Playsound le Mag #6

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MAGAZINE DÉDIÉ À LA CULTURE ROCK • N u m é ro 6 • www. p l a y s o u n d. f r • J a n v i e r 2 0 1 3 • Gr at u i t

CHRONIQUES

GREEN DAY LA TRILOGIE

BLINK-182

DOGS EATING DOGS

LIVE REPORT

RETOUR SUR LE FESTIVAL BRING THE NOISE

LIVE REPORT & INTERVIEW

STUPEFLIP :

LE CROU EST-IL ÉTERNEL ? ET AUSSI : ANGELS & AIRWAVES • BOYS LIKE GIRLS • DROPKICK MURPHYS • PARAMORE • PRETTY RECKLESS • PHOENIX • MASS HYSTERIA • ROLLING STONES • BLOOD RED SHOES • KAVINSKY • THE USED • OUR THEORY • ROYAL REPUBLIC CHRONIQUES • NEWS • TALENTS • DOSSIERS • AGENDA...


PS MAG #6

PSMAG SOMMAIRE 03 ÉDITO & PLAYLIST 04 ILS ONT FAIT L’HISTOIRE DU ROCK : ROLLING STONES

06 TENDANCE : SEXE,

DROGUE ET... ÉLÉCTRO ?

NUMÉRO 6 • JANVIER 2013

07 PHOTO DU MOIS 08 LIVE REPORT : STUPEFLIP 10 ACTUALITÉS 12 INTERVIEW :

RÉDACTEUR EN CHEF YANNIS MOUHOUN CO-DIRECTEURS DE PUBLICATION SAMI ELFAKIR FABIEN GALLET RÉDACTION MAG MATTHIAS MEUNIER FABIEN GALLET SAMI ELFAKIR PAULINE RIVIERE MARINA LAY ELIE DIB DORIAN COLAS CELIA SOLSKEN MATHIEU ROLLINGER MARIE-AUDREY ESPOSITO EMMANUEL VAN ELSLANDE MORGANE LE MARCHAND MARTIN VAN BOXSOM LEA BERGUIG BARTHELEMY COURTY MAXIMILIEN DE BOYER ALINE THOMAS

OUR THEORY

14 TALENTS 15 ZOOM TALENT : ARCANE ROOTS

16 DOSSIER :

LES RIFFS, UNE SIGNATURE DE LÉGENDE

GRAPHISTE MATTHIAS MEUNIER

18 FOCUS : MANCHESTER, USINE À SONS

PHOTOGRAPHE FANNY SCHNEIDER

19 ILS L’ONT DIT 20 LIVE REPORT :

CONTACT MAG@PLAYSOUND.FR SITE WEB WWW.PLAYSOUND.FR

BRING THE NOISE

24 INTERVIEW : STUPEFLIP 27 CRITIQUES 32 DÉBAT : LA DÉMATÉRIAL-

- TOUS LES MOIS Playsound est une plateforme créative de découverte, d’actualité et de chroniques couvrant les différentes facettes de la culture rock au sens le plus général du terme. Le projet comprend un site riche de son flux de news multi-genres, d’un espace de critiques complet ainsi qu’un laboratoire numérique via une plateforme dédiée à la promotion de jeunes talents.

ISATION DE LA MUSIQUE

33 AGENDA

Vous pourrez retrouver la majeure partie des dossiers, articles et papiers publiés dans ce mag 15 jour après sa sortie sur notre site web. RECRUTEMENT OUVERT : www.playsound.fr UN PROJET DE : Association Médias Culture

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PS MAG #6

O ÉDIT& PLAYLIST 1. THE PRETTY RECKLESS - KILL ME 2. BLINK-182 - BOXING DAY Yannis Mouhoun Rédacteur en Chef

2013, NOUS VOILÀ. Chers lectrices, chers lecteurs. Toutes les rédactions de Playsound (web, mag et labs) s’associent à moi afin de vous souhaiter nos meilleurs voeux pour l’année 2013 qui s’annonce. Voilà maintenant plus d’un an et demi que vous nous suivez et nous comptons plus que jamais continuer à vous informer, à vous divertir, à vous critiquer et à vous faire découvrir de nouveaux artistes. Proposer des dossiers plus réfléchis, enrichir notre offre et développer de nouvelles synergies entre mag/labs et site internet sont nos priorités pour cette nouvelle années. Continuons ensemble l’aventure !

3. FOALS - MY NUMBER 4. THE MAINE - ONE PACK OF SMOKES 5. KATE NASH - FAITH 6. THE USED - LONELY 7. EELS - NEW ALPHABET 8. CHEVELLE - FIZGIG

Yannis Mouhoun

9. KAVINSKY - PROTOVISION 10. A DAY TO REMEMBER - VIOLENCE

+ WWW.PLAYSOUND.FR/PLAYLISTS

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PS MAG #6

ILS ONT FAIT L’HISTOIRE DU ROCK A l’occasion de la sortie de leur best-of « Grrr ! » en novembre célébrant leurs 50 ans de carrière, retour sur l’itinéraire de ces enfants terribles du rock. Les Rolling Stones. Cinquante années à allier les albums à succès, des représentations scéniques d’anthologie, le sexe, la drogue, les chutes vertigineuses, les changements de line-up, la mort. Les Rolling Stones, ou comment un groupe a su donner une nouvelle identité à un style alors en pleine expansion dans les années 60 : le rock’n’roll. Pourtant, au début de leur carrière, les Rollin’ Stones (nom trouvé par Brian Jones alors guitariste du groupe en référence à un titre de Muddy Waters) prônent une musique basée sur le blues comme l’attestent leurs premiers concerts basés sur des reprises des plus grands bluesmen de l’époque (Larry Williams entre autres). Mais l’envol des Rolling Stones est sans conteste lié à celui des Beatles. L’éclosion des deux groupes, quasi simultanée en 1963, a permis aux deux formations de prendre une nouvelle dimension basée sur une « saine » rivalité, les deux groupes s’appréciant en allant même jusqu’à collaborer ensemble sur certains titres et décalant la sortie de leurs albums pour éviter de faire de l’ombre à l’autre. En contraste avec l’allure propre et polie des Fab Fours, les Rolling Stones cultivent un look de bad boys, cheveux longs et

mines renfrognées, le tout orchestré par le manager de l’époque, Andrew Loog Oldhman. Au niveau des compositions, les deux groupes se démarquent aussi à leur façon : les Beatles, fidèles à leur image, chantent des chansons naïves et romantiques pendant que la bande à Mick Jagger joue d’ironie et traite de sujets beaucoup plus tabous.

full, mais aussi aux différents conflits qui éclatent au sein du monde occidental. La technicité de la production fait le reste et le résultat est excellent, cet opus regorgeant de tubes (« Sympathy for the devil » et « Street fighting man » pour ne citer qu’eux). Pourtant, un an plus tard, le groupe va se faire remarquer mais pour une toute autre histoire.

C’est réellement en 1965 que les Rolling Stones atteignent le sommet des charts grâce à leur tube désormais mythique « (i can’t get no) satisfaction ». Les concerts s’enchaînent (entre 250 et 300 par an !) et tournent souvent en émeute, entre violences et tentatives d’approches des fans. De véritables scènes de folie, qui commencent à alimenter la réputation de ces “bad boys”. Celle-ci se confirmera avec les nombreuses arrestations de Jagger et Richards pour détention de drogues. Néanmoins, l’ascension continue et en 1968, les Londoniens sortent Beggars Blanquet. Musicalement, cet album marque un premier tournant dans la carrière du groupe, en particulier sur la manière de composer. Keith Richards découvre cette année-là l’accordage ouvert et se met à composer avec une corde en moins sur sa guitare (la sixième) et en open tuning en sol. Le son s’en ressent, certes moins mélodique mais beaucoup plus direct et violent. Quant à Jagger, il puise ses inspirations dans la littérature, à laquelle il a été initié par sa compagne de l’époque Marianne Faith-

En effet, le line-up originel (composé de Brian Jones, Mick Jagger, Keith Richards, Charlie Watts et Bill Wyman) va vite se retrouver sous le feu des projecteurs avec l’expulsion en Juin 1969 de Jones. De plus en plus isolé au fil des mois, ses problèmes judiciaires et ses « cachotteries » (il aurait touché des salaires supplémentaires en se proclamant leader du groupe) finiront par marquer la fin de son aventure avec les Stones et amorceront sa propre mort quelques semaines plus tard, noyé dans sa piscine. Un hommage lui sera quand même rendu deux jours plus tard par le groupe lors d’un concert gratuit à Hyde Park devant plus de 500 000 personnes. L’album Let it bleed , sorti la même année, illustrera cette période noire qui inclut aussi la prestation à Altamont (San Francisco) marquée par la mort de quatre personnes dont un jeune adolescent noir de 19 ans poignardé par un membre d’une secte raciste.

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Mais l’apogée du groupe a lieu entre 1969 et 1974 avec l’arrivée de Mick Taylor à la guitare qui apporte une véritable virtuosité aux compositions du groupe. La sépara-


PS MAG #6 tion des Beatles, en 1970, fera aussi son effet, laissant la voie libre aux Stones qui n’hésitent alors pas à s’autoproclamer « plus grand groupe de rock’n’roll de tous les temps ». En 1971 sort l’album Sticky fingers, avec, sur la pochette, la fameuse fermeture éclair signée par Andy Wahrol. La même année, la « tongue » fait aussi son apparition, logo qui deviendra très vite l’emblème du groupe. Le contenu, quant à lui, est on ne peut plus explicite avec des références très prononcées au sexe et à la drogue (« Brown Sugar », « Bitch », « Sister »…). En 1972, le double album Exile on the main Street, enregistré en France, sera le point fort de cette période, album qui sera classé plus tard comme l’un des dix meilleurs de tous les temps (source de Rolling Stone Magazine). La tournée suivante, qui a principalement lieu aux Etats-Unis, est aussi l’apogée de tous les excès et mettra une image sur la fameuse devise « sex, drugs and…rock’n’roll ». S’ensuit alors un lent déclin entre la fin des années 70 et le début des années 90, marqué par le départ de Mick Taylor et les embrouilles à répétition entre Jagger et Richards. Au-delà du fait que les albums du groupe trustent toujours les premières places des charts, Mick et Keith ne se parlent pratiquement plus. L’un a la main mise sur le groupe, tant d’un point de vue artistique qu’économique, alors que l’autre a toutes les peines du monde à sortir de son addiction des drogues. En 1986, lorsque Jagger émet des velléités

à partir en solo, Richards n’hésite pas à utiliser des mots violents pour exprimer son ire (« Si Mick fait une tournée sans nous, je lui coupe la gorge »). L’ambiance entre les membres est alors délétère et l’arrivée du disco et du funk n’arrangent pas les affaires du groupe malgré l’envie de se calquer sur cette nouvelle tendance (« Hot stuff », « Cherry O baby », « Miss you »). Le décès de Ian Stewart, ami fidèle et membre fondateur du groupe, sera le point d’orgue de cette mauvaise passe. Les héros, cependant, ne meurent jamais. Et tel un phénix renaissant de ses cendres, les années 90 vont voir l’une des plus grandes formations se souder à nouveau et nous gratifier d’un comeback tonitruant avec des albums encore plus « roots » comme Steel Wheels en 1989 mais surtout l’énorme Voodoo Lounge en 1994. Quant à la suite, tout le monde la connaît. Le groupe tourne toujours, et même si les mauvaises langues n’y voient qu’une manœuvre purement commerciale et dénuée de plaisir, les Rolling Stones sont les derniers témoins de l’âge d’or du rock’n’roll. Un dernier chiffre pour illustrer cette réalité ? 7, comme le nombre de minutes qu’il a fallu pour vendre les 32 000 tickets pour les prestations des 25 et 29 novembre derniers à Londres. Sans commentaires. Elie Dib

