PORTRAIT, VISAGE 4

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glow or radiance. Never voyeuristic or dispassionate, the artist pays tribute to people society often overlooks, people she herself admires for their inner strength. The exhibition concludes with Burson's most recent and ongoing work, including thought provoking portraits of androgynous-looking subject as well as her latest high-tech collaborations, on images of healthy and unhealthy immune cells. Exploring myriad connections between art, science, and perception, Seeing and Believing invites us to consider both the destabilizing impact of technology on the "timeless" human image in art and the role of perception in creating – and changing – our world. Source : http://www.class.uh.edu/blaffer/exhibitions/past_exhibition/2002/seeing_and_believing.html

Nancy Burson : volte-face Michael Sand in Réels, fictions, virtuel, FONTCUBERTA, Joan, dir. art., 27èmes Rencontres de la Photographie, Arles, Actes Sud, 1996, p.111-115

Depuis plus de vingt ans, Nancy Burson a choisi comme territoire artistique le visage humain, cette forme sans cesse changeante qu'est notre figure, notre aspect extérieur le plus identifiable. Parcourir ce travail est comme explorer la subjectivité de la beauté, les ravages du temps et de la maladie et l'impermanence de la réalité photographique. Volte-face : ce titre suggère un changement abrupt d'opinion ou de perspective, l'un des effets que Burson espère nous faire ressentir à travers sa photographie. Ce que vous trouviez beau ce matin au réveil ne l'est plus. Ce que vous trouviez monstrueux n'est à présent qu'un reflet flatteur de vous-même. Le vrai est désormais faux, et ce qui était ressenti avant comme une imposture est maintenant aussi réel, aussi solide que le nez sur votre visage. A ce jour, le travail photographique de Nancy Burson peut être divisé en deux périodes. De ses débuts en 1979 jusqu'en 1991, elle crée des visages fantastiques, images générées par ordinateur: composites, portraits vieillis, anomalies faciales réalisés numériquement. Depuis 1991, elle fait des photographies sans retouches de " visages particuliers ", adultes et enfants dont les apparences ont été altérées par la nature, la maladie ou les circonstances. Il est intéressant de remarquer que Nancy Burson est allée à contre-courant des transformations technologiques : son travail sur ordinateur précédant la photographie " directe ", alors que de nombreux photographes ont récemment intégré l'ordinateur dans leurs processus de fabrication d'images 1. Et bien qu'elle soit toujours en train de développer des pièces interactives qu'elle installe à côté de ses photographies, et qu'elle puisse à l'avenir produire encore d'autres images créées sur ordinateur, son retour actuel à la photographie conventionnelle est le résultat d'un changement radical de perspective, d'une volte-face par rapport à son engagement dans le portrait. Néanmoins, au travers de toute sa production photographique, on retrouve toujours ce mélange de curiosité, de sérénité et de préoccupation sociale. En 1968, peu de temps après s'être installée à New York, Nancy Burson a vécu un moment décisif dans sa carrière d'artiste. Une exposition au Museum of Modern Art intitulée " La Machine telle qu'on peut la voir à la fin de l'âge mécanique " lui fit un tel effet qu'à sa sortie, elle conçut sa " Machine à vieillir " [fin p.111] – Age Machine –, une installation informatique interactive qui devait permettre aux spectateurs de voir, en face d'eux, leur visage vieillir. A l'époque néanmoins la recherche en visualisation informatique n'était pas assez avancée pour lui permettre de réaliser son projet. De fait, il faudra plusieurs années avant qu'il voit le jour, avec l'aide des ingénieurs du Massachusetts Institute of Technology 2. Plus tard, en collaboration avec les informaticiens Richard Carling et David Kramlich, Burson perfectionnera le processus de transformation du spectateur en une personne plus âgée en utilisant des modèles informatiques. Les portraits ainsi vieillis de Brooke Shields, John Travolta ou d'autres célébrités se retrouvèrent dans les magazines populaires. Burson elle-même connut une grande notoriété et fut invitée à plusieurs débats télévisés aux Etats-Unis et en Angleterre. Le développement du projet, peut-être le plus remarquable, fut quand le FBI contacta Burson et Kramlich pour utiliser la " Machine à vieillir " afin de retrouver des enfants disparus (ce qu'ils ont pu faire avec succès dans plusieurs cas). Au début des années quatre-vingt, Burson fit une série de portraits composites créés sur ordinateur, toujours en collaboration avec David Kramlich (qu'elle épousa en 1987) et Richard Carling. Le programme, intégrant des coordonnées faciales différentes, établissait une image moyenne à partir de plusieurs portraits. Bien des changements sont intervenus dans le monde de la technologie de pointe depuis la création de ces premiers portraits composites. Aujourd'hui, des programmes tout prêts permettent de faire du morphing (travailler sur la morphologie) aisément, et les films et la publicité ne se privent


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