Dans l'intérêt public

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Malgré le fait que le succès des pays performants à assurer la prestation universelle des services est attribuable à l’action gouvernementale et non pas à l’économie de marché, la Banque mondiale et son organisation sœur, le Fonds monétaire international (FMI), ainsi que de nombreux autres bailleurs bilatéraux, semblent déterminés à adopter par défaut la politique d’un élargissement de la prestation privée des services essentiels.

Des prêts conditionnés Une évaluation en 2006 sur 20 pays recevant des prêts du FMI et de la Banque mondiale a révélé que pour 18 d’entre eux, une condition imposée était la privatisation.

La privatisation reste toujours une condition de contrepartie aux nombreux emprunts consentis aux pays les plus pauvres. • Une étude en 2005 sur les prêts d’ajustement structurel les plus récemment consentis par la Banque mondiale, les crédits de soutien à la réduction de la pauvreté – CSRP, a montré qu’il y avait des conditions attachées à 11 des 13 projets étudiés, entre autres la privatisation du service des eaux au Nicaragua et un élargissement de la participation du secteur privé à la prestation des soins de santé au Sénégal.147 • Une évaluation en 2006 sur 20 pays recevant des prêts du FMI et de la Banque mondiale a révélé que pour 18 d’entre eux, une condition imposée était la privatisation, ce qui représente une augmentation par rapport aux années précédentes.148 • Une étude en 2006 sur l’annulation de la dette a montré que la privatisation, sous une forme ou une autre, était un préalable à l’annulation de la dette dans plus de la moitié des pays qui s’étaient qualifiés pour une remise de dette dans le cadre de l’initiative149 en faveur des Pays Pauvres Très Endettés.150

Tous ligués La Banque mondiale encourage la prestation privée des services de base en subordonnant l’annulation de la dette des pays pauvres à des conditions pour recevoir une aide au développement.151 C’est une approche qui semble être plus motivée par les objectifs internes de la Banque que par les preuves tangibles de ce qui fonctionne dans chaque pays. Par exemple, la stratégie de développement du secteur privé de la Banque s’est fixée comme objectif une participation de 40% du secteur privé dans les emprunts qu’elle consent aux pays les plus pauvres.152 Le bras financier de la Banque, la société financière international (SFI), détient la part du lion en finançant la prestation des soins de santé dans 17 pays parmi lesquels la Chine, la Côte d’Ivoire et la Colombie153 ; et ceci malgré les critiques soulignant que les investissements précédemment financés par la SFI n’avaient bénéficié qu’aux classes les plus aisées du marché.154 La SFI et l’Agence multilatérale de garantie des investissements de la Banque (AMGI), de concert avec les agences de crédit à l’exportation des pays riches, encouragent également la participation des investisseurs privés dans la fourniture des services en promettant de les dédommager au cas où les gouvernements des pays pauvres venaient à résilier leurs

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