Playsound #15

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NOVEMBRE 2013 # 15

ARCADE FIRE Panic! at the disco Pearl Jam Motorhead yodelice cage the elephant a day to remember LIGHT YOU UP i see stars courtesy drop rival sons the lucid dream GRIEVES JOSEPH ARTHUR FLEETWOOD MAC EDITORS CROOKS ET PLUS ENCORE...


_PS MAG _Playsound est une plateforme créative de découverte, d’actualité et de chroniques couvrant les différentes facettes de la culture rock au sens le plus général du terme. Le projet comprend un site riche de son flux de news multi-genres, d’un espace de critiques complet ainsi qu’un laboratoire numérique via une plateforme dédiée à la promotion de jeunes talents.

_NOVEMBRE 2013 #15 _RÉDACTEUR EN CHEF Yannis Mouhoun

_DIRECTEUR DE PUBLICATION Matthias Meunier

_RÉDACTION MAG

Sami Elfakir Emmanuel Van Elslande Martin Van Boxsom Elie Dib Marina Lay Bazil Hamard Marie-Audrey Esposito Maximilien de Boyer Marc Andrieu

_CHARGÉ DE SUPERVISION Hugues Hippler

_CONCEPTION GRAPHIQUE Matthias Meunier

_CONTACT

mag@playsound.fr

_SITE WEB

www.playsound.fr

_UN PROJET DE :

www.medias-culture.fr

_PLAYSOUND Le multi-supports, passionnément. Chers lecteurs, à l’heure où Playsound poursuit son dévelop-

pement qualitatif par le biais d’une offre internet toujours plus riche et cohérente, nous souhaitons faire de notre site un outil de découverte davantage interactif. C’est dans cet esprit que nous inaugurerons le mois prochain Playsound Radio, une radio numérique diffusant 24/7 une programmation aux petits oignons, concoctée par notre rédaction. L’idée, ici, est de prolonger l’expérience proposée par la doublette magazine/ site en équipant ce dernier d’un flux audio de qualité (160 kbps) compatible avec les terminaux mobiles. Les playlists avec lesquelles vous pourrez noyer vos oreilles après une dure journée de boulot et/ou de cours seront à l’image de l’offre que nous tentons de mettre en place depuis maintenant plusieurs mois : des talents qui mériteraient à être reconnus davantage partageront l’affiche avec les grands protagonistes de la scène électro/pop/rock internationale. Une couleur inédite, en somme. En un mot : Playsound. _Yannis Mouhoun


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_ÉDITO _NEWS _Oüi FM : le retour du rock à l'échelle nationale ? _l'actu en 140 caractères _TALENTS _ZOOM : Light you up _la musique, fléau social du XXIème siècle ? _Live Report : fleetwood mac _ILS L'ONT DIT _Rétro : arcade fire _CHRONIQUE : arcade fire _sélection : panic! at the disco _chroniques en bref _débat : pour ou contre le streaming ?

_focus : Quincy jones _Live report : joseph arthur _live report : editors


_Playsound × _Octobre 2013 × _News en bref × _04

_NEWS EN BREF + DE NEWS SUR PLAYSOUND.FR/NEWS

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_Un second album pour Jake Bugg

Seulement un an après la sortie de son premier album, le jeune Britannique vient d'annoncer la sortie d'un second LP, Shangri La, pour le 18 novembre. Rick Rubin est une nouvelle fois à la production. Deux nouveaux extraits sont déjà disponibles.

_Lostprophets se sépare

Les Gallois ont annoncé la dissolution du groupe après 15 ans de bons et loyaux services. Cette décision prévisible fait suite à l'arrestation de Ian Watkins, le leader du combo, en décembre dernier. « Nous ne pouvons pas continuer à créer ou à jouer de la musique en tant que Lostprophets », a déclaré le quintet via un communiqué disponible en intégralité sur playsound.fr.

_Un nouveau titre pour The Wombats

Les très énergiques The Wombats ont révélé un nouveau single intitulé Your Body Is A Weapon. La date de sortie du troisième album du combo reste pour le moment inconnue. Le nouvel opus succèdera à This Modern Glitch, sorti en 2011.

_Bientôt un nouvel album pour Plain White T's

Plain White T's sortira un nouvel opus au tout début de l'année 2014. Intitulé American Nights, il s'agira du sixième disque de la bande, quatre ans après The Wonders Of The Young. En attendant, il est encore tant de (re)découvrir l'EP quatre titres Should've Gone To Bed, sorti un peu plus tôt cette année.

_Muse au cinéma

Le concert donné par Muse au Stade olympique de Rome le 6 juillet dernier fera l'objet d'une projection en cinéma à partir du 7 novembre. Une vingtaine de salles dans le monde, dont la Géode à Paris, auront droit deux jours avant à une avant-première. Le trailer est à découvrir sur playsound.fr.


_NEWS EN FIL ROUGE + DE NEWS SUR PLAYSOUND.FR/NEWS _The Dead Weathers dévoile ses plans

_Bientôt un DVD live pour Finch

_Crosses ††† partage un nouveau titre

_ On en a parlé

Le side-project expérimental de Chino Moreno (Deftones) sortira le 26 novembre son nouvel album, †he album, via Sumerian Records. L'occasion pour la formation de publier un inédit intitulé †he epilogue, à découvrir sur playsound.fr.

_Brandon Flowers : en route vers un nouvel album

Le leader de The Killers a récemment annoncé qu'il souhaitait donner suite à son premier album solo Flamingo, paru en 2010. L'année 2014 sera consacrée à l'écriture et à l'enregistrement d'un second LP qui ne devrait pas voir le jour avant l'année suivante.

_Un inédit en live pour Taking Back Sunday

Les Américains ont mis en ligne une vidéo live officielle illustrant un titre inédit intitulé Flicker Fades. Ce dernier est extrait du sixième album du combo dont l'enregistrement s'est achevé le mois dernier. La galette devrait sortir au printemps prochain via Hopeless Records.

_Des détails sur le nouveau Blitz Kids

Le nouvel album du quatuor, The Good Youth, sortira le 20 janvier prochain sur Red Bull Records. Histoire de faire patienter ses fans, le combo a partagé un nouveau titre intitulé Two Lives, à télécharger gratuitement sur sa page Facebook.

_Le premier album de Bastille réédité

Une réédition de Bad Blood, le premier album du combo, sortira le 25 novembre. Elle sera composée de l'album entier sur un premier disque puis, sur un second disque, de titres inédits et d'autres issus des mixtapes Other Peoples Heartache Part 1 & 2. La tracklist et l'artwork sont disponibles sur playsound.fr.

_Un best of pour A Perfect Circle

Après neuf ans d'absence, les Américains ont annoncé la sortie de Three Sixty, un best of de 19 titres, pour le 19 novembre. À cette occasion, le combo a dévoilé un inédit intitulé By And Down, en streaming exclusif sur le site du magazine SPIN. Il ne reste plus qu'à attendre le mystérieux nouvel album de Tool qui devrait voir le jour début 2014.

Pour immortaliser la tournée des 10 ans de What It Is To Burn, un DVD sortira le 7 janvier prochain via Tragic Hero Records. On y retrouvera une performance filmée à Ponoma en Californie un peu plus tôt cette année. Le trailer est à visionner sur playsound.fr.

_Fall Out Boy sera de retour en France en 2014 à Toulouse (2 mars), Lille (6 mars) et Paris (12 mars). _Black Rebel Motorcycle Club sera en tournée dans toute la France en février prochain. La totalité des dates est à retrouver sur playsound.fr. _ Les Français de Fauve ont annoncé plusieurs dizaines de dates en France pour 2014 dont cinq auront lieu au Bataclan de Paris. _Marie-Audrey Esposito

_Playsound × _Octobre 2013 × _News en fil rouge × _05

Le label de Jack White, Third Man Records, a annoncé la sortie d'un nouveau double single de The Dead Weathers, Open Up (That's Enough) / Rough Detective. Dans un premier temps, celui-ci ne sera accessible qu'aux abonnés du Third Man Vault. Un court extrait de Open Up est en écoute sur playsound.fr.


