Andrew Comiskey "Forts dans la faiblesse"

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Andrew Comiskey Forts dans la faiblesse Recevoir la puissance de Dieu dans nos difficultĂŠs relationnelles et sexuelles

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Table des matières Remerciements Introduction 1.

L’image de Dieu dans l’humanité

2.

Faire face à l’image brisée

3.

La force d’aimer vraiment

4.

La force de renoncer à la honte

5.

La force de vaincre le péché

6.

Des blessures qui nous guérissent

7.

Les hommes au pied de la Croix

8.

Les femmes au pied de la Croix

9.

L’homosexualité face à la Croix

10. L’Eglise au pied de la Croix Postface Notes


Chapitre 1

L'image de Dieu dans l'humanité L’enfance de Sonja en Allemagne a été gâchée par différentes sortes d’abus, tandis que son adolescence et sa vie de jeune adulte ont été marquées par la dépendance à l’alcool, à la pornographie et aux fantasmes sexuels. Ses blessures précoces la prédisposèrent à croire que personne, les hommes en particulier, ne prendrait jamais soin d’elle. Elle chercha ainsi à combler ses propres besoins par la drogue et la fuite dans l’imaginaire. Mais en retour, de telles réactions suscitaient en elle honte et haine de soi. Sa douleur s’intensifia quand on l’exclut de son église à cause de sa lutte avec des fantasmes sexuels sur certains hommes de sa communauté. Sonja n’était jamais passé à l’acte mais cependant, elle était considérée comme une menace. Abandonnée par l’Eglise, elle se sentit aussi abandonnée de Dieu. On finit par la réintégrer dans la communauté, mais son cœur brisé demeura incapable d’avoir confiance en Dieu et en son peuple. Elle arriva à Desert Stream avec un grand besoin de guérison pour ses brisements sexuels et relationnels. Lentement, elle commença à s’ouvrir à nous. Grâce aux prières de chrétiens attentionnés, elle découvrit le réconfort de Dieu et la purification de ses péchés. Sa puissance prit peu à peu la place de la honte qui avait au départ couvert ses vulnérabilités. L’amour des hommes de l’équipe a été particulièrement profitable à Sonja. A cause de son histoire d’abus, dont la plupart avaient été perpétrés par des hommes, Sonja devait encore apprendre à faire confiance à la gent masculine. Soit elle haïssait les hommes, soit elle fantasmait sur eux de loin. Le respect et l’affection empreints de pureté qu’elle reçut des hommes de l’équipe de Desert Stream lui permirent par la suite de recevoir l’amour. Elle put alors renoncer à la fois aux illusions qu’elle se faisait et à son esprit indépendant et défensif vis-à-vis des hommes. Sa croissance personnelle s’accentua pendant les cinq années qu’elle passa avec nous. Sonja est maintenant retournée en Europe où elle coordonne le ministère de Torrents de Vie – notre programme de


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guérison, d enseignement et de formation de disciples – pour tout le continent. Les dons de Sonja pour toucher l’Europe avec le message de la guérison devinrent évidents lors de notre première conférence à Paris. Beaucoup étaient venus recevoir la guérison dans le domaine des brisements sexuels et relationnels et répondirent avec avidité aux témoignages et aux enseignements donnés par chaque orateur. Cependant, ce n’est qu’au moment où Sonja prit la parole que la puissance du Saint-Esprit opéra de façon plus particulière. Elle incarna physiquement dès le départ la force dans la faiblesse, car elle luttait alors contre une grippe. Elle monta donc avec peine les marches de l’estrade et partagea avec l’auditoire l’abus, la dépendance, la honte qui entourait tout cela mais aussi la puissance de Dieu qui est à l’œuvre, parfois lentement, mais sûrement. La description que Paul fait de lui-même aurait très bien pu lui être appliquée pendant ces instants, car elle n’est pas « venu(e) avec… les prestiges de l’éloquence ou de la sagesse… [et elle se sentait] bien faible et tremblait de crainte. [Son message reposait] sur une action manifeste de la puissance de l’Esprit. Ainsi [leur] foi a été fondée, non sur la « sagesse » humaine, mais sur la puissance de Dieu » (1 Co 2.1-5). Quand Sonja s’adressa aux Français rassemblés pour cette conférence, ses paroles transpercèrent leur cœur. Les personnes répondirent en masse pour laisser aller leur honte à Jésus et lui permettre de les consoler dans leurs afflictions par sa grâce puissante. L’Esprit administra avec force cette vérité en utilisant un récipient certes bien faible, mais rempli de la puissance de Dieu. Sonja est ainsi l’exemple même de la façon dont Dieu nous équipe et nous fortifie pour aimer les autres de la bonne façon. Aimer de la bonne façon est d’une grande importance pour Dieu, car nous avons été créés pour vivre de justes relations avec autrui. De fait, Dieu nous commande de travailler à notre humanité et à notre salut ensemble en tant qu’homme et femme. Agir ainsi met à nu notre péché ainsi qu’un grand nombre de faiblesses sous-jacentes. Cependant, compte tenu de la vérité que Dieu nous appelle à vivre, il nous est possible d’admettre honnêtement là où nous en sommes comparé à ce que nous devrions être. Nous pouvons ainsi accueillir la force de Dieu dans nos faiblesses relationnelles.

