Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise

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Découvrir le patrimoine naturel de SAINTE-FOY-TARENTAISE


Préface

La Vanoise, massif de montagne, niche son âme au sein d’une communauté de villages, réunis autour du Parc national. Là, une mosaïque de milieux naturels, un vivier d’espèces, offrent un assemblage généreux de formes et de couleurs, où s’imbriquent espaces sauvages et terres utilisées par l’homme. Les milieux naturels, visages multiples de la montagne, façonnés par l’homme comme par les aléas d’une nature rétive, donnent son identité et son caractère au territoire. Expression d’équilibres riches et diversifiés, toujours en devenir, ces milieux portent notre mémoire et se livrent en héritage. Ils sont une chance pour demain, et imposent un devoir de respect qui fait appel à la responsabilité de chacun. Depuis plusieurs années déjà, le Parc national de la Vanoise et ses partenaires financiers se sont engagés dans une collaboration originale pour la valorisation et la gestion de ces milieux naturels remarquables. Ce partenariat vise à aider les gestionnaires, valoriser les savoir-faire dans le domaine de l’environnement et développer la sensibilisation du public. La commune de Sainte-Foy-Tarentaise s’est investie dans cette démarche, aux côtés du Parc national de la Vanoise, avec la collaboration du Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. “Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise” est le reflet d’un ensemble vivant, foisonnant, de faune, flore, forêts, pelouses, éboulis, torrents… Au-delà du regard quotidien sur notre environnement, ce document aiguise notre perception et nous révèle la mesure véritable de ce patrimoine. Il s’agit de mieux le connaître pour rechercher les moyens de le préserver et, dans toutes les actions de la commune, de l’envisager comme un bel enjeu pour demain.


Le mot du Maire

L’ouvrage qui vous est proposé et que vous allez découvrir a été réalisé par le Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie, le Parc national de la Vanoise et la mémoire des acteurs locaux qu’ils soient issus de l’agriculture, du tourisme, des activités de la montagne, de l’artisanat, ou simplement de l’habitant santaférain dans sa culture locale. Sainte-Foy s’étend sur une surface de 11 000 ha de montagne, forêts et de pâturages en particulier, la surface urbanisée ne couvrant qu’un peu plus du dixième de sa surface totale. Sainte-Foy a ancré son histoire et son patrimoine, comme chaque village de fond de vallée, à l’écart des grandes civilisations, comme un village replié sur lui-même, accroché à sa richesse naturelle constituant sa seule ressource tirée de la terre, du fruit de la nature, et du travail laborieux des générations qui ont bâti ce patrimoine, guidée sur la culture locale et le besoin, pour satisfaire le simple indispensable. Sainte-Foy compte aujourd’hui un peu plus de 800 habitants permanents, ce qui représente une augmentation sensible de la population, qui avait chuté à quelques 500 habitants à partir des années 30 pour connaitre un exode rural important, l’agriculture ne nourrissait plus son homme. Elle avait pourtant permis, jusqu’à la fin du XIXe siècle, de vivre à une population à plus de 1 500 habitants, répartis sur l’ensemble d’une vingtaine de villages. Certains de ces villages, habités durant l’hiver étaient totalement isolés et repliés sur eux mêmes durant plusieurs mois. Le développement touristique maitrisé par des contraintes administratives et environnementales a débuté tardivement, dans les années 90. Il a permis de prendre en compte les expériences connues de nos voisins, bonnes ou mauvaises, et de réaliser une offre touristique complémentaire à celles existantes à proximité. Sainte-Foy se place sur la trajectoire des communes voisines avec lesquelles nous partageons notre richesse naturelle avec le souci de la recherche perpétuelle et sensible de préservation de ce patrimoine, dans le cadre de nos activités communes pour les associer à nos voisins et nos visiteurs. Conscients de leur richesse, les Santaférains participent à la mise en valeur de leur patrimoine naturel constitué de forêts, de sentiers, de glaciers, de lacs, de montagnes dans un environnement de chalets construits en pierre et couverts de lauzes. Ce patrimoine complète l’offre touristique et constitue un modèle et une ambiance de convivialité et de sérénité qui font que l’on se sent bien à Sainte-Foy.


La montagne nous a été léguée par la nature, nous en sommes locataires et l’empruntons à nos générations futures, dit-on, sa sauvegarde et son maintien sont gages de notre engagement et surtout de notre responsabilité et notre profond respect. “Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy” est un outil qui, nous l’espérons vous permettra de poursuivre cette sensibilisation et ce respect qui nous touche. Il appartient aux décideurs d’aujourd’hui que nous sommes, chacun de nous à notre place, de transmettre cette sensibilité et ce respect, pour un ordre qui constitue notre cadre de vie et les moyens de notre avenir et celui de nos enfants.

Raymond BIMET, Maire de Sainte-Foy-Tarentaise


* A télécharger sur parcnational-vanoise.fr

Sommaire Préface Le mot du Maire

Quelles richesses naturelles sur la commune ?

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Un aperçu général de la commune Dimension économique Paysages de Sainte-Foy-Tarentaise Diversité de la flore Diversité de la faune Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel

Les milieux naturels, des lieux de vie

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Préambule Fiche-milieu n°1 : Fiche-milieu n°2 : Fiche-milieu n°3 : Fiche-milieu n°4 : Fiche-milieu n°5 : Fiche-milieu n°6 : Fiche-milieu n°7 : Fiche-milieu n°8 : Fiche-milieu n°9 : Fiche-milieu n°10: Fiche-milieu n°11: Conclusion

Le village, les hameaux et leurs abords Les cours d'eau et les lacs Les zones humides d’altitude Les prairies de fauche de vallée et d’altitude Les forêts de conifères L’aulnaie verte et la mégaphorbiaie Les landes, les landines et les fourrés de saules d’altitude Les pelouses d’altitude et les combes à neige Les éboulis, les moraines et les glaciers rocheux Les rochers et les falaises Les glaciers et les névés

Regard sur quelques espèces

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Fiche-espèce n°1 : Fiche-espèce n°2 : Fiche-espèce n°3 : Fiche-espèce n°4 : Fiche-espèce n°5 : Fiche-espèce n°6 : Fiche-espèce n°7 : Fiche-espèce n°8 : Fiche-espèce n°9 : Fiche-espèce n°10 : Fiche-espèce n°11 : Fiche-espèce n°12 : Fiche-espèce n°13 :

Le Caricion bicolori-atrofuscae L’orchis nain des Alpes Le genévrier sabine La pédiculaire tronquée Le saule helvétique La gentiane à feuilles d’asclépiade Le triton alpestre Le faucon pèlerin La barbastelle d’Europe L’écaille martre Le bec-croisé des sapins Le chevreuil La truite fario de souche méditerranéeenne

Annexes

p. p.

1 3

p. p. p. p. p. p. p.

7 9 16 24 29 36 39

p. 47 p. 49 p. 50 p. 58 p. 69 p. 77 p. 86 p. 99 p. 106 p. 116 p. 127 p. 137 p. 146 p. 151 p. 155 p. 156 p. 159 p. 161 p. 163 p. 166 p. 168 p. 170 p. 173 p. 176 p. 179 p. 181 p. 184 p. 187 p. 191 p. 193 p. 198 p. 202 p. 204

Lexique* Bibliographie Liste des plantes d’intérêt patrimonial Index des noms d’espèces (*) Les mots en italique suivis d’un astérisque dans le texte sont définis dans le lexique.

Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise - 5


PrĂŠsentation

Quelles richesses naturelles sur la commune ?


PrĂŠsentation

Reliefs et cours d’eau de Sainte-Foy-Tarentaise

8 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Sommaire

Présentation

Un aperçu général de la commune La commune de Sainte-Foy-Tarentaise se situe en Savoie, en haute Tarentaise, au sein des Alpes internes du Nord. Elle est rattachée administrativement au canton de Bourg-SaintMaurice. De nombreux cols et sommets sont situés sur la frontière italienne : pointe Rousse, col de la Louïe Blanche, les dents Rouges, col du Petit ou du Tachuy, Grand Assaly et Petit Assaly, col du Grand, col de l’Invernet, Becca du Lac, col de la Sassière, Bec de l’Ane, col du Mont, pointe d’Archeboc, col du Lac Noir, pointe du Rocher Blanc, col du Rocher Blanc, pointe des Mines, pointe de la Plate des Chamois et aiguille de la Grande Sassière. Sur le versant français trois communes sont limitrophes : Montvalezan, Villaroger et Tignes. D’une surface de 10 700 ha, Sainte-Foy-Tarentaise fait partie des communes du Parc national de la Vanoise. Une superficie de 170 ha est classée dans le cœur du Parc, le reste se trouve inclus dans l’aire optimal d’adhésion (lire le paragraphe “Parc national de la Vanoise” p.39).

Sainte-Foy-Tarentaise, commune du Parc national de la Vanoise

Morphologie de Ste-Foy-Tarentaise

La

commune se caractérise par une forte

amplitude altitudinale, de 890 m dans la

vallée de l’Isère à 3 747 m au sommet de l’aiguille de la Grande Sassière. Ceci se traduit par l’existence de quatre étages de végétation* : montagnard, subalpin et alpin,

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 9


Présentation

Sur cette rive, la commune occupe un vaste versant entaillé par trois affluents, du nord au sud : le nant Saint-Claude, le ruisseau du Clou et le nant Cruet. Cette partie de la commune, dominant l’Isère, délimite des pentes très habitées où se répartissent les principaux hameaux, ainsi que l’essentiel des forêts du territoire. Ce versant se prolonge par de larges vallons d’altitude, correspondant aux têtes de bassins des torrents : - au nord, la vallée du Crot qui se divise en trois vallons : Louïe Blanche, Sassière et Mercuel ;

PNV - Stéphane Mélé

prolongés au-delà de 2 700 à 3 000 m d’altitude par un étage nival. Ce dénivelé engendre également un étagement des paysages. Le bas de la commune est marqué par la vallée très encaissée de l’Isère, qui s’élargit à sa confluence avec le torrent de Saint-Claude, dit nant SaintClaude. A l’exception d’une partie qui déborde sur les versants situés en rive gauche de l’Isère, au niveau du Pailleret, et formant une enclave au sein des limites communales de Villaroger, le territoire de Sainte-Foy s’étend principalement en rive droite de l’Isère.

Anne Royer

Versant de Sainte-Foy avec les villages de la Masure et du Miroir, la vallée du Crot et les sommets du vallon de la Sassière

Les vallons du Clou et du nant Cruet depuis Villaroger

10 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Géologie et géomorphologie

Le

découpage de la commune en zones morphologiques bien individualisées résulte d’une histoire géologique complexe mettant en jeu des roches très diverses et des forces tectoniques multiples.

PNV - Christian Balais

Il est possible toutefois de distinguer deux grands types de roches. Il s’agit : - d’une part de roches très métamorphisées et compactes, comme le gneiss. Le massif du Ruitor, un ancien socle primaire relevé, est composé de ces roches, que l’on

retrouve sur la montagne de la Becca du Lac ; - d’autre part, de roches sédimentaires, très variées et moins homogènes, parfois métamorphisées comme les roches vertes, ou parfois plissées comme les schistes lustrés, tels qu’on les trouve en rive droite du ruisseau du Clou à l’amont du Monal. Ces roches faisaient partie d’un océan (la fosse briançonnaise) dont les fonds se sont relevés au Tertiaire. Plus sensibles à l’érosion, elles peuvent correspondre aux bassins d’altitude et sont susceptibles, sous l’effet de la tectonique, de développer des reliefs très contrastés, comme les rochers de Pierre Pointe et l’aiguille de la Grande Sassière séparées par la faille du nant Cruet. Sur ce substrat complexe, les glaciers du quaternaire ont développé un relief très marqué, en creusant et en déplaçant d’importantes masses de matériaux. Les zones fragiles, à cause de la nature de leur roche ou de leur structure (failles), ont été dégagées pour former des ombilics comme les vallons de Mercuel et du Crot, taillés dans le Houiller (anciennes mines de charbon dans la forêt du Grand Follié, ou bien l’ombilic de Viclaire). Ces glaciers sont

Zone de transition géologique entre roches sédimentaires (claires, à gauche) et roches métamorphiques (sombres, à droite) - Sous le col du Rocher Blanc

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 11

Présentation

- au centre, le vallon du Clou ; - au sud, le vallon du nant Cruet. Au sein de ces vallons, le paysage est façonné par de nombreux lacs et hauts sommets accompagnés de leurs appareils glaciaires en recul : le Ruitor, la pointe d’Archeboc, la Grande Sassière, et bien d’autres. Au sud, la limite avec la commune de Tignes s’étend ponctuellement en rive gauche du nant Cruet.


PNV - Christian Balais

Présentation

Roches moutonnées sous le lac du Petit - La Sassière

quables : des moraines latérales et frontales, visibles à l’amont du Plan de la Sassière, mais aussi depuis la Motte et le vallon du Clou. Enfin à l’aval, en libérant d’énormes quantités d’eau au moment de leur retrait il y a 10 000 ans, les glaciers ont donné naissance à des torrents. Depuis les vallées suspendues, ces torrents rejoignent l’Isère par de spectaculaires gorges de raccordement, comme le nant Saint-Claude, à l’aval de la Mazure (également orthographié la Masure), et le Clou, à l’aval de l’Échaillon.

PNV - Stéphane Mélé

aussi à l’origine de cuvettes d’altitude qui correspondent aujourd’hui à des lacs, comme le lac Blanc, profond de 42 m. Par contre les roches plus dures ont été mises en valeur et constituent, à l’aval des ombilics, des verrous où les roches striées témoignent de la puissance érosive de la glace. Les verrous de la chapelle SaintPierre, au Plan de la Sassière, et de la stèle Saint-Jacques, au Clou, illustrent ce phénomène. Au cours de leurs avancées et de leurs reculs, les glaciers ont laissé des formes remar-

Verrou glaciaire des Mollettes, à l’aval du plan de la Sassière

12 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Présentation PNV - Christian Balais

Aujourd’hui, d’autres forces continuent d’agir sous l’effet de la pente et de l’altitude : les contrastes thermiques, les avalanches et l’érosion torrentielle. L’histoire de SainteFoy-Tarentaise est ponctuée de phénomènes spectaculaires et tragiques comme l’éboulement de la Molluire (ou dit du Bec Rouge) en 1877, les glissements successifs du versant du chef-lieu à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, et les laves torrentielles du nant Saint-Claude en 1882.

Gneiss oeillé et lichen - Tête du Charvet

L’habitat

PNV - Christian Balais

L’ensemble de l’habitat s’étage depuis les rives de l’Isère à 890 m d’altitude (hameau de Viclaire) jusqu’à 2 300 m (chalets des Balmes). Les habitations sont regroupées en de nombreux petits hameaux ou villages. Parmi ces derniers, les hameaux d’habitation permanente ont été organisés en trois ensembles principaux, dénommés “quartiers” ou “tiers”. Le “Quartier des Villes” rassemble Viclaire, le Champet, le Miroir et

la Masure. Le “Tiers du milieu”, situé entre la forêt du Grand Follié et le Grand Bois, sur une pente presque régulière, rassemble la plus grande densité de hameaux. C’est dans cette unité que se trouve le chef-lieu, à 1 051 m d’altitude, ainsi que la stationvillage de Bonconseil. Enfin le “Tiers sur le Bois” rassemble, entre autres, les hameaux de la Thuile, de la Combaz, de Chenal et du Châtelard. Une partie de ces hameaux a perdu sa fonction d’habitat permanent.

Chef-lieu

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 13


PNV - Christian Balais

Présentation

Hameau de Pierre Giret

construite à partir de quatre hameaux (Bonconseil d’en haut et d’en bas, les Maisonnettes, la Guerse et la Bataillette), - de hameaux ou chalets d’alpage habités en été seulement : le Crot, les Fontaines, Plan du Pré, le Fenil, la Savonne, Pierre Giret, la Motte, l’Échaillon, Nantcruet, les Balmes, Chenal, le Monal, etc. - d’hébergements pour les randonneurs : les refuges du Ruitor, de l’Archeboc, du Monal et le gîte d’étape de Chenal.

PNV - Christophe Gotti

Dans le mode de vie passé, basé sur l’élevage laitier et le pastoralisme, ces ensembles étaient prolongés par des hameaux de “remue”, situés dans les vallons d’altitude, et habités au cours de la saison d’estive. Autour du chef-lieu, l’habitat santaférain se compose : - de hameaux : la Masure, le Miroir, le Planay, la Thuile, Viclaire, le Baptieu, le Villard, Raffort, Montalbert, etc. - d’une station de ski : appelée Sainte-Foy station, ou encore station de Bonconseil,

Refuge privé de l’Archeboc - La Motte

14 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Suite

Nombre d’habitants

à l’explosion démographique que connaît la Savoie au début du XIXe siècle, la population de Sainte-Foy-Tarentaise atteint son maximum vers 1850 avec environ 1 575 habitants. Après le rattachement de la Savoie à la France, ce mouvement s’inverse pendant près d’un siècle, pour chuter au seuil de 593 habitants en 1975, soit une diminution d’environ 60 %. Jusqu’au milieu du XXe siècle, cette baisse spectaculaire est ponctuée par quelques phases de relative stabilité et par quelques phases de “sursauts” liées à la présence d’ouvriers

travaillant sur différents chantiers, à la fin du XIXe siècle et jusqu’au milieu du XXe siècle : - chantiers routiers, - chantiers de génie civil (barrages sur le nant Saint-Claude et drains dans le secteur du Planay), - chantiers d’aménagements hydroélectriques, comme le chantier du barrage de Tignes de 1946 à 1952. Le mouvement de déclin s’interrompt à la fin du XXe siècle : une nouvelle remontée de la population permet de retrouver 815 habitants au recensement de 2005. Ce mouvement est lié au développement du tourisme hivernal.

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 15

Présentation

La population


Présentation

Dimension économique Commune à vocation agricole et aux terroirs très personnalisés, Sainte-Foy-Tarentaise s’est avant tout développée avec l’élevage de vaches laitières. Comme elle partage la moitié de ses limites avec l’Italie, les habitants ont également, depuis longtemps, entretenu d’importants rapports humains et commerciaux avec les villages italiens du Valgrisenche, situés de l’autre côté des cols du Mont et du Rocher Blanc. Sainte-Foy a vu son identité se modifier avec le développement du tourisme hivernal en haute Tarentaise. L’essentiel de son économie est désormais lié à cette nouvelle activité et aux revenus engendrés par l’exploitation hydroélectrique d’EDF.

L’agriculture

À l’image de la Savoie, l’agriculture est une activité qui a subi une profonde mutation au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, avec une diminution du nombre d’exploitations, une augmentation de la surface par exploitation et une modification du type d’élevage. En 2000, la surface agricole utilisée sur la commune était de 724 ha. Cette partie hors alpage est constituée de prairies naturelles fauchées et/ou pâturées qui se situent généralement en-dessous de 2 000 m d’altitude. Après avoir diminué depuis la seconde

moitié du XXe siècle, cette surface est à nouveau en augmentation depuis les années 1990. Le territoire communal présente cinq grands secteurs d’alpage localisés entre 1 600 et 2 800 m d’altitude et couvrant une surface de 3 750 ha (lire la fiche-milieu n°8, paragraphe “Usages, intérêts économiques et représentations” p.122). Chacun de ces secteurs est divisé en une à trois unités d’alpage. Neuf exploitations pratiquent l’inalpage*. L’alpage des Monts, dans le vallon du Clou, et l’alpage de la Becqua – Nant Cruet, dans le vallon du nant Cruet sont chacun gérés par un groupement pastoral.

PNV - Stéphane Mélé

En 2006, Sainte-Foy-Tarentaise compte 15 exploitations d’élevage, correspondant à une diminution d’environ un tiers depuis 2000 (23 exploitations) et d’environ 80 % en 25 ans. Certains chefs d’exploitation pratiquent une double activité (travail en station de ski). Une grande partie de ces exploitations agricoles est de petite taille (moins de 15 bovins, ou moins de 50 ovins, et moins de 5 ha).

Vache tarine portant une clarine sculptée

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Sainte-Foy reste traditionnellement orientée vers l’élevage de vaches laitières, mais accueille depuis peu plusieurs exploitations qui se spécialisent dans l’élevage ovin, lesquelles totalisent environ 550 moutons.

Sommaire


PNV - Christophe Gotti

Troupeau de brebis vers l’Échaillon

PNV - Stéphane Mélé

Cet effectif est complété par quelques troupeaux transhumants, totalisant environ 700 moutons qui passent l’été sur les alpages de la commune. Les brebis montent en alpage au cours du mois de juin. Si certains troupeaux, gérés par des exploitations qui n’ont pas une vocation économique forte, ne bénéficient d'aucun parcage ni gardiennage, d’autres sont gardés par un berger et ses chiens le jour, et parqués la nuit. Les agneaux sont vendus aux niveaux local et régional. En 2006, la commune comptait 175 vaches laitières et 123 génisses, réparties en 7 troupeaux. Deux troupeaux transhumants, originaires de la Drôme et de la vallée de Tarentaise (commune de Mont-

Sainte-Foy-Tarentaise se trouve dans la zone d'appellation d’origine contrôlée, A.O.C., beaufort. La plus grande partie du lait est collectée toute l’année par la coopérative laitière de Bourg-Saint-Maurice et une société de production fromagère à EssertsBlay, où il est transformé en beaufort et tomme. La production annuelle de fromage de vache est d’au moins 80 tonnes. Dans le secteur d’alpage du vallon du Clou, le lait est transformé sur place par une seule exploitation en beaufort, tomme fermière (lait de vache) et persillé de Sainte-Foy (lait de chèvre). En saison d’alpage, le beaufort fabriqué sur place peut bénéficier du label beaufort qualificatif “Chalet d’alpage”, dit beaufort d’alpage. En été, la découverte de la fabrication du fromage peut se faire de manière libre, comme au Monal. Ces fromages sont vendus localement. Une partie d’entre eux est distribuée par quelques grossistes de la région RhôneAlpes pour être vendue dans les stations de

Meules de Beaufort aux chalets d’alpage des Balmes - Vallon du Clou

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 17

Présentation

valezan) s’ajoutent à ces effectifs en été. Les vaches sont de la race Abondance ou Tarine. Un cheptel caprin laitier de 90 bêtes de la race Chamoisé complète les activités d’élevage de la commune.


PNV - Christian Balais

Quelques apiculteurs amateurs produisent encore du miel. Les ruches sont installées en divers endroits de la commune, et déplacées en altitude en suivant l’évolution de la floraison. La vente de ce miel toutes fleurs se fait généralement en direct.

Ruches au hameau du Biolley

Le tourisme

Les

grands espaces offerts par les vallons d’altitude et la qualité des paysages de Sainte-Foy-Tarentaise sont le support d’un tourisme initialement basé sur la découverte et la randonnée. Les premiers “touristes” ont exploré les montagnes de Sainte-FoyTarentaise au XIXe siècle, pour y faire, entre autres, l’ascension des massifs du Ruitor et de la Grande Sassière. Le réseau de sentiers est très dense. Il permet de découvrir l’ensemble de la commune. Certains d’entre eux font partie de plus vastes itinéraires : la Via alpina (traversée de l’arc alpin de la Slovénie à Monaco), la “haute route glaciaire” (boucle transfrontalière entre le Parc national de la Vanoise et

celui du Grand Paradis), le “tour de haute Tarentaise-Vanoise” et enfin, le “sentier des refuges” (reliant le refuge de la Balme, sur la commune de la Côte-d’Aime, au gîte d’étape de Chenal). De petits documents, délivrés à l’office de tourisme, décrivent certains de ces sentiers et itinéraires. La fréquentation touristique est la plus forte de la mi-juillet à la mi-août, pour la saison d’été. Enfin les vallons d’altitude offrent un cadre idéal pour la randonnée à ski, une activité pratiquée depuis longtemps sur Sainte-FoyTarentaise. Ces activités de plein air et de découverte de la nature, associées à la connaissance du patrimoine culturel, constituent un attrait touristique important de la commune (lire la liste des activités dans l’encadré page 20).

PNV - Stéphane Mélé

Présentation

ski et dans les régions Rhône-Alpes et Ile-deFrance.

Panneaux d’information sur la “Via alpina” et la “Haute route glaciaire” au col du Mont

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Présentation PNV - Christophe Gotti

Randonnée en raquette sous le refuge de l’Archeboc

PNV - Christian Balais

Ce tourisme d’été est complété dès 1990, par un tourisme d’hiver basé sur la pratique du ski de piste. Située à 1 550 m d’altitude, sur le versant ouest de la pointe de la Foglietta, la station-village de Sainte-Foy a pris un plus large essor dans les années 2000. Le domaine skiable se compose d’environ 40 km de pistes desservies par quatre télésièges, deux tapis roulants et un télécorde. La station est aussi le point de départ de quatre itinéraires “raquettes”. Les vacanciers résidents à Sainte-Foy-Tarentaise fréquentent aussi les stations de ski voisines. Inversement, la renommée de Sainte-Foy pour son ski hors-piste attire les nombreux

Traces de raquettes dans la neige

skieurs de ces stations. La fréquentation touristique est la plus forte au cours de la période de Noël et des vacances de février, en saison d’hiver. A cette saison, la commune peut atteindre plus de 3 500 habitants (comprenant vacanciers et saisonniers). L’accueil des visiteurs est assuré par un office de tourisme situé à la station de Bonconseil, équipé d’une centrale de réservation. Un “chalet-info”, situé au chef-lieu, est ouvert uniquement l’été. En 2007, Sainte-Foy-Tarentaise compte 2 600 lits touristiques, surtout localisés sur la station de Bonconseil. Ces lits sont essentiellement répartis au sein de chalets de un ou plusieurs appartements. Certains logements sont affectés au personnel saisonnier. Trois refuges et un gîte d’étape permettent aux randonneurs de dormir en altitude. Des professionnels de la montagne organisent et encadrent différentes activités : en 2006, il s’agit d’une trentaine de moniteurs de ski, de cinq guides de haute montagne, de trois accompagnateurs en montagne et d’une quinzaine de divers professionnels

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 19


proposent des randonnées sur la commune, notamment sur le secteur du Monal et le vallon du Crot.

ACTIVITÉS DE DÉCOUVERTE SUR LA COMMUNE DE SAINTE-FOY-TARENTAISE Découverte du patrimoine naturel : - sorties dans le Parc national de la Vanoise ; - soirées-rencontres “Parc national de la Vanoise” ; - découverte de la forêt avec un agent de l’Office national des forêts.

Découverte du patrimoine culturel : - visite guidée du hameau Monal ; - visite guidée “Villageois de l’envers et de l’endroit” (hameaux de la Masure et du Miroir) ; - visite guidée de l’église de Sainte-Foy en été.

Activités sportives d’été : - randonnée pédestre, VTT, cani-rando ; - randonnée glaciaire, alpinisme ; - escalade, via cordata ; - sports d'eaux vives : canyoning, rafting, pêche, etc. ; - parapente ;

Et sports d’hiver : - ski alpin, télémark, snowboard et ski de randonnée ; - randonnée en raquettes, balade en traîneaux à chiens, véloski. En haute Tarentaise, la commune de SainteFoy se distingue particulièrement par sa vaste superficie et ses nombreux vallons où le milieu naturel a été préservé. La qualité de l’environnement et du patrimoine bâti

comptent parmi ses atouts majeurs. Pour l’avenir, l’attention portée à ce patrimoine exceptionnel et à sa valorisation est l’une des bases du développement touristique de Sainte-Foy-Tarentaise.

PNV - Christian Balais

Présentation

(eaux vives, escalade, via cordata, etc.). Par ailleurs de nombreux accompagnateurs en montagne, provenant de localités voisines,

Station-village de Sainte-Foy

20 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


De multiples ressources naturelles connues

matériaux de construction, minerais de fer, d’uranium, etc., ont été autrefois exploitées.

à Sainte-Foy-Tarentaise : combustibles,

HISTOIRE DE PANTANÉON d’après Elie Excoffier

Aujourd’hui seuls le bois et l’eau font l’objet d’une exploitation industrielle. L’industrie hydroélectrique s’est développée au XXe siècle, dans un contexte de grands aménagements hydroélectriques réalisés sur la haute Tarentaise (voir le schéma p.22). Elle se traduit sur la commune par la présence de 24 km de galeries souterraines, d’une conduite forcée, de plusieurs prises d'eau et de barrages qui alimentent trois usines, dont une seule, l’usine de Pierre Giret, est localisée sur Sainte-Foy-Tarentaise. Ainsi l’eau de l’Isère est prélevée juste en aval de sa confluence avec le ruisseau du Clou, au niveau du barrage de la Raie pour

Enfin, on raconte qu’il y a quelques années de cela, on pouvait trouver dans le vallon du Clou des anneaux en métal scellés dans la roche utilisés pour accéder au filon et faciliter l’extraction de l’or. D’anciennes meules utilisées pour démarrer le processus de séparation du précieux minerai ont également été vues. L’ensemble des éléments fabriqués pour extraire le minerai d’or a disparu. Ils ont été volés ou enfouis sous les moraines. De même, à l’Arbèche, les moules utilisés pour frapper les pièces d’or, ainsi que des pièces d’or dans un sac en cuir, auraient été aussi découverts à une époque contemporaine. Aujourd’hui si l’histoire de Pantanéon, transmise de mémoire d’hommes, est parfois interprétée comme une légende, elle reste néanmoins construite à partir de faits réels.

PNV - Christian Balais

Un peu avant 1850, un habitant de SainteFoy, Pantanéon, aurait trouvé un filon d’or dans le vallon du Clou. Il exploitait ce filon, portant le minerai au hameau de l’Arbèche, où il frappait des pièces d’or. Pantanéon put s’enrichir ainsi, mais il fut dénoncé aux autorités, puis condamné aux travaux forcés à perpétuité comme faux-monnayeur par Turin en 1848 (la région était alors Duché de Savoie sous régime Piémontais). Cependant, il n’aurait jamais révélé l’emplacement de son filon. Par la suite, le roi Victor-Emmanuel aurait fait entreprendre des recherches ne donnant aucun résultat. Plus tard, lors de la réalisation de la galerie du Clou, de l’or aurait été trouvé par les ouvriers du chantier. Par ailleurs, de l’autre côté de la frontière, et dans le même secteur, des témoignages évoquent aussi une découverte d’or.

Usine hydroélectrique de Pierre Giret

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Présentation

L’industrie


Présentation

Prise d’eau de la raie

Prise d’eau des Brévières

Prises d’eau des Balmettes et du Nantcruet Prise d’eau du Saut

Barrage de Tignes retenue du Chevril

alimenter l’usine de Viclaire. Le ruisseau du Clou, le torrent du nant Cruet et le ruisseau des Balmettes sont détournés dans une galerie de plus de 7 km, appelée “galerie souterraine des Clou Nant Cruet”. Ces eaux

22 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

Usine du Saut

permettent d’actionner l’usine du Chevril (commune de Tignes), située sur le lac de barrage du même nom, et par la même occasion d’alimenter en partie cette immense retenue d’eau.


Présentation PNV - Christian Balais

Enfin le torrent de la Sassière est détourné par une conduite forcée pour actionner l’usine de Pierre Giret construite sur ce même torrent. Les eaux de ce torrent et de celui de Mercuel sont également transférées dans le barrage de Roselend, situé dans le Beaufortain.

PNV - Christian Balais

Sortie de la galerie souterraine des Clou nant Cruet dans le vallon du Clou : eau chargée en oxyde de fer

Barrage sur l’Isère à Covier

Autres

L’activité

économique de la commune est complétée par un certain nombre d’entreprises commerciales ou artisanales. Il s’agit de plusieurs restaurants et commerces d’alimentation, de garages et de nombreuses activités artisanales liées au bâtiment : menuiseries, charpenteries, scieries, miroiteries, entreprises d’électricité, de peinture en bâtiment, d’entretien d’espaces verts, de maçonnerie, terrassement, etc.

L’exploitation forestière tient également une place dans les ressources économiques de Sainte-Foy-Tarentaise. La commune dispose d’une école primaire (maternelle et élémentaire), avec sa restauration scolaire et sa garderie, et d’une salle polyvalente. L’activité saisonnière est très marquée : un tiers des habitants travaille dans la commune. La majorité des autres personnes travaille dans les localités voisines : Tignes, Val d’Isère et Bourg-Saint-Maurice.

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 23


Sommaire

PrĂŠsentation

Paysages de Sainte-Foy-Tarentaise

PNV - Christian Balais

PrĂŠsentation photographique des grands types de milieux

Versant de Sainte-Foy avec les villages du Miroir et de La Masure

24 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Présentation Le Monal et la Legettaz en arrière-plan

PNV - Stéphane Mélé

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 25


PNV - Christian Balais

PrĂŠsentation

Vue vers le lac Longet, les Oeillasses, le Grand et le Petit Assaly

26 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Présentation PNV - Stéphane Mélé

Vallon de Mercuel

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 27


PNV - Christian Balais

PrĂŠsentation

Vallon du nant Cruet avec en premier plan les hameaux du Fenil et Nancruet

28 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Diversité de la flore Il n’existe pas d’inventaire exhaustif de la flore de Sainte-Foy-Tarentaise mais, à l’échelle du massif de la Vanoise et pour une altitude supérieure à 1 500 m, les scientifiques ont pu évaluer la diversité spécifique à environ 1 000 espèces différentes de fougères et de plantes à fleurs et près de 200 espèces de mousses. Cette évaluation donne un ordre de grandeur de la richesse floristique potentielle sur le territoire de cette commune. Parmi ces nombreuses espèces, certaines présentent un intérêt particulier, qu’il soit lié à leur rareté, à leur usage (médicinal, culinaire, fourrager, etc.), à leur beauté ou à leur caractère symbolique.

Lichens et champignons

bien connaître la flore à forte valeur patrimoniale de la commune et d’établir les statistiques suivantes : On dénombre actuellement à Sainte-FoyTarentaise 23 espèces de plantes protégées (voir les espèces notées en gras dans la liste des plantes d’intérêt patrimonial p.203). Huit d’entre elles présentent un intérêt majeur du fait de leur grande rareté en France (cobrésie simple, laîche à petites arêtes, laîche maritime, laîche rougenoirâtre, pédiculaire tronquée, primevère du Piémont, saule de Suisse et tofieldie boréale). Elles sont de ce fait considérées comme des espèces “prioritaires”, en termes de protection, par les botanistes. A ce titre, elles sont inscrites au Livre rouge national de la flore française (lire l’annexe “Liste des plantes d’intérêt patrimonial” p.203).

En

Vanoise, la flore mycologique a fait l’objet d’inventaires et d’études approfondies depuis une trentaine d’années. Ce sont plus particulièrement les champignons à lames qui ont fait l’objet de ces études. On a actuellement recensé plus de 400 espèces différentes de champignons en Vanoise. Certaines espèces de champignons sont très spécialisées et subissent les mêmes évolutions que les milieux rares qui les abritent. Association entre un champignon et une algue, les lichens colonisent des milieux très variés. On les trouve sur les vieux murs, les lauzes des toits, les falaises et les rochers, sur les troncs de conifères, sur les mousses et à même la terre. Les études réalisées entre 1972 et 1990 ont permis de recenser plus de 460 espèces différentes de lichens en Vanoise.

Plantes rares et menacées l’on ne dispose pas aujourd’hui d’inventaire exhaustif de la flore, il existe, en revanche, un important travail de recensement des espèces protégées ou rares, effectué par les gardes-moniteurs du Parc national de la Vanoise. Celui-ci permet de

PNV - Christian Balais

S’il

Cobrésie simple au marais du Plan

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 29

Présentation

Sommaire


PNV - Christian Balais

PNV - Maurice Mollard

Présentation

Laîche rouge-noirâtre

Sainte-Foy-Tarentaise compte : - un peu plus de 22 % des espèces protégées présentes dans le Parc national de la Vanoise, soit environ une espèce sur cinq. - un peu plus de 22 % des espèces “prioritaires” du Livre rouge national présentes dans le Parc.

PNV - Christian Balais

Parmi les espèces à forte valeur biologique, on recense sur Sainte-Foy-Tarentaise : - la cobrésie simple, une espèce protégée, présente en France dans les Pyrénées Atlantiques, les Hautes-Pyrénées et en Savoie, où elle n’est connue que dans le massif de la Vanoise (lire la fiche-espèce n°1) ; - la laîche maritime, une espèce très rare et protégée en Rhône-Alpes, présente en France dans les Hautes-Alpes et en Savoie (lire la fiche-espèce n°1) ;

Laîche maritime

30 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

Gentiane utriculeuse

- la laîche rouge-noirâtre, une espèce protégée et très rare, connue en France dans l’Ariège, les Hautes-Alpes et en Savoie (lire la fiche-espèce n°1) ; ces deux dernières espèces ne sont connues que dans une dizaine de communes du massif de la Vanoise ; - le trichophore nain, une espèce rare et protégée, connue en France uniquement en Savoie, dans les Hautes-Alpes, les Alpesde-Haute-Provence et les Alpes-Maritimes. En Savoie, il fréquente les hautes vallées de Tarentaise et de Maurienne (lire la ficheespèce n°1) ; - la laîche à petites arêtes, espèce protégée rare, connue en France uniquement en Savoie, dans les Hautes-Alpes, les Alpesde-Haute-Provence et les Alpes-Maritimes (lire la fiche-espèce n°1) ; - la coincye de Richer, une espèce rare et remarquable en Savoie, connue à Bramans, Sainte-Foy- Tarentaise et Valloire ; - la gentiane utriculeuse, une espèce rare et protégée, présente en France uniquement en Savoie, dans le massif de la Vanoise (après avoir disparu des départements de la Haute-Savoie, du Bas-Rhin et du HautRhin) ; - l’orchis nain des Alpes, une espèce protégée en Rhône-Alpes, connue en


PNV - Christian Balais

Saxifrage fausse mousse

Savoie dans une vingtaine de communes dans les massifs du Beaufortain et de la Vanoise (lire la fiche-espèce n°2) ; - l’orpin velu, une espèce protégée en Rhône-Alpes, très rare en Savoie, connue uniquement sur deux communes : Bonneval-sur-Arc et Sainte-Foy-Tarentaise ; - la pédiculaire tronquée, une espèce très rare et protégée, endémique* des Alpes, et dont l’aire de répartition est très réduite en

Sensibilité floristique du territoire communal de Sainte-Foy-Tarentaise

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 31

Présentation

France. Présente uniquement en Savoie, cette pédiculaire est connue sur seulement quelques communes du Beaufortain et de la Tarentaise (lire la fiche-espèce n°4) ; - le saule de Suisse, une espèce protégée, endémique* des Alpes et de l’ouest des Carpates, se trouve en France en limite occidentale de son aire de répartition. Il est présent en Haute-Savoie, Savoie, Isère et Hautes-Alpes. En Savoie, il est connu en Tarentaise et en Maurienne (lire la ficheespèce n°5) ; - la saxifrage fausse mousse, une plante endémique* des Alpes, rare et protégée, très localisée, présente en France, uniquement en Savoie, Haute-Savoie et HautesAlpes ; - la tofieldie boréale, une espèce protégée très rare et menacée, présente en France uniquement en Savoie et dans les HautesAlpes où elle est en forte régression ;


Présentation

- la cortuse de Matthiole, espèce protégée qui, en France, n’est présente qu’en Savoie, où elle se trouve en limite occidentale. Dans ce département elle occupe quelques stations, principalement en haute Tarentaise.

Les mailles blanches sont des mailles qui n’ont pas encore été prospectées, ou bien dans lesquelles aucune espèce “rare ou protégée” n’a encore été observée. Le Parc national de la Vanoise travaille sur l’inventaire d’un peu plus de 200 espèces pour la période 2003-2009. Parmi ces 200 espèces, 43 sont actuellement recensées sur la commune de Sainte-Foy-Tarentaise (voir la liste des plantes d’intérêt patrimonial p.203). La répartition par type d’habitat* de ces plantes prioritaires pour le Parc national de la Vanoise met en évidence l’intérêt floristique relatif des grands types de milieux (une espèce pouvant pousser dans plusieurs habitats* différents) : - milieux humides et aquatiques (14 espèces) - forêts et aulnaies (6 espèces) - landes (6 espèces) - pelouses (9 espèces) - éboulis et rochers (14 espèces).

Commentaire : L’intérêt floristique d’un territoire dépend du nombre d’espèces végétales connues et de la valeur patrimoniale de chacune de ces espèces. Un certain nombre d’espèces végétales fait l’objet d’un inventaire systématique par les gardes-moniteurs du Parc national. Leur valeur patrimoniale est estimée en tenant compte, notamment : - de l’aire globale de distribution, - de l’importance des populations recensées en Vanoise par rapport à l’ensemble des populations connues en France, dans le monde, - des menaces pesant sur l’espèce et son milieu de vie.

Plantes symboliques

Ainsi, plus le nombre d’espèces recensées est important, et plus leur valeur patrimoniale est élevée, plus l’intérêt floristique d’un territoire est important.

Le

patrimoine floristique de Sainte-FoyTarentaise englobe aussi toutes les plantes “chères” aux habitants ou aux touristes qui fréquentent la commune, pour leur beauté et aussi parce qu’elles symbolisent la flore de montagne, telles : - le lis martagon et le lis orangé, - l’edelweiss, - l’ancolie des Alpes, - les différentes espèces de gentianes bleues.

PNV - Christian Balais

PNV - Christian Balais

En complément de l’évaluation de l’intérêt floristique, l’observation dans une maille d’au moins une plante inscrite sur les listes nationales ou régionales d’espèces végétales protégées est indiquée par un symbole (rond orange).

Ancolie des Alpes

32 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

Gentiane à feuilles orbiculaires


(prairies de fauche et alpages). Par ailleurs, le pastoralisme est l’usage qui a le plus d’influence sur la végétation : en dessous d’une certaine altitude, le pâturage contrôle la dynamique naturelle des prés qui, en son absence, évolueraient vers la lande, puis la forêt (lire la fiche-milieu n°8, le paragraphe “Evolution et transformation du milieu” p.123)

Plantes utilisées par l’homme végétaux chlorophylliens revêtent une importance capitale pour les hommes comme pour la faune sauvage et domestique. Ils sont à la base des chaînes alimentaires*. Le premier usage est pastoral : consommation par les troupeaux domestiques, frais ou sous forme de foin. L’homme a longtemps prélevé les plantes dans la nature, pour se nourrir, se soigner, pour des utilisations pratiques : cordage, coloration de tissus, parfum, construction en bois, sculpture sur bois, boissons, etc. La cueillette de certaines plantes à des fins alimentaires, médicinales, décoratives, fait partie des usages qui, s’ils ne sont pas régulés, peuvent avoir un impact fort sur les populations de ces espèces et menacer la pérennité même de ces pratiques.

PNV - Michel Bouche

Les

Silène enflé en fruit

Les plantes à usage alimentaire Un mélange de feuilles d’ortie dioïque, de chénopode bon-henri, ou épinard sauvage, de silène enflé, de rumex oseille, de renouée bistorte et de pissenlit officinal permettait de préparer une soupe. Les feuilles de renouée bistorte étaient également consommées en salade. Les racines de trisète distique étaient utilisées comme passoire pour filtrer le lait, comme au Mayen.