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TENDANCE

SEXE, DROGUE ET... ÉLÉCTRO ? Au début du disco dans les 1970s, en passant par la techno et l’émergence de l’acid house à la fin des années 1980, la musique électronique s’est définitivement imposée comme un genre incontournable dans les années 2000. Aujourd’hui, les années 2010 désormais bien entamées, le phénomène électro n’a pas faibli et est devenu un des genres privilégiés par la jeunesse 2.0. House, techno, drum & bass, dubstep… tous ces termes galvaudés qualifiants des sous-genres de l’électro font désormais le bonheur des festivals et d’une jeunesse en quête d’un courant porteur. Car oui, comme pouvait l’être le rock dans les 1960s, genre considéré comme transgressif, l’électro est désormais la nouvelle musique réunissant unanimement les moins de 25 ans dans les sales moites des concerts ou dans les vastes champs des festivals internationaux. Par ailleurs, certains sousgenres comme la house ou bien la techno restent assimilés naïvement par l’ancienne génération à un brouhaha infâme ou à la consommation de drogues. Clichés qui font quelque peu écho à ceux dont le rock était victime autrefois. Et justement à ce sujet, comment réagissent les formations pop-rock en quête de succès face à cette dictature des samplers, synthétiseurs ou autres boîtes à rythmes ? Et bien elles s’adaptent monsieur. Qu’on parle des formations autrefois purement rock ou des nouveaux groupes pop émergents, beaucoup d’entre eux finissent par taper dans l’électro, leur offrant une richesse de sonorités et parfois même un nouveau public. C’est le cas

par exemple d’un groupe comme Radiohead qui passe de OK Computer avec un classique indéboulonnable comme Paranoid Android et ses guitares endiablées se fondant parfaitement au paysage musical de l’époque, à plus récemment un album comme The King of Limbs et son univers plus minimaliste, presque futuriste porté par un des titres phares intitulé Lotus Flower et ses multiples arrangements. Autre cas intéressant, celui de Muse, qui à l’image de la formation de Thom Yorke entame un énorme virage incarné par leur dernier album en date The 2nd Law. Toujours dans une volonté d’innover et de se renouveler, Muse se refuse à se laisser dépasser par le courant déferlant et se prend la vague dubstep en pleine gueule, accouchant au final des titres comme Madness ou Unsustainable. Certains fans vantant ainsi le renouveau du groupe, d’autres méprisant ce pacte avec le diable. Pendant ce temps outre atlantique, la planète entière voit débarquer de nouvelles formations issues de cette révolution électronique. C’est le cas de MGMT, ce projet porté par Ben Goldwasser et Andrew VanWyngarden qui a su apporter un nouveau souffle à la fin des années 2000 avec son psychédélisme pop, ses beats hypnotisant et son esthétique rétro. Cette nouvelle génération indie doit composer entre les papys rockers recyclant leurs classiques à coup de rééditions, et les nouveaux DJs ou artistes marketés crachant dans la plus grande uniformité leur dance music indigeste. Côté frenchies, nous ne sommes évidemment pas en reste. Mais 6

outre nos multiples DJs qui arpentent le globe avec leur house music, on peut également compter quelques groupes comme les versaillais de Phoenix, qui ont pris un virage plus teinté d’électro sur leur dernier album Wolfgang Amadeus Phoenix tout en gardant ce côté pop-rock qu’on retrouve sur It’s Never Been Like That. Cette nouvelle formule permettant au groupe de rencontrer un franc succès et de percer à l’étranger. Finalement, quoi de plus normal que de voir la musique électro imprégner le rock et fédérer la jeunesse actuelle ? Dans un monde où le fichier mp3 a remplacé le défunt vinyle, où tout doit être accessible rapidement et facilement et où toute personne peut désormais s’improviser artiste via le web en bidouillant quelques samples sur son ordinateur. Le combo guitarebasse-batterie semble avoir pris un petit coup de vieux et cette omniprésence de l’électro n’est que le fruit de cette ère du tout numérique. Sami Elfakir


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PHOTO Fanny Schneider

SOMA -

LA MAROQUINERIE

PARIS

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© copyright 2012 - Odile Hervois

LIVE REPORT : STUPEFLIP

Le 09 Décembre dernier, Stupeflip affichait complet dans la mythique salle du Trianon, pour son Nouveau Spectac, accompagné pour l’occasion par Le Nom du Groupe venu s’essayer à la difficile mission d’ouvrir pour le CROU. Arrivé avec une demi-heure d’avance sur le papier (une heure en réalité, la ponctualité n’étant pas le fort des salles de concert), j’ai très largement eu le temps d’assister à l’arrivée d’une marée de jeunes fans, se disant tous plus fans de Stupeflip les uns que les autres. Étrange. Comment peut on se vanter de son fanatisme envers un groupe, qui en réfute le principe même ? Soit. À mesure que le Trianon se remplit, un constat s’impose, le public est aussi divers que varié. Nous passons par tous les âges, des plus jeunes venus avec leurs parents, en passant par les adolescents, parfois masqués, jusqu’aux quadragénaires s’exaltant de connaître Stupeflip depuis leur début. Drôle de spectacle, mais il est bon de voir un public aussi hétérogène, s’unir autour d’un groupe aussi particulier qu’est Stupeflip. Les lumières s’éteignent et Le Nom du Groupe fait son entrée avec la périlleuse tâche de chauffer le public de Stupeflip. Nombreux sont ceux qui s’y sont cassés les dents, le public n’étant jamais très tendre (ni très tolérant) avec les premières

parties du CROU. Coup de bol, l’un des fondateurs du groupe n’est autre que MC Salò, membre de Stupeflip. C’est donc en terrain quasi conquis que le groupe prend le contrôle de la scène. Étrange trio composé par MC Salò et Cyrille Zakof au chant, Mélanie Török à la basse ainsi qu’un tourne disque. Dans une ambiance électro lancinante, Salò gesticule à sa manière tandis que Zakof l’interroge sur la station de métro Denfert-Rochereau et le fameux Lionel qu’il y a recroisé. Qui est Lionel ? Pourquoi Denfert-Rochereau ? Deux questions auxquelles nous n’aurons aucune réponse. Le public, bien qu’un peu mou, est réceptif. En tout cas, il ne traite pas de la même manière un groupe composé par un membre de Stupeflip que n’importe quel autre. Après plus de 20 minutes de danse macabre, Le Nom du Groupe quitte la scène sous les applaudissements de l’assistance. Pour ma part, je demeure intrigué et fasciné par ce que je viens de voir. Tout d’un coup, un écran s’illumine. Stupeflip commence son Nouveau Spectac avec un communiqué, dénonçant le détournement actuel des fonctions du CROU ainsi que son dégout pour les concerts. Enfin, c’est ce qu’on peut plus ou moins entendre, la foule ayant décidé de hurler au même moment. Ça y est, nous y sommes, King Ju, alors affublé d’un nouveau costume fait son entrée 8

sur « Krou Kontre Attakk ». Guitares saturées, stroboscopes éblouissants, le ton est donné, nous allons en prendre plein la tronche. Tant et si bien que je me réjouis d’entendre King Ju hurler à plein poumon, au lieu de simplement chanter comme il lui a été reproché durant la tournée Hypnoflip Invasion . Le set s’enchaine sur une présentation vidéo des régions Sud et Est avant que Cadillac ne se saisisse d’une basse pour accompagner King Ju sur « Le Sonkifoudécou », titre du nouvel EP Terrora !! . Stupeflip prend la peine d’intégrer ses nouveaux morceaux, ce qui ne déplait pas aux fans. C’est accompagné d’un violon que Stupeflip entonne « Les Monstres » dans une version « aérienne » des plus surprenantes. Les lumières s’éteignent et la scène se transforme en véritable autel religieux. Quoi de plus normal pour assouvir le public avec « La Religion du Stup »? King Ju et sa célèbre cagoule font enfin leur entrée sur scène. Le public est déchainé, alors que l’épouvantable épouvantail se livre à un lâché de peluches sur « Hater’s Killah ». L’excellent « Cold World » et ses basses vrombissantes ponctuent l’arrivée d’un Cadillac toujours plus énervé qui, associé à King Ju, et MC Salò entonnent le désormais légendaire hymne « Stupeflip », retravaillé pour l’occasion. C’est à ce moment que Cadillac décide de se confier au public pour un brin de philosophie. En effet, l’ineffable a envie. Il


PS MAG #6 pour l’affreux d’incendier le service d’ordre réprimant violemment les slammeurs du concert. On reprend au deuxième couplet tandis que le public en profite pour slammer comme jamais. Le service d’ordre est impuissant. King Ju gagne la partie avant d’en rajouter une couche, en annonçant cette fois-ci « D’avance, j’emmerde tous les haters qui se plaindront d’avoir vu un concert trop court». S’en suit un « Stupeflip vite » du feu de Dieu avant qu’il ne se fasse apporter « sa veste de responsable » pour annoncer au public « Vous êtes tous virés ! ». Comme toujours, le concert se termine sur un « À bas la hiérarchie » apocalyptique ! Le CROU hurle, le public hurle, la guitare craque, les basses explosent, les lumières aveuglent ! Le Trianon en prend pour son grade ! Le Crou Stupeflip salue le public et quitte la scène en auto-reverse pour laisser place au DJ Set du Dr. Vince qui en profitera pour diffuser des morceaux non joués ce soir là, ou encore quelques morceaux de son précédent groupe, les Svinkels. Bien que Stupeflip admette ne pas aimer faire de concerts, on ne peut qu’apprécier le travail fourni pour ce Nouveau Spectac incluant de nouveaux costumes, de nouveaux morceaux, de nouveaux samples, une nouvelle mise en scène, le tout pour un rendu bien plus « professionnel » que sur la tournée précédente. Comme toujours, les fans sont conquis, les haters déploreront un show d’une heure vingt, mais après tout, le CROU reste le CROU et si vous n’êtes pas contents, « allez plutôt cracher sur Hélène Ségara » ! Matthias Meunier

© copyright 2012 - Odile Hervois

a envie d’avoir envie. Il a envie de travailler. Mais il a surtout envie de faire caca ! S’en suit donc « Cadillac Theory » et le fameux interlude Casimir. Les lumières s’éteignent, et c’est un Cadillac spécialement relooké en présentateur des années 80 qui fait son arrivée sur « 72.8 Mhz ». L’écran du fond passe en mode arc-enciel et fondue étoilée, une chose est sûre, ça sent le Pop Hip ! L’intéressé débarque clope au bec et se livre à un « Gaëlle » endiablé, sur lequel se déchaineront Cadillac et le public. Le CROU enchaîne sur une version reggae mollassonne de « Je fume pu d’shit » avant de laisser Pop Hip conclure par « Comme cette chanson sent la merde, je m’en vais ». La salle est de nouveau plongée dans le noir. Les moines du Stup apportent le Stup luminou, King Ju s’installe sur sa chaise et laisse place à un moment de douceur : « Le Spleen des petits » dans une version live bien plus prenante que celle de l’album. La chanson se termine par un « VENGEANCE » unanime de la foule avant que King Ju s’empare d’une guitare électrique pour un interlude saturé et surpuissant. Il se retrouve ensuite avec une guitare folk pour un medley de Pascal Obispo, copieusement hué par les fans. Pendant près de 5 minutes, il tente d’introduire le morceau « Argent » mais, dès que King Ju prend la parole, la foule hurle, lui coupant ainsi la parole, ce qui a l’air d’amuser le bougre qui ne se privera pas pour scander de grands « Vos gueules » et feindre la fin du show ! À son retour sur scène, King Ju demande à un fan son masque et lui lâche un « C’est une belle copie, t’es chinois ? » Le morceau débute, mais s’arrête aussitôt, le temps

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PLAYSOUND REMERCIE ODILE HERVOIS POUR SES PHOTOGRAPHIES DU CONCERT WWW.ODILEHERVOIS.FR


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NEWS 1. 2. 3. 4. 5.

EN BREF

DES DÉTAILS SUR LE NOUVEL ALBUM DE HURTS On connait désormais le nom et la date de sortie de leur prochain opus ! Il s’appellera Exile et sera disponible dès le 11 mars 2013. L’album est déjà en pré-commande sur iTunes avec un premier single, « The Road », disponible en téléchargement instantané. Le duo anglais a justement partagé un trailer où l’on peut entendre un extrait de ce nouveau single...

PARAMORE ANNONCE SON QUATRIÈME ALBUM Ça y est, le trio a finalement révélé des détails concernant sa nouvelle galette ! C’est sur son site que l’on apprend qu’elle portera tout simplement le nom de Paramore et qu’elle sortira le 9 avril prochain. Le premier single, quant à lui, s’intitulera « Now ». Rappelons enfin que le groupe s’était dernièrement séparé des frères Farro (guitariste et batteur) et que cet album éponyme sera donc leur premier sans eux... DEEP PURPLE DE RETOUR AU PRINTEMPS Le chanteur Ian Gillan a enfin révélé la date de sortie du prochain album de Deep Purple : le 26 avril 2013 . Enregistré à Nashville et produit par Bob Ezrin (producteur du mythique The Wall de Pink Floyd), ce 19ème opus des britanniques devrait marquer un retour aux sources. En revanche, le nom de ce nouvel album nous est toujours inconnu. Suspense...

