Inde 1973 par Jocelyne

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Voyage en Inde Népal Cachemire en 1973 BOMBAY - UDAIPUR - JAIPUR - DELHI AGRA - KHAJURAHO - BENARES LE NEPAL - LE CACHEMIRE DELHI - ET LE RETOUR

Auteur : Jocelyne Pruvot 1


Ce récit a été écrit entre 1973 et 1974. Ce voyage était le premier que je faisais, je n'avais été qu'en Angleterre et aux Etats Unis. En me relisant, j'ai ri sur pas mal de choses que j'avais écrites à cette période là où je ne connaissais pas grand chose du monde. Samedi 1er Septembre 1973 – Le vol Orly. Nous sommes vingt dans le groupe Payscope à faire connaissance devant le comptoir de Swissair. Nous allons nous envoler vers l'Inde. Nous prenons d'abord un vol qui nous conduit en une heure à Genève, un DC9. Déjà dans la file d'attente, un beau turban sur la tête d'un Indien nous donne un avant goût de l'Inde. Nous décollons à midi. L'avion survole les Alpes. A Genève, nous embarquons sur un DC8 de la Swissair qui va nous mener jusqu'à l'Inde. Seulement, nous ne nous attendions pas à visiter toute l'Europe pour arriver à Bombay ! En 30 mn nous atteignons Zurich, où l'avion fait une première escale. Nous devons descendre de l'avion, pour nous soumettre à une fouille. Cette fouille se produira dans chaque aéroport, et surtout en Inde. De Zurich nous allons vers notre deuxième escale, en 1 hre : Vienne. On survole Munich, Salzbourg, mais on ne voit rien. A Vienne le ciel est gris et un petit vent nous cingle. Puis troisième escale : Athènes, en 2 hres de vol. La nuit tombe, et je ne verrai Athènes que dans le noir. Notre vol est assez agité, des "turbulences". Au cours de la descente sur Athènes, je distingue malgré tout un port très découpé, illuminé, et je cherche, désespérément l'Acropole. A Athènes, nous prenons déjà une heure de décalage horaire. Nous sommes obligés de rester à bord. Sur la passerelle, il fait un temps formidable, et 25 degrés. Nous avons quitté Paris à midi, et il nous aura fallu ... 8 hres ! pour rejoindre Athènes. Je fais connaissance sur la passerelle, d'un Indien qui venait des Etats Unis. Je fais aussi connaissance avec l'Anglais des Indiens, j'ai un mal fou à le comprendre : il prononce les "w" comme des "v", il roule les "r", et quand je pense que j'ai eu tant de mal pour m'habituer à prononcer les "th", j'entends ce cher Indien les prononcer comme des "t". Ses questions sont assez étonnantes : combien me coûte le voyage, combien je gagne par mois. Il a bien pris les habitudes américaines celui-là ! Ensuite c'est le vol le plus long, Athènes/Bombay, en 6 hres. La nuit est tombée. On baisse les stores, ils éteignent les lumières, et on s'efforce tant bien que mal, de dormir quelques heures. On nous annonce qu'on va survoler Istanbul, Téhéran, Karachi, mais on ne verra rien. A côté de moi, est monté à Athènes, un Allemand très sympathique, mais c'est seulement au matin, en lançant un "excuse me", que nous nous rendons compte que nous pouvons discuter ... en anglais. J'oubliais : entre midi et 10 heures le lendemain matin, nous avons englouti quatre repas complets.

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Dimanche 2 Septembre 1973 – Arrivée à Bombay Faryas Hôtel

C'est la descente sur Bombay. Nous reculons nos montres de 3h1/2. Il y a en tout un décalage horaire avec Paris de 4h 1/2. Au cours de cette descente, la vue est incroyable, il y a de l'eau partout, sale, verdâtre, rougeâtre, boueuse, des flaques énormes presque comme des lacs, une rivière très large. Je quitte mon voisin Allemand, qui, lui, allait passer ses vacances à Bangkok et à Hong Kong. L'aéroport de Bombay est tout petit, comme un aéroport de province. Il n'y a pas de tourniquet ni de tapis roulant pour sortir les bagages. Les officiers de police se noient sous une pluie de paperasseries ridicules, ils recopient des tonnes de choses, apposent des tas de cachets. Je me souviens qu'à New York, ils faisaient simplement une photocopie du passeport.... Première vision de l'Inde de l'intérieur de l'aéroport. Des gens, au loin, qui regardent les avions atterrir. Cela me rappelle le film d'André Cayatte "Les Chemins de Kathmandu, quand son héros débarque en Inde. Après être passée par toutes les formalités, et avoir découvert que le Dollar valait 7,55 Roupies, que la Roupies valait 0,70 FF, qu'il était plus intéressant de venir en Inde avec des Travellers cheques qu'avec du cash, car les Travellers étaient changés à un taux supérieur, tout au moins sur le marché "officiel", après avoir vu mes bagages sortir et prêts à être embarqués dans le car, je mets mon nez ... dehors. C'est irréel. J'ai l'impression de voir un film, et que ce n'est pas moi qui me trouve réellement "là". J'ai l'impression e me trouver au moins 1000 ans en arrière. Nous montons dans un tout petit car, grand comme une petite camionnette. Je suis surprise, je supporte bien cette chaleur, même humide. Il y a un petit vent tout à fait agréable. On m'avait bien prévenue que l'aéroport se trouvait proche des bidonvilles, mais je ne m'imaginais pas ce que je vois. Le choc. La vision est effroyable, et l'envie de pleurer me prend. je me sens très mal à l'aise, et me demande dans quelle galère je me suis embarquée. Le trajet n'en finissait pas. L'arrivée à l'hôtel est un soulagement. Toujours, il y aura deux mondes, celui de l'hôtel, la civilisation, l'européanisation, et le monde de la rue, qui est l'Inde. Première chose que je fais, je prends une douche. La chambre est agréable, climatisée, avec radio, téléphone, tout confort. Ce sera le refuge, mon refuge, bien nécessaire en ce premier jour. Je me ressourcerai dans cette chambre, et en prenant mon courage à deux mains, j'irai affronter les rues, la foule, le bruit, la saleté et la misère indiennes.

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BOMBAY Une fois rafraîchie, il est 11 hres et il nous reste quelques heures de libre avant le déjeuner. Nous décidons de descendre dans la rue. Premier contact avec l'Inde. Première chose effroyable : les klaxons. Il paraît que dans toute l'Asie, les gens adorent klaxonner. C'est vrai qu'à Paris, nous sommes habitués à l'interdiction de klaxonner, et que quand des automobilistes énervés se mettent à rugir, nous les traitons de fous. Ici, c'est un concert de klaxons, atroce, sans arrêt, c'est terriblement fatigant.

Le marché

A côté de l'hôtel se trouve un espèce de marché. L'hôtel quoi que de haut de gamme, ne se trouve pas dans un des quartiers les plus chics de la ville, et non plus dans l'un des plus moches. Mais nous hésitons un peu à nous faufiler dans les ruelles de ce marché. Des chemins en terre, des étalages par terre, beaucoup de fruits, envahis par les mouches, des balançoires "romaines", des maisons délabrées, des flaque d'eau partout, de la boue, des enfants qui nous regardent de leurs grands yeux. Nous logeons ensuite l'océan, de l'eau sale, grise, pire que la vision que j'avais eue l'an dernier du Pacifique. Nous sommes alors assaillis par les gamins qui viennent mendier. Ils nous collent, nous ne pouvons nous en débarrasser. Ils nous implorent de leurs grands yeux noirs, en nous montrant leur bouche et leur ventre. Ces gamins ont le don pour vous rendre malade face à leur misère. Ensuite, on est harcelé par le charmeur de serpent, qui nous répète que son serpent "has no teeth", et nous demande un backchich. Nous devions vraiment avoir l'air, en ce premier jour en Inde, de touristes débarquant et plein de fric. Nous avons beau traverser et re-traverser la rue, au risque de se heurter à une voiture, car elles non plus, nous ne savions pas d'où elles surgissaient. En longeant ainsi l'océan, nous arrivons sur une grande place où beaucoup de gens se promenaient, et me souvenant des guides et récits que j'avais lus, je réalise que ce monument gris et laid en face de moi, qui surplombe l'océan, devait être la fameuse Porte de l'Inde. je l'ai trouvée horrible et laide la première fois que je l'ai vue. Ensuite je l'ai mieux acceptée. Et quand j'aurai vu la Porte de l'Inde de Delhi, je trouverai que celle de Bombay est magnifique.

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Bombay La mousson

Au cours de cette promenade, j'ai pu connaître ma première pluie de mousson. Quelques gouttes légères, et puis, d'un coup la grosse averse qui s'abat.

Vite, j'ouvre mon parapluie, bleu à marguerites blanches, qui fait sensation auprès des Indiens, qui, eux, ont ouvert leurs parapluies tout noirs. Ma copine enfile son imperméable transparent à pois, et son petit chapeau. Tout le monde autour de nous se marre. Le temps que nous nous équipions, et la pluie avait cessé.

Par la suite, nous abandonnerons parapluie et imperméable, et ferons comme les Indiens : nous nous abriterons simplement sous un porche ou sous un arbre, en attendant que la pluie cesse. Les averses durent cinq minutes, et aussitôt le soleil luit, et tout sèche. Ce n'est pas désagréable, au contraire. C'est une pluie chaude, et malgré ça, elle apporte un peu de fraîcheur pendant cinq minutes. il tombe ainsi à Bombay, cinq, six, averses par jour.

Premier repas indien

Excellent. Nous commençons par une soupe. Nous faisons bien attention à ce que la bouteille d'eau qui nous est servie soit bien décapsulée devant nous. Nous découvrons le pain indien, une espèce de crêpe frite à l'huile, qui gonfle comme un beignet, et se raplatit ensuite, et nous en raffolons. Le dessert est bien crémeux.

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Bombay L'après-midi

Elle est consacrée à une visite guidée de Bombay. Nous montons dans deux petits cars, qui dans le fond ne sont pas si moches que cela, et sont plus intimes que les grands Pullman, ou les "Continental Trailways".

Le Musée

Nous allons d'abord visiter le Musée de Bombay. Visite très rapide. Il faut voir une galerie consacrée aux miniatures, qui est célèbre dans toute l'Inde.

Les tours du silence

Nous voyons ensuite une reconstitution d'une tour du silence. C'est du haut de ces tours que les Parsis déposent leurs défunts, dont les corps finiront par être dévorés par les vautours. Car, pour les Parsis, le feu est sacré, et ce serait un sacrilège que de brûler les morts. Il y a trois rangées concentriques avec les emplacements pour les corps : pour les hommes, les femmes, et les enfants. Lorsque l'on voit dans la ville des vautours tourner en rond, quelque part, à un emplacement précis, on peut se dire qu'il y a là une tour du silence.

Un temple Jaïn

Nous allons ensuite visiter un temple Jaïn. Un service religieux est en cours. Les Jaïns sont une secte qui refuse de tuer quoique ce soit, même les insectes. pour cela, certains portent un morceau de gaze devant la bouche. Ils vénèrent un dieu représenté par une statue d'or.

Les jardins de Malabar Hill

C'est un lieu de promenade très agréable. les arbres sont taillés en forme d'animaux, une taille que l'on retrouve souvent en Inde. Du jardin, nous apercevons justement une ronde de vautours survolant ce que nous pensons donc être une tour du silence. Nous découvrons aussi, en train de se promener, ceux qui vont nous ravir tout au long du voyage : les Sikhs.

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Bombay Les Sikhs

Les Sikhs sont ces Indiens qui portent ce fameux turban. Ils sont en général magnifiques, ont un regard perçant, d'autant plus mis en valeur par les couleurs de leur turban, et leur beauté se détache de l'ensemble des autres Indiens. Les Sikhs appartiennent à une secte religieuse particulière. leur religion est abstraite. C'est plutôt une philosophie qu'une religion. Ils se reconnaissent à cinq signes spécifiques, dont le plus étonnant est qu'ils ne doivent jamais se couper ni les cheveux, ni la barbe. Jamais nous n'avions auparavant observé un Sikh de près, et quand on les regarde bien, on découvre de chaque côté de leur barbe, de petits filets presque invisibles, dans lesquels ils entortillent le reste de la longueur de leur barbe. De même sous leur turban, on découvre un petit chignon dans lequel ils entortillent la longueur de leurs cheveux. Maintenant, certains d'entre eux se coupent la barbe, mais le petit chignon est toujours là, et les jeunes Les Sikhs de 15 ans sont assez comiques, car ils ne portent pas encore le turban, mais ils entourent leur chignon dans ce qu'on pourrait appeler un mouchoir blanc attaché par un petit ruban.