_DOSSIER

_Playsound × _Octobre 2013 × _Dossier × _06

Oüi FM : le retour du rock à l'échelle nationale ? Minée par une faible audience cumulée de 0,3 % sur la période janvier-mars 2013, la station de Radio France dédiée aux « jeunes », le Mouv', pourrait mettre la clé sous la porte au profit de la radio rock – et privée – Oüi FM. La radio parisienne récupérerait ainsi les stations FM du Mouv' pour enfin obtenir une diffusion nationale au détriment d'une station culturelle n'ayant jamais trouvé son public. À l'heure actuelle, Oüi FM n'émet que dans 24 agglomérations comme la région parisienne, l'ouest de la France (Bretagne et Normandie), mais aussi à Roanne, Villefranchesur-Saône, Dunkerque, Colmar ou encore dans le Gard. Plusieurs grandes zones (le sud-ouest, le Centre) et grandes villes (Lyon, Marseille) ne peuvent donc pas capter ladite station sur leurs autoradios. A priori, c'est le cas de plusieurs autres radios comme Nova ou Radio FG par exemple, mais la différence est qu'à ce jour Oüi FM reste, par sa programmation musicale, la seule et unique radio rock majeure de France. Le média de Jacques Essebag (plus connu sous son pseudonyme d'animateur : Arthur) a, par rapport au Mouv', une programmation cent pour cent musicale alors que la station publique est généraliste et peut-être trop variée. Sans vouloir dénigrer l'un, ou gratifier l'autre – car Playsound n'a aucun intérêt dans la question si ce n'est celui de la promotion de cette musique que nous aimons tant – il y a une réelle différence d'offre entre la station privée et la publique. Ne souhaitant pas non plus la déchéance du Mouv', l'émergence de Oüi FM au niveau national serait une bonne nouvelle pour le combat permanent que doit mener la musique rock en France. Car contrairement au Mouv', Oüi FM ne diffuse que du rock. Attention, dire que le Mouv' n'en diffuse pas serait faux, mais il se trouve que les guitares saturées sont sacrifiées sur l'autel de l'hétérocléité de la radio publique. Le privé propose donc une playlist rock continue, tandis que l'autre se doit de remplir sa noble mission de service public : informer, distraire et cultiver son auditoire via différents styles musicaux. Installer Oüi FM à la place du Mouv' reviendrait donc à tuer un genre de radio pour permettre l'émergence d'une diffusion massive, et nationale, de morceaux rocks. Un vrai dilemme.


Trop petit pour deux

Inamicale

Bien entendu, l'idéal serait de pouvoir garder les deux, mais les ondes des grandes aires urbaines sont victimes du mal similaire touchant leurs auditeurs coincés dans leurs voitures : les bouchons. À Lyon ou à Marseille, la radio « Plus Libre Plus Rock » doit forcément prendre la place d'une autre, en l'occurrence le Mouv', si elle veut émettre. Et c'est là qu'intervient le fond du problème : le manque de place pour les radios indépendantes. L'animateur-producteur-humoriste Arthur a beau être un ponte de la production radio et télé en France, il reste néanmoins le propriétaire d'une simple station locale privée. Une situation qui lui permet d'être soutenu par le Syndicat interprofessionnel des radios et télévisions indépendantes (le Sirti). Le 1er octobre dernier, ce syndicat a fait la demande officielle à l'État (qui gère le trafic des ondes) que « 1.000 fréquences soient attribuées à plus de 150 radios indépendantes, qui ensemble réunissent jusqu'à 10 millions d'auditeurs par jour ». Le Mouv', dont le président de Radio France, Jean-Luc Hees, a reconnu qu'il ne « marchait pas », serait la première victime de cette revendication. Le Sirti rappelle même que ladite station compte moins de 150.000 auditeurs par jour et a englouti « 300 millions d'euros ». Des chiffres éloquents qui démontrent l'inefficacité du modèle proposé par Radio France aux « jeunes ». À l'inverse, Oüi FM revendique 245 000 auditeurs quotidiens sur Paris. Un gouffre qui condamne hélas Le Mouv' à passer de vie à trépas sauf si cette dernière accepte une fusion.

Arthur a donc proposé de « fusionner » avec Le Mouv' en septembre dernier. Une offre rejetée par Joël Ronez, directeur de la station publique, qui y voit une « proposition inamicale, hors sujet, insultante et anachronique. » Ajoutant même que le service public n'était « pas à vendre » ou « à brader », ni « un réservoir de fréquences à destination des entreprises privées désireuses de progresser. » Une déclaration pleine d'énergie qui, hélas, révèle que le rock n'arrive pas à résoudre le sempiternel antagonisme existant entre les gentilles radios publiques contre les « méchantes » et « avides » privées. Quand bien même l'émergence d'une radio uniquement rock à l'échelle nationale serait une bonne nouvelle, elle ne se ferait donc qu'au dépend d'un concurrent de qualité mais qui n'a jamais trouvé son public. Une fois de plus, c'est la culture qui est la première victime de la course à l'audimat.

_Playsound × _Octobre 2013 × _Dossier × _07

_Maximilien de Boyer


_l'actu en 140 caractères X _10 Octobre 2013

X

_C2C (@C2Cdjs) Le clip de #Delta sélectionné par @Vimeo comme l'une des meilleures vidéos de septembre! Congrats @lecrcr #staffpic https://vimeo.com/75340053

X _10 Octobre 2013

X

_Playsound × _Octobre 2013 × _En studio × _08

_Metallica (@Metallica) Avez-vous vu #MetallicaThroughTheNever ? Qu'y a-t-il dans le sac selon VOUS ? #WhatsInTheBag #MetallicaMovie pic.twitter.com/fgOO1nPun0

X _14 Octobre 2013

X

_IAM (@IAM) Nouvel et dernier album, 18 Novembre http://po.st/Video11082013

X _15 Octobre 2013

_CHVRCHES (@CHVRCHES) Kit de survie en tournée pic.twitter.com/nSkmMF4n0s

X


X _20 Octobre 2013

X

_WOODKID (@WOODKID) Quand je serai grand, je voudrais être @grizzlybear http://www.youtube.com/watch?v=B-ifqEZVQxQ&feature=youtu.be&a

X _16 Octobre 2013

X

Le 12e album de Korn dans le top 10. Je suis tellement heureux d'en faire partie, et merci à tous ceux impliqués – Dieu est amour :)

X _17 Octobre 2013

X

_Fall Out Boy (@falloutboy) Nouvelles photos du making of du tournage d'hier : http://on.fb.me/1euOJhm

X _22 Octobre 2013

_Pearl Jam (@Pearl Jam) Il y a 23 ans, nous jouions notre premier concert. On fête ça ce soir à Philadelphie.

X

_Playsound × _Octobre 2013 × _En studio × _09

_Brian Welch (@brianheadwelch)


_Playsound × _Octobre 2013 × _Talents × _10

_TALENTS

+ DE TALENTS à découvrir sur www.sabotage-radio.com

lllllllllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #1 llllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #2 llllllllllllllllll Courtesy drop  lllllllllllllllllllllllllll rival sons Depuis maintenant trois ans, les quatre Américains de Courtesy Drop délivrent des sonorités authentiques à mi-chemin entre le rock alternatif et le punk rock. Le combo se distingue par un son brut, très peu retravaillé en studio, qui donne une véritable âme à ses morceaux. Digne descendante de Balance & Composure, la formation fait encore peu parler d'elle. Et pour cause, elle est composée de quatre gars simples qui ne cherchent pas à faire le buzz mais avant tout à écrire des compositions à leur image. Une qualité rare à une époque où, pour de nombreux groupes, la création artistique semble passer au second plan. La passion pour la musique, l'aspect Do It Yourself et le partage des émotions sont des éléments primordiaux pour le quatuor. Le second album de Courtesy Drop, Songs To Drive To; Cry and Make Love To, vient tout juste de sortir et est en écoute sur la page Bandcamp du groupe. On y retrouve treize titres très épurés et plein d'émotions. À découvrir absolument !