UN MORCEAU INÉDIT DES PRETTY RECKLESS Après la révélation, la confirmation ? En effet, le groupe de Taylor Momsen a fait partager « Kill Me », un morceau inédit dans la même veine que leurs précédentes productions. À savoir que la formation publiera son deuxième effort studio dans le courant de l’année 2013, étant donné que son enregistrement a été achevé au début du mois de décembre. Il fera donc suite à Light Me Up (2010), leur premier album qui les a révélés au grand public... PHOENIX REVIENT AVEC UN CINQUIÈME OPUS Le groupe français, qui représente avec Air et Daft Punk le mouvement de la « French Touch », sera bel et bien de retour cette année ! C’est l’Express qui révèle dans l’un de ses articles que Philippe Zdar Cerboneschi sera une nouvelle fois à la production, sans pour autant dévoiler plus de détails. Une très bonne nouvelle pour la scène française qui parvient à s’exporter à l’international...

+ PLAYSOUND.FR/NEWS/ 10


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NEWS

FIL ROUGE

+ ON EN A PARLÉ :

Les californiens d’Avenged Sevenfold ont confirmé à la NME leur entrée en studio dès ce mois-ci. Leur sixième et nouvel album est attendu pour l’été prochain, trois ans après Nightmare.

GRAMMY AWARDS 2013 : FUN. ET THE BLACK KEYS EN GRANDS LEADERS

déjà de nombreux EP à son actif, le français nous dévoile Protovision, le premier extrait de son album.

Alors que les Foo Fighters étaient les grands lauréats de la dernière cérémonie des Grammy Awards - avec pas moins de cinq récompenses -, les Black Keys et fun. risquent fort de rafler la mise cette année ! Avec chacun cinq et six nominations, ces deux groupes semblent être les deux grands protagonistes de cette 55ème édition. Le bras de fer aura lieu le 10 février prochain...

MAIN SQUARE FESTIVAL : LES PREMIERS NOMS !

NOUVEL EP DES BLOOD RED SHOES Le duo britannique a annoncé la sortie d’un nouvel EP, intitulé Water, disponible pour le 21 janvier. En patientant jusqu’à cette date, les trois morceaux qui constituent cet EP sont à découvrir en streaming sur le site officiel du groupe où vous pourrez également télécharger gratuitement le titre « Black Distractions ». BUCKCHERRY DÉVOILE UN PREMIER SINGLE Les californiens de Buckcherry ont dévoilé un premier extrait tiré de Confessions, le prochain album du groupe dont la sortie en France est programmée pour le 18 février prochain. Ce premier single s’intitule « Gluttony » et est toujours disponible sur les plateformes de téléchargement légal.

Peu après l’annonce de la venue de Green Day, Sting et Indochine pour cette nouvelle édition du Main Square Festival, ce sont 30 Seconds To Mars, The Prodigy et The Hives qui viennent s’ajouter à l’affiche, et ce n’est pas fini ! Le festival se tiendra les 5, 6 et 7 juillet 2013 à Arras et le pass 3 jours est d’ores et déjà disponible dans les points de vente habituels au prix de 115€. BULLET FOR MY VALENTINE : NOUVEAU TITRE & TRACKLIST DE L’OPUS La bande à Matt Tuck a dernièrement partagé un nouvel extrait de Temper Temper, avec le titre « Riot », en même temps que la tracklist complète de l’album. Celui-ci, composé de onze titres (quatorze sur l’édition deluxe), comprend apparemment un « Tears Don’t Fall Part. 2 » ainsi qu’une reprise de « Whole Lotta Love » d’AC/DC en bonus track. NOUVEAU TITRE DE KATE NASH C’est peu avant Noël que la jeune chanteuse britannique nous a présenté « Faith », sa nouvelle chanson pour le moins saisonnière. Son nouvel album Girl Talk sortira en ce début de nouvelle année 2013.

KAVINSKY : UN PREMIER ALBUM EN VUE

THE USED : NOUVELLE CHANSON

Le DJ parisien, rendu célèbre pour avoir signé la BO du film Drive avec son titre « Nightcall », s’apprête à concrétiser cette notoriété grandissante en sortant son premier LP Outrun début 2013. Avec

« Lonely », c’est le nom du dernier morceau de The Used qui figurera non seulement sur la réédition de Vulnerable (disponible le 22 janvier) mais aussi sur la compilation Take Action Volume 11. 11

Une partie des bénéfices sera reversée à l’association It Get Better, luttant contre les violences envers la communauté LGBT. ESCAPE THE FATE : LE PROCHAIN ALBUM EN PRINTEMPS On en sait un peu plus sur le quatrième opus d’Escape The Fate ! En effet, nous savons désormais que le nouvel album des américains - dont le nom nous est en revanche toujours inconnu - sera disponible dès le printemps 2013, trois ans après la sortie de leur album éponyme. Un teaser de 25 secondes d’« Ungrateful », premier extrait de cette nouvelle galette, est à découvrir sur notre site. YELLOWCARD : ENCORE EN STUDIO ? Les membres de Yellowcard n’auront pas chômé cette année ! En effet, le groupe a révélé son retour en studio par le biais d’une photo sur son Tumblr officiel, alors que Southern Air est sorti il y a à peine plus de quatre mois. Affaire à suivre !de ‘Reckless & Relentless’, qui sortira courant 2013, ne sont pas encore connus. Marina Lay

“ARCADE FIRE EST EN STUDIO AVEC JAMES MURPHY. LE NOUVEL ALBUM SORTIRA FIN 2013”


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ITW : OUR THEORY

A une heure de l’ouverture des portes du Batofar, prêt à accueillir la foule patientant dans le froid depuis déjà quelques heures pour les plus courageux, l’équipe de Playsound a eu l’occasion de s’entretenir en Octobre dernier avec les français d’Our Theory, chargés d’assurer la première partie des headliners d’Of Mice & Men aux côtés de Secrets et Memphis May Fire. En un an seulement, la formation a déjà joué avec plusieurs groupes reconnus dans le milieu post-hardcore et leur premier album est bientôt prêt à sortir. Playsound a choisi de parier sur eux. Pouvez-vous vous présenter Our Theory ? Comment s’est formé le groupe ?

mencer un truc cool ?”. Ça s’est fait, on a commencé à se voir, Damien nous a vite rejoints, suivi de Yoann et Bastien.

Crummett qui s’en occupe. Il a déjà mixé des albums de Sleeping With Sirens, Emarosa ou encore Dance Gavin Dance...

Mehdi (guitare/chant) : Ça fait 2 ans qu’on écrit des morceaux, 1 an que l’on a de l’actu sur Internet et le line-up s’est complété au fur et à mesure.

Damien : Le premier de The Devil Wears Prada aussi !

Pourquoi avoir choisi ce nom ? Damien (guitare) : À l’origine, on avait une vision de cette nouvelle génération qui s’auto-détruit en tout point de vue dans le milieu dans lequel on évolue et c’était ça, la théorie de la fin, de la jeunesse. On a surtout accroché au nom et on l’a gardé.

Playsound : Vous avez récemment dit sur votre page Facebook que vous n’allez pas sortir un EP mais un album complet. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Bastien B : Non ! Mais comme on avait déjà joué dans d’autres groupes auparavant et qu’on connait pas mal de gens dans le milieu, nos visages étaient peut -être - sans prétention – quelque peu reconnaissables, en tout cas pour Bastien avec Post Offense et Damien avec Borderline qui étaient déjà connus dans la scène française. De mon côté, mon groupe n’était pas du tout connu, c’était très amateur. Pour Yoann, Our Theory est son premier vrai projet et Mehdi a un side project mais qui est totalement différent de ce qu’on fait.

Mehdi : C’est en mixage et c’est Kris

Yoann (basse) : En gros, on a tous des

3 mots pour décrire votre groupe. Bastien Berhault (chant) : Il y a Yoann Andrieux à la basse, Bastien Constant à la batterie, moi-même au chant, Mehdi Major au deuxième chant et à la guitare et Damien Bauthamy à la deuxième guitare. A la base, je souhaitais reformer un groupe suite à un appel de Dam il y a longtemps ; il m’a dit que s’il referait de la musique un jour, ce serait avec moi, ce qui était sympa de sa part. Donc, après tous les petits groupes que j’ai eus, j’ai un jour rencontré Mehdi et je l’ai juste appelé en lui disant : “Est-ce que tu voudrais com-

Votre vidéo lyrics pour The Storm a été postée il y a 3 semaines et a déjà été vue quasiment 26 000 fois, ce titre a été diffusé dans l’émission Bring The Noise sur Ouï FM et vous avez déjà joué en première partie de plusieurs groupes célèbres... Pensiezvous que ça irait aussi vite ?

Bastien B : Pour ma part je vais dire famille, envie et surtout tournées. Bastien Constant (batterie) : Fun, ambition, aller le plus loin possible.

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PS MAG #6 contacts et ça nous a pas mal aidés. Cependant, le fait que Damien soit tourneur ne nous aide pas autant que les gens pourraient le penser, c’est vrai qu’au final on a fait quelques concerts en un an, mais si on regarde bien, ce soir, c’est seulement notre deuxième concert organisé par Only-Talent Prod. Mehdi : Le réseau de chacun fait qu’on peut avancer très vite sur des clips, sur des passages en radio et autres... Il y a un gros travail de communication pour que ça marche. Malgré tout, on passe par le circuit classique par lequel tous les groupes passent, on est allé à Versailles pour jouer dans un petit festival de métal, on a joué au Klub, on a fait des petites dates... Bastien B : C’est sûr qu’il y a aussi énormément de travail derrière, et on espère que ça va continuer ! Pourquoi avoir choisi de chanter en anglais ? Est-ce parce que c’est plus chantant ou pour pouvoir s’exporter plus facilement à l’étranger ? Bastien B : Les deux, mais plus pour s’exporter. Si on chantait en français, ce ne serait clairement pas pour viser la même chose que ce qu’on fait actuellement, on ne pourrait pas avoir les rêves qu’on a en tête. Chanter en anglais ouvre plus de portes, si un jour on a la chance de se faire signer, ce sera parce qu’on chante en anglais. Et c’est aussi pour être ouvert à tout le monde, chanter en anglais c’est international. Mehdi : Et même en dehors du fait de s’exporter, il n’y a pratiquement pas un groupe que j’écoute qui chante en français donc forcément, la musique qu’on va produire vient de là.

pros, qui sont connus depuis des années et que j’écoutais quand j’étais plus jeune, donc c’était génial et c’est sûrement un de mes meilleurs souvenirs. Damien : Il y en a plein ! Il y avait la date à Laval avec les copains d’Alaska. On a joué avec nos amis, il devait y avoir 20 personnes dans la salle et pour moi c’était un des meilleurs moments avec le groupe. Bastien B : Le souvenir quand Damien est venu nous annoncer qu’on était sur une tournée aussi. Se dire qu’au bout d’un an on fait déjà une petite tournée, c’est énorme pour nous, on réalise tous notre rêve. On est contents, j’espère qu’il y en aura d’autres dans l’année ! Que pensez-vous de la scène française actuelle ? Bastien B : Pour moi il n’y a que des talents ! Sans parler de Chunk! No, Captain Chunk!, Betraying The Martyrs ou As They Burn qui sont déjà signés, qui sont au top niveau, qui vivent un rêve depuis un bon moment et qu’on envie tous dans le sens positif, il y a des groupes amateurs comme Early Seasons avec des super chanteurs, Alaska qui fait beaucoup de bruit en ce moment, The Arrs qui fait son retour, Merge... on est tous une bande de potes ! Mehdi : On se connait tous ! C’est important de soutenir la scène française parce que si on ne soutient pas nous-mêmes notre scène, qui le fera ? Bastien B : D’autant plus que d’après ce que j’ai entendu, ce qui va bientôt arriver pour Alaska et Early Seasons, c’est vraiment lourd ! D’autres groupes à recommander ?

