Playsound Le Mag' #3

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M AG A Z I N E D E D I E A L A C ULT U R E RO CK • num é ro 3 • www. p la y s o und . f r • s e p t e m bre 2 0 1 2 • grat ui t

+ DOSSIERS

+ ITW

OF MICE & MEN The menzingers

REVIEW + FOCUS

YELLOWCARD : RETOUR AUX SOURCES ET AUSSI : The Gaslight Anthem • GREEN DAY • ALL TIME LOW • IMAGINE DRAGONS • THE MAINE • RED HOT CHILI PEPPERS • INCUBUS • STONE SOUR • REVOLVER • THE XX• Panic! At the disco • Chroniques • News • agenda concerts • Talents ... ©Megan Thompson


Playsound le mag • sept 2012

PSMAG

Sommaire

03 EDito & Playlist 04 Nouveaux talents 05 agenda live 06 à la une : Yellowcard - chronique + retro 08 Itw : of mice & men 09 Photo du mois : Rise against 10 Festivals 2012 : le debrief 12 Actualité internationale 14 dossier : Folk & electro - les contraires

NUMERO 3 • SEPTEMBRE 2012 • GRATUIT Administrateur et redacteur en chef: yannis mouhoun responsable de la publication: sami elfakir chroniqueurs/redacteurs: Yannis mouhoun sami elfakir marina lay matthias meunier fabien gallet emmanuel van elslande dorian colas PAULINE RIVIERE Martin Van boxsom Morgane le marchand celia solsken

s’attirent

15 DOSSIER : la toile, une chance pour la Musique

16 Interview : the menizers 17 focus : The gaslight anthem 18 Selection du mois

PHOtographe: Fanny Schneider contact: redac@playsound.fr site web: www.playsound.fr

- TOUS LES 2 MOIS Playsound est une plateforme d’actualités, de découvertes et de chroniques musicales. Le site s’inscrit dans une démarche de promotion de la créativité et des talents. Les grands noms de la scène internationale y sont également abordés, à travers une couverture globale du rock sous toutes ses formes. L’objectif premier du site est de dégager une synergie du dynamisme lié à l’émergence d’une nouvelle scène montante et de l’expérience des piliers du domaine. Notre magazine culturel a pour but de vous conseiller dans vos écoutes et de permettre au plus grand nombre de bénéficier d’un résumé de qualité d’une information toujours plus dense et plus riche. NB / Compléments des articles et supports audios sur le site. Dossiers exclusifs au magazine pendant 3 semaines.

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EDITO & playlist 1. GREEN DAY - KILL THE DJ 2. BB Brunes - coups et blessures 3. MUSE - madness 4. owl city - silhouette

L’épreuve de feu. Pour tous ceux qui s’intéressent à la musique et à la culture rock, cette rentrée 2012 s’annonce passionnante. En effet, à un calendrier des sorties déjà relativement chargé viennent s’ajouter 2 évènements de la plus haute importance. D’une part, la publication du premier opus de la trilogie de Green Day, Uno!, qui est censé amorcer le virage power-pop du trio jusqu’ici considéré comme l’ambassadeur du punkrock US. L’enjeu est important : il s’agit là d’innover et de se réinventer sans s’éloigner de ses fans historiques. Ce disque enclenchera une dynamique (ou non) qui déterminera le succès des 2 opus à suivre. L’autre évènement musical de cet automne, c’est bien entendu la parution du nouvel effort studio de Muse, attendu tel le messie tant les qualités techniques et créatives de la formation ne sont plus à démontrer. Là encore, les multiples directions prises par la bande (dubstep) risquent fort de faire jaser.

5. linkin park - castle of glass 6. yellowcard - fix you 7. the beatles - a day in the life 8. all time low - For baltimore 9. imagine dragons - demons 10. The xx - fiction

Que ceux qui aiment la prise de risque se réjouissent : ils ne s’ennuieront pas dans les prochaines semaines !

Yannis mouhoun

www.playsound.fr/playlists/

Rédacteur en chef

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nouveauxtalents Talent IMAGINE DRAGONS

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Talent #2 The downtown struts

Talent alt-j

La jeune formation originaire de Las Vegas composée de Dan Reynols propose une musique aérienne digne des plus grands couplée à un sens des mélodies aiguisé. A l’instar de phénomènes de la musique pop/rock internationale tels que Coldplay ou encore The Fray, la formation nous plonge dans son univers extasiant de grande qualité déjà clairement affirmé. Le premier opus studio est d’ores et déjà en préparation : Night Visions sortira ainsi le 4 septembre prochain.

Nés à Chicago, les 4 membres de The Downtown Struts nous livrent un punk rock énergique et puissant très fortement inspiré de groupes comme The Clash, Social Distortion ou NOFX. Avec sa voix éraillée Dan nous rappelle qu’il est possible de faire du punk vivant, touchant et ce tout en chantant admirablement juste. Depuis le 15 mai dernier le groupe est fier de défendre son premier album « Victoria » dont vous pourrez écouter quelques morceaux sur leur site officiel.

Véritable révélation originaire de Leeds, Alt-J propose sur An Awesome Wave une véritable aventure pop, difficilement catalogable mais composée de multiples sonorités fascinantes apportant un réel bol d’air frais. Les rythmes changent, les guitares acoustiques apparaissent et disparaissent, les synthés envoutent, et la voix de Joe Newman vient se déposer en douceur sur chaque compositions. Breezeblocks, le titre porteur de l’album qui a ouvert la porte du succès au groupe fait figure de pépite pop flirtant avec l’excellence.

genre: Pop rock

genre: PUNK Rock

Revolver est un trio parisien constitué d’Ambroise Willaume, Christophe Musset et Jérémie Arcache. Leur musique, contrairement à leur nom, est un doux mélange aux accents de pop anglaise, où se rencontrent harmonies de voix, guitares et violoncelle. Ils sont repérés par le label de MySpace et sortent en 2008 leur premier album, Music For A While, qui contient des pépites telles que « Leave Me Alone », « Balulalow », ou « Get Around Town », le single auquel ils doivent leur notoriété. Leur deuxième album est sorti en mars dernier et s’intitule Let Go.