Les plantes à usage pastoral

PNV - Christian Balais

PNV - Christian Balais

L’utilisation des plantes à des fins pastorales constitue sans doute l’usage actuel le plus important d’un point de vue économique et culturel à Sainte-Foy-Tarentaise. Celui-ci concerne de vastes surfaces sur la commune

Renouée bistorte

Pissenlit officinal

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 33

Présentation

Certaines d’entre elles sont aussi protégées comme l’ancolie des Alpes et la gentiane utriculeuse. Ces espèces symboliques participent à l’attrait des paysages, et méritent toutes d’être admirées et respectées.


cueillir les feuilles d’herbes sauvages : ortie, chénopode bon-henri, silène enflé, rumex oseille, renouée bistorte et pissenlit, bien les laver et les hacher grossièrement, les faire fondre dans du beurre à feu doux pendant quelques minutes, ajouter de l’eau bouillante, des pommes de terre en gros dés et saler, après la cuisson, mixer et ajouter de la crème. ! Cette soupe est à faire au printemps lorsque les feuilles sont tendres et n’ont pas un

goût trop fort.

Pour soulager les refroidissements et les rhumatismes, la reine des prés se consommait également en infusion dès le XIXe siècle. Cette boisson, fort appréciée, avait aussi un effet désaltérant. Son autre nom, la fausse spirée, a donné le nom “aspirine”. La reine des prés contient en effet des substances proches de cette substance chimique. Pour lutter contre les maux de gorge et la toux, les fleurs de tussilage pas d’âne et de pensée éperonnée, ainsi que les feuilles de bourrache officinale étaient préparées en infusion. L’euphraise officinale était utilisée en décoction pour nettoyer les yeux et calmer les conjonctivites. Pour ses qualités antiseptiques, le thym serpolet était appliqué en cataplasme sur les plaies ou absorbé en infusion. Pour soigner les maux du foie, l’asplénium septentrional, ou doradille nordique, était absorbé infusé dans de l’eau.

PNV - Louis Bantin

Reine des prés

Les plantes à usage médicinal Parmi les plantes qui renferment un ou plusieurs principes actifs capables de prévenir, soulager ou guérir des maladies, les santaférains utilisaient notamment les espèces cidessous. Pour résorber les hématomes et autres traumatismes sans plaie, les fleurs d’arnica des montagnes, aux propriétés anti-inflammatoires, étaient utilisées après macération, pour donner de la teinture d’arnica. Pour atténuer les courbatures des personnes travaillant aux champs, le millepertuis perforé était recherché pour ses propriétés antalgiques et balsamiques. Il était absorbé en infusion appelée “thé des montagnes”, à laquelle était ajouté un peu de vin rouge.

34 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Présentation

SOUPE AUX HERBES SAUVAGES

Asplénium septentrional


Présentation PNV - Christian Balais

Les baies de genévrier commun étaient incorporées aux terrines pour les rendre plus digestes. Pour leurs qualités antiseptiques, les rameaux de cet arbuste étaient brûlés dégageant une fumée désodorisante. Cette pratique se faisait notamment dans les étables lorsque les vaches vêlaient, ou, par ailleurs, pour fumer les jambons. Enfin les aiguilles du genévrier étaient utilisées en usage externe pour soulager les rhumatismes. De nombreuses autres plantes étaient connues et utilisées pour leurs propriétés médicinales.

Rameaux et fruits de genévrier commun

Les plantes d'intérêt culturel et touristique Il existe depuis quelques années à SainteFoy-Tarentaise, et plus généralement en Vanoise, une valorisation culturelle et touristique de la flore locale. La commune, les professionnels du tourisme, le Parc national de la Vanoise et l’Office national des forêts proposent de découvrir cette flore grâce à plusieurs formules, telles que l’encadrement de sorties couplant la randonnée à l’observation.

Les plantes à autres usages

PNV - Christian Balais

L’aulne vert, appelé aussi “arcosse”, était brûlé pour cuisiner, fabriquer le fromage et chauffer les chalets d’alpage. Le bois d’érable sycomore et le bois de frêne servaient à fabriquer divers objets : pour l’érable, des cuillères, des pochons (grande cuillère plate pour recueillir la crème du lait), et des semelles de galoches (appelées “sepons” en patois) ; pour le frêne, des manches d’outils et des dents de râteaux à faner. Cet arbre est à l’origine du nom du hameau le Franier. Le noyer est utilisé en ébénisterie, notamment pour la fabrication de portes sculptées. Cette essence montait autrefois jusqu’au Miroir à 1 250 m d’altitude.

Vérâtre blanc dans le vallon de Mercuel

Il existe aussi des plantes dont les hommes et le bétail ont appris à se méfier, comme l’aconit tue-loup, les digitales à grandes fleurs et jaune, toutes les deux présentes près du parking de l’Echaillon, et le vérâtre blanc. Ce dernier peut être facilement confondu avec la gentiane jaune mais dont les feuilles sont alternes alors que la gentiane jaune a des feuilles opposées. Le lichen des loups, qui se développe sur les troncs des mélèzes aux environs du Monal, ainsi que le genévrier sabine (lire la fiche-espèce n°3) complètent la liste de plantes toxiques que l’on peut rencontrer à Sainte-FoyTarentaise.

PNV - Christophe Gotti

Les végétaux toxiques

Érable sycomore

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 35


Sommaire

Présentation

Diversité de la faune Tout comme pour la flore, l’inventaire exhaustif de la faune de Sainte-Foy-Tarentaise, et en particulier des invertébrés, est un travail de longue haleine. Toutefois, un important travail de recueil de données par les gardes-moniteurs du Parc et d'autres experts permet de bien connaître quelques groupes tels que les vertébrés et les papillons diurnes. Ainsi, 162 espèces différentes de vertébrés (mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons) ont été dénombrées sur la commune. Outre les animaux à large répartition, la faune de Sainte-Foy-Tarentaise se compose d’espèces typiques des montagnes, adaptées à des conditions de vie difficiles (froid, pente et vent).

Faune vertébrée

la musaraigne carrelet, le renard, le blaireau, la fouine, l’écureuil, le lièvre brun, le sanglier, le cerf, le chevreuil, sont aussi présentes.

Parmi

la faune vertébrée, certains “groupes” font (ou ont fait) l’objet d'études et de suivis plus précis ; c'est le cas par exemple des galliformes de montagne (tétras-lyre, lagopède alpin), des rapaces et du bouquetin. Les données qui en résultent sont centralisées dans des bases de données au Parc national de la Vanoise.

Les oiseaux Sainte-Foy-Tarentaise compte au moins 91 espèces différentes d’oiseaux nicheurs sur les 123 présentes en Vanoise. Vingt-cinq autres espèces d’oiseaux sont observées au passage, régulièrement ou exceptionnellement. Citons : - parmi les espèces nicheuses propres aux milieux alpestres : l’aigle royal, la gélinotte des bois, le lagopède alpin, le tétras-lyre, la perdrix bartavelle, la nyctale ou chouette de Tengmalm, le pipit spioncelle, l’accen-

Les mammifères

PNV - sn

PNV - Sandrine Lemmet

Parmi les 32 espèces connues sur la commune, évoluent des espèces typiques du milieu alpestre comme la marmotte alpine, le campagnol des neiges, le lièvre variable, le bouquetin des Alpes, le chamois. Des espèces à répartition nationale plus large, telles que

Blaireau d’Europe

36 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

Chevreuil


Présentation PNV - Alexandre Garnier

PNV - Alexandre Garnier

teur alpin, le cassenoix moucheté, le chocard à bec jaune, le crave à bec rouge, la niverolle, le sizerin flammé ; - parmi les espèces plus communes et plus discrètes à la fois, mais nichant également à Sainte-Foy, différents passereaux : les fauvettes babillarde, des jardins et à tête noire, le pouillot de Bonelli, les roitelets huppés et triple-bandeau, les mésanges : boréale, huppée, noire, charbonnière, la bergeronnette grise, le bec-croisé des sapins, le bouvreuil pivoine, etc.

Chouette de Tengmalm dans sa loge

PNV - Sandrine Lemmet

Perdrix bartavelle

Orvet

Les reptiles Les amphibiens Deux espèces ont été trouvées sur les six que compte la Vanoise : la grenouille rousse observée jusqu’au moins 2 600 m d’altitude et le triton alpestre, bien présent sur la commune.

PNV - Patrick Folliet

PNV - Christophe Gotti

Parmi les 13 espèces de reptiles recensées en Savoie, six sont répertoriées à Sainte-FoyTarentaise ; quatre espèces de lézards : lézards vivipare, vert, des murailles, et l’orvet et deux espèces de serpents : la vipère aspic et la coronelle lisse.

Mésange noire avec un insecte dans le bec - Bonconseil

Grenouille rousse

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 37


Présentation

Les poissons

machaon et le grand nacré. Quatre d’entre elles sont protégées : le grand et le petit apollon, le solitaire, et l’azurée du serpolet.

Six espèces se trouvent dans les lacs et les cours d’eau de Sainte-Foy-Tarentaise : le chabot, le vairon, la truite de rivière ou truite fario, la truite arc-en-ciel, le cristivomer et l’omble de fontaine. La truite fario est la seule espèce de salmonidés naturellement présente dans la commune, les trois autres ont été introduites.

Quelques données sur les orthoptères (l’ordre des insectes qui regroupent les criquets, grillons et sauterelles), sont également disponibles : ainsi, sur les 54 espèces connues dans l’espace-Parc, 21 ont été inventoriées (de manière incomplète) à Sainte-Foy-Tarentaise, telles que le criquet des pâtures, la decticelle des bruyères, la miramelle alpestre, l’œdipode rouge, la sauterelle cymbalière, etc.

Faune invertébrée

Parmi la faune invertébrée de la commune, la classe des insectes est celle qui bénéficie des meilleures connaissances (ou des inventaires les plus avancés).

Trente-deux espèces d’odonates (l’ordre des insectes regroupant les libellules et les demoiselles) ont été recensées à ce jour dans le Parc. Sur la commune de Sainte-FoyTarentaise, quatre espèces d’odonates ont déjà été observées : l’aeschne des joncs, la cordulie des Alpes, le sympétrum noir et le leste dryade.

PNV - Joël Blanchemain

PNV - Joël Blanchemain

Les lépidoptères (ou papillons) représentent 70 espèces différentes connues à ce jour sur la commune, dont 65 papillons de jour, soit environ 6 % des espèces connues en Savoie. Certaines sont spectaculaires comme le

Oedipode rouge

38 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?

Sympétrum noir


Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel Parc national de la Vanoise

Au

cœur de la zone intra-alpine des Alpes occidentales, le Parc national de la Vanoise couvre un territoire de près de 200 000 ha. Près de 53 000 ha sont classés dans le cœur du Parc, espace soumis à une protection forte, par une réglementation spécifique. Autour de cette zone s’étend le périmètre optimal. Ce premier Parc national français, créé en juillet 1963, concerne 28 communes des vallées de la Maurienne et de la Tarentaise. Il forme, en continuité avec le Parc national italien du Grand Paradis, le plus grand espace naturel protégé d’Europe occidentale.

Sainte-Foy-Tarentaise est l’une de ces 28 communes. La zone protégée, ou cœur du Parc, concerne moins de 2 % de la surface de la commune. Elle est située sur un versant forestier de la rive gauche de l’Isère, constituant la seule zone boisée située dans le cœur du Parc en Tarentaise. Atteignant le lit de l’Isère, ce secteur est aussi le plus bas en altitude de l’ensemble du cœur du Parc (altitude minimale de 1 203 m). Les 98 % restants se trouvent dans l’aire optimale d’adhésion.

Parc national de la Vanoise à Sainte-Foy-Tarentaise

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 39

Présentation

Sommaire


Présentation

LES PARCS NATIONAUX L’article 1 de la loi n° 2006-436 du 14 avril 2006 relative aux parcs nationaux, aux parcs naturels marins et aux parcs naturels régionaux ne fait plus mention des termes “zone centrale” et “zone périphérique” des parcs nationaux. Elle précise qu’“un parc national” est composé d’un ou plusieurs cœurs, définis comme les espaces terrestres et maritimes à protéger ainsi que d’une aire d’adhésion. La zone centrale s’appelle dorénavant “cœur de parc” et la zone périphérique devient “aire optimale d’adhésion”. Celle-ci deviendra “aire d’adhésion” à l’issue de la décision des communes à adhérer à la charte du Parc.

Réserve de chasse intercommunale du Bec Rouge

PNV - Frédéric Fima

La réserve de chasse intercommunale du Bec Rouge a été créée à l’initiative de l’Association communale de chasse agréée de Sainte-Foy-Tarentaise, et approuvée par le préfet en 1968. Cette création fait suite à la loi de 1964 qui impose aux associations communales de chasse de constituer un dixième de leur territoire en réserve. Situé sur les communes de Montvalezan et de Sainte-Foy-Tarentaise, cet espace est composé, pour l’essentiel, d’une grande partie du massif du Bec Rouge, depuis la forêt du Miroir à environ 1 350 m d’altitude, jusqu’au sommet de la pointe de la

Roche Jaille (2573 m). Sur Sainte-FoyTarentaise, la réserve s’étend au sud du Bec Rouge, sur les versants nord-est de la pointe de la Foglietta, jusqu’à environ 2 550 m d’altitude. Elle couvre une surface de 1139 hectares sur Sainte-Foy-Tarentaise et 276 hectares sur la commune de Montvalezan. Comme toutes les réserves de chasse, son objectif est la préservation de la faune grâce à une réglementation spécifique de la chasse. C’est la préservation du chamois qui a motivé l’instauration de cette réserve, dans laquelle il continue d’être tiré selon un plan de chasse très exigeant. La population de chamois est suivie grâce à un comptage effectué par les chasseurs chaque année.

Lac Verdet – Vallon de la Sassière

40 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Les

milieux aquatiques de Sainte-FoyTarentaise bénéficient d’une attention particulière, notamment à travers la mise en place d’un réseau de nombreuses réserves de pêche initiée par l’Association agréée de pêche et de protection du milieu aquatique du canton de Bourg-Saint-Maurice. Dix réserves permanentes ont été instaurées sur l’Isère et ses affluents à l’aval du Champet, les lacs Verdet et Longet, situés dans le vallon de la Sassière, et les étangs du Monal. Ces réserves sont renouvelées tous les cinq ans et les plus anciennes datent de 1991. De même, tous les autres lacs, excepté le lac Noir du vallon de la Sassière, sont protégés par une réserve tournante. Certains d’entre eux sont interdits de pêche pendant 3 ans, suivi d’une période d’autorisation d’un an.

D’autres, les lacs Verdet, Noir et Blanc (vallon du Clou), ont une période de fermeture de sept ans. L’objectif de ces réserves est, avant tout, la préservation des poissons qui ont un usage halieutique. Sur Sainte-Foy les réserves permanentes ont aussi un objectif de renforcement de la population de la truite fario de souche méditerranéenne, et un objectif de préservation des berges contre le piétinement.

Zonages ZNIEFF & ZICO

Les

inventaires nationaux des Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) et des Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) sont des inventaires scientifiques. Ils n’ont pas de valeur réglemen-

Délimitation des ZNIEFF de type 1 (2e génération)

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 41

Présentation

Réserves de pêche


Présentation

taire directe mais recensent la présence des espèces protégées et déterminantes. Ces inventaires font référence, en matière de connaissance et d’évaluation du patrimoine naturel remarquable du territoire national. Les ZICO concernent plus précisément les sites d’intérêt majeur qui hébergent des effectifs importants d’oiseaux sauvages jugés d’importance communautaire. Les ZNIEFF répertorient les zones de présence de milieux naturels rares et d’espèces animales et végétales patrimoniales ou protégées. Ces inventaires sont des outils d’information et de communication destinés à éclairer le choix des décideurs dans leur préoccupation de gestion et d’aménagement du territoire.

Les ZNIEFF

Le premier inventaire, élaboré en 1982 a été actualisé en 2004. Les zones repérées sont classées en ZNIEFF de type 1 ou de type 2. Les ZNIEFF de type 1 correspondent à des surfaces de taille petite à moyenne. Elles sont caractérisées par la présence d’espèces, d’associations* d’espèces ou de milieux rares ou menacés. Les ZNIEFF de type 2 sont constituées par des grands ensembles naturels riches et peu modifiés, offrant des potentialités biologiques importantes. Des ZNIEFF de type 1 peuvent être reconnues au sein des ZNIEFF de type 2. Sur l’ensemble du territoire communal de Sainte-Foy-Tarentaise, plusieurs ZNIEFF ont été proposées par les scientifiques et sont en cours de validation :

Délimitation de la ZICO “Parc de la Vanoise” à Sainte-Foy-Tarentaise

42 - Quelles richesses naturelles sur la commune


ZNIEFF de type 2 : - Massif de la Vanoise (n°7315)

Les ZICO

Une

partie du territoire de Sainte-FoyTarentaise est incluse dans la ZICO n°RA11 “Parc national de la Vanoise”. Ce zonage concerne aussi toutes les parties les plus basses de la commune, jusqu’aux secteurs aval et fonds des vallons d’altitude. Il reste globalement en-dessous de 2 500 m, le secteur des Rochers de Pierre d’Arbine correspondant aux altitudes les plus élevées. L’ensemble de ce territoire a été désigné en ZICO du fait de son intérêt ornithologique général, notamment avec la présence remarquable de l’aigle royal, du faucon pèlerin, de la gélinotte des bois, du tétras-lyre, de la perdrix bartavelle, du grand-duc d’Europe, de la chouette de Tengmalm et du crave à bec rouge.

Inventaire des tourbières et des zones humides

Une mise à jour des connaissances sur les tourbières de Rhône-Alpes, au travers d’inventaires départementaux et régionaux, a été réalisée entre 1997 et 1999. Coor-

Présentation PNV - Manuel Bouron

ZNIEFF de type 1 : - Les forêts du Miroir et du Mousselard (n°73150029) - La forêt du Grand Follié (n°73150028) - La Sassière de Sainte-Foy (n°73150052) - Le vallon du Clou (n°73150024) - Le Monal et Grand Bois (n°73150003) - Les Hauts de Villaroger (n°73150004) - Rive gauche de l’Isère entre les Brévières et la Gurraz (n°73150039) Les deux dernières ZNIEFF ne concernent qu’en partie le territoire de Sainte-FoyTarentaise et sont situées en rive gauche de l’Isère.

Le marais du Plan – Vallon du Clou

donné par le Conservatoire Rhône-Alpes des espaces naturels, ce travail a porté sur les tourbières d’une superficie de plus d’un hectare. Une double motivation a présidé au lancement de cet inventaire : d’une part la très grande valeur hydrologique, floristique, faunistique et paléontologique des tourbières, que ce soit au plan national ou au plan international, d’autre part le déclin très marqué de ces zones humides sur le territoire européen depuis un siècle. Cet inventaire constitue la première étape d’un plan d’action national visant à préserver ces milieux. À Sainte-Foy-Tarentaise, deux sites ont été retenus dans le cadre de cet inventaire : - le marais sous le glacier des Balmes (73TA38), - le marais du Plan (73TA45). Ces deux marais appartiennent au site Natura 2000 “réseau de vallons d’altitude à Caricion bicolori-atrofuscae” (lire le paragraphe “Zonage Natura 2000” p.45). Par ailleurs, le Parc national de la Vanoise a entrepris un travail global sur les marais et tourbières du cœur du Parc. Il consiste en une localisation et une typologie fine des groupements végétaux des zones humides

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 43


Le Monal est situé à 1 800 m d’altitude sur un site “en balcon” faisant face au massif du mont Pourri. Ce village est un hameau de “remue” typique, appelé montagnette, et traditionnellement occupé par les habitants au cours d’une période intermédiaire entre l’élevage du bétail en vallée, au cours de l’hiver, et l’activité pastorale dans le vallon du Clou en été. Construit sur un replat, au débouché du vallon du Clou, le Monal est composé de trois groupes de chalets des XVIIIe et XIXe siècles autour de la chapelle Saint Clair. La présence proche de trois étangs, alimentés par des sources, de l’une des plus belles forêts de mélèze de la commune et d’une vue panoramique sur les glaciers du versant est du mont Pourri, participe à la qualité paysagère de ce site typique de la civilisation rurale du XIXe siècle. Son classement, depuis

PNV - Stéphane Mélé

Sites classés et sites inscrits

Panneau indiquant le site classé du Monal

1987, constitue une mesure de protection paysagère dont l’objectif est avant tout de maintenir les lieux en l’état. Aujourd’hui, le hameau du Monal continue d’être utilisé pour sa fonction première, l’élevage laitier et la fabrication de fromages. Ces habitations à usage agricole côtoient un refuge, ainsi que plusieurs anciens chalets d’alpage transformés en résidences estivales. Très fréquenté en été, ce site classé fait l’objet d’un programme de valorisation en partenariat avec la commune de Sainte-Foy, le Conseil général de la Savoie, le Parc national de la Vanoise et l’Association

PNV - Patrick Folliet

Présentation

d’une surface minimale de 100 m2. Ce travail qui a été conduit entre 2001 et 2003, a été étendu depuis 2005 à toute l’aire optimale d’adhésion.

Le Monal

44 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


PNV - Patrick Folliet

Zonage NATURA 2000 Étang du Monal et le mont Pourri en arrière-plan

agréée de pêche et de protection du milieu aquatique du canton de Bourg-SaintMaurice. Plus discrets et plus anciens, deux autres sites ont été labellisés “sites inscrits” en 1938. Ils correspondent aux gorges de raccordement qui relient les vallons

Les directives “Habitats*” et “Oiseaux” sont deux directives européennes dont l’objectif est de maintenir la diversité biologique du patrimoine naturel des États membres. Elles demandent à ces États de conserver un réseau représentatif et viable de milieux naturels spécifiques présents sur le territoire de la Communauté Européenne, ainsi que les habitats* de certaines espèces rares de la faune et de la flore sauvages. Les

Délimitation du zonage Natura 2000 à Sainte-Foy-Tarentaise

Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 45

Présentation

d’altitude à la vallée de l’Isère. Il s’agit de la cascade du torrent de Saint-Claude, localisée à l’aval des hameaux de la Masure et du Miroir, et de la cascade du nant du Piss, localisée à l’aval de l’Échaillon. Tous deux ont un intérêt paysager fort sur la commune.


La commune de Sainte-Foy-Tarentaise est concernée par deux sites Natura 2000 : - Le site “Massif de la Vanoise” (site désigné S43) qui coïncide, sur cette commune, avec

le territoire classé dans le cœur du Parc national. Ce site recèle un très grand nombre de milieux naturels et d’espèces d’intérêt européen, représentatifs des Alpes du Nord françaises. Le document d’objectifs de ce site d’importance communautaire a été élaboré à partir des éléments scientifiques disponibles. Il a été approuvé par l’État en 1998. Il est complété par un document d’objectifs opérationnels, dont l’élaboration est pilotée par le Parc national de la Vanoise, en étroite collaboration avec les acteurs du territoire. - Le site “réseau de vallons d’altitude à Caricion bicolori-atrofuscae” (site désigné S39) qui, pour la commune de Sainte-FoyTarentaise, concerne la partie supérieure du vallon du Clou. Cette zone renferme des milieux humides remarquables, classés “habitat prioritaire” : les pelouses riveraines arctico-alpines*. Le zonage couvre ces milieux, accompagnés de leur bassin versant. Les modalités de gestion de ce site Natura 2000 seront définies au sein de son document d’objectifs. Elles porteront en particulier sur l’alimentation en eau de ces milieux humides (lire la fiche-espèce n°1).

PNV - Alain Chastin

Présentation

États doivent prendre les mesures permettant d’assurer leur maintien ou leur rétablissement dans un état de conservation satisfaisant. Ces mesures doivent prendre en compte les réalités économiques, sociales ou culturelles locales. Elles engagent la responsabilité nationale. Les habitats naturels* et les espèces considérés comme rares ou menacés au niveau de la Communauté européenne sont désignés comme étant d’intérêt communautaire. Un inventaire de ces habitats* et de ces espèces a été réalisé. Il a permis de définir d’ores et déjà un certain nombre de Sites d’Importance Communautaire (d’autres sont en cours de désignation), qui peuvent abriter plusieurs habitats* ou espèces d’intérêt communautaire. À terme, l’ensemble des sites identifiés comme d’importance communautaire au titre des directives européennes “Habitats” et “Oiseaux” constituera, à l’échelle européenne, un réseau cohérent de sites naturels, appelé “Réseau Natura 2000”.

Formation des agents du parc à la reconnaissance de la flore du Caricion bicolori-atrofuscae dans le vallon du Clou

46 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?


Fiches-milieux

Les milieux naturels, des lieux de vie


Le paysage végétal se compose de plusieurs grands ensembles (pelouses, landes, forêts, etc.), appelés ici “milieux”, qui se déclinent notamment selon différents critères écologiques (climat, nature du substrat, exposition, pente, etc.). Les milieux les plus représentatifs de Sainte-Foy-Tarentaise font l’objet d’une fiche descriptive dans cette deuxième partie. Le choix qui a été fait de décrire le patrimoine naturel à travers chacun des grands types de milieux qui composent le territoire communal doit permettre au lecteur d’identifier chacun d’entre eux à partir : d’une part de la définition qui en est faite et d’autre part des espèces citées. Le dernier paragraphe intitulé “Équilibre entre l’homme et son milieu” éclaire le lecteur sur les relations (passées ou actuelles) entre l’homme et son milieu, l’évolution qui s’ensuit et, quand elles existent, les propositions de gestion parfois très simples, qui peuvent être mises en œuvre pour concilier au mieux la préservation du patrimoine naturel de la commune et les activités humaines qui influent sur le milieu naturel. À l’exception des hameaux d’habitation permanente, des prairies de fauche et des forêts essentiellement localisés dans la vallée de l’Isère, tous les milieux naturels de Sainte-FoyTarentaise se retrouvent dans les différents vallons d’altitude. Chacun de ces vallons est ainsi composé de cours d’eau, lacs, milieux humides, aulnaies, landes, pelouse, éboulis, falaises et glaciers, et pour partie, de forêts et prairies de fauche.

PNV - Stéphane Mélé

PNV - Stéphane Mélé

Cette présentation, milieu par milieu, exclut de fait les écotones*, ces zones de transition entre deux écosystèmes voisins (comme la zone de combat, située entre la limite supérieure de la forêt et les alpages, ou les lisières forestières). Bien que non traités dans cet ouvrage, ces espaces présentent une valeur naturaliste remarquable, car ils sont riches d’organismes appartenant aux deux communautés voisines, ainsi que d’espèces ubiquistes*.

Vallon de la Sassière depuis la moraine du glacier de l’Invernet

Vallon du Clou. En arrière plan le mont Pourri

Les milieux naturels, des lieux de vie - 49

Fiche-milieu

Préambule


PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°1

Le village, les hameaux et leurs abords

Chalet d’architecture traditionnelle au Monal

Cette fiche concerne l’habitat humain et ses dépendances. Cela comprend le bâti, ancien et moderne (habitations, granges, grangettes et monuments divers), les terrasses et murets, ainsi que les équipements divers. La maison de village est massive, son plus grand volume est occupé par la grange, bien souvent accessible par l’arrière. L’habitation, à l’étage, occupait une place de choix : au-dessous, la chaleur des bêtes à l’étable ; au-dessus, le foin de la grange qui formait un véritable matelas isolant. Parfois, à côté de la maison d’habitation, se trouvait un grenier, dans lequel chaque famille entreposait les choses les plus précieuses (semences de céréales, pois, fèves, salaisons, costumes, papiers importants…).

50 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Comme toutes les maisons traditionnelles des villages de haute Tarentaise, le toit est largement débordant sur les quatre côtés de la construction et la proportion des matériaux utilisés est de deux tiers de pierre pour un tiers de bois. Les maisons sont toutes construites à l’origine avec des matériaux locaux. Pour le gros-œuvre, des pierres de schiste, de quartzite ou de gneiss sont utilisées selon les lieux. Quelquefois, une énorme pierre en forme de linteau est posée au-dessus du linteau de bois d’une porte de grange, comme par exemple celle d’une maison à Chenal-dessus. La pierre revient pour couvrir les toits. Il s’agit alors de lauzes débitées dans de gros rochers. Enfin, pour agrémenter les façades et combler les

Sommaire


Fiche-milieu n°1 Maison à colonnes au hameau du Miroir

Ils constituent des endroits fréquentés par une petite faune sauvage, adaptée à la présence de l’homme, comme des insectes, des oiseaux et de petits mammifères. À proximité de bâtiments d’élevage et principalement de chalets d’alpage, se trouvent des milieux particuliers, fortement enrichis par les déjections animales. Ces milieux sont colonisés par une végétation herbacée dense et haute, caractérisée par la dominance de plantes à larges feuilles.

PNV - Michel Bouche

Les zones d’habitation, depuis le bas de la commune, jusqu’aux hameaux d’altitude, incluent des jardins potagers et d’agrément, plus ou moins abondamment fleuris.

PNV - Dominique Deviers

interstices des murs de pierres sèches, un mortier à la chaux est confectionné et recouvre les pierres (lire la fiche-milieu n°9). Pour la charpente, les linteaux, les portes et les balcons était utilisé le bois d’épicéa, de sapin, de mélèze et de noyer (lire la fichemilieu n°5). La maison à colonnes, modèle d’architecture typique de la haute Tarentaise, est bien représentée à Sainte-Foy, avec une douzaine de maisons réparties en plusieurs endroits de la commune : le Miroir, le Baptieu, Montalbert, Bonconseil, La Thuile, etc. Excellent exemple de bâtiment adapté à la pente, originaire des versants piémontais du côté italien, cette maison se distingue par ses colonnes massives qui, tout en supportant un toit de lauzes débordant sur la façade principale et sur les côtés, offrent aux hommes un espace de vie abrité et aéré. Lorsque la pente est forte, les colonnes construites au XVIIIe siècle par des maçons, dont certains seraient originaires des versants piémontais, peuvent atteindre une dizaine de mètres de haut.

La Masure : habitations et potagers

Les milieux naturels, des lieux de vie - 51


Fiche-milieu n°1

Flore

Capillaire des murailles

La végétation exubérante des reposoirs à bestiaux, située à proximité de certains chalets d’alpage, se compose de plantes telles que la rhubarbe des moines, le chénopode bon-henri et l’ortie dioïque. Une telle végétation s’est développée en plusieurs endroits du vallon de Mercuel : aux hameaux du Biolley et des Savonnes, également sous le refuge de l’Archeboc. Elle contraste fortement avec la végétation beaucoup plus modeste des alpages.

PNV - Christian Balais

PNV - Philippe Benoît

plantes trouvent dans ces milieux investis par l’homme des conditions de vie particulières auxquelles elles sont adaptées. Présente classiquement sur les murets en pierres, la joubarbe des toits est une plante des montagnes capable de se développer sur un substrat rocheux (murs, rochers). Cette plante est adaptée à la sécheresse de son milieu grâce à des feuilles charnues qui constituent de véritables réservoirs d’eau. Quelques espèces de petites fougères utilisent les substrats rocheux offerts par l’habitat humain pour se développer. Leur installation dépend d’une combinaison de facteurs écologiques (nature de la roche, exposition) et de la présence de fissures où elles trouvent un terrain d’ancrage favorable au lacis de leurs racines. Les plus communes sont la capillaire des murailles ou capillaire rouge dont les feuilles sont simplement ovales, la doradille noire, ou capillaire noire, et la rue des murailles aux feuilles plus découpées, avec une forme typique en éventail pour cette dernière.

Christine Garin

Les

Joubarbe des toits

52 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Cuscute d’Europe parasitant l’ortie à Pierre Giret


Fiche-milieu n°1 PNV - Christophe Gotti

Reposoir à bestiaux dans le vallon de Mercuel

La cuscute d’Europe, appelée aussi grande cuscute, est une plante grimpante parasite qui a besoin d’autres plantes pour se développer. Les saules, le houblon, les orties, les trèfles et les luzernes lui servent de “tuteur” et lui fournissent les substances nutritives. Dépourvue de racines, la cuscute est, par contre, munie de suçoirs qu’elle utilise pour absorber l’eau et les éléments minéraux de sa plante hôte. Ses tiges sont jaunâtres à rougeâtres et elle forme de petites fleurs regroupées en forme de glomérules. À Sainte-Foy-Tarentaise, elle est présente dans le secteur de Pierre Giret.

Comme son nom l’indique, le moineau domestique est entièrement lié à la présence de l’homme et d’habitations. C’est l’espèce la plus répandue en Europe et en Asie et même dans d’autres continents. Omnivore, il se nourrit principalement d’insectes, de graines mais aussi de bourgeons et de fruits. Au moins trois mammifères de la famille des mustélidés fréquentent les villages et les chalets. Tous se caractérisent par un corps fuselé et de courtes pattes. Le plus gros et le plus familier d’entre eux est la fouine. C’est un animal omnivore qui se nourrit de petits mammifères et d’oiseaux, et principalement

Faune être toujours la plus remarquable, la faune de ces milieux n’en est pas moins fort intéressante, et certaines espèces sont même menacées. Typique des zones rocheuses à végétation rase, le rougequeue noir, est devenu l’une des espèces les plus caractéristiques des zones d’habitations. Il niche à l’abri des toits, pouvant, le cas échéant, utiliser d’anciens nids d’hirondelles. Cet oiseau est très commun aux abords des habitations de Sainte-Foy-Tarentaise.

PNV - Philippe Benoît

Sans

Jeune de rougequeue noir

Les milieux naturels, des lieux de vie - 53


PNV - Ludovic Imberdis

de fruits en été et en automne. Active la nuit, la fouine grimpe bien sur les murs, les rochers et les toits, mais semble moins agile dans les arbres, contrairement à la martre, une espèce forestière avec laquelle elle est très souvent confondue. Le plus petit de ces mustélidés est la belette. Avec une longueur d’environ 20 cm et un poids d’une centaine de grammes, elle est aussi le plus petit carnivore d’Europe. Elle se nourrit presqu’exclusivement de rongeurs qu’elle chasse dans la litière et dans les habitations, depuis la plaine jusqu’à l’étage alpin. Son dos est brun roussâtre, son ventre blanc jaunâtre, et sa queue assez courte. Elle peut être facilement confondue avec l’hermine. Cette dernière est cependant un peu plus grosse, et la limite des couleurs entre le dos et le ventre est plus nette et régulière que chez la belette. De plus la queue de l’hermine, plus longue que celle de la belette, est toujours terminée par un pinceau de poils noirs. En dehors de la

PNV - Joël Blanchemain

Deux hermines en pelage d’été

Paon du jour

Équilibre entre l’homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations

PNV - Joël Blanchemain

Fiche-milieu n°1

pleine forêt, l’hermine est capable de fréquenter une grande diversité de milieux jusqu’à près de 3000 m d’altitude. Tout comme le lagopède alpin et le lièvre variable, elle devient blanche en hiver, excepté l’extrémité de sa queue qui reste noire toute l’année. Le lérot investit aussi volontiers les constructions humaines, telles que les celliers et les chalets d’alpage bien que son habitat naturel reste lié aux arbres. Ce petit mammifère se caractérise par de grandes oreilles, par un bandeau noir en lunettes sur les yeux et par une queue velue se terminant par un plumet de longs poils noirs et blancs. Lorsqu’ils sont suffisamment accueillants (diversité de fleurs et d’arbustes, origine locale des plantes, bon ensoleillement, vent faible, etc.), les jardins sont pour plusieurs papillons un milieu riche en ressources nécessaires à leur développement. Le gazé, la grande tortue, le grand nacré, le machaon, l’aurore, le paon du jour sont parmi les “usagers” de ces milieux, de leurs fleurs et de leurs fruits.

Gazé

54 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Le village, lieu de vie pour les hommes, fait aussi l’objet d’une cohabitation directe avec certaines espèces animales et végétales


anthropophiles. La nature se mêle aux constructions humaines et l’ambiance des villages ne serait plus la même si elle venait à disparaître.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

PNV - Christian Balais

Les groupements bâtis traditionnels présentent un intérêt architectural fort, notamment illustré par les maisons à colonne et par la présence, dans la plupart des hameaux de remue, de caves à lait au milieu desquelles coule un canal. L’écoulement de l’eau permettait une réfrigération idéale pour la conservation du lait. Ces caves ont été restaurées au Monal.

Canal et caves à lait au hameau du Monal

Les milieux naturels, des lieux de vie - 55

Fiche-milieu n°1

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Lichens sur les murs d’une maison de la Falconnière

Sainte-Foy-Tarentaise compte, par ailleurs, quelques monuments remarquables : la chapelle Sainte-Brigide au Miroir est un site inscrit au titre des Monuments historiques, et le hameau du Monal est un site classé (lire le paragraphe “Sites classés et sites inscrits” p.44). Les éléments construits peuvent aussi jouer un rôle important pour la faune et la flore. Ce milieu abrite des espèces qui ont accompagné les établissements humains jusqu’à l’apparition de l’architecture moderne (lézard des murailles, chauves-souris, etc.). Certaines espèces telles que le martinet noir et l’hirondelle de cheminée, grands consommateurs de mouches et moustiques, sont particulièrement liées à l’environnement humain, au moins pour une phase de leur développement, lorsque certaines conditions sont réunies : présence d’espaces verts (jardins, haies, etc.), constructions à surfaces riches en anfractuosités. Contrairement aux constructions modernes aux surfaces lisses et uniformes, l’habitat en pierres présente des anfractuosités, des irrégularités qui offrent à la faune (petits mammifères, oiseaux, reptiles) un refuge pour se protéger de la prédation, pour se reproduire et un support pour l’enracinement de plantes


PNV - Yves Brugière

Fiche-milieu n°1

Évolution et transformation du milieu

Chapelle Sainte-Brigide au hameau du Miroir

PNV - Christian Balais

telles que la doradille noire et la rue des murailles. Au sein de la faune, les chauves-souris et certaines espèces d’oiseaux comme le tichodrome échelette confèrent à ce bâti en pierres une valeur biologique importante. L’habitat traditionnel constitue en effet un lieu de vie privilégié pour ces espèces à la fois rares et sensibles.

En Vanoise comme ailleurs, l’évolution de l’économie et des modes de vie a entraîné une nouvelle façon de construire. Celle-ci s’est traduite par l’abandon des centres anciens et de certains chalets d’alpage et hameaux de grande qualité architecturale au profit de constructions excentrées. Cet abandon est aussi lié au problème d’indivision lors de successions qui concernent un grand nombre d’héritiers pour un bien unique. Depuis les années 1990, cette tendance s’est inversée, et il reste peu de maisons anciennes qui n’aient pas encore été restaurées. Parallèlement, l’avènement du tourisme a fait fleurir des bâtiments nouveaux. Sur Sainte-Foy-Tarentaise, ces bâtiments sont particulièrement localisés sur la station de Bonconseil, en pleine expansion depuis le début des années 2000. La construction de cet ensemble moderne s’est inspirée du groupement architectural du hameau du Miroir, aussi bien pour les matériaux utilisés, que pour la structure et l’agencement des bâtiments. La commune prévoit d’agrandir cette station, sur le secteur de la Bataillette, avec la construction de nouveaux lits touristiques et de logements pour le personnel saisonnier.

Les nouvelles constructions de la station de Sainte-Foy (Bonconseil)

56 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Christian Balais

Propositions de gestion

Chalet restauré à la Roche - Forêt du Mousselard

Dans le cadre de la restauration du bâti traditionnel savoyard, plusieurs fiches ont été réalisées en 2001 par le Service départemental de l’architecture et du patrimoine de la Savoie. Ces fiches concernent notamment la couverture des murs, les toitures et les balcons.

PNV - Stéphane Mélé

PNV - Christophe Gotti

Certaines granges sont aussi réaménagées en appartements. Le caractère original de certains groupements bâtis nécessite que soit portée une grande attention à la restauration des

Toitures à la Combaz : couverture à l’italienne et couverture traditionnelle

Réfection d’une toiture au hameau de la Sassière

LES CHAUVES-SOURIS ET LE BÂTI La restauration du bâti ancien peut s’avérer très préjudiciable aux chauves-souris quand elle est réalisée sans tenir compte de l’écologie de ces espèces. Ainsi, la fermeture des accès aux combles et le traitement chimique des charpentes sont deux causes courantes de régression de certaines colonies de chauves-souris comme le petit murin ou le petit rhinolophe. Les petits éléments bâtis traditionnels méritent d’être conservés pour leur intérêt naturel et culturel. D’autre part, il existe des recommandations techniques de restauration d’habitations pour favoriser l’occupation des lieux par certaines espèces de chauvessouris. Le Parc national de la Vanoise et le Centre ornithologique Rhône-Alpes ont édité des cahiers techniques (lire la bibliographie) qui indiquent les précautions à prendre dans cet objectif (traitements chimiques des charpentes avec certaines substances non toxiques, création d’accès discrets à des combles, etc.).

Les milieux naturels, des lieux de vie - 57

Fiche-milieu n°1

bâtiments et à l’insertion des nouvelles constructions dans le paysage. La lauze recouvrait traditionnellement toutes les toitures jusqu’aux années 1960. L’arrivée du train à Bourg-St-Maurice en 1913 a bouleversé les traditions : la tuile et la tôle, matériaux légers et pratiques, devinrent vite “à la mode”. Aujourd’hui, la tendance est au retour à la tradition.


Fiche-milieu n°2

Sommaire

Les cours d’eau et les lacs Cette fiche concerne l'ensemble des lacs et du réseau hydrographique qui draine le territoire de Sainte-Foy-Tarentaise. Ce réseau est essentiellement constitué par le torrent de l’Isère, ses affluents, ainsi que les bancs de graviers et les berges boisées qui l’accompagnent. Les principaux affluents de l’Isère se situent en rive droite. Il s’agit du nant Saint-Claude, du ruisseau du Clou et du nant Cruet. Le nom de ce dernier cours d’eau signifie “torrent creux”, et fait allusion à sa situation : le fond d’un vallon encaissé. Ces affluents sont eux-mêmes alimentés par d’autres ruisseaux : les torrents de la Louïe

Blanche, de la Sassière et de Mercuel, les ruisseaux des Balmettes et du Grand Plan, etc. L’Isère reçoit aussi les eaux de petits cours d’eau situés sur sa rive gauche, comme le nant des Gourettes, appelé aussi le Lavancher, et le ruisseau des Fresses. La dynamique de l’Isère conditionne l'existence, le maintien et l'évolution d’entités écologiques qui lui sont associées, comme les zones humides situées dans son lit majeur à l’aval du Champet (lire fiche-milieu n°3). Lors des périodes de forts débits, le courant de ce torrent de montagne peut entraîner de violents phénomènes d’érosion. Le nant Saint-Claude est aussi l’un des plus impétueux, avec de nombreuses crues connues

Les cours d’eau, les lacs

58 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°2 PNV - Christian Balais

PNV - Christian Balais

Nant Saint-Claude sous les hameaux du Miroir et de la Masure

Bec Rouge et éboulement de la Molluire

depuis le XVIIIe siècle. L’éboulement de la montagne du Bec Rouge, sur sa rive droite, à la fin du XIXe siècle, a fortement augmenté sa charge alluviale. Parmi les dégâts occasionnés par ce torrent, le plus spectaculaire est l’ensevelissement du hameau du Champet, situé au bord de l’Isère. Entre 1893 et 1897, le torrent a déversé sur le hameau d’énormes laves torrentielles. Aujourd’hui seule une cheminée émergeant du sol, révèle la présence de maisons ensevelies. Aux endroits où le courant s’atténue, dans les zones de replats, des alluvions moins grossières se déposent dans le lit ou sur les bords du cours d’eau. Les bancs de graviers régulièrement remaniés par les crues, tels qu’on les trouve sur l’Isère au niveau de Viclaire ou entre la Raie et la Thuile, permettent aux plantes adaptées à ce type de milieu de s’installer. Le long du cours d’eau apparaît une végétation arbustive de saules, d’aulnes

blancs, de merisiers à grappes et de bouleaux, adaptée aux conditions de sol fréquemment détrempé et capable de résister aux fortes perturbations mécaniques. Elle permet la stabilisation des berges et la formation d’un premier humus où viendront s’implanter d’autres essences comme les conifères. Ce cordon boisé longeant la rivière est appelé ripisylve*. Les plus belles ripisylves* se situent sur l’Isère, à l’aval de sa confluence avec le nant Saint-Claude. La strate herbacée y est bien développée avec la présence notamment de populage des marais et de pétasites. Particulièrement nombreux à Sainte-Foy, les lacs naturels d’altitude doivent leur origine à des dépressions creusées par les glaciers. Une dizaine de lacs s’est ainsi formée dans les grands vallons de la commune, entre 2 300 et 2 850 m d’altitude. Le plus profond, le lac Blanc, atteint 42 m. Les lacs Verdet et Longet, le lac du Petit, le petit Lac du Petit

Les milieux naturels, des lieux de vie - 59


Flore

Le fort courant des torrents n’autorise pas le développement d’une végétation proprement aquatique. En revanche, les bords de ruisseaux sont très riches en mousses de différents genres : aulacomnium, cratoneurum et calliergon. Comme toutes les zones humides, ils accueillent une flore spécifique et variable selon le degré d’humidité et la nature du sol. La ripisylve* abrite différentes espèces d’arbres pionniers telles que le saule noircissant aux feuilles devenant noires à la

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°2

et le lac Noir occupent les vallons du Plan de la Sassière et de Mercuel. Les lacs du Clou, Verdet, Brulet, Blanc, Noir et le lac en formation à l’aval du glacier de l’Argentière, sont dispersés dans le vallon du Clou. Parmi tous ces lacs, seul celui du Clou se caractérise par la présence de quelques plantes aquatiques (potamots, rubaniers, charas). Les autres ne présentent pas de végétation aquatique. Là où existent des rives peu profondes, une végétation dense de bord des eaux s’installe, principalement des cypéracées.