Bastien B : Bien qu’on respecte les groupes qui chantent en français. On les connait et ils sont super cool. Ca s’est fait naturellement. Le premier truc qu’on a écrit avec Mehdi, c’était en anglais... On ne l’a pas gardé d’ailleurs [rires]. Quel est votre meilleur souvenir depuis que vous êtes dans le groupe ? Bastien B : Pour ma part, la date avec Eyes Set To Kill n’était pas terrible. Je trouve que l’on n’a pas très bien joué, enfin, je vais parler pour moi... mais l’after et tout ce que l’on a eu après étaient vraiment cool ! On a rencontré des gens

Bastien B : À part ceux que l’on a déjà cités, je recommande Fight For Ashes qui est un bon groupe et des amis à nous, ou alors This Deafening Whisper qui bossent super bien et qui viennent de sortir un clip super cool. Mehdi : Anamorphose, ce sont de très bons amis à nous. Et surtout, je conseille Our Theory ! Bastien B : Il va y avoir un très bon clip et un super album qui vont arriver en 2013, mais peut-être qu’il y aura la fin du monde en 2012 et dans ce cas-là, on l’aura dans 13

l’os... [rires collectifs] Quels sont vos projets et objectifs ? Bastien B : Mon rêve serait de participer au Warped Tour aux Etats-Unis. C’est peut-être petit pour certains, mais pour notre scène, c’est énorme et c’est le but à atteindre. Quand je vois Chunk! No, Captain Chunk! qui tournent au Japon bientôt et en Australie, qui font le Warped Tour, qui bougent en tournée avec Woe, Is Me, qui ont une signature sous un grand label... je veux tout ce qu’ils ont ! Mehdi : Du coup, pour parler des projets à venir, on part en tournée dans 3 jours avec Memphis May Fire en Autriche, et ensuite on fait la première partie de There For Tomorrow sur leur tournée avec Kyoto Drive, ce qui veut dire qu’on va faire l’Autriche, l’Italie, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas. C’est vraiment LA grosse nouvelle pour nous avant la sortie de notre album ! Bastien B : Si on fait un second clip, j’espère qu’on le fera avec un des featurings avec qui on travaille sur l’album... Mehdi : … mais on ne vous dira pas qui ! Un mot pour vos fans et les personnes qui ne vous connaissent pas encore ? Bastien B : Pour les personnes qui nous suivent et qui nous envoient des messages, merci à tous ! Personnellement, je reçois énormément de messages de fans allemands... en anglais, parce que les cours d’allemand, je ne les connais pas vraiment... [rires]. On a aussi pas mal de personnes qui nous suivent en Asie. D’ailleurs, quand je suis parti en vacances en Thaïlande cet été, il y a des jeunes thaïlandais qui m’ont reconnu, et avec qui j’ai passé la fin de mon séjour ! Mehdi : Surtout, n’hésitez pas à continuer de nous envoyer des messages, commenter les vidéos, inviter les gens à nous écouter... et pour ceux qui ne nous apprécient pas, on sera toujours là pour avancer pour ceux qui nous supportent.

Morgane Le Marchand & Léa Berguig


PS MAG #6

TALENTS TALENT

#1

THE CLOCKWORK OF THE MOON

TALENT

#2

TALENT

CANDY HEARTS

+ PLAYSOUND.FR/LABS/

#3

TALENT #4 DAVE HAUSE

BEING AS AN OCEAN

Avec leurs tignasses frisées et leur folk aux tons sépia, on les croirait figés dans une autre époque, sorte de troubadours égarés. Pourtant, depuis 2010, le quartette sème ses compositions réglées comme des horloges suisses. En décembre, ils dévoilaient leur fraîcheur et leurs voix cristallines en plein jour, sur la scène des Trans Musicales de Rennes. Dans le même temps, les Normands présentaient leur premier EP, jalonné de ballades pétillantes comme «   C l o u d y M i r ro r   » o u « Ocean Oil ». Dépaysant.

Formé il y a seulement moins de 3 ans, il ne serait pas surprenant de voir Candy Hearts monter progressivement en puissance au fur et à mesure de leur avancée. Produits par Chad Gilbert (New Found Glory), les américains nous présentent avec leur dernier EP “The Best Ways To Disappear”, disponible depuis Novembre dernier, une subtile alliance entre la voix douce et sucrée de Mariel Loveland et les riffs de guitares punk, offrant un son paradoxalement underground et frais. Quatuor à surveiller de près !

Les américains de Being As An Ocean, originaires de Californie, apportent un nouveau souffle au hardcore. Leur premier album “Dear G-d...”, sorti en Octobre dernier, se distingue par une plume soignée et des textes emprunts d’émotion et d’honnêteté. Le quintette rassemble de plus en plus de fans via les réseaux sociaux et s’apprête à effectuer sa première tournée européenne au printemps prochain avec deux dates en France, Nice et Lyon. Un groupe talentueux à ne manquer sous aucun prétexte !

On ne se lasse pas de ces artistes de la scène punk ayant troqué leur guitare saturée pour des ballades folk rock. Après la déferlante Frank Turner, voilà Dave Hause (The Loved Ones), singer/ songwritter américain. Avec un premier album solo (Resolutions) et de multiples collaborations avec des artistes tels que Bryan Fallon, Chuck Ragan ou encore Matt Skiba à son actif, on vous conseille d’aller prêter une oreille attentive à la discographie de cet artiste aux multiples facettes.

Genre : Pop-folk

Genre : Pop-punk/Indie rock

Genre : Post-hardcore

Genre : Rock’n’Roll

Label : Annoying Succes Label

Label : Violently Happy Records

Label : InVogue Records

Label : Side One Dummy

Pays : France

Pays : USA

Pays : USA

Pays : USA

Site Officiel:

Site Officiel: www.candyhearts.com

Site Officiel:

Site Officiel: www.davehause.com

clockworkofthemoon.bandcamp.com

beingasocean.tumblr.com

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PS MAG #6

ZOOM TALENT

ARCANE ROOTS

Au début des années 90, Nirvana révolutionnait la scène rock avec son désormais mythique « Smells Like Teen Spirit ». Le trio grunge n’a pas manqué d’inspirer de nombreux nouveaux groupes les deux décennies suivantes, et Arcane Roots en fait partie. En effet, vingt ans après sa sortie, cette toute jeune formation a la lourde tâche de reprendre le tube culte dans le cadre de la compilation Nevermind Forever du magazine anglais Kerrang! où chaque morceau de Nevermind, le célèbre deuxième opus de Nirvana, est repris par un groupe de la nouvelle scène rock. On entend souvent dire qu’il ne faut pas toucher à certains groupes qui ont tellement marqué l’histoire qu’ils sont inimitables. Mais le fait est qu’Arcane Roots n’a pas cherché à imiter ; au contraire, le combo anglais a véritablement transformé cet hymne pour se l’approprier. Une reprise qui sort de l’ordinaire et qui a permis à la formation de commencer à faire sérieusement parler d’elle Outre-Manche. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’Arcane Roots est un trio qui aime surprendre en intégrant des influences diverses dans sa musique, si bien qu’il est difficile de leur coller une étiquette. Après avoir sorti plusieurs EP, le combo

nous livre Left Fire, un mini-album sorti début 2011 (en streaming gratuit sur la page bandcamp du groupe) acclamé par la critique et qui connaîtra une réédition avec des titres bonus parue en Juin 2012. Sur cette galette, les Anglais originaires de Kingston sont parvenus à nous offrir des compositions variées entre post-hardcore et pop, créant ainsi un son unique. Car c’est aussi ça la force d’Arcane Roots. Dans un monde où de nombreux groupes sonnent plus ou moins pareil et semblent davantage s’intéresser à leur allure, le trio apparaît comme une formation sans fioritures et honnête. Ce qui guide Andrew Groves (guitare/chant), Adam Burton (basse) et Daryl Atkins (batterie) c’est bien une véritable passion pour la musique et pas une quelconque envie dévorante de devenir des célébrités. Depuis plusieurs années, le groupe a ratissé le Royaume-Uni de long en large et foulé les scènes de festivals prestigieux tels que le Hevy Festival, le Hit The Deck ou encore le célèbre Sonisphere pour se créer une base de fans. Cette passion, on la voit aussi dans leurs vidéos qui sont toutes réalisées par le batteur du combo, un professionnel dans le domaine, qui a l’habitude de filmer des clips promotionnels pour d’autres. Arcane

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Roots est un groupe qui aime garder le contrôle sur son aspect artistique, de la musique aux clips en passant par l’artwork des albums, se présentant ainsi comme complet. En Avril dernier, et cela après avoir passé plusieurs années sans label, le groupe a signé un contrat avec le label PIAS, maison d’Enter Shikari et de Young Guns, ce qui ne manquera pas de leur ouvrir de nouvelles portes. Aujourd’hui, le trio est en train de mettre les touches finales à son tout premier album dont la sortie est prévue pour fin Mars/début Avril 2013. « Resolve », le premier single en téléchargement gratuit sur le site du groupe, est déjà très prometteur, s’illustrant dans un style rock bourré d’énergie. Niveau tournée, le groupe s’envolera pour l’Europe continentale dès Janvier prochain pour assurer la première partie de l’artiste electro-pop Awolnation qui fera escale au Nouveau Casino de Paris le 12 Février. Il s’agira du tout premier passage en France des Anglais, un moment à ne pas rater et qui promet d’être explosif ! Marie-Audrey Esposito


PS MAG #6

DOSSIER

LES RIFFS : UNE SIGNATURE DE LÉGENDE Vous avez déjà surpris dans le garage votre père fredonner frénétiquement le riff de Smoke On The Water de Deep Purple tout en se déhanchant sur son air-guitare ? Durant les années collège, vous en faisiez de même, dans votre piaule bariolée de posters, en imitant Kurt Cobain grattant sur Smells Like Teen Spirit ? Eh bien, n’en ayez pas honte car ainsi vous contribuez à la longévité des plus grands riffs de guitare de l’histoire du rock. Un riff, c’est quelques accords bien ficelés, pour former un ensemble souvent entêtant. Cet enchaînement rythmique et mélodique constitue ensuite l’identité du reste de la chanson, donnant le ton et la couleur de ce qui va suivre. Si la « phrase » initiale est bonne, il y a fort à parier que le morceau entier vaudra le coup. Cette signature musicale existe de façon autonome, sans avoir nécessairement besoin du chant ou d’autres instruments. Généralement, le riff est associé à un nom mythique de la guitare. On parle ici de Johnny B. Goode de Chuck Berry, de Layla d’Eric Clapton ou de Welcome to the Jungle de Slash. Des titres qui claquent comme une marque déposée, entrés dans le Panthéon du rock.

Un riff c’est aussi un objet musical universel, connu au-delà du cercle des amateurs de rock. Cette popularité est souvent due à son utilisation dans d’autres contextes. Mr. Sandman de Chet Atkins, hit des années 50, se retrouve aussi bien dans la B.O. de plusieurs longmétrages (Philadelphia, Mister Nobody, Planète 51) que dans les spots télévisés d’hypermarchés. Seven Nation Army des White Stripes est devenu un hymne dans les stades de football, alors que Jump de Van Halen accompagne l’entrée des joueurs dans le Vélodrome de Marseille. Certains riffs sont des samples tout trouvés pour des tubes hip-hop. Aerosmith en est spécialiste en fournissant Eminem avec Dream On (Sing For the Moment) et

Faut-il être un génie pour composer ce qui a priori a l’air d’être à la portée de tous ? Quelque soit le niveau du musicien, il suffit de balader ses doigts sur un manche pour trouver une mélodie percutante. Mais pour en faire un chef d’œuvre, il faut humblement constater que cela arrive plus souvent à des individus bourrés de talent. La qualité première du génie est de rendre magnifique quelque chose de simple. Après, pour déterminer si c’est le riff qui a fait de ces garçons des rock stars ou s’il faut être une rock star pour pondre un riff qui entrera dans l’histoire… c’est le paradoxe de la poule et de l’œuf !

SI LA « PHRASE » INITIALE EST BONNE, IL Y A FORT À PARIER QUE LE MORCEAU ENTIER VAUDRA LE COUP.

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Run-DMC avec Walk this Way. Quels que soient ses goûts musicaux, on est amené à rencontrer ces classiques du rock. Un titre a plusieurs vies et peut avoir une signification et une interprétation différente pour chacun d’entre nous. Cela explique le caractère intergénérationnel du riff, qui peut se refiler de père en fils. Durant la dernière décennie, plusieurs artistes ont proposé des riffs intéressants qui pourraient, dans quelques années et plusieurs tours de disques (ou lectures iTunes en mode « Repeat »), intégrer ce gotha des phrases musicales mythiques. On pense à Lonely Boy des Black Keys, à Take Me Out de Franz Ferdinand, à Hail Bop de Django Django ou encore à Brianstorm d’Arctic Monkeys. Ces titres arriveront à maturité seulement au moment où votre descendance vous demandera dans le monospace familial « P’pa ? C’est quoi cette chanson ? ». Vous lui répondrez fièrement, en poussant le volume de l’autoradio, « Ecoute bien mon p’tit, ça c’est du riff ! ».


PS MAG #6

TOP 10 DES RIFFS DE LÉGENDE

1. Voodoo Chile / Jimi Hendrix 4. Rebel Rebel / David Bowie 8. Boom Boom /  (1968) :  (1974) :  John Lee Hooker (1961) : Le virtuose de la six cordes renversée sait comment nous faire mettre à genoux. Face à l’intensité et la puissance de ce morceau, force est de constater que ce monument est la crème de la crème en matière de riff, issu à l’origine d’une improvisation blues et bien arrangé à coup pédale Whawha.