Membres: Dan Reynolds, D Wayne Sermon, Ben McKee, Daniel Platzman

Membres: Dan Cooper, Ben Hjelmstad, Ryan Walsh, Zach Byrne

genre: POP ROCK

genre: Pop ROCK

pays: USA

pays: USA

membres: Joe Newman, Gus Unger-Hamilton, Gwil Sainsbury et Thom Green

membres: Ambroise Willaume, Christophe Musset et Jérémie Arcache

label: Interscope Records

label: Pirates press records

pays: UK

pays: France

site officiel: www.imaginedragonsmusic.com

site officiel: WWW.FACEBOOK.COM/THEDOWNTOWNSTRUTS

label: infectious records

label: EMI

site officiel:

site officiel:

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Talent Revolver

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agenda

Live

Nickelback + Bush + Daughty

refused

Young guns + Your demise

à Paris (75) - Zenith le Vendredi 07 Septembre 2012 à 20h30

à Paris (75) - Bataclan le Mardi 09 Octobre 2012 à 19h30

à Paris (75) - Scène Bastille le Dimanche 21 Octobre 2012 à 19h30

fun.

arch enemy

à Paris (75) - Bataclan le Mercredi 10 Octobre 2012 à 19h30

à Paris (75) - Bataclan le Dimanche 21 Octobre 2012 à 18h00

Keane

Nada surf

à Paris (75) - Olympia le Mercredi 17 Octobre 2012 à 20h00

Paris - Trabendo le Lundi 22 Octobre 2012 à 19h30

owl city

revolver

à Paris (75) - Trabendo le Jeudi 18 Octobre 2012 à 20h00

à Paris (75) - Olympia le Jeudi 25 Octobre 2012 à 20h00

Serj Tankian

danko jones

à Paris (75) - Zenith le Vendredi 19 Octobre 2012 à 19h30

à Paris (75) - Trabendo le Vendredi 26 Octobre 2012 à 19h00

Slash

Fatal picards

à Paris (75) - Zenith le Samedi 20 Octobre 2012 à 19h30

à Paris (75) - Bataclan le Mercredi 31 Octobre 2012 à 19h30

Stuck in the sound

gotye

à Paris (75) - Olympia le Samedi 20 Octobre 2012 à 20h30

à Paris (75) - Zenith le Mercredi 31 Octobre 2012 à 19h30

THE POGUES à Paris (75) - Olympia le Mercredi 12 Septembre 2012 à 20h00

The maine à Paris (75) - Petit Bain le Vendredi 14 Septembre 2012 à 19h30

Gallows à Paris (75) le Mardi 18 Septembre 2012 à 20h00

The menzingers à Paris (75) - Les Combustibles le Vendredi 28 Septembre à 19h

death in vegas à Paris (75) - Olympia le Lundi 01 Octobre 2012 à 19h30

BB brunes à Paris (75) - Alhambra le Mercredi 03 Octobre 2012 à 19h30

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à la une

Yellowcard : southern air

chronique

Moins d’un an après son excellent retour, Yellowcard nous garnit d’un été sans hiver avec une nouvelle pépite qui respire la Floride et ses plages de rêve sur lesquelles Ryan Key a écrit ses premiers morceaux. « Bottles up tonight, I drink to you and I, cause with the morning comes the rest of my life. » Sur fond de revanche sentimentale, Ryan Key annonce dès le premier morceau de l’opus, The Awakening, un renouveau, ou plutôt un ironique retour vers le futur, celui du Yellowcard qui nous a fait redécouvrir le violon et aimer fondre sous une chaleur accablante à la Flèche d’Or en septembre dernier. Avec une chanson plus incisive encore que The Takedown ou The Sound of You and Me (chansons introductrices des albums précédents, ndlr), Yellowcard donne le ton, et indique parfaitement la route à prendre vers sa Floride natale, celle que le groupe n’a jamais vraiment quittée mais vers laquelle il prétend revenir à la vitesse grand V. En effet, Ryan Key s’est inspiré des terres de Jacksonville où le groupe a grandi pour écrire cet album, comme un ode à la liberté, celle juvénile qui nous fait courir sur les berges sans autre but que d’atterrir face contre le sable, haletant, le flanc écumé, loin de tous les obstacles qui jonchent nos parcours et handicapent nos ambitions. Le groupe réalise un exploit : il parvient à matérialiser l’été, à le sublimer à coups d’archets millimétrés et de montées dignes d’un Ryan Key des plus grands jours, qui prend confiance, comme le prouvent Vicious Kind ou Surface of the Sun, morceaux particulièrement ryth-

més sur lesquels le chanteur autrefois blondinet et nasillard éblouit par son aisance, sa maturité et sa conviction. Le violon nous transporte à travers les courants Atlantiques, et nous fait même traverser la baie de l’Ocean Avenue le temps de quelques morceaux au goût d’eau salée, celle qui enfants nous rappelait amèrement les joies du grand large, comme sur Always Summer ou Here I Am Alive, singles parfaits invitant au passage Taylor Jardine, la (délicieuse) chanteuse de We Are The In Crowd au chant et le chanteur de Fall out Boy (délicieux, mais dans une autre mesure) Patrick Stump. Avant de finir par la chanson titre Southern Air et ce qui est probablement le meilleur riff de l’histoire du groupe, Yellowcard prend le temps de nous offrir une balade bouleversante, Ten, faisant référence à un enfant qui n’a jamais eu la chance de naître, et de grimacer en réalisant qu’un peu de sable s’est subtilement glissé entre ses gencives alors que ses cousins achèvent leurs châteaux de sable. Hélas, l’album est court, et l’outro surprenante et pacifique de Sleep in the Snow ne change rien à la durée de ce voyage qu’on aurait voulu plus long sur ces eaux paradisiaques de Floride sur lesquelles on croirait presque pouvoir marcher, voire courir pour aller caresser l’inconnu abyssal et en revenir toujours plus forts, funambules entre les 6

nuages, si peu nombreux dans cet air du Sud idyllique. Quelques burgers, spring breaks et hiatus après le chef d’œuvre Ocean Avenue, le groupe n’a jamais été aussi efficace, tant dans ses textes que dans ses mélodies. Alors on saisit sa planche, son iPod, et on fonce redécouvrir les joies simples de l’été, et ce même si la neige bloque nos routes ou que la foudre abat nos arbres. Car l’été n’est pas qu’un état météorologique ou une saison, c’est un art de vivre. Et Yellowcard l’a bien compris. _________________________________

Orchestrations (5/5) Créativité (4/5) Évolution (3/4) Lyrics (3/3) Cohérence (2/2) Artwork (1/1)

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NOTE GLOBALE : 9/10 • Emmanuel van elslande


