de Chiloé.

Dans un écosystème parfaitement protégé à la végétation exubérante, l’on trouve la quilineja, une herbe rampante qui pousse dans les forêts anciennes et grimpe sur l’écorce des grands arbres tels que le luma, le laurier, le tepa et le canelo. Au fur et à mesure que la tige grimpe, des racines aériennes pouvant atteindre jusqu’à 13 mètres apparaissent et descendent jusqu’au sol, s’enroulant complètement autour du tronc. Cette fibre végétal servait autrefois à fabriquer des paniers, des cordes pour les bateaux ou encore des balais qui était exportés au XIX siècle depuis le Port d’Ancud.

Au cœur de la forêt de Chiloé, Raquel mène des activités agricoles telles que la culture de pommes de terre et d’ail, ainsi que la récolte de moules, aux côtés sa famille. Alors que son arrière-grand-mère fabriquait des paniers en quilineja et que son grand-père, forgeron et pêcheur, tissait des cordes pour les bateaux, Raquel n’a pas été initiée à l’artisanat au sein de sa famille, tout comme la plupart de jeunes de sa génération.

En 1997, elle est à l’école primaire lorsqu’un nouvel enseignant s’empresse de sensibiliser les élèves aux traditions de leurs ancêtres, le peuple autochtone Huilliche, dont la langue et les savoirs s’étaient éteints en seulement deux générations. Raquel a pour devoir de se renseigner sur le linao, un sport traditionnel Huilliche similaire au rugby, où l’esprit du guerrier était mis à l’épreuve. Elle apprend que les balles de linao étaient fabriquées en quilineja et part alors dans la forêt pour collecter l’herbe et tenter de reproduire une pièce.

C’est ainsi qu’elle commence à collecter et à explorer la quilineja et développe ses première créations. Autodidacte, elle découvre les cycles de la plante et apprend à la collecter dans le respect de la nature, à la pleine lune et après un jour de pluie. En été, elle travaille dans un atelier et en hiver, dans la cuisine, près du feu, où elle nettoie la fibre obtenue avec des copeaux et commence immédiatement à la tisser afin de profiter de sa souplesse pour obtenir les formes et les textures qu’elle désire.

Petit à petit, elle entame un travail de création qui dépasse le figuratif et devient une expression poétique de sa relation avec son environnement, la nature et les traditions de ses ancêtres. En 2002, elle réalise sa première œuvre emblématique : un costume à échelle humaine inspiré de la mythologique local. Elle réalise ensuite de nombreux objets sensibles inspirés des reliefs, de l’Océan Pacifique et de la mythologie de l’île. En 2018, quatre de ses pièces sont rentrées dans la Collection Vannerie de Chiloé du Musée Régional d’Ancud.

En 2023, elle fait sa première apparition sur la scène international en tant qu’artiste Révélation mise en lumière par le Chili, dans le cadre de la Biennale Internationale Métiers d'Art et Création. Elle présente deux pièces de vannerie extrêmement versatiles intitulées « Tenten y Caicai » et « Piures ».

Pucón

Province de Cautin

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