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Histoire

C’est l’histoire d’un domaine agricole, d’une famille et d’un cheval d’exception…

Tout a commencé il y a un demi-siècle, en 1971, Maurice MACHERET fait l’acquisition d’une propriété agricole sur notre commune qui appartenait à la famille GRAZ. Il a acheté ce domaine avant d’entamer une importante phase de travaux, drainage et constructions uniquement pour son cheval, qui commençait à peine à se faire un nom sur les hippodromes, il s’appelait Bellino II. Maurice MACHERET, salaisonnier de métier, mais issu du monde agricole, son grand-père, monsieur ANTHONIOZ, originaire des Gets, était marchand de bestiaux sur le secteur d’Annemasse, durant la première moitié du XXe siècle. Comme dans beaucoup de familles à cette époque, la culture des chevaux d’attelage était très présente, le cheval était l’outil de travail de bon nombre d’agriculteurs avant l’arrivée de la mécanique. Bellino II est né à Vétraz-Monthoux en 1967, monsieur MACHERET s’aperçoit très vite que son cheval a un potentiel énorme, il sortait de l’ordinaire. La propriété de Perrignier devient le centre d'entraînement de Bellino entre les meetings. Mais pour développer la carrière de ce futur champion, le parcours est long et sinueux. Le cheval est un athlète, il doit évoluer dans un environnement qui lui est entièrement dédié, dans lequel il bénéficie de tout le confort, et là où il peut se reposer et se ressourcer entre les compétitions grâce à ses propriétaires et à son soigneur. Bellino II commence à courir en 1970 sur l’hippodrome de Lyon. Mais c’est au milieu des années 70 que le champion entre dans la légende des « trotteurs. » sous la férule de Jean-René GOUGEON, Bellino II devient l’un des plus grands trotteurs du monde, ce qui est peut-être encore vrai aujourd’hui.

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Une de Bertrange en premier plan en pleine séance d'entraînement à Perrignier.

Un palmarès « hors norme »

Bellino II c’est 55 victoires. Un record de 1’13. Prix d’Amérique : Trois fois vainqueurs 1975, 1976, 1977. Le prix d’Amérique, c’est la plus grande course du monde de trot attelé, elle se déroule chaque année, le dernier dimanche de janvier. La saison 1975-1976 aura été exceptionnelle pour le cheval, il remporte le Prix d’Amérique, le Prix de France, le Prix de Paris. Ils ne sont que 4 chevaux dans

l’histoire à avoir réalisé ce triplé auquel s’ajoutent les Prix de l’Ile de France et du Cornulier ce qui est probablement unique. Peu de gens le savent mais Bellino II est le dernier grand trotteur à avoir gagné de grandes épreuves aussi bien au trot attelé, qu’au trot monté. (Prix de Cornulier, Prix de Vincennes, Prix du Président de la République, Prix de Normandie etc.). Plusieurs prix portent aujourd’hui le nom de Bellino II. Bellino II (1’13*) Classique meurt le 6 septembre 1981, il y a quarante ans, à seulement 14 ans. Il est enterré dans la propriété familiale de Perrignier. L’histoire ne s’arrête pas là, d’autres chevaux, nés dans le domaine de Perrignier, vont devenir des champions. Le plus célèbre d’entre eux le Classique Lurabo (1’13*), né en 1977, remportera le prix d’Amérique et le grand circuit européen en 1984.

Une histoire familiale : « Écurie de l’Abbaye »

La Haute-Savoie n’était pas connue pour être une terre d’élevage de chevaux de courses. Mais l’Ecurie de l’Abbaye est un formidable exemple de palmarès familial. Maurice MACHERET, était propriétaire, éleveur et entraîneur de ses chevaux. Il a été rejoint par son fils Benoît, après que ce dernier eut drivé (et gagné) en courses, en 1992 dans la structure familiale (associés parents et enfants) SCEA Écurie de l’Abbaye. Avoir les quatre étiquettes est suffisamment rare pour être souligné. Dans les années 2000 mais surtout 2010, il y aura le classique Vinci de L’abbaye (1’10), les semi-classique Radjah de L’abbaye (1’12) et Une de Bertrange (1’13) (achetée yearling et meilleure pouliche de France à l’âge de trois ans en l’espace de deux courses), la gagnante de Groupe 3 Lybele de L’abbaye (1’12), les gagnants de prix de série Parisiens Borgia de L’abbaye, Catko de L’abbaye. Cette liste n’est pas exhaustive. La famille a su s’entourer des grands noms du monde hippique pour parvenir à faire émerger ses champions sous ses propres couleurs en sorties publiques. Il y a eu monsieur Jean BOILLEREAU et monsieur Jean-Michel BAZIRE. La volonté de la famille a toujours été d’apporter le plus grand confort naturel à ses chevaux. On ressent qu’il y a un amour inconditionnel pour l’animal, une vraie passion. Ceux qui arrivent à l’âge limite pour courir, passent une belle et paisible retraite dans la propriété de Perrignier. Bellino II, et à droite en blanc, Monsieur Maurice MACHERET

Maurice MACHERET est décédé en mars 2016 dans sa 92e année. Aujourd’hui Benoît MACHERET après être rentré de Paris (domaine de Grosbois) et de la Sarthe où il avait monté une antenne entre Le Mans et La Ferté Bernard continue d’exploiter le domaine toujours familial de Perrignier et ce malgré la disparition tragique et accidentelle survenue en 2019 de monsieur Jean BOILLEREAU, fine main du Centre-Est dans laquelle l’essentiel des rejetons « de l’Abbaye » sont passés et dont l’hippodrome de Vincennes en guise d’hommage a nommé un prix d’importance à son nom. Je remercie Benoît MACHERET de m’avoir accordé du temps pour préparer cette petite page histoire de notre bulletin municipal.

On dit souvent que le cheval est l’animal le plus proche de l’homme, et c’est vrai. Depuis sa domestication, il y a environ 5000 ans, le cheval a toujours accompagné l’homme au fil du temps. La complicité entre un cheval et son propriétaire est quelque chose de très particulier, il y a un lien quasi fusionnel.

Céline BURGNIARD

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