Playsound le mag • sept 2012 Yellowcard. Un groupe unique, qui n’est pourtant pour beaucoup qu’un de ces quintets criards et pseudo-rebelles qui revendiquent leur appartenance à une jeunesse qu’ils ont paradoxalement toujours voulu fuir à bord de vans fleuris par l’ambition d’une vie meilleure, loin des dogmes et des hiérarchies qui figent leur Amérique depuis des décennies. À l’image de certains groupes comme Placebo ou Coldplay, on entend rarement Yellowcard cité comme influence majeure d’autres artistes, alors que les stickers obsolètes de Blink-182 et de The Offspring se superposent encore sur les vieux amplis épuisés des (grands) adolescents du monde entier. Un problème de reconnaissance probablement lié à l’arrivée tardive de ce groupe Floridien, c’està-dire en 1997 avec l’inaperçu (et difficilement percevable à l’époque hors de Jacksonville) Midget Tossing, à une époque où Chad Gilbert commençait à s’arracher ses premiers cheveux gris et où Lady Di et Claude Roy nous quittaient tristement. Et pourtant, après deux autres EPs, l’arrivée d’un certain Ryan Key au chant et à la guitare bouleversa subitement les scènes locale et nationale avec la sortie d’un album, Ocean Avenue. Cet opus, composé et enregistré par des kids davantage tourmentés par leurs querelles lycéennes que par leur carrière alors tracée vont initier le renouvellement complet d’une scène qui arrivait alors progressivement à une saturation créative. Au fil des étés, des albums et des Warped Tours, le son du groupe va s’enrichir, s’améliorer, se nourrir d’influences toujours plus variées tout en gardant cette identité, cette patte, qui fait aujourd’hui de Yellowcard un groupe majeur, et indiscutablement unique. Malgré un hiatus de deux ans, Yellowcard n’a jamais lésiné sur la productivité ou la créativité, et nombreux sont ceux qui ont presque regretté ne pas pouvoir voir l’album de The Big If, side-project de Ryan Key, qui n’a pas vu le jour du fait du retour en studio de Yellowcard. Comme une réponse aux prières incessantes et implorantes des inconditionnels les plus téméraires du groupe, Yellowcard est revenu avec un son aux fondements de ce qui a fait du quintet ce qu’il est aujourd’hui, cette petite brise qui vient délicatement caresser la molette de votre iPod alors que vous naviguez

à la une

RETROSpective

©Megan Thompson

dans les eaux aux quatre coins du monde, en plein cœur d’un mois d’août caniculaire, qui ne demandait qu’une bande originale pour faire taire les cigales et faire revenir ces impulsions épiques qu’offrent chaque année l’été, celles qui ont poussé le groupe à s’évader et à offrir à chaque album des chansons introductrices dévastatrices, comme pour vous pousser à embarquer une vieille Chrysler cabossée pour foncer sans regarder derrière vous pendant une heure, en espérant juste rouler suffisamment vite pour que l’horizon s’éloigne et pour que jamais ne se couche le soleil. Chaque balade du groupe transperce de milliers de flèches dont les plaies sont rapidement refermées et soignées par des lignes de violon épurées et à chaque album plus épiques, intenses, frissonnantes. Yellowcard, c’est comme un sourire qui n’a même pas besoin de refuser de vieillir, car il ne prend pas une ride sous ce soleil ardent, et pourtant si agréable, qui nous caresse à chaque note du groupe. C’est comme cette bourrasque, celle qui nous pousse dans le dos, qui accélère notre rythme de course aux moments où les jambes commencent déjà à fléchir sur le macadam fondant, 7

et qui pourtant nous donne la force d’accélérer un peu plus, comme pour profiter d’un vent aussi artificiel que magnifique, et enfin atteindre la surface du soleil.

Yellowcard, en 10 titres. 1. Three Flights Up (Lights & Sounds) 2. Way Away (Ocean Avenue) 3. Always Summer (Southern Air) 4. For You & Your Denial (WYTTSY) 5. Five Becomes Four (Paper Walls) 6. Lights & Sounds (Lights & Sounds) 7. Here I Come Alive (Southern Air) 8. Shadows & Regrets (Paper Walls) 9. Hang You Up (WYTTSY) 10. Ten (Southern Air) 11. Triple Please (The Big If) 12. Only One (Ocean Avenue) 13. Believe (Ocean Avenue) 14. The Awakening (Southern Air) 15. Ocean Avenue (Ocean Avenue)


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Itw

of mice & men Paris - @ batofar - 07/05/12 Playsound : Salut les gars, en premier lieu, pouvez-vous vous présenter et préciser votre poste dans le groupe ? Phil : Je m’appelle Phil, et je suis guitariste d’Of Mice & Men. Valentino : Et je suis Valentino, et je suis le batteur d’Of Mice & Men. D’où vient votre nom, Of Mice & Men (Des Souris & Des Hommes en français, roman de Steinbeck, ndlr) ? V : Il vient bien évidemment principalement du livre, mais aussi et surtout d’un poème qui indique que les plans les mieux menés et planifiés sont ceux qui s’avèrent être les meilleurs. P : Oui, c’est vivre notre rêve américain, en faisant toujours ce qui nous plaît, et ce qui fait de nous qui nous sommes. C’est là que naissent les plus belles expériences et réussites. V : C’est vraiment ça, toujours allant de l’avant en profitant au maximum, peu importe ce que demain nous réserve. Quelles sont vos principales influences en tatn que groupe ? Votre style est assez novateur. En tant que pionniers, qui vous inspire ? V : Au final, nous nous inspirons des groupes avec lesquels nous tournons, non pas musicalement, mais en partageant des instants ensemble et en voyant comment chacun vit la musique. Le tout est après de s’en inspirer, mais au final cela se fait plus que naturellement, sans même réfléchir. Nous aimons écrire des chansons sur lesquelles les têtes se mettent à balancer sans qu’on puisse le retenir. La tournée avec Au-

gust Burns Red par exemple nous a appris beaucoup, sans qu’on se dise « Allez, faisons tout comme ABR ! ». C’est vraiment du feeling, et pas tel ou tel genre que l’on veut reproduire.

qu’on n’avait jamais vues avant, découvre des dizaines de groupes très prometteurs. Tourner avec trois groupes, c’est toujours palpitant et intime, mais tourner avec cent groupes, c’est juste fabuleux.

Vous êtes en train de travailler sur votre troisième album studio en trois ans. Où en est le processus d’écriture et d’enregistrement de l’opus ?

