réalités ophtalmologiques # 211_Mars 2014_Cahier 2
Revue Francophone des SpĂ©cialistes de la RĂ©tine â n° 10
2. Les nĂ©ovaisseaux choroĂŻdiens La nĂ©ovascularisation choroĂŻdienne concernerait 4 Ă 10 % des patients porteurs dâune myopie forte pathologique et reprĂ©sente la premiĂšre des causes de nĂ©ovascularisation choroĂŻdienne chez les sujets de moins de 50 ans (60 %) [1]. Les nĂ©ovaisseaux sont souvent visualisĂ©s au FO devant un aspect rond grisĂątre entourĂ© par une couronne pigmentĂ©e en position juxta ou rĂ©trofovĂ©olaire. Une petite hĂ©morragie rĂ©tinienne peut border la lĂ©sion. Un tiers des A
nĂ©ovaisseaux aurait pour origine une rupture de la membrane de Bruch [5]. Les nĂ©ovaisseaux choroĂŻdiens (NVC) chez le myope fort crĂ©ent moins dâexsudation que les nĂ©ovaisseaux de la DMLA. LâĂ©paississement fusiforme du complexe membrane de Bruch et EP est toujours visualisĂ© en OCT mais lâĆdĂšme intra- ou sous-rĂ©tinien adjacent est souvent trĂšs faible [14]. Les signes OCT et angiographiques sont parfois trĂšs discordants, avec des signes dâexsudation prĂ©sents Ă lâOCT et pas en angiographie et inversement [15, 16]. Les deux examens sont complĂ©mentaires B
et la prĂ©sence dâexsudation sur un seul des deux doit conduire Ă un traitement ou un retraitement (fig. 7). LâĂ©tude RADIANCE a mis en avant le rĂŽle des anti-VEGF dans le traitement des NVC secondaires Ă une myopie forte avec une extension dâautorisation de mise sur le marchĂ© europĂ©enne du ranibizumab le 5 mai 2013. La posologie comprend une initiation avec 1 injection unique puis retraitement en cas de diminution de lâAV et/ou de signes dâactivitĂ© de la lĂ©sion. Le suivi recommandĂ© est mensuel au cours des 3 premiers mois de traitement, puis trimestriel. AprĂšs la premiĂšre annĂ©e, la frĂ©quence est dĂ©terminĂ©e par lâophtalmologiste, permettant une prise en charge individualisĂ©e. 3. HĂ©morragie maculaire et rupture de la membrane de Bruch
C
D
Avant IVT
AprĂšs IVT
Fig. 7 : NĂ©ovaisseau choroĂŻdien du myope fort. A : pigmentation entourant le NVC, signe de bon pronostic en gĂ©nĂ©ral pour la rĂ©ponse au traitement anti-VEGF. B : angiographie Ă la fluorescĂ©ine sur laquelle on observe une diffusion franche du colorant correspondant Ă lâexsudation du NVC. C : OCT ne montrant que trĂšs peu de signe dâexsudation. On note un
trĂšs lĂ©ger Ă©paississement (flĂšche rouge) qui disparaĂźt aprĂšs traitement par une injection intravitrĂ©enne de ranibizumab (D). Lâaspect grisĂątre correspond Ă une hyperrĂ©flĂ©ctivitĂ© mal dĂ©limitĂ©e au dessus du NVC, assez typique de lâactivitĂ© nĂ©ovasculaire.
Les ruptures de la membrane de Bruch sont frĂ©quentes chez le myope fort et sont souvent prĂ©sentes en cas de nĂ©ovaisseaux, puisquâelles en sont un facteur prĂ©disposant. Comme pour la vision, une Ă©paisseur choroĂŻdienne faible est de mauvais pronostic, elle est associĂ©e au risque de survenue de rupture. Asymptomatique ou entraĂźnant parfois une BAV si le saignement sous-rĂ©tinien est rĂ©trofovĂ©olaire. Dans ce cadre, lâhĂ©morragie en impose pour un nĂ©ovaisseau et elle masque une Ă©ventuelle diffusion en angiographie. LâOCT permet souvent de vĂ©rifier lâintĂ©gritĂ© de lâEP sous lâhĂ©morragie pour rectifier le diagnostic. Dans ces cas, lâICG est utile, les images infrarouges passent Ă travers lâhĂ©morragie et lâabsence dâhyperfluorescence Ă©limine un nĂ©ovaisseau. Les ruptures de la membrane de Bruch sont trĂšs bien visualisĂ©es, car hypofluorescentes,autempstardifdelâICG. Par prĂ©caution, il est bon de renouveler lâexamen OCT Ă 15 jours pour sâassurer de la disparition de lâhĂ©morragie et de lâabsence de nĂ©ovaisseaux.
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