La maison de Gandhi

Nous allons ensuite visiter la maison de Gandhi. Là, les photos et les documents exposés retracent sa vie. On nous montre sa chambre à coucher, qui ressemble à une chambre de moine. Nous passons ensuite devant une tour du silence, mais ne voyons pas où est l'entrée. La tour se trouve au milieu d'un jardin, et il est interdit d'y pénétrer.

L’aquarium de Bombay Puis nous allons voir l'aquarium de Bombay, qui n'offre rien de spectaculaire.

Nous repassons par Marine Drive

La promenade qui longe l'océan, traversons un quartier résidentiel de Bombay, arrivons à la Porte de l'Inde, et en face se trouve le Taj Mahal Hotel, le plus bel hôtel de Bombay. Le soir nous apprenons une nouvelle un peu fâcheuse. Nous devions quitter Bombay le lendemain matin, pour nous rendre à Ahmedabad, là où se trouve le Mont Abu. Et, Ahmedabad est sous les inondations ! Il y a eu 40 morts. L'hôtel où nous devions loger est dans l'eau ... Notre circuit est en train de se casser la figure...

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Lundi 3 Septembre 1973 – Bombay (2 ème jour) Au hasard des rues

Du coup, une journée de libre s'improvise à Bombay. Ce matin nous partons au hasard des rues. A nouveau le bruit assourdissant des klaxons nous est insupportable. En plus, les camions portent d'inscrit à l'arrière "Horn Please" . Les rues, les échoppes, les fruits recouverts de mouches, la ville qui fourmille de monde, les éclopés, dont les plus difficiles à voir, ceux qui sont sans jambes, et qui traversent les rues en se déplaçant sur leur postérieur. Les femmes vous plaquent sous les yeux leurs bébés rachitiques ou éclopés, avec un regard implorant. Tout ce spectacle incroyable, eh bien, nous devient familier. On nous a dit, un jour, que certains de ces gens se mutilaient eux-mêmes afin de mendier Quand les enfants qui viennent mendier nous délaissent quelque peu, alors, ce sont les changeurs au noir qui nous assaillent : "Change money" "Good price, eight roupies". Nous atteignons un peu de verdure, des parcs, nous entrons dans un quartier résidentiel. Ah, erreur ! C'est l'Université de Bombay ! Nous le déduisons parce que nous croisons beaucoup de jeunes gens, livres sous les bras. cela m'a toujours surprise en Inde de voir les étudiants avec deux ou trois livres sous le bars, alors qu'en France, nous transportons toujours de très gros sacs, jamais assez grands, ou des tas de dossiers et de papiers, et en plus le sac à main. Un peu perdue, je demande notre chemin. C'est bien difficile car voilà qu'on ne comprend pas mon Anglais, et je dois répéter ma phrase en m'appliquant à prononcer chaque mot distinctement. Pour traverser les rues, c'est encore une autre histoire. Nous essayons d'y comprendre quelque chose, essayons de suivre la foule qui traverse. je ne sais pas comment nous y sommes arrivés, sous le regard menaçant de l'agent de police, short et parapluie, le fameux parapluie noir qui tient tout seul, accroché à un anneau de sa veste. Quand il donne le signal, la foule, stationnée en attente sur le bord du trottoir, se lance. C'est là qu'il faut foncer, foncer sur tout le monde en face de soi, venant en sens inverse, pour essayer de se frayer un passage. ce sera à eux en face de vous éviter ... Toujours en marchant à l'aventure, nous tombons sur une manifestation. barrage de police au travers de la chaussée, cris des manifestants scandés. Et là, c'est la surprise : les manifestants, face au barrage de police, s'assoient sur la chaussée, impassibles. bel exemple de non-violence. Assez fatiguées de marcher, nous essayons de retrouver le chemin du retour, mais nous tournons en rond. Le hasard nous fait rencontrer un copain du groupe, qui est parti lui aussi de son côté, seul, à l'aventure des rues. Et lui, non plus ne retrouve plus son chemin pour rentrer. Depuis un quart d'heure, il tourne en rond. Nous réalisons alors que nous ne sommes pas si loin de l'hôtel que cela. La rue toute droite, le musée du Prince de Galles, la rue des boutiques, le vieux marché, et enfin l'hôtel Faryas.

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Bombay Excursion aux grottes de Kanehri

A l'occasion de cette journée non prévue à Bombay, une excursion aux grottes de Kanehri a été organisée. Ce sont des temples-grottes. La grotte d'Elephanta est inaccessible en période de mousson, alors, nous allons découvrir ces grottes inconnues. Nous emmenons avec nous deux jeunes Indiennes de Bombay de 17 et 19 ans, dont certains du groupe ont fait connaissance dans la matinée, à l'université. Elles ne sont jamais allées à Kanehri. Nous repassons par la route des bidonvilles. Puis nous traversons une forêt magnifique, où il y a des buffles et des paons. C'est le parc national de Sanjay Gandhi. Les grottes de Kanehri, à quelques dizaines de kilomètres au nord de Bombay, sont comme Ajanta, ou Ellora, des temples creusés dans la roche. la terre est humide, mais heureusement il ne pleut pas. Nous nous asseyons à l'entrée et nous écoutons, religieusement, la "leçon d'Histoire indienne" de notre guide, une femme de grande culture, qui s'exprime dans un Français parfait, qu'elle n'a jamais appris à l'école. Sa voix est bercée par le rythme des gouttes d'eau qui s'écoulent de la source toue proche. Les premières de ces cavernes bouddhiques datent du 1er siècle avant J.C. D'autres furent aménagées jusqu'au 9e siècle. Il y en a 109 en tout. Elles auraient été à l'origine, construites pour servir de lieu de repos aux voyageurs entre les anciennes villes de Sopara et de Kalyan, et à partir du 1er siècle après J.C. seraient devenues des lieux de résidence permanentes. Cet espace était devenu propice à la méditation et à la prière pour les moines bouddhistes Dans le courant du 3e siècle, Kanheri était devenu le plus important centre bouddhique sur la côte de Konkan. Les dons des cités voisines y affluèrent, chaque donateur espérant acquérir par ce biais, le salut. Les grottes se sont ornées de sculptures de buddhas et de boddhisattva, ainsi que de stupas. A l'entrée du temple se dressent deux buddhas immenses, non décorés, des buddhas très anciens, 4 ème et 6 ème siècle, l'époque des premières représentations du Buddha. A l'intérieur des temples, se trouvent des stupas, c'est à dire des masses de blocs monolithes qui renfermaient des reliques d'un saint : une dent, de la cendre ... Mais les stupas de Kanehri ne renferment rien. Nous visitons plusieurs temples. Le lieu est délicieux, d'un calme très appréciable.

Le soir, nous ne sortons pas. Nous récupérons.

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UDAIPUR Bombay - Ahmedabad - Udaipur (Rajasthan) Mardi 4 Septembre 1973 De Bombay à Udaipur

Réveil à 9 hres. Départ à 1 1h30 pour l'aéroport, direction Udaipur. Voila la 4 ème fois qu'on traverse les bidonvilles de Bombay. Nous ne sommes même pas sûrs que le vol aura lieu, car nous devons faire une escale à Ahmedabad, qui hier, était encore sous les eaux.

Arrivés à l'aéroport, le vol a bien lieu. Il est annoncé pour 13h30. Mais nous attendons l'avion pendant 2 hres, et nous décollons ainsi à 15h15, après être passés par l'inévitable et désagréable fouille.

Je me demande dans quelle galère je me suis embarquée. Quel avion ! L'avion est un vieux viscount, à hélices, deux hôtesses en sari pas très souriantes, pas de climatisation. On se balance de tous côtés, de droite à gauche, de haut en bas. Et on manque d'air, c'est affreux.Je ne me sens pas rassurée du tout. C'est une vieille carlingue, on se demande comment ça va tenir le coup en traversant la mousson.

17h15. On atterrit à Ahmedabad. Dans la descente, on découvre la campagne inondée, des mares d'eau. L'aéroport est trempé et il pleut encore. L'avion est stationnée au milieu de la piste. Nous restons au pied de l'avion, car à l'escale, on ne peut aller plus loin, et il y a deux soldats armés au pied de la passerelle.

On se croirait en pleine brousse, car on est très loin de l'aérogare. L'un des soldats nous dit qu'il y avait hier encore de l'eau à la hauteur des genoux. C'est très folklo, sur la piste d'envol passe un char à boeufs, à côté de l'avion ! Nous restons ainsi, 20 minutes, faisant le tour de l'avion, regardant de près comment il est construit (et si ça tiendra ...).

Et l'avion décolle pour Udaipur, que l'on atteint en 25 mn.

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Udaipur Nous quittons notre pilote moustachu, qui est venu nous demander si nous n'avions pas eu peur, avec un grand sourire. Un peu d'attente dans l'aéroport, comme d'habitude, le temps de faire sortir les valises. Une Indienne nous intrigue. Vêtue comme les Bouddhistes, elle marche de long en large dans l'aéroport, en tricotant un pull-over. Nous la regardons, elle nous regarde, elle nous intrigue. Nous quittons l'aéroport. Tiens, il n'y a pas de mendiants à la porte ! La route entre l'aéroport et la ville est inondée. Les gens roulent à vélo, sans lumière (comme dans toute l'Inde). La nuit tombe très tôt, à 19 hres, tout d'un coup, et c'est la nuit complète, il n'y a pas de période de semi-obscurité. Nous apprenons que nous ne logerons pas au Lake Hotel comme nous l'espérions. Le Lake Hotel est le plus bel hôtel d'Udaipur. C'est un ancien palais de maharadja transformé en hôtel (comme plusieurs autres). Il est situé sur une île au milieu du lac. Le Lake Hotel fait partie de la même classe d'hôtel que le Taj Mahal Hotel de Bombay, les hôtels de luxe. Son seul défaut : vu sa situation, il est assez isolé de la ville. Mais nous, nous n'avons droit qu'à la classe en dessous. Nous logerons donc au Laxmi Hotel. C'est un hôtel de style colonial, à vrai dire, pas très préparé à recevoir des touristes. Udaipur, un climat délicieux, des montagnes, mais tout est inondé, il y a des mares d'eau et des arbres dans l'eau. La ville est entourée d'une enceinte, et on y pénètre par une porte. Les gens ont l'électricité dans leurs cabanes ! (enfin, une lampe, et parfois c'est une lampe à pétrole). Les boutiques ont, elles, des tubes à néon. Il y a beaucoup de vélos. On voit des chevaux pour la première fois. La région paraît riche. On ne voit pas de mendiants. Les gens nous font des signes de salut.

Laxmi Hotel

L'hôtel se trouve au bord du lac. Une vue magnifique, des fleurs magnifiques, des crapauds, des lézards qui s'enfuient au bruit de nos pas dans les escaliers, des moustiques dans la chambre, qu'un serviteur, qui ne parle pas un mot d'anglais, vient nous tuer avec sa bombe Flytox, modèle 1930, qui nous asphyxie, tant il en vaporise. Dans la salle de bain, il faut ouvrir les robinets de la baignoire pour faire couler l'eau de la douche, et l'inverse pour la baignoire. Il n'y a que trois filets d'eau pour la douche... La nourriture est infecte. C'est l'hôtel où nous avons le plus mal mangé. les serveurs ne sont pas aimables du tout. Cet hôtel a été le point noir d'Udaipur, qui sans cela, est une merveille, parce que ce n'est pas une ville envahie de touristes.

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Mercredi 5 Septembre 1973 – Udaipur La ville

Les rues font penser à l'Afrique, et aux pays musulmans. les femmes sont très différentes ici. Elles ne portent pas le sari mais une jupe et un voile, souvent rouge, avec lequel elles se cachent le visage quand elles nous voient. Leur faciès est différent. Elles portent des anneaux dans le nez et beaucoup de bijoux. Elles marchent pieds nus. Les enfants sont adorables. Quand nous passons, ils nous lancent des "Good morning". Cela se fait beaucoup en Inde. Que ce soit le matin ou le soir, les enfants nous disent toujours "Good morning", et nous leur répondons "Good morning".