PNV - Patrick Folliet

Lit de l’Isère et gravières à la Thuile

Lac Brulet

60 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°2

PNV - Michel Delmas

PNV - Stéphane Mélé

Epilobe de Fleischer

dessiccation et le saule faux daphné. Appelé aussi saule à feuilles de laurier, le saule faux daphné possède des feuilles relativement grandes : en moyenne 8 cm de long et 3 cm de large. Comme pour beaucoup de saules, ses fleurs, regroupées en forme de chatons, apparaissent avant ses feuilles. Plus caractéristiques, ses rameaux rouges sont recouverts d’une fine pruine bleuâtre. Les bancs de graviers sont colonisés par des plantes pionnières telles que l’épilobe de Fleischer. Celle-ci est caractéristique et dominante des alluvions torrentielles, mais

se développe aussi sur les éboulis et les moraines. Parmi la strate herbacée, se trouve la pyrole à feuilles rondes, une plante aux feuilles brillantes, disposées en rosette basale. Assez commune dans les fourrés d’arbustes, sur sols frais à humides, elle porte de nombreuses fleurs blanches en clochettes penchées, qui laissent dépasser le style*.

PNV - Régis Jordana

Pierre recouverte d’algues filamenteuses dans un ruisseau près du lac Brulet

PNV - Maurice Mollard

Renouée du Japon

Saule faux daphné

Les plantes herbacées des bords de cours d’eau peuvent être fortement concurrencées par tout un cortège de plantes ornementales originaires d’Amérique ou d’Asie. Originaire d’Asie de l’Est, la renouée du Japon trouve le long de l’Isère, et sur les talus des routes, les milieux pionniers qu’elle recherche pour s’installer et se développer grâce à une reproduction végétative* très efficace. Capable d’atteindre 3 m de hauteur, elle forme des petites fleurs blanches d’août à octobre.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 61


Manuel Bouron

Les lacs de haute altitude, aux conditions climatiques très rudes, ne possèdent en général aucune végétation à l’exception de quelques algues vertes, dont les charas. Dans le lac du Clou se développent également diverses plantes à fleurs, comme le potamot des Alpes, une plante aquatique, protégée en Rhône-Alpes et pour laquelle ce lac est l’unique localité connue en Savoie. Seules ses fleurs sont véritablement émergées, formant alors un épi dressé à la surface de l’eau au cours de l’été.

Faune

Poisson des eaux courantes fraîches et bien oxygénées, la truite fario est présente dans tous les principaux cours d’eau de la commune. La plus fréquente est la truite fario de souche atlantique, qui a été introduite. Elle y côtoie la truite fario de

CSP - A. Richard

Fiche-milieu n°2

PNV - Christian Balais

Rubanier à feuilles étroites et potamot des Alpes dans le lac du Clou

Truite fario

62 - Les milieux naturels, des lieux de vie

souche méditerranéenne, une souche locale, originellement présente dans tous les milieux favorables du département de la Savoie (lire la fiche-espèce n°13). Accompagnant la truite fario, le chabot et le vairon sont deux petites espèces typiques des eaux courantes qui souvent passent inaperçues. Le vairon ne dépasse guère 12 cm de long pour un poids maximum de 25 g. Il se reproduit entre avril et juillet. Tout comme la truite, ses frayères sont des zones de graviers propres et bien oxygénées qui reçoivent entre 2 000 et 3 000 œufs. Le chabot, poisson sédentaire et benthique*, se reproduit de mars à avril dans un nid aménagé sous les pierres, et gardé par le mâle. C’est une espèce très sensible aux altérations de la qualité physique de l’eau (colmatage, éclusées).

Chabot

Pour la plupart, les autres espèces de poissons connues sur la commune ont été introduites pour leur intérêt piscicole. D’origine nord-américaine l’omble de fontaine, ou saumon de fontaine, est une espèce d’eau froide qui fréquente les parties amont des cours d’eau et les lacs d’altitude. Comptant parmi les premières espèces introduites dans les milieux aquatiques de Sainte-Foy-Tarentaise (lac Longet, 1ère moitié du XXe siècle), l’omble de fontaine est aujourd’hui présent dans de nombreux lacs, également dans le torrent de la Sassière, au niveau du Plan de la Sassière et dans le ruisseau du Clou. Le maintien de ses populations fait l’objet d’un alevinage dans le lac du Petit et le Petit lac du Petit. Un alevinage


CSP - H. Carmie

certains lacs est également due à la présence répétée des amateurs de pêche. Les torrents et sources sont aussi localement utilisés pour l’alimentation en eau des refuges et des chalets d’alpage. L’eau du ruisseau du Clou est ainsi captée et stockée dans un réservoir afin d’être utilisée par le hameau du Monal. Les refuges du Ruitor et de l’Archeboc sont alimentés par des sources captées. Parmi les usages actuels des milieux aquatiques, on peut citer le prélèvement pour l’alimentation en eau potable des villages, la pêche et la production d’énergie hydraulique. De nombreuses sources ont été captées pour l’alimentation en eau potable des habitants. Tous les types de pêche sont pratiqués sur la commune, mais la pêche en lac est l’une des plus réputées, avec une pratique importante de la pêche à la mouche. La pêche est aussi une activité touristique recherchée pour la diversité et la qualité des milieux aquatiques, ainsi que pour la beauté des pay-

Cristivomer

Équilibre entre l'homme et son milieu

D’un point de vue pastoral, les cours d’eau et les lacs d’altitude présentent un intérêt non négligeable pour l’alimentation en eau du bétail. L’eau est soit dérivée pour remplir des abreuvoirs, soit directement accessible aux bêtes, comme pour les lacs du Clou et Verdet dans le vallon du Clou. Pour ce dernier cas, les impacts occasionnés sur la végétation des berges par un stationnement prolongé des bêtes, peuvent être conséquents, et les risques d’eutrophisation des plans d’eau sont réels. Mais sur Sainte-FoyTarentaise, la détérioration des berges de

PNV - Christian Balais

Usages, intérêts économiques et représentations

Troupeau de tarines et abondances aux abords du ruisseau de l’Aïvettaz

Les milieux naturels, des lieux de vie - 63

Fiche-milieu n°2

expérimental a également été réalisé dans le ruisseau du Clou. Dans les autres milieux, l’espèce se maintient grâce à une reproduction naturelle. Le cristivomer, ou omble du Canada, est également originaire d’Amérique du Nord. Introduit en 1970 dans le lac Noir et en 1990 dans les lacs Verdet et Blanc (vallon du Clou), il a su trouver dans ce nouvel habitat* des conditions favorables pour se reproduire. Il se maintient dans ces lacs grâce à des réserves de pêche tournantes de 7 ans, suivies d’une période d’ouverture d’un an.


Fiche-milieu n°2

PNV - Stéphane Mélé

soutenues par de l’empoissonnement régulier. La truite fario souche atlantique, le cristivomer, l’omble de fontaine se maintiennent pour tout ou partie grâce à une reproduction naturelle. Les empoissonnements concernent l’Isère en amont du tunnel du Champet qui reçoit des “truites arc-en-ciel – portions”. Les lacs du Clou, Brulet, du Petit et le Petit lac du Petit reçoivent des alevins de truite arc-en-ciel, de truite fario souche atlantique et d’omble de fontaine. Parmi les autres usages, citons la pratique hivernale, très occasionnelle, de la cascade de glace sur la cascade du nant du Piss (lire le paragraphe “Sites classés et sites inscrits” p.44).

Captage dans le ruisseau des Trousses pour l’alimentation en eau du bétail – Vallon de Mercuel

Les milieux aquatiques sont à la fois un milieu biologique vivant (voir la fiche-milieu n°3) et une ressource indispensable pour l’homme. Les nombreux lacs et cours d’eau dispersés sur la commune s’inscrivent aussi comme un élément majeur du paysage. Le lac du Petit, le lac du Clou, les deux lacs Noirs constituent des buts de randonnées appréciés du public.

PNV - Frédéric Fima

sages. Cette activité est gérée par l’Association agréée de pêche et de protection du milieu aquatique du canton de Bourg-SaintMaurice. Pour cette activité de loisirs, de nombreuses introductions de poissons ont été réalisées, aujourd’hui partiellement

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

Lac du Petit. Au fond, le glacier du Grand

64 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°2 PNV - Patrick Folliet

Le lac Noir et la pointe du rocher Blanc – Vallon du Clou

Une partie de l’Isère et de ses affluents (source du Champet, vieille Isère) située à l’aval du tunnel du Champet, abrite une population remarquable de truite fario de souche méditerranéenne (lire la fiche-espèce n°13). Le vairon, décimé par la pratique de la pêche (il est utilisé comme appât) et par la dégradation de la qualité des eaux, pourrait être encore présent dans l’Isère, à l’aval du tunnel du Champet. Tout aussi sensible que le vairon, le chabot, un autre petit poisson serait également présent dans ce même secteur de l’Isère.

Évolution et transformation du milieu Toute activité humaine modifiant la qualité ou la quantité d’eau influe directement sur les lacs et les cours d’eau et donc sur la faune et la flore qui y sont associées. L’artificialisation du régime d’écoulement des eaux, les modifications physiques, la pollution du cours d’eau, pénalisent le maintien de ces milieux et de leur richesse biologique. L’Isère et tous les torrents de la commune ont été modifiés pour faire fonctionner différents aménagements hydroélectriques de la haute Tarentaise, à travers l’artificialisation d’environ 70 % du linéaire total des

cours d’eau et la réalisation d’une dizaine de prises d’eau (lire le paragraphe “L’industrie” p.21). Les écoulements à débit constant et fortement réduit (1/40e du module interannuel), imposés par la gestion des barrages sur l’Isère, et donc l’absence d’effet “chasse d’eau” naturel, ne permettent pas un transit et un renouvellement naturels des matériaux. Du fait de la sédimentation du lit, on constate une diminution des habitats* favorables aux poissons, bien que sur les plages de limons et de graviers se développe un cortège de plantes pionnières remarquables. Le dégravage manuel ou automatique des prises d’eau est également responsable de l’engravement du cours d’eau. Il est par ailleurs important de réserver au torrent un débit suffisant en période de basses eaux hivernales pour préserver l’ensemble de la faune de ces milieux. Depuis la fin des années 1950, une partie du débit du nant Saint-Claude a été détournée vers le barrage de Roselend (Beaufortain). Certains cours d’eau sont contenus par différents types d’aménagements. Les travaux de correction sur le nant SaintClaude ont débuté dès la fin du XIXe siècle.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 65


des torrents, voire directement dans leur cours, occasionne des pollutions importantes. S’ajoutant aux pollutions domestiques (et en période de basses eaux), ces effluents dégradent durablement la qualité de l’eau des torrents et compromettent les conditions de vie et de reproduction des animaux aquatiques. Les cours d’eau (berges et bancs de graviers) sont des milieux très sensibles à la colonisation de tout un cortège de plantes ornementales introduites, dites plantes invasives. Les cours d’eau de plaine sont depuis longtemps fortement touchés par ce phénomène. Depuis peu la renouée du Japon a aussi fait son apparition le long du cours de l’Isère, au niveau des ponts de Villaroger et de la zone du Champet. L’évolution naturelle des lacs se traduit sur le long terme par un assèchement progressif, l’atterrissement*, qui conduit à l’apparition de différents types de végétation de zone humide. Sur Sainte-Foy-Tarentaise, seul le lac du Clou est aujourd’hui susceptible de connaître une telle évolution. Les zones

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°2

Six barrages ont été construits par le service de Restauration des terrains en montagne (RTM), entre Plan du Pré et le hameau du Miroir. Ces barrages s’accompagnent d’enrochement des berges aux abords des villages. L’Isère est également l’un des cours d’eau qui a connu le plus de modifications physiques. À l’amont de sa confluence avec le nant Saint-Claude, l’Isère est contenue sur une longueur de 400 m par un canal souterrain construit dans les années 1930, appelé tunnel du Champet, ceci afin de limiter l’affouillement du versant de Sainte-Foy. Enfin, durant une cinquantaine d’années le lit mineur a été affecté par une importante extraction de matériaux à l’aval de ce tunnel et de la confluence avec le nant SaintClaude. La loi sur l’eau de 1992, interdisant de telles extractions, a mis fin à cette activité qui a généré un enfoncement non négligeable du lit de l’Isère et du nant SaintClaude à cet endroit. La mauvaise gestion des effluents d’élevage, comme l’épandage sur des talus, à proximité

Lac Noir au pied du bec de l’Ane – Vallon de Mercuel

66 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°2 PNV - Christian Balais

Barrages de régulation des crues sur le nant Saint-Claude

d’eau libre se transforment progressivement en zones humides. Cette évolution se fait de l’extérieur vers le centre du lac.

Propositions de gestion Le passage du débit réservé au 1/10e du module, à l’aval du barrage de la Raie améliorerait significativement les capacités biologiques de l’Isère. Pour préserver les berges de leur détérioration par le piétinement, la pratique de la pêche a été interdite sur deux lacs depuis 1994 : les lacs Verdet et Longet, dans le vallon de la Sassière. Cette interdiction s’applique aussi pour les étangs du Monal (lire la fiche-milieu n°3). La préservation des berges contre les effets du piétinement du bétail serait à prendre en compte également. L’instauration de trois réserves de pêche sur l’Isère et certains de ses affluents participe au maintien de la truite fario de souche méditerranéenne (lire la fiche-espèce n°13). Pour le maintien des populations piscicoles,

tous les lacs sont réglementés par une réserve de pêche tournante ou permanente, excepté le lac Noir (vallon de Mercuel) qui, par sa taille et l’importante reproduction des poissons, est capable de supporter la pression occasionnée par les prélèvements de la pêche. Dans le cadre d’un programme de réduction de la pollution organique par les fumiers et les lisiers en Tarentaise, un plan d’épandage a été réalisé sur Sainte-Foy-Tarentaise en 1995. Ce plan fixe les règles du stockage, de la préparation et de l’épandage des déjections animales sur le territoire communal. Ce plan visualise les potentialités du milieu vis-à-vis des épandages et émet des recommandations, en termes de doses et/ou de périodes, pour limiter les risques de ruissellement et de lessivage vers les cours d’eau. Trois types de zones ont été prescrits : des zones où l’épandage est autorisé, des zones où il est autorisé avec des quantités modérées et des zones où il est interdit. La baisse des pollutions organiques dans les

Les milieux naturels, des lieux de vie - 67


Viclaire. Des relevés topographiques sont effectués tous les 2 à 3 ans afin d’apprécier l’évolution du niveau du lit (notamment sur la zone artisanale de Viclaire). Il s’agit d’évaluer la nécessité ou non d’effectuer un curage d’entretien, dans une zone sensible d’un point de vue écologique (bancs de gravier, frayères, etc.) et qui a déjà connu d’importantes extractions jusque dans les années 1990. Les rives de l’Isère font également l’objet d’un entretien de sa ripisylve* dans le but d’améliorer l’écoulement des eaux et la qualité biologique du milieu aquatique. L’un des objectifs de la collectivité est aujourd’hui d’enrayer le développement de la renouée du Japon, plante envahissante. Du fait du caractère vital et irremplaçable de l’eau pour l’homme, chacun doit prendre conscience du rôle qu’il peut jouer pour économiser et respecter cette ressource précieuse car elle n’est pas inépuisable, même si Sainte-Foy semble être plus avantagée que d’autres communes vis-à-vis de la ressource en eau.

PNV - Patrick Folliet

Fiche-milieu n°2

cours d’eau passe par le respect de ces recommandations. Un vaste programme concernant la gestion de l’eau en Tarentaise est en cours d’élaboration. Il s’agit du contrat de rivière “Isère en Tarentaise”, piloté par l’assemblée du pays Tarentaise-Vanoise, sous forme de diverses commissions de travail. Différentes facettes de la gestion de l’eau y sont traitées : qualité de l’eau, risques naturels, restauration et protection des milieux naturels, etc. Dans ce cadre sont envisagés la réalisation de nouvelles stations d’épuration, l’élimination d’arrivées d’eaux polluées dans les rivières, des études piscicoles, ou encore, des travaux de prévention des crues. Depuis 1995 le SIVOM, devenu communauté de communes “La maison de l’intercommunalité de haute Tarentaise” possède une compétence en matière de gestion des cours d’eau. Sur Sainte-FoyTarentaise, cette compétence concerne essentiellement l’Isère et quelques uns de ses affluents. Sur l’Isère l’intervention se traduit surtout par un suivi du lit du cours d’eau entre le nant Saint-Claude et le pont de

Exploitation de graviers dans le lit de l’Isère vers le Champet

68 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Les zones humides d’altitude

Les zones humides d'altitude

Les

zones humides d’altitude se caractérisent par des sols au moins saisonnièrement détrempés. Ces zones humides regroupent à la fois des zones de suintement, des zones humides de pente, des marais et des étangs. Les suintements se situent généralement aux abords des sources et des ruisseaux. Leur végétation est dominée par les mousses, qu’une strate herbacée basse vient compléter et colorer ponctuellement. Un tel milieu s’est développé dans un talweg au sud-ouest des Savonnes, tandis qu’une zone humide de pente se signale par la présence de roseaux de part et d’autre de la route reliant le Crot et la Laigette.

Les marais sont des zones alimentées par des eaux plus ou moins minéralisées après avoir circulé dans le sol. Ces milieux, pauvres en graminées, se signalent par l’abondance de cypéracées (tels que les laîches) de petite taille. À Sainte-Foy-Tarentaise, on rencontre deux types de marais répartis sur le territoire de la commune : - Les marais acides, les plus fréquents à Sainte-Foy-Tarentaise et les moins diversifiés floristiquement, se caractérisent par un tapis dense de plantes liées à des substrats pauvres en calcaire (telles que la laîche brune). On les trouve par exemple dans le vallon de la Sassière.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 69

Fiche-milieu n°3

Sommaire


PNV - Christian Balais

Zone humide aux Savonnes

Quatre étangs se sont formés aux abords du hameau du Monal. L’étang ouest ne présente aucune circulation d’eau apparente et ses berges accueillent une petite ceinture de végétation. Les trois autres étangs sont reliés entre eux et traversés par les eaux d’un petit canal (canal de refroidissement des anciennes caves à lait). Leurs eaux alimentent le ruisseau du Clou.

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°3

- Les marais alcalins, alimentés par des eaux calcaires, sont caractérisés par la laîche de Davall. Parmi ces derniers, on distingue un type de zone humide particulièrement intéressant du point de vue floristique. Il s’agit de marais sur sol neutre à alcalin, colonisant les alluvions sablonneuses des torrents d’altitude pauvres en matière organique. Ce type de milieu doit son existence aux facteurs mécaniques de rajeunissement (microglissements de terrain, ruissellement, érosion et apports d’alluvions, phénomène de gel/dégel) et ne supporte pas les températures trop élevées. Sur ces marais se développent des groupements pionniers des bords de torrents alpins appelés Caricion bicolori-atrofuscae. Ce nom s’inspire de celui de deux des huit espèces caractéristiques qui permettent d’identifier ce marais : la laîche bicolore et la laîche rouge noirâtre. Ce type de marais est bien représenté dans le vallon du Clou. Il s’agit des marais désignés “Le marais du Plan” et “Le marais sous le glacier des Balmes” dans le paragraphe “Inventaire des tourbières et des zones humides” p.43.

Zone humide au Plan du Grand

70 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°3

Flore

Linaigrette de Scheuchzer au plan du Grand

Proche de la grassette vulgaire, elle s’en distingue par une taille plus importante et un port plus ramassé. À Sainte-FoyTarentaise, la grassette à éperon étroit pousse dans le vallon de la Sassière. Le trichophore nain est une herbe à tige lisse et cylindrique, inférieure à 15 cm. Rare et discret, il se développe au voisinage des sources, sur les milieux humides des étages subalpin et alpin. La laîche à petites arêtes et la laîche bicolore font partie des huit espèces caractéristiques qui, associées les unes aux autres, permettent d’identifier les groupements pionniers de bord de torrent appelés Caricion bicoloriatrofuscae. Ces plantes sont dites arcticoalpines*, c’est-à-dire présentes à la fois dans les régions arctiques ou subarctiques et dans la chaîne alpine. Elles sont protégées et rares en France et dans tout l’Arc alpin (lire la fiche-espèce n°1). La violette des marais affectionne les milieux humides entre 1 000 et 3 000 m d’altitude. Elle se signale

PNV - Patrick Folliet

PNV - Jacques Perrier

ces milieux, parmi lesquelles se trouvent les linaigrettes caractérisées par leurs graines munies de soies, donnant à la plante un aspect cotonneux au moment de leur fructification. La linaigrette de Scheuchzer se signale ainsi par de gros pompons dressés. Elle se développe aussi bien aux bords des lacs, sur un sol argileux et limoneux, que dans les marais, où elle peut former de vastes tapis végétaux. Cette espèce est présente au Plan du Grand. L’orpin velu est une petite plante qui appartient à la famille des crassulacées, des plantes grasses adaptées à la sécheresse de leur milieu grâce à des feuilles charnues remplies d’eau. Ainsi la plupart des orpins affectionne les milieux secs et rocailleux, sauf cet orpin qui se développe dans les milieux frais : rochers suintants des milieux humides et éboulis humides. Protégé en Rhône-Alpes, l’orpin velu n’est connu que sur deux communes en Savoie. Extrêmement rare à Sainte-Foy-Tarentaise, cet orpin a été observé sur des rochers suintants dans le vallon du Clou. La grassette à éperon étroit est une plante extrêmement adaptée à ces milieux. Ses feuilles collantes, transformées en pièges à petits insectes, lui permettent d’ingérer la matière azotée difficilement accessible dans le sol des milieux humides. Elle se reconnaît à ses fleurs violettes au cœur taché de blanc.

PNV - Christian Balais

Plusieurs espèces originales s’installent dans

Laîche bicolore

Violette des marais en fleur

Les milieux naturels, des lieux de vie - 71


PNV - Christophe Gotti

Ponte de grenouille rousse au Monal

par ses feuilles en forme de rein, un peu plus larges que longues, et ses fleurs inodores de couleur lilas pâle et veinées de violet foncé. La gentiane à feuilles d’asclépiade est une grande gentiane bleue, capable d’atteindre près d’un mètre de hauteur, qui se développe dans différents types de milieux frais : prairies et boisements frais (lire la ficheespèce n°6). L’orchis des monts Sudètes est une grande orchidée aux fleurs rouge violacé qui se développe dans les tourbières et prairies humides jusqu’à 2 000 m d’altitude. Sur Sainte-Foy, elle est présente sur un secteur entre Vacherie d’en bas et Vacherie d’en haut, dans le vallon de la Sassière.

bien nocturne fréquente les eaux stagnantes (lire la fiche-espèce n°7). Quelques odonates, “libelulles” et “demoiselles”, fréquentent les milieux humides, qui sont pour elles des sites de nourriture et de reproduction essentiels. Le leste dryade est une “demoiselle” de couleur vert métallique partiellement recouvert d’une pulvérulence bleue (couleur du mâle). Les différents types de milieux humides qu’il fréquente sont souvent situés à proximité de forêts. À Sainte-Foy-Tarentaise, il a été observé sur l’étang ouest du Monal. La cordulie des Alpes, ou cordulie alpestre, est une “libellule” dont le corps est vert foncé métallique, et les yeux, vert émeraude. Ses larves réalisent leur développement dans les zones inondées. Durant les périodes sèches, elles s’enfouissent dans la tourbe et sont capables de survivre à l’assèchement et au gel complet de leur habitat* en hiver. C’est une espèce boréo-alpine*, répandue dans le nord de

Faune

Du

fait des conditions écologiques particulières régnant en altitude, la faune y est plus pauvre que dans d’autres zones marécageuses. La grenouille rousse vit dans les zones humides de montagne. C’est un amphibien essentiellement terrestre qui gagne l’eau lors de la période de reproduction et éventuellement pour hiberner dans la vase. De même, le triton alpestre qui fréquente les points d’eau de plaine uniquement pendant la période de reproduction peut demeurer aquatique toute l’année en altitude. Espèce protégée et vulnérable en France, cet amphi-

72 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Fiche-milieu n°3

PNV - Christian Balais

Orchis des monts Sudètes, à la Vacherie d’en bas. Vallon de la Louïe Blanche

Tritons alpestres au Fréderet, dans le vallon de la Sassière


Fiche-milieu n°3 PNV - Joël Blanchemain

PNV - Sandrine Lemmet

Femelle de criquet ensanglanté

l’Europe, de l’Asie et du continent américain. En Europe, elle est présente au-dessus de 900 m d’altitude et jusqu’à 2700 m. Le criquet ensanglanté est un criquet massif, dont la coloration générale est vert ou brun olive, souvent teintée de rouge chez la

femelle. Très mimétique avec la végétation des milieux humides qu’il fréquente, sa présence peut être remarquée par les petits “déclics” métalliques émis par le mâle à intervalles irréguliers et audibles jusqu’à environ 10 m.

PNV - Stéphane Mélé

Femelle de leste dryade

Vaches pâturant dans le vallon de la Sassière

Les milieux naturels, des lieux de vie - 73


Fiche-milieu n°3

Équilibre entre l'homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations Les zones humides sont généralement incluses dans les alpages fréquentés par les troupeaux domestiques. Essentiellement formée de laîches et de joncs, leur végétation, peu dense, présente une faible valeur pastorale. Les bêtes viennent surtout pour s’abreuver, comme dans les étangs du Monal ou dans le vallon de la Sassière.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

Manuel Bouron

Tout comme les lacs et les cours d’eau, les zones humides sont intéressantes sur le plan biologique : elles participent à la régulation des écoulements d’eau sur les versants, et l’ensemble de ces milieux accueille de nombreuses espèces rares et spécifiques. Milieux écologiquement contraignants, tout comme les falaises, les zones humides

possèdent en effet une flore et une faune très particulières, qui leur sont propres. S’ils venaient à disparaître, la commune perdrait une part non négligeable de sa biodiversité. La présence d’espèces rares et protégées de grande valeur, telles que la cobrésie simple, l’orpin velu, la tofieldie boréale ou le trichophore nain confère une valeur biologique forte à ces milieux. Parmi les zones humides de Sainte-FoyTarentaise, les groupements végétaux pionniers des bords de torrents, appelés Caricion bicolori-atrofuscae, présentent l’intérêt biologique le plus fort. Ce milieu, très rare au niveau mondial et composé d’espèces protégées de grande valeur, constitue une richesse naturelle importante pour la commune. La Communauté européenne l’a classé comme “milieu d’intérêt communautaire prioritaire” (lire le paragraphe “Zonage Natura 2000” p.45 et la ficheespèce n°1). Sa présence sur la commune a motivé l’intégration de la partie supérieure du vallon du Clou au réseau Natura 2000.

Caricion bicolori-atrofuscae - Vallon du Clou

74 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°3 PNV - Christian Balais

Zone humide au Plan de la Sassière

Évolution et transformation du milieu Beaucoup de zones humides sont le résultat de l’évolution naturelle de plans d’eau qui subissent un assèchement progressif appelé atterrissement*. Ainsi, la vaste zone humide du Plan de la Sassière est un ancien lac totalement atterri. Ces lacs comblés sont très intéressants, notamment grâce aux grains de pollen qu’ils contiennent. Ceux-ci permettent, en effet, de retracer l’histoire de la végétation depuis la fin de la dernière grande glaciation, il y a 10 000 à 15 000 ans (paléoécologie). Subissant aussi ce phénomène d’atterrissement*, certaines zones humides tendent à s’assécher et évoluent vers un milieu de plus en plus terrestre. C’est le cas du marais situé à l’est du Monal et en rive gauche du ruisseau du Clou. Le Plan du Grand, situé au pied du glacier du même nom, connaît aussi cette évolution.

La France connaît une régression généralisée des zones humides, en plaine comme en montagne. Plus d’un tiers de ces zones a disparu ces 30 dernières années. Les Alpes en général et la Vanoise en particulier n’échappent pas à ce phénomène. Le drainage et les assèchements à des fins d’aménagements divers en sont responsables. Plusieurs drains ont ainsi été creusés pour favoriser la fauche de prairies. Les impacts des modifications de la qualité et de la quantité d’eau sur la faune et la flore des zones humides sont les mêmes que pour les milieux “cours d’eau et lacs” (lire la fiche-milieu n°2). Les fortes charges en bétail et la divagation des bêtes entraînent un sur-piétinement dans les zones humides situées aux abords immédiats des points d’eau naturels. Ceci endommage les milieux fragiles et modifie la flore, du fait de la concentration des déjec-

Les milieux naturels, des lieux de vie - 75


Fiche-milieu n°3

tions. Des zones humides situées sous l’Arête du Loidon et du Monal sont l’objet d’une telle dégradation. La préservation des zones humides est devenue une priorité en France et fait l’objet de programmes d’actions aux niveaux national, régional et départemental.

Propositions de gestion

PNV - Christian Balais

Aucune gestion particulière n’est donc à envisager à court terme, si ce n’est de prendre en compte systématiquement ces zones précieuses, dans le cadre de tout nouveau projet d’aménagement, afin d’en assurer la préservation et d’éviter toute forme d’incitation au drainage des petites zones humides restantes. Dotés d’une triple valeur : biologique, paysagère et touristique, certains étangs du Monal ont fait l’objet d’un nettoyage au début des années 2000. Initiée par la commune de Sainte-Foy-Tarentaise, le Conseil général de la Savoie et l’Association agréée de pêche et de protection du milieu aquatique du canton de Bourg-Saint-Maurice,

Marais situé à l’est du Monal

76 - Les milieux naturels, des lieux de vie

cette opération a permis de ralentir le processus d’atterrissement* et de conserver ce milieu humide en l’état (lire la ficheespèce n°7). L’aménagement de points d’abreuvement et l’organisation de l’accès des troupeaux domestiques permettent d’éviter la dégradation des zones humides avoisinantes, ou du moins de la circonscrire. Ponctuellement, la mise en défens de marais particuliers peut s’avérer nécessaire. Parallèlement à ces mesures relatives, la diminution des charges en bétail et le gardiennage seraient aussi à préconiser sur certains secteurs d’alpages. De même, quand c’est possible, le choix de l’emplacement des machines à traire devrait tenir compte de la présence de zones humides, afin d’éviter que le lessivage par les eaux de pluie ou l’écoulement direct des déjections animales et des effluents laitiers (eaux de lavage, etc.) ne génèrent des apports organiques répétés dans les zones humides voisines. Un vaste programme concernant la gestion de l’eau en Tarentaise est en cours d’élaboration. Il s’agit du contrat de rivière “Isère en Tarentaise”, piloté par l’assemblée du pays Tarentaise-Vanoise. Différentes facettes de la gestion de l’eau y sont traitées comme la protection des milieux naturels. Dans ce cadre est envisagée la réalisation de l’inventaire des zones humides sur le bassin versant de l’Isère en amont d’Albertville. Ce travail rejoint une initiative du Conseil général de la Savoie qui consiste à réaliser un inventaire exhaustif des zones humides au sens du schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux. La coordination départementale de cet inventaire a été confiée au Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Il vise à mieux connaître ces milieux naturels et à préciser, avec les maîtres d’ouvrage intéressés, les actions de gestion nécessaires à leur conservation, afin de les inscrire au contrat de rivière.


PNV - Clotilde Sagot

Les prairies de fauche de vallée et d’altitude

Anne Royer

Prairies de fauche après les foins à l’automne - la Combaz

Prairies de fauche à l’Échaillon

Les prairies de fauche sont des prés dont un cycle de végétation au moins est fauché. L’herbe récoltée, après séchage, forme le foin destiné à l’alimentation hivernale des troupeaux. La prairie peut aussi être pâturée, en tout début ou en fin de saison.

Choisies par les agriculteurs parmi les parcelles les plus productives de leur exploitation et celles dont les conditions de travail (pente, éloignement et accès) sont les moins contraignantes, ces prairies se caractérisent généralement par une couverture

Les milieux naturels, des lieux de vie - 77

Fiche-milieu n°4

Sommaire


Fiche-milieu n°4

végétale herbacée plus ou moins dense et continue atteignant 50 à 80 cm de hauteur à la floraison. Composées en majeure partie de graminées (pâturin, fléole, fétuque, trisète, avoine, etc.), les prairies de fauche n’en demeurent pas moins très colorées. C’est surtout au mois de juillet, au moment du pic de floraison, que l’œil du promeneur est comblé par ces couleurs. Sur Sainte-Foy-Tarentaise, les prairies de fauche couvrent une grande diversité de secteurs, s’étalant entre 900 m et 2 000 m d’altitude. Les plus basses occupent la vallée de l’Isère, tandis que de rares prairies d’altitude se maintiennent encore au Monal, à la Combaz, au Fenil et à Nantcruet. Il existe une grande diversité de prairies en fonction des conditions écologiques environnantes, tenant notamment à leur situation dans le paysage.

On distingue : - les prairies de fauche plutôt maigres et sèches, très diversifiées et riches en espèces végétales telles que le sainfoin des montagnes et la sauge des prés. Ces prairies dominent sur le grand secteur entre l’Echaillon et la Balme, également au nord de la commune, à la fois sur le secteur de la Masure et du Miroir, ainsi qu’au Champet où elles se développent sur d’anciennes alluvions. - les prairies plutôt fraîches et “grasses” sur sol frais et riche en éléments minéraux. Ces prairies sont parfois fertilisées, la plupart du temps à l’aide de fumier ou d’autres engrais. Elles couvrent les secteurs de Viclaire, du Crot et du Plan du Pré, ainsi que le grand secteur concernant le cheflieu, le Planay et s’étalant jusqu’à Bonconseil.

Les prairies de fauche

78 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°4 PNV - Christian Balais

Prairies de fauche aux environs de la Masure et du Miroir

Flore aggloméré, le trisète jaunâtre, la fléole des prés, le pâturin des prés, etc., alors que la kœlérie pyramidale, le brome érigé et la fléole bulbeuse sont plus typiques des prairies maigres. Rarement dominantes, les plantes à fleurs sont néanmoins les espèces les plus visibles.

Une prairie de fauche se caractérise par la

PNV - Christian Balais

PNV - Maurice Mollard

prédominance de poacées (ou graminées) qui lui confèrent sa physionomie, sa structure et une part essentielle de son intérêt fourrager. Parmi celles-ci, on trouve dans les prairies plutôt grasses, le dactyle

Trisète jaunâtre

Rhinante velu

Les milieux naturels, des lieux de vie - 79


PNV - Jacques Perrier

Fiche-milieu n°4

Ce sont elles qui donnent leur éclat aux prairies de fauche. Les prairies plutôt maigres et sèches, marquées par une plus grande diversité floristique, sont aussi les plus vivement colorées. On y trouve le sainfoin, le lotier corniculé, la sauge des prés, les rhinanthes, les centaurées, les scabieuses, diverses ombellifères, comme le grand boucage, la petite astrance, etc. Cette dernière est une plante grêle, également fréquente dans d’autres milieux : landes, rocailles et boisements clairs. Ses fleurs forment de petites ombelles blanches entourées de bractées étroites. La véronique en épi est une plante annuelle qui se développe aussi dans les prairies plutôt sèches, comme celles que l’on trouve entre Chenal et le Monal. Elle se signale en été par un épi dense de fleurs bleu-violet.

Petite astrance

PNV - Christian Balais

Dans les prairies fraîches et grasses fleurissent des plantes plutôt nitrophiles propres aux sols fertilisés riches en azote. On y rencontre typiquement le géranium des bois et la renouée bistorte. La renouée bistorte est une plante à tige robuste, capable d’atteindre jusqu’à 80 cm de hauteur. Ses fleurs roses sont regroupées en un épi terminal compact, de forme cylindrique et oblongue. Le pissenlit officinal, également présent dans ces prairies, et la renouée bistorte étaient consommées par les santaférains (lire le paragraphe “Les plantes à usage alimentaire” p.33). À certains moments de l’année, il arrive que la floraison d’une espèce donne à elle seule sa couleur à toute une prairie. Ce peut être le cas du salsifis, de la bistorte, des rhinanthes comme du géranium des bois.

Véronique en épi

80 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°4 PNV - Joël Blanchemain

PNV - Denis Bassargette

Marmotte des Alpes

Le

lièvre brun, ou lièvre d’Europe, fréquente les prairies de fauche fraîches à une altitude inférieure à 2 000 m. D’autres mammifères sont présents, comme la marmotte des Alpes qui apprécie le couvert herbacé des prairies de fauche. Prisé du public, cet animal est plutôt mal-aimé des agriculteurs. Les déblais occasionnés par le creusement des terriers peuvent constituer une difficulté pour la fauche des prairies. En recherchant les racines et les vers de terre dont il est friand, le sanglier est capable de retourner de grandes surfaces de prairies, affectant aussi la gestion de celles-ci. Parmi les petits rongeurs, appelés aussi micromammifères*, qui fréquentent ces milieux le campagnol terrestre est l’un des plus grands, avec une longueur maximum du corps de 16 cm. Ce campagnol aime les sols compacts peu caillouteux, dans lesquels il creuse son réseau de galeries et de fausses “taupinières”. Il partage en effet avec la taupe la particularité de signaler sa présence par des amoncellements de terre, très visibles en plein champ. De ce fait le campagnol terrestre est aussi appelé rat taupier. Il se nourrit essentiellement de racines, dont celles du pissenlit et des bulbes du crocus. Migrateur transsaharien, le tarier des prés a une prédilection pour les prairies de fauche

grasses et fournies. Les plantes les plus grandes telles que les apiacées (ou ombellifères) lui servent de perchoir pour le chant, ainsi que de poste de guet. Prédateur de petits insectes abondants dans ce type de végétation (sauterelles, criquets, papillons, etc.), le tarier des prés est un des rares oiseaux caractéristiques de ce milieu. Le bruant fou est un autre petit passereau qui possède un corps brun rayé de noir et une tête gris bleuté ornée de bandes noires. Il affectionne tous types de milieux suffisamment bien ensoleillés, dans lequel se trouvent un sol nu et quelques buissons. Sa nourriture se compose de graines de graminées, qu’il complète avec divers invertébrés (chenilles et orthoptères) au cours de la belle saison. La pie-grièche écorcheur et le bruant ortolan affectionnent les prairies les plus sèches. Les floraisons opulentes et variées des prairies de fauche sont particulièrement

Manuel Bouron

Faune

Femelle de cuivré fuligineux

Pie-grièche écorcheur

Les milieux naturels, des lieux de vie - 81


Fiche-milieu n°4

Équilibre entre l'homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations PNV - Joël Blanchemain

Les prairies de fauche font l’objet d’une double perception. D’une part elles représentent pour les naturalistes un milieu naturel riche d’une faune et d’une flore originales, et d’autre part un milieu agricole qui fait l’objet de pratiques destinées à en améliorer la qualité fourragère. À Sainte-Foy-Tarentaise, la fauche des prairies locales ne contribue plus à l’autonomie fourragère des exploitations d’élevage, elle limite cependant l’achat de foin à l’extérieur (foin en provenance du massif des Bauges, de la Crau, etc.). L’intérêt d’une prairie ne se réduit pas à la quantité de fourrage produit. D’autres critères doivent être pris en compte : qualité nutritive du fourrage, appétence, tenue du foin lors de la récolte, évolution de la quantité au cours de la saison, etc. Par exemple, si les prairies fraîches fertilisées produisent du foin en plus grande quantité, la qualité de celui-ci baisse très rapidement

Azurés du sainfoin sur une centaurée scabieuse

PNV - Christian Balais

PNV - Joël Blanchemain

convoitées par les insectes consommateurs de pollen et de nectar. Les plus visibles sont les papillons de jour dont les cuivrés fuligineux et écarlate, le moiré lancéolé, la virgule, le grand nacré, l’azuré du sainfoin, ou sablé du sainfoin, et le grand apollon. Ce dernier a été notamment observé sur le site du Monal. De nombreux orthoptères fréquentent ces milieux qui leur offrent le gîte et le couvert dont ils ont besoin. C’est le cas du criquet jacasseur et du dectique verrucivore, deux espèces qui se développent exclusivement dans les prairies de fauche, notamment les prairies maigres et sèches. Le criquet verdelet est en réalité un insecte bigarré, présentant une coloration très variable : verte, brune, rougeâtre ou jaunâtre. Il fréquente différents types de prairies à la végétation haute, depuis la plaine jusqu’à l’étage alpin, et au cours d’une saison allant de la fin du printemps au début de l’automne.

Femelle de dectique verrucivore en train de pondre

82 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Moto-faucheuse


PNV - Christophe Gotti

Troupeau ovin début juin à l’Échaillon

s’il n’est pas coupé à temps. À contrario, l’échelonnement des floraisons des prairies de fauche maigres et sèches, riches en espèces, permet de maintenir la qualité du foin plus longtemps et favorise une souplesse d’exploitation. Chaque prairie de fauche résulte du travail des agriculteurs et donc des pratiques qui peuvent s’y exercer. À Sainte-Foy-Tarentaise, les prairies sont généralement pâturées et fauchées à l’aide de motofaucheuses ou d’autofaucheuses (la motofaucheuse a fait son apparition sur la commune en 1953, sur le plateau de la Sassière). Les prairies de vallée sont pâturées puis fauchées au printemps et parfois à nouveau pâturées à l’automne. Les prairies d’altitude sont fauchées en été puis pâturées à l’automne. Certaines d’entre elles sont fertilisées avec du fumier ou du lisier. Seules les prairies les plus basses (situées en dessous de 1 500 m) peuvent être fauchées deux fois par an.