Vous êtes un groupe très jeune, avec seulement trois ans d’activité. Comment expliquez-vous une telle explosion en si peu de temps ?

P : Tout se passe bien, comme prévu. Nous écrivons énormément sur la route, et commençons l’enregistrement le mois prochain. Il s’agit avant tout d’une réédition de The Flood avec des inédits, mais en quelque sorte, il s’agit pour nous de trois œuvres distinctes. Et par la suite, le nouvel album arrivera.

V : C’est fou pour nous, on est parti en se disant « on va être la next big thing ». On a décidé de se réunir en Californie du Sud pour écrire une dizaine de chansons, et ensuite on a juste tourné, encore et toujours, sans savoir où ça nous mènerait. On n’avait aucune attente, on voulait jouer en concert, on voulait écrire des chansons, et on voulait créer sans cesse. Dans cette optique, on remercie chaque personne qui a vu une vidéo, acheté un single sur iTunes ou un album en magasin, chaque kid qui est venu nous voir. C’est tout pour nous.

Votre nouveau producteur at-il influencé votre son ? Comment se passe le travail avec lui ? V : Tout se passe très bien avec lui. On a enregistré toutes les chansons du re-release avec lui, et on pense vraiment travailler avec lui dans le futur. On connaît le son que l’on veut, il le respecte, c’est avant tout Of Mice & Men qui crée sa propre atmosphère, qu’il a vraiment respectée. Vous avez participé au Warped Tour entre 2009 et 2011, et rééditez l’expérience cette année. Pouvez-vous vous étendre sur cette partie de votre tournée ? P : C’est juste incroyable. On ne l’avait jamais vécu avant. C’est comme une immense colonie de vacances sur roue. On rencontre des dizaines de personnes 8

Qu’est-ce qui tourne dans votre iPod en ce moment ? P, V : On a découvert Plan B à l’hôtel en Allemagne la nuit dernière, et on a trouvé ça incroyable. Sinon on écoute While She Sleeps et Bad Rabbits, pour de la musique bien funky dance. Ils ont commencé avec des covers sur Youtube, et ils sont vraiment extrêmement talentueux. Foncez sur leur chaîne Youtube, écoutez-les, restez ouverts, écoutez de la musique sans cesse, et profitez de cette chance d’avoir accès à tout ça pour vous épanouir.


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PHOTO

Rise against @ BATaclan, PARIS 14 juin 2012.

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debrief

FEstivals 201 HELLFEST – 15-16–17 juin // Clisson (44) Le festival référence en France en matière de métal a su briller par cette édition 2012. Du black au punk en passant par le glam, les fans ont été servis. Pour Martin, son expérience au Hellfest cette année frôle le sans-faute : « L’ambiance était là, de la veille du début jusqu’au lendemain de la fin. En ce qui concerne les genres, tout y était. Le Hellfest a su se faire le reflet du foisonnement des sous-genres de la scène rock/métal. » Ses coups de cœur se portent sur Wall of Jericho, pour leur set énergique, les Dropicks Murphys, pour avoir su pleinement mettre l’ambiance, et Refused pour leur retour fracassant. En revanche, il émet quelques réserves sur les performances de Shining, Alcest, et celle d’Ozzy Osbourne, pas au meilleur de sa forme et qui a visiblement déçu par le choix de ses morceaux. Malgré tout il en repart ravi, et avec une certitude : « le métalleux sera toujours une espèce inoffensive et extrêmement sociale. »

main square festival – 29–30 juin–1er juillet // Arras (62) La programmation 2012 du Main Square était alléchante cette année. Pour Fanny : « Le line-up était assez indie rock et électro avec une touche de pop punk, un mélange qui nous aura tenu en haleine ces 3 jours, challenge pas toujours facile compte tenu du mimétisme de certains groupes. » Elle en retient les prestations efficaces de Kasabian, Pearl Jam, Myavi et The XX, mais repart aussi avec de belles découvertes live : Izia, The Maccabees, Skip the Use et Birdy Nam Nam. Le set de Blink-182 l’a cependant déçue : « Un set bien trop court pour une tête d’affiche et un Tom Delonge malheureusement trop malade. » ; de même, les sets de The Rapture et Simple Minds n’étaient pas à la hauteur de ses espérances, mais globalement, le déplacement à la Citadelle d’Arras ce week-end là en valait la peine.

SOnisphère – 7-8 juillet // Amnéville (57) Si l’édition française 2012 du Sonisphère a marqué les esprits… ce n’est pas en bien. En effet, les annulations ont été nombreuses à cause des intempéries. Ainsi les festivaliers n’ont pas toujours compris pourquoi certains groupes avaient maintenu leur set, déménagé en intérieur (comme Lacuna Coil), tandis que d’autres, comme la tête d’affiche Lostprophets, ont tout bonnement annulé leur set, au grand dam de nombreux fans qui s’étaient souvent déplacés pour eux. Morgane, très déçue, fait partie de ceux-là : « Je déplore le manque d’organisation de ce festival, une solution de secours aurait dû être réfléchie à l’avance et des informations sur la page Facebook auraient pu être données plus régulièrement. En clair, je ne tenterai plus jamais le Sonisphère français. »

musilac – 13–14–15 juillet // Aix-les-Bains (73)

Cette année, Musilac fêtait ses dix ans, et la programmation était en conséquence. Si les grosses pointures telles que Blink-182 et Franz Ferdinand ont naturellement placé la barre très haut, on retiendra aussi de ce festival les prestations pointues de groupes comme Revolver, Metronomy et Skip The Use (qui ont réellement su enflammer la foule), Orelsan a également relevé le défi de plaire à un public rock, ce qui n’était pas gagné d’avance. Mais ce festival a aussi réservé son lot de surprises, et notamment le groupe Trombone Shorty, une formation atypique composée de cuivres dont les diverses reprises ont su mettre l’ambiance (même Obama en est fan selon le flyer du fest). Quelques déceptions cependant : LMFAO qui ont été hués par le public (la formation n’était pas présente au complet, problèmes techniques, jeu scénique de mauvais goût), et Garbage, avec une Shirley Manson clairement fatiguée et un publique malheureusement pas très réactif lors du set.