S’il fallait apparenter le son de Rival Sons à une décennie, cela serait sans hésiter les 70’s. L’âme de Led Zeppelin, The Doors, ou encore Joe Cocker résonne dans les mélodies des quatre Californiens. Pourtant, ces références ne sont que des fondations pour le groupe, tant il arrive à surprendre l’auditoire par sa technicité. La section rythmique est hyperactive, le virtuose Scott Holiday oscille entre blues et solos psychés sur sa guitare tandis que le leader Jay Buchanan impressionne par sa voix sans limite qui sied aussi bien au hard rock qu’à la soul. Au-delà des décibels, une rare émotion se dégage de ce groupe. Le charme opère notamment sur Soul, chef d’œuvre blues de six minutes mis en valeur par un songwriting poignant, que l’on pourrait apparenter à l’historique Since I’ve Been Loving You, tant le titre s’avère bouleversant : enfin un groupe qui redonne foi en la musique actuelle. Forts d’un potentiel scénique incroyable, les natifs de Long Beach ont déjà conquis le public français avec des passages mémorables à la Flèche d’Or et surtout au Trabendo. Leur objectif étant « de sortir un album par an », on ne peut qu’avoir hâte de les retrouver l’an prochain.

_Genre Rock alternatif

_Genre Hard Rock, blues Rock

_Label Animal Style Records

_Label Earache Records

_Pays États-Unis

_Pays États-Unis

_Site Officiel

_Site Officiel

facebook.com/CourtesyDrop

rivalsons.com


llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #3 llllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #4 llllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #5 Originaire de Seattle, Benjamin Laub, aka Grieves, est un artiste en constante recherche de délicatesse. Le jeune MC commence à faire parler de lui en 2008 alors qu’il forme un duo avec le producteur Budo. Cette rencontre va être l’occasion d’allier des textes poignants et un phrasé énergique à une production rare dans le monde du hip hop où piano jazzy, Rhodes, trompettes et guitare électrique se mêlent judicieusement aux samples électro. Ce talent de composition fait des titres Light Speed, Bloody Poetry et Sunny Side of Hell des monuments du genre. Plus qu’un simple rappeur, Grieves est un vrai poète. En témoigne sa récente signature sur le label RhymeSayers, réunissant un collectif de paroliers de talent. Dans ses lyrics, le jeune homme part toujours d’un point de vue personnel. le natif de Seattle trouve toujours les mots justes (ni trop intellectuels, ni trop vulgaires et jamais facile) et la retenue nécessaire afin d’exprimer ses sentiments. Actuellement en tournée pour promouvoir son cinquième album, le seul reproche que l’on peut finalement faire à Grieves, c’est de ne jamais être passé par l’Hexagone.

The Lucid Dream tire son nom de paroles issues du titre Catching The Butterflies de The Verve. Voilà déjà un bon point pour ce groupe de Carlisle formé en 2008. Composé de Mark Emmerson (chant, guitare), Wayne Jefferson (guitare, chant), Mike Denton (basse, chœurs) et Luke Anderson (batterie), The Lucid Dream fait partie de cette génération remettant le psychédélisme au goût du jour et avec brio. Pour faire simple, cette formation anglaise résulterait d’une copulation réussie entre les Horrors et les Warlocks. Le groupe a sorti en juillet dernier son premier album intitulé Songs of Lies and Deceit aux sonorités hypnotiques. Rythmiques endiablées et reverbs sont évidemment de la partie, le disque alternant aisément entre titres catchy de quelques minutes (Heartbreak Hotel) et envolées aériennes dépassant les normes radiophoniques (Sweet Hold On Me). The Lucid Dream jouera son rock aux accents rétro durant le mois de novembre à travers toute l’Europe, notamment à Lyon (13/11) et Paris (14/11).

Il y a des groupes qui font forte impression dès la sortie de leur premier EP. Crooks fait partie de cette catégorie. Avec Nevermore, en écoute sur le bandcamp du combo, les Anglais parviennent à captiver dès les premiers accords. Sorti en juillet 2012, ce premier EP est étonnant de maîtrise. La palette de sonorités offerte par le quintet transporte véritablement l'auditeur. Josh, leader de la formation, alterne chant crié et chant clair avec aisance et réussi à livrer une prestation pleine d'émotions. Above Me, nouveau titre mis en ligne il y a seulement quelques jours, confirme la qualité du combo. À présent, ce dernier se prépare à voyager à travers le Royaume-Uni aux côtés de Mallory Knox, l'un des phénomènes de l'année, et de Blitz Kids. Après cette tournée qui permettra très certainement à la formation d'agrandir sa base de fans, Crooks devrait logiquement s'atteler à l'écriture de nouveaux morceaux. D'ici là, il est fortement recommandé de visionner le premier clip vidéo du groupe illustrant Tired Eyes, un titre accrocheur qui plaira assurément à tous les fans du genre.

_Genre Hip hop

_Genre Rock psychédélique

_Genre Post-hardcore

_Label RhymeSayers

_Label Holy Are You Recordings

_Label Indépendant

_Pays États-Unis

_Pays Angleterre

_Pays Angleterre

_Site Officiel

_Site Officiel

_Site Officiel

grievesmusic.com

theluciddreamband.blogspot.co.uk

facebook.com/CROOKS.UK

_Playsound × _Octobre 2013 × _Talent × _11

lllllllllllllllllllllllllllllllllllllll Grieves llllllllllllllllThe Lucid Dream lllllllllllllllllllllllllllllll crooks


_TALENT ZOOM

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THE STORY SO FAR

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Originaire de Birmingham, Light You Up est un jeune groupe de pop-punk prometteur. En seulement un an et demi, le combo a réussi à rassembler une petite base de fans et attirer l'attention de médias, labels et producteurs prestigieux. Il faut dire que le groupe a pris tout son temps pour trouver ses marques. En effet, si l'aventure n'a officiellement commencé que début 2012, quatre des cinq membres jouaient déjà ensemble depuis environ deux ans. Ce n'est qu'avec l'arrivée du nouveau chanteur, Tom Nappier, que la formation a décidé de lancer sérieusement sa carrière. Dès ce moment-là, tout s'est accéléré pour le groupe qui a enregistré son premier EP, Broken Jaw, en quelques jours avec Romesh Dodengoda (Lostprophets, Funeral For A Friend). Composé de quatre titres, ce mini-album sorti il y a un an permet au groupe de montrer toute l'étendue de ses capacités. Si le quintet s’autoproclame pop-punk, ses créations illustrent pleinement son ouverture d'esprit. Là où une majorité de formations pop-punk semblent enfermées dans leur style, Light You Up nous offre des sonorités accessibles et variées. Et pour cause, si le combo puise ses influences principales auprès de groupes comme Jimmy Eat World, il va également chercher du côté d'artistes plus surprenants comme Ellie Goulding, marquant ainsi sa différence. Son identité musicale repose également sur la voix légèrement éraillée de son chanteur qui s'avère être un véritable plaisir pour les oreilles. Light You Up est un groupe simple, loin de se soucier des critiques négatives. C'est certainement ce qui permet au quintet de s'ouvrir vers de nouveaux horizons au lieu de s'enfermer dans un style. En effet, le pop-punk, aussi agréable qu'il puisse parfois être, peut vite paraître répétitif et réducteur. Ces dernières années ont vu naître une quantité non négligeable de groupes issus de cette scène qui semblent être des copies conformes. Light You Up se distingue par sa façon de manier les éléments propres à ce style (sonorités mélodiques sur un rythme rapide) et de les mélanger avec d'autres influences. Lifebox, titre de clôture de l'EP, illustre d'ailleurs cette variété avec sa guitare acoustique et sa montée crescendo qui en font une ballade rock digne des plus grands. Malgré leur jeune âge et leur expérience encore peu développée, les cinq Anglais font preuve d'une maturité certaine tout en gardant une grande spontanéité. En témoignent leur performance live qui montrent tout l'enthousiasme du combo, mais aussi les performances acoustiques que le frontman réalise en pleine rue devant de petits groupes de personnes. L'été dernier, les Anglais ont eu le privilège de se rendre à San Francisco pour enregistrer leur tout premier album aux côtés de Sam Pura, connu pour son travail avec, entre autres, The Story So Far ou Man Overboard. Depuis, le groupe a déjà pu tester certains de ses nouveaux titres sur sa dernière tournée en date au Royaume-Uni, en première partie des Français de Chunk ! No, Captain Chunk !, s'exposant ainsi à un public plus important.