La diversité des pratiques agricoles combinée avec des conditions écologiques variables produit une grande diversité de prairies, qui constituent autant de milieux originaux d’un point de vue naturaliste et distincts sur le plan paysager. La valeur floristique des prairies de fauche n’est généralement pas liée à la présence de telle ou telle plante remarquable, mais à leur diversité floristique. Celle-ci est d’autant plus importante que la fauche est tardive et la fertilisation modérée (maximum 25 t de fumier par hectare et par an). Dans ces conditions optimales pour la flore, on peut compter jusqu’à une cinquantaine d’espèces végétales dans une seule prairie. Ces floraisons opulentes des prairies de fauche d’altitude ont aussi un intérêt paysager certain, offrant au regard des surfaces de milieux ouverts* et colorés. En revanche, une forte fertilisation réduit la diversité des fleurs (en nombre d’espèces), mais pas nécessairement leur abondance. Par ailleurs, l’abondance de fleurs appartenant à un grand nombre d’espèces différentes attire une grande quantité d’insectes et confère à ces prairies une valeur entomologique remarquable. Le décalage dans le temps de la fauche des différentes parcelles offre la possibilité à la faune (et principalement aux oiseaux et aux insectes) de trouver refuge dans les prairies non encore fauchées. Sachant que les insectes constituent l’alimentation de base de toute une foule de petits prédateurs (petits mammifères, oiseaux, reptiles), on comprend l’importance de modes de gestion diversifiés des prairies pour la richesse de la faune locale. Enfin, ces prairies entretenues par des générations d’agriculteurs ont une valeur patrimoniale au sens familial et affectif, liée au travail accumulé et aux souvenirs associés.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 83

Fiche-milieu n°4

Intérêts biologique et patrimonial du milieu


PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Fiche-milieu n°4

Prairie de fauche en fleurs au Monal

Évolution et transformation du milieu

Jean-Luc Penna

Le contexte général alpin est marqué par une régression généralisée des prairies de fauche de montagne, particulièrement importante en altitude. En Vanoise, on observe cependant un meilleur maintien global de ces prairies du fait de l’autonomie fourragère préconisée pour la production de beaufort, sous appellation d’origine contrôlée (AOC). Cette régression généralisée se traduit par un abandon des prairies les moins productives

et surtout les plus difficiles à exploiter (du fait de l’éloignement, des problèmes d’accès, de la pente) et une intensification corrélative des prairies proches des exploitations et plus productives. Ceci entraîne une diminution de la valeur biologique et paysagère. À Sainte-Foy-Tarentaise, comme dans la plupart des régions alpines, on a assisté, au cours des dernières décennies, à la disparition de la fauche dans les vallons d’altitude, au-dessus de 2 000 m, qui ne sont plus exploitables avec le matériel agricole moderne. Les prairies de vallée sont également marquées par une diminution de leur

Prairies de fauche aux environs de La Masure et du Miroir vers 1950

84 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Christian Balais

Fermeture de prairies de fauche aux environs du Miroir

surface, en partie due à une difficulté d’accès. Les anciens secteurs de fauche situés au Plan (sous la Masure), à la Falconnière et aux environs du Mayen ont été abandonnés, et au Monal des prairies ont été transformées en pâturages. Ainsi la superficie des prairies de fauche les plus intéressantes sur le plan biologique (prairies d’altitude, prairies sèches et prairies extensives) a fortement baissé à Sainte-FoyTarentaise au profit de types de prairies à la flore plus banale. Quant aux prairies situées à proximité des exploitations, leur fonction fourragère diminue de plus en plus au profit de leur rôle d’épuration des effluents agricoles. Les capacités d’assimilation des prairies sont limitées, surtout en montagne où le sol est généralement peu épais et la période de végétation plus courte qu’en plaine. Au-delà d’un certain seuil de fumure, les prairies restituent les excédents dans les rivières et les nappes phréatiques, entraînant une pollution néfaste pour la faune et la flore comme pour la ressource en eau.

Propositions de gestion Les remarques précédentes plaident en faveur d’une diversité des modes de conduite des prairies de fauche, favorable à la flore et

Les milieux naturels, des lieux de vie - 85

Fiche-milieu n°4

à la faune, tout en assurant des ressources fourragères suffisantes et de qualité. Le retour à des pratiques plus extensives sur certaines parcelles est donc souhaitable : baisse de la pression de pâturage et de la fertilisation sur les prairies en voie de dégradation, pratique d’une fauche tardive, maintien de prairies de fauche “extensives” peu productives, voire rétablissement de la fauche sur certaines parcelles d’exploitation difficile. Dans ce même objectif, le décalage des dates de fauche permettra aux espèces animales, tant vertébrées (mammifères, oiseaux, etc.) qu’invertébrées (insectes), de se réfugier dans les prairies non encore fauchées et de finir leur cycle de vie. Il serait nécessaire de freiner l’abandon des prairies de fauche par l’application d’un cahier des charges qui tendrait vers l’autosuffisance en foin, et par ailleurs inciterait les éleveurs à respecter un code de bonnes pratiques en matière de protection de la ressource en eau et de préservation de la biodiversité. Le plan d’épandage, réalisé sur la commune de Sainte-Foy-Tarentaise en 1995, est une des mesures prises pour réduire la pollution organique des nappes phréatiques et des cours d’eau due à l’épandage de lisier et de fumier (lire la fiche-milieu n°2). Les recommandations de type fumure modérée, récolte retardée, déprimage non mécanique, absence de traitement chimique et fauche centrifuge, peuvent s’inscrire dans le cadre d’un cahier des charges de mesures de type agri-environnemental. Ces mesures spécifiques traduiraient la reconnaissance des caractéristiques de l’agriculture de montagne et l’intérêt de son patrimoine écologique et paysager local. Elles pourraient consister en l’octroi de primes contractualisées à la surface ou d’aides destinées à réduire les contraintes d’exploitation (matériel de fauchage spécial montagne, aide en main d’œuvre, etc.).


Sommaire

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°5

Les forêts de conifères

Anne Royer

Boisement de pins sylvestres au-dessus de Viclaire

Forêt d’épicéas aux environs du Planay

Sur la commune, la forêt s’étend entre 890 et 2 200 m d’altitude. Elle occupe une surface d’environ 1 500 ha, soit environ 15 % du territoire. Cette couverture forestière occupe essentiellement les versants de la vallée de l’Isère et s’étend ponctuellement jusqu’à l’aval des

86 - Les milieux naturels, des lieux de vie

vallons d’altitude, comme dans le vallon de Mercuel. Les forêts de Vanoise sont essentiellement composées de résineux : sapin, épicéa, pin sylvestre, pin à crochets, pin cembro et mélèze.


Fiche-milieu n°5 PNV - Christian Balais

Forêt de mélèzes au-dessus des hameaux de la Legettaz et du Fenil

Ces essences s’associent pour former des peuplements qui diffèrent selon les conditions écologiques locales (altitude, exposition au soleil et au vent, nature du sol et de la roche-mère, humidité).

Ainsi, la pineraie de pin sylvestre est par excellence la forêt sèche de l’étage montagnard. Sur Sainte-Foy-Tarentaise, ce type de forêt se rencontre sur le versant au-dessus de Viclaire et du Miroir.

Les forêts de conifères

Les milieux naturels, des lieux de vie - 87


Ces différents types de peuplements induisent une grande variété de formations

végétales de sous-bois : tapis dense de sousarbrisseaux et de plantes herbacées pour les pineraies sèches, sous-bois clair et fleuri du mélézin, couverture quasi-continue de sousarbrisseaux (myrtille, raisin d’ours commun) de la pessière* subalpine, etc.

Flore

Arbre principal de l’étage montagnard en Vanoise, l’épicéa commun est l’essence dominante de l’ensemble des massifs forestiers de Sainte-Foy-Tarentaise où il se développe d’une manière totalement naturelle. L’airelle rouge est un petit sous-arbrisseau fréquent dans les pessières* du Grand Follié et du Grand Bois. Ses fleurs en forme de cloche, rosées ou blanches, fleurissent de mai à juillet avant de donner des baies acides rouges consommées, entre autres, par le tétras-lyre. L’arbrisseau le plus répandu dans les pessières* d’ubac est le myrtillier, dont les fruits comestibles sont cueillis pour faire des confitures et des pâtisseries. Outre leurs propriétés médicinales (baies toniques et riches en provitamine A), ces fruits fournissent un colorant naturel violet.

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°5

Les épicéas, omniprésents en Vanoise, forment des pessières* dites sèches ou fraîches selon l’exposition adret/ubac. Tous les types de pessières* sont représentés sur la commune. Elles se développent sur différents secteurs : Viclaire, le Miroir, la Commodité, Sesseronay, le Grand Follié et le Grand Bois. À l’étage montagnard et en versant nord, quelques sapins se mêlent aux épicéas pour former la pessière-sapinière. Avec la pessière*, ce type de forêt est dominant sur Sainte-Foy. Il occupe les versants nord à nord-ouest du territoire, comme dans le bois du Grand Follié et au niveau du secteur de la Raie. Les peuplements purs d’épicéa se rencontrent plus haut. Au-dessus de 1 700 à 1 800 m d’altitude, l’épicéa peut aussi se trouver en mélange avec le mélèze, comme dans les secteurs du Miroir, de Sesseronay et du Grand Bois. Enfin à l’étage subalpin supérieur, le mélèze constitue des mélézins* purs. Sur la commune, la forêt du Monal est le plus connu et le plus caractéristique de ces peuplements forestiers.

Ambiance humide sous le couvert forestier au Monal

88 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°5 PNV - Christian Balais

PNV - Christian Balais

Fougère des hêtres

Après l’épicéa, le mélèze d’Europe est l’essence la plus abondante. C’est le seul conifère autochtone de France à perdre ses aiguilles en hiver. Il fournit un bois imputrescible d’excellente qualité utilisé en charpente, menuiserie et ébénisterie. Le mélèze est présent dans les montagnes des Alpes et des Carpates, entre 1000 et 2500 m d’altitude. Tout comme l’épicéa il peut atteindre une hauteur d’une quarantaine de

mètres. La clématite des Alpes est présente dans le mélézin situé près du Monal. Atteignant jusqu’à 2 m. de long, cette liane se développe en rampant sur le sol ou en grimpant sur les autres végétaux. Aux mois de juin et de juillet, elle forme de grandes fleurs violettes solitaires et pendantes, composées de quatre pétales. Tout comme beaucoup d’autres espèces de la famille des renonculacées (l’aconit tue-loup, l’aconit paniculé, l’hellébore fétide, etc.), dont elle fait partie, la clématite des Alpes est toxique. C’est une plante de montagne, que l’on trouve également dans les zones rocailleuses et les landes. Le phégoptéris à pinnules confluentes, ou fougère des hêtres, est une fougère qui recherche l’ombre et la fraîcheur de différents types de forêts : pessières* ou mélézins*, entre 200 et 2 000 m d’altitude. La feuille, appelée fronde, est de forme triangulaire et recouverte de petits poils sur les deux faces. La violette singulière, ou violette remarquable, est capable d’atteindre

Christine Garin

Épicéa “torturé” dans le vallon de Mercuel

Myrtillier

Les milieux naturels, des lieux de vie - 89


Marc Pienne

PNV - Nicolas Valy

Fiche-milieu n°5

Epipactis pourpre-noirâtre

Faune

Les forêts de Sainte-Foy-Tarentaise constituent un refuge pour de nombreuses espèces de mammifères plus ou moins typiques de ce milieu : le renard, le blaireau, l’écureuil, la martre, le lièvre variable, le chevreuil, le cerf élaphe, le chamois, etc. S’il semble que les pelouses, les rochers et les névés conviennent au chamois durant l’été,

PNV - Ludovic Imberdis

une hauteur de 30 cm à maturité. Elle se distingue par la formation de deux types de fleurs, toutes solitaires : des fleurs odorantes de taille moyenne portées par un long pétiole, et de plus petites fleurs qui naissent à l’aisselle des feuilles. Ses feuilles, largement ovales, atteignent presque 10 cm de long. L’épipactis pourpre-noirâtre fréquente les forêts résineuses plutôt sèches jusque vers 2 000 m d’altitude. Elle forme de petites fleurs brun-pourpre pendantes, disposées en inflorescence lâche sur la tige et dégageant une odeur de vanille. L’orchis pâle est une autre orchidée que l’on peut rencontrer dans les boisements clairs ou dans les prés en lisière forestière, essentiellement à une altitude comprise entre 950 et 1 800 m, comme dans la forêt du Grand Follié. Ses fleurs jaune pâle présentent un éperon (petit tube qui prolonge l’arrière de la fleur) plutôt dirigé vers le haut.

Orchis pâle

Jeune renard roux

90 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°5 Michel Reverdiau

PNV - Christian Balais

Nid d’écureuil dans un mélèze au Monal

naturelles offertes par les arbres, mais aussi les grottes et les cavités liées aux bâtiments. Comme toutes les chauves-souris, la barbastelle est une espèce protégée en France (lire la fiche-espèce n°9). Les pics sont des oiseaux munis d’un bec robuste et pointu, avec lequel ils frappent vigoureusement le tronc des arbres à la recherche de leur nourriture, des insectes xylophages*, et pour creuser leur nid. Le pic épeiche, le pic noir et le pic vert se reproduisent dans les forêts de Sainte-FoyTarentaise. Parmi ces pics, le pic vert est le seul que l’on puisse observer dans les

PNV - Benoît Martineau

rappelons-nous que cet ongulé occupait les forêts pentues durant toute l’année avant d’avoir été chassé par l’homme. Aujourd’hui ces forêts continuent d’être recherchées par cette espèce au cours de l’hiver. Elles peuvent aussi constituer des zones de mises bas au printemps. Certaines forêts forment ainsi des zones d’hivernage précieuses pour la survie de l’animal, qui se nourrit alors de lichens, de jeunes rameaux, de bourgeons et d’aiguilles de résineux. La barbastelle est une chauve-souris typique des régions boisées de plaine et de montagne qui, pour son cycle de vie, recherche les cavités

Pic vert

Groupe de cabris de chamois en fin d’hiver

Les milieux naturels, des lieux de vie - 91


PNV - Joël Blanchemain

Fiche-milieu n°5

Moiré blanc-fascié

PNV - Christian Balais

prairies où il déterre les fourmis pour se nourrir. Les pics jouent un rôle fondamental pour d’autres animaux forestiers incapables de forer des trous. La chouette de Tengmalm fait partie de ces animaux cavernicoles à la recherche de loges désertées par le pic noir pour installer sa couvée. C’est le mâle qui s’occupe de chercher les meilleures loges, avant d’attirer une femelle. Ce rapace nocturne occupe les forêts froides d’Amérique du nord, de Sibérie et de Scandinavie. En France la chouette de Tengmalm est surtout présente

dans les massifs montagneux de l’Est : Vosges, Jura et Alpes. Relativement indifférente aux essences forestières, cette espèce est surtout sensible à la présence de vieux arbres. Elle occupe les forêts froides caractérisées par une certaine maturité. Tout comme la chouette de Tengmalm, le tétras-lyre est une espèce typique des forêts froides. Il affectionne plus particulièrement la limite supérieure des boisements clairs de résineux où il trouve des perchoirs et de la nourriture. La forêt est également un refuge pour cet oiseau sédentaire qui se protège alors du froid en s’enfouissant dans la neige. Les petits passereaux sont représentés par un grand nombre d’espèces : la fauvette des jardins, la fauvette à tête noire, l’accenteur mouchet, le pouillot véloce, le troglodyte mignon, ainsi que les mésanges bleu, noire, boréale et charbonnière. Le moiré sylvicole, le moiré frange-pie et le moiré blanc-fascié sont des papillons sombres difficiles à distinguer. Ils ont une couleur générale brun-noir, tachetée de points orange, noir et blanc. Les plantes qu’ils recherchent pour le développement de leurs larves sont toutes des graminées, ou bien des laîches, qui poussent dans les bois ou en lisières forestières.

Exploitation forestière dans la forêt du Grand Follié

92 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°5

Équilibre entre l'homme et son milieu

PNV - Christian Balais

La majorité de la surface boisée, soit 1 420 ha, est propriété de la commune. Elle est gérée par l’Office national des forêts et soumise à un plan d’aménagement. Une partie de cette surface soumise au régime forestier (10 %) est non boisée (route, couloir d’avalanche, boisement en cours, etc.). La forêt domaniale représente une surface de 125 ha. Une partie de cette forêt se trouve au sud-ouest du Miroir, sur un secteur situé entre le Miroir et le Champet. Une autre partie occupe le secteur de la Molluire, et correspond aux plantations réalisées par le service de Restauration des terrains en montagne (RTM), suite à l’éboulement de la Molluire à la fin du XIXe siècle.

Porte en mélèze au hameau du Monal

PNV - Christian Balais

Usages, intérêts économiques et représentations

Mélèzes avec le tronc en forme de crosse

Les surfaces de forêts privées sont faibles à Sainte-Foy-Tarentaise. En 2006, elles ne représentent que 105 ha pour 373 propriétaires. La production moyenne annuelle de la forêt communale soumise au régime forestier est estimée, d’une manière optimale, à 2 000 m3 par an. Les arbres sont généralement vendus aux scieurs de la Tarentaise qui les transforment en bois de charpente et de menuiserie. L’épicéa est l’essence dominante. Le sapin et le mélèze restent secondaires. L’épicéa, le pin sylvestre, le sapin et le mélèze sont aussi exploités pour l’affouage*. Des lots constitués de chablis et d’arbres spécifiquement abattus sont périodiquement attribués aux habitants de Sainte-FoyTarentaise. Ce bois est surtout utilisé pour de la menuiserie ou comme bois de chauffage. En 2006, ces lots représentent un volume de 300 à 400 m3, distribués à 103 personnes, soit environ 3 m3 de bois par habitant. Le nombre de personnes intéres-

Les milieux naturels, des lieux de vie - 93


ONF - Service RTM 73

Construction de drains au village de la Croix - 1903

94 - Les milieux naturels, des lieux de vie

ONF - Service RTM 73

Fiche-milieu n°5

sées par ce bois est en diminution. Il était de 120 en 1985. Différents types de bois sont exploités pour la construction des habitations. Pour la charpente, le bois d’épicéa (Picea abies) est le plus utilisé. Le bois de sapin (Abies alba) et de mélèze (Larix decidua) permet de monter de belles charpentes, pouvant résister des siècles au rude climat de montagne. Le mélèze sert souvent de bois de charpente dans les chalets d’alpage, près des forêts d’altitude (mélézins*) où cette essence de lumière domine. Des poutres maîtresses en mélèze, datées du XVIIe siècle à l’Échaillon, au Monal (1646 pour la plus grande bâtisse du hameau), illustrent le caractère imputrescible de cet arbre. Pour les parties de la construction comme les linteaux, les portes de granges ou les balcons, le mélèze est souvent privilégié. Certaines fantaisies de la nature, les crosses de mélèzes, sont remarquablement utilisées par le constructeur : une des maisons du Monal (non-loin de la Chapelle Saint Clair) possède trois linteaux naturellement cintrés et judicieusement employés.

Ravin du Planay au début du XXe siècle

Autrefois planté en nombre aux abords des hameaux, le noyer avait un double usage. Les noix servaient à la fabrication d’huile alimentaire et le bois était utilisé pour construire des portes d’entrées. Sur ces portes, les sculpteurs se sont exprimés en façonnant des rosaces, étoiles et autres motifs traditionnels, caractéristiques de Sainte-Foy. Les objectifs de protection physique du document d’aménagement forestier visent à une préservation des zones habitées contre les avalanches, les coulées de neige, les éboulements, les chutes de pierres et le ravinement provoqué par l’eau. L’ensemble des forêts de Sainte-Foy-Tarentaise soumises au régime forestier est désigné pour remplir ce rôle. Il est à noter que la destruction partielle de la forêt (zone la plus inférieure du massif du Bec Rouge) au cours du XIXe siècle a, pour partie, favorisé la formation de grands couloirs d’éboulement (La Molluire) à l’est du Miroir. Pour protéger les habitants d’une zone de glissement de terrain située au-dessus du chef-lieu, le service de Restau-


Intérêts biologique et patrimonial du milieu

PNV - Stéphane Mélé

PNV - Stéphane Mélé

Les pessières* représentent dans les vallées de Vanoise une part importante de la forêt, particulièrement en Tarentaise. Leur intérêt biologique est sensiblement identique d’une commune à l’autre.

Base d’un tronc d’épicéa consommé par les insectes xylophages

Forêt du Miroir au-dessus du hameau du même nom

Les milieux naturels, des lieux de vie - 95

Fiche-milieu n°5

L’existence, à l’échelle d’un versant d’une diversité de stades de développement des peuplements (clairières avec arbustes, jeunes semis, fourrés, perchis par bouquets, futaie jardinée*, très gros bois, vieux arbres), est particulièrement favorable à la faune. Si la présence de vieux arbres à cavités et d’arbres morts est indispensable pour un grand nombre d’oiseaux, de mammifères et d’insectes (rapaces nocturnes, écureuil, coléoptères se nourrissant de bois en décomposition, etc.), la gélinotte des bois, par exemple, préfère les jeunes peuplements et les clairières. Les sous-bois abritent des plantes à haute valeur patrimoniale telle que le lis martagon, la violette singulière et la clématite des Alpes. La présence du tétras-lyre dans la partie supérieure des forêts participe également à l’intérêt biologique de celles-ci. Sur SainteFoy-Tarentaise, les zones supérieures des forêts fonctionnent avec les aulnaies vertes et les landes situées directement au-dessus d’elles. Ces trois milieux complémentaires

ration des terrains en montagne a renforcé le rôle protecteur de la forêt, par la création d’un réseau de drains superficiels et souterrains. Perçues dans leur globalité, les forêts structurent le paysage de la commune et offrent un cadre idéal à de nombreuses activités de plein air. Plusieurs sentiers de randonnée pédestre ont été balisés. En hiver, certaines forêts sont fréquentées par les skieurs et les randonneurs en raquettes (pistes de ski, ski hors-piste et itinéraires de randonnées en raquettes dans les forêts du Grand Follié et du Grand Bois). À Sainte-Foy-Tarentaise les milieux forestiers sont également parcourus par les chasseurs et les cueilleurs de myrtilles ou de champignons.


PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°5

Création d’une piste “chantier” pour la réalisation d’un télésiège et de pistes de ski. Versant sud-ouest du Camp Filluel

sont indispensables pour répondre à toutes les exigences du tétras-lyre. La forêt apporte les arbres dont l’oiseau a besoin pour se percher et se nourrir en plein hiver quand la couverture neigeuse empêche tout accès au sol. Certains secteurs forestiers, comme la forêt du Miroir ou celle des Monters, près du hameau de Béranger, sont aussi indispensables pour le repos hivernal du chamois. Les forêts contribuent fortement à la diversité biologique et paysagère de la commune. Les forêts du Miroir, du Grand Follié, du Monal et du Grand Bois sont largement intégrées dans les différents zonages ZNIEFF qui concernent Sainte-FoyTarentaise (lire le paragraphe “Zonages ZNIEFF et ZICO” p.41). La forêt devient particulièrement belle en automne, lorsque les mélèzes prennent une teinte dorée, contrastant alors avec la couleur constamment verte des autres conifères. Les forêts de la commune se distinguent également par le développement exceptionnel en Tarentaise d’une sapinière en exposition sud localisée au-dessus du Miroir.

96 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Évolution et transformation du milieu Les forêts d’épicéas de l’étage subalpin sont des formations végétales très stables qui n’évoluent guère en l’absence de perturbation. À l’étage montagnard, dans les hêtraies-sapinières ou les sapinièrespessières* climaciques*, le sapin dominera progressivement l’épicéa, en pourcentage d’essences. Le mélèze, en revanche, est une espèce pionnière qui craint la concurrence des autres conifères. Ses peuplements ne sont pas stables et évoluent peu à peu vers d’autres types de forêts (notamment vers des cembraies*, à l’étage subalpin). Quelques pins cembro occupent les étages supérieurs de la forêt du Grand Follié, ainsi que le secteur de la Tête du Plane. Outre la destruction de boisements pour l’aménagement de pistes de ski et de remontées mécaniques, le tourisme d’hiver peut affecter également la forêt du fait de la pratique du ski hors-piste. Cette pratique concerne particulièrement la forêt du Grand Follié, traversée par les skieurs depuis le col Granier. Les skis sectionnant le sommet des jeunes pousses, cette pratique affecte la régénération naturelle des boisements.


Le morcellement progressif de l’espace par la création d’équipements nouveaux qui s’ajoutent à ceux déjà existants (pistes de ski, pistes forestières, lignes électriques, etc.) crée une réduction de l’espace vital de certaines espèces sensibles et parfois très rares (telles que le tétras-lyre) qui y trouvent refuge. Il peut aussi provoquer la destruction directe de plantes protégées. La création de toute nouvelle piste forestière augmente inévitablement la fréquentation humaine et motorisée, qui peut devenir difficilement contrôlable par la suite (VTT, raquettes, motos, etc.). En résumé, la multiplication des équipements conduit au fractionnement des territoires de la faune sauvage et diminue la qualité des paysages qui constituent l’un des atouts du tourisme local.

PNV - Stéphane Mélé

La fréquentation des forêts par des engins motorisés, pourtant interdite par la loi du 3 janvier 1991 en dehors des routes ouvertes à la circulation, provoque la dégradation de sentiers et du couvert végétal de sous-bois, ainsi que des nuisances sonores importantes pour les riverains, les touristes, les troupeaux ovins et pour la faune de ces milieux. Emblèmes des milieux montagnards, le tétras-lyre, ainsi que nombre de rapaces, diurnes ou nocturnes, ont des exigences territoriales strictes. Ils ne se maintiennent qu’à la faveur de vastes espaces préservés qui leur assurent gîte, nourriture et tranquillité, en particulier en saison hivernale. La multiplication des câbles en forêt, ou plus haut dans les landes, est un danger

permanent pour cet oiseau, en raison des risques de collisions en vol. À Sainte-FoyTarentaise, il est ainsi affecté par les câbles du télésiège de l’Arpettaz.

Forêts du Grand Bois et du Grand Follié environnant la station-village de Sainte-Foy

Les milieux naturels, des lieux de vie - 97

Fiche-milieu n°5

En hiver, la randonnée en raquettes et le ski hors-piste peuvent provoquer le dérangement de la faune (comme le tétras-lyre et la gélinotte des bois) à une période de l’année où elle est très vulnérable. Les itinéraires de ski hors-piste dans le vallon de Mercuel traversent plusieurs zones de nidification et d’hivernage du tétras-lyre.


La prise en compte des enjeux naturalistes dans les documents d’aménagement forestier doit permettre de concilier les objectifs de production forestière ou d’accueil du public avec les exigences de leur préservation. Une partie des forêts du Grand Bois et du Grand Follié a été classée forêt de protection par un arrêté ministériel en juillet 1997. Ce classement est le résultat d’une décision du Comité interministériel des Unités touristiques nouvelles adoptée en 1984, précisant que ce classement serait un moyen de limiter l’emprise du domaine skiable de la future station de ski. Couvrant une surface d’environ 582 ha, ces forêts ont un véritable rôle de protection pour la faune et la flore. La gestion forestière se réalise en suivant une période d’exploitation restreinte (pas de travaux, ni de coupes du 30 novembre au 30 juin). Une exploitation forestière permettant l’existence d’un nombre suffisant de vieux arbres à cavités, ainsi qu’un pourcentage

important de bois morts à différents stades de décomposition, est favorable à la faune arboricole et aux insectes xylophages* (coléoptères en particulier), ainsi qu’aux mousses, lichens et champignons. Les zones forestières qui ne sont pas exploitées sont favorables au bois mort. Il faut pouvoir assurer la quiétude nécessaire aux espèces vulnérables de la faune, durant les périodes sensibles que sont l’hiver et le printemps. Cela consiste à réguler la circulation motorisée dans le milieu naturel et à sensibiliser les randonneurs à skis et à raquettes, ainsi que les skieurs hors-piste, à la vulnérabilité de certains endroits qu’ils sont amenés à fréquenter. Cela exige un effort pédagogique en direction du public, expliquant le nécessaire respect de la tranquillité des lieux et l’utilisation d’itinéraires balisés. L’installation de dispositifs de signalisation des câbles pourrait en atténuer l’impact sur les populations de tétras-lyres. Le télésiège de la Marquise, réalisé en automne 2006, a été équipé de dispositifs de visualisation.

PNV - Stéphane Mélé

Fiche-milieu n°5

Propositions de gestion

Pylônes et câbles du télésiège de la Marquise

98 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Stéphane Mélé

L'aulnaie verte et la mégaphorbiaie

PNV - Stéphane Mélé

Aulnaie verte dans la partie inférieure du vallon de la Louïe Blanche sous la pointe d’Averne

Aulnaie sous l’arête du Montséti

L’aulnaie verte peut se définir comme une brousse subalpine dominée par l’aulne vert, un arbuste à feuilles caduques pouvant dépasser 3 m de haut. C’est une formation végétale très dense et difficilement pénétrable, et capable de former de grandes entités homogènes.

On distingue deux types d’aulnaies suivant leur origine : - les aulnaies primaires*, installées depuis plusieurs milliers d’années à la limite des forêts subalpines et dans les pentes fraîches et avalancheuses que les conifères ne peuvent pas coloniser du fait des trop

Les milieux naturels, des lieux de vie - 99

Fiche-milieu n°6

Sommaire


Fiche-milieu n°6

L’aulnaie verte et la mégaphorbiaie

fortes contraintes mécaniques. Ces aulnaies sont peu importantes sur la commune. Elles occupent les couloirs d’avalanche situés en rive gauche de l’Isère, dans le cœur du Parc ; - les aulnaies secondaires* qui peuvent résulter de la recolonisation par l’aulne vert de secteurs anciennement exploités par l’agriculture et aujourd’hui en déprise. Ces aulnaies sont dominantes sur la commune, avec la présence de grandes surfaces dans le vallon de Mercuel. Elles occupent aussi largement toute la partie inférieure du vallon de la Louïe Blanche, jusqu’au hameau du Mayen. Les aulnaies sont la plupart du temps associées à des mégaphorbiaies avec lesquelles elles s’interpénètrent. Les plantes herbacées de la mégaphorbiaie ont la particularité de se développer très

100 - Les milieux naturels, des lieux de vie

rapidement au printemps et de s’opposer ainsi à la germination des ligneux. L’exubérance de cette végétation nécessite d’importantes ressources minérales et hydriques. De ce fait, l’aulnaie verte et les mégaphorbiaies ne prospèrent que sur des sols frais, profonds et riches en nutriments, alimentés par des ruissellements permanents.

La mégaphorbiaie est une formation végétale dense et luxuriante qui se développe surtout dans les ravins de montagne et qui se compose de plantes herbacées de haute taille atteignant ou dépassant un mètre de hauteur, telles que la laitue des Alpes, l’adénostyle à feuilles d’alliaire, le pétasite blanc ou le géranium des bois.


Flore

L’aulne vert, encore appelé arcosse, possède

PNV - Christian Balais

PNV - Christian Balais

des tiges très souples inclinées vers l’aval. Solidement ancré au sol par un fort enracinement, ses tiges se couchent jusqu’au sol sous le poids de la neige et ne sont pas endommagées par le passage des avalanches. Cette stratégie lui permet également d’être à l’abri du froid, protégé par le manteau neigeux. Ce ligneux a la particularité d’enrichir lui-même le sol en azote assimilable par les plantes, grâce à une symbiose avec des micro-organismes vivant au niveau de ses racines et capables de fixer l’azote atmosphérique. C’est cet enrichissement du sol qui est en partie responsable de l’exubérance des mégaphorbiaies* voisines.

Cortuse de Matthiole en début de floraison entre le Franier et Chenal

Pétasite blanc à la Savonne

Les milieux naturels, des lieux de vie - 101

Fiche-milieu n°6

Caractéristique de l’aulnaie verte, la laitue des Alpes est une plante vivace à tige dressée et feuilles découpées en grands lobes triangulaires. Commune en Tarentaise, elle porte des fleurs bleu violacé disposées en grappes plus ou moins allongées. La cortuse de Matthiole est une espèce protégée en France que l’on trouve uniquement en Savoie, où elle occupe quelques stations, principalement en haute Tarentaise. C’est une grande primulacée (famille des androsaces et primevères) aux fleurs violettes. Le géranium blanc, appelé aussi géranium des ruisseaux, se distingue par la formation, aux mois de juin et juillet, de fleurs blanches veinées de violet, alors qu’elles présentent une teinte rose à violet chez la plupart des autres géraniums. Cette espèce occupe des milieux frais à humides : mégaphorbiaie*, berges de ruisseaux, prairies humides, boisements de mélèzes, mais peut aussi se développer dans des conditions plus sèches : pelouses rocailleuses et landes, jusqu’à 2 400 m d’altitude. Le pétasite blanc appartient à la famille des composées. Il est présent en-dessous de 2 000 m d’altitude, dans les milieux frais et humides : mégaphorbiaies*, boisements frais, prairies humides, également dans les milieux remaniés : pistes de ski, bords de

La mégaphorbiaie atteint son maximum de développement dans les pentes exposées au nord, là où, contrairement aux versants sud, l’intensité lumineuse modérée de la mijournée n’interrompt pas la photosynthèse. Sur Sainte-Foy-Tarentaise, une telle végétation est bien visible en rive gauche du torrent de Mercuel, à l’aval des Savonnes. Cette formation végétale se rencontre de l’étage montagnard supérieur à l’étage subalpin.


Fiche-milieu n°6

Faune

Difficilement

PNV - Christian Balais

pénétrable, l’aulnaie verte constitue une remise de choix pour les grands mammifères qui viennent y chercher ombre et tranquillité. Ainsi, chamois, sangliers, cerfs et chevreuils y sont classiquement présents, à l’abri du dérangement humain. Les oiseaux qui fréquentent l’aulnaie verte sont des espèces attachées au milieu forestier. A la recherche du couvert offert par les buissons et autres formations ligneuses, de nombreuses fauvettes y sont représentées. La plus commune est la fauvette à tête noire, une espèce capable d’occuper une très grande diversité de milieux, jusqu’aux différents espaces boisés accompagnant l’homme : parcs et jardins. Moins proche de l’homme, mais tout aussi ubiquiste vis-à-vis des milieux qu’elle fréquente, la fauvette des jardins utilise l’aulnaie verte au cours de sa période de reproduction. Beaucoup moins commune, la fauvette babillarde occupe toute végétation arbustive caractérisée par une certaine fraîcheur. En Vanoise elle se tient essentiellement entre 1 700 et 2 000 m d’altitude. La rousserolle verderolle est une fauvette de couleur brunâtre qui affectionne les prairies à hautes herbes et les aulnaies à mégaphorbiaie*. Toutes ces espèces signa-

Pédiculaire tronquée dans le vallon de Mercuel

Manuel Bouron

PNV - Alexandre Garnier

chemins, etc. Les feuilles apparaissent après la floraison et peuvent atteindre un diamètre d’un mètre. La tige épaisse porte de longues écailles rougeâtres et peut, au cours de l’été, se développer jusqu’à deux mètres de hauteur. La pédiculaire tronquée est une pédiculaire de taille moyenne, qui se caractérise par des fleurs rouges sombres. Bénéficiant d’une protection nationale cette espèce, rare en Savoie, est localisée seulement dans quelques communes du Beaufortain et de la Tarentaise.

Cerf élaphe

102 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Rousserolle verderolle


PNV - Maurice Mollard

Rougegorge familier

Équilibre entre l'homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations Par le passé, l’aulnaie verte était en partie défrichée par les éleveurs pour gagner des surfaces en alpage. L’aulne vert fournissait

Christine Garin

lent leur présence par leur chant mélodieux et souvent très complexe (diversité de phrases). Celui de la rousserolle verderolle se caractérise par de multiples imitations (étourneau, moineau, merle noir, linotte mélodieuse, etc.). Le mâle se perche parfois au sommet d’une herbe haute pour chanter. Ces fauvettes ne passent pas l’hiver en Vanoise. Elles rejoignent des climats plus cléments dans les plaines savoyardes, sur le pourtour méditerranéen, ou bien encore, jusqu’à l’intérieur des terres africaines. D’autres passereaux comme le troglodyte mignon, le tarin des aulnes, le pouillot véloce, le rougegorge familier et le bouvreuil pivoine fréquentent le couvert des aulnes verts. Ces arbres fournissent par ailleurs un abri irremplaçable au tétras-lyre, pour le mâle en mue, comme pour les jeunes qui ne savent pas encore bien voler. Quelques insectes peuvent être observés. La miramelle alpestre est un petit “criquet” qui présente une coloration vert vif, traversée par une longue bande noire. Le mâle est nettement plus bigarré que la femelle. Cette espèce fréquente les massifs montagneux d’Europe orientale et centrale, entre 1 000 et 2 800 m d’altitude. Les vents forts, fréquents en haute altitude et peu propices au vol, sont une des explications de la petite taille des ailes de cet insecte. Une autre adaptation à

Aulnes verts

Les milieux naturels, des lieux de vie - 103

Fiche-milieu n°6

l’altitude se traduit par une courte période de développement. La miramelle alpestre fréquente les milieux humides, comme les mégaphorbiaies*, où il est possible d’observer des rassemblements de plusieurs individus sur des feuilles de pétasites. La piéride de l’arabette, ou piéride de la bryone, est un petit papillon blanc jaunâtre à blanc grisâtre, plus ou moins souligné de gris ou de gris-brun. Pour le développement de ses larves la piéride recherche des plantes de la famille du chou (brassicacées), qu’elle trouve en divers milieux humides d’altitude entre 1 000 et 2 000 m.


Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’aulnaie verte est un milieu touffu dans lequel l’homme a beaucoup de peine à se mouvoir, ce qui lui donne une valeur de refuge importante pour la faune (mammifères, oiseaux). De telles zones ont été identifiées en rive gauche du torrent de Mercuel et en rive gauche de l’Isère. Elle constitue aujourd’hui de vastes espaces impénétrables favorables aux sangliers dont la fréquentation semble augmenter en montagne.

La mégaphorbiaie* présente une flore originale. Elle possède de nombreuses plantes typiquement alpines comme la laitue des Alpes.

Évolution et transformation du milieu En Vanoise, ces formations végétales occupent jusqu’à 7 % de la surface des étages montagnard supérieur et subalpin. Les aulnaies dites primaires* sont composées d’une végétation stable qui restera à l’état de boisement d’aulne vert, quelles que soient les modifications physiques pouvant apparaître (dégâts d’avalanche, etc.) En revanche, c’est l’abandon des pâturages et prairies de fauche en altitude qui conditionne l’existence et l’extension des buissons d’aulne vert, qualifiés alors d’aulnaies secondaires*. Un tel phénomène est manifeste dans le vallon de la Sassière. Le développement de l’aulnaie secondaire* se fait alors aux dépens des surfaces

PNV - Michel Filliol

Fiche-milieu n°6

un bois très apprécié qui servait à chauffer les habitations et à fabriquer les fromages. Contrairement à certaines croyances, l’aulne vert ne favorise pas le déclenchement des avalanches, mais c’est sa capacité à résister au passage des avalanches qui lui permet de coloniser les secteurs réputés avalancheux. L’aulnaie verte n’a plus guère d’intérêt économique aujourd’hui.

Laitue des Alpes

104 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Propositions de gestion

PNV - Stéphane Mélé

Étant donné les conditions d’existence de l’aulnaie primaire*, et dans le contexte économique et agricole actuel, une intervention de gestion sur celle-ci ne serait pas opportune. En revanche, dans un objectif de préservation des surfaces fourragères de la commune, il peut être souhaitable de contrôler l’extension des aulnaies secondaires*, voire de réduire leur emprise actuelle. La réhabilitation de surfaces herbacées par débroussaillement ne doit être envisagée que si un mode de gestion à moyen et long termes, viable économiquement, est mis en place à la suite (pâturage ou fauche).

PNV - Christian Balais

Colonisation par l’aulne vert sur le versant sud de l’arête de Montseti - Vallon de Mercuel

Défrichage d’aulne vert aux Charmettes d’en haut

Les milieux naturels, des lieux de vie - 105

Fiche-milieu n°6

pastorales d’intérêt fourrager. Si l’extension de ce milieu se poursuit, il se traduira par un appauvrissement de la biodiversité.


Sommaire

Christine Garin

Fiche-milieu n°7

Les landes, les landines et les fourrés de saules d'altitude

PNV - Christian Balais

Lande à rhododendron sur le versant nord de la tête du Plane

Lande à genévrier nain dans la partie inférieure du vallon de la Louïe Blanche

Ce sont des formations végétales dominées par une végétation arbustive de hauteur inférieure à celle du manteau neigeux. Composées d’arbustes et arbrisseaux à feuilles persistantes ou non, ces landes peuvent être plus ou moins denses, et

106 - Les milieux naturels, des lieux de vie

peuvent atteindre plusieurs décimètres de hauteur. On rencontre aux étages montagnard et subalpin les landes sèches ou landes à genévriers nains, les landes fraîches ou


Fiche-milieu n°7 Les landes d'altitude, les landines et les fourrés de saules

landes à éricacées (rhododendron, camarine, airelles, etc.) et des formations à saule glauque. À l’étage alpin, on ne rencontre plus que les landes basses à éricacées (notamment à camarine et airelle des marais) et les landines à azalée naine dont la hauteur ne dépasse pas quelques centimètres. Sur Sainte-Foy-Tarentaise les landes se trouvent essentiellement entre 1 600 et 2 500 m d’altitude et sont dominées par des landes fraîches. Les stations fraîches et humides présentent les conditions optimums pour le développement de la lande à rhododendron ferrugineux. Très sensible au gel et à la dessiccation, le rhododendron s’installe préférentiellement sur les versants d’ubac longuement enneigés où il est protégé des rigueurs hivernales par le manteau neigeux.

Cette lande fait souvent transition entre les forêts et les pelouses alpines. Sur Sainte-FoyTarentaise, la lande à rhododendron ferrugineux est très présente et se rencontre en différents secteurs des vallons de la Louïe Blanche, de la Sassière et de Mercuel. Sur les versants les plus ensoleillés, à une altitude inférieure à 2 000 m, se développent des landes à genévrier commun. De telles formations se trouvent dans les secteurs du Crot, de l’Echaillon et du Monal. La lande à genévrier nain se limite aux versants arides et ensoleillés jusqu’à 2 500-2 700 m d’altitude. Le genévrier nain y est souvent associé au raisin d’ours, encore appelé busserole. Une telle formation s’est développée aux environs du lieu-dit Jourdan, dans le vallon de la Louïe Blanche.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 107


PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°7

Landes et formations à saule helvétique et à saule glauque – Vallon de la Sassière

Les formations à saule glauque, dont la taille varie de 1 à 2 m, se situent essentiellement en versant nord, sur des terrains régulièrement alimentés par une eau pauvre en matières minérales et sur sol squelettique. Il est possible d’observer ce type de formation végétale au-dessus du Plan de la Sassière. Sur des substrats plus riches en humus et moins humides, cette saulaie subalpine cède la place à la végétation des landes à éricacées.

Granier et se trouvent également sur la partie supérieure du vallon de Mercuel. Alors que les landes et les landines de l’étage alpin constituent généralement un milieu primaire*, l’essentiel des landes montagnardes et subalpines sont des milieux secondaires*. Elles résultent en effet de la reconquête des espaces autrefois déforestés au profit des alpages, puis abandonnés ou sous-pâturés. Par ailleurs, de tous temps se sont développées des landes intra-forestières liées aux cycles de perturbation affectant la forêt (avalanches, chablis, etc.).