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L'image de Dieu dans l'humanité JESUS ET LA VRAIE PERSONNE Nous avons besoin d’un terrain sanctifié sur lequel nous tenir et à partir duquel nous pouvons entrer en relation l’un avec l’autre. Ce terrain est celui de notre identification avec Jésus-Christ. Le don de la résurrection nous relève d’entre les morts afin que nous puissions nous approcher les uns des autres avec une vision et une vie nouvelles. Comme l’a écrit le pape Jean-Paul II : « Quand le cœur humain fait alliance avec cette réalité spirituelle,…les capacités et les dispositions les plus profondes et les plus réelles d’une personne se manifestent. » Jésus seul possède cet amour qui fait émerger notre vraie destinée des ténèbres qui l’ont environnée. Imaginez un artiste ayant peint une magnifique toile, une toile qui porte son style et son empreinte. La fierté d’avoir peint ce tableau est soudain gâchée par la détresse : son tableau tombe entre les mains de vandales, qui détériorent son ouvrage au point que l’on reconnaît à peine le travail d’origine. Il est barbouillé de traces de doigts tandis qu’une couche de poussière et de crasse en obscurcit le dessin et les couleurs. L’artiste cherche partout, allant de galeries en galeries, faisant le tour des expositions et des greniers jusqu’à ce qu’il retrouve ce tableau. Puis avec douceur et habileté, sans commettre d’erreurs, il restaure son œuvre et répare les dommages subis pour que puisse surgir la création d’origine. Jésus est cet artiste peintre. Il agit avec persistance dans l’amour pour récupérer la vraie personne en chacun de nous. Ainsi, par la puissance de son amour, ce que nous sommes vraiment commence à surgir. Ceci a de profondes implications pour notre identité personnelle et nos relations. Le récit biblique de la création pose un fondement pour notre compréhension de la personnalité et des relations authentiques. Genèse 1 et 2 nous montre notre véritable destinée en tant qu’hommes et femmes ensemble. Genèse 3 nous fournit ensuite la clé pour comprendre comment et pourquoi nous sommes brisés. On revient aux sources du péché et de la honte, ainsi qu’à l’origine de l’hostilité entre les sexes. Même si le récit de la création nous dit comment nous sommes entrés dans ce moule, l’espoir d’être restaurés dans notre véritable identité doit s’ancrer dans notre union avec Jésus. En fait, la croix est une lentille à travers laquelle nous sommes en mesure de voir à la fois le plan de Dieu pour l’humanité et aussi son brisement. Chaque barrière en nous devient donc une occasion pour Jésus de se révéler.