Les jardins du Maharana

Nous allons d'abord visiter les jardins du maharadja, ou plutôt, du maharana, car, nous raconte le guide, lors de l'invasion moghole, tous les maharadjas se sont soumis, sauf celui d'Udaipur. Le mot "maharana" signifie "au-dessus du maharadja", supérieur au maharadja. Il n'y a qu'à Udaipur, qu'il se nomme ainsi, maharana. Nous nous trouvons aux côtés d'un groupe de touristes Indiens. les femmes se cachent le visage. On nous montre le siège du maharana, et en face, celui des jeunes filles qui dansaient autour du bassin ...

Le musée d'Udaipur

Puis nous allons visiter ce qui est fait l'intérêt d'Udaipur, son musée. Une grande partie est consacrée aux marionnettes. La troupe d'Udaipur a fait le tour de l'Europe, et a gagné un prix à un concours mondial. Ce sont des poupées magnifiques (ne pas oublier d'en rapporter une) et nous assistons à une démonstration. Il y a aussi une salle où sont exposées des photos représentant les costumes des diverses régions de l'Inde, des photos de femmes magnifiques. Autre intérêt : les temples portatifs. Ce sont des boîtes de grandeur variables, qui représentent des petits temples, avec la statue d'un dieu, et qui se déplient, et que l'on porte sur la tête lors des cérémonies.

Dans la rue, devant le musée, le spectacle a aussi beaucoup d'attrait. Nous restons là, un moment, à regarder juste le spectacle de la rue : femmes, chariots, carrioles à chevaux ornés de fleurs ... et on braque l'appareil photo à chaque minute.

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Udaipur

Le palais du maharana

Nous allons ensuite visiter le palais du maharana... la baignoire, faite d'un seul bloc e marbre.... chaque fois que le maharana prenait son bain, on lançait des pièces d'argent au peuple. Le palais ressemble à un palais musulman. Les Moghols venaient d'Afghanistan, et ont envahi l'Inde jusqu'à Delhi.

On nous montre :

- Le harem, enfermé derrière des murs, les jardins et les cours intérieures autour desquelles les filles dansaient, - Le siège du maharana en hauteur, - La chapelle construite pour une princesse qui s'est suicidée pour ne pas épouser le prétendant de son père (au 19 ème siècle) qui voulait ainsi unir deux états, et une série de petits temples. le style est toujours moghol. - Le temple du soleil On adorait un énorme soleil d'or pour que tombe la pluie. En face de la salle à manger, se trouve un autre soleil, sur le mur extérieur, plus petit, qui était destiné à l'adoration par le peuple. Le grand soleil, à l'intérieur de la pièce, était seulement pour le maharana. - La salle à manger : dans les incrustations, des pierres sur le mur ; avec une torche électrique on peut distinguer de minuscules sculptures représentant la salle à manger avec les gens assis autour de la table.

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Udaipur Les temples

L'après-midi, une visite des temples est prévue, mais voilà, qu'en cours de route, la pluie se met à tomber, et nous avons droit à une de ces averses ! Les routes se remplissent d'eau. C'est très compliqué quand un autre car arrive en sens inverse quand on est sur une route tortueuse de montagne.

Premier temple

Le temple que nous devions visiter se trouve à des kilomètres d'Udaipur, caché dans la montagne. Et voilà, qu'à cause des pluies, le car ne peut plus aller plus loin, et nous avons le choix entre y aller et nous taper 20 mn de marche à pied sous l'averse, ou ne pas y aller. La décision est vite prise : on y va. On remonte les pantalons jusqu'aux genoux, on prend les parapluies, on enlève nos chaussures, comme les Indiens, on marche dans la gadoue, on traverse des mares d'eau boueuse, rougeâtre, on en a à mi-mollets.

Les Indiens se marrent en nous voyant passer. On est très vite trempés de la tête aux pieds. Le temple en vaut la peine. Rose, pas en marbre, mais en pierre, la pierre rose de la région. Déjà une partie est noyée dans les eaux. Le temple est recouvert de sculptures. Toutes les colonnes sont ornées de minuscules sculptures qui représentent des danses. les visages sont tous mutilés (par les Moghols). L'emplacement où se trouvait autrefois la statue du dieu est envahi par les chauve-souris.

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Udaipur

Ce temple date du 11 ème siècle. Il est perdu au milieu des eaux. Le paysage évoque en nous le film "la 370e section". Quelques Indiens sont assis, ils nous dévisagent. Evidemment, on a une de ces allures ! Jeans retroussés, t-shirts, parapluie à marguerites blanches ... Le retour est plus facile. Il pleut moins. Nous voyons des vautours tournoyant, et cela nous intrigue. Nous en trouvons la raison : une charogne ensanglantée se trouve pas loin, un chien est en train de la déchiqueter, et les vautours attendent. C'est assez impressionnant. Nous voilà arrivés au car, nous sommes pas mal secs. Un petit nettoyage rapide, et nous repartons, en arrière, le long du lac, sur une route plutôt cahoteuse.

Deuxième temple

Nous allons visiter un second temple, qui, celui-ci, est encore en activité. On y accède par un très haut escalier. Il est situé en plein milieu d'une place très animée : chariots, chèvres, vaches ... A l'entrée se trouve une rangée de filles et de garçons, assis de chaque côtés du passage, et qui vendent des colliers de fleurs magnifiques à 1 roupie. Ce sont les offrandes que les gens achètent pour offrir au dieu. Nous arrivons en plein milieu d'un office. Il est interdit de prendre des photos dans ce temple. le culte est dédié à Vishnou. les gens sont assis et chantent, un chant très beau. Le prêtre essuie ce que j'ai d'abord pris pour un vase (noir), mais qui représente le dieu Vishnou avec de grands yeux blancs immenses de peints. Il l'essuie avec un chiffon imbibé d'huile pour le faire briller. Le prêtre n'a pas d'habit particulier, il semble comme les autres. Le temple est immense. Des cours, des petits temples qui renferment des statues des dieux, beaucoup de Ganesh et d'éléphants sculptés. On observe un joueur de tambour qui est en train de chauffer la peau du tambour au dessus du feu pour la tendre plus ou moins, afin d'accorder son instrument. Il y a des singes.

Au retour, nous continuons à marcher pieds nus. Un peu plus, un peu moins, nos pieds sont tellement sales maintenant. Nous voyons sur le chemin du retour un coucher de soleil magnifique sur les montagnes.

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Udaipur

Le soir, nous allons faire un tour de ville, à six. Il est entre 22 hres et 23h30. La ville n'est pas très animée, mais il y a encore quelques boutiques d'ouvertes. les hommes discutent dans la rue, mais nous ne voyons aucune femme.

Il y a des vélos, des voitures. les postes de radio marchent à tue-tête. On patauge dans les flaques d'eau, et dans la gadoue. Les vaches sont vautrées au milieu des rues, installées pour y passer la nuit. Les vélos les évitent. Ils n'ont pas de phares, et on ne les voit pas foncer sur nous. le pire, c'est quand on s'est trouvé face à face à une vache, et une voiture nous doublant sur notre gauche, et un vélo venant de l'autre sens sur notre droite. On se croit au Moyen âge, s'il n'y avait pas la radio, le vélo, la voiture ...

L'une de nous achète des pommes. Mais comme en Inde les sacs en papier sont inexistants sauf dans les grandes villes, ils nous enveloppe tout dans un morceau de papier journal. Et voilà que sur les trois pommes, deux glissent du papier journal et tombent dans la boue. Evidemment, il n'est pas question pour nous qui sommes tant effrayés par les microbes, de ramasser les pommes. mais aussitôt deux Indiens, se trouvant là à cet instant, se sont précipités pour les ramasser.

Au retour, on tombe nez à nez (en allumant nos lampes électriques pour discerner quelles sont les deux ombres mystérieuses face à nous) face à des ânes. Puis, c'est un petit crapaud, minuscule, dans une flaque d'eau.

Les gens dorment sur les bas côtés de la route, sous un abri. Il y a une vingtaine de personnes, allongées là.

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Jeudi 6 Septembre 1973 – Udaipur (2ème jour) Visite des jardins sur l'île

Balade en barque, très beaux oiseaux à longues pattes fines jaunes.

Visite d'un autre temple

Moins impressionnant. Il est ouvert aux touristes, on a le droit de prendre des photos. C'est un temple dédié à Vishnou, qui est représenté encore en noir. Mais le guide me dit qu'il n'y a aucune signification à cette couleur, simplement c'est parce que c'est la pierre de la région qui est noire.

Puis on nous arrête sur la place du village. Nous allons acheter des marionnettes, et nous remontons vers l'hôtel sous un soleil brûlant. A peine arrivés, le ciel se couvre, de gros nuages noirs apparaissent, et en 5 mn la pluie arrive.

L'après-midi, nous restons jusqu'à 15h45 au bord du lac ensoleillé. Quelques instants privilégiés de repos.

Nous partons pour l'aéroport, où nous retrouvons notre Indienne tricoteuse. J'apprends que son travail est de ... fouiller les voyageurs.

Nous prenons un vol pour Jaipur. Un vol très chouette en boeing 737. Hôtesses souriantes, coucher de soleil rouge sur fond bleu, puis un arc en ciel ! et des éclairs au loin. le vol a été calme, pas de trous d'air comme nous avions eu dans les vols précédents.

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JAIPUR Jeudi 6 Septembre 1973

Rickshaws dans les rues. Ville plus grande, ça semble moderne. Il y a des trottoirs.

Rajasthan State Hotel

L'hôtel est un ancien palais de maharadja transformé en hôtel. Il y a deux sortes d'hôtels en Inde : les hôtels "coloniaux" comme celui-ci, comme celui d'Udaipur .. et les hôtels à l'européenne, comme ceux de Bombay ou Delhi. Le guide Fodor parlait de cet hôtel de Jaipur, comme "miteux"... Bien sûr, il y a des trous dans les tapis, il n'y a pas de climatisation mais un ventilateur au plafond. Mais l'ambiance y est très sympathique. Nous prenons notre repas, tous à une grande table. Les serveurs nous font passer de bonnes soirées "familiales". Cet hôtel est un hôtel d'état, et le personnel est fonctionnaire d'état. Comme tous les soirs où nous ne savons pas trop quoi faire, nous atterrissons au bar. je demande à boire quelque chose "d'indien", et je goûte à une liqueur du pays, l'Asha, que je trouve délicieuse. Elle n'est pas trop forte, ni trop sucrée.

Au bar, se trouve un groupe d'Indiens, avec qui nous lions connaissance. L'un d'entre eux nous propose de nous chanter des chants indiens, en hindi. je cours chercher mon magnétophone. Et sur le chemin, on m'interpelle : "Bonsoir Mademoiselle, comment allez-vous ?" Assez surprise, je découvre la première personne, en dehors de nos guides, parlant Français en Inde. C'est un ... Roumain. Nous échangeons quelques mots. Il me signale l'existence d'une piscine à l'hôtel .. très intéressant. Je retourne au bar rejoindre notre groupe. En échange, les Indiens nous demandent de chanter des chants français. Une fois de plus apparaît dans ces situations, la méconnaissance qu'ont les Français des chansons de leur pays, et surtout des paroles. Nous sommes très doués pour les la-lala-la. Nous commençons donc avec les "chevaliers de la table ronde", et trouvant la chanson un peu gaillarde, nous enchaînons avec "à la claire fontaine". Mais tout cela se termine par "janeton" que les Indiens nous demandent de leur traduire en anglais... Après les chants ce sont les danses. La danse que nous montre notre ami indien est très comique parce que très féminine. En échange nous nous lançons dans la valse et le charleston. Puis à 23h30 ... tous dans la piscine. Il fait très chaud, le bain est merveilleux.