En conditions plus extrêmes se trouve la landine à azalée naine. Celle-ci affectionne les crêtes et les croupes ventées soumises à de très basses températures. De nombreux lichens y sont associés. Des landines à azalée naine recouvrent un secteur sous le col

108 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Christian Balais

À l’étage alpin, apparaissent les landines alpines dont la végétation ne dépasse pas 20 cm de hauteur. Elles sont dominées par la camarine hermaphrodite et l’airelle à petites feuilles. Ces landines occupent grossièrement les mêmes localités que les landes à rhododendron ferrugineux avec lesquelles elles forment des formations végétales mixtes.

Rhododendron ferrugineux


Philippe Freydier

Le lycopode des Alpes est une espèce typique des landes d’altitude. C’est une petite plante à tiges rampantes qui pousse sur les zones de sol écorché entre les pieds de rhododendron et de myrtille. Ce lycopode arctico-alpin* est en voie de raréfaction dans toute la France ce qui lui vaut son statut d’espèce protégée. Plusieurs localités sont connues en Tarentaise et il est bien présent sur la commune. L’ancolie des Alpes se reconnaît à la forme particulière de ses fleurs dont chacun des cinq pétales représente un cornet évasé, prolongé à la base par un éperon peu incurvé. Elle ne pousse pas exclusivement dans les landes ; on peut la rencontrer aussi dans les prairies fraîches et les forêts claires. Espèce protégée, endémique* des Alpes occidentales, l’ancolie des Alpes est bien connue dans tout le massif de la Vanoise où elle reste toujours peu abondante dans les localités qu’elle occupe. La gentiane pourpre ressemble à la plus commune gentiane jaune, dont elle se distingue essentiellement par la couleur pourpre de ses fleurs et par une taille plus modeste, toujours inférieure à un mètre.

Airelle rouge

Flore

Les

PNV - Christian Balais

PNV - Christian Balais

espèces ligneuses de ces milieux se caractérisent généralement par leurs petites feuilles coriaces et persistantes. Le rhododendron ferrugineux est un arbrisseau de 30 cm à 1 m de hauteur. Il se reconnaît à la couleur rouille de la face inférieure de ses feuilles. Elles sont en fait tapissées de minuscules écailles serrées, glanduleuses et odorantes, renfermant un poison qui rend la plante toxique à l’état frais et la protège de la dent du bétail, qui se garde bien de la brouter. Par contre, une fois séchées, ces feuilles possèdent des propriétés officinales. Les fleurs rouge pourpre du rhododendron ferrugineux donnent dès juin un attrait particulier aux landes. Arbrisseau légèrement plus petit, l’airelle rouge peut se

Lycopode des Alpes

Gentiane pourpre

Les milieux naturels, des lieux de vie - 109

Fiche-milieu n°7

développer jusqu’à 2 500 m d’altitude. Ses petites fleurs blanches à rose foncé, regroupées en grappe, apparaissent dès le mois de mai. Elles formeront des baies rouges et globuleuses que l’on peut consommer crues, en confiture ou en compote.


PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Saule de Suisse

Les fleurs sont regroupées par 5 à 10 à l’extrémité de la tige ou à l’aisselle des feuilles supérieures. En Vanoise, la gentiane pourpre est présente dans différents milieux des étages subalpin et alpin de la Tarentaise : les landes, les pelouses, les mégaphorbiaies* et les boisements clairs. Elle reste absente de la Maurienne. De belles stations occupent le versant nord de l’arête de Montseti et vers la Vacherie, dans le vallon de la Sassière. Différentes espèces de saules composent les fourrés de saules d’altitude. Le saule de Suisse, appelé aussi saule helvétique (lire la fiche-espèce n°5), le saule bleuâtre et le saule glauque sont les plus remarquables d’entre eux. Le saule glauque est présent en France uniquement en Savoie, en Haute-Savoie et dans le Dauphiné depuis l’étage montagnard jusqu’à la base de l’alpin. Son nom désigne la couleur de ses feuilles velues, vert grisâtre argenté. Elles sont entièrement bleutées chez le saule bleuâtre. Le saule glauque et le saule de Suisse sont des espèces protégées.

Faune

Plusieurs

mammifères fréquentent les landes d’une manière passagère. Ainsi, la musaraigne carrelet est un petit insectivore très commun qui fréquente une grande diversité de milieux de montagnes entre

110 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°7

environ 1 000 m et 2 800 m d’altitude, en évitant toutefois les milieux très secs. La musaraigne carrelet est un animal solitaire actif toute l’année, de jour comme de nuit, à la recherche de vers de terre, escargots et insectes qu’elle consomme quotidiennement en quantité équivalente à son poids. Sa salive venimeuse est une défense vis-à-vis de ses nombreux prédateurs. Depuis le bas de la vallée, jusque vers 3 000 m d’altitude, le renard fréquente tous les types de milieux de Sainte-Foy-Tarentaise. Il utilise les landes essentiellement pour se nourrir, pourchassant rongeurs et autres petites proies. Il trouve également dans ce milieu une diversité de baies qui lui permettent de compléter son alimentation à la fin de l’été et en automne. En Savoie, la perdrix bartavelle a une préférence marquée pour les adrets entre 1 500 et 2 600 mètres d’altitude. Cela se traduit par des pentes sèches, couvertes d’une mosaïque de landes et de pelouses, entrecoupées de barres rocheuses, d’éboulis et de crêtes ventées. Elle y trouve les conditions pour se nourrir, se reproduire et se protéger des prédateurs. Sédentaire, elle peut toutefois effectuer en hiver de petits déplacements altitudinaux à la recherche de sa nourriture. En France, cet oiseau habite uniquement la chaîne alpine où il se trouve en limite occidentale d’aire de répartition. À Sainte-Foy-Tarentaise, la perdrix bartavelle est surtout présente au sud de la commune,

Nid de perdrix bartavelle sous le col Granier


Fiche-milieu n°7 PNV - Patrick Folliet

PNV - Philippe Benoît

Pipit des arbres sur un rameau de pin sylvestre

sur les versants d’adret des vallons du Clou et du Nant Cruet. Sous nos latitudes, le tétras-lyre est un oiseau essentiellement subalpin dont l’habitat naturel se limite à la zone de transition entre l’étage supérieur de la forêt et les pelouses vers 1 900 à 2 000 m d’altitude. Cette interface forêts/alpages lui est favorable car elle regroupe sur une surface réduite de quoi satisfaire ses besoins, très divers au cours de l’année : zones dégagées pour ses parades nuptiales, places abritées pour établir le nid, landes et alpages pour son alimentation et celle des jeunes, arbres utilisés à la fois comme perchoirs et comme ressource alimentaire (bourgeons), en période hivernale. Sa préférence va aux secteurs de landes dominant des pentes fortes lui permettant une fuite rapide en cas de dérangement. Divers passereaux sont

aussi attachés à cette interface forêts/ alpages comme le merle à plastron, la linotte mélodieuse, le bruant fou, le pipit des arbres et la fauvette babillarde. Concernant les reptiles, on ne rencontre guère que la vipère aspic, qui arbore parfois à ces altitudes une belle robe totalement noire, et le lézard vivipare qui fréquentent régulièrement ces milieux, sans y être pour autant abondants. Le solitaire est un papillon de jour inféodé à ces landes pour sa reproduction. En effet, les œufs de cette espèce sont pondus sur les feuilles de l’airelle et de la myrtille qui sont les plantes hôtes des chenilles. Papillon de montagne, le solitaire fréquente les massifs du Jura et des Alpes, entre 1 500 et 2 600 m d’altitude. Le mâle se reconnaît à sa couleur générale jaune.

Michel Savourey

PNV - Christophe Gotti

Mâle de tétras-lyre pendant les parades au printemps

Vipère aspic mélanique

Le solitaire

Les milieux naturels, des lieux de vie - 111


PNV - Christian Balais

PNV - Joël Blanchemain

Fiche-milieu n°7

Criquet des genévriers

Myrtilles

Parmi les orthoptères (groupe des criquets, grillons et sauterelles), la sauterelle cymbalière, la decticelle bariolée et le criquet des genévriers sont les plus attachés à ces milieux d’altitude.

D’un point de vue pastoral, la lande est un milieu peu productif et difficilement pénétrable (fourrés et landes “hautes” et denses) ; elle est donc inexploitée par l’homme. Sur Sainte-Foy-Tarentaise, ces milieux sont pâturés d’une manière extensive par quelques moutons et quelques génisses qui broutent les bordures des landes. Quelques brûlis sont parfois pratiqués localement, comme à Pierre Giret dans le vallon de la Sassière, pour augmenter la surface pastorale. Étant parcourues par les randonneurs et les cueilleurs de myrtille, ces landes ont aujourd’hui davantage un usage récréatif.

Équilibre entre l'homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations

PNV - Christian Balais

Tout comme les forêts d’altitude, les landes d’altitudes ont été défrichées pour augmenter les surfaces en alpage.

Envahissement de la lande à Pierre Giret. Au fond, vallon de la Louïe Blanche

112 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Christian Balais

Les landes à éricacées participent pleinement à l’identité des paysages montagnards. Au moment de la floraison du rhododendron, ou quand les myrtilliers rougissent à l’automne, elles ont une forte valeur paysagère. Les grandes surfaces de landes qui recouvrent le vallon de la Sassière offrent de tels paysages. D’un point de vue plus fonctionnel, les landes protègent le sol de l’érosion et assurent la stabilité du manteau neigeux. On peut rencontrer dans les landes quelques espèces végétales protégées, telles que le lycopode des Alpes dont c’est l’unique habitat*. La présence du saule glauque confère aux saulaies buissonnantes subalpines une forte valeur patrimoniale. Le vallon de la Sassière abrite l’une des plus remarquables localités françaises de fourrés à saule helvétique, une espèce protégée en France.

Les landes jouent un rôle de refuge pour la faune sauvage et constituent un gardemanger pour les galliformes de montagne et autres animaux (renard, merle à plastron, grives) qui se nourrissent de baies. Enfin, les landes à rhododendrons représentent un des habitats* privilégiés du territoire du tétras-lyre, espèce emblématique. Lorsqu’elles sont entrecoupées de milieux herbacés, elles sont prisées par les mâles qui trouvent les places de chant nécessaires à leur parade. Les landes hautes à éricacées (myrtilles, airelles, rhododendrons) sont recherchées par les femelles et leurs jeunes où ils se nourrissent à l’abri du regard des prédateurs. Ce milieu est aussi utilisé pour l’élevage des nichées. Sur SainteFoy-Tarentaise plusieurs secteurs sont utilisés pour l’élevage des jeunes et pour la parade des mâles : le secteur de la Tête du Plane, une partie des versants du vallon de Mercuel, ainsi que le versant ouest de la Foglietta et des rochers de Pierre Pointe.

Lande à rhododendron sur le versant nord de l’arête de Montseti

Les milieux naturels, des lieux de vie - 113

Fiche-milieu n°7

Intérêts biologique et patrimonial du milieu


PNV - Stéphane Mélé

Fiche-milieu n°7

Versant du sud de l’Arête de Montseti colonisé par la lande

Les gares d’arrivée des remontées mécaniques sont bien souvent créées sur les places de chant du tétras-lyre, impact venant s’ajouter à celui des câbles qui traversent leurs domaines vitaux, comme par exemple, les gares d’arrivée et de départ du télésiège de l’Arpettaz et les gares de départ des télésièges de la Marquise et de l’Aiguille.

La présence dans ces landes d’espèces végétales protégées et leur rôle de refuge pour une faune alpine de plus en plus concurrencée par les activités humaines en font des secteurs à ne pas négliger en matière de conservation.

Les landes sont des milieux qui évoluent lentement. Ainsi, une pelouse d’altitude peut se transformer naturellement en lande après arrêt du pâturage, puis en forêt si l’altitude le permet. Sur la commune, les superficies occupées par les landes sont en extension, du fait de la déprise agropastorale. Au même titre que l’aulnaie verte, les landes, quand elles se développent, ont tendance à s’étendre aux dépens de milieux de plus grand intérêt pastoral ou biologique (pelouses alpines, pelouses sèches, etc.). Si le phénomène d’extension se poursuit, cela peut poser de réels problèmes de perte de patrimoine pastoral et de banalisation du patrimoine biologique.

114 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Stéphane Mélé

Évolution et transformation du milieu

Gare de départ du télésiège de la Marquise


Le passage des troupeaux à travers les landes, s’il est modéré et tardif, peut favoriser le renouvellement de micro-habitats favorables au maintien de certaines espèces : orchidées, lycopodes, reptiles. Un retour du pâturage peut être envisagé, voire encouragé, dans le cas des landes secondaires en extension. Dans un contexte d’extension de la lande et de diminution de la pression pastorale à l’échelle du territoire communal, mieux vaut voir se fermer les zones à moins bonne valeur pastorale et concentrer l’effort de contrôle de la lande sur les meilleurs alpages.

Secteur de places de chant du tétras-lyre sur le versant sud-ouest de Camp Filluel, avant la création du télésiège des Marquise (06-2006)

Les milieux naturels, des lieux de vie - 115

Fiche-milieu n°7

Propositions de gestion

PNV - Christian Balais

Des secteurs de landes situés sur les versants ouest et nord de la Foglietta sont utilisés pour le repos hivernal des oiseaux. En traversant les zones d’hivernage du tétraslyre, la pratique du ski et du ski hors-piste constitue un dérangement pour cette espèce. La randonnée en raquette en dehors des itinéraires balisés peut aussi constituer un facteur de perturbation. Si ces usages s’avèrent trop fréquents, ils peuvent devenir une véritable menace pour le maintien de l’espèce.


Sommaire

PNV - Stéphane Mélé

Fiche-milieu n°8

Les pelouses d'altitude et les combes à neige

PNV - Christian Balais

Pelouses dans le vallon du Clou

Pelouses dans le vallon de la Sassière

Les

pelouses correspondent à des formations herbacées dont la hauteur dépasse rarement 30 cm. On distingue les pelouses sèches d’adret, peu présentes à Sainte-Foy-Tarentaise, et les pelouses d’altitude.

116 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Les pelouses d’altitude couvrent de grandes surfaces en montagne, de l’étage subalpin à l’étage alpin (à partir de 1 900 m sur cette commune), et sont le plus souvent fréquentées par les troupeaux domestiques et les ongulés sauvages.


Fiche-milieu n°8 Les pelouses d'altitudes et les combes à neige

Leur diversité est due à l’action combinée de plusieurs facteurs écologiques tels que : la nature de la roche-mère sous-jacente et du substrat, le régime d’enneigement et de température, l’exposition au soleil et au vent, l’humidité, l’épaisseur du sol et sa proportion de cailloux. Ce milieu se définit donc plus exactement comme une mosaïque de différents types de pelouses : pelouses sèches d’adret ou pelouses fraîches d’ubac, pelouses acides ou pelouses calcaires, pelouses maigres ou pelouses grasses, etc. À Sainte-FoyTarentaise, la présence importante de roches siliceuses, comme le gneiss, entraîne la présence dominante de pelouses maigres et de nature acide. Ces pelouses sont particulièrement bien représentées dans les différents vallons : Mercuel, le Clou et la Sassière.

La présence et le type d’herbivores (domestiques ou sauvages), ainsi que l’utilisation pastorale de ces pelouses, en influant sur la richesse en éléments nutritifs du sol (en particulier l’azote), conditionnent aussi fortement la nature de la végétation. Par ailleurs, les combes à neige sont des types de pelouses particulières dont la période de végétation est réduite à moins de trois mois, du fait de la persistance de la neige. On les rencontre plus fréquemment dans des petites dépressions, sur les replats ou dans les pentes faibles de haute altitude, longuement enneigés. Qu’ils soient ligneux ou herbacés, les végétaux n’y dépassent pas 10 cm, voire 5 cm, de hauteur. Sur certaines de ces pelouses, comme par exemple au-dessus du lac du Clou, sont

Les milieux naturels, des lieux de vie - 117


PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°8

Par contre son ingestion peut s’avérer toxique. Cette toxicité semble concerner également les animaux qui évitent de la brouter. L’arnica des montagnes est bien présente dans les pelouses du Plan de la Sassière. L’hédysarum des Alpes, ou sainfoin sombre, forme des fleurs pourpre violacé, pendantes et regroupées en grappe lâche. Elle se développe dans les pelouses rocailleuses fraîches, jusqu’à 2 500 m d’altitude. C’est une espèce arctico-alpine*, assez rare en Vanoise, où elle se localise en Tarentaise. Plusieurs gentianes bleues à tige plus ou moins courte se développent dans les pelouses alpines. La gentiane utriculeuse, ou gentiane à calice renflé, est une plante annuelle de couleur bleue, qui peut atteindre 20 cm de hauteur et se distingue effectivement par la forme renflée de son calice. Rare, cette espèce est protégée en France, où elle est uniquement présente en Savoie. Les fleurs de nombreuses gentianes tendent à se fermer lorsqu’elles sont à l’ombre ou dans la nuit, phénomène dû aux écarts de température. Pour la gentiane utriculeuse à peine 0,15 à 0,3°C suffit à faire la différence pour engendrer

Hédysarum des Alpes dans le vallon du nant Cruet

associées des plantes spécialisées, capables de survivre malgré la brièveté de la période de végétation : la soldanelle des Alpes, l’alchémille à cinq folioles, la laîche fétide, la sibbaldie couchée, etc. Sur d’autres pelouses, ce sont des saules rampants qui dominent, comme au pied du glacier des Balmes. Contrairement aux autres types de pelouses, les graminées y sont très peu abondantes, souvent remplacées par des laîches.

Flore connue des montagnards comme l’indique la quinzaine de noms qu’elle porte en France. Contenant de nombreux principes actifs, elle présente plusieurs vertus médicinales. Utilisée en usage externe, l’arnica permet notamment d'atténuer les effets des chocs et les légers traumatismes.

118 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Philippe Benoît

L’arnica des montagnes est une plante très

Silène de Suède


Fiche-milieu n°8 PNV - Jacques Perrier

PNV - Jacques Perrier

Véronique d’Allioni

cette réaction. Beaucoup plus petite, la gentiane à feuilles orbiculaires présente une tige inférieure à 1 cm à la base de laquelle se développe une rosette de feuilles ovales également inférieures à 1 cm. À Sainte-FoyTarentaise, cette gentiane est présente au Grand Plan dans le vallon du Nant Cruet. Espèce rare et protégée, l’orchis nain des Alpes pousse dans les pelouses calcaires des crêtes ventées. C’est la plus petite des orchidées de Vanoise. Sur Sainte-FoyTarentaise, cette espèce est également très présente dans les milieux humides d’altitude (lire la fiche-espèce n°2). La pédiculaire du mont Cenis, avec sa lèvre supérieure en casque pourpre foncé terminé en long bec cylindrique, est une plante des pelouses rocailleuses. Cette espèce est assez commune en Vanoise. À Sainte-FoyTarentaise elle peut être confondue avec la pédiculaire arquée, dont les fleurs sont toutefois plus nombreuses et plus grandes (jusqu’à 3 cm de long). Cette dernière est plus rare en Tarentaise. Le silène de Suède est une plante des pelouses rocailleuses plutôt acides. C’est une espèce protégée en Rhône-Alpes, connue dans une vingtaine de communes du massif de la Vanoise. Ses fleurs roses, parfois

blanches, forment une grappe dense et ronde au sommet des tiges. On rencontre sur les adrets une flore adaptée à ces conditions de sécheresse relative. La gentiane ciliée est une plante vivace à floraison tardive, qui se distingue par la présence de cils sur le bord de ses pétales. C’est une espèce qui pousse dans les pelouses sèches, également dans les boisements clairs, jusqu’à 2 000 m d’altitude, et que l’on observe en quelques localités de Tarentaise. La véronique d’Allioni est une plante à tige rampante, longue jusqu’à 40 cm, que l’on trouve dans les pelouses rocailleuses sèches jusqu’à 2 500 m

PNV - Maurice Mollard

Gentiane ciliée

Sibbaldie couchée

Les milieux naturels, des lieux de vie - 119


PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°8

Saule à réseau

Faune

Plusieurs

espèces fréquentent les pelouses alpines d’une manière presque permanente, parmi lesquelles se trouvent notamment des mammifères, des oiseaux, mais aussi des papillons et des orthoptères (criquets, grillons et sauterelles). La marmotte compte parmi les espèces les plus symboliques de ces milieux qu’elle occupe à longueur d’année.

PNV - Alain Chastin

d’altitude. De juillet à septembre elle forme des fleurs bleu ciel à bleu foncé réunies en grappe serrée. Espèce endémique* du sudouest des Alpes, la véronique d’Allioni se trouve en Vanoise en limite nord de son aire de répartition. Dans ce massif elle est présente en haute Maurienne et en haute Tarentaise. Plante des combes à neige plutôt calcaires, la soldanelle des Alpes aux pétales découpés en lanières est capable de fleurir avant même que la neige ait complètement fondu. La sagine glabre est une petite plante à tiges couchées qui se distingue par ses feuilles filiformes. Elle se développe en forme de

touffes dans les combes à neige des étages alpin et subalpin, jusqu’à 2 600 m d’altitude. La sibbaldie couchée est une plante vivace, couchée, inférieure à 5 cm de hauteur. Les feuilles glauques et composées de 3 folioles, dépassent les fleurs, très petites et jaune verdâtre. C’est une espèce commune dans les combes à neige et les pelouses fraîches de l’étage alpin, jusqu’à 2 800 m d’altitude. Sur des éléments grossiers, ce sont des saules rampants qui dominent. Dans les combes à neige calcaires, on trouve une association végétale* où dominent les saules à réseau et à feuilles émoussées, et dans les combes à neige acides, une association* à saule herbacé.

De gauche à droite : 1 éterlou - 4 cabris - 1 femelle adulte

120 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Philippe Benoît

Elle y trouve la nourriture et le gîte, un réseau de terriers reliés par plusieurs galeries souterraines. Elle anime les pelouses de son cri destiné à alerter sa colonie en cas de danger tout autant qu’à entretenir les liens sociaux. Très aigu, celui-ci est très souvent confondu avec les sifflements d’un oiseau. À partir d’octobre et jusqu’au mois d’avril, elle hiberne dans une chambre de repos. Les pelouses sont fréquentées par d’autres herbivores, dont les plus typiques sont le chamois et le bouquetin des Alpes. Sur la commune, le chamois est très présent sur le massif du Bec Rouge où il occupe, tout au long de l’année, les différents types de milieux (pelouses, rochers, éboulis, boisements). Cette population affiche des effectifs relativement importants et stables depuis la création de la réserve de chasse intercommunale (lire le paragraphe “Réserve de chasse intercommunale du Bec Rouge” p.40). Les couverts herbacés les plus ras d’où émergent des buttes constituent l’habitat de prédilection du pipit spioncelle, oiseau très commun entre 2 000 et 2 500 m, tandis que les pelouses rocailleuses accueillent plutôt le traquet motteux, bien répandu en Savoie et la niverolle alpine, ou pinson des neiges, un oiseau présent uniquement dans les Alpes, mais assez commun dans les hauts massifs. À la fin de l’été, on rencontre parfois cette dernière espèce en troupe de plusieurs dizaines à quelques centaines d’oiseaux.

PNV - Joël Blanchemain

Jeune traquet motteux

Azuré du serpolet

Les milieux naturels, des lieux de vie - 121

Fiche-milieu n°8

Alors que les populations de plaine de l’alouette des champs sont attachées aux prairies et cultures, celles d’altitude sont inféodées aux seuls pâturages et alpages. C’est un oiseau des milieux très ouverts, dépourvus d’arbres et de haies. Tout comme les prairies de fauche, les pelouses d’altitude constituent des milieux de prédilection pour les papillons, qu’ils peuvent fréquenter indifféremment ou selon des conditions écologiques particulières (pelouses rases, rocailleuses, moyennement humides, sèches, etc.). L’azuré du serpolet est un papillon qui occupe divers milieux, tous caractérisés par une certaine sécheresse : prairies maigres, mais aussi friches, lisières et boisements clairs. Dans ce milieu, la femelle trouve les plantes indispensables au développement de ses œufs : le serpolet et l’origan. Menacée par la disparition de ses habitats*, cette espèce est protégée en France. Le satyrion est un papillon qui présente une couleur gris-brun sur le dessus et une couleur plus contrastée sur le revers, marquée par plusieurs petits ocelles noirs, entourés de blanc. Dans les Alpes, il survole les pelouses aux mois de juillet et août entre 1 500 et 2 200 m d’altitude. L’azuré de l’oxytropide, l’azuré des soldanelles, le damier de l’alchémille, le cuivré de la verge d’or et plusieurs moirés : le moiré fauve, le


PNV - Joël Blanchemain

Fiche-milieu n°8

dernier secteur s’étend sur le versant ouest du massif de la Foglietta. Le nom Clou signifie enclos ; c’est en effet dans le vallon du même nom que se trouvent les alpages les plus importants de la commune. Les pelouses d’altitude font l’objet d’un usage pastoral essentiel pour l’agriculture locale et constituent un réel enjeu de gestion. Elles fournissent l’alimentation des troupeaux pendant trois mois environ. Leur valeur pastorale est très variable et peut s’apprécier à travers plusieurs critères tels que la productivité, la qualité fourragère, l’appétence, la période de qualité optimum, etc. Cette valeur n’est pas une caractéristique immuable d’un alpage. Selon la façon dont la pelouse est gérée, notamment à travers la conduite du troupeau, elle peut se dégrader ou s’améliorer. Le maintien de la valeur pastorale est un gage de pérennité pour l’activité agricole. En été et à l’automne, ce sont des milieux propices à la pratique de la randonnée pédestre. Les vallons de la Sassière, de Mercuel et du Clou sont tous les trois

Gomphocère des alpages

moiré variable, le moiré cendré et le moiré des pâturins sont parmi les papillons les plus typiques des pelouses d’altitude. Parmi toutes les espèces d’orthoptères connues à Sainte-Foy-Tarentaise, les deux tiers fréquentent les pelouses d’altitudes, comme l’arcyptère bariolé, le criquet des clairières, le criquet duettiste, le gomphocère des alpages ou criquet de Sibérie, l’œdipode rouge et le tétrix calcicole ou criquet à capuchon.

Équilibre entre l'homme et son milieu

Aux yeux des populations locales comme à ceux des vacanciers, les pelouses d’altitude et les combes à neige évoquent surtout les alpages, c’est-à-dire les pelouses pâturées par les troupeaux domestiques pendant l’estive. Ces représentations sont fondées sur l’importance de l’usage pastoral, tant en termes de superficies concernées que de poids dans l’économie agricole locale. Sainte-Foy-Tarentaise présente six grands secteurs d’alpage, principalement localisés dans les vallons d’altitude : vallons de la Louïe Blanche, du Plan de la Sassière, de Mercuel, du Clou et du nant Cruet. Un

122 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Christophe Gotti

Usages, intérêts économiques et représentations

Bidons de lait dans le vallon de la Sassière


Fiche-milieu n°8 PNV - Christian Balais

Tarines en alpage dans le vallon du Clou

traversés par des sentiers balisés, menant notamment à des refuges, à des lacs d’altitude ou à des cols frontaliers. En hiver et au printemps, les pelouses d’altitude font partie des milieux fréquentés par les randonneurs en raquettes ou à ski et les skieurs hors-piste.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu L’intérêt biologique des pelouses d’altitude et des combes à neige est principalement lié à la diversité des communautés végétales qui s’y côtoient, et donc de la flore qui les compose. Cette flore très diversifiée comporte quelques espèces rares (comme la gentiane utriculeuse, le silène de Suède, le sainfoin des Alpes, la pédiculaire du mont Cenis, la véronique d’Allioni) et présente surtout de nombreuses espèces “symboliques” de la montagne aux yeux des touristes (les gentianes bleues, l’edelweiss, etc.). Cette diversité végétale est également fondamentale pour donner son goût et sa personnalité au beaufort d’alpage et au

Persillé de Sainte-Foy. Ce dernier est un fromage à pâte persillée localisé en haute Tarentaise. Il est fabriqué d’avril à novembre traditionnellement à base de lait de chèvre. Une de ses particularités réside dans le fait qu’il est réalisé à partir du mélange de caillés de deux traites successives. Il est aujourd’hui fabriqué par seulement un agriculteur de la commune. L’enracinement des plantes joue un rôle essentiel de stabilisation des sols en terrains pentus et accidentés, très fréquents aux étages subalpin et alpin, et contribue ainsi à limiter l’érosion.

Évolution et transformation du milieu Entre les années 1960 et les années 1980, on a assisté, dans les Alpes, à une régression pastorale générale qui s’est traduite par l’abandon de nombreux alpages. En Savoie, en revanche, la vie pastorale s’est globalement mieux maintenue, grâce notamment à la dynamique “AOC Beaufort”, ainsi qu’à la possibilité de pluriactivité en stations de ski, entraînant le maintien d’actifs agricoles

Les milieux naturels, des lieux de vie - 123


Contrairement aux pelouses situées à l’étage alpin, pour lesquelles la dynamique naturelle de colonisation par les espèces ligneuses est quasiment nulle, celles présentes sous la limite supérieure de la forêt, à l’étage subalpin, n’existent et ne se maintiennent dans un état herbacé que grâce à des activités pastorales. À ces altitudes, l’abandon du pâturage engendre la fermeture* du milieu et son évolution progressive vers la lande puis la forêt. Certains modes d’utilisation, lorsqu’ils sont pratiqués, compromettent le maintien de la valeur biologique et la qualité pastorale : - Une utilisation importante de fumures

organiques (fumier de vaches) en vue d’améliorer certains alpages, surtout sur des secteurs en pente, peut appauvrir la diversité floristique, en favorisant quelques plantes compétitives et productives (ex. le dactyle aggloméré) au détriment de nombreuses autres espèces. - Les troupeaux de brebis, de génisses et de chèvres non conduits sur-pâturent certains secteurs et en sous-pâturent d’autres. Le piétinement excessif du bétail peut entraîner des phénomènes d’érosion qui menacent la qualité des alpages. De même, l’utilisation trop longue (plus de 10 jours) des places de traite engendre le stationnement du bétail et donc l’enrichissement du milieu en éléments organiques azotés, avec pour conséquence une modification de la composition végétale initiale au profit d’une végétation de type reposoir (lire la fiche milieu n°1) de faible valeur pastorale et floristique. À Sainte-Foy-Tarentaise différents modes de gestion des troupeaux existent, selon les secteurs d’alpages. Les bêtes peuvent être parquées, conduites ou en semi-liberté. - Le rejet du lactosérum issu de la production du fromage effectué directement dans le milieu, entraîne des pollu-

PNV - Régis Jordana

Fiche-milieu n°8

sur ces territoires. À Sainte-Foy-Tarentaise, cette évolution est allée dans le sens d’un regroupement et d’une concentration des troupeaux. Les exploitants se sont maintenus grâce à une pluriactivité très forte, liée aux stations de ski de la haute Tarentaise. Dans les années 2000, le pastoralisme connaît un regain d’activité grâce à la reprise d’exploitations par de jeunes agriculteurs. Enfin, la commune est le siège d’exploitations nouvelles, basées sur l’élevage ovin, et qui tendent à se professionnaliser de plus en plus.

Cairn et pelouses en fleurs dans le vallon du Clou

124 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°8 PNV - Christian Balais

Machine à traire et troupeau de vaches dans le vallon du Clou

tions locales du sol ou des eaux. Cependant de tels rejets ne sont pas généralisés, et une partie du lactosérum est consommée par des cochons. - Certains produits, utilisés comme vermifuges, contiennent des substances rémanentes, à large spectre d’action*. Ils entraînent la disparition des insectes coprophages, voire des annélides, ce qui peut poser des problèmes de décomposition des bouses et crottins en milieu naturel. Ingérés par les oiseaux, ces insectes et vers contaminés peuvent provoquer leur empoisonnement. Ces pelouses représentent un capital, un patrimoine pastoral, durement entretenu pendant des générations et qui, en l’absence de gestion adéquate, pourrait aujourd’hui se déprécier, voire disparaître définitivement. Ainsi, l’extension du nard raide diminue l’intérêt pastoral d’un secteur d’alpage. Le nivellement des pistes de ski détruit le micro-relief et la végétation elle-même. Or, en altitude, du fait de la superficialité du sol, de la faible dynamique naturelle des espèces des pelouses d’altitude et de la courte période de végétation, la reconstitution de la pelouse “naturelle” est très lente. Il faudra

plusieurs dizaines d’années pour retrouver le cortège floristique d’origine. Quant à la valeur paysagère, l’aspect uniforme des pistes remaniées ne correspond pas au caractère naturel de ces espaces montagnards d’altitude, même après une revégétalisation aujourd’hui maîtrisée.

Propositions de gestion La réalisation d’un diagnostic local des ressources pastorales, de leur état et des enjeux écologiques devrait permettre de proposer des mesures de gestion pastorale adaptées aux alpages de Sainte-Foy qui le nécessitent, conciliant les besoins de l’exploitation actuelle et le maintien de la valeur pastorale et écologique. Ainsi par exemple, certaines évolutions comme le développement excessif du nard raide au détriment des autres espèces, constituent une dégradation à la fois de la valeur fourragère et de l’intérêt écologique des pelouses concernées. Un mode de conduite pastorale adapté permettrait d’éviter de telles évolutions ou d’en réparer les effets. La mise en œuvre de ces mesures suppose une conduite rigoureuse des troupeaux qui nécessite le plus souvent un gardiennage ou un parcage.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 125


fourragères locales. Un groupement pastoral est chargé par la commune d’entretenir ces pistes qui sont pâturées par des brebis. Des recherches sont en cours pour limiter l’impact négatif d’une surconcentration locale d’effluents. Ainsi, des dispositifs d’épuration du lactosérum par lombricompostage ont été mis en place sur certains alpages dans le cœur du Parc. Ils devraient se généraliser à l’ensemble des alpages du cœur du parc. Sainte-Foy n’est pas encore concerné par ce système. Contrairement aux pelouses, l’intérêt pastoral des combes à neige est très faible du fait de leur productivité très réduite et de l’absence des graminées. C’est pourquoi, comme pour les éboulis, l’éloignement des troupeaux ovins des combes à neige, quand c’est possible, éviterait de fragiliser davantage des plantes déjà soumises à des contraintes écologiques extrêmes. Des mises en défens, ainsi que d’autres préconisations indiquées dans le cadre de mesures agrienvironnementales, ont pour objectif de réduire les impacts du piétinement des troupeaux sur la flore.

PNV - Stéphane Mélé

Fiche-milieu n°8

Concernant les alpages communaux, une convention pluriannuelle de pâturage a été signée entre la commune et certains agriculteurs et utilisateurs pour leur exploitation. Concernant le traitement sanitaire du bétail, l’emploi des substances identifiées comme les moins pénalisantes pour la faune et l’environnement, surtout en alpage, est recommandé. Elles permettent d’éviter l’apparition de formes résistantes des parasites, la non-biodégradabilité des déjections animales et l’empoisonnement de la chaîne alimentaire, des oiseaux insectivores en particulier. Sur Sainte-Foy comme ailleurs, les agriculteurs sont incités à utiliser de telles substances. Le maintien d’un espace de découverte intact très apprécié des estivants assurera l’avenir d’une activité touristique vitale pour l’économie de la commune. De ce fait, tout projet d’aménagement doit préserver au maximum cette précieuse couverture végétale, unique en son genre, dont la cicatrisation est lente et difficile, et qui pourrait être ainsi banalisée, même si un réengazonnement en atténue l’impact paysager. Sur la station de Sainte-Foy des pistes de ski ont été ensemencées avec des plantes

Moutons parqués et gardés par un chien de protection entre l’Échaillon et le Monal

126 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Christophe Mélé

Les éboulis, les moraines et les glaciers rocheux

PNV - Christian Balais

Éboulis sous l’arête du Bélier et lac Noir – Vallon du Clou

Depuis le col du lac Noir, la pointe de Serru et celle d’Ormelune

Les

éboulis et moraines se définissent comme des zones d’accumulation d’éléments rocheux plus ou moins grossiers. Ce sont des milieux minéraux et généralement dépourvus de sol. Cette contrainte bio-

logique, couplée à la mobilité des fragments qui composent ces milieux, est peu favorable à l’installation de la végétation. Ils représentent une surface importante à Sainte-FoyTarentaise.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 127

Fiche-milieu n°9

Sommaire


Fiche-milieu n°9

Dans le cas des éboulis, l’érosion de la roche-mère sous l’action de l’alternance geldégel, la pente et les précipitations entraînent le déplacement des matériaux. Les principaux types d’éboulis se distinguent par la nature de la roche qui les compose, la taille des éléments, la stabilité ou l’instabilité de l’ensemble. Dans le cas d’éboulis actifs, l’apport régulier de matériaux empêche l’installation d’un couvert végétal permanent, et sélectionne l’installation de certaines plantes. À Sainte-Foy-Tarentaise ces éboulis occupent de nombreux versants. Ils sont présents sur les versants sud et nord des rochers de Pierre Pointe, au pied du Bec de l’Ane, sous le Grand et le Petit Assaly, sur les versants nord de la pointe de la Foglietta et de la pointe de l’Argentière, etc. L’éboulement de la Molluire constitue également une zone remarquable d’éboulis.

Les moraines sont constituées de matériaux arrachés, transportés et déposés par les glaciers. Elles bénéficient d’une certaine humidité lorsqu’elles sont proches des glaciers mais, du fait du gel, celle-ci n’est pas toujours disponible pour les plantes. De nombreuses moraines latérales ou frontales sont visibles sur la commune. Les moraines latérales du glacier de l’Invernet s’observent très bien depuis le sentier qui mène au lac du Petit. Le glacier du Grand et le glacier inférieur des Balmes présentent aussi ce type de formations à leurs abords. Les glaciers rocheux sont constitués d’épaisses couches de matériaux animées par la présence de glace sous-jacente ou de glace interstitielle. Ce type de glacier se traduit par la présence en surface de bourrelets multiples, de rides et de creux allongés dans le sens de la pente ou

Les éboulis, les moraines et les glaciers rocheux

128 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°9 PNV - Christian Balais

PNV - Christian Balais

Bec Rouge et éboulement de la Molluire

Glacier inférieur des Balmes – Glacier rocheux

transversalement. Un tel glacier en régression se situe au pied du glacier inférieur des Balmes. Il est le résultat du recul des glaciers suspendus qui le dominent, et d’une régression de l’alimentation en glace. Les bourrelets sont bien marqués à une altitude comprise entre 2 300 m et 2 400 m. D’autres glaciers rocheux sont présents aux cols de la Sassière, du lac Noir et du Rocher Blanc. Dans tous les cas, seuls les végétaux pionniers spécifiquement adaptés à la mobilité de leur support vont être capables de s’implanter ; ils seront, soit “migrateurs”,

comme la linaire des Alpes ou la campanule du Mont-Cenis, et se déplaçant avec les matériaux, soit “recouvreurs”, comme la benoîte rampante, à même de stabiliser les cailloux. La nature de la roche-mère (acide ou calcaire) conditionne aussi les espèces présentes. La colonisation végétale peut faire évoluer ces milieux, essentiellement minéraux, vers d’autres milieux végétalisés (pelouses, landes). Il existe tous les stades de transition entre l’éboulis brut et la pelouse sur ancien éboulis, ou ancienne moraine.

Les milieux naturels, des lieux de vie - 129


PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°9

blanches. Cette espèce endémique* des Alpes est présente en France dans les six départements alpins. À Sainte-FoyTarentaise, elle se développe par exemple sur les rochers de Pierre Pointe. L’adénostyle à feuilles blanches est une plante des éboulis siliceux de l’étage alpin, surtout présente en Tarentaise. Ses feuilles dentelées sont en forme de cœur. Contrairement aux pétasites, auxquelles elle ressemble, ses fleurs se forment après les feuilles. La paronychie à feuilles de renouée est une plante rampante inférieure à 5 cm de hauteur, et dont les tiges peuvent atteindre 30 cm de long. Elle se développe dans les éboulis et les sables humides des zones siliceuses jusqu’à 3 000 m d’altitude. Entre juillet et septembre elle forme de petites fleurs verdâtres entourées de bractées argentées. Cette espèce n’est connue qu’en peu de localités sur la commune. La coincye de Richer, ou chou de Richer, est une grande plante de la famille des brassicacées (choux, moutarde, etc.) qui se développe sur les éboulis et les rochers de nature siliceuse. Elle se reconnaît à ses feuilles basales, grandes et allongées, et à ses fleurs jaunes à quatre pétales. Sur Sainte-Foy-Tarentaise, cette espèce est connue uniquement dans le vallon de la Louïe Blanche. La campanule du Mont-Cenis, plante naine de 1 à 5 cm de haut à corolle bleu mauve en

Androsace alpine aux rochers de Pierre Pointe

Flore

Les

PNV - Christian Balais

PNV - Christian Balais

éboulis et moraines, milieux écologiquement très contraignants, déterminent une flore originale. La végétation des éboulis instables est essentiellement caractérisée par des plantes herbacées à feuillage réduit. En revanche, dès que les éboulis tendent vers une stabilisation et une moindre sécheresse, en bas de pente, la végétation se fait plus importante, avec des plantes de plus haute taille et à feuillage plus large. Plante protégée de l’étage alpin, l’androsace alpine est une habituée des pierriers siliceux très fins, jusqu’à plus de 3 000 m d’altitude. Elle y forme de petits coussinets plats et denses portant des fleurs roses, parfois

Coincye de Richer

130 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Campanule du Mont-Cenis


Faune PNV - Philippe Benoît

Avec un corps plus trapu que le lièvre brun et des oreilles plus courtes, le lièvre variable est un animal adapté à la vie en altitude. Par ailleurs, ses larges pattes postérieures jouent un rôle de raquettes pour se déplacer dans la neige poudreuse. Surnommé blanchon, le lièvre variable possède la capacité de changer de pelage au fil des saisons : blanc comme neige en hiver, il devient fauve à brun en été, en passant par une couleur bigarrée au printemps et à l’automne. Les éboulis de gros blocs entrecoupés de végétation constituent un gîte diurne de choix pour lui ; il peut s’y nourrir, tout en se cachant des prédateurs que sont le renard et l’aigle royal. Le chamois et le bouquetin sont de passage dans les éboulis et les moraines sans pour autant en faire leur domaine de prédilection. Oiseau alpestre par excellence, l’accenteur alpin évolue dans l’univers accidenté qu’offrent les éboulis et les chaos de gros blocs. Afin de trouver sa pitance, insectes et graines, il fréquente également les fragments de pelouses rases qui apparaissent entre les rochers. C’est un oiseau peu

étoile, se développe sur les éboulis et moraines calcaires dans l’étage alpin. C’est une espèce ouest-alpine peu fréquente qui pousse par exemple dans le vallon du nant Cruet, également sur la bordure du glacier inférieur des Balmes. La linaire des Alpes s’établit fréquemment dans des éboulis de calcaire. Bien adaptée à la mobilité de son substrat, elle possède de longues tiges rampantes qui lui permettent de regagner la surface du pierrier après avoir été ensevelie par des blocs instables. D’une hauteur maximale de 10 cm, cette linaire offre au regard ses corolles généralement bleu violacé à palais safrané, et parfois entièrement bleues. Plante naine poussant sous forme de coussinet, la saxifrage fausse mousse affectionne les éboulis et rocailles aux endroits frais et longuement enneigés. Cette espèce végétale de haute montagne est une endémique* des Alpes, rare, présente en France uniquement en Savoie, Haute-Savoie et Hautes-Alpes. Deux espèces de génépi, le génépi jaune et le génépi vrai, sont présentes sur la commune. Le génépi vrai, appelé aussi génépi noir ou génépi mâle, est l’espèce la plus typique des éboulis et des moraines de toute nature. À Sainte-Foy-Tarentaise, il est bien présent sur l’ensemble de la commune. Outre son caractère aromatique très marqué, ce génépi

PNV - Anonyme

Lièvre variable en pelage d’hiver

Monticole merle de roche mâle

Les milieux naturels, des lieux de vie - 131

Fiche-milieu n°9

se reconnaît à sa tige simple, arquée au sommet, et ses petites fleurs jaunes regroupées en une grappe allongée et serrée.