En attendant la sortie du premier album qui devrait débarquer dès le début de l'année prochaine, il est toujours temps de découvrir le clip vidéo de Lifebox pour avoir un aperçu du talent de Light You Up. Pour en savoir plus très prochainement sur ce qui pourrait bien être l'un des meilleurs premiers albums de 2014, gardez un œil sur notre site ! _Marie-Audrey Esposito _Genre Pop punk _Label Great Escape Records _Pays Angleterre _Site Officiel facebook.com/lightyouupofficial


la musique, fléau social du XXIème siècle ? La musique, œuvre intemporelle et indispensable au bien-être des personnes. Elle nous accompagne partout. Mais le fait qu’elle soit présente de manière permanente dans notre vie n’est-il pas nocif pour les relations sociales entre les individus ? Je m’explique. Tous les jours, j’ai le droit à mes deux heures de transport pour aller travailler. Alors, pour rendre le trajet agréable, je mets mes écouteurs sur les oreilles et je lance ma playlist favorite. Force est de constater que je ne suis pas le seul dans ce cas. Et c’est pourquoi, hier, j’ai testé l’expérience d’aller dans les transports sans mon passe-temps préféré. Observateur, j’ai eu cette désagréable sensation qu’il y avait bien plus qu’un fossé entre les personnes à mes côtés avec leur casque sur la tête que celles sans. Tête basse, regard hagard ou encore bras croisés, la barrière semble définitivement mise en place. Le contact est rompu, le dialogue sourd (sauf quand votre voisin s’amuse à partager ses goûts musicaux avec vous). Finalement, à trop s’évader dans un autre univers, on en perd la réalité de notre monde. Pis, qu’en est-il de ces groupes de personnes qui se parlent en ayant une oreille libre et l’autre occupée par leur baladeur MP3 ? Je veux bien croire que certain(e)s sont capables d’être sur deux fronts à la fois mais quand même. Enfin, alors qu’hier, les bars étaient un lieu privilégié pour se retrouver le soir et échanger sur la carrière de monsieur, la nouvelle garde-robe de madame, aujourd’hui il est presque impossible de se faire comprendre quand on souhaite passer une commande (« Un quoi monsieur ? »).

Ah, oui, il est vrai qu’il est plutôt original de s’en prendre à la musique…dans un webzine musical. Mais restons rationnels. Le but n’est pas de supprimer la musique de notre vie, mais de l’utiliser avec modération, sans excès. Il y a des situations et des lieux où il faut savoir laisser la musicalité de nos propos prendre le dessus, savourer les moments de silence quand ils se présentent, et attacher de l’importance aux relations humaines. L’avènement des nouvelles technologies, la consommation de masse et la montée de l’individualisme dans les sociétés modernes ont peu à peu terni les échanges entre les personnes. Si la musique n’est qu’un facteur parmi tant d’autres dans ce phénomène de repli sur soi-même en public, il est intéressant de voir que, dans notre vie quotidienne, et en contact avec les autres, nous sommes inconsciemment « associables » en cherchant à s’évader et à passer le temps. Le mot est certes un peu fort, mais, dorénavant, concentrez-vous sur votre environnement proche lorsque vous êtes dans des lieux publics. En attendant, il est temps pour moi de partir au travail, je vous laisse donc au profit de mon iPod, je suis d’ores et déjà isolé dans mon propre monde. Bien à vous. _Elie Dib

_Playsound × _Octobre 2013 × _Ça n'engage que moi  × _13

light you up

_ÇA N'ENGAGE QUE MOI


_Playsound × _Octobre 2013 × _Live Report × _14

_Live Report

fleetwood mac à bercy : 11/10/2013 En ce doux soir d’automne, le grandiose Palais Omnisports de Paris-Bercy ouvrait ses portes à Fleetwood Mac, l’un de ces phénomènes légendaires que seules les années 70 auront été capables d’engendrer, notamment autour du chef d’œuvre intemporel Rumours, huitième album le plus vendu de l’histoire de la musique. Tout le monde a déjà tapé du pied sur une chanson ne serait-ce qu’un tantinet « retro » en s’adressant une petite remarque nostalgique, telle que « ah ça, c’était la bonne époque ». Il suffit pour cela de choisir un album de la discographie de Fleetwood Mac, de lancer un titre au hasard, et de se laisser pleinement porter par les mélodies voluptueuses du passé. C’est dans cette force inspiratrice que réside depuis toujours la puissance de ce groupe, véritable machine à rêves. Et c’est notamment pour célébrer les 35 ans de l’album pharaonique Rumours que le line up original se voyait recomposé autour d’une tournée mondiale historique, marquant le retour (jusqu’alors inespéré) du groupe en studio l’année prochaine, et sur scène à Paris. Ainsi, au-delà d’être un plaisir auditif et sensoriel sans équivalent, ce concert s’est révélé être une mise en abîme passéiste extraordinaire, tant les personnalités présentes sur scène reflétaient l’âme d’une époque (et surtout d’une manière d’écrire, de composer et de vivre la musique) désormais aux prises du temps. À cette occasion, l’affiche se voulait bien évidemment prestigieuse : le virtuose Lindsey Buckingham (roi du finger-picking), l’éternelle icône sexuelle Stevie Nicks, le colosse déjanté Mick Fleetwood et le bassiste discret John McVie ont ainsi envahi la scène tels quatre mastodontes indétrônables, prêts à prouver une fois de plus que le monde leur appartient, et leur appartiendra toujours.

Il était presque impossible de prévoir la tournure du concert, tant l’atmosphère se voulait particulière, unique, partagée entre la crainte d’un festival de titres fossilisés et l’impatience de voir ou revoir ces quatre héros. Dans cette optique, hommes et femmes, trentenaires et quinquagénaires, passionnés et novices ont tous eu droit à leur lot d’émotions au fil de 2h40 d’une véritable démonstration rappelant la puissance et l’endurance d’un show de Bruce Springsteen & the E-Street Band. La scène est superbe, le jeu de lumières splendide (notamment grâce à l’aide d’un immense écran situé à l’arrière), la guitare et la batterie sonnent merveilleusement bien. On a même droit aux réorchestrations millimétrées de tubes exceptionnels (Big Love, Tusk) et à un solo de batterie hallucinant au vu de l’âge de Mike Fleetwood. Le plaisir mélancolique est ainsi total, et le groupe offre à son public de tout donner sur les incontournables Don’t Stop et Go Your Own Way, mais aussi de découvrir Sad Angel, nouveau morceau très efficace en live et Stand Back, chanson issue de la carrière solo de Stevie Nicks, offrant un soupçon d’intimité dans une salle comble retournée par l’émotion. Bien plus qu’un simple Greatest Hits taillé pour la scène, le set de Fleetwood Mac aura donc offert maintes surprises, et rendu incohérente toute théorie portant sur l’obsolescence de tout acte musical. Au final, le groupe aura appris qu’avec beaucoup d’envie et énormément de cœur, rien ne finit l’éternel. _Emmanuel Van Elslande


“De 1984 à aujourd’hui, il n’y a plus de superstars qui dépassent l’univers musical. Kurt Cobain ? C’est un ou deux albums, pas suffisant. Parce qu’il est mort, il devrait être considéré comme une icône ? Non.”  Team Rock Radio _Sami Elfakir

_Playsound × _Octobre 2013 × _Ils l'ont dit × _15

à propos des rumeurs sur les Strokes

Gene Simmons (kiss)

Thom Yorke “Nous, les musiciens, devons nous battre contre les choses comme Spotify. [...] Pour moi ce n’est pas que de la musique mainstream, c’est le dernier pet désespéré d’un cadavre agonisant.”  Sopitas

à propos de l’industrie musicale

“Il n’y a pas de nouvelles à ce sujet. Nous ne sommes pas en train d’écrire ou quoi que ce soit. Ou peut-être individuellement, mais ce n’est pas comme si nous étions en studio. ”  Billboard

à propos de Spotify

“Je pense qu’au début de l’année prochaine, nous allons probablement faire une pause de quelques mois, puis le moment venu nous nous remettrons à écrire des morceaux.” Billboard