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Vendredi 7 Septembre 1973 – Jaipur Réveillée à 7 hres par la lumière et les chants des oiseaux. j'en profite pour prendre un bain matinal dans la piscine. Mais quelle surprise : la piscine est remplie de fourmis mortes qui surnagent. l'eau est sale, parce que, évidemment il n'y a pas de système de renouvellement d'eau, ni javellisation. Evidemment, hier soir, à minuit, il faisait noir, on n'a rien vu de tout ça. Malgré tout, je m'y baigne à nouveau. Le petit déjeuner est excellent. dans cet hôtel, qu'est ce que c'est bon ! Omelette aux fines herbes délicieuse, servie non retournée, mais en galette. Mais le café est horrible !!! J'ai beau avoir apporté un pot de Nescafé de France, et demander de l'eau bouillie, il est imbuvable. C'est l'eau qui est imbuvable, du chlore ! je me passerai du café pendant les deux jours que nous serons là. l'eau est inavalable.

Le fort d'Amber

Nous allons visiter le fort d'Amber, qui se trouve à quelques kilomètres de Jaipur, situé sur une colline. Nous traversons la ville, avec ses maisons roses, le palais des vents à ce moment recouvert d'échafaudages. En route, nous passons devant le palais des eaux, ainsi appelé parce qu'il est à moitié noyé dans les eaux, et qui un jour, certainement disparaîtra. Nous arrivons à Amber, dont les fortifications se voient de loin. La montée au fort se fait à dos d'éléphants (pour touristes). Nous sommes assis à quatre dans des paniers sur l'éléphant. Ça tangue ! Ce n'est pas le grand confort.

Il fait une chaleur ! Le soleil est sec ici. A l'arrivée, une petite musique accompagne le chemin des éléphants. A l'arrivée aussi, nous devons donner une roupie à l'un, une roupie à l'autre. Nous visitons le palais célèbre pour ses incrustations dans le mur.

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Jaipur A côté se trouve le temple de Kali. On doit retirer chaussures et chaussettes, et tout ce que l'on a en cuir (sacs, appareils photos...) à cause de la vache sacrée. Kali, déesse de la guerre, de la mort ... La déesse noire, épouse de Shiva.

On voit des Indiens qui font tinter le cloche pour entrer en communication avec le dieu, puis le prêtre leur applique avec le doigt un point de "peinture" rouge au milieu du front, et leur donne un peu d'eau dans les mains, qu'ils boivent. Ils s'agenouillent, ou saluent, ou se prosternent à terre. La religion hindouiste laisse libre d'adorer le dieu comme on le souhaite. Puis, ils refont tinter la cloche. Ensuite c'est la descente, à dos d'éléphant. La descente est plus facile que la montée. Arrivés à l'hôtel, nous allons nous baigner dans la piscine, malgré les fourmis. Excellent curry à midi.

L'après-midi : Nous allons d'abord visiter l'observatoire de Jaipur :

Il a été construit il y a des millénaires par un maharadja astronome. On y voit des cadrans solaires qui permettent de lire l'heure à la minute près d'après une graduation, des constructions permettant de lire les zodiaques dans le ciel, ou de situer l'emplacement du soleil. Pour nous, ces constructions, étonnantes pour leur époque, ont un autre intérêt : elles apparaissent comme une architecture futuriste extraordinaire, surtout les formes des signes de zodiaque.

- Nous allons ensuite visiter le City Palace, ou Palais persan: Mélange de style persan et hindou. Le musée présente une collection d'armes (par exemple un poignard avec deux pistolets pour tuer le tigre) et d'habits, ainsi que des textes anciens en sanskrit, et un bouclier en carapace de tortue. Le dernier maharadja est mort il y a trois ans.

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Jaipur

Il fait très chaud à Jaipur, bien 35 degrés. Cette chaleur peut atteindre 46 degrés, en mai, juin, nous dit le guide. Nous avons droit, malgré tout, à notre petite ondée de chaque jour.

le guide nous laisse ensuite dans une boutique du gouvernement, où l'on vend pierres et bijoux. Jaipur est célèbre pour ses pierres semi-précieuses. mais les pierres que l'on nous montre, présentent plus de défauts les unes que les autres, nous n'en achetons aucune. En plus, une coutume, que nous découvrons en cours de voyage, nous enlève d'avantage le goût d'acheter. Ces arrêts sont des coups montés, car le guide obtient 10 % sur tout ce que nous achetons, de même que le tour-leader.

Voyant que les achats ne se font pas, le guide nous conduit jusqu'au centre, et nous allons faire notre propre shopping.

Assoiffée, je cherche à acheter un "soda-water". Au bord de l'étalage se trouve une série de bouteilles "chaudes". Nous demandons une bouteille sortant de la glacière. mais je réalise que la bouteille qui sort de la glacière n'est remplie qu'aux 3/4, et que celle qui est chaude est pleine. Je le signale au marchand, qui ne veut rien entendre. Je me suis souvenue que l'on m'avait parlé de ce système qui consiste à remplir une bouteille d'eau, et de la re-capsuler grâce à un appareil. de ce fait, tant pis pour la boisson, je tiendrai jusqu'à l'hôtel.

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Samedi 8 Septembre 1973 – Jaipur Matinée libre à Jaipur

Nous descendons à six, à pied, jusqu'au centre. Mais en route, nous prenons un rickshaw, (les vélos à calèche) enfin, deux, car nous sommes perdus, et les gens ne parlent pas anglais pour nous aider.

Nous descendons devant le Hawa Mahal, c’est à dire le Palais des vents. On est au centre de la ville. Nous sommes accostés par un Indien qui veut absolument nous montrer la ville, et précise "no money", et nous emmener boire quelque chose chez lui, pour nous présenter sa femme, une musulmane "very beautiful". Nous trouvons tout cela bien bizarre, mais nous avons un mal fou à nous en décoller. Constatant que nous sommes toujours perçus comme des touristes, nous décidons de nous scinder en deux groupes, et partons à la découverte des petites rues transversales de Jaipur. Les gens sont très sympa. Ils nous font de grands sourires quand on les photographie, et ne nous demandent pas de backchiche. Il y a des tas de petits commerçants : beignets, pain indien, boulettes, tailleur. Au milieu de la rue, un dromadaire ne bouge pas d'un centimètre, et il a fallu s'en approcher pour réaliser qu'il était bien vivant. Je discute avec des petits écoliers qui me montrent leur livre d'anglais.

Nous voulons aller jusqu'au zoo. C'est à l'extérieur de la ville. Il y a une immense porte rose qui marque la limite de la ville. Mais ensuite, pour trouver un moyen de locomotion, c'est tout un problème, car les rickshaws n'acceptent que deux passagers. Nous finissons par trouver une calèche à cheval, et nous devons prendre un interprète, car notre conducteur ne parle pas anglais. La promenade est délirante. Six roupies, mais ça en vaut le coup. Le cheval trotte, mais parfois se met à galoper, et la carriole saute. Derrière nous, un camion de militaires nous suit pendant un moment, et ils se marrent autant qu'ils peuvent. Evidemment nos mini robes devaient avoir du succès. De retour à l'hôtel, nous prenons un dernier bain de soleil dans le jardin, mais le soleil, si fort, nous fait vite abandonner. Pour la 1ère fois, à Jaipur, j'ai "fui" le soleil, car il était beaucoup trop chaud.

Nous avons un vol pour Delhi.

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DELHI Jaipur - Delhi (boeing 737 - 1 heure de vol) Samedi 8 Septembre 1973 Hôtel Claridge

A Delhi, nous retrouvons le climat chaud et humide que nous avions à Bombay. Nous logeons à l'hôtel Claridge, le grand luxe. Une chambre formidable (la n°140) donnant au dessus de l'entrée de l'hôtel. A Delhi, nous avons un car luxueux (pour l'Inde) et un chauffeur en accord : un Sikh, avec un magnifique turban vert, habillé tout de blanc. Il nous suivra pendant tous nos déplacements en car. Ayant quelque temps libre avant le dîner, nous allons faire les boutiques à Connaught Place, qui sur la carte, ne paraît pas très loin. Eh bien, ce sera la première et la dernière fois que nous y irons ... à pied. En fait, une bonne heure de marche. Nous prenons la Janpath qui traverse de merveilleux espaces verts. Delhi est la ville "anglaise" par excellence. Et surprise, à Delhi, ça drague fort. Nous n'avons jamais été autant accostées de cette façon-là en Inde jusqu'à présent. En plus, j'ai laissé libres sur mon dos mes cheveux blonds, ça ne doit pas arranger les choses. Les hommes se retournent. Il y a de grands parcs verts. Nous apercevons la Porte de l'Inde, et nous la trouvons moins belle que celle de Bombay. Puis le Parlement. Nous sommes surpris de voir qu'il y a beaucoup moins de mendiants ici, qu'à Bombay, surtout dans le quartier que nous traversons, très résidentiel. J'ai l'impression de retrouver la civilisation, je respire mieux. Quand je repense à ce que j'ai vu, avant ! Les boutiques de Connaught Place sont formidables. Enfin, je trouve ces fameuses tuniques indiennes brodées qui coûtent un prix fou en France. Je commence à bien me débrouiller dans le marchandage, et achète des tuniques pour 13 roupies, et une robe longue pour 17 roupies. Il y a plein d'Occidentaux ici, des européens et des américains. Nous revenons en taxi (3 roupies) à l'hôtel pour le souper. Le soir, au souper, c'est le grand service. La nourriture est excellente. Il y a un orchestre et une chanteuse. Le soir, l'hôtel fait office de cabaret. Et nous souperons ainsi tous les soirs ... en musique. On y danse même. Les serveurs draguent fort, eux aussi ! Puis nous finissons la soirée au bar, après avoir commandé une petite robe longue en coton brodé or dans une boutique de l'hôtel, que l'on me fera sur mesures.

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Dimanche 9 Septembre 1973 – Delhi (2 ème jour) Grande visite guidée de Delhi Le matin :

- Le Parlement - Les bâtiments ministériels - le mémorial de ??? - Le temple hindou (portrait de Vishnou - et curieusement, on y trouve la croix gammée, ancien symbole de félicité) - La tombe de Gandhi (le sol dallé est brûlant, même sur la passerelle en bois qui est installée) - La mosquée - La tour d'Açoka penchée - Le pilier de fer (si on arrive à en faire le tour avec ses bras, on a de la chance pour toute sa vie ... il y a là, un Indien qui vous aide à étirer les bras, et si on y arrive, il faut lui donner un backchiche). J'attendais au coin de la rue, et je me trouve à côté d'un groupe de femmes musulmanes qui me regardent, très intriguées. je me rends compte que c'est ma mini-robe qui les étonne. Je suis surprise de les voir s'approcher de moi, et essayer de communiquer avec moi. Je leur dis "european dress !" Elles ne parlent pas l'anglais, mais je crois qu'elles ont compris. A notre conversation, faite de gestes et expressions, je comprends qu'elles comparaient ma robe à la tunique (de longueur comparable) qu'elles, portent par dessus leur pantalon, et qu'elles s'étonnaient, donc, de me voir "sans pantalon".

L'après-midi :

- le fort rouge (vautours dans le ciel, qui se noircit d'ailleurs, présageant une bonne averse de mousson. Il y a une galerie marchande avec d'intéressantes boutiques) - la mosquée de la perle On doit revêtir une robe des plus folklos pour y pénétrer : décence, décence .. les genoux des dames doivent être cachés, et il faut attendre parfois la fin d'un service car alors, l'entrée est interdite aux visiteurs.

J'ai trouvé, dans l'ensemble, les monuments de Delhi plutôt laids. Je n'ai d'ailleurs presque pas pris de photos. Ils sont en grès rouge et je n'y ai trouvé aucune beauté artistique.

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Delhi

Soirée au théâtre : Krishna dances

Dans un théâtre de la ville où se produit une troupe d'étudiants et leurs professeurs. Nous avons des places excellentes, au premier rang, et la possibilité de mitrailler de photos. Le spectacle est merveilleux.

C'est l'histoire de Krishna, l'enfant terrible de l'Inde, aux amours capricieuses. J'ai trouvé la chorégraphie très moderne, cela me rappelait "Hair". Les costumes et les éclairages étaient magnifiques. (Notamment, Krishna, à un moment, et son ombre marquée par un spot rouge) La fin fut en apothéose.