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Le désespoir peut s emparer de certaines personnes en contemplant les dégâts causés à l’humanité. Si c’est le cas pour vous, lisez bien ceci ! Jésus Christ a brisé les chaînes qui entravent nos efforts pour aimer. Il déverse son amour sur nous pour rendre, même au plus faible de tous, la capacité d’aimer de la bonne façon. En d’autres termes, nous passons par Jésus pour parvenir jusqu’à Adam. Tandis que le couple d’origine – Adam et Eve – nous fournit des clés pour saisir le projet de Dieu envers l’humanité dans les domaines du genre et de la sexualité, Jésus est la seule personne qui puisse rendre authentique ce projet dans nos vies. Ce que le Père désire pour nous, Jésus le Fils nous rend capable de le réaliser grâce à sa force à l’œuvre dans notre faiblesse. CREES EN L’IMAGE DE DIEU Les intentions de Dieu pour l’humanité se trouvent résumées dans le verset qui déclare que « Dieu créa les hommes pour qu’ils soient son image » (Gn 1.27). Nous reflétons Dieu d’une manière différente des autres créatures. Porter l’image de Dieu signifie que nous le représentons. Un élément crucial de cette représentation implique que nous ayons une relation directe avec lui. Comment peut-on refléter la lumière, sinon en étant en position de recevoir ses rayons ? Genèse 1, qui nous livre la première version de la création d’Adam et Eve par Dieu, nous montre qu’ils étaient en relation directe avec le Créateur. Les deux premiers êtres humains vivaient dans une communion incomparable avec lui. Je crois en fait qu’être des adorateurs de Dieu était à la fois leur première fonction et leur première identité – l’adoration authentique confirmant leur humanité authentique. Une façon d’exprimer cette adoration était, pour le couple, de dominer sur la terre (1.28). Légitimement soumis au règne de Dieu, ces porteurs de son image régnaient avec lui sur le reste de la création. Pour notre objectif, il est crucial de noter que l’image de Dieu se révèle au sein d’une dualité : l’humanité créée homme e t femme. Genèse 1 décrit le fait de porter l’image de Dieu en terme de relation entre deux êtres humains : Dieu créa les hommes pour qu ’ils soient son image, oui, il les créa pour qu ’ils soient l ’image de Dieu. Il les créa homme et femme (1.27). 20


L'image de Dieu dans l'humanité Adam et Eve avaient besoin de plus que leur union avec Dieu pour découvrir leur vraie personne ; ils étaient créés aussi pour se connaître. Je ne m’avance pas trop en disant que Genèse 1.26-27 énonce une thèse de base à propos d’une vision pure et élevée de l’homme et de la femme se tenant tous deux devant leur Créateur, unis dans une relation et une mission. Leur service s’étend à l’autre, en ce sens qu’ils représentent l’un pour l’autre la provision de l’amour puissant de Dieu. Comme l’a écrit Donald Bloesch, « On ne trouve sa propre humanité qu’en se perdant au service du bien-être de l’humanité entière à laquelle nous appartenons et qui existe toujours sous forme d’une dualité : homme et femme. » JeanPaul II complète ce point de vue en disant que « L’homme ne trouve pleinement son vrai moi qu’en se donnant de façon sincère. » Porter l’image de Dieu implique donc deux choses pour l’humanité : une relation directe avec le Créateur et l’engagement à entrer en relation avec ses semblables, porteurs eux aussi de cette image. Ce qui est rapporté ensuite en Genèse 2 nous aide à mieux comprendre les implications de tout cela. HOMME ET FEMME Le compte-rendu qui nous est fait en Genèse 2 décrit de façon détaillée comment la création humaine, qui n’est pas encore marquée par le péché, soupire après la relation dont le principe a été instillé par Dieu. Nous lisons ici ce que Dieu déclare : l’homme s’accommode difficilement de la solitude. Le Créateur décide donc qu’il lui fera « une aide qui soit son vis-à-vis » (v.18). S’ensuit alors la création d’Eve à partir d’une côte prise à Adam. Les deux se rencontrèrent, attirés par leur complémentarité respective et soupirant après leur union d’origine. Quand Dieu créa Adam et Eve tous deux porteurs de son image, leur rencontre rendit cet appel authentique. En d’autres termes, ils découvrirent leur véritable humanité en union l’un avec l’autre. Comme le dit encore Jean-Paul II, « L’homme devient image de Dieu aussi bien dans un moment de solitude que dans un moment de communion. » On ne peut ni brader ni sous-estimer cet appel du couple originel à devenir humain dans ce riche échange réciproque. Même si, d’après Ray Robinson, son humanité est déterminée par Dieu, « Adam ne peut pas être complet sans se rencontrer dans l’autre qui est ‘os de ses os et chair de sa chair.’ » Son humanité dépend à la fois de sa communion avec Dieu et de sa communion avec la femme. 21