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debrief

2 : on y était ! vieilles charrues – 19–20–21–22 juillet // Carhaix (29) La 21ème édition du festival bretoin a été marquée par la présence de grosses pointures du milieu rock comme The Cure, mais aussi des noms plus actuels de la scène indé tels que Metronomy, Bloc Party, ou The Rapture, ainsi qu’une pointe de hip-hop et d’électro, comme 1995 ou C2C. Sami est satisfait par le line-up : « Nombreux sont les artistes pouvant figurer dans nos coups de cœur. Breakbot a su parfaitement rivaliser avec le mastodonte Portishead qui jouait en même temps sur la grande scène en ce premier jour de festival. Bloc Party a su parfaitement bien se mettre le public dans la poche avec ses nombreux hits tandis que le groupe belge Triggerfinger, peu attendu, a assuré un live garage rock plutôt impressionnant. Sans discussion possible, le dimanche aura été la journée du groupe Kasabian qui aura surpris beaucoup de curieux avec leur rock à guitares teinté d’arrangements électro. » Pourtant, un des grands noms du rock a été source de déception, il s’agit de Bob Dylan : « Le plus célèbre des chanteurs folk, aujourd’hui âgé de 70 ans, s’est montré totalement apathique sur scène, jouant très peu de classiques et dictant sa loi. »

pukkelpop– 16–17–18 août // Kiewit (Belgique) Le festival revient en force après le drame de l’an dernier. L’édition 2012 semble avoir brillé tant par son organisation que sa programmation, dont Morgane a été très satisfaite : « De tous les groupes que j’ai pu voir, ceux qui m’ont le plus impressionnée sont letlive et Enter Shikari, à voir absolument une fois dans sa vie ! J’ai aussi été agréablement surprise par le groupe de doom métal suédois Ghost dont la présence quasi mystique des membres collait parfaitement à leur musique. En vrac, j’ai adoré les sets de Bush, Young Guns, All Time Low, Cancer Bats, The Gaslight Anthem, Yashin, The Hives et Deaf Havana. “ Seul bémol selon elle, le set d’Apocalyptica qui s’est (trop ?) largement appuyé sur des reprises de Metallica, ainsi que celui de Snoop Dogg qui semble avoir du mal à se renouveler en live.

ROCK en seine – 24–25–26 août // Saint-Cloud (92) Une édition en demi teinte cette année selon Fanny : « Un line-up quelque peu décousu, avec beaucoup de groupes à découvrir, mais assez pauvre finalement en grosses pointures. » Pour elle les sets marquants de ce fest sont sans conteste ceux de Billy Talent et de Placebo pour leur énergie, ainsi que Noël Gallagher, The Black Keys et Green Day. Quelques surprenantes découvertes live également, notamment The Knux, The Temper Trap, avec un set enflammé, même si le son laissait à désirer, et surtout Ed Sheeran : « Une voix sublime et une présence scénique que peu peuvent se venter d’avoir, c’était le concert à ne pas manquer ». L’impression générale est limitée cependant, notamment du fait de nombreuses prestations moyennes : « Stuck in the Sound, The Dandy Warhols, autant de groupes de qualité mais qui n’en ont pas suffisamment pour électriser une foule de festival » . Une programmation au final un peu tiède, mais Fanny ne regrette pas son week-end, malgré la pluie.

• pauline rivière 11


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L’actu en bref 1/ Stone sour en dit plus sur son nouvel album Alors que le groupe de Corey Taylor prépare actuellement la sortie d’un double-album sous le nom de House Of Gold And Bones, dont la première partie est prévue pour le 22 octobre prochain, Stone Sour dévoile deux premières chansons : « Gone Sovereign » et « Absolute Zero ». La tracklist ainsi que l’artwork de l’album sont à consulter sur le site.

2/ une date pour le nouvel opus de soundgarden Après seize ans de silence, c’est désormais officiel : une nouvelle galette de Soundgarden verra finalement le jour le 13 novembre prochain ! Le guitariste du groupe, Kim Thayil, commente : « Cela confirme que l’on sait toujours faire du rock, que nous sommes toujours heavy et toujours un peu bizarres. » Prometteur !

3/ Green day dévoile un second titre Le trio mené par Billie Joe Armstrong fait en ce moment beaucoup parlé de lui, et pour cause : Green Day sortira le premier volet de sa trilogie, ¡Uno!, le 25 septembre prochain. Histoire de nous faire patienter, le groupe a dévoilé un second extrait de l’album avec le titre « Kill The DJ » aux consonnances étonamment pop. Par ailleurs, le clip de « Oh Love » est également à découvrir sur le site.

4/ nouvel album de all time low pour octobre Don’t Panic, la prochaine galette d’All Time Low, sortira le 9 octobre prochain via leur ancien label, Hopeless Records. Après avoir dévoilé un premier titre, « The Reckless And The Brave », la bande à Alex Gaskarth dévoile cette fois-ci « For Baltimore » en écoute sur le site.

5/ muse dévoile 2 nouvelles chansons Après avoir dévoilé le titre « Survival », hymne des Jeux Olympiques de Londres, le trio britannique nous présente cette fois le surprenant « Unsustainable » - au fort penchant dubstep - ainsi que « Madness ». The 2nd Law sort le 1er octobre dans l’Hexagone et artwork & tracklist de l’album sont à découvrir sur le site.

+ ON EN A PARLé

+ www.playsound.fr/news/

Papa Roach fera son retour chez les disquaires dès le 2 octobre prochain avec son nouvel album The Connection. Un premier titre, « Still Swingin », est d’ores et déjà disponible.

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FIL ROUGE du nouveau pour anberlin

my chemical romance broie du noir

Deux ans après leur opus, Dark Is The Way, Light Is The Place, le groupe Anberlin est aujourd’hui prêt à sorti son successeur portant le nom de Vital et produit par leur ami de longue date, Aaron Sprinkle. Deux premiers extraits, « Self-Starter » et « Someone Anyone », ont d’ores et déjà été révélés par le groupe.

Gerard Way, le chanteur de My Chemical Romance, a donné quelques infos sur le 5ème opus de la formation, toujours en cours d’enregistrement. Il explique que ce disque sera “très sombre” et que les travaux créatifs le concernant avancent relativement vite. De quoi espérer une sortie fin 2012/début 2013 ?

Un cd/dvd live pour you me at six

The Xx révèlent un second titre

À l’occasion de leur dernière date promotant leur album Sinners Never Sleep le 8 décembre prochain à Londres, les britanniques de You Me At Six ont révélé que le concert sera filmé dans le but de sortir prochainement un CD/DVD live.

Peu après avoir dévoilé un premier extrait intitulé « Angels », le groupe indie The xx laisse de nouveau échapper un nouveau titre, cette fois-ci intitulé « Chained ». Coexist, second album du groupe, sortira le 10 septembre prochain.