PNV - Michel Delmas

PNV - Christophe Gotti

Fiche-milieu n°9

Femelle de lagopède alpin en plumage d’été

Miramelle des frimas

farouche. Dérangé, il préfère souvent se glisser vers quelques blocs plus loin plutôt que de prendre son envol. Morphologiquement proche du moineau, la niverolle alpine fréquente les pelouses dénudées ou rocailleuses, les éboulis et les bordures de névé de l’étage alpin jusqu’à la partie inférieure de l’étage nival. Elle y trouve les graines et les divers invertébrés (insectes, vers, escargots) dont elle se nourrit. Comme son nom l’indique, le monticole merle de roche est un oiseau qui fréquente surtout les zones d’éboulis et les pelouses parsemées de gros éléments rocheux en adret. Cet oiseau migrateur est présent de fin avril à mi-septembre. Le plumage flamboyant du mâle (tête et gorge bleu ardoisé, poitrine et ventre orangé roux) contraste avec celui plus sombre des autres “merles”. Les blocs lui servent de poste d’affût et de chant, ainsi que de site de nidification. Le lagopède alpin évolue dans les milieux ouverts de l’étage alpin et de l’étage nival : pelouses rocailleuses, landes, éboulis, lapiaz ou crêtes rocheuses. Dans ce milieu hostile l’oiseau s’accommode parfaitement de conditions sommaires : une nourriture à base de matière ligneuse fournie par la végétation rase, enrichie à la belle saison de fruits, de fleurs, de feuilles et d’invertébrés terrestres (pour les poussins), et des sites de nidification construits à même le sol. Le nid

est en effet une dépression peu profonde, au sein d’un îlot de plantes ou sous un arbrisseau rampant, le plus souvent située contre un rocher. Tout comme le pelage du lièvre variable, le plumage varie annuellement au cours de quatre mues pour adopter trois formes différentes : un plumage sombre d’été, un plumage blanc d’hiver et un plumage bariolé d’intersaison. Le nom Arbine (rocher de Pierre d’Arbine) provient du latin albus qui signifie blanc. C’est le nom patois du lagopède alpin qui fréquente ces lieux. Le moiré velouté, ou moiré des glaciers, et le moiré chamoisé sont deux espèces de papillons typiques des éboulis, moraines et pelouses rocailleuses. Ils sont le plus souvent observés au-dessus de 2 200 m d’altitude mais il est possible de les rencontrer à partir de 1 600 m et jusqu’à plus de 3 000 m. Le moiré velouté se distingue par une teinte générale et homogène brun-noir et une taille importante : jusqu’à 2, 5 cm de largeur. Les orthoptères (grillons, criquets et sauterelles) inféodés à ces milieux sont dotés de noms très évocateurs, comme la miramelle des moraines, appelée aussi criquet marcheur, et la miramelle des frimas, une espèce particulièrement adaptée aux altitudes élevées, entre 2 000 et 2 700 m, qui se rencontre parfois à la limite des névés. L’adulte de la miramelle des moraines se distingue

132 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Équilibre entre l'homme et son milieu Usages, intérêts économiques et représentations

PNV - Christian Balais

Les éboulis, les moraines et les glaciers rocheux sont empruntés par les alpinistes pour accéder aux glaciers et à certaines voies d’escalade. Ils peuvent être également

fréquentés en été par les cueilleurs de génépi. La cueillette du génépi est une pratique locale bien établie en haute Tarentaise. Impropres au pâturage, les éboulis et moraines ne sont traditionnellement pas exploités par les troupeaux domestiques même s’il arrive à ceux-ci de les traverser. Cependant, l’abandon progressif du gardiennage des troupeaux ovins se traduit par une modification du comportement des moutons qui ont tendance à monter en altitude, en quête de fraîcheur, comme c’est le cas dans les parties supérieures des nombreux vallons de Sainte-Foy. Par le passé et aujourd’hui encore, les éboulis fournissent les matériaux pour la construction des habitations. Les pierres de schistes, de quartzite ou de gneiss ont été prélevées un peu partout sur la commune. Plus rares, les blocs de cargneule*, qui apparaissent dans quelques murs, proviennent des environs du lac du Clou. D’anciennes carrières de lauzes sont encore connues sur la commune, aux environs de

Brebis non gardées au pied du mont Charvet

Les milieux naturels, des lieux de vie - 133

Fiche-milieu n°9

par une réduction importante de ses ailes à de petites écailles. Active de juillet à octobre, elle s’observe depuis l’étage montagnard jusqu’à l’étage alpin où elle fréquente différents types de milieux : landes, pelouses et éboulis jusqu’à 2 600 m d’altitude. Le dimorphisme sexuel est très marqué chez cette espèce, avec notamment une différence de taille qui peut atteindre plus de 1 cm ; la femelle est toujours plus grande. Chose étonnante chez les orthoptères, cette espèce est capable d’émettre de petits crissements avec ses mandibules.


PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°9

Murettes et alignement de pierres levées au Monal le long de la piste d’accès depuis Bonconseil

Saint-Guérin et dans le bois du Grand Follié, au lieu-dit les Foyères. La pierre utilisée pour fabriquer la chaux provenait des éboulis de l’arête de Montseti et du Bec de l’Ane, également des environs du lac du Clou.

alpine et la saxifrage fausse mousse sont protégées. Les éboulis, les moraines et les glaciers rocheux contribuent ainsi de

L’intérêt pastoral de ces éboulis et moraines est faible voire nul, compte-tenu du faible développement de la végétation et de l’absence de plantes fourragères. Ils sont par contre bien utilisés par le bouquetin des Alpes et le lièvre variable qui en apprécient les quelques plantes présentes, et pour lesquels ils constituent des zones de repos diurnes appréciées. Ces milieux présentent une forte valeur floristique. Ils accueillent un cortège d’espèces spécialisées absentes des autres types de milieux dont plusieurs plantes rares et/ou protégées. Cinq espèces végétales d’intérêt patrimonial sont inféodées aux éboulis, moraines et glaciers rocheux de la commune. Parmi celles-ci, l’androsace

134 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Stéphane Mélé

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

Moraines du glacier de l’Invernet colonisées par la végétation


PNV - Christian Balais

Saxifrage fausse mousse

PNV - Christian Balais

manière importante à la richesse floristique globale de Sainte-Foy-Tarentaise. De plus, l’action fixatrice des végétaux pionniers favorise la colonisation par la végétation d’un milieu originellement presque entièrement minéral.

L’instabilité du milieu, la forte spécialisation des espèces, le petit nombre d’individus présents et leur faible dynamique de croissance sont les causes principales de la fragilité des écosystèmes des éboulis et des moraines. La fréquentation régulière des éboulis un peu partout sur la commune, par de petits troupeaux ovins, peut compromettre le maintien d’une flore fragile et d’une couverture végétale en cours d’installation, sans que cela présente un quelconque intérêt pastoral. Cela peut poser également des problèmes sanitaires du fait de la cohabitation avec les ongulés sauvages qui y trouvent refuge, notamment par suite de la transmission réciproque de certaines pathologies. Tout comme le tétras-lyre, le lagopède peut être dérangé au cours de son repos hivernal par le passage de skieurs hors-piste depuis le col Granier ou dans la face nord de la Foglietta.

Moraines latérales marquant le recul du glacier de l’Invernet

Les milieux naturels, des lieux de vie - 135

Fiche-milieu n°9

Évolution et transformation du milieu


Fiche-milieu n°9

Aujourd’hui, avec le recul des glaciers, la surface des moraines a plutôt tendance à s’accroître, comme pour le glacier du Grand.

Propositions de gestion

PNV - Christian Balais

Une conduite des troupeaux ovins en alpage, visant à les écarter des éboulis et moraines de très faible intérêt pastoral, assurerait la tranquillité de la faune sauvage et éviterait de fragiliser davantage des plantes déjà soumises à des contraintes écologiques extrêmes.

Cela diminuerait les risques de transmission de pathologies entres herbivores domestiques et sauvages. Ce serait également bénéfique pour les performances des troupeaux ovins qui dépensent beaucoup d’énergie à parcourir ces milieux ingrats et peu nourrissants. Il serait souhaitable que le projet d’arrêté préfectoral concernant la réglementation de la cueillette de certaines espèces, comme le génépi, sur le département de la Savoie, puisse se concrétiser.

PNV - Christian Balais

Génépi jaune

Génépi vrai

136 - Les milieux naturels, des lieux de vie


PNV - Christian Balais

PNV - Christian Balais

Les Oeillasses, Grand et Petit Assaly, glacier du Grand, pointe de l’Invernet, Becca du Lac

Arrête du Loidon et Bec de l’Ane depuis le vallon de Mercuel

Les

rochers et falaises sont des milieux minéraux dont la pente forte, voire verticale, empêche le dépôt ne serait-ce que d’une fine pellicule de terre. Les fissures et autres anfractuosités constituent l’unique support pour l’installation des plantes. Seuls les mousses et les lichens sont capables de se

développer à même la roche. Les rochers et falaises regroupent à la fois les parties sommitales et les barres rocheuses de SainteFoy-Tarentaise. Parmi les nombreux sommets de la commune on peut citer les Oeillasses, la pointe du Petit Assaly, la Becca du Lac, le bec de l’Ane et la pointe

Les milieux naturels, des lieux de vie - 137

Fiche-milieu n°10

Les rochers et les falaises

Sommaire


Fiche-milieu n°10

d’Archeboc. Beaucoup de barres rocheuses sont aussi présentes sur la commune, comme sous les hameaux du Miroir et de la Masure, sur les versants du vallon de la Louïe Blanche et du vallon du Clou, le versant nord de la pointe de la Foglietta. Des adaptations particulières sont nécessaires aux animaux et plantes pour survivre dans les conditions climatiques contrastées, de type continental, des étages alpin et nival : l’absence de couverture neigeuse en hiver expose les surfaces à des températures très basses, dont l’effet est amplifié par des vents froids. En revanche, les falaises ensoleillées peuvent s’échauffer très fortement en été. Ces milieux subissent de fortes variations thermiques entre le jour et la nuit.

Dans la forêt, les rochers beaucoup plus humides sont généralement recouverts de mousses. Les conditions sont moins extrêmes et la végétation bénéficie de la protection des arbres qui atténuent la rigueur du climat. Même s’ils paraissent hostiles à toute forme de vie, les rochers et les falaises constituent l’habitat de prédilection pour les animaux et les plantes ayant développé certaines adaptations. Ils offrent un refuge efficace contre les prédateurs aux animaux capables de grimper, tel le bouquetin. Les oiseaux y nichent, des chauves-souris s’y abritent le jour dans les fissures. En outre, la rudesse des conditions de vie, en sélectionnant un petit nombre d’espèces aptes à survivre, limite la concurrence végétale.

Les rochers et les falaises

138 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiche-milieu n°10 PNV - Jean-Paul Ferbayre

Falaises de l’Art

En l’absence de sol susceptible d’atténuer les effets directs de la roche-mère, la nature siliceuse ou calcaire de celle-ci constitue un facteur écologique déterminant pour les espèces qu’elle supporte. À Sainte-Foy-Tarentaise, les groupements végétaux des substrats siliceux sont dominants.

ron 15 cm et dont l’extrémité est fourchue. Cette plante est présente dans le secteur du Crot. Particulièrement bien adaptée aux conditions qui règnent à haute altitude, l’androsace helvétique est une espèce très localisée des rochers calcaires ensoleillés, connue en Savoie dans une vingtaine de communes de la Vanoise et des massifs périphériques. Sur Sainte-Foy-Tarentaise, cette espèce est très rare ; elle a été observée sur une localité à 3 200 m d’altitude. C’est une plante naine, velue, formant des coussinets très denses et bombés. Rare en France et protégée, cette espèce reste peu menacée du fait de l’inaccessibilité de ses stations.

Flore plantes des rochers et falaises ont développé de nombreuses adaptations : forme en coussinet pour résister au vent et conserver eau et chaleur ou port en rosette de feuilles appliquées au sol, multitude de radicelles ou longue racine en pivot pour puiser l’eau, feuilles moins nombreuses et coriaces pour supporter la sécheresse, plantes souvent velues pour lutter contre la déshydratation. L’asplénium septentrional, ou doradille nordique, est une petite fougère qui pousse sur les rochers et les murs de pierres acides où elle forme des touffes assez fournies. Elle est aisément identifiable par ses feuilles coriaces, appelées frondes, longues d’envi-

PNV - Christian Balais

Les

Primevère du Piémont

Les milieux naturels, des lieux de vie - 139


PNV - Christian Balais

Lis orangé

La primevère hérissée, ou primevère hirsute, est une petite plante localement répandue en Vanoise et qui pousse couramment sur les parois siliceuses de l’étage alpin. Elle ressemble à la primevère du Piémont, une espèce des rochers siliceux, rare et protégée en France, mais encore bien représentée en haute Maurienne et en haute Tarentaise. Toutefois, contrairement à l’espèce précédente, la primevère du Piémont semble se limiter en rive gauche de l’Isère sur la commune de Sainte-Foy-Tarentaise. Ces deux primevères ont une corolle rose à gorge blanche. Les fleurs de la primevère hérissée sont réunies par groupe de 2 à 5, tandis qu’elles peuvent être par 12 chez la primevère du Piémont. La saxifrage fausse diapensie est une plante dont les feuilles forment des coussinets denses, d’où émergent des tiges portant des fleurs blanches. Elle s’installe dans les fissures des rochers calcaires jusqu’à 2 800 m d’altitude. Cette espèce est rare au niveau mondial, mais relativement bien représentée en Vanoise, où elle est connue dans une vingtaine de communes et dans une seule localité à Sainte-Foy. Elle est protégée en Rhône-Alpes. Le lis orangé affectionne essentiellement les rochers, les pelouses sèches rocailleuses et les boisements clairs d’adret, entre 300 et 2 200 m d’altitude. Victime de sa beauté, il est devenu rare à la suite de cueillettes excessives et se replie de plus en plus dans

les zones difficiles d’accès. À Sainte-FoyTarentaise, le lis orangé se développe sur des falaises à basse altitude. Le nerprun nain est un petit arbuste couché inférieur à 20 cm de hauteur qui s’installe dans les fissures des rochers ensoleillés. À Sainte-Foy-Tarentaise, cette espèce peu fréquente se développe entre 1 000 et 2 000 m d’altitude. Le genévrier sabine, appelé parfois genévrier fétide, est un arbuste qui peut atteindre 3 m de hauteur mais dont les branches sont couchées. Ses rameaux dégagent une forte odeur et ses fruits, de petites baies bleues, ont une chair très résineuse. Extrêmement toxique, ce genévrier n’est pas consommé par les animaux. En Vanoise, cette espèce est fréquente sur les adrets de haute Tarentaise, où il occupe différents types de milieux : des rochers, des pelouses sèches et des boisements clairs (lire la fiche-espèce n°3).

140 - Les milieux naturels, des lieux de vie

PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Fiche-milieu n°10

PNV - Christian Balais

Saxifrage fausse diapensie

Nerprun nain


Les adaptations de la faune aux milieux de

PNV - Christophe Gotti

falaises ont trait aux déplacements : insectes aux ailes plus courtes pour ne pas se laisser emporter par le vent, sabots des bouquetins adaptés aux déplacements sur les rochers, qui en épousent la forme et donnent de l’adhérence, utilisation des courants ascendants par les oiseaux rupestres (aux ailes plus larges) tels que les rapaces ou le tichodrome échelette. On notera aussi l’adaptation à la rudesse du climat : couleur sombre des lézards des murailles pour absorber la chaleur. Le bouquetin des Alpes est sans doute le mammifère le plus représentatif des rochers et des falaises. Dans ce milieu, où il se déplace avec une grande aisance, il trouve la nourriture végétale et la sécurité dont il a besoin pour vivre. Espèce symbolique de la Vanoise, il fut à l’origine du classement d’une partie de ce territoire en Parc national en 1963. Il fréquente les parois rocheuses à différents moments de l’année : en été à

haute altitude où il recherche les endroits frais et la tranquillité. En période hivernale, craignant le manteau neigeux épais et les avalanches, il fréquente les crêtes déneigées par le vent et les versants d’adret. Ces quartiers d’hiver sont également les quartiers de rut. Enfin, en période de mise bas, les femelles s’isolent sur de petites vires. La population de bouquetins qui occupe le territoire de Sainte-Foy-Tarentaise est issue des massifs italiens voisins. Cette population est présente au cours de la belle saison, mais l’hivernage a lieu dans les vallées italiennes proches : le val Grisenche et le val de Rhêmes. Les falaises et rochers constituent essentiellement un territoire de nidification pour de nombreux oiseaux. Les rapaces sont parmi les plus représentatifs de ces milieux qui sont aussi pour eux favorables aux courants d’air ascendants et au vol plané. Plusieurs espèces sont nicheuses sur SainteFoy-Tarentaise : l’aigle royal, le grand-duc d’Europe, le faucon pèlerin et le faucon crécerelle.

Bouquetin des Alpes (jeune mâle au premier plan et femelles derrière)

Les milieux naturels, des lieux de vie - 141

Fiche-milieu n°10

Faune


PNV - Michel Bouche

Grand-duc d’Europe

142 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Jeannette Chavoutier

Fiche-milieu n°10

Par son allure majestueuse, l’aigle royal est sans doute l’oiseau le plus emblématique de ces milieux. Deux couples reproducteurs fréquentent Sainte-Foy-Tarentaise. Pour ce rapace, plus que l’altitude, c’est surtout la tranquillité qui importe pour le choix de l’emplacement de son nid, appelé aire. Ainsi, une dizaine d’aires est inventoriée, dont la moitié se localise dans le cœur du Parc. Sur Sainte-Foy, l’une de ces aires se situe près du Crot. Plus discret mais tout aussi majestueux, le grand-duc d’Europe, le plus grand des rapaces nocturnes de France, est aussi nicheur sur la commune. Un site de reproduction est connu depuis 1996. Le couple présent sur Sainte-Foy-Tarentaise compte parmi la dizaine de couples connue sur le massif de la Vanoise. Prédateur éclectique, le grand-duc d’Europe se nourrit aussi bien de reptiles, amphibiens et petits mammifères (écureuil, rongeurs), que de plus grosses proies comme le tétras-lyre, le renard ou le lièvre. De même son habitat* est varié, idéalement composé de boisements, de falaises et de milieux ouverts*. En Vanoise il niche jusque vers 1 900 m d’altitude. Davantage spécialisé dans la chasse en plein vol, le faucon pèlerin se nourrit essentiellement d’oiseaux, comme les pigeons et les petits passereaux. Depuis plus d’une dizaine d’années sa reproduction est régulièrement observée sur la commune (lire la fiche-espèce n°8).

Faucon crécerelle

Enfin, le faucon crécerelle niche, entre autres, dans les falaises de l’école d’escalade de la Combaz. Ce petit rapace se caractérise par un vol effectué sur place, face au vent et queue déployée, appelé “vol du SaintEsprit”. Parmi les espèces nichant typiquement dans les falaises, le chocard à bec jaune est un oiseau facilement reconnaissable à son plumage noir et à son bec jaune. Contrairement au chocard, le crave à bec rouge, n’est pas un oiseau strictement d’altitude, même s’il dépend lui aussi des reliefs très marqués qui lui fournissent des zones inaccessibles pour nicher. Il affectionne surtout les falaises bien exposées, mais fréquente aussi les zones de végétation rase pour s’alimenter. Le tichodrome échelette est un petit oiseau qui se caractérise par un plumage gris ardoisé. Ses ailes arrondies sont plus contrastées, avec la présence de taches rouge-carmin et de gros points blancs. Son vol papillonnant et son attachement aux parois rocheuses (falaises, mais aussi murs de grands édifices) lui ont valu le nom plus poétique de papillon des murailles. Son bec, fin et arqué, est pour lui un outil indispensable pour dénicher au fond des fissures de la roche les insectes dont il se nourrit. À Sainte-Foy-Tarentaise, cet oiseau se reproduit dans les falaises, comme par exemple aux Oeillasses.


Fiche-milieu n°10

ASTERS - Georges Lacroix

PNV - Christian Balais

Chocard à bec jaune posé sur la Croix Foglietta

Tichodrome échelette

Équilibre entre l'homme et son milieu

d’autres milieux et dont plusieurs sont rares et remarquables : l’androsace helvétique, la primevère du Piémont, la saxifrage fausse diapensie, etc. L’utilisation des vires et des corniches comme site de nidification par certaines espèces d’oiseaux rupicoles telles l’aigle

Usages, intérêts économiques et représentations Il n’existe pas d’usage traditionnel associé à ces milieux. En revanche, on assiste actuellement en Vanoise à un développement généralisé de nouvelles pratiques sportives, notamment en falaises : escalade, via ferrata ou via cordata. Il existe de nombreuses falaises plus ou moins équipées à Sainte-Foy-Tarentaise. Surtout localisés en altitude, ces sites concernent les Oeillasses, la pointe des Piagnes, le Grand Assaly, la pointe de l’Invernet et la barre des Colombettes. Par ailleurs, trois écoles d’escalade sont aussi présentes sur la commune : au Plan du Pré, à la Combaz et à la Sassière. Durant l’hiver, la cascade de glace du nant du Piss à la Raie est fréquentée occasionnellement par les grimpeurs.

L’intérêt biologique des rochers et des falaises est du même ordre que celui des “éboulis et moraines”. Il est essentiellement dû à la présence d’espèces spécialisées qui ne peuvent pas vivre naturellement dans

PNV - Christophe Gotti

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

Voie Emprin aux Oeillasses

Les milieux naturels, des lieux de vie - 143


Fiche-milieu n°10

royal, le grand-duc d’Europe, le faucon pèlerin et le tichodrome échelette, confère à ces falaises une valeur écologique supplémentaire. Les barres rocheuses exposées au sud constituent des zones d’hivernage très appréciées des chamois, comme sur le Bec Rouge et le massif des Monts.

Évolution et transformation du milieu À l’instar des éboulis et des moraines, c’est la discontinuité des populations végétales et leur faible dynamique qui sont à l’origine de la sensibilité de ces milieux à toute perturbation. Cependant, les risques d’impact sur la flore des pratiques sportives sont a priori faibles du fait du caractère ponctuel des équipements, surtout si l’on tient compte, pour leur

implantation, de la présence éventuelle d’une flore remarquable. Toutefois les populations d’espèces rares étant souvent localisées et en faible effectif, tout nouvel équipement peut compromettre de façon importante leurs chances de survie. En revanche, les menaces sont bien réelles pour les oiseaux rupestres (gypaète barbu, aigle royal, faucon crécerelle, tichodrome échelette, etc.), très sensibles aux dérangements pendant la période de reproduction. Cette menace est plus marquée à proximité des vias ferratas et des voies d’escalade équipées, dont la sécurisation entraîne une fréquentation plus importante que celle des voies d’escalade non équipées. Le site de nidification du couple de faucons crécerelles du rocher d’escalade de la Combaz illustre cette situation. La concentration toujours plus importante d’équipements en montagne et l’engouement pour la pratique de sports de nature engendrent une réduction significative des zones susceptibles de convenir à des oiseaux rupestres vulnérables tels que le grand-duc d’Europe, le faucon pèlerin et l’aigle royal.

PNV - Stéphane Mélé

Propositions de gestion

École d’escalade au Plan du Pré

144 - Les milieux naturels, des lieux de vie

Aux échelles communale et intercommunale, tout nouveau projet d’équipement doit permettre de concilier le développement raisonnable des sports de nature et le maintien d’une faune et d’une flore riches. Une charte sur l’escalade et l’alpinisme en Vanoise a été définie en 1999 entre le Parc et les principales associations de pratiquants. Ce document pourrait constituer un outil de gestion pour les milieux rocheux. Pour cela, la réalisation d’études préalables et la consultation d’experts du milieu naturel, comme les gardes-moniteurs du Parc national, paraissent indispensables, afin d’assurer la prise en compte de l’intérêt naturaliste et de la vulnérabilité des sites.


PNV - Christophe Gotti PNV - Stéphane Mélé

Falaise de la Thuile

Falaises au-dessus du Crot

Les milieux naturels, des lieux de vie - 145

Fiche-milieu n°10

À Sainte-Foy-Tarentaise un suivi des sites de nidification de l’aigle royal, du grand-duc d’Europe et du faucon pèlerin est réalisé chaque année afin de mieux connaître la réussite de leur reproduction. Une via cordata localisée au Crot se situe à proximité d’un site de nidification d’un couple de grands-ducs d’Europe et de l’aire d’un couple d’aigles royaux. Sur le plan floristique, la présence du lis orangé est connue. Afin de permettre cette réalisation tout en assurant la préservation de ces espèces et la tranquillité des sites de nidification, ce projet a été conduit dans le cadre d’un partenariat entre la commune, la compagnie des guides de la Vanoise et le parc national.


Sommaire

PNV - Stéphane Mélé

Fiche-milieu n°11

Les glaciers et névés

PNV - Christian Balais

Glacier supérieur des Balmes

Glacier supérieur des Balmes, pointe des Plates des Chamois

Un glacier est un réservoir de glace issu du compactage de la neige accumulée à haute altitude. Sous l’effet de son propre poids, le glacier s’écoule lentement vers l’aval. La fonte du glacier dans ses parties les plus basses est compensée en tout ou partie par les chutes de neige qui alimentent le glacier

146 - Les milieux naturels, des lieux de vie

dans son bassin d’accumulation à l’amont (au-dessus de 3 500 m d’altitude). Les précipitations alimentent régulièrement en neige les glaciers, tous situés dans les parties supérieures des vallons d’altitude, aux frontières de la commune. Parmi les plus importants, les glaciers du Grand et de


Fiche-milieu n°11 Les glaciers et les névés

que les glaciers du Fond et de la Sassière. Ces deux derniers forment la surface glaciaire la plus importante de Sainte-FoyTarentaise.

PNV - Christian Balais

l’Invernet prolongent le glacier du Ruitor, situé en Italie. Au sud de la commune, se trouvent le glacier supérieur des Balmes qui alimente le glacier inférieur des Balmes, ainsi

Glaciers du Fond et de la Sassière depuis la pointe de Nant Cruet

Les milieux naturels, des lieux de vie - 147


PNV - Marie-Geneviève Bourgeois

Fiche-milieu n°11

Chlamydomonas nivalis, une algue liée à la neige, au Plan du Grand

Les glaciers ont joué et jouent encore un rôle important dans les phénomènes d’érosion. Les nombreux vallons et multiples lacs d’altitude présents sur la commune illustrent cette érosion. La forte quantité de roches marquées par le passage des glaciers, dites roches moutonnées, comme dans le vallon de la Sassière, témoigne aussi de l’importance de ces glaciers d’autrefois. Les grandes glaciations, séparées par des périodes plus chaudes, se sont succédé au cours des temps géologiques. L’alternance de ces phases d’avancée et de recul des glaciers s’est traduite par un modelage du relief des vallées glaciaires qui diffère selon la dureté de la roche. Il y a plus de 15 000 ans, les langues glaciaires issues des Alpes atteignaient Lyon ou Valence. Les névés correspondent à des neiges compactées transformées sous l’effet des intempéries. Ils peuvent perdurer plusieurs années. Ces dépôts immobiles et de taille variable sont moins permanents que les glaciers, puisqu’il leur arrive de fondre complètement certaines années. Ils sont

148 - Les milieux naturels, des lieux de vie

souvent associés, sur leurs bordures, à des groupements de combes à neige (voir la fiche-milieu n°8). Certains névés portent un nom, comme le névé de Pissevieille.

Flore et faune

Les basses températures rencontrées sur les glaciers rendent ces milieux hostiles à la plupart des organismes vivants et en général presque stériles. On peut toutefois y rencontrer quelques insectes migrateurs tués par le froid. Sur les névés, certains insectes, tels que les “puces des neiges” ou collemboles* parviennent à accomplir une partie de leur cycle à la surface de la neige fondante. Ils trouvent à s’alimenter grâce aux particules nutritives apportées par le vent (comme le pollen) et aux algues unicellulaires spécialisées, telle la chlamydomonas des neiges, qui s’y développent parfois et donnent à la neige une teinte rouge carmin. Au printemps et à l’automne, chamois et bouquetins traversent les glaciers frontaliers lors de leurs migrations saisonnières.


Usages, intérêts économiques et représentations Incarnant toute la puissance de la nature, les neiges permanentes et les glaciers n’inspiraient par le passé que de la crainte. Aujourd’hui, avec l’alpinisme, les sommets sont plutôt évocateurs de découvertes sportives. La randonnée sur glacier compte de nombreux adeptes et se développe en saison printanière et estivale. Les surfaces englacées sont devenues des lieux de pratiques sportives. Sainte-Foy n’échappe pas à cette tendance et les guides encadrent des courses d’initiation comme des courses de glaciers et rochers plus difficiles. Les principales courses glaciaires sont celle de l’aiguille de la Grande Sassière par le vallon du nant Cruet, et des glaciers de l’Invernet et du Ruitor.

Intérêts biologique et patrimonial du milieu

Évolution et transformation du milieu Autorisées en Italie, les déposes de skieurs par hélicoptères sont très fréquentes au cours de la saison de ski sur les glaciers frontaliers du Ruitor et d’Ormelune. Déposés sur le versant italien à partir de la station franco-italienne de la Rosière – la Thuile d’Aoste, les skieurs descendent sur le territoire de Sainte-Foy par les glaciers de l’Invernet et du Grand, ou par le vallon du Clou. Ces déposes, interdites en France, posent des problèmes éthiques et se traduisent par une augmentation de la fréquentation de certains vallons d’altitude. Elles génèrent un volume important de rotations d’hélicoptères transportant les skieurs depuis les versants français, ainsi que

PNV - Stéphane Mélé

Les glaciers constituent avant tout un précieux réservoir d’eau douce pour les

hommes, mais aussi une source naturelle d’alimentation des torrents en période estivale. Ils ont aussi une valeur esthétique indéniable. Cet élément marquant et symbolique des paysages de haute montagne présente un intérêt paysager majeur pour le tourisme. Ils constituent un témoin fiable des évolutions climatiques globales de la planète.

Glacier de l’Invernet

Les milieux naturels, des lieux de vie - 149

Fiche-milieu n°11

Équilibre entre l'homme et son milieu


La disparition des glaciers entraînerait de nouveaux problèmes écologiques (disparition d’un réservoir d’eau vital, assèchement des torrents), mais aussi économiques avec la perte d’un élément du paysage qui a joué un rôle important pour le tourisme alpin depuis 200 ans. Mais en dehors du recul des glaciers déjà perceptible, les conséquences locales du réchauffement climatique global sont encore difficiles à apprécier.

Propositions de gestion Les propositions visant à enrayer le réchauffement climatique global dépassent largement le cadre communal, mais elles passent aussi par l’évolution des comportements individuels. Il convient de signaler l’initiative de la commune de Sainte-Foy qui, pour contenir dans les limites acceptables le nombre de rotations d’hélicoptères, a mis en place un accord sous forme de convention d’usage (limitation à 200 rotations annuelles à partir d’une plateforme communale - DZ).

PNV - Christian Balais

Fiche-milieu n°11

quelques reprises diffuses après la descente sur les versants opposés. Les glaciers de Sainte-Foy-Tarentaise n’échappent pas au réchauffement global de la planète et ont donc une tendance générale à reculer. Ainsi, les glaciers du Petit, de l’Argentière et d’Archeboc sont aujourd’hui réduits à des névés. De même le recul est nettement visible pour le glacier de l’Invernet et le glacier de la Sassière qui remontent en altitude et se rétrécissent. En 2006, la limite inférieure de ce dernier est à 2 930 m d’altitude environ, alors qu’elle se trouvait à 2 820 m au début des années 1990. Après l’avancée forte du “petit âge glaciaire” (qui a duré près de trois siècles à partir de la moitié du XVIe siècle), des études ont mis en évidence le recul spectaculaire (même s’il n’est pas continu) des fronts des glaciers dans les Alpes, la diminution de leur surface et de leur épaisseur. Les prévisions à moyen terme sur l’évolution globale du climat de la planète semblent défavorables au maintien en l’état des glaciers à l’échelle des massifs montagneux des zones tempérées.

Vue sur le glacier du Ruitor depuis le Nœud des Vedettes

150 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Sommaire

PNV - Stéphane Mélé

Fiches-milieux - Conclusion

Conclusion

Mosaïque de milieux naturels à l’automne - plan de la Sassière

L’ensemble des 11 grands types de milieux présentés dans ces fiches couvre l’intégralité du territoire de la commune de Sainte-FoyTarentaise. Le choix d’une description, milieu par milieu, ne doit pas faire oublier que ceux-ci sont liés les uns aux autres et que la transition entre tel et tel habitat est rarement évidente sur le terrain. Un marais dépend de son bassin versant, une clairière est tributaire des herbivores forestiers, les éboulis et les moraines sont alimentés par les falaises et les glaciers, etc. La subtilité de cette imbrication se reflète dans l’instabilité des contours de cette mosaïque qui résulte des mécanismes d’érosion et de la dynamique naturelle de la végétation. À ces facteurs naturels s’ajoute l’effet, souvent direct, des activités humaines.

Les points abordés dans chacune des fichesmilieux concernent les milieux indépendamment les uns des autres. Or, certains problèmes de gestion ont trait à l’équilibre entre ces milieux : un milieu évolue au détriment d’un autre sous tous les aspects (naturel, paysager, économique, etc.). Ce phénomène est à prendre en compte par les gestionnaires du territoire. La diversité des richesses naturelles et des milieux est à l’origine de ressources variées (eau, bois, fourrage, énergie, plantes utilitaires et ornementales, etc.). Elle peut être un atout de taille pour le maintien et la diversification des activités agricoles, touristiques et commerciales de la commune. Elle est une source durable de qualité

Les milieux naturels, des lieux de vie - 151


PNV - Christian Balais

Fiches-milieux - Conclusion

PNV - Philippe Benoît

Le lac Longet

Sassière de Sainte-Foy – Glacier de l’Invernet

de vie pour les habitants de Sainte-FoyTarentaise. Pour la commune, le maintien d’une diversité des milieux naturels (qui en plus augmente le panel d’espèces présentes) peut constituer un objectif de gestion durable de son territoire. Dès lors que l’on considère le patrimoine naturel de la commune comme un élément constitutif de son cadre de vie et de son économie au sens large, la préservation et la

152 - Les milieux naturels, des lieux de vie

bonne gestion des milieux naturels deviennent des éléments “clé” de la gestion et de l’aménagement de son territoire. À Sainte-Foy-Tarentaise, tous les milieux naturels et semi-naturels ne font pas l’objet de menaces immédiates, directes ou indirectes et ils ne présentent pas tous les mêmes enjeux patrimoniaux. Deux cas de figure sont à prendre en compte :


Par ailleurs Sainte-Foy-Tarentaise se distingue par la présence d’espaces d’une grande valeur naturaliste et paysagère vierges de tout aménagement lourd. Les vallons du nant Cruet, du Clou, de Mercuel et de la Sassière forment un ensemble unique en haute Tarentaise. Leur préservation représente un atout essentiel pour le tourisme estival tout en participant à la diversification de l’offre touristique en hiver. Cette situation privilégiée peut faire de

PNV - Christian Balais

Parmi les premiers milieux, on citera, les zones humides d’altitude, y compris les lacs, et de nombreux secteurs de falaises hébergeant des espèces rares ; parmi les seconds, les prairies de fauche, les alpages et les habitats forestiers. Les nombreuses zones humides, avec la présence remarquable d’une zone à “Caricion bicolori-atrofuscae” confèrent à la commune une grande richesse patrimoniale. Les falaises sont le lieu de nidification de nombreux rapaces et accueillent l’un des rares couples repro-

ducteurs de grand-duc d’Europe de Vanoise. Les prairies de fauche constituent un enjeu majeur pour la pérennité de l’activité agricole et touristique de la commune : besoins fourragers, surfaces d’épandage, cadre paysager, faune et flore. Les alpages représentent le cas remarquable d’un écosystème dont le type d’exploitation séculaire est à l’origine d’une grande richesse biologique et fourragère.

Vieille porte de mélèze sculptée à la Masure

Les milieux naturels, des lieux de vie - 153

Fiches-milieux - Conclusion

- le cas des milieux rares ou vulnérables et à forte biodiversité. La préservation de ces milieux doit être intégrée à tout projet de gestion ou d’aménagement ; - le cas des milieux plus ou moins exploités par l’homme, dont la biodiversité pourrait être préservée grâce à une exploitation durable des ressources agricoles et forestières.


duits touristiques proposés par les autres stations de la vallée et protection d’un patrimoine naturel et paysager d’exception.

PNV - Christian Balais

Fiches-milieux - Conclusion

Sainte-Foy un exemple de tourisme durable sous réserve de savoir concilier équipements raisonnés, complémentarité avec les pro-

Randonneur à ski dans le vallon du Clou

154 - Les milieux naturels, des lieux de vie


Fiches-espèces

Regard sur quelques espèces


Le groupement végétal “Caricion bicolori-atrofuscae” Le Caricion bicolori-atrofuscae est un groupement végétal qui se caractérise par la présence des espèces suivantes : la laîche rouge-noirâtre (Carex atrofuscae), la laîche bicolore (Carex bicolor), la laîche à petite arête (Carex microglochin), la laîche maritime (Carex maritima), la cobrésie simple (Kobresia simpliciuscula), la tofieldie naine (tofieldia pusilla), le trichophore nain (Trichophorum pumilum) et le jonc arctique (Juncus arcticus). Seule la dernière espèce n’a pas été observée sur Sainte-Foy. Hormis la tofieldie naine, ces plantes sont de type “herbe”, et difficiles à distinguer pour le non-spécialiste. L’ensemble forme des gazons courts plus ou moins clairsemés.

PNV – Christian Balais

Le Caricion bicolori-atrofuscae au pied du glacier inférieur des Balmes épi solitaire, fauve clair, long de 1 cm environ

tige dressée, grêle, trigone et lisse

feuilles enroulées sur elles-mêmes ; ne dépassant pas la moitié de la tige

PNV – Philippe Benoît

Fiche-espèce n°1

Sommaire

La laîche à petite arête, une espèce du Caricion bicolori-atrofuscae

Écologie

Le

Caricion bicolori-atrofuscae est un groupement végétal pionnier qui se déve-

156 - Regard sur quelques espèces

loppe sur les bords de torrents, sources et petits plans d’eau, alimentés par des eaux froides et généralement alcalines. Il occupe les étages alpin et subalpin supérieur, à une


À Sainte-Foy-Tarentaise, le Caricion bicolori-atrofuscae est développé dans le vallon du Clou : - au marais du Plan, avec la présence de la laîche bicolore, la laîche à petite arête, la laîche maritime, la cobrésie simple, la tofieldie naine et le trichophore nain (torrent du Clou), - au pied du glacier inférieur des Balmes, avec la présence de la laîche bicolore, la laîche maritime, la laîche à petite arête et du trichophore nain (ruisseau des Balmes).

Menaces

PNV – Michel Delmas

Le Caricion bicolori-atrofuscae connaît les

La tofieldie naine, une espèce du Caricion bicolori-atrofuscae

Répartition géographique et intérêts biologiques

Constitué principalement d’espèces rares à très rares, protégées et, pour six d’entre elles, inscrites au livre rouge national de la flore menacée, le Caricion bicoloriatrofuscae forme un milieu naturel également très rare. Témoin d’époques glaciaires très anciennes, il se répartit dans l’hémisphère nord, à la fois dans la région arctique et dans les Alpes. À l’échelle des Alpes, la Savoie abrite une bonne part des stations les plus riches et représentatives de ce milieu naturel. De telles stations sont observées en Maurienne et en Tarentaise, dès la fin du XIXe siècle. Le Piémont, le Val d’Aoste et le bassin des Drances, sont d’autres régions très riches dans ce même massif.

mêmes menaces que les milieux naturels qu’il occupe : les zones humides. Les causes les plus fréquentes de disparition des sites en France sont d’origine humaine, il s’agit : - d’aménagements hydroélectriques provoquant la destruction par immersion, - d’aménagements touristiques comme les domaines skiables, provoquant une destruction directe ou une destruction par assèchement ou comblement, - de la rectification des cours d’eau, - du piétinement par les troupeaux domestiques et les engins motorisés. Concernant les phénomènes naturels, le réchauffement climatique pourrait avoir des conséquences significatives sur ce milieu hérité des périodes glaciaires. L’isolement des stations et la rareté des espèces végétales qui les composent rendent aléatoire la recolonisation d’une station de Caricion après sa disparition. À Sainte-Foy, les nombreux conducteurs d’engins motorisés qui utilisent la piste pastorale aux abords du marais du Plan, sont une menace lorsqu’ils dérivent dans la zone humide.

Regard sur quelques espèces - 157

Fiche-espèce n°1

altitude moyenne de 2 200 m. Le gel permanent ou continu du sol sur une longue période est une condition essentielle pour le développement de ce groupement à caractère pionnier. Les espèces végétales qui le composent sont des plantes vivaces arctico-alpines* recherchant la fraîcheur et l’humidité de ces zones humides d’altitude. Leur floraison a lieu aux mois de juillet et août.


la désignation d’une partie du vallon du Clou en site “Natura 2000”.

En

Rare sur l’ensemble de l’arc alpin, le Caricion bicolori-atrofuscae devrait être préservé en chacune de ses stations actuelles, quel que soit l’état dans lequel il se trouve. Pour cela et pour d’autres intérêts patrimoniaux, le vallon du Clou mérite une attention particulière.

danger de disparition sur le territoire européen, le Caricion bicolori-atrofuscae est désigné comme prioritaire au titre de la directive européenne Habitat*. Il fait partie des habitats* pour lesquels l’Union européenne porte une responsabilité particulière vis-à-vis de sa conservation ; ce qui a justifié

PNV – Christian Balais

Fiche-espèce n°1

Protection et propositions de gestion

Piste pastorale dans le vallon du Clou

Le saviez-vous ? • Les feuilles des laîches, plantes constituant le Caricion bicolori-atrofuscae, sont souvent riches en silice, ce qui les rend coupantes et peu consommables par le bétail.