Albert Hammond Jr

Matt Bellamy

à propos d’un nouvel album de Muse

_Ils l'ont dit


REFLEKTOr

_ChroniQUE

Arcade fire _Genre Indie rock

_Producteur James Murphy, Markus Dravs, Arcade Fire

_Label Merge

28_ 10_ 13_

01 _Reflektor 02 _We Exist 03 _Flashbulb Eyes 04 _Here Comes The Night Time 05 _Normal Person 06 _You Already Know 07 _Joan of Arc 08 _Here Comes The Night Time II" 09  _Awful Sound (Oh, Eurydice)" 10 _It's Never Over (Oh Orpheus)" 11 _Porno" 12 _Afterlife" 13 _Supersymmetry"


Quinze jours avant la sortie de l'un des albums les plus attendus de cette fin d'année, Barclay nous a invité à écouter ce fameux Reflektor. Orchestré par une promo millimétrée et largement relayé sur le Web, le quatrième album d’Arcade Fire pourrait définitivement asseoir le groupe sur le toit de la planète rock. Le premier single du même nom que le LP nous a déjà bluffés. En dehors de tout format radio (presque 8 minutes), le mélange de chant anglais/français flirtant avec l'électro est surprenant. Cerise sur le gâteau, Mr David Bowie est en guest sur les chœurs. Accompagné d'un clip haut de gamme, les Canadiens viennent de nous mettre une claque, nous incitant fortement à tendre l'autre joue. La deuxième piste We Exist reste dans la lignée de celle d'ouverture, avec une basse rebondissante, groovy à souhait. L'ambiance dancefloor, toujours présente, est devenue nettement plus sale. Encore un gros groove de quatre cordes sur Flashbulb eyes, titre le plus court de l'album, noyé dans des bruitages rendant le tout parfois confus. Arrive l'ovni Here Comes The Night : ses 2 chansons en 1, ses grosses percussions en intro, sa rythmique surprenante au piano, sa basse (encore) omniprésente, son final en forme de feu d'artifice, on retrouve là un immense morceau qui devrait frôler l'orgasme scénique sur la prochaine tournée. À l'image de Month Of May sur l'album précédent, Normal Person est le titre le plus rock. Son côté « stoner » et sa construction plus classique font effet. La voix de Win Butler enfonce le clou. You Already Now flirte avec les 80's et Wham par moment. Un nouveau titre dans la lignée de ce à quoi le groupe nous a déjà habitués. L'intro presque punk de Joan Of Arc amène l'auditoire sur un rythme primitif, soutenu par le mélange des voix des deux leaders. Régine crie qu'elle n'est pas Jeanne d'Arc dans un chaos sonore bluffant. Cette chanson conclut le premier volume. Oui, car le disque se veut double, et nous laisse abasourdis par sa puissance.

_Marc Andrieu

_ Orchestrations 5/5 _ Créativité 5/5 _ Intérêt 4/4 _ Lyrics 2/3 _ Cohérence 1/2 _ Artwork 1/1 _ Note globale 18/20

DICT

Arcade Fire dévoile là un quatrième opus qui ne pourra complètement s'apprivoiser qu'à la suite de multiples heures passées devant sa platine. Marqué par le mélange de différents styles musicaux et des chansons à la construction complexe, le groupe met la barre tellement haut qu'il devient parfois inaccessible. S'il fallait résumer le disque en une seule phrase, il serait juste d'écrire que le morceau Reflektor est le parfait reflet d'un album ambitieux, déconcertant, enfanté par un groupe au sommet de son art. Impossible donc de rester indemne après un tel album, impossible de ne pas reconnaître que ces Canadiens sont immenses. Quel bonheur de tendre l'autre joue... Définitivement génial.

DICT

VER

Les Canadiens sont coutumiers des chansons en deux parties. Here Comes The Night Part.2 » qui ouvre le volume 2 de l'album se veut plus apaisée, guidée par des nappes de claviers soutenant un chant plaintif dans une ambiance mélancolique. Qu'il est bon d'avoir le spleen... Entre boîtes à rythmes, synthés et guitare folk, Awful Sound se termine sur un petit air hippie pas désagréable aux oreilles, faisant place à It's Never Over qui, malgré un rythme de batterie hallucinant, semble un peu dépassé par sa complexité. Peu importe, arrive Porno, sans conteste un des grands moments de l'album. Nous pensons à Depeche Mode, par moment à Nine Inch Nails, l'ambiance est salace, sexuelle, tendue ! Afterlife paraît un ton en dessous et fait retomber la température. Le morceau reste néanmoins solide, bien en place et nous rappelle les débuts du groupe. Dernier titre et coup de grâce, Supersymmetry se retiendra tout le long d'exploser, préférant se contenir dans une ambiance de l'au-delà, mélangeant percussions africaines et beat electro : déconcertant. Un titre caché instrumental, tout en sonorités étranges, poursuit le voyage et nous envoie définitivement loin de ce monde.