Nouveau titre de the maine en ligne

panic! at the disco désormais à trois

The Maine ont mis en streaming un nouveau titre, « You’ll Never Know », disponible sur le site. Le groupe sortira son nouvel EP The Good Love le 11 septembre prochain, et l’enregistrement d’un 4ème opus est également à prévoir d’ici l’automne prochain.

Suite au départ de Ryan Ross et Jon Walker en 2009, Panic! At The Disco n’était longtemps plus qu’un duo, composé de Brendon Urie et de Spencer Smith... Mais c’est dans un tweet de Dallon Weekes, leur bassiste de tournée, qu’on apprend que celui-ci intégrera désormais officiellement le groupe. Tous les trois prépareront donc ensemble le successeur de Vices & Virtues sorti en 2011.

Les red hot’ dévoilent deux inédits Les Red Hot Chili Peppers avaient annoncé il y a peu la diffusion de 18 titres inédits dans le courant des six prochains mois, et les deux premiers, « Strange Man » et « Long Progression », sont désormais disponibles à l’écoute sur le site.

incubus entre en hiatus Brandon Boyd a dernièrement annoncé dans une interview le hiatus de Incubus pour une durée indéterminée, le chanteur souhaitant prochainement lancer un album solo. Le groupe devrait toutefois revenir en 2013.

we are the in crowd s’offre une deuxième galette Les nouveaux venus de la scène pop/ punk américaine, We Are The In Crowd, a annoncé qu’elle entrerait en studio dès janvier 2013 afin d’enregistrer son second album, préalablement composé à l’automne prochain. Ce disque fera donc suite à leur debut album, Best Intentions (2011).

Retrouvez fichiers audios et clips sur notre site web : www.playsound.Fr

bientôt le retour des libertines ? La rumeur commence à devenir assez récurrente ces derniers temps, mais il semblerait bien que Carl Barat et Pete Doherty se remettent tous deux au travail ensemble. Ce dernier, qui était jusqu’à depuis peu en désintox en Thaïlande, a confié à l’émission Hernu & Harris Unhinged qu’il avait “parlé à Carl et qu’il allait venir à Paris”, avant d’ajouter qu’ils “retourneraient peutêtre en Thailande ensemble pour écrire de nouveau”. Affaire à suivre. 13

QUeen of the stone age viennent d’annoncer leur entrée en studio. Il s’agira de leur 6ème album.


Playsound le mag • sept 2012

dossier

Folk, electro : les contraires s’attirent On ne les compte plus, ces jeunes filles en (robe à) fleurs et leur guitare. Elles sont brunes, elles sont belles et elles posent dans des champs de blé ou contre un arbre. A leurs côtés, des mecs à barbe ou en chapeau, et des groupes faussement vintage. La folk réinvesti le paysage musical. Paradoxalement, le monde n’aura jamais été aussi électro. Tout le monde le fait, tout le monde s’y met. Les rappeurs de Black Eyed Peas se mettent à la dance sous la houlette de David Guetta ; le chanteur de System Of A Down Serj Tankian s’essaye aux synthés et à la boite à rythme ; Korn s’acoquine de Skrillex et fait dans la dubstep avant d’être suivi par Muse. Et ce ne sont que des exemples parmi d’autres. Comment expliquer l’engouement pour ces tendances qui coexistent dans les charts malgré leur régime de vie radicalement différent ? Les uns boivent du lait de soja quand les autres se dopent au Redbull et autres Vitamin Waters ! La folk, dans son aspect plus « contemporain », est déjà centenaire. Son heure de gloire, chacun la connait : les 60’s où le folksong s’inspire du rock’n’roll et se fait contestataire face aux évènements qui agitent les Etats Unis. Puisqu’elle s’inspire de la musique folklorique, la folk se joue débranchée, évidement. On caresse les cordes de la guitare ou les touches du piano, on suscite le sentiment, encore aujourd’hui. La révolte a simplement laissé sa place à l’amour. Chez les autres au contraire, les fils trainent partout. L’électro est branchée H24, les écrans LCD des ordinateurs portables brillent dans la pénombre. Depuis que Moog a popularisé le synthétiseur et Dave Smith inventé la boite à rythme et le MIDI, le genre s’immisce partout, et les progrès technologiques ne font que le faire évoluer. 14

Effet boule de neige, l’électro prend de l’ampleur et grossit au fil des années et explose en des tas de sousgenres. Les clubs sont remplis, les basses pulsent, le stroboscope est déchainé. En apparence tous les oppose. En apparence seulement. Leur point commun, c’est aussi la recette de leur succès : leur accessibilité. Un synthé ou une guitare. Point. Pas besoin de plus ! La recette est simple et peu coûteuse : la folk autant que la musique électronique ne nécessite ni grand matériel, ni même de la compagnie. Quiconque après plusieurs années de pratique et un tant soit peu de talent peu poster sa vidéo sur Youtube, sa compo sur Myspace. Ce sont deux genres à la portée de tous, et qui plaisent donc forcément. Ensuite, les raisons de leur succès divergent. Ce ne sont pas les générations précédentes qui diront le contraire : la musique se radicalise. Plus le temps passe, plus on ressent le besoin de faire du bruit, et d’en écouter ! Les jeunes s’entassent dans les boites pour sentir leurs tympans cogner et leur cœur vibrer en harmonie avec les BPM1. De par ses artifices, l’électro est quasi la seule à pouvoir cogner si fort. Besoin de se vider la tête, lâcher tout contrôle sur son corps, peu importe : nous ne sommes pas là pour une étude sociologique, mais le fait est que l’heure n’aura jamais été autant à la fête. Pour la folk cependant, c’est un besoin d’authenticité dans un monde (pas forcément que musical) formaté et sous le joug des apparences. C’est le rayon bio du supermarché musical, un retour aux choses saines. Comment mieux alimenter ses oreilles, et se tourner vers le passé pour mieux envisager l’avenir, quand l’électro y fonce tête baissée. • Martin van boxsom