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Une partie de l humanité donnée par Dieu à Adam et Eve trouve son origine dans la différence. De même, ce mélange entre les similitudes et les différences qui caractérisent la rencontre hétérosexuelle nous tire à juste titre de notre solitude. Comme l’a fait remarquer Anderson, l’intimité est approfondie par l’altérité. Comment ma propre solitude pourra-t-elle être soulagée et mon humanité complétée si je ne rencontre pas un membre du sexe opposé dans sa différence inspirée par Dieu ? Cette « danse de la différence » entre homme et femme est réellement voulue de Dieu. Dans quel but ? Pour qu’ensemble, les deux créent un tout, représentant ainsi Dieu dans sa plénitude sur la surface de la terre. Bien que Genèse 2 nous fournisse quelques indices décrivant les différences intrinsèques entre l’homme et la femme, on peut néanmoins y recueillir une variation significative concernant la façon dont ils ont été créés. Dieu a façonné l’homme « avec la poussière du sol » (v.7). Ceci prédispose l’homme à une relation particulière avec le sol ; plus que la femme, on aurait donc plutôt tendance à l’identifier au travail de ses mains. D’un autre côté, la femme a été tirée de l’homme (v.21-22). Ainsi, Eve était plus encline à se définir en terme de relations. Nous pourrions dire que sa plus grande force est sa capacité à être pour les autres, tandis que la force de l’homme repose dans sa capacité à faire. Ces inclinations ont émergé de la création, libres de toute attribution de rôle en particulier. Devant le Seigneur, l’homme et la femme possèdent une liberté spirituelle dans l’adoration et vivent en harmonie relationnelle. Ils se tiennent debout devant le Seigneur et chacun est en sécurité dans l’amour de l’autre. Ils portent l’image de Dieu ensemble en tant que parties égales, mais cependant différentes, d’un tout voulu par Dieu pour l’humanité. Au paradis, les luttes de pouvoir maintenant si communes dans les relations homme/femme, n’existaient pas. Adam et Eve s’y complétaient de façon telle que l’un mettait en valeur le meilleur en l’autre. Je crois qu’Adam, par sa plus grande force physique, aimait Eve de façon puissante en enveloppant sa douceur par un désir de protection affectueuse. De son côté Eve, ayant un cœur plus sensible, a répondu à cette force avec un amour puissant – un amour qui réveilla le cœur d’Adam et combla son vide intérieur. Leur différence les a unis. Dans le paradis, ils découvrirent la plénitude et pas la quête du pouvoir. Paul fait allusion à cette interdépendance quand il affirme que « la femme n’existe pas sans l’homme et l’homme n’existe pas sans la femme, car si la femme 22


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a été tirée de l homme, celui-ci à son tour naît de la femme et, finalement, tous deux doivent leur vie à Dieu » (1 Co. 11 .11-12). L’IMPORTANCE DU GENRE L’intention de Dieu pour l’humanité est représentée par l’harmonie existant entre l’homme et la femme ensemble. Mais cette liberté d’être pour l’autre exige une certaine sécurité dans sa propre identité d’homme ou de femme. Cette sécurité est d’une importance capitale. Dans le paradis, cette sécurité était acquise. Mais dans la réalité d’après l’Eden, un enfant peut soit se développer et grandir dans cette position de sécurité, soit s’en trouver privé. Tandis que la biologie détermine notre sexe physique, l’identité de genre implique un processus plus complexe d’acquisition du sens d’être soi-même un homme ou une femme. Et ce processus peut dérailler. On vérifie constamment que le sentiment de sécurité dans sa propre identité d’homme ou de femme est un prélude à la liberté d’être pour l’autre. Le fait qu’un membre du sexe opposé soit perçu comme « autre » s’impose naturellement à nous par le sentiment de clarté et de sécurité dont nous faisons l’expérience dans notre propre identité de genre. L’image de Dieu implique alors identité de genre et complémentarité. Dieu a créé le genre avec cette dualité homme/femme. Et il fait de nous ses représentants pour découvrir cette dualité. Afin d’obéir vraiment au commandement divin, une personne doit tenir sérieusement et concrètement compte de sa qualité d’homme ou de femme en relation à l’autre. Le « vrai moi » comprend toujours notre identité de genre et sa relation au sexe opposé. Nous vivons une époque où beaucoup parlent à mots couverts des différences de genre de peur de paraître sexiste. Par respect pour la vérité, nous devons affirmer haut et fort que l’identité de genre et la complémentarité constituent le centre de l’image de Dieu. Jean-Paul II parle de façon profonde de la puissance de cette image en disant que « la dignité et l’équilibre [dans la vie humaine] dépend…de ce qu’elle sera pour lui, et lui pour elle. » L’harmonie de l’homme et de la femme ensemble génère un sentiment de sécurité dans leur vie qui émerge de cette union. Des générations entières sont bénies par un amour engagé et plein de respect entre un homme et une femme. Karl Barth dégage trois aspects fondamentaux qui gouvernent le bon fonctionnement de cette interdépendance et qui conduisent à favoriser la dignité d’un homme et d’une femme. 23