VER


_Playsound × _Octobre 2013 × _Rétro × _16

_rétro

ARCADE FIRE


un coup de poing dans le nez de cette pop indigeste et industrielle que les majors tentent d'imposer. Face à la crise, les maisons de disques ont choisi de niveler par le bas. Comme une anomalie, Arcade Fire parvient donc à montrer, par la musique qu'il produit, que l'achat d'un disque passe avant L'attente des médias, la pression des producteurs ou l'imtout par la qualité du produit, plutôt que par sa fréquence à patience des fans, Arcade Fire n'en a que faire. Le groupe la radio. Mais comment parvenir à un tel résultat ? montréalais a choisi depuis ses débuts de suivre le chemin qu'il s'est tracé à l'aube de sa carrière : prendre son temps et faire du bon boulot. Le chanteur américain, puisque texan, Win Butler, rappelle à l'occasion de la promo de Reflektor, leur Aujourd'hui, tout est compliqué dans le monde de la musique. dernier opus, que « chaque album est un projet en lui-même ». La créativité est devancée par l'image et la mode musicale Une déclaration à contre-courant de l'industrie du disque derrière laquelle les artistes (au sens le plus large possible) qui pense plus en termes de rentabilité que de créativité. En doivent se ranger, s'ils souhaitent être au top des ventes. effet, les gros vendeurs (Lady Gaga en tête) construisent leurs Mais parfois, sans savoir pourquoi, toute logique commerdisques comme un ensemble de titres indépendants les uns ciale explose. Car sur le papier, Arcade Fire n'aurait jamais des autres, afin d'être vendus séparément dans le fameux dû connaître un tel succès face aux poids lourds lancés par format single. Mais le groupe montréalais n'est absolument les puissantes majors. Et Arcade Fire le sait. Win Butler avoue pas dans cette démarche et prend chaque album comme un même que l'idée d'atteindre le Top 5 au moment de la concepprojet particulier dans lequel « on met toute notre âme », selon tion de Neon Bible ne l'obsédait « pas vraiment », mais cette Win Butler. Et quelle âme ! possibilité lui avait tout de même « traversé l'esprit. » Et de Si Arcade Fire n'est pas du genre à truster les ondes radios reconnaître : « C'est quand même fou qu'un groupe comme et les plateaux télés, il caracole pourtant en tête des ventes nous soit à une telle position (dans le classement). » Y a-t-il d'albums grâce à cette touche si particulière. Dès Funeral alors une recette secrète ? (2004), leur premier LP, les Québécois (1) se sont inscrits dans Difficile à dire puisque, par définition, elle est secrète. Il existe un style indépendant qu'ils ont réussi à respecter malgré le cependant un élément de réponse : l'église réaménagée citée succès. Car leur réussite est bel et bien fulgurante. Alors que plus haut. Acquise à l'automne 2005 grâce aux recettes de leur premier album funéraire (l'enregistrement a été marqué Funerals, cet antre a permis à Arcade Fire de forger, et surtout par plusieurs décès dans l'entourage du groupe) atteint pé- de consolider, son projet artistique. En commençant par leur niblement le 123e rang du Billboard 200 américain, Neon jeu scénique qui est devenu « bien meilleur » selon Butler. Tel Bible (2007) se vend comme des petits pains et accroche la Abbey Road pour les Beatles, l'édifice religieux, reconverti deuxième place du même classement US. Plus abouti et bien en studio, a offert la chose la plus précieuse à Arcade Fire : plus abordable pour le grand public (Black Mirror, No Cars du temps. La chanteuse et multi-instrumentaliste Régine Go), l'album enregistré dans une ancienne église rachetée et Chassagne explique bien qu'après la tournée de Neon Bible, aménagée en studio par la troupe musicale, est notamment et ses 122 dates, ils avaient pris « un an de congé et attendu certifié disque d'or au Canada et au Royaume-Uni. Win Butler aussi longtemps que possible, jusqu'à ce qu'on ait vraiment (mari de la suivante), Régine Chassagne (femme du précédent), envie de rejouer ensemble. » Une année consacrée à l'écriture William Butler (frère et beau-frère des précédents cités), Richard mais aussi au repos. L'octuor est en effet reconnu pour son Parry, Tim Kingsbury, Sarah Neufeld et Jeremy Gara restent énergie scénique, et Win Butler pour fracasser ses guitares sur la bonne dynamique lancée par Neon Bible et sortent The lorsqu'il est temps pour ces dernières « de quitter ce monde » Suburbs en 2010. Puis ils atteignent « enfin » le sommet du de la plus belle des manières. Indépendant ou pas, Arcade fameux classement Billboard 200. La bande des huit a donc Fire reste un groupe de rock ! réussi, là où d'autres ont craqué suite à la pression financière des producteurs : maintenir un cap musical et vendre encore plus ! Cette combinaison anachronique conduit d'ailleurs ArLe principal problème d'un artiste – en l'occurrence huit – après cade Fire à l'obtention d'un Grammy en 2011. avoir reçu un prix triomphal, est de confirmer un tel succès. Mais a priori ça semble bien parti. Largement relayée sur le web, la promotion du nouvel album a fait mouche comme son Porte-étendard dans cette branche fourre-tout du rock indé- premier extrait, « Reflektor », qui ne rentre toujours pas dans pendant, Arcade Fire a donc réussi ce qui semblait impos- le cadre du « mainstream » avec son ambiance particulière et sible pour un groupe de ce genre : remporter le Grammy du son interminable durée (8 minutes). Difficilement diffusable meilleur album. Cette année-là, les Canadiens ont démontré à la radio tout ça, même si le refrain – de qualité – très new qu'un artiste pouvait être indépendant – artistiquement et wave est redoutablement efficace. Arcade Fire s'en va vers financièrement – et s'imposer comme le grand vainqueur un mélange savoureux de styles (électro, stoner, 80's...). Tel de la messe du business musical américain. Tel un ovni, le est le résultat obtenu par un groupe qui travaille bien en ayant groupe a su dépasser une foule de poids lourds : Katy Perry le luxe d'avoir du temps. Un luxe bien mérité. (la dernière perle de la pop US), Eminem (poids lourd du rap de retour), Lady Gaga (phénomène mondial) et Lady Antebel- (1) même s'ils sont majoritairement anglophones – donc Canadiens – Montréal reste au Québec alors appelons un chat, un chat. lum (trio country, triple disque de platine chez l'Oncle Sam). (2) MTV est souvent perçu comme le facteur numéro un de la néfaste uniWin Bulter et sa petite bande ont donc mis à mal la mode, le formisation de l'industrie musicale. buzz et la tradition musicale en même temps. En un mot : le modèle MTV (2) a pris une bonne claque. Une performance incroyable – au sens propre du terme – qui s'affiche comme _Maximilien de Boyer En piste pour Reflektor, son quatrième album, Arcade Fire revient trois ans après le triomphal The Suburbs. Retour sur un groupe particulier qui arrive à conjuguer succès et intimité dans une industrie musicale sous perfusion.

Confirmer pour consacrer

Victoire surprise

_Playsound × _Octobre 2013 × _Rétro × _17

Recette Secrète ?



panic! at the disco

too weird to live too rare to die _Producteur Butch Walker

_Musiciens

Brandon Urie × Spencer Smith

_Label

Fueled By Ramen

_Date de sortie 08_10_13 01_This Is Gospel 02_Miss Jackson 03 _Vegas Lights 04_Girl That You love 05_Nicotine 06_Girls/Girls/Boys 07_Casual Affair 08_Far Too Young To Die 09_Collar Full 10_The End of All Things En 2011, le très rock’n’roll Vices & Virtues symbolisait l’avénement d’un duo formé par Spencer Smith et Brandon Urie. Aujourd’hui, le projet est plus que jamais la propriété artistique de ce dernier. Du haut de ses 26 ans, l’américain originaire du Nevada est un homme orchestre. Avec une facilité déroutante et une arrogance certaine, Urie avance et assume des aspirations musicales dissonantes qui ne manquent pas d’intérêt. La carrière de Brandon Urie s’apparente ni plus ni moins à une ballade à travers les styles et les âges. Too Weird To Live, Too Rare To Die, ne déroge pas à la règle, et marque -cette fois encore- le début d’une nouvelle ère. Globalement, le tournant électronique pris par la formation sur ce disque fait plus que jamais penser à celui pris par Fall Out Boy au printemps dernier. Ainsi, certains hits doivent beaucoup, sinon tout, au remarquable sens vocal et mélodique qu’ont en commun la quasi-totalité des formations du label Fueled by Ramen. Instrumentalement parlant, le travail proposé par Panic! At The Disco est somme toute moins intéressant qu’auparavant, mais bénéficie d’une réalisation soignée qu’il convient de saluer. Cette prestation, si elle a le mérite d’introduire des éléments musicaux expérimentaux, manque toutefois clairement d’un cadre artistique ambitieux et cohérent. On aime : Far Too Young To Die, Casual Affair _Yannis Mouhoun

DICT

DICT

VER

_ Orchestrations 3/5 _ Créativité 4/5 _ Intérêt 3/4 _ Lyrics 1/3 _ Cohérence 0/2 _ Artwork 0/1 _ Note globale 11/20

VER

_Playsound × _Octobre 2013 × _Séléction PS × _21

_Tracklist


_chroniques en bref i see stars new demons

I See Stars, l'un des piliers de la scène electro-hardcore, est de retour avec son quatrième opus. Avec un nouvel album dans la continuité du précédent, il est clair que l'heure du renouveau n'est pas encore arrivée pour le combo. Malgré tout, ce dernier livre à ses auditeurs treize nouveaux titres très efficaces où les styles se mélangent à merveille. Rares sont les groupes qui sont parvenus à offrir des créations musicales convaincantes au sein de cette scène si particulière. Néanmoins, I See Stars continue de s'affirmer dans son genre de prédilection avec maîtrise et talent. Oreilles fragiles et amateurs de sonorités épurées s'abstenir ! _On aime : Ten Thousand Feet, Murder Mitten

_Playsound × _Octobre 2013 × _Chroniques × _22

_Marie-Audrey Esposito

Motörhead aftershock

Lemmy est immortel. L'alcool, la drogue, les problèmes de santé, rien ne semble pouvoir entamer l'énergie de Mr Kilmister. Et trois ans après The Wörld is Yours, Motörhead démontre avec ce puissant Aftershock que l'énergie est toujours présente. Percutant et efficace comme jamais, les Anglais, parrains du heavy metal mondial, poussent l'auditeur au « handbanging » sur Heartbreaker qui ouvre l'album. Lemmy and Co. exposent leur fibre blues sur Lost Woman Blues qui symbolise la profondeur de ce nouvel opus. Motörhead propose un de son meilleur cru depuis ces 20 dernières années. Vraiment à écouter. _On aime : Lost Woman Blues, Queen Of The Damned, Coup de Grace _Maximilien de Boyer

cage the elephant melophobia

Prôner le dégout pour la musique dans le titre d’un album est une drôle d’idée lorsque l’on dévoile un opus d’une extrême variété comme Melophobia. En effet, les Cage The Elephant avaient habitué l’auditoire à cet excellent son saturé et explosif qui faisait leur marque de fabrique. Il faudra pourtant attendre le pachydermique Teeth pour retrouver ce grain de folie qui rend leur musique unique. Loin d’être transcendant d’originalité, Melophobia se veut néanmoins très coloré, naviguant entre airs pop sans saveur, ballades folk enivrantes et mélodies déchaînées qui s’installeront dans la mémoire à long terme. Loin d’être parfait, CTE signe donc ici un album honnête promis à un avenir radieux sur scène. _On aime : Spiderhead, Teeth, Cigarette Daydreams