158 - Regard sur quelques espèces


L'orchis nain des Alpes Comme la plupart des plantes de haute montagne, l’orchis nain des Alpes ou chamorchis des Alpes (Chamorchis alpina) se caractérise par sa très petite taille. C’est la plus petite des orchidées d’Europe et l’on peut difficilement la confondre avec une autre, de par sa morphologie et son biotope. Seul l’orchis grenouille (Coeloglossum viride), qui pousse également à Sainte-Foy-Tarentaise pourrait éventuellement porter à confusion aux yeux d’un néophyte. Contrairement à celui-ci, l’orchis nain des Alpes est une espèce protégée.

plante entièrement verte ne dépassant pas 10 cm 4 à 12 fleurs en épi lâche

fleurs très petites vert-jaunâtre à “casque“ parfois lavé de brun-rouge, non prolongées par un éperon labelle* entier

feuilles étroitement linéaires atteignant le sommet de la plante ou le dépassant

PNV – Philippe Benoît

plante de 5 à 20 cm de hauteur

Orchis nain des Alpes

feuilles basales ovales larges de 1 à 5 cm, n'atteignant pas l'inflorescence

PNV - Maurice Mollard

fleurs verdâtres à labelle* parfois lavé de pourpre labelle* nettement trilobé Orchis grenouille

Écologie

L’orchis-nain

des Alpes est une plante vivace de haute montagne qui se développe,

en Savoie, à la fois dans les pelouses alpines à végétation rase et/ou clairsemée des crêtes ventées (avec la dryade à huit pétales) et les gazons nains des zones humides.

Regard sur quelques espèces - 159

Fiche-espèce n°2

Sommaire


Répartition géographique et intérêts biologiques

L’orchis

nain des Alpes est une espèce boréo-alpine* strictement européenne. Elle est présente dans les Alpes, les Carpates et les montagnes scandinaves où elle est toujours très localisée. Bien que présente en France dans six départements alpins (depuis la Haute-Savoie jusqu’au Alpes-Maritimes), l’orchis-nain des Alpes y est toujours relativement rare.

Menaces

La discrétion de cette orchidée naine en fait une plante peu convoitée par les cueilleurs. Elle est relativement peu menacée, si ce n’est par destruction de ses habitats* pour l’aménagement de remontées mécaniques et les terrassements pratiqués pour les pistes de ski.

PNV – Louis Bantin

Fiche-espèce n°2

C’est une espèce de pleine lumière qui affectionne surtout les substrats calcaires. À Sainte-Foy-Tarentaise, elle est présente sur terrain plat ou pentu, entre 2 200 et 2 400 m d’altitude. On la rencontre notamment aux abords du ruisseau des Balmes dans le vallon du Clou. Sa floraison s’observe aux mois de juillet et d’août, période pendant laquelle elle est pollinisée par de petits insectes de types mouches et moustiques.

Orchis nain des Alpes dans son milieu

Protection et propositions de gestion

L’orchis nain des Alpes est protégé. Son maintien passe notamment par le strict respect des stations de l’espèce lors des projets d’aménagement en altitude. Il nécessite également que les zones humides où il pousse ne soient pas drainées.

Le saviez-vous ? • Le nom chamorchis vient du grec chamai qui signifie “nain, à terre”. • Alors qu’il n’est présent en Haute-Savoie que sur les crêtes ventées et dans les Alpes du Sud qu’en zones humides (marécages subalpins et alpins), l’orchis nain des Alpes pousse en Savoie dans ces deux types de biotopes, phénomène assez rare sur son aire de répartition.

160 - Regard sur quelques espèces


Le genévrier sabine Trois

espèces de genévriers se développent dans les montagnes des Alpes du nord : le genévrier sabine (Juniperus sabina), le genévrier commun (Juniperus communis subsp. communis) et le genévrier nain (Juniperus communis subsp. nana). Ces deux derniers se distinguent par des aiguilles groupées par trois, dont chacune est traversée, sur sa face supérieure, par une large bande claire. Le genévrier commun est un arbre qui peut atteindre 10 m de hauteur. Les deux autres espèces sont des arbrisseaux généralement inférieurs à 4 m.

Hauteur entre 1 à 4 m

longue branche étalée, redressée à son extrémité

PNV – Christian Balais

écorce gris brun, gerçurée

Genévrier sabine

PNV – Christian Balais

feuilles en forme d’écailles plaquées contre le rameau, longues d’environ 1 mm, de couleur vert bleuté, très odorantes et non piquantes Branche de genévrier sabine

Écologie

Pour

se développer, le genévrier sabine a besoin de lumière et de sécheresse. C’est un arbrisseau de montagne qui occupe des régions de climat continental.

Dans les Alpes du nord, il est présent jusqu’à environ 2 000 m d’altitude, préférant les zones d’adret. Dans des régions plus méridionales. Il peut atteindre environ 2 700 m. Le genévrier sabine recherche des substrats plutôt neutres : calcaires ou schistes, et des

Regard sur quelques espèces - 161

Fiche-espèce n°3

Sommaire


Fiche-espèce n°3

sols peu épais. Il pousse essentiellement sur des rochers, parfois dans des boisements clairs et sur des pelouses sèches. C’est une espèce monoïque, les fleurs mâles (petits cônes solitaires à l’extrémité des rameaux) et les fleurs femelles (formées de plusieurs écailles) se développent sur le même arbrisseau. La floraison a lieu aux mois d’avril et mai et la maturation des fruits au cours de l’automne de la même année. La dissémination de ces derniers se fait par l’intermédiaire des oiseaux. La longévité maximale du genévrier sabine est de quelques centaines d’années.

tions les plus remarquables se trouvent en Afrique du nord. Rare en France, où il est considéré comme une espèce relictuelle*, il ne se développe que dans les Pyrénées et les Alpes. En Vanoise, de belles populations sont connues à Saint-Jean-de-Maurienne, à Termignon, dans les gorges de l’Arc et à Sainte-Foy-Tarentaise, dans le secteur du Monal ou vers le Crot. Son bois dur et homogène est utilisé en tabletterie pour la fabrication des crayons, mais il ne connaît pas cet usage en Savoie.

Menaces

Petit

PNV – Christian Balais

arbre poussant sur les rochers, des milieux qui ne font pas l’objet d’usages particuliers, le genévrier sabine n’est pas une espèce menacée, ni en Savoie, ni sur la commune de Sainte-Foy. La pratique du brûlis sur taillis peut toutefois provoquer des endommagements localisés d’arbrisseaux. Rameaux et baies de genévrier sabine

Répartition géographique et intérêts biologiques

Le

genévrier sabine est présent dans les montagnes du sud de l’Europe, depuis l’Andalousie, jusqu’à la Turquie. Les popula-

Protection et propositions de gestion

Le genévrier n’est pas une espèce protégée. À Sainte-Foy, il ne nécessite pas de mesures de protection particulières, si ce n’est le suivi régulier de sa présence.

Le saviez-vous ? • Le genévrier sabine est un arbrisseau au port rampant, mais qui, dans certaines conditions, peut atteindre une hauteur de 10 m. • C’est une plante extrêmement toxique. Différentes substances, comme les tuyones, le sabinol et le pyrogallol en sont la cause. Ce dernier agit en bloquant le circuit intestinal des animaux qui l’ingèrent, provoquant une mort rapide. • Les “baies de genièvre”, ou fruit du genévrier, sont en fait de petits cônes appelés galbules composés d’écailles plus ou moins soudées entre elles. Ils mûrissent en deux ou trois ans, se couvrant alors d'une couche cireuse, appelée la pruine. • Secrétant des résines, les feuilles dégagent une forte odeur lorsqu’elles sont froissées.

162 - Regard sur quelques espèces


La pédiculaire tronquée La

pédiculaire tronquée (Pedicularis recutita) fait partie de la dizaine d’espèces de pédiculaires présentes à Sainte-Foy-Tarentaise, mais elle est de loin la plus rare d'entre elles et c’est la seule qui soit protégée. Sa morphologie générale, la couleur de ses fleurs et sa grande taille (jusqu’à 50 cm de hauteur) la distinguent aisément des autres pédiculaires. Exclusivement en pays de Savoie en France, la pédiculaire tronquée présente quelques belles populations à Sainte-Foy.

corolle brun-pourpre plus ou moins foncé, divisée en deux lèvres

PNV – Marie-Geneviève Bourgeois

lèvre supérieure en forme de casque dressé ; lèvre inférieure plus courte et divisée en trois lobes

Détail de l'inflorescence de la pédiculaire tronquée

fleurs réunies en grappe terminale compacte et très feuillée à la base

PNV – Christian Balais

grandes feuilles étroitement lancéolées, découpées en lobes à bord denté

Pédiculaire tronquée

Écologie

La

pédiculaire tronquée est une plante vivace, à tendance nitrophile, que l'on rencontre en montagne entre 1 000 et 2 500 m d’altitude, dans les prairies humides et

fraîches, les mégaphorbiaies, les abords des sources, des torrents et des lacs. Elle pousse préférentiellement sur sol calcaire. Sa floraison a généralement lieu de fin juin à août. À Sainte-Foy-Tarentaise, la pédiculaire tronquée se développe sur des sols non

Regard sur quelques espèces - 163

Fiche-espèce n°4

Sommaire


Fiche-espèce n°4

calcaires, en certains secteurs des vallons de Mercuel et de la Sassière.

Menaces

L’espèce

Répartition géographique et intérêts biologiques

La pédiculaire tronquée présente une répartition géographique purement alpine, depuis les Alpes françaises jusqu’à l’Autriche, en passant par l’Italie, la Suisse, l’Allemagne et la Slovénie. C'est une espèce endémique* des Alpes centrales et orientales. En France, ce taxon très rare est présent uniquement en Savoie et Haute-Savoie, où ses populations se réduisent à quelques rares stations situées en Tarentaise (Sainte-Foy et Val d’Isère) et dans le Beaufortain (Granier, Beaufort et Hauteluce). Certaines stations possèdent des populations abondantes.

est en régression générale sur l’ensemble de ses stations. Certaines des populations connues autrefois ont disparu (Chamonix, Megève, Tours en Savoie, Lanslevillard, Tignes, etc.) ; d’autres sont aujourd’hui menacées par des aménagements touristiques potentiels (Val d’Isère, etc.) et plus généralement par la destruction des zones humides, un de ses habitats* de prédilection.

Répartition de la pédiculaire tronquée en Vanoise

164 - Regard sur quelques espèces


Fiche-espèce n°4

Protection et propositions de gestion

La

PNV – Christian Balais

pédiculaire tronquée est une espèce protégée très rare en France. À ce titre, elle est également inscrite au livre rouge national de la flore menacée. La présence de l’espèce dans l’espace protégé du cœur du Parc national de la Vanoise constitue une mesure de conservation concrète. La protection des autres stations de cette pédiculaire, comme à Sainte-Foy, permettrait de garantir la survie de l’espèce.

Pédiculaire hybride P. recutita x P. rostrato-spicata

Le saviez-vous ? • La pédiculaire tronquée s’hybride parfois avec la pédiculaire incarnate (Pedicularis rostrato-spicata). Quelques pieds sont présents à Sainte-Foy.

Regard sur quelques espèces - 165


Le saule helvétique Le

saule helvétique (Salix helvetica) est un arbrisseau tortueux de montagne pouvant atteindre 1, 50 m de hauteur. Il fait partie des rares saules de la flore française qui sont protégés. Cette espèce endémique* des Alpes, très rare en France, pousse seule, mais peut former également des fourrés. Parfois accompagné du saule glauque (Salix glaucosericea) qui lui ressemble beaucoup, le saule helvétique demeure rare et localisé. Le territoire de SainteFoy-Tarentaise abrite, avec Bonneval-sur-Arc, les plus belles populations de Vanoise.

feuilles vert sombre et presque glabres dessus et, blanc tomenteux sur la face inférieure

bord des feuilles souvent enroulé, entier ou à petites dents glanduleuses

PNV – Maurice Mollard

Saule helvétique

feuilles velues-soyeuses sur les deux faces, vert pâle dessus et glauque dessous

bord des feuilles ni denté, ni glanduleux

PNV - Christian Balais

Fiche-espèce n°5

Sommaire

Saule glauque

166 - Regard sur quelques espèces


Le

saule helvétique est un arbrisseau des étages subalpin et alpin. À Sainte-FoyTarentaise, le saule helvétique est présent entre 2 000 et 2 300 m d’altitude ; mais il est capable de se développer dès 1 700 m et jusqu’à 2 600 m d’altitude. Il pousse principalement sur terrain siliceux, dans les marais tourbeux, les bords de torrents et de lacs et les éboulis humides. Il forme, avec le saule glauque, des fourrés d’altitude. La floraison et la feuillaison, simultanées chez cette espèce de saule, a lieu en juin-juillet.

Répartition géographique et intérêts biologiques

Les seules stations savoyardes de l’espèce se trouvent en Vanoise : Bonneval-sur-Arc, Sainte-Foy-Tarentaise, Val d’Isère, Pralognan-la-Vanoise, Tignes, Termignon.

Menaces

Les stations de saule helvétique sont dans l’ensemble peu menacées, en dehors des risques de destruction qui pourraient les toucher localement, dans le cadre de projets d’aménagement. Cependant, comme toutes les espèces de zones humides, le saule helvétique craint l’assèchement de ses milieux.

Endémique* alpine, le saule helvétique est

Protection et propositions de gestion

présent des Alpes méridionales françaises au nord du Tyrol. La répartition française de ce taxon très rare et localisé se réduit à quelques stations situées en Savoie, en HauteSavoie, dans les Hautes-Alpes et en Isère.

Le saule helvétique est une espèce protégée très rare en France. À ce titre, elle est également inscrite au livre rouge national de la flore menacée.

Le saviez-vous ? • Alors que l’espèce est très rare en France, elle demeure assez commune en Suisse, d’où l’origine de son nom.

Répartition du saule helvétique en Vanoise

Regard sur quelques espèces - 167

Fiche-espèce n°5

Écologie


La gentiane à feuilles d’asclépiade Une quinzaine d’espèces de gentianes est connue en Vanoise. Parmi celles-ci, la gentiane à feuilles d’asclépiade (Gentiana asclepiadea) se distingue par sa grande taille et la couleur bleue de ses fleurs. Ces critères font qu’elle ne peut être confondue avec aucune autre. À Sainte-Foy-Tarentaise, elle côtoie d’autres grandes gentianes : la gentiane jaune (Gentiana lutea), la gentiane pourpre (Gentiana purpurea) et la gentiane ponctuée (Gentiana punctutata).

Hauteur : 30 à 90 cm

grandes fleurs bleues, solitaires ou groupées par deux et dépourvues de pédicelle

PNV – Christian Balais

grande feuille ovale terminée par une longue pointe et dépourvue de pétiole

Gentiane à feuilles d’asclépiade ponctuations violacées à l’intérieur des fleurs PNV – Christian Balais

Fiche-espèce n°6

Sommaire

fleur à 5 lobes peu profonds

Fleur de gentiane à feuilles d’asclépiade

Écologie

La gentiane à feuilles d’asclépiade est une plante vivace qui se développe dans des milieux ouverts* à semi-ouverts : prairies

168 - Regard sur quelques espèces

humides, boisements frais et mégaphorbiaies*. Surtout présente à l’étage montagnard, elle occupe aussi l’étage subalpin jusqu’aux environs de 2 000 m.


Répartition géographique et intérêts biologiques

La

gentiane à feuilles d’asclépiade est une espèce endémique* des montagnes d’Europe. En France, elle est présente dans les massifs du Jura et des Alpes, également dans les montagnes corses. Sa répartition en Savoie concerne les massifs préalpins, la vallée des Huiles où elle forme d’importantes populations et le massif de la Vanoise où elle reste très dispersée, avec des populations toujours peu abondantes. Sa racine était utilisée en médecine, notamment pour ses propriétés fébrifuges.

Menaces

La

destruction ou la modification des ses habitats* sont les premiers facteurs de régression de cette espèce. Ainsi le drainage d’une prairie humide ou la plantation de résineux peuvent détruire des populations, d’autant que ces dernières sont souvent très petites et très localisées. Enfin, la taille et les couleurs de cette plante lui attribuent un usage ornemental, et peuvent être à l’origine de cueillette.

Protection et propositions de gestion

La

gentiane à feuilles d’asclépiade ne bénéficie d’aucun statut de protection. Sa préservation passe par le suivi de ses populations, le maintien de ses habitats* et une sensibilisation auprès des habitants et des visiteurs sur les pratiques de cueillette des différentes plantes de Sainte-FoyTarentaise.

Le saviez-vous ? • L’appellation “à feuilles d’asclépiade” de cette gentiane est due à la ressemblance de ses feuilles à celles de l’asclépiade de Syrie, une plante originaire d’Amérique du Nord que l’on peut trouver dans certains jardins. Les fruits très duveteux de cette plante lui ont valu le surnom de “herbe-à-la-ouate”. • La gentiane à feuilles d’asclépiade est une plante utilisée par un papillon : l’azuré des mouillères. Les chenilles de ce dernier vivent dans les fleurs et se nourrissent des graines en formation, au cours des premiers stades de leur développement. Puis, elles tombent sur le sol et sont récupérées par des fourmis rouges pour finir leur cycle de croissance dans une fourmilière.

Regard sur quelques espèces - 169

Fiche-espèce n°6

À Sainte-Foy, la gentiane à feuilles d’asclépiade est connue dans des prairies fraîches jusqu’à 2 250 m d’altitude. Sa floraison, tardive, se situe d’août à octobre. Comme la plupart des fleurs de montagne, sa pollinisation est assurée par des insectes.


Le triton alpestre Le triton alpestre (Triturus alpestris) et la grenouille rousse (Rana temporaria) sont les deux espèces d’amphibiens connues à Sainte-Foy-Tarentaise. Comme tous les amphibiens, le triton alpestre se caractérise par un mode de vie double. Les larves sont aquatiques, respirant l’oxygène dissous dans l’eau à l’aide de branchies, les jeunes et les adultes sont terrestres, respirant l’oxygène de l’air par la peau et à l’aide de poumons. L’observation de cette espèce est très facile lorsqu’elle occupe le milieu aquatique. Sur Sainte-Foy-Tarentaise, la larve de triton alpestre peut être confondue avec celle de la salamandre tachetée, une espèce potentiellement présente, susceptible d’occuper les mêmes sites de reproduction.

crête dorsale, basse, jaunâtre avec des taches foncées

dos noir bleuté à violacé, plus ou moins ponctué de taches noires

Taille moyenne : 7 à 10 cm

bande de ponctuations noires sur les flancs

ventre et gorge orange vif uni Christine Garin

Triton alpestre, mâle

Femelle - Taille moyenne = 8 à 12 cm - Ventre et gorge jaunes à orange vif - Corps brunâtre marbré de bleu PNV - Fabrice Darinot

Fiche-espèce n°7

Sommaire

Couple de triton alpestre : femelle en haut et mâle en bas

Écologie

Contrairement à ce que son nom suggère, le triton alpestre est une espèce ubiquiste*, qui cependant occupe préférentiellement l’étage

170 - Regard sur quelques espèces

montagnard à l’étage alpin, jusqu’à environ 2 700 mètres d’altitude. En Savoie, il est surtout connu dans les zones de collines et de boisements.


Le triton alpestre est une espèce européenne moyenne et méridionale présente, au nord, du Danemark à la Roumanie et, au sud, de la Grèce, au nord de l’Italie et au centre de la France. Il occupe également les massifs montagneux du nord de l’Espagne. En France, le triton alpestre est présent dans une large moitié nord-est, ne franchissant pratiquement jamais la Loire dans l’ouest de la France. À Sainte-Foy-Tarentaise, le triton alpestre a été observé dans plusieurs milieux humides d’altitude.

Menaces

Comme la plupart des amphibiens, le triton alpestre est menacé par l’introduction de prédateurs dans ses zones de reproduction. Ainsi l’alevinage de milieux aquatiques où il se reproduit peut être une catastrophe pour cette petite espèce. Un réseau de petits milieux aquatiques peut suffire au maintien d’une population. Aussi

Étang du Monal dans lequel se reproduit le triton alpestre

Regard sur quelques espèces - 171

Fiche-espèce n°7

Répartition géographique et intérêts biologiques

PNV – Christian Balais

C’est une espèce carnivore, surtout active la nuit, et dont le régime alimentaire est très vaste : insectes aquatiques et terrestres, petits crustacés, œufs d’amphibiens, têtards et larves de tritons, araignées, cloportes, etc. La période de reproduction, généralement plus longue en altitude, s’étend d’avril à juin. Elle peut avoir lieu dans tous types de plan d’eau suffisamment pauvre en poissons : lacs, mares et étangs, zones calmes des cours d’eau. Les pontes ont lieu dès que ceux-ci sont dégelés. Le temps nécessaire pour l’éclosion des œufs et la métamorphose des larves dépend de la température de l’eau. En dehors de la période de reproduction, ce triton vit dans différents milieux terrestres situés dans un rayon d’environ quelques centaines de mètres de son site de reproduction. Le triton alpestre hiberne dès les premiers froids, d’octobre à mars-avril. Il se dissimule sous des pierres, des souches, etc., s’enfonçant parfois dans le sol, afin d’échapper au gel hivernal. Certains individus restent dans le milieu aquatique toute l’année (eau libre et vase).


Fiche-espèce n°7

la destruction multipliée de ces habitats* de reproduction est une autre cause importante de sa disparition en montagne.

Un des étangs du Monal constitue l’un des sites de reproduction le plus important pour le triton alpestre sur Sainte-Foy-Tarentaise. Afin de préserver ce milieu une action est inscrite dans le programme de valorisation

Protection et propositions de gestion

Le

du site classé du Monal (lire le paragraphe “Sites classés et sites inscrits” p.44). Il s’agit

triton alpestre est protégé en France. Le prélèvement ou la destruction des pontes, la destruction, la capture ou le transport des adultes, morts ou vivants, sont interdits.

d’une étude visant la connaissance approfondie de la population de triton alpestre et la proposition d’actions favorables à la pérennité de cette espèce sur le site.

Répartition du triton alpestre à Sainte-Foy-Tarentaise

Le saviez-vous ? • S’il est plus fréquent dans les plans d’eau, le triton alpestre peut aussi occuper de petits ruisseaux ou des rivières au courant lent. • Le triton alpestre peut vivre une dizaine d’années.

172 - Regard sur quelques espèces


Le faucon pèlerin Le faucon pèlerin (Falco peregrinus) est le plus grand des faucons de France. Il se caractérise par un corps ramassé, muni d’ailes longues et pointues et d’une queue plutôt courte, rétrécie à l’extrémité, lui donnant une “silhouette d'arbalète”. Ses “moustaches” larges et sombres, contrastant avec sa gorge et ses joues claires, forment le signe le plus particulier de cette espèce de faucon. Enfin, ses battements d’ailes très vifs et brefs, alternent avec de courts vols planés horizontaux. Après s’être raréfié dans les années 1960, le faucon pèlerin occupe à nouveau le massif de la Vanoise depuis les années 1980. Au début du XXIe siècle, une dizaine de couples est connue sur ce territoire.

dessus de la tête, dos et dessus des ailes gris-bleu foncé cercle oculaire jaune “moustaches” larges et sombres dessous blanchâtre à grisâtre plus ou moins barré de noir

Gabriel Rasson

pattes et doigts jaunes

Faucon pèlerin La femelle est beaucoup plus grande et peut être deux fois plus lourde que le mâle.

ailes longues et pointues

dessous des ailes noir et blanc

Manuel Bouron

queue finement barrée noire et blanche

Faucon pèlerin en vol

Regard sur quelques espèces - 173

Fiche-espèce n°8

Sommaire


Fiche-espèce n°8

Écologie

Le

faucon pèlerin recherche tout type d’espace ouvert suffisamment riche en oiseaux, pourvu de sites de nidification et de sites d’affût dominants. En Europe, ces sites sont surtout des zones de falaises situées sur le littoral ou à l’intérieur des terres. En Savoie, il occupe des falaises bien exposées entre 300 et 1 800 m d’altitude. Il se nourrit quasi-exclusivement d’oiseaux avec une préférence pour les oiseaux de taille moyenne : merles, grives, pigeons et corvidés. Prédateur confirmé, le faucon pèlerin est doté de nombreux atouts pour la chasse en vol. Sa technique consiste le plus souvent à veiller perché sur un poste d’affût, ou à planer haut dans le ciel, puis à fondre sur sa proie au cours d’un piqué quasi-vertical. Le couple, formé pour la vie, est fidèle à son site de nidification qu’il occupe à chaque période de reproduction, de la fin février à la mi-juin. Le nid est une dépression peu profonde grattée dans le sol, le sable ou la végétation. La femelle pond trois à cinq œufs. Les jeunes s’envolent en mai-juin. À la recherche d’un nouveau territoire ils peuvent s’éloigner à plus de 100 km de leur lieu de naissance. Dans notre région le seul prédateur du faucon est le grand-duc d’Europe.

Répartition géographique et intérêts biologiques

Le

faucon pèlerin est une espèce cosmopolite, seulement absente des régions arctiques et des forêts tropicales. En France, il est nicheur sédentaire dans tous les massifs de montagne : Vosges, Alpes, Massif central et Pyrénées, ainsi que sur les côtes de la Manche et de la Méditerranée. Après s’être raréfié dans les années 1960 dans le massif de la Vanoise, il est à nouveau

174 - Regard sur quelques espèces

observé en 1976 en Basse Maurienne. Remontant la vallée de l’Arc, il atteint Bessans en 1995. De même l’espèce a reconquis la Tarentaise, atteignant la commune de Tignes, où des accouplements ont été constatés en 1996. Sur Sainte-Foy le faucon pèlerin est régulièrement observé aux environs de la Thuile.

Menaces

L’usage

immodéré de pesticides organochlorés (DTT) a été à l’origine d’un important déclin chez de nombreux rapaces en Europe au cours de la 2nde partie du XXe siècle (années 1950 à 1970). Les populations de faucon pèlerin ont aussi été touchées par ce phénomène en France. Depuis, plusieurs mesures ont permis de stopper ce déclin. Si le pillage des œufs et des jeunes au nid à des fins commerciales a régressé (fauconnerie), il reste une menace pour cette espèce. D’une manière plus courante, le faucon pèlerin est une espèce sensible au dérangement sur ses sites de reproduction : l’aménagement de via ferrata, le vol libre, la photographie animalière sont autant de pratiques, qui si elles ne sont pas cadrées, risquent de gravement compromettre la reproduction de ce rapace.

Protection et propositions de gestion

Le faucon pèlerin est une espèce protégée en France et figure sur la liste nationale des oiseaux menacés. Sa destruction est interdite. Il est inscrit à l’annexe I de la directive Oiseaux. La conservation de ses habitats* est prioritaire pour la communauté européenne. La réglementation des activités de loisirs rupestres, là où elles entrent en concurrence avec des couples nicheurs, ainsi que la surveillance de certains


mettre le maintien des couples et le renforcement de la population de faucon pèlerin en Vanoise.

Répartition du faucon pèlerin en Vanoise

Le saviez-vous ? • Le faucon pèlerin était adoré par les égyptiens qui avaient reconnu il y a déjà 3 500 ans ses performances visuelles, en symbolisant le verbe “voir” par un hiéroglyphe en forme d’œil de faucon. Par ailleurs, il est l’archétype du dieu Horus, un des dieux les plus puissants et les plus souvent représentés du panthéon égyptien. • La dénomination de pèlerin, signifiant “oiseau de passage”, attribué à ce faucon remonte au moyen-âge. Le fait que ses sites de nidification soient difficiles à localiser aurait contribué à le considérer comme un oiseau migrateur. • Le faucon est l’oiseau le plus rapide du monde. Lorsqu’il pique sur une proie il peut atteindre des pointes de vitesse de 300 km/h. • Environ d’un tiers plus petit que la femelle, le mâle est surnommé le “tiercelet”.

Regard sur quelques espèces - 175

Fiche-espèce n°8

sites de nidification contre les prélèvements illégaux pour la fauconnerie, sont les mesures de gestion préconisées pour per-


La barbastelle d’Europe La

barbastelle d’Europe (Barbastella barbastellus) fait partie de l’ordre remarquable des mammifères appelé chiroptères, plus communément chauves-souris. Ce sont les seuls mammifères ayant acquis la capacité de voler, grâce aux membranes tendues entre leurs membres. Elles ont aussi la particularité de “voir” dans l'obscurité grâce à un système de sonar. C'est l’écholocation* par laquelle leurs oreilles captent l’écho, renvoyé par leur environnement, des ultrasons produits par la bouche ou le nez de l’animal. D’un poids n’excédant pas 14 g, avec une envergure un peu inférieure à 30 cm, la barbastelle reste une petite chauve-souris facilement identifiable, contrairement à la plupart des autres espèces. Elle se caractérise surtout par un pelage noir et des oreilles quadrangulaires.

pelage du dos long, noir, soyeux, strié de poils plus clairs

grandes oreilles quadrangulaires jointes à leur base vers les yeux

museau court et épaté

Manuel Bouron

ventre gris foncé Barbastelle

Écologie

d’hibernation, et un “quartier” d’été ou de parturition (femelles et jeunes). Les accouplements ont lieu en automne et aboutissent, après une longue période de gestation, à une

La

barbastelle d’Europe est une espèce attachée aux milieux forestiers de plaine et de montagne, jusqu’à 2 000 m. Préférant les lisières et chemins des forêts mixtes* âgées, elle fréquente également les parcs urbains et les espaces bocagers. Elle utilise ces milieux pour chasser de petits insectes tendres (moustiques, petits papillons, etc.) que sa faible dentition lui permet de manger. Comme toutes les chauves-souris, la barbastelle utilise deux types de “quartier” au cours de l’année : un quartier d’hiver, ou

176 - Regard sur quelques espèces

PNV – Christophe Gotti

Fiche-espèce n°9

Sommaire

Barbastelle en hibernation


Fiche-espèce n°9 PNV – Christian Balais

Maison en ruine à Covier, site de présence de la barbastelle à Sainte-Foy

mise-bas à partir de la mi-juin. Un seul petit est mis au monde, parfois deux. La barbastelle est surtout observée dans ses quartiers d’hiver, des cavités souterraines naturelles ou artificielles qu’elle fréquente pour hiberner isolément ou en colonie de quelques dizaines à quelques milliers d’individus. Ne craignant pas le froid, elle peut occuper des gîtes situés en plein courant d’air ou soumis au gel. Pour mettre bas les femelles se réunissent, en regroupements plus faibles, dans divers bâtiments. Les anfractuosités des arbres (fentes, écorces décollées, cavités de pics, etc.) sont certainement pour elle des gîtes de choix, mais ils sont difficiles à localiser et de ce fait mal connus. Quelques dizaines à quelques centaines de kilomètres peuvent séparer les quartiers d’hiver des quartiers d’été.

Répartition géographique et intérêts biologiques

La barbastelle d’Europe est présente en Europe occidentale, de la Norvège, jusqu’au nord de l’Espagne, de l’Italie et des Balkans.

En France, elle est absente du littoral méditerranéen. En Savoie, la barbastelle est régulièrement observée dans les grottes et cavités artificielles des massifs préalpins et de l’Avant-pays. Elle est moins connue dans les massifs internes comme la Vanoise. Comme toutes espèces sauvages, les chauves-souris méritent amplement leur place au sein des écosystèmes qu'elles fréquentent. Leur régime alimentaire insectivore en fait de bons régulateurs des populations de moustiques en particulier.

Menaces

La barbastelle d’Europe et les chauvessouris en général sont menacées par certaines activités humaines. On peut citer la destruction de leurs gîtes lors de la réhabilitation des monuments, vieilles granges et habitats anciens. Le dérangement des sites d'hibernation constitue un important facteur de mortalité. Les chauves-souris dérangées dépensent une grande quantité d’énergie pour prendre la fuite. Si le phénomène se reproduit, elles risquent de mourir par épuisement.

Regard sur quelques espèces - 177


Fiche-espèce n°9

L’utilisation généralisée d’insecticides provoque la diminution de leurs proies. L'accumulation de ces substances de synthèse dans leur organisme entraîne leur stérilité et une forte mortalité.

Protection et propositions de gestion

Comme les 31 espèces de chauves-souris en France, la barbastelle d’Europe est protégée depuis 1981. Sa capture et sa destruction dans ses gîtes sont interdites. Elle est considérée comme une espèce d’intérêt communautaire au titre de la directive Habitats*. Sa présence est déterminante pour la désignation de sites Natura 2000.

La préservation de ses sites d’hibernation, entre autre par une limitation de l’accès aux cavités pendant les périodes sensibles est l’une des priorités pour protéger les populations de barbastelle. Cependant son caractère farouche et ses mœurs discrètes en font une espèce mal connue et donc difficile à protéger. Le développement d’une nouvelle technologie de prospection, basée sur la reconnaissance des ultrasons émis par les chauves-souris, devrait permettre une meilleure connaissance de la barbastelle d’Europe par les naturalistes spécialisés. Des documents ont été réalisés afin de mieux connaître les chauves-souris en Savoie (lire la bibliographie).

Le saviez-vous ? • Les chauves-souris ont enflammé l’imagination des hommes en Europe. Déjà dans la Rome antique, on les décrivait comme des animaux apparentés par nature au Diable. En France, des chauves-souris ont été clouées sur les portes des granges jusqu’au milieu du XXe siècle. Léonard de Vinci les regarda différemment pour la première fois, en construisant ses premiers modèles de machines volantes à partir du modèle de l’ “aile” de chauves-souris. • En Vanoise environ une espèce sur trois de mammifères connue est une chauve-souris. • Certaines espèces, comme les noctules, ont la particularité de dégager une odeur musquée plutôt agréable ; elles se distinguent également par leur aptitude au vol. Elles possèdent des ailes longues et étroites qui leur confèrent un vol puissant, sinueux et entrecoupé de brusques piquées.

178 - Regard sur quelques espèces


L’écaille martre Les

“écailles” comme l’écaille martre (Arctia caja), sont des lépidoptères dont les ailes, repliées contre le corps au repos, permettent de les classer dans le grand groupe des papillons de nuit. Cependant certaines d’entre elles sont également actives le jour. Les écailles se distinguent par un corps massif et velu. Il existe une soixantaine d’espèces en France.

Envergure de 45 à 70 mm

antennes de type denté

ailes antérieures blanches marquées de grosses taches brunes séparées par un réseau blanc

PNV - Maurice Mollard

ailes postérieures rouge orange marquées de taches noires arrondies

Ecaille martre, mâle

touffes de longues soies issues de petites “verrues”

PNV - Christian Balais

corps brun foncé

Chenille d’écaille martre

Écologie

L’écaille

martre est une espèce peu exigeante vis-à-vis des milieux qu’elle fréquente. Elle se rencontre dans les boisements clairs, les ripisylves*, les prairies entrecoupées de friches et de haies, les jardins, etc. Si elle est capable de se développer jusqu’à 2 000 m d’altitude, elle reste

surtout présente à basse altitude, aux environs de 600 m. Dans ces milieux il est possible d’observer l'adulte entre les mois de juin et août. Doté d’un appareil buccal atrophié, il ne peut pas s’alimenter. Il est surtout actif au crépuscule et durant la nuit, périodes au cours desquelles il recherche un partenaire pour se reproduire. Ses ailes larges et son corps lourd le contraignent à voler peu et lentement.

Regard sur quelques espèces - 179

Fiche-espèce n°10

Sommaire


Fiche-espèce n°10

La femelle dépose ses œufs d’une manière ordonnée sous les feuilles des plantes-hôtes en juillet. La chenille naît en août, elle se nourrit d’une grande diversité de plantes : plantes herbacées sauvages ou cultivées (ortie, pissenlit, ronce, oseille, etc.), feuilles d’arbustes caduques (chèvrefeuille, saule, etc.). Caractérisée par un fort appétit, elle se développe rapidement. Plus diurne que l’adulte, cette chenille est aussi plus facilement observable. Puis elle hiverne et sa croissance ne reprend qu’aux mois de mai et juin de l’année suivante, période au cours de laquelle, elle subit la nymphose. Cette étape précédant la métamorphose et l’émergence de l’adulte, s’effectue dans un cocon lâche et fin, de couleur grise et à proximité du sol.

Répartition géographique et intérêts biologiques

L’écaille martre est un papillon très commun en France et en Europe. En Savoie elle

est présente partout, et jusqu’à plus de 2 000 m d’altitude.

Menaces

Pour

se maintenir, l’écaille martre exige avant tout la présence de ses plantes-hôtes. À la fois très diverses, et pour beaucoup d’entre elles très communes, ces plantes permettent au papillon de trouver dans la plupart des milieux où il se trouve, une ressource alimentaire pour les chenilles. Aussi, aujourd’hui l’écaille martre ne semble pas une espèce menacée en Vanoise et à Sainte-Foy-Tarentaise.

Protection et propositions de gestion

L’écaille martre n’est pas inscrite sur la liste des papillons protégés de France. C’est une espèce commune. Abondante partout, elle ne semble pas menacée.

Le saviez-vous ? • Les “écailles” ont une stratégie de défense particulière. Elles sont capables d’accumuler dans les tissus de leur corps des substances toxiques provenant de leurs plantes-hôtes ou synthétisées par elles-mêmes. Elles signalent aux prédateurs qu’elles sont impropres à la consommation par des couleurs vives et contrastées, dites couleurs aposématiques, ou par des odeurs repoussantes. • Une autre stratégie de défense contre les prédateurs consiste à écarter les ailes antérieures pour faire apparaître les gros points noirs des ailes postérieures, ressemblant au regard d’un animal de plus grande taille. • Tous les papillons de la famille des écailles, appelée “arctiidés”, possèdent des organes particuliers de communication : - un organe résonnant au niveau du thorax, doté de membranes qui, lorsqu’elles vibrent, produisent des ultrasons, - des organes tympaniques qui servent à l’audition. Elles émettent des sons au cours de l’accouplement, ou pour se défendre contre les prédateurs. Elles peuvent ainsi perturber la précision de l’écholocation* des chauvessouris qui les pourchassent en vol. • Les chenilles velues sont appelées “hérissonnes”. Perturbées, elles s’enroulent en spirale (la tête vers le centre). Face à un prédateur, la chenille peut aussi se laisser tomber au sol, simulant la mort.

180 - Regard sur quelques espèces


Le bec-croisé des sapins Le bec-croisé des sapins (Loxia curvirostra) appartient à la famille des fringillidés. Sa silhouette et sa taille sont celles d’un grand pinson, doté d’une queue courte et fourchue. Son bec épais, aux mandibules croisées reste le signe distinctif de cet oiseau, signe dont il a l’exclusivité en France et qu’il partage avec quatre autres espèces de becs-croisés en Europe. Le mâle arbore une poitrine et un ventre rouge. Le bec-croisé des sapins a un vol bondissant, composé de rapides battements d’ailes. Les groupes volent au travers des cimes des arbres.

bec épais et croisé

Alex er Marie Beauquenne

tête, poitrine et ventre rouge verdâtre à rouge brique

queue courte et fourchue

La femelle présente des couleurs plus verdâtres. Bec-croisé des sapins, mâle

Écologie

Le

bec-croisé des sapins fréquente les boisements de résineux entre 500 et 1 600 m d’altitude en Rhône-Alpes. En Vanoise, ces limites se situent entre 1 200 et 2 100 m. C’est une espèce strictement granivore. La base de son régime alimentaire est constituée de graines d’épicéa, de pin et de mélèze, mais guère de sapin malgré son nom. Il se nourrit

également de graines d'aulne et de bouleau, de fruits, de bourgeons, de baies et d’aiguilles de conifères, et complète ce régime par des insectes (pucerons) et des araignées. La saison de reproduction est conditionnée par la présence d’une nourriture abondante. La fructification des épicéas ne se produisant pas partout à la même période, le bec-croisé des sapins peut se reproduire

Regard sur quelques espèces - 181

Fiche-espèce n°11

Sommaire


PNV - Damien Hémeray

Fiche-espèce n°11

Cônes d’épicéa décortiqués par des becs-croisés des sapins

toute l’année, avec une préférence pour la période de janvier à juin, et jusqu’à deux fois lors d’années favorables. La femelle construit un nid volumineux fait de brindilles d’herbes, de copeaux d'écorce, et tapissé d’herbes plus fines, de lichens, de plumes et de poils. Elle installe ce nid sur une branche horizontale au sommet d’un conifère. Elle pond 3 à 4 œufs bleu-vert clair, tachetés de brun et de lavande qu’elle couve pendant 12 à 16 jours, tout en étant nourrie par le mâle. Les poussins, nidicoles*, sont nourris et n’abandonnent le nid qu’au bout de 18 à 22 jours après la naissance. Ils sont encore nourris par les parents pendant un mois. Oiseau peu craintif, le bec-croisé s’observe ordinairement en petits groupes, mais aussi en troupes de plusieurs dizaines d'oiseaux. Au cours de l’hiver, les becs-croisés effectuent des déplacements altitudinaux vers les fonds de vallées, à la recherche de leur nourriture.

182 - Regard sur quelques espèces

Répartition géographique et intérêts biologiques

Le bec-croisé des sapins occupe la majeure partie des forêts résineuses de l’hémisphère nord : Amérique du Nord et centrale, Eurasie, Afrique du Nord, Asie du Sud-Est et Philippines. En France, le bec-croisé se reproduit dans les massifs montagneux et localement en plaine. C’est une espèce essentiellement sédentaire, qui effectue de petits déplacements vers le sud à la recherche de sa nourriture. Certaines années, quand les effectifs des populations scandinaves et russes sont très importants, mais que les cônes sont peu nombreux, on observe un exode migratoire vers l’Europe de l'ouest. Lors de ces “invasions”, les oiseaux arrivent à partir de l’été, en général, et peuvent rester plusieurs mois. Ils peuvent même s’établir pour nicher durant quelques saisons si les conditions


Enfin, nichant parfois très tôt dans la saison, il peut aussi faire les frais de coupes d’exploitation forestière.

Menaces

Le

Le bec-croisé des sapins ne semble pas faire l’objet de menace avérée. Une mortalité par collision s’observe lorsqu’il s’approvisionne en gravillons sur les routes.

Protection et propositions de gestion bec-croisé des sapins est protégé en France. Une observation régulière des populations de cette espèce permet de suivre les fluctuations de ses effectifs.

Le saviez-vous ? • Pour se nourrir, bec-croisé des sapins grimpe dans les arbres en s’aidant de son bec, à la manière d’un perroquet. L’oiseau extrait chaque graine en mouvements répétés, poussant avec le bec pour ouvrir chaque écaille et récupérer la graine avec la langue. Il travaille avec une telle vitesse et une telle dextérité qu’il est difficile d’analyser exactement ce mouvement. Il est certain que sans son bec croisé, il ne réussirait pas à extraire les graines d’un cône fermé. Comme bien des outils spécialisés, ce bec a toutefois des limites : un bec-croisé ne peut pas récolter des graines au sol. • Silencieux quand il décortique les cônes d’épicéas, on entend seulement le bruit des cônes tombant au sol. Se nourrissant souvent en groupes, les becs-croisés des sapins trahissent leur passage par les restes de leur repas jonchant le sol de la forêt. • Le bec des jeunes se croise au fur et à mesure de leur croissance. Ils ne peuvent extraire eux-mêmes les graines des cônes qu’au bout de 45 jours, lorsque leurs mandibules se sont suffisamment croisées.

Regard sur quelques espèces - 183

Fiche-espèce n°11

sont favorables. En France, lors des grandes “invasions”, les becs-croisés atteignent la Bretagne. À Sainte-Foy-Tarentaise, le bec-croisé des sapins est observé dans l’ensemble des forêts.