A cause de ce spectacle, nous avons dîné à 22 hres. Cabaret, dîner, et vu l'heure, nous nous trouvons là pour assister à notre surprise, à une démonstration de danse du ventre : Mandy, une Vietnamienne, ou Thaïlandaise, plutôt que Indienne, et qui se produit là, parait-il depuis plus de deux ans tous les soirs. Nos y aurons droit tous les soirs en effet, ainsi qu'à son striptease, (incomplet, "à l'indienne").

Nous avons passé une très agréable soirée. Il y avait beaucoup de monde. Le grand luxe !

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Lundi 10 Septembre 1973 – Delhi (3 ème jour) Journée libre

Le matin :

Nous prenons notre petit déjeuner ... dans notre chambre, sur la table basse du salon. Très agréable réveil, sans se presser, et servis. Et de 11 hres à 13 hres, c'est la piscine, pour attraper notre dose de coups de soleils ... Aujourd'hui est une journée de repos et de vacances.

L'après-midi :

Je reste à l'hôtel, je fais mon courrier. Je vais chercher ma robe longue à la boutique de l'hôtel, que l'on m'avait faite sur mesures,. J'échange mon adresse avec celle de la vendeuse, Pamela Singh, qui est en fait une étudiante qui travaille là pour gagner sa vie, un cas pas très répandu en Inde, car en plus, elle vit indépendamment de sa famille. Elle me demande, avec un peu d'hésitation si je n'ai pas de vieux cosmétiques, et des soutien-gorges à lui vendre.... Car il faut dire que les soutien-gorges en Inde sont plutôt du siècle dernier, au vu des boutiques. Elle le voudrait avec de la dentelle ! et doublé. Ne pouvant lui céder mes affaires, le voyage n'étant pas à sa fin, je lui promets de lui en envoyer dès mon retour en France Et elle, elle me dit qu'elle m'enverra un sari. J'ai bien envoyé des soutien-gorges, à mon retour, mais, je n'ai jamais reçu de nouvelles de Pamela Singh, je n'ai jamais su si elle avait reçu les soutien-gorges et les cosmétiques

Puis je finis l'après-midi à la piscine. Mais le soleil a disparu.

Le soir :

A nouveau, nous avons droit au cabaret et au striptease.

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AGRA Delhi - Agra en car Mardi 11 Septembre 1973 Nous partons pour Agra en car. Nous sommes partis à 8 hres, et arrivés à 13 hres. Ce trajet en car est pénible. Mes coups de soleil me chauffent. Il n'y a pas d'air. On est mouate.

Hôtel Lauries

Nous débarquons à l'Hôtel Lauries, un hôtel de style colonial.

L'après-midi : Le Taj Mahal ! Une méprise : nous arrivons devant une grande porte rouge. Je suis très surprise, et très déçue. C'est ça le Taj Mahal ? Je n'y comprends rien, ce n'est pas ce que j'avais vu sur les photos. Il s'est passé une méprise terrible dans ma tête en l'espace de quelques secondes.

Et puis, on entre, et alors, là, on le découvre et c'est le choc. C'est trop beau. Je reste bouche bée. le coup au coeur. En plus, il y a de gros nuages de mousson, et la vue est impressionnante. Le Taj sur un ciel qui s'assombrit.

Le guide nous explique que la beauté du Taj Mahal vient du fait qu'il n'y a pas d'horizon derrière. Il s'élance vers le ciel, unique, c'est une beauté irréelle.

Nous allons le visiter (tombeau, crypte...) et derrière nous avons une vue sur la Yamuna. C'est de l'autre côté de cette rivière que devait être construit le deuxième palais.

Le site est extraordinaire. En plus, je crois que nous avons eu cette chance de découvrir le Taj Mahal sous la mousson, et non sur un ciel bleu immaculé. Il y a un éclairage super-naturel sur cette Yamuna.

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Mercredi 12 Septembre 1973 – Agra

Visite de Fatehpur Sikri

En route, le chemin est coupé par un arbre, un incident de la mousson, et nous devons faire un détour. Le car s'enlise (encore un incident). On repart tout de même. La campagne a été inondée. les maisons baignent dans l'eau. Nous voyons les gens quitter leurs maisons, portant leurs affaires sur la tête. Sur la route, cinq, six vautours sont là, sur la route même, énormes. Le car s'arrête et nous nous approchons pour les prendre en photo, de plus en plus près. Les terribles vautours, quand nous sommes trop près, s'envolent. Mais les photos ont été prises. Nous passons devant un camp de nomades. Fatehpur Sikri m'a déçue. toujours ce grès rouge, ces édifices sans grâce. Un Indien de l'Office de tourisme avec qui je discuterai à Khajuraho, m'a dit que je n'avais pas compris Fatehpur Sikri parce que je n'étais pas Indienne. Peut-être.

Le Fort Rouge d'Agra

Il se trouve de l'autre côté de la Yamuna. On y voit la rivière, et le Taj Mahal. Comme les forts rouges se ressemblent en Inde !

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Agra Perdus au milieu d'une procession

On est libre l’après-midi. Nous décidons, cinq, six d'entre nous, de partir vers 15h30 au hasard dans la ville, alors que les autres sont allés re-voir le Taj Mahal. Nous marchons au hasard, refusant toutes les propositions des rickshaws, qui s'arrêtent sans cesse devant nous. Nous arrivons dans le marché qui se trouve devant le Fort rouge. C'est très typique. le sol aussi : quelle gadoue ! Des enfants nous sourient, nous serrent les mains, se font photographier, et y prennent grand plaisir. On se sent bien accueilli. C'est très sale. en plus, il y a de la boue partout. Un marécage ! Entre les troupeaux de buffles, les rickshaws, les vélos... c'est la pagaille. Nous étions étonnés de voir autant de monde, et aussi des policiers. Des gens étaient assis sur le devant de leurs maisons tout le long des rues, et attendaient, on se demandait bien quoi. ils attendaient en fait le passage d'une procession. Nous nous trouvons, ainsi, par hasard, au beau milieu d'une procession, et nous devons nous ... caser. On m'explique que ce sont les fêtes de Ram qui commencent aujourd'hui et qui vont durer jusqu'au 6 Octobre, entre 18 hres et 22 hres tous les jours, des processions vont défiler dans les rues. Il y a deux danseurs, dont l'un, au masque noir, représente Kali, la déesse noire. Et puis un char fleuri, puis deux hommes qui luttent avec des bâtons. On est entouré par les gamins, complètement coincés. Mais la foule s'excite. Ma copine a des ennuis avec les mêmes qui lui soulèvent la jupe, et essayent de la tripoter. On ne peut plus avancer dans aucun sens. Alors on décide de prendre une rue transversale. Dans quel guêpier on s'est fourré ! C'est un labyrinthe ! Aucun touriste ne s'aventure jamais par là, c'est le coin des habitations des Indiens, en dehors des rues commerçantes. Il y a des vaches dans les cours des maisons, et les troupeaux de buffles prennent toute la place dans ces ruelles très étroites, si bien qu'on doit se coller contre les murs quand ils passent. Les rues tournent, serpentent, sans qu'on en voit la fin et qu'on arrive à rejoindre une artère plus large. On tourne en rond. On passe devant un temple où se déroule un service. Impossible de demander notre chemin, personne ne parle anglais par ici. Et enfin, nous retrouvons notre route ! A temps, car nous avions très peur de la nuit qui tombe ici d'un seul coup à 18 hres. On est couvert de poussière et de sueur. Nous croisons un petit car d'Allemands, ou Hollandais ? qui nous demandent où est le Taj Mahal ! "We are lost too !"

Nous sommes rentrés à l'hôtel vers 18h15, crevés.

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KHAJURAHO De Agra à Khajuraho en car Jeudi 13 Septembre 1973 La plus terrible étape de tout le voyage... en car. Réveil à 4h30, départ à 5 hres ! Arrivés à Khajuraho à 20h30 ... du soir .... Presque 15 hres de car ! Avec des aventures, de la pluie battante, tout le long du parcours.

Alors, d'abord, on est resté coincé sur une route pendant 1 hre 1/2 parce que les deux côtés étaient inondés, et que huit camions et bus, venaient en sens inverse. Alors, pour passer à deux, c'est à chacun son tour ... Puis c'est un troupeau de chèvres qui passe, puis c'est un char à boeufs qui traverse. Et puis, un bus qui bouche le passage. Les champs sont inondés. On prend les ponts. Tout celà pour finir sur une route au bout de laquelle on ne sait pas encore si on pourra passer, ou si elle est bloquée, car le pont est, ou n'est pas recouvert par l'eau, personne ne sait. Eh bien, l'eau se trouvant au même niveau que le pont, on a pu péniblement passer, comme sur un chemin au milieu d'une mer. On sort du pont, et voilà que l'aide du chauffeur (le chauffeur d'un car est toujours accompagné de son "domestique" qui l'aide) descend et va embrasser une effigie d'un dieu X qui se trouve précisément là. On est crevé, jamais été si fatiguée. En plus, je me suis payée pendant ce voyage un mal de ventre horrible, qui venait des sandwiches du panier repas donné par l'hôtel, et qui se terminera en coliques.

Travellers'Lodge

On arrive à Khajuraho, au Travellers'Lodge, qui est très bien, très moderne. mais le repas, très peu pour moi. Je me couche.

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Vendredi 14 Septembre 1973 – Khajuraho

Le temps est très agréable. Soleil, pluie, qui s'alternent. La chaleur est supportable. J'ai adoré Khajuraho, tant par ses beautés artistiques, que par la gentillesse des gens.

Visite des temples :

Une merveille. Les sculptures sont terriblement belles. tout est exprimé dans les regards et les expressions de pierre, tous les sentiments humains. Mais voici les histoires que raconte un guide aux touristes venus voir les statues érotiques de Khajuraho :

"là, une femme écrit une lettre à son amoureux, l'envoie, reçoit la réponse. elle est triste..." C'est un roman feuilleton à suivre d'une statue à une autre.Mais seul le guide sait trouver les statues à voir, et seuls, on ne trouve rien. Le jeu de la balle : "sur un temple on voit la gagnante, le visage heureux, sur l'autre la perdante, triste." Sur un temple, "une femme excite l'homme. Image suivante : l'homme retire la main de la femme, trop excité !" Ou la suite :" X aime Y qui aime Z..." Ou "les femmes qui sont cause de la guerre, et aussi cause de la paix. Une femme pour deux hommes, telle est la solution." Ou "comment résoudre le problème d'un homme pour trois femmes". Il y a là un test à faire. On vous raconte qu'il y a quelque chose d'anormal dans cette sculpture. Le test tend à déceler si vous êtes portés sur le sexuel, ou sur le spirituel. Tout le monde cherche à trouver l'anomalie dans les entrelacements de bras et de jambes, et en fait, il s'agit de voir que le collier que porte l'homme (il a la tête sur le sol, et les pieds en l'air, le poirier) devrait logiquement tomber alors qu'il reste plaqué sur la poitrine.

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Khajuraho Nous voyons à l'intérieur d'un temple, une statue du dieu Vishnou à trois têtes : lion, homme, cochon. On nous raconte qu'il était éclairé par derrière, par des lampes, et que la niche est faite de telle façon que seul le dieu était éclairé, et que les fidèles ne voyaient que le dieu. Alors que seuls les prêtres et le roi avaient le droit d'y pénétrer et connaissaient le stratagème. Khajuraho n'est pas un village, mais un site, et l'agglomération ne s'est créée qu'il y a quelques années, suite à la découverte de ces temples, et est devenu un site touristique. Il y a très peu de bâtisses : un hôtel, une poste, des boutiques de cartes postales et souvenirs, un office de tourisme. Les gens, les Indiens, eux, vivent plus loin. A la poste je rencontre des enfants magnifiques. Un bébé qui a peut-être six mois, il refermait sa main sur mon doigt, adorable. Je discute avec le postier et sa femme, qui sont des gens charmants, qui ont, eux, des enfants plus grands, qu'ils me présentent. Puis nous allons à l'office du tourisme demander des posters. Grande discussion sur l'Inde. L'officier m'explique que derrière le mélange hindou et Moghol de Fatehpur Sikri, il y a le grand sentiment de tolérance de l'Inde, et c'est cela que je n'avais pas perçu ! Il me dit aussi qu'il va être nommé à l'office de tourisme indien à Paris ! Et il me montre des photos prises lors du voyage de l'impératrice Farah en Inde, lorsqu'il l'a rencontrée.