_Bazil Hamard


yodelice square eyes

Yodelice, emmené par l’énigmatique Maxim Nucci, revient sur le devant de la scène après les succès de Tree of Life en 2009 et Cardioid en 2010. Et force est de constater que plus le temps passe et plus la musique de la formation s’étoffe. Ainsi, Square Eyes joue sur le registre de l’éclectisme tout en gardant un fond pop/rock très animal. Une évolution somme toute logique, pour un groupe maîtrisant parfaitement bien les richesses de son style musical. _On aime : The Answer, Familiar Fire

Pearl jam lightning bolt

Si la voix de Eddie Vedder continue à faire des miracles, l'énergie brute et les mélodies entrainantes qui caractérisaient les « rescapés de Seattle », ne sont plus à l'ordre du jour. Pire, le groupe semble tomber parfois dans un rock U.S fm des plus ennuyeux. Peu aidé par la production d'un Brendan O'Brian un peu dépassé, ce nouvel album de Pearl Jam est un beau plantage pour un groupe qui n'arrive plus à écrire de bonnes chansons. Actuellement en tournée sur le sol américain, le groupe manifeste tout de même, selon la presse outre-Atlantique, une belle énergie scénique pour défendre son album. _On aime : Cycle, Where are You ?, The World Up There _Marc Andrieu

a day to remember Common Courtesy

Trois ans après What Separates Me From You, opus considéré par beaucoup comme le plus faible de l’œuvre du groupe, Common Courtesy pointe le bout de son nez et vient renverser toutes les convictions fondées autour du quintet floridien. Avec un hommage à leur fief natal, Ocala, en guise d’entrée tonitruante, ADTR marque un retour conquérant dès les premières secondes d’un bloc de 54 minutes frisant la perfection. L’équilibre remarquable entre hymnes pop punk (Right Back At It Again, Life @ 11), péplums hardcore (Violence, Sometimes You’re the Hammer) et ballades acoustiques (I’m Already Gone, I Surrender) marque une nouvelle étape dans la carrière du groupe : la domination écrasante de toute une scène. _On aime : City of Ocala, I Remember, Best of Me

_Emmanuel Van Elslande

_Playsound × _Octobre 2013 × _Chroniques × _22

_Elie Dib


_débat

Pour ou contre : le streaming ? Le géant du streaming vidéo, Youtube, pourrait lancer sa plateforme de streaming audio cette année. A cette occasion, deux rédacteurs de Playsound ouvrent le débat. Pour ou contre le streaming ?

POUR

À l'heure où la crise frappe durement l'industrie musicale à cause du téléchargement illégal, comment ne pas se réjouir du développement du streaming ? L'écoute en ligne a plusieurs avantages. Tout d'abord, d'un point de vu artistique, elle permet de découvrir les nouveaux albums de ses artistes préférés ou d'entendre les morceaux d'un jeune talent. Ainsi, l'auditeur/client a la possibilité d'avoir un indispensable aperçu gratuit du produit qu'il souhaite acquérir en MP3 ou en CD. Car oui, l'acheteur est avant tout un client. Un client dont le droit est de s'assurer de la qualité de l'album dans lequel il souhaite investir quelques deniers. Et contrairement à la fameuse ménagère achetant des poireaux, un auditeur ne peut pas juger de la qualité d'un disque simplement en tatant sa pochette. Ensuite le développement des catalogues sur Deezer, iTunes et autres Spotify, qui proposent des achats en ligne, a permis de renflouer les caisses des majors qui, dans leur rôle de lobbys, ont poussé le gouvernement Fillon à mettre en place l'Hadopi. En effet, les revenus de l'écoute en ligne (en ayant, par exemple, un compte d'écoute illimité sur Deezer) représentent 12 % des revenus du marché de la musique au premier semestre 2013, alors qu'il était quasi nul il y a trois ans selon Les Échos. Enfin, l'expansion, via Youtube, du streaming offre un accès gratuit à la culture. Une offre inédite dans l'histoire de l'humanité car, oui, la culture a un prix. Qu'importe si la qualité est moyenne, si un jour un(e) jeune peut découvrir Mozart parce que ses œuvres sont gratuites sur Youtube, comment se plaindre de l'existence d'une telle plateforme ? Bien qu'imparfait, notamment au niveau sonore, le streaming a tout de même des avantages conséquents pour l'industrie du disque et tous les mélomanes du monde. _Maximilien de Boyer

Avec une hausse de +58.9% entre 2011 et 2012 (source : Recording Industry Association of America), le streaming est en passe de devenir le 2.0. de la dématérialisation de la musique. L’avenir de l’industrie musicale. Tout en étant idéal pour écouter des podcasts radiophoniques ou pour découvrir un album avant sa sortie, il n’en reste pas moins une atteinte à l’idée de la musique elle-même. Dans le monde digital d’aujourd’hui, on trouve tout, n’importe où, en quelques clics. Je veux écouter le dernier album d’Arcade Fire ? Youtube, Deezer ou Spotify sont là. La musique est à portée de doigts. Certes. Mais dans le même temps, nos oreilles en pâtissent. Les constructeurs ont beau faire des efforts, la qualité des enceintes d’un smartphone, d’une tablette, ou d’un ordinateur portable est médiocre. Et c’est sans parler de la qualité du streaming lui-même, la HD ne dépendant que d’une bonne connexion. Le streaming, c’est aussi l’occasion de zapper, comme les générations Y et Z savent si bien le faire. Les titres et les artistes s’enchainent sans transition ni cohérence, au gré des envies et des amis. Fini, le fastidieux « STOP > EJECT > ranger le CD dans la jaquette > ranger la jaquette dans l’étagère > prendre un autre boitier > l’ouvrir > insérer le CD > PLAY ». Écouter de la musique normalement (s’entend : avec du bon matériel, en prenant le temps, en écoutant des albums entiers) est devenu si rare, qu’on en a fait une nouvelle tendance : le « slow-listening ». La musique ne doit pas être un passe-temps. Le streaming ne doit rester qu’un outil de découverte, une porte vers les bacs physiques, et non pas s’imposer comme le futur modèle économique de l’industrie musicale. _Martin Van Boxsom

CONTRE


_focus

Quincy Jones

Une histoire de rencontres Quincy Delight Jones Jr est né à Chicago, ville dynamique où la musique a une place importante. Pourtant, son enfance est on ne peut plus difficile. Sa mère se retrouve internée pour maladie mentale, la famille rencontre des problèmes financiers, les déménagements se succèdent. Parachuté à Seattle, le futur « Q » apprend en autodidacte le piano, puis s’essaie à la trompette. À peine majeur, il fait la rencontre d’un certain Ray Charles, avec qui il fera un duo et se produira dans des petits clubs de la ville. Majeur, il obtient une bourse et part alors à Boston poursuivre ses études… pour quelques mois seulement. Car Quincy est un itinérant. Embauché par le géant du jazz Lionel Hampton (dit Le Lion) en tant que trompettiste et arrangeur, il va sillonner les Etats-Unis et l'Europe se construisant ainsi un petit réseau (Sarah Vaughan et Dinah Washington entre autres). Jeune mais déjà doué pour mixer et produire ses comparses, le musicien continue à se former aux côtés de pointure comme Dizzy GIllepsie ou Eddie Barclay à Paris. Mâture et trentenaire, il rejoint son pays d’origine où il se retrouve parachuté en tant que directeur artistique du label

Mercury. Et cette opportunité en or va lui permettre d’arranger les albums d’étoiles de l’époque comme Barbara Streisand mais surtout d’un certain Frank Sinatra. Moins d’un an plus tard, il devient vice-président du label et jouit d’une popularité naissante. Il l’utilisera d’ailleurs pour défendre la cause anti-raciste lors de meetings de Martin Luther King ou du révérend Jesse Jackson.