Forts dans la faiblesse Premièrement, la nécessité d’être fidèle à Dieu en restant debout dans son propre genre. Cela signifie découvrir la clarté et la sécurité dont nous avons besoin pour rester dans une position verticale face à l’autre sexe. L’objectif est d’entrer dans le chemin de sa masculinité ou de sa féminité et d’y avancer avec gratitude afin de la mettre en pratique dans notre relation à l’autre genre. Barth écrit que « Le point le plus important est qu’une femme doit toujours et en toute circonstance être femme : qu’elle ressente les choses et se conduise comme telle et non comme un homme…Le commandement du Seigneur…dirige l’homme et la femme vers leur propre lieu sacré et condamne toute tentative de violer cet ordre. » Une clarté et un sentiment de bien-être croissant au sein de son propre genre sont les conséquences directes du commandement de Dieu à être homme ou femme. Barth implore ses lecteurs à être non seulement conscient de leur genre, « mais d’en être sincèrement heureux, de remercier Dieu de leur avoir permis d’être membre de ce sexe en particulier et donc, avec sobriété et une bonne conscience, de marcher sur le chemin tracé pour eux dans cette spécificité. » Deuxièmement, il nous faut progresser dans cette même spécificité de genre et nous engager vis-à-vis du sexe opposé. « Il n’existe rien de pire qu’une vie d’homme ou de femme indépendante et égoïste » nous dit encore Barth. Nous mettons en pratique le commandement divin en « demeurant fidèle à la polarité de la relation, en y prenant une part active et en la faisant mûrir.» Si le fait d’être en sécurité dans son propre genre précède la plénitude dans la relation hétérosexuelle, nous constatons que ce sentiment de sécurité est renforcé par la relation elle-même. Nous sommes fortifiés dans notre propre genre en nous engageant de façon active avec l’autre. « L’homme est un homme selon le Seigneur…dans la mesure où il est avec la femme, et vice-versa. » Barth insiste pour que l’on travaille à cet engagement de façon réelle : un accord de principe n’est pas suffisant. Troisièmement, une complémentarité véritable implique l’initiative masculine à laquelle répond le féminin. Barth énonce la responsabilité spécifique de celui qui a été créé le premier. En restant humble devant Dieu, l’homme prend « la direction car il est celui qui inspire, dirige et initie dans leur façon d’être et de faire commune. » Evidemment, cet ordre des choses « n’aurait aucun sens si [la femme] ne le suivait pas et n’y prenait pas sa place. » 24