2. (I Can’t Get No) Satisfaction /  Rolling Stones (1965) :

Quintessence du riff, il réunit tout les ingrédients nécessaires :un éclair de génie frappant Keith Richards pendant l’une de ses nuits blanches, un arrangement parfait avec la pédale Fuzz et bien sûr le carton mondial qui fera de ce titre un des hymnes internationaux du Rock n’roll.

3. Kashmir / Led Zeppelin (1975) :

S’il y a bien un récidiviste en matière de riffs, c’est bien Jimmy Page. Kashmir est la tête de gondole des Whole Lotta Love ou Heatbreaker. La progression d’accords simple mais terriblement percutante a tristement échoué dans le générique de Téléfoot, puis samplée pour P. Diddy. Triste sort pour un mythe.

Ziggy Stardust sait aussi cogner. Et quand l’icône du glam rock, plus incisif que jamais, se pare de son plus beau cache-œil et de sa Fender rouge vif, ça force le respect. Une distorsion virile balancée comme un bon coup de talon haut dans les codes du rock, signé par la plus efféminée des rock stars.

5. Sweet Child O’Mine / Guns n’Roses (1987) :

Quand Slash s’amuse en improvisant une intro lorsqu’Izzy Stradlin commence un morceau, ça donne un des immenses succès des blonds peroxydés. Un enchaînement menant à l’extase, cherché au-delà de la douzième fret de la Gibson Les Paul 59’ de l’homme au chapeau, suivi de solos survoltés.

Comment façonner un standard du blues avec quelques fulgurances sur la note Do entrecoupées de battements de cœur ? Le pied nous démange, pour battre ce rythme endiablé qui a inspiré le spot pour une marque de jeans et bien entendu Eric Burdon et les Animals, dans un cover saignant de 1964.

9. Back in Black /  AC/DC (1980) :

Ravagés par la disparition de leur premier chanteur Bon Scott, les Australiens planchent sur un titre-hommage. Les frères Young vont alors pondre ce riff à la fois rugueux et subtil, dans la veine de leurs plus grands succès. Un passage de cette chanson sera utilisé en live par Muse à la fin d’Hysteria.

10. You Really Got Me /  The Kinks (1964) :

6. Killing in the Name Of / Ray Davies aurait-il avec ce riff enfoncé  Rage Against the Machine les portes ouvertes du hard rock ? Quoi (1992) : qu’il en soit, le titre marquera les esprits, Deux notes de basse, des coups de percussions biens placés et voilà Tom Morello lancé dans un riff sulfureux. Faut avouer que le solo déménage également. Ce morceau dénonçant la puissance du Ku Klux Klan a été reprise par FM Belfast (Lotus), Biffy Clyro ou La Maison Tellier.

7. Iron Man / Black Sabbath  (1970) : Dans la catégorie heavy metal, les camarades d’Ozzy Osbourne obtiennent la palme haut la main. Cette marche démoniaque évoque un homme affrontant l’apocalypse lors d’un voyage spatio-temporel, sensation partagée par l’auditeur confronté à la rudesse des sons industriels provenant de l’outil de Tony Iommi. 17

repris par Van Halen, consacrant un des groupes anglais les plus sous-cotés. Le délicieux mais moins emblématique All Day and All of the Night aurait pu être aussi retenu. Mathieu Rollinger


PS MAG #6

FOCUS

MANCHESTER :

MACHINE À SONS La musique ne se définit pas uniquement à travers son instrument ou son interprète, mais aussi à travers le territoire sur lequel elle a grandi. Tous les mois, Playsound Le Mag vous propose la visite musicale d’une ville qui a marqué l’histoire ! Manchester. Le foot, les usines, et la musique ! Liverpool lui ferait presque de l’ombre avec ses quatre garçons dans le vent, mais Manchester a l’avantage d’avoir connu une histoire particulière, triste et glorieuse à la fois. Entre chômage, guitare ou ballon rond, les jeunes mancuniens ont vite dû faire un choix. Sortez vos parapluies, c’est parti pour une promenade maussade dans l’histoire musicale de la ville anglaise.

de belles promesses ! Médusés dans l’assistance, Peter Hook et Bernard Sumner (futurs Joy Division / New Order), Morrissey (futur The Smiths), Pete Shelley et Howard DeVoto (The Buzzcocks, qui contribuèrent d’ailleurs à organiser le concert) … Ce soir-là, le Do It Yourself l’emporta. Dès le lendemain, Hook et Sumner partirent s’acheter une guitare et une basse et posèrent la base du groupe qui deviendra Joy Division.

S’il est une chose à retenir de Manchester avant tout, c’est qu’elle pullule d’usines, majoritairement textiles. Elle est le berceau-même de la révolution industrielle, et devient un carrefour commercial majeur dès le XVIIIe. Et cela dura jusqu’au XXe siècle. Mais la Grande Dépression survient, et les bombardements allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale achèveront la ville sur le déclin.

Trois ans plus tard sort Unknown Pleasures, leur premier album, sur le label local Factory Records. C’est le début de l’invasion musicale mancunienne, symbolisé par le succès mondial de leur single Love Will Tear Us Apart en 1980. Très vite, Morrissey et sa bande leur emboîte le pas puisque The Smiths se formèrent en 1982 et deviendront un des groupes britanniques les plus iconiques de la décennie. Derrière le son très pop de la décade se cache, comme chez Joy Division, un chant à la noirceur et à l’honnêteté remarquables. Entre misère et chômage dans cette ville en pleine dépression industrielle, il n’y a que la musique – ou le ballon rond – pour s’en sortir. Les jeunes sont désabusés, et ils le chantent si bien !

C’est dans ce contexte morose que commencent à germer quelques groupes, à travers la grisaille et les ruines. Après le boum de la révolution industrielle, la ville connait une seconde renaissance. Le 4 juin 1976, après avoir écumé toutes les salles londoniennes, les Sex Pistols débarquent à Manchester ! Dans la salle du Free Trade Hall, il n’y a pourtant pas grand monde. La légende dit que les punks jouèrent devant un public de 42 personnes. Mais quelle audience pleine

En parallèle, d’autres iront chercher des paradis artificiels. La scène Madchester voit également le jour au début des années 80, avec un cocktail explosif : rock 18

indé, psyché, et house music. L’usage de drogues y est courant, et la boite de nuit Haçienda Club devient LE haut lieu de la fête dans tous ses états en Angleterre. Elle reçoit régulièrement des groupes comme les Happy Mondays ou The Stones Roses, et jusqu’au début des années 90, elle pose les bases de ce qui deviendra plus tard la rave party : drogues et grosse musique, pour un second « summer of love ». Mais la gestion hasardeuse de la salle, ajoutée aux trafics de drogue et à la création de gangs mettra fin au rêve. Derrière Oasis qui illumina les années 90, aujourd’hui, la relève est variée et plutôt bien assurée : Delphic, The Whip, The Ting Tings, Elbow – récompensés – et les petits derniers, Wu Lyf. Avec leur première sortie, ils ont placé la barre haut, et la critique les encense. On voit déjà en eux la renaissance d’une scène culturelle riche et originale … Pourvu qu’ils assurent ! A lire : Manchester, Music City 19761996 par John Robb

Martin Van Boxsom


PS MAG #6

T I D T N O ’ L ILS “ON EST LE MEILLEUR GROUPE DU MONDE EN CE MOMENT” LIAM FREY (NME)

“OUI, IL Y AURA DE NOUVEAUX MORCEAUX. IL Y A QUELQUES TRUCS EN COURS” TRENT REZNOR À PROPOS D’UN RETOUR DE NIN (ROLLING STONE)

“NOUS SOMMES DES ELECTRONS LIBRES AU TOP DE NOTRE FORME” TOM DELONGE (BILLBOARD)

“RÉCEMMENT, DES MECS M’ONT DEMANDÉ DE VENIR JAMMER AVEC EUX, J’AI FINI PAR COMPRENDRE QUE J’ÉTAIS AU MILIEU D’UNE REFORMATION DE NIRVANA !” PAUL MCCARTNEY (LIVE AU 12-12-12: CONCERT FOR SANDY RELIEF)

“JE PENSE QUE TOUT LE MONDE S’ÉCLATE SUR SCÈNE C’EST PLUS QUE DE LA NOSTALGIE. JE CROIS QU’ILS SE SENTENT PLEIN D’ÉNERGIE À NOUVEAU ET PROBABLEMENT TRÈS ENTHOUSIASTES À L’IDÉE DE FAIRE DE NOUVELLES CHOSES PAR LE FUTUR” MICK TAYLOR (EX-ROLLING STONES) (BILLBOARD)

Martin Van Boxsom 19


PS MAG #6 Biffy Clyro

LIVE REPORT : BRING THE NOISE La scène alternative est à nouveau mise à l’honneur avec cette troisième édition du Festival Bring the Noise organisé par la radio rock Ouï FM. Le festival parisien remet ça cette fois au Divan du Monde. Trois soirées et dix groupes attendus avec impatience, le tout gratuitement bien sûr. Tout commence le 26 novembre avec Triggerfinger et Biffy Clyro. La soirée débute sur le stoner/blues rock de Triggerfinger. Le trio belge ne passe pas par quatre chemins et envoie un premier titre sulfureux, “I’m Coming For You”. Le son, brut et lourd à souhait, emporte un public impressionné par la performance des musiciens qui se sont mis sur leur 31 : costume-cravate s’il vous plaît. Il faut dire que le trio emmené par le chanteur et guitariste Ruben Block déploie une énergie incroyable notamment sur “My Baby’s Got A Gun”, morceau magistral qui monte en puissance. Avant de terminer son set avec “Is It”, Triggerfinger offre sa fameuse et sublime reprise du titre de Likke Li, “I Follow Rivers” qui fait l’unanimité. Le batteur viendra même au devant de la scène armé de verres qu’il utilisera en guise de percussions. Un concert court mais intense qui ouvre dignement cette première soirée du festival.

Enfin, c’est un Divan du Monde survolté qui accueille les trois écossais de Biffy Clyro. Simon Neil et les frères Johnston arrivent torses nus, accompagnés par deux ex-musiciens du groupe Oceansize, Mike Vennart (guitare) et Gambler (synthé). Pas le temps de dire ouf que le groupe démarre en trombe avec “Stingin’ Belle”, single du nouvel album Opposites qui sortira fin janvier, puis enchaîne sur le très enragé “The Captain”. L’ambiance est déjà à son comble, la fosse s’emporte alors que les titres se succèdent.

Pour faire patienter le public avant l’arrivée de la tête d’affiche, Pierre, l’animateur de l’émission Bring The Noise, vient jouer au Père Noël en distribuant tee-shirts et CDs.

Triggerfinger

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La discographie du groupe est survolée avec d’anciens morceaux tels que “27” ou le traditionnel “Living Is a Problem Because Everything Dies”, pour le plus grand plaisir des fans. De nouveaux titres sont joués comme l’excellent “Black Chandelier” et “Sounds Like Balloons”. Autant dire qu’Opposites promet d’être excellent ! Avec 22 morceaux Biffy Clyro ne lésine pas sur la performance. Scéniquement, le trio est très bon même si pas très bavard (“Bonsoir Paris”, “Merci !” et “Nous reviendrons vous voir l’année prochaine”). Musicalement c’est irréprochable : puissance, maîtrise vocale, tout y est ! Mais si le groupe sait faire du rentre dedans à coup de riffs, il sait également faire les choses posément. C’est le cas pendant “God And Satan” interprété par Simon Neil, seul à la guitare. Le dernier album en date, Only Revolutions est aussi mis à l’honneur avec “Many of Horror”, l’énorme “That Golden Rule” et surtout le titre final “Mountains”, repris par la salle entière. Grosse performance de Biffy Clyro qui a mis la barre très haute.


PS MAG #6 Mass Hysteria

Rise Of The North Star The Aars

La seconde soirée propose une affiche exclusivement française. Au menu du 6 décembre, Le Divan du Monde accueille un line-up d’enfer : Rise Of The North Star, The Arrs et Mass Hysteria. Premier groupe à venir semer la pagaille : le gang parisien de Rise Of The North Star. Affublés de vêtements et accessoires clairement dans un style nippon, le groupe prouve son attachement pour le pays des mangas. A l’image de certains titres joués tel que “Phoenix” qui évoque Fukushima. Les Rise Of balancent sans scrupule une flopée de titres totalement hardcore qui prend le public aux tripes. Finalement, au bout d’une demi-heure partagée entre des riffs aiguisés et les cris du leader Vithia, le groupe quitte la scène, public en poche. Puis, après le passage de Pierre de Ouï FM, c’est The Aars qui monte sur scène prêt à envoyer du lourd. Des titres taillés pour le live, portés vers le haut par des musiciens qui mêlent talent et énergie, que demander de plus ? Quand Nico, le chanteur encapuchonné, débarque sur scène, la folie commence. Un déluge sonore vient faire siffler nos tympans tandis qu’en fosse, pogos, slams et moshpits sont de mise.