Playsound le mag • sept 2012

dossier

La toile, une chance pour la musique On lie souvent internet à la crise de l’industrie du disque, et ce à juste titre. A juste titre également, on argue qu’internet est un moyen de promotion qui permet aux groupes émergents de se faire connaître facilement, etc... Une affirmation qui est juste mais peu profonde. Et si on creusait un peu plus loin dans la réflexion pour savoir l’impact qu’a internet sur la musique amateur, pour le meilleur et pour le pire, sur tous les plans ? Et si internet changeait la face de la musique amateur ? Si aujourd’hui on envoyait encore des demos enregistrées sur des cassettes aux fanzines et aux radios indépendantes, tout serait pareil ? Un outil de diffusion peut-il influencer la création ? Si on regarde de plus près, c’est certain. Il faut se rendre à l’évidence : des sites comme MySpace ont créé multitude de groupes. Maintenant, pour certains, la création d’un MySpace précédait nécessairement la publication des premières demos, puis de même avec l’avènement de FaceBook ou twitter. L’explosion des réseaux sociaux au XXIème siècle a été utilisée par certains adolescents pour créer une autostarification de leur groupe et de leur personne, et par là, une dévalorisation de la musique en général : ce qui est important ce n’est plus de jouer à la

fête de la musique mais de faire parler de soi sur Facebook. Il n’est alors plus question de promouvoir de la musique mais de se promouvoir, avec la musique comme prétexte. Il suffit de regarder l’importance donnée aux trailer, évènements facebook, photoshoot pour s’en convaincre... Et les bons côtés d’internet dans tout ça ? Il serait malhonnête de dire qu’il y en a aucun. En effet, aujourd’hui on ne compte plus le nombre de petits groupes de rock que l’on découvre grâce à internet, pour ensuite les découvrir sur scène... On peut aisément découvrir autant de musique qu’on veut, et surtout choisir ce qu’on veut découvrir : la palette de musique à disposition de l’internaute est plus large, il y en a pour tous les goûts. Du côté de l’artiste, tout devient alors plus simple, ne serait-ce qu’au niveau de la distribution. Comment partager et vendre sa musique dans les années 90 ? A part les fanzines, les radios indépendantes, tout se jouait avec des concerts, et là encore il faut avoir de quoi presser son disque. Aujourd’hui, on peut très aisément s’autodistribuer via iTunes ou d’autres sites de ventes de musique accessibles à tous. Ce qu’on observe, de manière générale, c’est une démocratisation de la musique : tout est accessible à tous. Tout le monde peut faire partager sa musique, tout le monde peut y ac15

céder, quelques clis et le reste se fait tout seul. Qui dit accessible à tous dit accessible à n’importe qui... Peut-être, espérons le, que bientôt l’euphorie cessera et qu’internet sera au service de la musique et seulement de la musique, qu’on verra la fin des impostures ? Rien n’est moins sûr...


Playsound le mag • sept 2012

INTERVIEW

The Menzingers

© Billboard

Comment avez-vous commencé ? Quelles sont les origines du groupe ?

Le public change-t-il vraiment entre les différents pays ?

attendez... Il existe encore des gens qui écoutent Yellowcard ?!

Nous avons réellement commencé dans le garage des parents de notre bassiste, comme la plupart des groupes. Nous étions principalement intéressés (et c’est toujours le cas) dans la recherche de ce moment très particulier du concert où tu deviens si heureux d’être vivant que plus rien au monde ne compte.

Oui, vraiment, c’en est parfois difficile à croire. C’est ce qui donne à l’Europe ce charme unique.

En tournée, qu’écoutez-vous ? Comment vous détendez-vous ?

Quelles sont vos principales inspirations ? Vous avez tourné avec Against Me!, The Gaslight Anthem, etc. Est-ce que ça a influencé votre son et votre façon de concevoir la vie en groupe ? Nos principales influences sont très variées mais nous sommes arrivés à trouver un bon équilibre entre The Clash, The Replacements, ou même Against Me!. Au final, cette question a une réponse infinie, tant la musique, la littérature, les amis, la famille et les voyages nous ont forgés et ont fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui. Comment se passe votre tournée ? Qu’attendez-vous du public français ? Tout se passe vraiment bien! J’adore la France, Paris est une de mes cinq villes préférées au monde. J’attends donc de bons cafés, des serveurs ronchons, du bon vin au bord de la Seine, le tout sans être capable de trouver une place de parking.

Rêveriez-vous de collaborer avec certains groupes ? Je rêve de tourner avec Alkaline Trio. Ils sont ma petite liste des groupes avec lesquels tourner. Il y aurait bien aussi The Hold Steady et Lucero avec qui on adorerait tourner. Votre dernier album a été extrêmement bien accueilli par la presse spécialisée. Certains fans du genre le préfèrent même aux derniers The Gaslight Anthem et Yellowcard en tant qu’album de l’année. Comment vivez-vous cette réussite ? C’est vraiment fou en soi. Savoir que les gens aiment autant le groupe, et y croient autant que nous-mêmes nous affectent, bien sûr, d’une façon des plus positives. Quand on y pense, on ne serait pas capable de faire autant sans tout ce soutien et ces accueils favorables. C’est vraiment flatteur de voir la presse et les fans ont tant apprécié notre album, mais savoir qu’il est meilleur ou moins bon que celui de Yellowcard ou de The Gaslight Anthem ne me pousse pas à donner plus, nous devons déjà le meilleur de nous-mêmes. Mais 16

Tout dépend du stade d’avancement de la tournée. En général, on en profite pour nager, faire un peu de skate ou flâner dans la ville dans laquelle on se trouve. Actuellement, on écoute beaucoup de Pedro the Lion. Et ce à la maison comme en Europe. Quels sont vos projets pour 2013 ? Nous espérons sortir un nouveau album, le tout dans l’année de notre quart de siècle vécu.

+ www.playsound.fr/ITw/

“Je rêve de tourner avec alkaline trio.”