Le chevreuil Avec

un poids d’environ 25 kg, le chevreuil (Capreolus capreolus) est le plus petit des cervidés d’Europe, famille également représentée à Sainte-Foy-Tarentaise par le cerf élaphe (Cervus elaphus). Sa silhouette gracile, ses longues oreilles, son pelage de couleur uniforme (à l’exception d’une tache claire sur les fesses), ses bois courts et peu ramifiés permettent de le reconnaître facilement. Après avoir été au bord de l’extinction au début du XVIIIe siècle sur l’ensemble du territoire français, le chevreuil connaît une augmentation de ses effectifs depuis les années 1960. En Savoie des actions de réintroduction, ainsi que la limitation des tirs ont permis de faire passer le tableau de chasse de quelques centaines d’individus à la fin des années 1960, à plus de 2 700 chevreuils en 2006.

bois jusqu’à 25 cm de long, ramifiés chez le mâle de plus d’un an (absents chez la femelle)

PNV - Sandrime Lemmet

museau et “moustaches” noirs menton blanc

pelage brun-roux (gris-brun en hiver)

Chevreuil au printemps, mâle

miroir blanc en forme de cœur chez la femelle (en forme de rein chez le mâle)

PNV - Sandrime Lemmet

Fiche-espèce n°12

Sommaire

Chevreuils, un mâle (au centre) et deux femelles

184 - Regard sur quelques espèces


Le chevreuil est capable de fréquenter une grande diversité de milieux : les boisements de feuillus ou de conifères, les landes, les bocages, les prairies, les parcs des agglomérations, etc. Il affectionne cependant les secteurs où alternent boisements et milieux ouverts*, à l’enneigement réduit. En montagne, il peut monter jusqu’à plus de 2 000 m d’altitude, à la recherche d’une végétation de bonne qualité nutritive. Il se nourrit de tiges, écorces, pousses, feuilles et fruits d’arbres ou d’arbustes (charme, chêne, érable, hêtre, cornouiller, lierre, noisetier, myrtille, ronce, framboisier, airelle, etc), également de plantes herbacées. Moins fréquemment, il consomme des champignons, des aiguilles de mélèze ou de sapin, des graines. Pour rechercher sa nourriture, le chevreuil est plus actif au coucher et au lever du soleil. C’est un animal plutôt solitaire. Seule la femelle est le plus souvent accompagnée des jeunes. Des regroupements de mâles et de femelles peuvent être plus importants en automne et en hiver, mais ne dépassent pas quelques dizaines d’individus. Ils se localisent aux endroits où la nourriture est la plus abondante. Dès les mois de février et mars, début de la saison de reproduction, ces groupes se distendent. Chaque mâle devient territorial. Il défend son territoire par de nombreux marquages de substances odorantes qu’il secrète au niveau de ses sabots et de sa tête, ainsi que par des cris, appelés “aboiements”. L’accouplement a lieu en été, mais la gestation débute en hiver. Ce phénomène, appelé gestation différé, est spécifique à seulement quelques espèces de mammifères. Les jeunes (1 à 2, exceptionnellement 3), appelés faons, naissent de début mai à la mijuin. Ils ont un pelage tacheté qui leur permet de se camoufler dans la végétation et qu’ils gardent pendant six mois.

Répartition géographique et intérêts biologiques

Le

chevreuil est un animal sédentaire qui occupe une zone de quelques dizaines à quelques centaines d’hectares. Il est présent en Europe, de la Méditerranée au cercle polaire, et en Asie jusqu’à la Chine et la Corée. En France il est absent de Corse. Les populations actuelles de chevreuil en Vanoise proviennent de lâchers réalisés entre les années 1970 et 1980 et d’une recolonisation rapide des hautes vallées. C’est une espèce très bien représentée à Sainte-Foy.

Menaces

En certains secteurs, le chevreuil peut être sensible aux activités humaines. Il est notamment victime du trafic routier. Par ailleurs, les populations peuvent être affaiblies par des facteurs naturels : hivers à fort enneigement ou maladies à caractère épidémique. Les chiens errants, surtout en hiver et en période de mise bas, peuvent occasionner une mortalité importante.

Protection et propositions de gestion

En France, le chevreuil est une espèce gibier soumise à un plan de chasse. Bien que cette méthode ne soit pas adaptée à l’estimation des effectifs, les comptages nocturnes réalisées pour le cerf permettent d’observer des chevreuils. Le suivi de cette espèce se fait aussi à travers l’observation de ses indices de présence : moquettes, arbres frottés par le mâle se débarrassant de ses velours* et rameaux broutés (abroutissements*). Le maintien de ces observations est indispensable pour suivre l’évolution du chevreuil en Vanoise, et il faut veiller à ne pas augmenter inconsidérément les attributions dans le cadre des plans de chasse.

Regard sur quelques espèces - 185

Fiche-espèce n°12

Écologie


Fiche-espèce n°12

Le saviez-vous ? • Lorsque l’on parle du chevreuil, on utilisera un vocabulaire spécifique. Ainsi le mâle est appelé brocard, et la femelle, chevrette. Les excréments (petites crottes ovales) émis par petits tas, sont appelés des moquettes. • En période de rut, le piétinement du mâle poursuivant la femelle selon un 0 ou un 8, laisse une trace au sol appelée “rond de sorcière”. • La femelle donne souvent naissance à des jumeaux, exceptionnellement des naissances de triplés peuvent être observées. • Le “miroir”, cette zone de poils blancs localisés sur les fesses, a une fonction de communication entre les individus. Il agit comme un signal d’alarme lorsque l’animal fuit. Ce caractère devient le signe de distinction des sexes le plus évident, lorsque le mâle perd ses bois au cours de l’hiver.

186 - Regard sur quelques espèces


La truite fario de souche méditerranéenne En

France, la truite fario est une espèce commune issue de deux souches. La souche atlantique se caractérise par des points rouges sur le corps et une tête conique. La truite fario de souche méditerranéenne (Salmo trutta fario), un peu plus grande, n’a pas de points rouges, mais une multitude de taches noires, notamment sur l’opercule. Elle possède une tête plus allongée et une gueule très largement fendue. Elle appartient à la famille des salmonidés, également représentée à Sainte-Foy-Tarentaise par la truite fario de souche atlantique, la truite arc-en-ciel, l’omble chevalier, l’omble de fontaine et le cristivomer, et dont le critère commun est une petite nageoire dorsale adipeuse. La truite arc-en-ciel (Onchorynchus mykiss) se distingue par une bande latérale rose et de nombreux petits points noirs sur l’ensemble du corps.

Taille moyenne : 40 cm tête allongée nageoire adipeuse gueule très largement fendue corps parsemé de points noirs plus ou moins gros

FSPPMA

opercule tacheté de points noirs

Truite fario, souche méditerranéenne

présence de points rouges sur le corps

CSP - A. Richard

opercule sans tache noire

Truite fario, souche atlantique

Regard sur quelques espèces - 187

Fiche-espèce n°13

Sommaire


depuis le Champet, ainsi que plusieurs affluents : l’Isère court-circuitée (dite Vieille Isère), le torrent de Saint-Claude depuis le pont de la D902, la source du Champet et les deux bras du torrent des Moulins à Viclaire.

La

truite fario de souche méditerranéenne est une espèce carnivore des eaux fraîches et bien oxygénées, qui se nourrit de crustacés, de mollusques, de vers, d’insectes, d’amphibiens et de petits poissons, comme le chabot ou le vairon. Son milieu de vie doit comporter un habitat* diversifié, qu’elle occupe selon son stade de développement (alevins, juvéniles, adultes) et son type d’activités (reproduction, croissance, chasse, repos, etc.). Le frai se déroule généralement d’octobre à février sur graviers, dans des eaux douces, courantes, froides et fortement oxygénées, généralement dans les parties supérieures des bassins versants. Les jeunes truites apparaissent au printemps, et rejoignent l’aval de la rivière (dévalaison) plus favorable à leur développement. La maturité sexuelle est atteinte vers l’âge de trois ans.

Menaces

La

modification de son milieu de vie constitue la principale menace : artificialisation du lit et du débit des cours d’eau, obstacles infranchissables, colmatage du fond des cours d’eau, pollution de l’eau, etc. La diminution des populations naturelles de truites ont amené les collectivités piscicoles à repeupler les cours d’eau avec des poissons issus de la souche atlantique. Ce phénomène s’est traduit par la contamination des populations de truites autochtones par des gènes étrangers, facteur important de disparition de la truite fario de souche méditerranéenne.

Répartition géographique et intérêts biologiques La truite fario est une espèce à large répartition européenne, s’étendant vers l’est en Asie et au sud, dans le nord de l’Afrique. Cette répartition naturelle s’est élargie à l’ensemble des continents, suite à de nombreuses introductions. La souche atlantique est naturellement présente dans les pays nordiques, tandis que la souche méditerranéenne s’est développée sur tout le bassin méditerranéen. Rattachée à ce bassin par le Rhône, la Savoie ne possède originellement que des truites fario de souche méditerranéenne. Ces populations d’origine ont été hybridées suite à une introduction massive au cours du XXe siècle de la truite fario de souche atlantique et domestique dans de nombreux cours d’eau et lacs du département. À Sainte-Foy-Tarentaise, la truite fario de souche méditerranéenne occupe l’Isère

188 - Regard sur quelques espèces

Protection et propositions de gestion

La présence d’une population de truite fario méditerranéenne a conduit l’Association

PNV - Nathalie Tissot

Fiche-espèce n°13

Écologie

Truite fario sur une frayère


est présente sont classés, en partie, en réserves de pêche. Par ailleurs, depuis plus de 10 ans, les empoissonnements ont été supprimés, et la population de truite fario fait l’objet d’un inventaire piscicole annuel (pont de la Bonneville) afin de vérifier son évolution.

Répartition de la truite fario souche méditerranéenne à Sainte-Foy-Tarentaise

Le saviez-vous ? • Sur l’ensemble de son aire de répartition, la truite fario a développé cinq formes ou souches génétiques adriatique, danubienne, marbrée, atlantique et méditerranéenne • Au cours de sa croissance, la truite fario peut présenter trois écotypes* en fonction du type de milieux aquatiques qu’elle fréquente à l’état adulte : truite de rivière, truite de lac ou truite de mer. En Vanoise, seule la forme truite de rivière se développe. C’est une espèce sédentaire qui effectue la totalité de son cycle de vie dans les ruisseaux de montagne.

Regard sur quelques espèces - 189

Fiche-espèce n°4

agréée de pêche et de protection des milieux aquatiques de Bourg-Saint-Maurice à s’engager vers une gestion dite “patrimoniale”. Elle anime une politique de protection, de restauration et de suivi du milieu et des populations de truites. Les secteurs où la truite fario méditerranéenne


Annexes

Annexes


Lexique [1] d’après le Dictionnaire des Plantes et champignons (Boullard B., 1997) [2] d’après le Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences de l’environnement (Ramade F., 1993) [3] d’après Queyras : un océan il y a 150 millions d’années (Lemoine M. et Tricart P., 1997) [4] d’après la Flore forestière française – tome 2 (Rameau et al., 1993) [5] d’après Les Insectes de France et d’Europe occidentale (Chinery M., 1988) [6] d’après Les chauves-souris, maîtresses de la nuit (L. Arthur et M. Lemaire, 1999)

oOo

Abroutissement [1] Se dit des bourgeons, pousses et rameaux des végétaux ligneux qui ont été broutés par la faune sauvage ou domestique Affouage À l’origine l’affouage est le bois de chauffage cédé aux habitants d’une commune, en contrepartie d’un travail collectif. Aujourd’hui ce bois continue d’être prélevé dans la forêt communale et distribué gratuitement aux habitants qui le souhaitent. Arctico-alpine [1] Se dit d'une plante dont l’aire de répartition, disjointe, concerne tout à la fois les régions arctiques ou subarctiques et les parties élevées des montagnes de la zone tempérée. Association (végétale) Groupement végétal en équilibre avec le milieu, caractérisé par une composition floristique dans laquelle certains éléments exclusifs révèlent une écologie particulière (Braun-Blanquet). Atterrissement [2] Se dit d'un plan d'eau s’asséchant par accumulation de sédiments. Benthique Caractérise un organisme qui vit sur le fond des milieux aquatiques où il effectue de faibles déplacements.

Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise - 193

Annexes

Sommaire


Annexes

Boréo-alpin Se dit d’une plante ou d’un animal dont l’aire de répartition concerne le Grand Nord et les massifs montagneux d’Europe et d’Asie. Cargneule [3] Roche calcaire et dolomitique jaune orangée, criblée de petits trous. Cembraie [4] Formation végétale forestière dominée par le pin cembro. Chaîne alimentaire (ou pyramide alimentaire) Ensemble des êtres vivants reliés par les relations végétaux/herbivores et proies/prédateurs. La première catégorie d’êtres vivants est constituée par les producteurs (végétaux), la seconde par les consommateurs (herbivores et carnivores) et la dernière par les décomposeurs (charognards et détritivores). Climacique [2] Vient du nom climax et qualifie l’étape ultime de l’évolution d’une communauté végétale. Le climax correspond à l’optimum de développement de cette dernière, en tenant compte des conditions de sol et de climat du milieu considéré. Le climax est un stade d’équilibre dynamique susceptible de variations. Collemboles [5] Insectes du sol dépourvus d’ailes et capables de sauts grâce à un organe spécifique, la furca. Écholocation [6] Analyse des sons émis par la chauve-souris lui permettant de se localiser lorsque les sons sont renvoyés par un obstacle (principe du sonar). Ecotone [1] Zone de transition entre deux écosystèmes contigus. C’est en général un territoire intéressant à considérer puisque s’y côtoient des organismes appartenant aux deux communautés voisines, en sus d’espèces ubiquistes*. Les ourlets forestiers et les lisières sont des écotones particulièrement riches. Écotype Population d’une espèce donnée qui a dû développer des aptitudes nouvelles pour s’adapter à un type d’environnement nouveau pour l’espèce. Cela peut entraîner des variations morphologiques plus ou moins importantes ; ces plantes ou animaux sont appelés variétés, sous-espèces ou sont parfois même des espèces différentes. Endémique [1] Caractère d’une espèce qui est propre à une région géographique circonscrite, dont l’aire de répartition est donc strictement limitée.

194 - Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise


Étage de végétation [1] Sert à désigner chacun des territoires altitudinaux que l’on définit par la composition de leur végétation propre. Un étage de végétation correspond à une zone bien définie, géographiquement délimitée, au climat bien caractérisé, au niveau de laquelle le tapis végétal a une composition floristique particulière. Les altitudes concernant un étage de végétation varient d'un versant à l’autre. Elles sont approximativement comprises entre : – 0 et 900 m pour l’étage collinéen, – 900 et 1 600 m pour l’étage montagnard, – 1 600 et 2 200 m pour l’étage subalpin, – 2 200 et 3 000 m pour l’étage alpin, – 3 000 et plus pour l’étage nival. Fermeture (des milieux) Se dit des milieux ouverts (pelouses, prairies, bas-marais) qui sont envahis par des espèces vivaces hautes (roseaux, buissons, arbustes, etc.), suite à l’interruption de la fauche ou du pâturage. Forêt mixte [4] Forêt composée d’un mélange d’arbres feuillus et d’arbres résineux. Futaie jardinée [1] Futaie : structure forestière dont la strate arborescente est formée d’arbres élancés, à cimes jointives, au tronc dégagé, dont l’appellation de fût est à l’origine même du terme de futaie. Si les arbres appartiennent à des classes d’âges différentes et sont donc de tailles très variées, la futaie est dite jardinée. Habitat (naturel) Au sens de la directive dite “Habitat”, un habitat naturel est un milieu terrestre ou aquatique, se distinguant par des conditions climatiques, géologiques et géographiques originales et par la présence d’un cortège floristique et faunistique spécifique. Dans la pratique, un habitat peut être caractérisé par une ou plusieurs associations végétales*. Inalpage Séjour des bergers et du troupeau en alpage pendant la saison estivale. Labelle Chez les orchidées, pétale médian spécialisé, plus ou moins différent des deux autres pétales. Mégaphorbiaie (ou mégaphorbiée) [1] Formation végétale qui se rencontre surtout dans les ravins humides ou sur les versants d’ubac en moyenne montagne, et que caractérisent des végétaux de haute taille.

Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise - 195

Annexes

Espèce relictuelle [1] Au sein d’un groupement végétal, une espèce relictuelle est une espèce qui témoigne de la présence antérieure d’un groupement végétal différent.


Annexes

Mélézin [4] Formation forestière naturelle ou semi-naturelle de l’étage subalpin des Alpes internes, dominée par le mélèze d’Europe. Micromammifères Ensemble des petits mammifères appartenant aux groupes des insectivores et des rongeurs, et dont le poids varie entre quelques grammes et quelques dizaines de grammes. Il comprend essentiellement les mulots, les campagnols, les souris, les musaraignes et les taupes. Nidicole Se dit de l’oisillon qui naît nu ou légèrement duveté, avec les yeux fermés ou ouverts, qui est incapable de quitter le nid, et doit être nourri par les adultes jusqu’à son essor. (A l’inverse, les espèces dont les poussins quittent le nid juste après l’éclosion sont qualifiées de nidifuges). Ouvert [1] Caractère d’une formation végétale, d’un peuplement, dont les éléments constitutifs sont assez distants entre eux pour laisser des espaces libres, permettant entre autre, l’accès du soleil à la surface du sol. Par opposition à fermé : caractère d’une formation végétale assez dense, ne laissant entre les appareils aériens ou frondaisons de ses constituants aucun espace libre. Pessière [4] Formation forestière naturelle ou semi-naturelle dominée par des épicéas. Primaire (milieu) Désigne un milieu dont l’origine et l’évolution (si elle existe) sont complètement naturelles. C’est un milieu qui n’a été l’objet d’aucune intervention humaine. Reproduction végétative Mode de reproduction asexuée dont le résultat est la formation de clones : l’individu descendant est une copie à l’identique de l’individu initial (patrimoine génétique identique). La germination, le débourrement, la production spontanée de marcottes ou de boutures, sont des facettes de la vie végétative d’un individu. Ripisylve [1] Formation boisée, ou simplement buissonnante, des berges des cours d’eau. Secondaire (milieu) Désigne un milieu retourné à l’état semi naturel après avoir été défriché, sans être labouré, et exploité en herbage. Spectre d’action Ensemble des objets ou sujets, sur lesquels un phénomène peut produire des effets. Style [1] Dans la fleur, partie amincie du pistil qui surmonte l’ovaire et se termine par le stigmate.

196 - Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise


Velours Peau veloutée et poilue qui recouvre les bois des cervidés. Le velours apparaît en même temps que pousse les bois. Il sèche et se détache en lambeaux quelques temps après la repousse des bois. On dit que l’animal qui perd ce velours “fraye”, il accélère la chute de cette peau en se frottant contre les arbres. Xylophage [1] Animaux ou champignons qui savent s’alimenter en dégradant le bois (arbres sur pied ou abattus, bois travaillés).

Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise - 197

Annexes

Ubiquiste [1] Qui est capable de coloniser une vaste gamme de stations considérées aussi bien sous l’angle écologique qu’au plan géographique.


Annexes

Bibliographie ABRY C., DEVOS R. & RAULIN H., 1979.- Les sources régionales de la Savoie. Paris. AESCHIMANN D. & BURDET H.M., 1994.- Flore de la Suisse – Le nouveau Binz. Deuxième édition. Éd. du Griffon. Neuchâtel, Suisse. 603 p. AESCHIMANN D., LAUBER K., MOSER D. M. & THEURILLAT J.-P., 2004.- Flora alpina - Volume 2. Éd. Belin. Paris, France. 1 188 p. ARTHUR L. & LEMAIRE M., 1999.- Les chauves-souris, maîtresses de la nuit. – Description, mœurs, observations, protection. Éd. Delachaux et Niestlé. Lausanne, Suisse. 268 p. BELLMANN H. & LUQUET G., 1995.- Guide des sauterelles, grillons et criquets d’Europe occidentale. WWF. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 383 p. BERNARD C. & COMBET P., 1996.- Paysages des vallées de Vanoise. CAUE. Chambéry, France. 166 p. BESSAT H. & GERMI C., 1993.- Lieux en mémoire de l’Alpe. Toponymie des alpages en Savoie et Vallée d’Aoste. Ellug. BONNIER G., 1990.- La grande flore en couleurs, France, Suisse, Belgique et pays voisins. Éd. Belin. Paris, France (réédition en 5 vol.). BOULLARD B., 1997.- Dictionnaire des plantes et champignons. Éd. Estem. Paris, France. 875 p. BOZONNET R. & BRAVARD Y., 1984.- Sainte-Foy-Tarentaise. Une montagne pour des hommes. Collection Trésors de la Savoie. 192 p. Centre Ornithologique Rhône-Alpes, 2003.- Oiseaux nicheurs de Rhône-Alpes. CORA Éditeur. 336 p. Centre Ornithologique Rhône-Alpes, 2002.- Reptiles et amphibiens de Rhône-Alpes. Atlas préliminaire. Deliry C. (coord.). Le Bièvre. Hors série n°1. 146 p. Centre Ornithologique Rhône-Alpes (Groupe Chiroptères Rhône-Alpes), 2002.- Atlas des Chiroptères de Rhône-Alpes. Bièvre, hors série n°2, 134 p. Centre Ornithologique Rhône-Alpes SAVOIE (Groupe Ornithologique Savoyard), 2000.Livre blanc des vertébrés de Savoie. Poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères sauvages : inventaire, bilan des connaissances, statuts. Miquet A. (réd.). Le Bourget du Lac, France. 272 p.

198 - Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise

Sommaire


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Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise - 199

Annexes

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Annexes

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200 - Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise


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Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise - 201

Annexes

PRELLI R., 2001.- Les fougères et plantes alliées de France, et d’Europe occidentale. Éd.


ancolie des alpes

+

androsace alpine

+

androsace helvétique

+

cobrésie simple

G

G G G G

2

génépi jaune

1

H

G

génépi vrai

1

G

H

génévrier sabine gentiane utriculeuse

G

1 +

géranium blanc

1

grassette à éperon étroit

1

hédysarum des Alpes

H

2

G G

G G

1

laîche à petite arête

+ +

3

G

laîche bicolore

+

1

G

laîche de Lachenal

+ +

2

laîche maritime

+ +

3

G

laîche rouge-noirâtre

+ +

4

G

lis martagon

1

lis orangé

2

G

G

G G G

lycopode des Alpes

+

1

orchis nain des Alpes

+

1

H

orpin velu

+

2

G

G H

paronychie à feuilles de renouée

1

pédiculaire arquée

1

G

pédiculaire d’Allioni

2

H

pédiculaire du Mont-Cenis

2

G

pédiculaire tronquée

+ +

potamot des Alpes

+

1

primevère du Piémont

+ +

2

saule bleuâtre

G

G

3

1

H

G G H

G

saule de Suisse

+ +

2

G

saule glauque

+

1

G

202 - Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise

Glaciers et névés

Rochers et falaises H

G

2 +

Eboulis, moraines et glaciers rocheux

Pelouses et combes à neige

Aulnaie verte et mégaphorbiaie Landes, landines et fourrés de saule d4altitude

Forêts de connifère

Prairies de fauche

Zones humides d’altitude

Cours d’eau et lacs

Village, hameaux et abords

Les grands types de milieux de Sainte-Foy-Tarentaise

3

coincye de Richer cortuse de Matthiole

Priorité pour le Parc (ordre croissant d’importance)

Liste des plantes d’intérêt patrimonial

Protection Livre rouge tome 1

Annexes

Sommaire


+

3

saxifrage fausse mousse

+

1

+

1

saxifrage tronquée silène de Suède

G

G

+ +

3

G

trichophore nain

+

3

G

violette des marais

1

violette singulière

1

Glaciers et névés

G

tofieldie boréale

1

H

G

1

véronique d'Allioni

Rochers et falaises G

4

streptope à feuilles embrassantes

H

G G G

Légende G : habitat* principal à Sainte-Foy-Tarentaise H : autre habitat* à Sainte-Foy-Tarentaise

Le livre rouge national de la flore menacée de France est un ouvrage de référence qui dresse un bilan des connaissances actuelles sur les espèces rares et menacées de la flore française et identifie clairement les urgences en matière de conservation. Le tome I s’intéresse aux espèces jugées prioritaires.

Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise - 203

Annexes

Eboulis, moraines et glaciers rocheux

Pelouses et combes à neige

Aulnaie verte et mégaphorbiaie Landes, landines et fourrés de saule d4altitude

Forêts de connifère

Prairies de fauche

Zones humides d’altitude

Cours d’eau et lacs

Village, hameaux et abords

Priorité pour le Parc (ordre croissant d’importance)

Protection Livre rouge tome 1 saxifrage fausse diapensie

Les grands types de milieux de Sainte-Foy-Tarentaise


Annexes

Sommaire

Index des noms d’espèces (Noms français par ordre alphabétique) Cette liste mentionne uniquement l’ensemble des espèces citées dans le présent document.

Flore MOUSSES, ALGUES, ET LICHENS Nom français

Nom scientifique Aulacomnium sp. Calliergon sp. Chara sp. Chlamidomonas nivea Cratoneurum sp. Letharia vulpicida

chara chlamydomonas des neiges lichen des loups

Nom patois

PLANTES SUPÉRIEURES Nom français aconit-tue-loup adénostyle à feuilles blanches airelle à petites feuilles airelle rouge alchémille à cinq folioles ancolie des Alpes androsace alpine ou a. des Alpes androsace helvétique apiacées ou ombellifères arnica des montagnes asplénium septentrional ou doradille alpine aulne vert azalée naine ou azalée des Alpes bourrache officinale brome érigé camarine hermaphrodite campanule du Mont-Cenis capillaire des murailles ou c. rouge centaurée chénopode bon-Henri ou épinard sauvage

Nom scientifique Aconitum altissimum Adenostyles leucophylla Vaccinium uliginosum subsp. microphyllum Vaccinium vitis-idaea Alchemilla pentaphylla Aquilega alpina Androsace alpina Androsace helvetica Apiaceae Arnica montana Asplenium septentrionale Alnus viridis Loiseleuria procumbens Borago officinalis Bromus erectus Empetrum nigrum subsp. hermaphroditum Campanula cenisia Asplenium trichomanes Centaurea sp. Chenopodium bonus-henricus

204 - Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise

Nom patois le paté vessetta le rosette / rosetta lo pourta rosà ancolie androsace les cornets arnica la drouza bourrache

parze roze lu vercouino


Clematis alpina

cobrésie simple

Kobresia simpliciuscula

coincye de Richer

Coincya richeri

cortuse de Matthiole

Cortusa matthioli

cuscute d’Europe

Cuscuta europaea

cuscute

dactyle aggloméré

Dactylis glomerata

dactyle

digitale à grandes fleurs

Digitalis grandiflora

digitale jaune

Digitalis lutea

doradille noire ou capillaire noire

Asplenium adiantum-nigrum

edelweiss = étoile des neiges

Leontopodium alpinum

étoile des neiges

épicéa commun

Picea abies

lo sapin

épilobe de Fleischer

Epilobium fleischeri

épipactis pourpre-noirâtre

Epipactis atrorubens

érable sycomore

Acer pseudoplatanus

euphraise officinale

Euphrasia officinalis

fléole bulbeuse

Phleum bulbosum

fléole des prés

Phleum pratense

frêne commun

Fraxinus excelsior

franio

génépi (genépi) jaune ou g. blanc

Artemisia mutellina

génépi

ou g. femelle

ou A. umbelliformis

génépi (genépi) vrai ou g. noir ou g. mâle

Artemisia genipi

genévrier nain

Juniperus nana

genévrier commun

Juniperus communis

genévrier sabine

Juniperus sabina

gentiane ciliée

Gentiana ciliata

gentiane jaune

Gentiana lutea

gentiane pourpre

Gentiana purpurea

gentiane à feuilles d’asclépiade

Gentiana asclepiadea

gentiane à feuilles orbiculaires

Gentiana orbicularis

gentiane utriculeuse ou g. à calice renflé

Gentiana utriculosa

géranium blanc

Geranium rivulare

géranium des bois

Geranium sylvaticum

grand boucage

Pimpinella major

grassette à éperon étroit

Pinguicula leptoceras

hédysarum des Alpes ou sainfoin sombre

Hedysarum hedysaroides

joubarbe des toits

Sempervivum tectorum

koelérie pyramidale

Koeleria pyramidata

laîche

Carex sp.

laîche à petites arêtes

Carex microglochin

laîche bicolore

Carex bicolor

laîche fétide

Carex foetida

laîche maritime

Carex maritima

laîche rouge-noirâtre

Carex atrofuscae

laitue des Alpes

Cicerbita alpina

linaigrette de Scheuchzer

Eriophorum scheuchzeri

linaire des Alpes

Linaria alpina

Annexes

clématite des Alpes

casse-lunettes

lo zeneivro

einsanna zona

la laissï

Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise - 205


Annexes

lis

Lilium sp.

lis martagon

Lilium martagon

lis orangé

Lilium croceum

lotier corniculé

Lotus corniculatus

lycopode des Alpes

Lycopodium alpinum

mélèze d’Europe

Larix decidua

la brinzé

merisier

Prunus avium

lo siri / temel

merisier à grappes

Prunus padus

millepertuis perforé

Hypericum perforatum

millepertuis

myrtillier

Vaccinium myrtillus

louisrer / la louisri

nard raide

Nardus stricta

la blansetta

nerprun nain

Rhamnus pumila

nigritelle

Nigritella sp.

la man de Diou

noyer

Juglans regia

noyére

orchis des monts Sudètes

Dactylorhiza sudetica

orchis nain des Alpes

Chamorchis alpina

orchis pâle

Orchis pallens

ortie dioïque

Urtica dioica

orpin velu

Sedum villosum

paronychie à feuilles de renouée

Paronychia polygonifolia

pâturin des prés

Poa pratensis

pédiculaire arquée

Pedicularis gyroflexa

pédiculaire du mont Cenis

Pedicularis cenisia

pédiculaire tronquée

Pedicularis recutica

pétasite blanc

Petasites albus

petite astrance

Astrantia minor

pensée éperonnée ou p. des Alpes

Viola calcarata

phégoptéris à pinnules confluentes

Phegopteris connectilis

pin cembro ou arolle

Pinus cembra

l’aroula

pin sylvestre

Pinus sylvestris

daille

pissenlit officinal

Taraxacum officinale

la salada

potamot des Alpes

Potamogeton alpinus

primevère du Piémont

Primula pedemontana

primevère hérissée

Primula hirsuta

pyrole à feuilles rondes

Pyrola rotundifolia

raisin d’ours commun ou busserolle

Arctostaphylos urva-ursi

lu rigin dors/rosetta

reine des prés ou fausse spirée

Filipendula ulmaria

spirée

renouée bistorte

Polygonum bistorta

lo lingabou

renouée du Japon

Reynoutria japonica

rhinanthe

Rhinanthus sp.

rhododendron ferrugineux

Rhododendron ferrugineum

lu bruie

rhubarbe des moines ou rumex des Alpes

Rumex alpinus

lu touè

rubanier

Sparganium sp.

rue des murailles

Asplenium ruta-muraria

rumex oseille

Rumex acetosa

sagine glabre

Sagina glabra

206 - Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise

lys

ourtiés

le violete / violetta

parze verta


Tragopogon sp. Abies alba Salvia pratensis Salix sp. Salix retusa Salix reticulata Salix caesia Salix helvetica Salix daphnoides Salix glaucosericea Salix herbacea Salix myrsinifolia Saxifraga diapensioides Saxifraga muscoides Scabiosa sp. Sibbaldia procumbens Silene suecica Silene vulgaris Soldanella alpina Streptopus amplexifolius

lo barbaboc lo sapin sauge l’aven

Thymus serpyllum Tofieldia pusilla Trichophorum pumilum Trisetum distichophyllum Trisetum flavescens Tussilago farfara Veratrum album Veronica allionii Veronica spicata Viola palustris Viola mirabilis

lo prinpussett

lu carcavelin

pas d’ano lu varoro

violetta

Faune invertébrée INSECTES : LÉPIDOPTÈRES Nom français aurore azuré de l’oxytropide azuré des soldanelles azuré du sainfoin ou sablé du sainfoin azuré du serpolet cuivré de la verge d’or

Nom scientifique Anthocharis cardamines Polyommatus eros Agriades glandon Polyommatus damon Maculinea arion Lycaena virgaureae

Nom patois

Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise - 207

Annexes

salsifis sapin blanc ou s. pectiné sauge des prés saule saule à feuilles émoussées saule à réseau saule bleuâtre saule de Suisse saule faux daphné saule glauque saule herbacé saule noircissant saxifrage fausse diapensie saxifrage fausse mousse scabieuse sibbaldie couchée silène de Suède silène enflée soldanelle des Alpes streptope à feuilles embrassantes ou sceau de Salomon noueux thym serpolet tofieldie boréale ou t. naine trichophore nain trisète distique trisète jaunâtre tussilage pas d’âne vérâtre blanc ou hellébore blanc véronique d’Allioni véronique en épi violette des marais violette singulière


Annexes

cuivré écarlate

Lycaena hippothoe

cuivré fuligineux

Lycaena tityrus

damier de l’alchémille

Hypodryas cynthia

écaille martre

Arctia caja

gazé

Aporia crataegi

grand apollon

Parnassius apollo

grande tortue

Nymphalis polychloros

grand nacré

Argynnis aglaja

lépidoptères ou papillons

Lepidoptera

machaon

Papilio machaon

moiré blanc-fascié

Erebia ligea

moiré cendré

Erebia pandrose

moiré chamoisé

Erebia gorge

moiré des pâturins

Erebia melampus

moiré fauve

Erebia mnestra

moiré frange-pie

Erebia euryale

moiré lancéolé

Erebia alberganus

moiré sylvicole

Erebia aethiops

moiré variable

Erebia manto

moiré velouté

Erebia pluto

paon du jour

Inachis io

petit apollon

Parnassius phoebus

piéride de l’arabette

Pieris bryoniae

satyrion

Coenonympha gardetta

solitaire

Colias palaeno

virgule

Hesperia comma

le parpioule

INSECTES : ODONATES Nom français

Nom scientifique

æschne des joncs

Aeshna juncea

cordulie des Alpes

Somatochlora alpestris

leste dryade

Lestes dryas

sympétrum noir

Sympetrum danae

Nom patois

INSECTES : ORTHOPTÈRES Nom français

Nom scientifique

arcyptère bariolé

Arcyptera fusca

criquet des clairières

Chrysochraon dispar

criquet des genévriers

Euthystira brachyptera

criquet des pâtures

Chorthippus parallelus

criquet duettiste

Chorthippus brunneus

criquet ensanglanté

Stethophyma grossum

208 - Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise

Nom patois


Stauroderus scalaris Omocestus viridulus Metrioptera roeselli Metrioptera brachyptera Decticus verrucivorus Gomphocerus sibiricus Miramella alpina Bohemanella frigida Podisma pedestris Oedipoda germanica Orthoptera Tettigonia cantans Tetrix bipunctata

Annexes

criquet jacasseur criquet verdelet decticelle bariolée decticelle des bruyères dectique verrucivore gomphocère des alpages ou criquet de Sibérie miramelle alpestre miramelle des frimas miramelle des moraines ou criquet marcheur oedipode rouge orthoptères sauterelle cymbalière tétrix calcicole ou criquet à capuchon

lu seuitoun

Faune vertébrée POISSONS Nom français chabot cristivomer omble de fontaine truite arc-en-ciel truite fario ou truite de rivière vairon

Nom scientifique Cottus gobio Salvelinus namaycush Salvelinus fontanilis Oncorhynchus mykiss Salmo trutta fario Phoxinus phoxinus

Nom patois

truita

AMPHIBIENS Nom français grenouille rousse triton alpestre

Nom scientifique Rana temporaria Triturus alpestris

Nom patois le renoie / ranoille tritoun

REPTILES Nom français coronelle lisse lézard des murailles

Nom scientifique Coronella austriaca Podarcis muralis

Nom patois

lézard vert

Lacerta viridis

le larmouige / larmuge le larmouige / lézar

lézard vivipare orvet fragile vipère aspic

Lacerta vivipara Anguis fragilis Vipera aspis

orvett vipéra

Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise - 209


Annexes

OISEAUX Nom français

Nom scientifique

accenteur alpin

Prunella collaris

accenteur mouchet

Prunella modularis

aigle royal

Aquila chrysaetos

l’agli / aglié

alouette des champs

Alauda arvensis

alouette

bec-croisé des sapins

Loxia curvirostra

bergeronnette grise

Motacilla alba

bouvreuil pivoine

Pyrrhula pyrrhula

bruant fou

Emberiza cia

bruant ortolan

Emberiza hortulana

cassenoix moucheté

Nucifraga caryocatactes

càssa - nuy

chocard à bec jaune

Pyrrhocorax graculus

lo corbai / savié

chouette de Tengmalm ou nyctale de T.

Aegolius funereus

la chevrella

crave à bec rouge

Pyrrhocorax pyrrhocorax

lo corbai / savié

faucon crécerelle

Falco tinnunculus

pouibletta

faucon pèlerin

Falco peregrinus

fauvette à tête noire

Sylvia atricapilla

fauvette babillarde

Sylvia curruca

fauvette des jardins

Sylvia borin

gélinotte des bois

Bonasa bonasia

grand-duc d'Europe

Bubo bubo

grive

Turdus sp.

griva

hirondelle de cheminée ou h. rustique

Hirundo rustica

hirondella

lagopède alpin ou perdrix des neiges

Lagopus mutus

l’arbina / arbenna

linotte mélodieuse

Carduelis cannabina

martinet noir

Apus apus

merle à plastron

Turdus torquatus

merlo

mésange bleue

Parus caeruleus

mésange

mésange boréale

Parus montana

mésange charbonnière

Parus major

mésange huppée

Parus cristatus

mésange noire

Parus ater

moineau domestique

Passer domesticus

monticole merle de roche

Monticola saxatilis

niverolle alpine ou pinson des neiges

Montifringilla nivalis

niverolla

perdrix bartavelle

Alectoris graeca

bardavella

pic épeiche

Dendrocopos major

pioc

pic noir

Dryocopus martius

pic vert

Picus viridis

pie-grièche écorcheur

Lanius collurio

pipit des arbres

Anthus trivialis

pipit spioncelle

Lanius collurio

pouillot de Bonelli

Phylloscopus bonelli

pouillot véloce

Phylloscopus collybita

210 - Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise

Nom patois

peudjiat


Regulus regulus Regulus ignicapillus Erithacus rubecula Phoenicurus ochruros Acrocephalus palustris Carduelis flammea Saxicola rubetra Carduelis spinus Tetrao tetrix Tichodroma muraria Oenanthe oenanthe Troglodytes troglodytes

peudjiat

lu polet / faïjanpolett

MAMMIFÈRES Nom français barbastelle belette blaireau européen bouquetin des Alpes campagnol des neiges campagnol terrestre cerf élaphe chamois chevreuil écureuil roux fouine hermine lérot lièvre brun lièvre variable marmotte alpine ou m. des Alpes martre des pins musaraigne carrelet renard roux sanglier

Nom scientifique Barbastella barbastellus Mustela nivalis Meles meles Capra ibex ibex Microtus nivalis Arvicola terrestris Cervus elaphus Rupicapra rupicapra rupicapra Capreolus capreolus Sciurus vulgaris Martes foina Mustela erminea Elyomis quercinus Lepus capensis Lepus timidus Marmotta marmotta Martes martes Sorex araneus Vulpes vulpes Sus scrofa

Nom patois beletta lo tachoun / tachon boquessaïn rata cerf lo boc / samu chevreuil la verdachi/verdache fouïna hermïnna zario la livra / lévra le blansoun la marmota martre lo mouzett lo reinard sanglier

Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise - 211

Annexes

roitelet huppé roitelet triple-bandeau rougegorge familier rougequeue noir rousserolle verderolle sizerin flammé tarier des prés ou traquet tarier tarin des aulnes tétras-lyre ou petit coq de bruyère tichodrome échelette traquet motteux troglodyte mignon


Annexes

Ce document a été rédigé par : Virginie Bourgoin, Christine Garin - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Avec l’aide d’un groupe de travail : Raymond Bimet – Mairie de Sainte-Foy-Tarentaise • Alain Chaudan, Jérôme Empereur, Henri Emprin, Elie Excoffier, Simone Mercier, Pascale Odin-Guichon, Claude Parry, Claudine Parry – Habitants de Sainte-Foy-Tarentaise • Roland Emprin – Association communale de chasse agréée • Jean-Yves Vallat – Association agréée de pêche et de protection du milieu aquatique du canton de Bourg-Saint-Maurice • Jean-Louis Bradel, Suzanne Carbonnell, Henri Anselme – Association pour la restauration du patrimoine de Sainte-Foy • Laurent Ottobon – Ecole de ski française • Anne Royer – Office de tourisme de Sainte-Foy • Christian Fauges - Office national des forêts • Christian Balais, Jean-Paul Ferbayre, Stéphane Mélé - Parc national de la Vanoise. Comité de lecture : Christian Balais, Jean-Paul Ferbayre, Stéphane Mélé - Parc national de la Vanoise • Jean-Pierre Feuvrier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Nous remercions toutes les autres personnes et structures ayant participé de près ou de loin à ce travail : Thierry Delahaye, Patrick Folliet, Jean-Pierre Martinot, Véronique Plaige - Parc national de la Vanoise • Emmanuelle Saunier, Jean-Pierre Feuvrier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie • Michel Savourey - entomologiste • Manuel Bouron Miramella • Pierre Guelpa – Chambre d’agriculture de la Savoie • Pierre-Jean Chambard – Direction départementale de l’agriculture et de la forêt • Nadège Boulay – GEDA de haute Tarentaise. Sans oublier toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation des observations de la faune et la flore de Sainte-Foy-Tarentaise : Christian Balais, Hervé Blanchin, Danièle Bonnevie, Michel Bouche, Marie-Geneviève Bourgeois, Manuel Bouron, Jeannette Chavoutier, Thierry Delahaye, René Delpech, Annie Ferbayre, Jean-Paul Ferbayre, Frédéric Fima, Henri Flandin, Christine Garin, Pierre Gensac, Irène Girard, Christophe Gotti, André Griot, Ludovic Imberdis, Régis Jordana, Laurence Jullian, Jean-Pierre Martinot, Stéphane Mélé, Philippe Pellicier, Véronique Plaige, Jean-Philippe Quittard, René Roche, Clotilde Sagot, Michel Savourey, Jacques Simond, Henri Suret, Robert Talbot, Nicolas Valy, Malorie Vergneau, Régis Villibord. Financement : Parc national de la Vanoise • Région Rhône-Alpes. Réalisation des cartes : Charlène Bouillon, Service SIG du Parc national de la Vanoise. Source IGN : BD Carto - 2002 et BD Alti - 2002. Maquette : Pages intérieures : Patrick Folliet - Parc national de la Vanoise • Emmanuelle Saunier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Couverture : Vizo Studio – Grenoble (Isère) • Patrick Folliet - Parc national de la Vanoise Mise en page intérieure & impression : Kalistene - 5 route de Nanfray - 74960 Cran-Gevrier • contact@kalistene.com • Tél. +33 (0)4 50 69 01 97 Photos : - Première de couverture : Anne Royer - Quatrième de couverture : Faucon Pèlerin Gabriel Rasson

Laîche à petite arête PNV – Philippe Benoît

Saule helvétique PNV – Maurice Mollard

Genévrier sabine PNV – Christian Balais

Gentiane à feuilles d’asclépiade PNV – Christian Balais

Chevreuil PNV – Sandrine Lemmet

Truite fario CSP – A. Richard

Barbastelle PNV – Christophe Gotti

Triton alpestre Christine Garin

Imprimé sur papier blanchi sans chlore ISBN 2-901617-25-5 Dépôt légal : 4e trimestre 2007

212 - Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise


Avec le concours financier de :


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