L'après-midi :

D'abord nous retournons vers les temples que nous avons visités le matin? On ne s'en lasse pas. Du haut d'un temple, un prêtre, ou un sage, nous appelle. Il veut nous "initier" à Vishnou... Il nous met un point rouge sur le front et nous donne une fleur. En revanche, sa soucoupe est là pour recevoir les roupies de remerciement, ou d'offrande.Vite, les photos avec notre point rouge avant que la pluie s'abatte et efface tout. Puis nous allons, accompagnés du guide, visiter une autre série de temples. Ils sont moins intéressants. Ils ont été construits par les Jains, plus pauvres, alors que les premiers ont été construits par les rois (les Chandellas, du X ème siècle). On y voit la femme qui se maquille, celle que l'on voit sur le poster publicitaire de Khajuraho. Puis nous visitons le petit musée de la place, où se trouvent des sculptures qui ont été trouvées séparément dans la campagne, éparpillées dans la région. Il y a des Buddhas nus, qui sont des sculptures Jains, car les Bouddhistes ne représentent jamais le Buddha, nu. Puis nous retournons vers les premiers temples. Il n'y a rien d'autre à faire à Khajuraho que de regarder les temples. Nous finissons l'après-midi à regarder ce spectacle qui ne nous lasse pas, et nous assistons au coucher du soleil sur les temples, un spectacle magnifique de nuages roses.

C'est le gardien qui finit par nous dire "on ferme !".

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BENARES De Khajuraho à Benares en car Samedi 15 Septembre 1973 On est parti à 7 hres du mat, on est arrivé à 17h30. Départ à 7 hres de Khajuraho après un petit déjeuner délicieux (du café, du bon jus d'orange, de bons toats). On s'arrête à un temple que l'on n'avait pas visité la veille, parce qu'il se trouve plus loin que l'ensemble principal. Il s'y trouve à l'intérieur une statue de Shiva. Et on reprend les routes à nouveau. On s'arrête de temps en temps dans des petits villages isolés où les gens sont terriblement sympathiques. Parfois il n'y a que des groupes de cases, de paillotes. On n'y entend aucun mot d'anglais. Tous les panneaux sur la route sont écris uniquement en hindi. Pas de traduction ! Parfois, on se croit en pleine brousse.

Le paysage est très beau. Nous traversons une forêt "vierge" où l'on voit des singes, des oiseaux, des paons. puis ce sont des collines d'où l'on a de beaux panoramas, et des rizières, énormément. C'est la première fois que je vois des rizières, des bananiers, de la canne à sucre. Et les cocotiers ! Avant, je n'avais pas d'images derrière ces mots. Les gens travaillent dans les rizières, portant des chapeaux de paille pointus, un peu comme les Chinois. A chaque coup de frein, c'est une vache que le chauffeur évite. Et les barrières ! Des barrières pour rien, où il faut payer, ou signer. Et les passages à niveau : fermés un quart d'heure avant le passage du train. C'est alors le rassemblement : les gosses, les vélos, les vaches. Et quand l'une d'elle s'avance sur la voie ... les vendeurs de bananes et de pommes. on n'a jamais autant mangé de bananes, qui sont très bonnes, d'ailleurs. Et puis, un sifflet au loin, un teuf-teuf, un train très lent lorsqu'il transporte des marchandises, et plus rapide quand ce sont des voyageurs. Tout le long de notre route, un train nous suivait. alors, nous avons eu droit à chaque passage à niveau ... fermé.

En chemin, on s'est arrêté dans un petit village, et notre chauffeur en a profité pour déguster quelques friandises. Il nous y a fait goûter : une boulette de farine avec du miel et du sucre. Ce n'était pas trop mauvais, mais extrêmement écoeurant, beaucoup trop sucré. A un arrêt sur la route, nous voyons une école en pleine campagne, en plein air, les enfants assis par terre. A côté un homme fait sa toilette, et nous suivons avec curiosité cette toilette ultra rapide, et la façon astucieuse qu'ont les Indiens pour confectionner leur slip : un pagne autour des hanches. ils passent une extrémité entre les jambes, et la coincent derrière dans la ceinture.

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Benares

Et puis il y a eu ce fameux pont

Depuis le matin on était en route, et on y arrive vers 15 hres de l'après-midi, après tous ces kilomètres déjà parcourus. Nous ne savions pas si nous allions pouvoir passer ou rester bloqués là. Le pont est inondé, l'eau le recouvre. Avant de traverser, le navigateur (l'accompagnateur du chauffeur déjà cité) est allé demander la bénédiction dans un temple sur la route. Arrivés au pont, on se lance et... on y arrive. Il faut dire que le premier passage de pont que nous avions fait m'avait paru plus impressionnant, et pourtant celui-là, il était complètement recouvert par l'eau. sans doute, devenais-je rodée ... Durant ce trajet en car, j'ai eu l'impression que les gens avaient l'air heureux à la campagne. Ils ne demandaient pas de backchiche. Mais on ne pouvait pas se parler (la langue !). Dès qu'on s'arrêtait, il se formait un attroupement. On est l'événement du jour dans ces coins perdus où les touristes ne s'arrêtent pas.

L'arrivée à Bénares

Nous traversons le Gange par un pont très grand. le fleuve, ici, est magnifique sous le soleil du soir, rosé. Le Gange me paraît moins sale que ce que j'imaginais, ici, tout au moins. Il est très large, il y a des îles.

Puis c'est l'entrée dans Bénares. cela me rappelle Bombay en 100 fois plus sale. Pourtant cette fois, je me suis un peu habituée. Et pourtant c'est pire que tout ce qu'on peut imaginer. Et dire qu'on dit que Calcutta dépasse Bénares.

Il y a de ces "personnages" ! les "sages" à cheveux longs, à moitié nus, les vaches, la moitié de leurs pattes enfoncées dans la boue. Pourtant tout le monde sourit, et nous fait signe.

On arrive à 17 h 30 à l'hôtel Clarks. Style colonial, mais mobilier et chambres ultra modernes.

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Dimanche 16 Septembre 1973 – Benares

Le matin : c’est la visite au fleuve et aux ghats

On a été réveillé à 5h30 avec un café dans la chambre. A 6 hres on est parti pour les ghats. Déjà il y a foule. Il y a de la gadoue partout le long du Gange. C'est dégoûtant de saleté. les gens se baignent, se jettent dans l'eau, ou font des immersions, deux trois fois à la suite. On monte dans une barque. Elle avance difficilement car (c'est la mousson) le courant est très fort, et on avance, à l'aller à contre-courant. la barque se cogne contre les murs. Il faut alors qu'un Indien plonge pour diriger la barque en la tirant avec une corde. Il y a des petits escaliers tout le long du Gange, sur trois miles. Ils apparaissent petits parce que le fleuve est haut et en recouvre les trois quarts. Notre promenade en barque est courts à cause du courant. Sur les rives, se trouvent les palais des maharadjas. Certains sont devenus des abris pour les pèlerins, qui peuvent y rester trois jours et trois nuits. Ensuite, ils repartent.

On va sur le ghat où se trouvent les bûchers. Il y a une odeur horrible qui monte au coeur. je me souviendrai longtemps de l'odeur de la chair humaine qui crame. Deux morts sont en train de brûler. L'un vient d'être mis en place. Il est complètement enveloppé dans un linceul blanc (blanc quand c'est un homme, rouge quand c'est une femme).Et autour se trouve la famille, qui va rester là jusqu'à ce qu'il soit brûlé. le plus proche parent est celui qui s'est rasé le crâne.

Le corps met des heures pour se consumer. Puis les cendres sont jetées dans le Gange. C'est le plus grand bonheur que de faire jeter ses cendres dans le Gange. parfois des amis le font. parfois, quand on est malade, on va finir ses jours à Bénares.

Le deuxième corps est presque cramé. La tête, il n'en reste que la moitié, toute noire, toute consumée, et on ne distingue plus la forme du crâne. Soudain, la cervelle dégringole en un liquide visqueux. C'en est trop. On fiche le camp.

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Benares Nous allons visiter ensuite l'université sanscrite, au milieu d'un campus aux grandes pelouses vertes. - Puis c'est le temple de Durga. Il est connu pour ses singes. Ils boivent à la fontaine. Ils se cherchent des poux, et ils mangent. Ils sont marrants et voleurs ... paraît-il. - Nous nous rendons dans le quartier commercial. Le guide nous a conseillé de ne prendre ni caméra, ni argent, car il y a des pick-pockets. Ce sont de petites ruelles avec des temples à tous les coins de rues. On rentre dans une maison privée pour pouvoir avoir une vue, par la cour, sur le temple d'or, qui est interdit aux non-Hindoux. Le toit est recouvert de feuilles d'or, et sous les rayons du soleil, éclate de lumière. - Puis nous allons dans une fabrique de soie, où nous regardons le travail des métiers à tisser. je me fais un plaisir de servir de mannequin pour essayer tous les saris. Et évidemment, je m'en achète un. L'après-midi : Excursion à Sarnath

Nous faisons une excursion qui en vaut la peine. C'est un havre de paix. Quelle différence avec Varanasi (le nom actuel de Bénares). A Sarnath, il y a de grands arcs verts où se trouvent les ruines d'un monastère birman (vraiment que quelques pierres !) et le pilier d'Açoka (en trois morceaux, il ne tient plus debout) et un puit. Il y a aussi le parc aux daims, et l'on voit passer, on a de la chance, un troupeau de daims magnifiques, qui courent à toute vitesse en poussant des cris. Plus loin, se trouve le stupa (une masse ronde à l'intérieur de laquelle se trouve je ne sais quelle relique), puis le temple tibétain, et le temple chinois. Il est étonnant de voir la différence entre les Bouddhas tibétains et chinois. le Bouddha tibétain est en or, tel que je me les imaginais, alors qu'en Inde j'ai trouvé les Bouddhas bien peu ornés. Ces bouddhas d'or que j'ai dans la tête doivent probablement se rencontrer en Thaïlande. Le Bouddha chinois est un peu plus carnavalesque. il a une figure d poupée de porcelaine. Dans le temple chinois se trouvent des peintures sur les murs qui retracent la vue de Bouddha, de son enfance à son ascension au Nirvâna. Il y a dans ce temple une merveilleuse odeur de jasmin. les moines ici ne sont pas en jaune safran, mais en pourpre. Ils ont le type tibétain, ce qui change beaucoup du contexte indien dans lequel nous vivons depuis quinze jours. Le Bouddhisme semble à mes yeux être une religion pure, plus profonde, beaucoup moins carnavalesque que l'Hindouisme. Ici, à Sarnath, tout nous parait beau, surtout à cause de la nature, la verdure. On y joue même au football. Au musée archéologique, on peut voir le chapiteau du pilier d'Açoka, qui est devenu l'emblème de l'Inde, et un Bouddha en position de méditation, et des tas de statuettes datant du 5 ème au 10 ème siècle, dont des représentations de Tara, une déesse qui revient très souvent, aux seins énormes, et des Bouddhas.

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KATHMANDU De Benares à Kathmandu Lundi 17 Septembre 1973 Le départ de l'hôtel Clarks s'est fait avec quelque bruit

En effet, avec notre habitude de chiper les cendriers, comme on le fait dans les cafés français, nous avions fait de même. Mais ceci n'a pas été pris de la même façon dans cet hôtel. En effet, dès que nous avons quitté la chambre, un domestique de l'étage est allé vérifier si tout s'y trouvait, et sachant qu'il y avait deux cendriers par chambres, il nous a repéré, et obligé à rendre les cendriers. Quelle histoire ! Quand on pense qu'il y avait d'écrit sur les mini savons de la salle de bain "stolen from Clark Hotel", on aurait du se douter qu'il ne s'agissait pas d'emporter un cendrier ! Enfin nous quittons Bénares, et je crois que peu d'entre nous n'aurait envie d'y retourner. Un jour passé à Bénares, c'est suffisant.

L'avion décolle à 12h20 de Bénares

Un boeing 737. Le vol est formidable. Il fait très beau temps et les nuages sont de trop cumulus blancs. Il n'y a que 35 minutes de vol.