Playsound le mag • sept 2012

focus

THE GASLIGHT ANTHEM Le New Jersey. Un état de contrastes saisissants dans lequel, à quelques miles des mégalopoles américaines aux néons déflagrateurs, des surprises générationnelles émanant de suburbs fatiguées et ruinées viennent balayer d’un revers sans appel quiconque oserait qualifier ce petit bout des EtatsUnis de cimetière culturel. Quelques décennies après Bruce Springsteen, Brian Fallon et ses comparses ont ainsi décidé de rendre au bastion démocrate de l’Est des Etats-Unis toutes ses lettres de noblesse, à coups de Dr Martens poussiéreuses, de Gibson rouillées achetées d’occasion à des fermiers briscards et de jeans Levi’s usés par les nuits humides passées dans les bus et les troquets. Le pari de The Gaslight Anthem est à la fois louable et paradoxal : devenir un collectif fédérateur tout en clamant haut et fort son appartenance à l’Amérique, la vraie, celle des audio tapes sifflantes accumulées dans les Ford Diesel et des drapeaux américains tatoués sur les pectoraux saillants et usés des sidérurgistes qui ont forgé la reconnaissance de l’art de l’effort à coups de marteaux écrasants et ruisselants. Après quatre albums magistraux, encensés par la critique et la blogosphère et plusieurs tournées mondiales discrètes, The Gaslight Anthem revient. Suite à l’éclipse sublime et ténébreuse The Horrible Crowes, et Brian Fallon mène sa troupe dans une authenticité on ne peut plus complète et profonde avec un album écrit entièrement à la main, et enregistré à l’ancienne, Handwritten. A une époque où les albums défilent davantage sur les sites de torrents que sur les charts nationaux et les radios standardisées, la démarche des descendants du sacrosaint Boss se veut des plus risquées. Et pourtant. Handwritten se veut d’ores et déjà un monolithe, et ce à de multiples niveaux. En premier lieu, cet opus n’a rien d’inégal (la nouvelle reproche préférée de nos confrères), il est d’une régularité déconcertante, d’un niveau céleste dès les premières carresses du

médiator de Rosamilia sur l’hymne survivaliste 45 aux derniers accords du magnifique National Anthem que Fallon interprète seul, dans une simplicité renversante, avec de simples cordes comme alliées éternelles dans les tourments d’une industrie dévastée. Handwritten n’est pas non plus trop court, non, car les bonus tracks viennent dynamiter Tom Petty et Nirvana, et nous offrent même une des meilleures chansons de l’album, avec Blue Dahlia, morceau sur lequel nos chevilles ne peuvent s’empêcher de se garnir d’ailes nous donnant envie de rythmer notre quotidien aux compositions cicatrisées du groupe. La chanson titre est comme un réveil à l’hôpital après une opération salvatrice : une odyssée de quatre minutes où la voix rauque de Fallon nous emmène aux tréfonds de nous-mêmes, et nous invite à serrer des poings en fonçant aveuglément vers des horizons plus qu’incertains. Mae, Keepsake ou encore la pépite survitaminée Howl résument nos émotions. The Gaslight Anthem atteint l’objectif ultime : produire une œuvre si complète qu’on s’y sent chez soi, qu’on y contemple nos échecs comme de simples marches glissantes vers un avenir sans nul autre pareil, qu’on y retrouve ce qui faisait de nous cette personne si bien qu’on regrette tant. Ce disque (et pas ce fichier .rar) est une épopée moderne que nous ne souhaitons à personne de rater. Comme un train sans correspondance vers l’Olympe, il hisse le drapeau Américain plus haut que les aigles qui l’accompagnent sur les t-shirts kitsch. Elle l’installe au fin fond de ce qu’il y a de meilleur en nous, et qui fait nous ce que nous sommes, de simples écrivains de nos propres histoires, celles qui garniront ces vieux albums photos poussiéreux qui porteront nos fantômes gardiens comme cet album porte l’espoir d’un lendemain meilleur. Every word handwritten. • emmanuel van elslande 17


Playsound le mag • sept 2012

Selection ps

bloc party four produit par Alex Newport musiciens Kele Okereke, Russell Lissack, Gordon Moakes, Matt Tong label French Kiss Records sortie 21/08/12 Exit les arrangements électro utilisés trop abondamment par le passé, Welcome les gros riffs de guitare ! Retour gagnant pour Bloc Party, qui avec Four, prouvent qu’ils sont toujours dans l’air du temps et qu’une place de choix dans le paysage electro-rock leur est toujours réservée. On pourrait cependant critiquer ce virage si “métallique” et le manque d’homogénéité de l’album mais la puissance et la sincérité des quelques 12 titres efface cet écart de conduite. Un retour en force qui nous laisse présager un futur Five tout aussi surprenant. On aime : V.A.L.I.S, We Are Not Good People

• Fabien Gallet

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Playsound le mag • sept 2012

cRITIQUESalbums de grosses publications ont marqué ce mois d’août 2012, & autant vous dire tout de suite que la rentrée s’annonce massive. Prochaines Sorties : imagine demons - night visions (04/09/12) // Billy talent - Dead Silence (07/09/12) // BOB dylan - Tempest (10/09/12) // The killers - Battle Born (17/09/12) // BB brunes - Long Courrier (24/09/12) // Green day - ¡UNO! (25/09/12) // Muse - The 2nd law (01/10/12) // Matt & Kim - Sidewalks (02/10/12) Et aussi : MGMT, he shins, bullet for my valentine, deftones, aerosmith...

The vaccines come of age

The darkness hot cakes

Cette nouvelle aventure solo nous donne une impression de manque d’inspiration flagrant de la part des Vaccines et nous laisse sur notre faim avec un goût d’inachevé. Bien qu’une bonne partie de l’album est réussie, cette pseudo maturité prônée par le groupe a chassé une certaine forme d’insouciance et de naïveté autrefois appréciable sur leur premier album.

Après six ans de pause, le groupe de hard ultra glam sort son troisième album, Hot Cakes. Dans la même veine que leur single “I Believe In a Thing Called Love”, les quatre anglais offrent un rock totalement décomplexé inspiré par Queen, AC/DC, Thin Lizzy et autre Aerosmith. Un dernier bon gros coup de soleil qui donne une fin en “sex, drugs et rock ‘n’ roll” cet été 2012.

On aime : Teenage Icon, No Hope, I Always Knew

On aime : With a Woman, Concrete

owl city

metric synthetica

the midsummer station

Owl City s’est toujours revendiqué d’influence électro, et cela était auparavant au service de l’univers crée par Adam Young. Dans The Midsummer Station, cet emploi beaucoup plus lourd de l’électro paraît au contraire desservir ses compositions. Cet album, mis à part un ou deux titres, ne va intéresser que les fans d’Owl City, et encore. Pour les autres, écoutez plutôt les deux premiers albums..

Synthetica est un peu à l’image de « Breathing Underwater » : une montée en puissance, douloureuse et agréable à la fois, un juste compromis entre guitares et synthétiseurs ; le tout, solidement appuyé par de charmantes performances vocales et des pistes batteries solides et soignées. Définitivement le chef d’oeuvre de Metric.

On aime : Dementia

On aime : Lost Kitten, Clone 19


Playsound le mag • sept 2012

LE MAG’ _________________________

Numero 3

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