La révélation Pour autant, Quincy n’est pas épargné par la vie. Car, après avoir soufflé sa quarantième bougie, il est touché par une rupture d’anévrisme et subit deux importantes opérations. Mais les sirènes de la musique ne le lâcheront jamais. Et six mois lui suffiront pour se replonger en devenant le directeur musical du film The Wizz. En plus de reprendre du poil de la bête, il va surtout faire la rencontre d’un jeune chanteur souhaitant lancer sa carrière solo. Le mythe Michael Jackson est en marche. « Q » coproduit avec le jeune MJ Off the Wall en 1979 qui va être un énorme succès commercial. Mêlant funk, soul et disco, des styles que le producteur apprécient particulièrement, l’opus va se vendre à plus de 20 millions d’exemplaires ! Le tandem, très vite complice, va transformer l’essai avec Thriller trois ans plus tard puis Bad en 1987. Star interplanétaire, le désormais « King of the Pop » va alors signer chez la major Sony, rompant alors avec l’homme qui l’a révélé au monde entier. En contrepartie, Michael Jackson aura assuré la fortune de son producteur. Depuis Quincy Jones s’est diversifié. Patron de son propre label, co-fondateur d’une société produisant des albums, des films et des pièces de théâtre, il a surtout été décoré de la Légion d’honneur en France par Jacques Chirac en 2001. Un homme toujours très actif en somme, que le temps n’a pas réussi à fatiguer après 80 années. _Elie Dib

_Playsound × _Octobre 2013 × _Focus × _25

25 juin 2009. La planète toute entière est secouée par un séisme sans précédent. Michael Jackson est mort d’une overdose de médicaments. Si de nombreux fans pleurent la perte de leur héros, il y en a un pour qui ce décès réveille une douleur particulière : Quincy Jones, le mentor et premier producteur du roi de la pop. Ses premières phrases après l’annonce sont d’ailleurs très émouvantes : « Je suis dévasté par cette tragique et inattendue nouvelle (…). J’ai perdu mon petit frère aujourd’hui et une partie de mon âme s’en est allée avec lui. » Il est vrai que, au-delà de la collaboration artistique plus que réussie entre les deux hommes, ceux-ci avaient noué une relation presque fraternelle. Mais si l’un a toujours su attirer la lumière vers lui, l’autre a toujours été l’homme de l’ombre, le faiseur de rêves.


_Playsound × _Octobre 2013 × _Live Report × _26

_Live Report

JOSEPH ARTHUR AU DIVAN DU MONDE : 16/10/2013

Rendez-vous en terre inconnue en ce mercredi soir avec la venue de Joseph Arthur au Divan du Monde. Bien plus qu’un simple guitariste/chanteur solo, le jeune prince américain de la folk music se veut être un artiste complet, véritable fou de travail, comme l’a démontré l’album grandiose de Fistful of Mercy, son projet monté en compagnie de Ben Harper et de Dhani Harrisson sorti en 2010. Le voir dans un contexte particulièrement intime à l’occasion de la sortie de son dixième album (à seulement 42 ans) The Ballad of Boogie Christ allait ainsi être l’occasion rêvée d’en savoir plus sur ce personnage ô combien atypique et mystérieux. Accompagné de son bassiste et de son batteur, Joseph Arthur installe une grande toile vierge sur scène, pose sa pinte et enfile sa Stratocaster, comme un hobo vivant sans heure ni date. Cette mise en scène simpliste marque le début d’une heure et demie d’un véritable one man show d’un grand bonhomme aux airs pourtant timides et réservés au premier abord. Loin s’en faut, Arthur balaie sa discographie avec une set list se voulant sélective et (très) énergique, lui permettant de laisser libre cours à son imagination, que ce soit au cours de la peinture d’un énigmatique damné aux teints orange et bleu au beau milieu du concert ou au fil d’innombrables solos absolument parfaits. Malgré cette fougue électrisante, le compositeur réserve aux trois cents spectateurs présents un instant unique en interprétant l’ovni magnifique In the Sun seul, sans micros, musiciens ni artifices, et profite de l’occasion pour convier son public à chanter avec lui, sans cri ni hurlement : le calme après la tempête, meilleur moment du concert. S’en suivent un mélange harmonieux de ballades acoustiques et de titres accrocheurs rappelant le meilleur d’Oasis et des Stereophonics, le tout porté par un artiste capable de provoquer sourires et frissons à la demande tout au long d’un concert aux allures de réunion de famille.

Aidé par le houblon, Arthur invite même l’ensemble des aficionados présents à le rejoindre pour un aftershow en toute simplicité à la Galerie Chappe, dans laquelle celui-ci expose ses œuvres jusqu’au 30 octobre. C’est ainsi qu’à partir de minuit, cette galerie du XIIIème arrondissement de Paris devenait un endroit à part, hors du temps, rappelant les ambiances nocturnes chaleureuses issues de la pépite Minuit à Paris de Woody Allen. Debout sur une table en bois fragile, l’artiste tape violemment du pied et continue à délivrer ses morceaux comme s’il le faisait par simple plaisir, et convie également les passagers à partager ce moment exclusif avec son public et lui-même. Au final, c’est là l’essence même de son œuvre : une simplicité hors normes menant à des moments de partage tout à fait naturels pour Joseph Arthur, mais devenus tellement rares ailleurs. Aux douze coups de minuit, Arthur se retrouve ainsi à discuter de ses goûts musicaux, des allées parisiennes et de courants picturaux avec ceux qui l’applaudissaient, fous d’admiration, quelques minutes auparavant. Une belle preuve d’authenticité et de passion pour ce géant sans prétention. _Emmanuel Van Elslande


Editors au Trianon : 21/10/2013

Belle affiche dans la superbe salle du Trianon en ce début de semaine, puisque les Belges de Balthazar assurent la première partie de Editors. C'est donc sans surprise que la date est annoncée complète depuis un bon mois. À 19h30, les lumières s'éteignent. Un horaire étonnamment tôt faisant craindre un début de set devant une salle à moitié vide. Heureusement, le public de la capitale et les fans de Balthazar étaient bien à l'heure. Avec sa pop musclée, le groupe joue les guests de luxe durant les 40 minutes d'un set carré et diablement efficace. Alternant les parties vocales entre ses deux chanteurs, les Belges raflent la mise avec leurs titres les plus connus dont le tubesque Fifteen Floors taillé pour la scène. Les Belges quittent la scène avec le sourire devant une salle enthousiaste. Rendez-vous pris dans cette même salle le 11 février prochain, pour la date parisienne de leur tournée. Place à présent aux Britanniques de Editors venus défendre leur dernier LP The Weight of Your Love qui marque le retour d'un son nettement plus rock après le virage électronique de l'album précédent. Le premier titre joué ce soir, Sugar, confirme cette tendance. La guitare est incisive, la rythmique est lourde et le son saturé. L'enchaînement de plusieurs morceaux dont le classique Smokers Outside the Hospital Doors va également dans ce sens. Les quatre Anglais proposent ce soir un savoureux mélange de leurs différents albums sans jamais relâcher la pression. Si Tom Smith se démène le long de la scène et n'hésite pas à haranguer la foule, le reste du groupe reste plutôt discret, préférant se concentrer sur la bonne exécution des chansons. Le single du dernier album, A Ton Of Love, fait définitivement bouillir le Trianon qui fait se soulever le parquet de la salle sur An End Has a Start superbement interprété. Lorsque résonnent les premiers accords de The Phone Book joués à la guitare sèche, le silence s'installe automatiquement. Certainement le moment le plus émouvant du concert, sublimé par la voix de son chanteur, Editors touche en plein cœur.

Avec Munich et The Racing Rats, titres emblématiques du quintet, l'ambiance redevient électrique. Au bout de 1h35, le set se conclut avec difficultés sur Honesty, un souci technique de batterie obligeant le groupe à s'y reprendre à 3 fois sur l'intro. Anecdotique... Sans surprise, retour du groupe pour un rappel se terminant avec la boucle électro de Papillon, véritable joyau pour dancefloor. Le groupe s'éclipse après presque 2h de concert porté par son charismatique leader, véritable maître de cérémonie. Souvent comparé (parfois à juste titre) à Interpol, Editors poursuit sa route sur le chemin d'une sincérité musicale sans faille et prouve une fois de plus que la scène est son jardin. _Marc Andrieu

_Playsound × _Octobre 2013 × _Live Report × _27

_Live Report


NOVEMBRE 2013 # 15 RETROUVEZ - NOUS SUR

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