L'arrivée sur Kathmandu

Une vallée toute verte avec dans le fond les montagnes, vertes, aussi. C'est magnifique. A l'aéroport, c'est un dépaysement. Les gens ont un type tibétain. Ils sont très accueillants, souriants, nous parlent ... Tout le monde rit. Un tout petit bus (très bas pour nos têtes) nous emmène. Il n'y a pas de mendiants, nous n'en revenons pas. Quand je repense au choc que j'ai eu à la sortie de l'aéroport de Bombay !

Shankar Hotel

A l'hôtel il en est de même.

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Kathmandu

L'après-midi est libre. le groupe a décidé de louer des vélos, et de se promener à bicyclette. Moi, je ne sais pas faire de vélo. Alors, je pars avec une copine, qui ne sait pas en faire non plus, et nous prenons un rickshaw jusqu'au centre de Kathmandu. Par la suite, nous irons à pied, car c'était très facile d'aller jusqu'au centre à pied, mais là, on débarque dans une ville inconnue !

Nous nous faisons déposer devant la grande poste. Puis nous allons par les rues. je me sens terriblement bien dans ce pays. Tout le monde a l'air si heureux. les gens ont l'air de passer leur temps à vivre, et c'est tout. La température est super agréable. Il fait bon et chaud. Il y a pas mal d'occidentaux qui portent des vêtements hippies et parlent l'anglais.

Nous arrivons sur la place du marché. Il y a des temples dans les rues, partout. Les étalages sont très tentants. Nous achetons des moulins à prière. Il y a des bijoux, des masques... Dès qu'on s'arrête pour acheter quelque chose, alors qu'on est bien occupé à marchander, et quand on lève les yeux, on s'aperçoit qu'un attroupement s'est formé autour de nous. Nous prenons les ruelles. les gens sourient.

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Kathmandu La soirée :

Nous allons dans un hôtel assister à un spectacle de danses népalaises. C'est excellent. La musique me plaît beaucoup, beaucoup plus que la musique indienne du spectacle de Krishna. les danseurs ont l'air de s'amuser, et ils nous communiquent cette joie de vivre.

Puis nous re-sortons en ville, car il paraît que l'on peut entendre des chants liturgiques dans les temples. en effet. C'est très joli. Des hommes, la plupart assez âgés, sont installés dans un coin du temple, et chantent. Mais bientôt le haschich qu'ils fument commence à les faire s'égarer, et les chants deviennent des chants de soulards, et terriblement faux. On part.

Pendant ce temps, des petits mômes se sont attachés à nous, nous prennent la main, nous cajolent, et nous suivent toute la soirée. Ils nous guident. On fait les fous avec eux. Ils veulent se faire porter sur les épaules des gars. Ils nous chantent, tout heureux, "Alouette je te plumerai".

Plus loin, dans un autre temple, c'est un autre groupe qui chante... les mêmes chants. Et dans les temples, les gens "nourrissent" le dieu, en lui lançant de la nourriture, que l'on donne ensuite aux enfants.

On marche par des ruelles boueuses. Les chiens aboient. il y a des cochons, des vaches, des gens. Les gens parfois dorment ensemble dans un endroit découvert. On arrive sur une place où il y a un rassemblement : une fête, une pièce de théâtre ? Nous ne comprenons pas grand chose à cette festivité. Nous reprenons les ruelles, toujours guidés par les mômes, qui, eux, connaissent le chemin, car nous, nous sommes bien perdus.

Nous retrouvons des rues plus larges. il y a beaucoup de gens dehors. En nous quittant, les gosses demandent un backchiche, un cadeau. je leur donne ce que j'ai sur moi, une épingle à cheveux, une épingle à neige, et c'est fou ce qu'elle a fait plaisir.

Nous ne savions rien de ces gamins. Ils parlaient l'anglais, et ils allaient à l'école, nous ont-il dit. Mais quand on leur parlait de leurs parents et de leur maison, et que nous leur disions qu'il était temps d'aller se coucher, ce fut toujours le mystère. Où dormaient-ils ?

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Mardi 18 Septembre 1973 – Kathmandu (2ème jour) Le matin :

Visite de Bodnath

C'est le stupa aux yeux de Buddha. Il se trouve sur une colline, en dehors de la ville, et la domine, alors que j'ai toujours cru, en voyant les cartes postales, qu'il se trouvait au centre de la ville. Et, quand on arrive en avion, on le voit, sur la descente vers Kathmandu.

Puis nous allons voir la maison de la déesse vivante.

C'est une fillette de 7 ans qui a été choisie il y a un an, pour devenir la déesse vivante. elle apparaît à la fenêtre, mais on ne peut la photographier. (Pourtant un copain en se cachant derrière un touriste, y est arrivé !)

Elle se reconnaît à certaines caractéristiques :

- Elle est habillée de rouge - Elle a les yeux maquillés en noir - Elle a les cheveux tirés à l'arrière Elle est enlevée à ses parents.

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Kathmandu Comment l’a-t-on choisie ?

C'est le guide qui nous raconte l'histoire ......

On choisit cinq fillettes de bonnes familles bouddhistes. On les place dans une pièce noire. A minuit, le prêtre va voir. En général, quatre sont en train de pleurer, et une seule dort profondément. On la choisit et on lui fait passer un second test : elle est placée dans une pièce noire durant toute une nuit. Sur les murs, il y a du sang et des squelettes. A minuit, les prêtres arrivent, coiffés de masques affreux, sautent sur elle, l'effraient. Si elle résiste, c'est qu'elle est bien la déesse.

C'est une coutume qui remonte au 16 ème siècle, et qui est acceptée par tous les Népalais, dit-on.

La fillette vit cloîtrée dans cette maison, veillée par sept personnes, dont aucune n'a de lien de parenté avec elle. Des gosses viennent jouer avec elle. mais elle ne sort qu'une fois, le jour de sa fête (la fête de Kumari).

Pour ses parents, elle n'est plus leur fille, mais la déesse. Elle reste déesse jusqu'à l'âge de la puberté, quand elle a ses premières règles. Alors, elle s'en retourne à une vie normale. Elle va à l'école. Elle peut se marier, mais elle ne se marie pas, car les jeunes gens de Kathmandu, ne veulent pas épouser celle qui a été leur déesse. Et elle devra s'exiler ... A la voir, nous avons reçu une sensation de tristesse, d'une fillette traumatisée et au regard triste.

Nous nous retrouvons au centre de la ville (Durbar Square). Il y a la statue de Shiva, et la statue d'Hanuman, le dieu singe, qui se voile la face pour ne pas regarder les sculptures érotiques du temple d'en face...

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Kathmandu

Patan

Des temples en enfilade (la carte postale traditionnelle), des boutiques. J'achète le fameux petit chapeau népalais, en le marchandant, ainsi que le fameux petit violon en forme de sabot, que j'emporte pour 25 roupies, au moment où le car va démarrer. J'ai gardé l'argent en main sous les yeux du vendeur, et quand le car a démarré, il a cédé et a échangé le violon tout de suite contre mon argent. C'est une ville pas très intéressante.

Un village de réfugiés tibétains

Puis, nous visitons un village de réfugiés tibétains. Il y a une grande salle avec des métiers à tisser où les femmes travaillent en chantant. Elles nous sourient. On découvre les montagnes tout autour, et le village est bien sympathique.

Puis on nous laisse au centre de Kathmandu, où nous continuons notre shopping.

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Mercredi 19 Septembre 1973 - Kathmandu (3ème jour) Batgaon

Nous traversons un paysage magnifique en allant vers Batgaon. Et nous découvrons les montagnes au loin.Nous nous arrêtons devant un champ de marijuana. le guide nous cueille quelques brindilles et nous les donne. Batgaon est une petite ville très belle, beaucoup plus que Patan. Sur la place, un temple à cinq étages, gardé par des animaux de pierre, deux par deux. Il y a aussi un musée que l'on visite. Et sur la place, une publicité pour le Planning familial.

Des enfants se sont rassemblés et violons en main, nous chantent "Frère Jacques" . "Frère Jacques", c'est bien la chanson de Batgaon, aucun touriste n'y échappe. Nous nous promenons dans les rues. Elles sont parfois très en pente. là, on fait sécher des poteries et elles occupent toute la longueur d'une rue. Là ,ce sont des piments rouges, ce qui donne une vue magnifique d'une rue qui descend à pic, envahie par les piments rouges.

Patshupatinah

Là aussi, la rivière est sacrée et on y brûle les morts, comme à Bénares. Précisément, on est en train d'installer un bûcher. Et curieuse vision, à trois mètres de là, des femmes font leur toilette, torse nu, dans la rivière où l'on jettera les cendres du mort. Nous attendons patiemment l'incinération. Nous pouvons voir toutes les opérations depuis le début, et les photos ne sont pas interdites. D'abord, ils préparent un lit de branchages. Puis on apporte le mort dans un linceul blanc, et on le pose sur le sol, de côté, en attendant que tout soit près. Très peu de monde pour cette cérémonie. Deux hommes portent le mort et lui font faire plusieurs fois le tour du bûcher. Puis on le pose sur les branches. On jette sur lui de la poudre rouge, (qui sur les photos a l'air d'être du sang). Et on allume le bûcher avec des petites brindilles enflammées. le bûcher est très long à prendre. Et ces opérations prennent beaucoup de temps. Ici, cette cérémonie ne semble pas aussi horrible qu'à Bénares. est-ce parce que l'endroit n'est pas aussi dégoûtant, le cadre plus beau ? Et ces femmes qui se baignaient à côté du mort, nous l'a peut être fait accepter différemment ? Nous partons alors que le bûcher commence seulement à fumer.

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Kathmandu Kakani - l'Himalaya

On était libre l’après-midi, et nous avions décidé, à onze d'aller voir l'Himalaya. D'autres avaient loué des motos et étaient partis en direction de la Chine, avec l'intention d'aller le plus près de la frontière possible. Nous, nous avons loué une land-rover avec chauffeur pour 250 roupies népalaises.. Nous allons à Kakani, un village perché dans l'Himalaya. La route est splendide. parfois périlleuse, car c'est la montagne. Nous traversons des rizières en terrasse dans les montagnes, qui n'en finissent pas. Elles sont plus belles les unes que les autres. Nous allons à environ 3000 m. Kakani est un petit village perdu. Quand on y arrive, on est dans les nuages. on est dans le brouillard. Tout est couvert. Nous qui comptions voir l'Everest ! On nous dit "il est dans cette direction" ... mais rien, que du brouillard. De toute façon, Kakani n'est pas le meilleur point d'observation pour voir l'Everest. Les gens sont très sympathiques dans ce village perdu, et les enfants toujours très beaux. Et puis, le temps se dégage. On se promène. Nous apercevons en bas la vallée de Kathmandu et la ville. Je descends le village, puis le remonte. Cela me demande un effort terrible. pour la première fois, je manque d'air en altitude. Je suis pourtant allée très haut, l'an dernier, aux USA, puisque je me suis baignée dans un lac à 3000m, et je n'ai pas eu de problèmes. Mais ici, à chaque pas, ma respiration se fait très forte, et très profonde. C'est très désagréable. Je n'ai pas de souffle, rien que pour me déplacer à une allure de flânerie. D'ailleurs, j'ai cette impression qu'ici, tout marche au ralentit. Autre désagrément, et autre surprise : je souffre de claustrophobie. Je regarde un long moment les montagnes, un spectacle extraordinaire, mais au fur et à mesure que le temps s'éclaircit, je vois derrière les montagnes qu'apparaissent d'autres montagnes, qui paraissent encore plus hautes. Et en regardant autour de moi, je me sens enfermée par un mur de montagnes. Et plus le temps se découvre, plus ce mur s'épaissit. Ce fut une terrible impression, je n'avais jamais ressenti cela, et ma tête s'est mise à tourner. je me suis assise, et j'ai essayé de ne plus fixer le spectacle qui m'entourait. Malgré le brouillard, nous sommes cependant arrivés à apercevoir un petit bout de pic enneigé. Ce n'est pas la bonne époque pour découvrir l'Himalaya. Avec la mousson, les nuages sont très bas et cachent les magnifiques sommets.

Magnifique promenade, magnifique excursion, qui valait la peine. Mais attention aux dos nus et aux décolletés à 3000 m, on risque la grippe ...)