L'image de Dieu dans l'humanité Pour une grande part, la tendance de l’homme à faire et à agir implique de prendre l’initiative avec la femme. La réponse de cœur de cette dernière imprègne toute la relation. Lui est à l’instigation des choses, mais elle fait plutôt office de catalyseur dans l’union grâce à sa sensibilité relationnelle plus développée. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a que les hommes qui initient et que les femmes ne sont là que pour répondre. Dans le déroulement de la relation, les deux genres entrent en interaction avec une variation dans l’initiative et la réponse. Néanmoins, il existe un rythme essentiel, composé par l’initiative masculine et par la réponse féminine, qui aide à sécuriser les deux parties dans la beauté de leur genre. Un homme a besoin d’agir avec amour à l’égard d’une femme et d’être béni pour cela. En retour, une femme a besoin de se sentir en sécurité dans l’amour d’un homme et de lui offrir son cœur. Le commandement de Dieu établit une interdépendance de caractère divin entre un homme et une femme, conférant équilibre et dignité aux deux ainsi qu’à ceux qui les entourent. PORTER L’IMAGE DE DIEU CONCERNE TOUT LE MONDE Vous pensez probablement que je fais premièrement, sinon exclusivement, référence au mariage. Même si j’évoquerai l’alliance conjugale comme une expression de l’image de Dieu, j’aimerai avant toute chose affirmer clairement qu’une personne seule porte l’image de Dieu aussi pleinement qu’une personne mariée. Nous sommes tous appelés par Dieu à travailler sur ce qui fait notre spécificité de genre en relation à l’autre genre. Au sein de cette interaction, nous découvrons comment Dieu pourvoit dans notre solitude et le besoin concret de quelque chose que l’autre procure et que nous ne possédons pas. Il se pourrait bien que notre culture ait tellement mis l’accent sur la dimension sexuelle de la masculinité et de la féminité que nous ayons perdu de vue la puissance de l’amitié entre un homme et une femme. Nous avons besoin l’un de l’autre. Beaucoup ne forgerons pas une alliance de type conjugal, mais tous doivent vivre de façon interdépendante avec le genre opposé. On peut être un cadeau précieux pour l’autre sans intentions ou attitudes romantiques. Le mariage ne fait pas de nous les porteurs exclusifs de l’image de Dieu ; c’est Dieu lui-même qui nous confère cette qualité. Il commande aussi bien aux personnes seules qu’aux personnes mariées de s’engager dans des relations avec des personnes de l’autre sexe. En faisant cela, nous mettons en pratique notre humanité et nous révélons plus pleinement 25


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l image de Dieu en nous. « L’imago Dei pleine et entière n’est pas refusée aux personnes célibataires » écrit Anderson. Et Barth déclare ceci : « Que ce soit dans l’amour ou le mariage, mais aussi en dehors de ce lien, chaque femme et chaque homme devrait réaliser qu’il est engagé à vivre de façon consciente et volontaire dans cette interdépendance de la relation, sans regarder à ce qu’il est de façon abstraite, comme s’il s’appartenait à lui-même, mais en étant en communion et en donnant forme à son être selon ce critère. » Qu’en est-il maintenant de la dimension spécifiquement sexuelle de notre humanité ? Nous expérimentons dans notre corps une envie de fusion physique avec un membre du sexe opposé. Comment ce désir estil en lien avec notre nature de porteurs de l’image de Dieu ? LA SEXUALITE ET L’IMAGE DE DIEU A propos du désir sexuel, il faut d’abord comprendre que c’est Dieu qui a inspiré cette profonde envie en nous appelant à être humains, à porter son image en tant qu’hommes et femmes. De fait, le désir sexuel émerge de la complémentarité des genres. Qu’est-ce qui peut mieux révéler la différence entre les sexes que le désir de l’homme de pénétrer la femme et le désir de la femme de recevoir l’homme en elle ? Nous avons un aperçu du désir pour une telle union en Genèse 2. Dieu ôte une côte à Adam et la transforme en femme. Chacun possède maintenant un aspect de l’autre ; chacun est complet, mais soupire après une communion avec la partie manquante. C’est pourquoi Adam s’est écrié en parlant de sa femme : Voici bien cette fois c e l l e qui est os de mes os, chair de ma chair. Elle sera appelée « femme » car elle a été prise de l ’homme (v.23). Cette aspiration des deux à retrouver l’union dans laquelle ils se trouvaient à l’origine constitue l’essence même du désir sexuel. C’était un cadeau de Dieu, émergeant de ses intentions créatrices pour l’humanité. Par conséquent, la situation au paradis nous fournit aussi un aperçu de la genèse du mariage. C ’est pourquoi un homme se séparera de son père et de sa mère et s ’attachera à sa femme, et les deux ne feront plus qu ’un (v.24). L’acte sexuel scelle la réunion d’Adam et Eve. Il symbolise le fait qu’ils sont un et comble leur solitude. Les rapports sexuels ont ce pouvoir. Ils nous rendent un avec quelqu’un d’autre pour la vie. Tout en continuant à vivre en tant qu’hommes et 26