Un concert explosif d’une dizaine de titres où le groupe mettra en avant son dernier album Soleil Noir, sans pour autant oublier les anciens morceaux qui ont forgé sa réputation dont “Passion” que le chanteur dreadeux interprètera au beau milieu de la fosse. The Aars impose son style avec force et hargne : on aime ça. Enfin, les mythiques Mass Hysteria investissent le Divan du Monde. En près de 20 ans d’activité, le groupe est devenu incontournable sur la scène metal française. Les cinq membres entament leur set-list sur les chapeaux de roues avec “Positif à Bloc” suivi de très près par “Tout Doit Disparaître” issu de leur dernier album, L’Armée des Ombres. Pourtant, à première vue, tout n’est pas gagné. Le chanteur Mouss est blessé au pied, ce qui l’empêche de bouger autant qu’il le voudrait. Mais c’est sans compter l’envie de donner le meilleur de soi-même : ce petit souci ne viendra pas entacher la performance haute en couleurs et en décibels. Mass Hysteria distille un son qui lui est propre, alternant les morceaux totalement métal avec des sonorités électro, des phrasés tantôt chantés, hurlés voir rappés. Le groupe interprète classiques et nouveautés sans montrer un seul signe de faiblesse et l’on est ravi que la scène française soit si bien représentée. Mass 21

Hysteria assènera le coup de grâce avec “Furia” accueilli comme jamais par le public déchaîné. Furieux final pour cette seconde édition !

Mass Hysteria


PS MAG #6

Sleeppers

Blackfeet Revolution

3ème et dernière date du festival, ce sont les suédois de Royal Republic qui tiennent le haut de l’affiche, accompagnés de deux groupes français, Blackfeet Revolution et Sleeppers. Et ce sera au tour de ces derniers d’ouvrir le bal ce soir. Malheureusement pour eux, il est encore bien tôt quand ils montent sur scène (19h00 tapantes) et deux jours avant noël, autant dire que ce n’est pas la foule des grands jours. Il en résulte une ambiance qui a vraiment du mal à décoller, dommage pour ce groupe qui avait vraiment de très bonnes choses à offrir ce soir. Des sonorités lourdes et planantes à la fois, quelque part entre Tool et Deftones, peut-être pas le meilleur choix pour un groupe d’ouverture vous me direz. Surtout compte tenu des deux razde-marée qui vont suivre. En effet changement de registre avec le duo de Blackfeet Revolution. Si le premier groupe était plutôt sombre et introverti ici c’est l’explosion, l’envie d’aller à la rencontre du public et de partager un moment intense avec lui. Les deux musiciens ont une sacrée pêche et le sourire aux lèvres, quoi de mieux pour nous faire chavirer. Sans compter des morceaux

Royal Republic

blues rock modernes à souhait. Ce genre musical à pourtant très vite tendance à sentir le renfermé de nos jours, mais les deux comparses vous envoient ça avec une fraîcheur remarquable ! Une prestation brillante et surprenante, surtout quand on se dit qu’ils sont français. Vous m’excuserez la remarque mais, bien franchement, on n’a pas l’habitude de voir des prestations aussi bonnes de la part de groupes originaires de l’hexagone et versant dans ce genre musical. Quelques grenouilles en feu et une jolie reprise de “Tainted love” plus tard et le groupe quitte la scène visiblement content de sa prestation et de l’accueil du public. L’heure du dernier set du festival a sonné. Royal Republic fait son entrée sur scène sous les applaudissements de la foule. On peut dire que le groupe nous fait un bel honneur ce soir ! Si leur musique quelque peu trop calibrée pour les radios nous avait laissé un peu froids en version studio, la version live nous a définitivement conquis. Théâtraux, énergiques, hyper communicatifs, ces 4 là savent faire valser un public, au sens propre comme au figuré, ne laissant personne tranquille, pas même les planqués du balcon qui seront appelés à danser et pousser des hurle22

ments autant que leurs comparses du rez-de-chaussée. On n’avait pas dansé et sauté comme ça depuis bien longtemps. Décidément les derniers concerts de l’année sont toujours mémorables (Frank Turner l’an passé dans cette même salle). Mêlant avec brio des titres de leurs deux albums le groupe nous offre un superbe set d’une bonne heure et quart de pure folie. Le groupe sera de passage à Beauvais, Clermont Ferrand et Lyon en février prochain. On vous conseille d’aller y faire un tour. Ce sera donc sur cette note extrêmement joyeuse et festive que s’achèvera cette troisième édition du festival Bring The Noise. On ne saurait trop remercier Ouï FM d’organiser ce genre d ‘événement chaque année ! Et merci également à Pierre et à toute son équipe de faire (sur) vivre le rock alternatif sur la bande FM. Joyeux Noël et bonne année à tous ! On se retrouve en 2013. Fabien Gallet & Fanny Schneider


PS MAG #6

RETROUVEZ TOUTES LES PHOTOS DE L’ÉVÈNEMENT SUR PLAYSOUND.FR

Royal Republic

Biffy Clyro

Triggerfinger

Rise Of The North Star

The Aars

Blackfeet Revolution

Sleeppers

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PS MAG #6

ITW : STUPEFLIP Est-ce que tu pourrais présenter le concept Stupeflip pour ceux qui ne le connaissent pas encore ? Non. Tu sais la musique c’est un copain qui te fait découvrir un truc, c’est des circonstances tu vois. C’est un peu comme l’amour. Ce sont des circonstances qui font que d’un coup tu aimes tel truc. Tout le monde est un peu comme ça, il faut juste trouver les circonstances. Ça c’est la meilleure pub que je puisse faire pour Stupeflip pour ceux qui ne connaissent pas. (rires) Peux-tu nous expliquer la manière dont tu composes les morceaux de Stupeflip ? Ça, on ne me l’a jamais demandé. C’est dingue quand même, ils sont cons les gens. C’est ça qui m’intéresse moi. Alors j’suis dans une pièce, tout seul, je fume un peu, ou alors je ne fume pas pendant deux-trois jours, puis je refume un joint, j’ai le cœur qui bat, je sors un son, parfois très vite. Ce qui est dur, c’est de reprendre le son une fois que tu l’as fait. Tu sais, la musique c’est un peu comme du poisson frais. Quand il vient d’être pêché, le son vient d’être pêché, il est « fresh », et les meilleurs trucs sur les albums de Stupeflip d’ailleurs sont les sons qui étaient les plus frais. Ils étaient frais et restent donc frais dans le disque. Tu comprends ce que je veux dire ? (rires).

Tu dis souvent ne pas accorder trop d’importance aux paroles, pourtant dans certains morceaux comme “L’enfant fou”, “Hater’s Killah”, “Le spleen des petits”, “Nan… ? Si… ?” Nous ne pouvons que saluer la sincérité des paroles, presque autobiographiques à l’instar de chansons comme Animaux morts, Les monstres ou Le petit blouson en daim. Et bien si, au contraire, s’il y a bien un morceau autobiographique c’est celui la. Tu sais, moi je suis un petit peu dépressif et la seule chose qui m’intéresse depuis quatre ans et qui me fait sortir de chez moi, en dehors de la musique que je fais chez moi, c’est sortir dans les magasins, regarder des fringues, pas forcément acheter. Ca m’a sauvé. Les fringues m’ont sauvé, sinon je me serais flingué je crois. (Rires) Tu as dit dans une interview que ton morceau préféré est “Haters Killah”. Peux-tu nous parler de ce règlement de compte avec les haters  ? Ce n’est pas qu’avec les haters que je règle des comptes, c’est avec les cons en général, les agressifs, les violents. Ce n’est pas forcément par rapport à Stupeflip. Ce sont ces gens agressifs et trop rudes qui foutent la merde tu comprends. Alors ok, ils ont souffert mais ils ne sont pas les seuls tu vois ce que je veux dire ? 24

Ne trouves-tu pas ça effrayant ces fans fanatiques de Stupeflip ? De ceux qui s’approprient vraiment ce truc ? Il faut que tu saches que Stupeflip ce n’est pas si gros que ça. Ça pourrait être effrayant si on vendait autant de disques que Nolwenn Leroy mais la ça ne l’est pas tu vois. Je pense qu’ils ont compris que King Ju ou les personnages, c’était eux aussi. Ils se sont approprié le truc, c’est plutôt marrant. Et comme je n’ai jamais montré ma gueule je m’en fous. Par contre sur internet c’est vrai qu’il y a un truc qui énerve les vieux fans de Stupeflip, ce sont les autres personnes qui sont fans de Stupeflip mais qui sont plus récents, et ça, ça les fait chier de voir quelqu’un d’autre tripper sur leurs trucs personnels. Stupeflip c’est ça l’idée, c’est que cela devienne personnel. C’est un peu barré pour que les gens puissent se l’approprier. J’ai l’impression que c’est beaucoup plus ouvert que n’importe quel truc, c’est tellement givré que les gens se disent « c’est moi ». Tout de même, des légions de fans se sont associées pour soutenir ton projet d’invasion des radios françaises ! Alors je t’explique parce que c’est une longue histoire. Stupeflip s’est arrêté en 2005 pour plein de raisons, qui ne sont pas les miennes, mais plutôt celles des


PS MAG #6 businessmen une fois de plus, et il n’y a rien eu pendant cinq ans. Alors, à côté, j’ai fait d’autres trucs, j’ai même été prof de dessin. Et comme il n’y a rien eu pendant cinq ans, que le deuxième album n’a pas été promotionné par BMG, je tiens d’ailleurs à faire une petite dédicace à Stephane Letavernier qui est maintenant monté en grade, et c’est à cause de lui, et parce qu’il a trouvé trop barré ce deuxième album qu’il n’y a pas eu de promotion, puis plus rien pendant cinq ans. Si tu veux, moi je savais que « Stup Religion » était bien, plein de gamins l’ont écouté pendant quatre-cinq ans mais bon ça a fait un flop. Je pense que c’est pour ça que quand on est revenu les gens étaient à fond, tu comprends ? Ils ont mariné pendant tellement longtemps qu’ils étaient à fond. Mais je me suis rendu compte que c’était vachement dangereux, t’imagines tu sors un truc déplacé ? C’est une responsabilité quand même tous ces gens qui ont suivi. J’avais juste écrit « Si t’en as marre des Black Eyed Peas ? Alors demande Gaëlle de Stupeflip ! » C’est parti comme ça.

de disparaître complètement et c’est un vrai drame pour moi.

À la base, tu voulais que Stupeflip ne sorte qu’une trilogie d’album, et tu reviens avec le nouvel EP Terrora !! Peux-tu nous en dire plus ?

Peux-tu expliquer pourquoi tu as volontairement supprimé les guitares d’Hypnoflip Invasion ?

Oui c’était une trilogie, mais le « Terrora !! », que je t’explique, c’est la personne avec qui je travaille depuis longtemps qui a dit « ce serait bien de sortir un maxi pour battre le fer tant qu’il est chaud ». Ce n’est pas un truc qui est venu de moi en fait alors j’l’ai fait, mais j’essaye toujours de faire la meilleure musique possible. Tu sais, j’aime faire des disques alors quand on me dit « on va repartir à l’aventure, en indépendant » et bien ça me plait quand même, mais je fais ça pour le disque, l’objet, pas pour faire des concerts. Mais le problème c’est que l’objet est en train

Et ça se voit, les artworks des albums et les affiches sont toujours très soignés. Moi je trippe sur l’image et la musique donc après je ferais peut être de la musique de film, j’aimerais bien. De toute façon, ça sera image et musique ou de la musique pour de l’image ou de l’image pour de la musique. /Un peu à la manière des Residents/ Pas que. L’image et la musique ça marche toujours bien, moi je sais que je préfèrerais ne faire que des disques et des clips pour Stupeflip, c’est ça qui m’intéresse. Le côté « être connu » ça me fait chier, il y a une prétention là dedans. C’est là que c’est dommage parfois l’idolâtrie de certains fans de Stupeflip parce que ce n’est pas le message. Si ces gens avaient bien écouté Stupeflip, ils ne pourraient pas être fans de Stupeflip genre « Wouaaah »(King Ju mime l’exaltation d’un fan) parce que notre message dénonce ça.