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Kathmandu

Le soir :

Nous avons décidé de dîner en ville, et de délaisser l'hôtel pour un restaurant chinois à l'hôtel Green.

Grosse expédition pour y aller, car nous prenons un rickshaw à trois, ce n'est pas autorisé, et le chauffeur baisse la capote chaque fois qu'il y a du monde dans la rue, de peur d'être vu par un policier.

Le repas est décevant et en plus, l'un d'entre nous, au cours du repas, manifeste une espèce de paralysie dans le cou. Un autre dit avoir ressenti les mêmes symptômes sans en avoir parlé. Et plusieurs ainsi. Il s'est avéré que ceux-là avaient mangé de la soupe, et que ceux (dont moi) qui n'avaient pas pris de soupe n'avaient rien ressenti. On a soupçonné qu'il pouvait y avoir de la drogue dans la soupe, qui sait !

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Jeudi 20 Septembre 1973 - Kathmandu (4ème jour)

Kirtipur

Avec deux copines, nous avons pris un taxi pour aller à Kirtipur. C'est une petite ville aux environs de Kathmandu. Kirtipur se trouve à côté de l'université. Nous nous sommes baladés dans le village, à trois, et sans prendre de photos. Ce fut un souvenir extraordinaire.

Nous sommes l'atraction. Les mêmes nous accostent et nous demandent "c'est vous qui êtes venus en taxi ?"

Dès 9 hres du matin, les gens travaillent, ils battent le riz, lavent le linge autour des bassins d'eau. Par les fenêtres, nous voyons les femmes installées à leurs métiers à tisser, et nous entendons au travers des rues cette musique si particulière des métiers à tisse. On sent la vie, le travail.

Il faut dire que nous avons surtout vu des femmes au travail. Et quand nous ne les voyons pas, c'est qu'elles travaillent à l'intérieur des maisons, comme ici.

Nous avons la chance aussi de découvrir un petit bout d'Himalaya enneigé, d'avantage que ce que nous avions vu à Kakani. Mais hélas, les nuages le cachent bien vite.

De retour à Durbar Square, nous faisons les derniers achats.

Et départ pour Delhi.

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DELHI Kathmandu - Delhi, un vol de 4 hres ! Jeudi 20 Septembre 1973

Midi : Départ pour l'aéroport

Quel vol ! Voilà que pendant que nous étions en Inde, la Compagnie Indian Airlines n'a rien trouvé de mieux que de supprimer les avions à hélices (les Viscounts), reconnaissant qu'ils étaient la cause de beaucoup d'accidents. Alors, les nouveaux jets ont dû faire les omnibus, et desservir les lignes et escales que les Viscounts faisaient.

Conséquence : des vols de 30 mn qui se succèdent, atterrissage, décollage... On a fait Kathmandu - Bénares, où il a fallu descendre de l'avion, et faire des tas de formalités dans l'aéroport, puis Bénares - Khajuraho - Agra - Delhi.

Il faut rappeler que la piste d'envol de Kathmandu est très courte, et que l'on décolle, comme nous l'avons fait "de justesse".

Kathmandu - Delhi : 4 hres de vol ! de 15h30 à 19h30. car l'avion a décollé avec du retard bien entendu.

A l'arrivée, Darbarath, le chauffeur Sikh de notre car était là à nous attendre.

On n'a passé qu'une nuit à Delhi, et on est reparti... pour le Cachemire.

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LE CACHEMIRE De Delhi à Srinagar, un vol de 2 hres Vendredi 21 Septembre 1973

Entre Delhi et Srinagar, il y a 2 hres de vol.

A l'arrivée, des soldats (des Sikhs soldats). Le cachemire, voisin du Pakistan, est encore marqué par la guerre. Nous nous installons sur des House-boats, et sommes accueillis par notre cuisinier, et notre domestique ... Notre maison s'appelle NEW MANORA. Nous avons à notre disposition une sikkara qui nous permet de nous déplacer.

Le soir :

Nous faisons une visite des jardins d'où l'on peut voir des couchers de soleil magnifiques sur les lacs.

Puis, nous assistons à un spectacle de son et lumière dans un jardin, qui conte les amours d'un maharadja et de son épouse, et de leur découverte d'un paradis : le Cachemire. Très bon spectacle, mais qui nous vaut ... la crève... La température au Cachemire a dégringolé par rapport à ce que nous avions en Inde et même au Népal, et bien que nous ayons pris des pull-overs ... tout le monde s'est fait prendre par ce refroidissement. Quant à moi, ma crève, attrapée à Kakani, à cause d'un dos nu en montagne, n'a fait qu'empirer. Echapper aux microbes de l'Inde, et attraper la crèv.e... franchement !

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Samedi 22 Septembre 1973 - Srinagar (2 ème jour) Matin :

Nous nous promenons dans la ville, très musulmane. Les femmes portent une tunique longue et ample sur un pantalon, et sont voilées, parfois même elles ne voient qu'au travers d'un grillage de tissus. L'atmosphère n'est pas si cordiale que dans les autres régions où nous sommes allés et je suis un peu déçue. Les maisons de la ville sont laides et décrépies. Il existe aussi des house-boats, sur la rivière, mais pas pour touristes ceux-là, et ils sont d'une pauvreté effarante. En fin de matinée, nous allons chez un vendeur de ... tout. Bijoux, tissus, nappes, vêtements. Une adresse ! Je trouve sa marchandise très laide, et il se désole à m'entendre dire que je n'aime pas cela. en plus, c'est extrêmement cher. Quant aux tapis ... !

Matin : Gulmarg

C'est une station de ... sports d'hiver, à 50 km de Srinagar. Nous y allons en taxi. ce n'a rien à voir avec l'Inde, mais avec la Suisse ! J'ai été, dans l'ensemble, très déçue par le Cachemire. Rien d'original, je me croyais en Europe. Il y a à Gulmarg, le plus haut terrain de golf du monde. il faut en avoir du courage pour pour pratiquer le golf à cette altitude ! Car, j'ai de nouveau été confrontée à l'altitude : nous sommes promenés dans la forêt (verdure et vaches qui paissent ... j'ai bien dit la Suisse, les Alpes ... et j'ai ressenti les mêmes problèmes de respiration qu'à Kakani. Promenade épuisante. En plus, s'il fait bon dans l'après-midi, dès 18 hres il n'y a plus de soleil et on caille. Je rêvais d'un bon café avec de gros gâteaux, comme je mangeais en Allemagne ... Il y avait un petit café, qui rappelait malgré tout les relais aux sports d'hiver, et bien que ce soit l'Inde, nous avons eu tout de même un café, et quelques barres de chocolat empaquetées. Au retour, nous nous collions les uns contre les autres à l'arrière du taxi pour nous tenir chaud.

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DELHI Srinagar - Pathankot - Delhi Dimanche 23 Septembre 1973

Le matin à Srinagar : Dernières courses le long du fleuve. Je ne me laisse pas tenter par les coffrets en papier mâché car cela ne me plaît pas tellement, et c'est très cher.

11 hres : Départ pour l'aéroport. Avant, il faut passer par toute une séries de pourboires : le domestique, le cuisinier, le sikkara-driver. Et ils n'en ont jamais assez ! On est l'usine à sous. Et évidemment, l'avion a près de ... deux heures de retard. C'est, horreur, une caravelle ! Pas d'air, pas d'espace !

On fait une escale à Pathankot, un arrêt de 25 mn. Puis on atterrit à Delhi. Dans l'avion, j'ai discuté avec mon voisin de siège. On avait un point commun : je travaille à l'INSEE, et lui, travaille dans les statistiques.

Arrivée à Delhi :

Retrouvailles avec notre chauffeur Sikh, Darbarath. Et nous retrouvons notre hôtel, le Claridge. Nous avons une super chambre (la 239), encore plus belle que les autres. Elle comporte la chambre, la salle de bain, plus un salon avec deux gros fauteuils, un canapé et une table basse. Elle se situe juste au dessus de la première chambre que nous avions eue, et elle donne donc sur la rue, au dessus de l'entrée de l'hôtel.

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Delhi La soirée :

Nous avons décidé de faire de notre dernière soirée au Claridge, une soirée indienne. Tout le monde revêt son sari, ou sa chemise indienne, et même le chef du groupe, porte un turban.

Le sari, ce n'est pas évident : nous descendons au restaurant, comme des Chinoises, par petits pas, car nous sommes complètement coincées dans ce sari, et cela sous le rire des serveurs. Il doit y avoir quelque chose qui ne va pas. C'est que nous avons fait un tour de trop... Nous nous éclipsons dans la dressing-room, et grâce à une âme charitable qui nous aide, nous revenons bien plus à l'aise.

Je suis assez fière de danser en sari, d'abord des slows, puis .. un rock, du jamais vu ... l'écharpe dégringole, il vaut mieux l'épingler. A vrai dire, je n'ai jamais vu d'Indiennes en sari danser au Claridge's, mais que des Européennes.

Et grande surprise : ce soir là, Miss Mandy alla plus loin dans son strip-tease !

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Lundi 24 Septembre 1973 - Delhi (2 ème jour) Dernier jour à Delhi, libre

Matin : Piscine. mal commencé : une averse. tout le monde s'abrite, et bien vite le soleil revient, et j'attrape mes derniers coups de soleil.

Après-midi : Nous partons à six vers Connaught Place, en taxi, faire les derniers achats, et les derniers marchandages.

Puis on se sépare. Avec François, nous décidons de retourner à la Mosquée de la Perle. Nous attendons un peu car il y avait un service en cours. De nouveau je dois revêtir la robe longue. Puis nous nous promenons dans les rues du Old Delhi. Pour une fois, je me sens à l'aise, malgré la pauvreté et la saleté. J'ai l'impression de retrouver l'Inde, que j'avais perdue depuis Kathmandu.

Nous nous dirigeons vers le Fort Rouge. Sur le chemin, il y a un rassemblement, une espèce de cirque : un type fait des cercles à vélo. On n'y comprend rien. les femmes se trouvent d'un côté du cercle et les hommes d'un autre. Je me retrouve être la seule femme au milieu des hommes...

Puis nous traversons un bidonville. derrière nous le soleil se couche derrière la mosquée. la mosquée a l'air en flammes. Pour la première fois je trouve un monument de Delhi, beau.

On arrive sur les pelouses qui entourent le Fort Rouge. par hasard nous tombons sur un spectacle très folklo. Des musiciens formant quatre ou cinq cercles sont en train de répéter. Un mélange de jazz et de fanfare, très curieux, des violons, des accordéons, des tambours, et des clarinettes. Il n'y a jamais de fin aux morceaux, tout s'enchaîne. Là aussi il n'y a que des hommes, et les regards sont autant sur nous que sur l'orchestre. (je porte une robe mini, et décolletée !). je réalise que je vais quitter l'Inde dans quelques heures, et la gorge me serre. Un taxi nous reconduit à l'hôtel.

On tombe sur Eric, l'accompagnateur du Touring Club. Avec son groupe, ils ont eu des problèmes d'avions, la piste de Khajuraho était toute inondée.

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Lundi 24 Septembre 1973 / Mardi 25 Septembre 1973 - De Delhi à Paris On quitte l'hôtel à 22h30 avec Darbarath notre chauffeur pour l'aéroport. On décolle à minuit quinze.

Vol Alitalia - DC 8

Très confortable. Silencieux et de la place. L'avion vient de Tokyo, puis est passé par Bangkok. Il y a même une hôtesse japonaise. C'est un vol de nuit.

Escale à Athènes (De nuit), changement d'équipage. des stewarts italiens terribles ! On en oublie les Sikhs !

Arrivée à Rome à 10h45. On a eu un vol de 10h30. On reste en transit pendant 3 hres.

Puis Rome - Paris En DC 9. Encore de beaux stewarts. Le temps est moche mais se lève juste à temps pour que nous découvrions les Alpes, le lac de Genève... Je trouve ça mieux que l'Himalaya !!

Arrivée à Paris A 10h15. On nous annonce 10° au sol ! On ne réalise pas bien, et on blague dans le car d'Air France sur les vaches sacrées et le chauffeur Sikh.

© Jocelyne Pruvot, le dimanche 23 Juin 1974 Rédigé entre septembre 1973 et juin 1974

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