L'image de Dieu dans l'humanité femmes avec beaucoup d’autres personnes, la sexualité rend la relation conjugale exclusive. En épousant quelqu’un et en consommant le mariage par les rapports sexuels, nous affirmons le côté unique du fait d’être un avec cet(te) autre. Jusqu’à ce que la mort sépare les deux, cette relation sera primordiale et les autres secondaires dans le contexte du travail que nous avons à faire sur notre humanité terrestre, devant Dieu et en tant qu’homme et femme. Pour que les rapports sexuels soient constructifs, il est donc nécessaire qu’ils soient précédés d’un engagement conscient à s’unir avec l’autre à des niveaux qui requièrent moins d’attachement physique. Il faut d’abord chercher à connaître cet autre en étant habillé, ce qui permet de révéler qui nous sommes sur un plan émotionnel, intellectuel et spirituel. On peut ainsi déterminer si cette personne est véritablement celle avec laquelle je vais choisir de me lier de façon exclusive et pour la vie. C’est seulement quand deux personnes sont disposées à effectuer ce travail difficile de forger un engagement à vie qu’elles sont prêtes à devenir une seule chair. Le mécanisme du rapport sexuel dégage une puissance à caractère intime qui est la signature au bas du contrat. La sexualité approfondit l’intimité mais ne sera conforme à la volonté de Dieu que si l’un est engagé envers l’autre dans la totalité de son être. Barth écrit que « Le chrétien se rendra compte qu’il ne pourra entrer dans une relation sexuelle avec elle que si chacun est préoccupé par l’être entier de l’autre, si bien que pour les deux, il n’est pas question de vivre les choses à moitié ou dans l’avenir, comme dans la prostitution, mais…comme quelque chose de total. » Etre prêt à se tenir nu et sans honte devant le partenaire que l’on désire (voir Gn 2.25) n’est possible que si l’on est pleinement engagé envers lui. Un tel engagement est le socle du lit nuptial, où l’union une seule chair commence, pour se répéter sur le cours de toute une vie. La sexualité selon Dieu rappelle leur unité aux deux partenaires ; elle fortifie encore et encore le don de soi, nécessaire pour se trouver. On offre à l’autre le plus puissant et le plus précieux don de soi-même. C’est ainsi que l’on se trouve : en rejoignant la partie perdue qui nous a été retirée à la création. Il n’y a pas que la sexualité selon Dieu qui exige les limites d’un engagement à vie ; il en est de même pour la vie nouvelle qui est conçue au sein de cet engagement. Dieu a ordonné ceci à l’homme et à la femme : 27


Forts dans la faiblesse « Soyez féconds, multipliez vous (…) » et les enfants sont le fruit de cette unité entre eux. De même, aujourd’hui, pour que des parents en devenir répondent correctement à l’appel de Dieu, ils doivent prendre au sérieux le besoin de pourvoir à un contexte sécurisant pour prendre soin de cette nouvelle vie. La dignité et l’honneur des enfants en dépendent. En outre, cet engagement des parents manifeste clairement l’image de Dieu comme masculine et féminine. La présence des deux parents nous dit Jean-Paul II témoigne « du mystère du féminin manifesté et révélé de façon complète par le côté maternel…La masculinité de l’homme, c’est-àdire l’aspect générateur et paternel de son corps est aussi révélé de façon pleine et entière. » Pour Dieu, il est évident que ceux qui portent son image doivent vivre une communion dynamique les uns avec les autres, découvrant et se réjouissant ainsi du don bienfaisant qu’est son propre genre tout comme l’est l’autre genre. Avec une lentille en forme de croix, l’homme voit la beauté de la femme et la femme celle de l’homme. Aucun d’entre nous n’est déchu de ce destin originel et peu importe la profondeur de notre brisement : nous n’avons jamais perdu le potentiel d’être un don bienfaisant pour les autres !

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