J’aime les sons clairs et dès qu’il y a de la guitare électrique, que ce soit dans la pop, dans le métal ou dans le rock tu remarqueras ça vrille le son, ça le « Krrr ». J’adore la guitare électrique mais je n’en foutrais plus jamais, c’est trop fastoche. C’est beaucoup plus dur de faire sonner un truc sans guitares. Dans ce cas, comment pourrait sonner le prochain Stupeflip ? Ça peut être n’importe quoi et c’est ça qui est bien. Je pense qu’on est le seul groupe en France où on peut faire n’importe quoi après. Ça pourrait être de la rumba, du jerk, du métal, on pourrait faire ce qu’on veut je suis sur qu’on nous suivrait. En général les musiciens calculent, pas tous, il y a quelques sincères mais il y en a peu. Moi j’aime trop la musique pour ne pas être sincère. Pour moi c’est un rêve la musique. Les fans de Stupeflip disent souvent ne pas aimer ses morceaux, mais peux-tu nous parler un petit peu de Pop-Hip ? Ces morceaux sont là pour donner de 25

l’air. Tu vois King Ju, c’est le mec sale comme ça et il fallait l’inverse, un mec tout propre, business, qui aime bien la variété. C’est ça qui me fait marrer, c’est d’opposer la lumière, le sombre, le blanc, le noir, le gentil et le méchant. Je l’ai créé pour ça Pop Hip, c’est le pendant complètement nul de King Ju qui est plus profond, plus angoissé. Je suis ni l’un ni l’autre en tout cas. Alors que c’est « Le petit blouson en daim » le morceau le plus autobiographique, drôle de paradoxe. Ouais c’est un paradoxe. Comme je te l’ai dit, les fringues m’ont sauvé. C’est marrant les fringues, tu peux toujours t’acheter un blouson mais si tu veux te perfectionner il y aura toujours un truc qui ne va pas que ce soit la matière, la couleur, la coupe, les manches, le col, c’est sans fin, c’est un truc obsessionnel. Je pense que les fringues, c’est un truc pour les gens qui n’ont pas trop confiance en eux et je sais que j’aime bien ça. Peux-tu nous expliquer ce rapport difficile que tu as avec les concerts de Stupeflip ? Je vais te dire un truc, le concert c’est le bureau du musicien. Il y a des gens qui travaillent à La Poste, dans des boîtes. La dernière copine de mon père m’avait dit que c’était le métier que j’avais choisi, mais je n’arrive pas à comprendre. Moi je travaille chez moi, je suis un artisan, je fais mes petits sons et c’est déjà un travail en soi ça. Les gens qui font des films, est-ce qu’ils vont aller rejouer le film en province ? Quand t’écris un bouquin est-ce que tu vas aller le relire ? Ouais il y a des gens qui font ça, mais je n’ai jamais compris ça. Tu sors un disque et tu dois aller suer, t’es musicien mais tu dois aller travailler. Il y a d’ailleurs des fans de Stupeflip qui m’ont cherché sur internet pour me dire que c’était mon boulot, mais « fuck you » (rires). Ils ont raison, c’est un travail, un travail. Les gens qui disent que la scène c’est bien, je vous promet sque ce sont des menteurs. Ok, peut être qu’ils trippent, tu peux avoir un échange avec le public mais rien que les retours sur scène, tu sais, ces petites enceintes qui crachent ton son, qui n’est évidemment pas celui du disque. Je respecte trop la musique pour ça. C’est vrai que les concerts peuvent être plus forts qu’un disque. Une basse, guitare, batterie pètent dix fois plus en concert


PS MAG #6 que sur un disque. Je ne suis pas en train de dire que tous les concerts sont nuls, mais moi, j’aime trop la musique pour aimer les live parce que dans un live tu ne peux pas contrôler exactement ce que tu veux sortir. C’est pas mal de ne pas contrôler parfois. Nos live sont pas mal maintenant parce que j’ai pris ça comme un travail. Je me suis dis « il faut le faire, alors je vais essayer de faire ça bien ». C’est ce qu’on appelle être professionnel. (rires) Pendant que je prenais des notes au concert du Trianon, un mec m’explique qu’il est surpris de voir autant de jeunes dans le public et que Stupeflip c’est plus un truc pour adultes. Tu en penses quoi ? C’est sectaire. En fait c’est à cause de mon rapport avec les adultes. Les gens adultes me font chier. C’est bien de te répondre comme ça. Tu sais les gens adultes, qui te disent qu’il faut être responsable. Mais il y a des jeunes de 19 ans qui sont déjà responsables. Moi, quelque part je suis un peu un ado attardé mais je l’assume complètement. Je fréquente plus de personnes de vingt et vingt-cinq ans que de quarante. Tu sais à quarante ans tu as pris des coups, tu es plus cynique, plus désabusé et moi je ne le suis pas. J’y crois encore. Beaucoup de gens laissent tomber parce qu’ils ont des vies de merde, avec des boulots de merde, des enfants, des problèmes. Pour moi le grand mystère c’est pourquoi les gens font des enfants ? Est ce que c’est pour eux ? Est ce que ça les fait kiffer ? Pour le mec, c’est par rapport à sa copine ?

Je trouve ça assez fascinant de faire un enfant dans cette société là, putain. Ou alors si, si tu es bourré de tunes là tu peux (rires). Peux-tu nous parler de l’arrivée de DR Vince (Svinkels) derrière les platines de Stupeflip ? Je connaissais Vince bien avant les Svinkels. C’était en 2000 à notre premier concert, il jouait avant ou après nous je ne sais plus et il a grave trippé sur Stupeflip, de mon côté j’ai trippé sur ce qu’il faisait quand je l’ai vu à Clermont-Ferrand en 2001, j’avais pris une grosse claque. Il était capable de mixer en même temps du rock 60’s avec du hard-core hip-hop et il te prouvait que c’était la même chose en fait. C’est un des rares DJ qui passe de tout, qui a compris que la musique c’était un truc vivant et qui bougeait. Il est fort parce qu’il arrive à garder le cap, à vivre sans devoir passer de la dance en boîte, et ça parce que c’est un vrai passionné de musique. Et pourtant j’suis dur, j’aime rien. J’aime Cadillac, DR Vince et les Svinkels. /J’ai lu que tu citais aussi Fuzati/ Ouais mais c’est con j’ai lu qu’il n’aimait pas Stupeflip alors je suis vachement déçu. On avait discuté par internet, il m’avait dit que deux-trois trucs le faisait marrer, mais je ne pense pas qu’il ait écouté Hypnoflip. S’il avait écouté Hypnoflip, il aimerait ce qu’on fait parce qu’il est beaucoup plus rap. C’est vrai que l côté punk sur les deux premiers albums de Stup ça me gêne un peu, ce côté gueulard. J’aime bien les trucs plus cleans en vieillissant.

© copyright 2011-Thomy Keat

Cette union avec le DR Vince ne pourrait-elle pas permettre un morceau du Crou avec Gérard Baste (Svinkels) ? Alors ouais, le seul truc prévu que j’ai par rapport aux autres personnalités de la musique c’est de faire un truc avec Baste. Il devait normalement venir sur Terrora, sur Lesonkifoudécou. Attention c’est de l’exclu ça, mais j’ai été tellement speedé avec ce maxi et les live que j’ai complètement oublié Baste (rires) mais on va faire un morceau ensemble. Je suis ultra-fan de son flow et c’est rare chez les français. Il y a lui et Akhenaton. Enfin, un petit jeu. Je te donne trois thèmes et tu me dis ce qu’ils t’inspirent.

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Les haters ? Des haters on en avait plus depuis qu’on est revenu, tout le monde disait « ouais c’est super », très mauvais signe, mais heureusement il y en a quand même un petit peu sur les concerts qui se plaignent de DJ set, du fait qu’on ne dise pas au revoir au public. Quelle connerie. Parce qu’en fait le DJ set à la fin c’est pour montrer que Stupeflip c’est l’ensemble des musiques, c’est une fusion. J’aime passer des disques, j’aime les gens qui passent des disques alors après le concert on en passe des disques. On fait un putain de show qui dure une heure et demie parfois alors venez pas nous faire chier, allez voir les autres concerts et vous me direz si c’est aussi bien que notre show. (Rires) La scène française ? Olala, (soupir). Moi je suis le hip hop français qui est encore un petit peu frais mais il n’y a que ça d’intéressant. Le reste, les bobos qui viennent te vendre leurs trucs, les « fils de », ils m’ennuient. Le seul très bon dans les mélodies et les arrangements c’est Benjamin Biolay. Il chie sur tout le monde aussi, je trouve ça très bien (rires). Même si ce côté bobo est un peu dommage, il pourrait être plus mystérieux. C’est dommage Benjamin, merde ! (rires) Le Clash Booba vs La Fouine ? (rires) (Rires) Tu sais, je m’en fou de leur clash, moi je veux qu’ils fassent de la bonne musique, c’est tout. Les « je suis le meilleur », « c’était un vendu », « c’était une victime »… Tu sais La Fouine dit que Booba était une victime, mais, qu’est ce que tu as contre les victimes ? Qu’est ce qui te fait chier avec les victimes ? Moi je suis toujours allé vers les victimes, et j’irai toujours vers le plus faible et la victime. Et si Booba était le plus faible en prison ou je ne sais pas où, et bien c’est presque un signe d’humanité pour moi. Matthias Meunier

+ RENDEZ-VOUS SUR PLAYSOUND.FR POUR LA VERSION LONGUE DE CETTE INTERVIEW, EN VIDÉO !


PS MAG #6

CHRONIQUE :

GREEN DAY :

TROIS OPUS, UNE ANNÉE

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PS MAG #6

Prolifération créative. C’est assurément le terme qui convient le mieux à Green Day, après avoir publié 3 opus en seulement 4 mois. Sur la forme, nul ne peut contester le formidable cadeau offert aux hordes de fans de la formation. Sur le fond toutefois, la légitimité artistique qui entoure cette trilogie pose question. Par ailleurs, et ce dès le départ, le groupe -en choisissant de nouveau le fidèle Rob Cavallo à la production, le label Reprise et l’excellent Billie Joe Armstrong à la composition des titres et des textes- nous livre un message à fort potentiel contradictoire. Comment proposer une trilogie «épique» et un «virage power-pop» avec une équipe de production assez sévèrement orientée punk-rock ? Tour d’horizon de ce qu’il faut retenir de Green Day cuvée 2012, et des principales problématiques qui s’imposent aujourd’hui à la formation. FAIRE DU NEUF AVEC DU VIEUX Soyons clair : sur les trois opus de la trilogie, le trio californien est techniquement à son meilleur niveau. Dans un style très fidèle tant dans les structures que dans les sonorités à American Idiot (2004), Green Day a réjouit à n’en pas douter ses fans historiques et autres aficionados d’un rock ciselé, jovial et puissant. Pourtant, il est dommage que cette trilogie se base sur un mensonge : celui d’un rendez-vous pop manqué. A travers ces trois galettes, Green Day fait le choix de l’immobilisme. Pourtant, quelques signaux d’une discrète mais réelle envie d’innover se font sentir sur «Kill The DJ» (¡Uno!) et «The Forgotten» (¡Tré!). Dès lors, la question qui se pose, c’est de savoir si le groupe n’a pas osé aller plus loin dans ses envies créatives ou s’il n’était pas encore assez mature pour proposer un décalage digne de ce nom vis à vis de son histoire et de son parcours.

S ’ i l e s t i n d é n i a b l e q u e g u i t a re s acoustiques, violons, cuivres et légères guitares d’inspiration britannique sont davantage perceptibles au sein des trois disques, force est de reconnaître qu’une écrasante majorité des propositions auditives avancées par Green Day restent excessivement liées à une synthèse basse-batterie-guitare. Cela n’est ainsi pas sans engranger un fort capital saturation, et pas seulement pour les amplis... L’ENNUI DU NÉOPHYTE Naturellement, les choix artistiques de la bande ne sont pas sans conséquences. Pour ceux qui suivent les trois compères de loin ou qui découvrent tout juste l’univers de ces derniers, l’écoute de la trilogie s’apparente à une longue et douloureuse marche par delà l’ennui, la solitude, et les migraines. Bon nombre de titres n’apportent malheureusement pas grand chose et sonnent de façon trop 28

prosaïque. Sans aller jusqu’à parler de médiocrité, Green Day s’inscrit dans une logique anachronique, en remettant peu ou pas en cause sa musique d’inspiration 90’s et ses structures à 4 accords. D’un point de vue plus stylistique, cette trilogie est extrêmement festive. Sur ce point là, Billie Joe Armstrong et les siens n’ont pas menti : l’ensemble est dynamique, et les albums s’enchaînent avec une certaine progression tant dans l’intensité que dans le rythme. Si les disques sont ainsi agréables à écouter, leur trop grande homogénéité est gênante. L’impression d’écouter le même titre est parfois saisissante, laissant penser que Green Day avait assez largement intérêt à faire du tri au sein des 37 inédits proposés depuis le mois de septembre.


PS MAG #6 TROUVER UN SENS AU PARADOXE À défaut d’être porteuse d’innovations majeures, la trilogie est porteuse de sérieuses réflexions concernant le futur du groupe et sur le sens à donner à ses orientations passées comme présentes. Le mythe Green Day a bercé toute une génération d’adolescents et a pleinement contribué au rayonnement de la culture punk-rock US dans le monde. En 2004, American Idiot a assurément atteint un degré de popularité et d’excellence dans son genre qu’il sera difficile voire impossible pour le groupe d’égaler. Dès lors, on peut se demander quel intérêt a la formation à persévérer dans une voie qu’elle a elle-même construite et dont elle connaît tous les secrets. En trois albums, Green Day, droit dans ses bottes, nous a proposé cette année des titres de bonne facture, à l’image de «Lazy Bones» sur ¡Dos¡. Les trois musiciens ont toutefois été incapables de nous montrer sur ces opus une autre facette de leur musique et de leur personnalité, faisant ainsi du sur-place. Soyons toutefois positifs : si ¡Uno¡, ¡Dos! et ¡Tré! n’ont pas porté toutes leurs promesses, ils ont toutefois envoyé les prémices d’une -timide- envie d’expérimenter. Parions que le prochain disque de la bande favorisera la qualité au détriment de la quantité.

VERDICT Orchestrations (3,5/5) Créativité (2,5/5) Évolution (2/5) Lyrics (1/3) Cohérence (1,5/2) Artwork (1/1) Note globale : 6/10

Yannis Mouhoun

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PS MAG #6

SELECTION PS

BLINK-182

DOGS EATING DOGS PRODUIT PAR BLINK-182 MUSICIENS TOM DELONGE, MARK HOPPUS, TRAVIS BARKER LABEL INDÉPENDANT SORTIE 18/12/2012 Si pour beaucoup, Blink-182 reste le symbole d’une génération MTV vieillissante, Dogs Eating Dogs sonne le glas ! Les 5 titres qui le composent ont été travaillés par un groupe inspiré, réussissant le pari de ne jamais retomber dans les tares de leurs side-projects respectifs. Tom et Mark nous livrent un chant énergique, agrémentant chaque morceau de chœurs puissants, apportant une nouvelle dimension aux productions du groupe. Travis, toujours irréprochable techniquement, apporte sa pierre à l’édifice en invitant le rappeur Yelawolf sur l’un des titres. Le groupe se prête même au jeu de la composition acoustique sur Boxing Day, tentative que l’on aimerait voir se reproduire, tant l’exercice est réussi. Dogs Eating Dogs, un véritable renouveau pour les fans du trio californien ! On aime : Dogs Eating Dogs, Boxing Day, Pretty Little Girl. Matthias Meunier 30


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S E U Q I CHRON PROCHAINES SORTIES : Hollywood Undead - Notes From The Underground (08/01/12) // Biffy Clyro - Opposites (28/01/13) // Funeral For A Friend Conduit (28/01/13) // Bullet For My Valentine - Temper Temper (11/02/13) // Foals - Holly Fire (12/02/13) // Stereophonics  Graffiti On The Train (03/03/13) // Jimi Hendrix - People, Hell and Angels (05/03/13) // Daft Punk - No End (13/03/13) Et aussi : MGMT, The Shins...

ANGELS & AIRWAVES

BOYS LIKE GIRLS CRAZY WORLD

STOMPING THE PHANTOM BRAKE PEDAL

Elie Dib

Matthias Meunier

Comme à son habitude, les californiens de BLG ont remis en marche la machine à tubes avec Crazy World. Entre les morceaux formatés pour les radios, les ballades romantiques et les compositions qui mériteraient d’apparaître sur les B.O des dernières séries à la mode, on retrouve ce qui fait la recette du succès du quatuor. Sans surprise donc mais efficace.

Tom Delonge a beau être un songwritter de qualité, il ne faut tout de même pas se moquer de son public. Stomping the Phantom Brake Pedal ne propose que trois nouveaux titres instrumentaux, composés sur le même schéma. Quant aux remixes des titres de LOVE I-II, s’il est agréable d’entendre de nouvelles compositions, il aurait été préférable de ne pas garder les mêmes bandes voix, en retravaillant le chant.

On aime : Leaving California, Life of the Party

On aime : Young London (Remix), Epic Holidays (Remix)

DROPKICK MURPHYS

SHIKO SHIKO

Matthias Meunier

Fabien Gallet

BEST NEW BESTIOLE

SIGNED AND SEALED IN BLOOD

Sortez les Guinness, les Dropkick Murphys sont de retour avec Signed and Sealed in Blood ! Cet album vous transportera de ces bonnes vieilles tavernes irlandaises, grâce à des morceaux électriques et dynamiques, jusqu’aux confins des plaines gaéliques, sur des balades acoustiques aux instruments folkloriques. Une chose est sûre, « The boys are back » et ça va danser dans les chaumières !

Les quatre lillois de Shiko Shiko nous offrent un premier album surprenant après 3 EPs délirants. Neuf titres totalement décalés sortis tout droit d’un monde parallèle, un monde où “énergie” et “folie” semblent être les mots d’ordre. Un plaisant croisement entre post-rock hyperactif et electro-pop qui en fera sautiller plus d’un cette année. Drôle de bestiole nous direz-vous !

On aime : The Boys Are Back, Rose Tattoo

On aime : D.P.M.M.P.D, Masca Masca 31


PS MAG #6

DÉBAT

LA DÉMATÉRIALISATION EST-ELLE LE FUTUR DE LA MUSIQUE ? Les époques passent et ne se ressemblent pas tout comme la technologie qui n’attend pas. Nos parents collectionnaient les 33 tours, les trentenaires actuels se ruaient sur le Compact Disc, les jeunes d’aujourd’hui ne jurent que par le MP3. La dématérialisation de la musique vers un format virtuel : pour ou contre ?

POUR

CONTRE

Pourquoi vouloir aller à contre-courant ? Dans une société de plus en plus consommatrice, où l’on achète comme l’on jette, la musique digitale représente une excellente tendance. Aujourd’hui, sommes-nous encore beaucoup à vouloir nous attarder sur l’apparence d’une pochette d’album ou sur le packaging (qui peut en plus s’avérer trompeur sur la qualité du contenu) ? L’avantage de la musique digitale, en plus de pouvoir se la procurer sans à avoir à bouger de chez soi, d’une manière on ne peut plus simpliste et en ayant un choix de plus en plus large, est surtout de pouvoir se concentrer sur l’essence même de ce qu’est la musique : la mélodie, la production, les arrangements, les paroles. Et puis, en regardant autour de nous, qui ne possède pas un support qui permet de transporter ses morceaux préférés facilement (baladeurs MP3, Smartphone, ordinateurs portables…), jetant aux oubliettes le vieux Discman de la grande soeur ou encore le tourne disque de papa ? Enfin, au final, on sait très bien que le support physique de la musique profite beaucoup plus aux maisons de disques peu scrupuleuses qu’aux artistes eux-mêmes ! Alors je ne vous dirais que cela : vivez avec votre temps, supportez les artistes en achetant leurs albums (virtuellement), et bougez, libérez vous des contraintes physiques en emmenant votre musique n’importe où, n’importe quand. La technologie fait bien les choses, il serait triste de s’en priver.

Pas l’ombre d’un doute, le vinyle, cette fameuse galette évincée par K7, le CD et le MP3, a toujours sa place ! On ne compte plus les rééditions de grands disques qui ont marqué l’histoire et les sorties systématiques de nouveautés enversion “disque noir”. Même s’ils ont plus de 60 ans, les microsillons de 33 et 45 tours restent dans le cœur d’un grand nombre de mélomanes, amateurs ou collectionneurs. La preuve, selon une étude de NielsenScanreprise par le magazine américain Billboard, les ventes de vinylesont pratiquement quintuplé aux USA entre 2007 et 2012, même si l’industrie de la musique est toujours en chute libre. Rien d’étonnant ! Le vinyle c’est avant tout un bel objet, bien plus attrayant qu’une boîte de plastique ou qu’un morceau disponible en un clic. Parfois décliné en éditions limitées, il devient vite un objet de valeur. Rien de telque de choisir une galette, la placer sur la platine tout juste sortie de votre grenier et se concentrer sur la musique, sans avoir à zapper tel ou tel morceau. Oui car au delà de l’aspect esthétique, le vinyle c’est aussi un son incomparable, plus chaleureux et authentique que celui d’autres supports. Et puis force est d’admettre que choisir et ranger ses disques vinyles restera toujours plus ludique que d’arpenter sa bibliothèque iTunes ou sa Playlist Deezer/Spotify armé d’une souris et d’un clavier. Aujourd’hui les aficionados peuvent se réjouir : certains comme Jack White et son label Third Man Records, Philippe Manoeuvre avec son émission “XSive Vinyl session” sur Ouï FM ou les organisateurs du “Disquaire Day/Record Store Day” (dont la 3° édition se tiendra le samedi 20 avril 2013) se préoccupent de la santé du vinyle qui revient doucement à la mode.

Elie Dib

Fabien Gallet 32


PS MAG #6

L’AGENDA

CONCERTS MAD SIN / SUGAR & TIGER à Paris (75) - Glazart le Jeudi 17 Janvier 2013 à 19h00 ENTER SHIKARI à Paris (75) – La Cigale le Vendredi 25 Janvier 2013 à 19h30 THE SCRIPT à Paris (75) – l’Olympia le Lundi 28 Janvier 2013 à 20h00 BILLY TALENT à Paris (75) - Bataclan le Jeudi 31 Janvier 2013 à 19h30 DROPKICK MURPHYS Première partie : DIDIER WAMPAS à Paris (75) - Zénith le Samedi 02 Février 2013 à 19h30 NEON TREES à Paris (75) – La Maroquinerie le Samedi 02 Février 2013 à 20h00 DINOSAUR JR à Paris (75) - Trabendo le Mercredi 06 Février 2013 à 19h30 ALL TIME LOW à Paris (75) - Bataclan le Lundi 18 Février 2013 à 19h30

BLOC PARTY à Paris (75) - Zenith De Paris le Mercredi 20 Février 2013 à 20h00 DEFTONES à Paris (75) - Trianon le Samedi 23 Février 2013 à 19h30

AUTHENTIQUES TRÉSORS DU ROCK, 1965-1979 (Philippe Moulin)

Authentiques Trésors du Rock 19651979 illustre, à travers plus de 450 albums sélectionnés, classés et analysés, la plus incroyable histoire musicale du XXe siècle.

SIGUR ROS à Paris (75) - Zenith De Paris le Mercredi 27 Février 2013 à 19h30

BANDES DESSINÉES

DVD

FAIRE DANSER LES MORTS

THE ROLLING STONES / CROSSFIRE HURRICANE Réalisé par Brett Morgen, « Crossfire Hurricane » offre un nouveau regard sur le parcours sans précédent des Stones, ces adolescents obsédés par le blues au début des années 60 devenus ces rock stars incontestées.

Après avoir fait un cauchemar peuplé de zombies, une jeune femme se réveille et constate, ébahie, que son rêve était plus que prémonitoire : la ville est effectivement en proie à une invasion de morts-vivants ! Réfugiée sur les toits, elle entreprend de se mettre en quête de nourriture. Sur le chemin pavé de graffitis contestataires et encombré d’innombrables zombies dont elle doit se débarrasser, elle entend des notes de musique qu’elle croit reconnaître : en se hissant en haut d’une palissade, elle aperçoit l’un de ses groupes de rock préférés, les “Minutemen”, en pleine répétition ! Ne pouvant réfréner son enthousiasme, la jeune femme se précipite à leur rencontre, sans se douter que ses idoles elles-mêmes peuvent être “contaminées”...

(Tanxxx)

LIVRES THE KINKS : UNE HISTOIRE ANGLAISE (Alain Feydri) Quatuor majeur de la British Invasion, les Kinks, aujourd’ hui, sont une référence pour un nombre grandissant de jeunes groupes séduits par l’écriture inimitable de Ray Davies (toujours actif à ce jour) et la gouaille de Dave, son frère ennemi.

Matthias Meunier 33


LE MAG’ _________________________

Numéro 6

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