OSCE Magazine, December 2009 (FR)

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Numéro 4/2009

Papandreaou aux États participants : « Sortons de l’impasse de la mĂ©fiance » CĂ©lĂ©bration du vingtiĂšme anniversaire de la chute du mur de Berlin Le Kazakhstan cherche Ă  « insuffler une vie nouvelle » aux relations entre les États participants


RĂ©dactrice en chef : Patricia N. Sutter Maquettiste : Nona Reuter Impression : Manz Crossmedia Veuillez envoyer vos commentaires et contributions Ă  : osce.magazine@osce.org Section de la presse et de l’information SecrĂ©tariat de l’OSCE Wallnerstrasse 6 A-1010 Vienne (Autriche) TĂ©l. : (+43-1) 514 36-6278 TĂ©lĂ©copieur : (+43-1) 514 36-6105 L’Organisation pour la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe Ɠuvre en faveur de la stabilitĂ©, de la prospĂ©ritĂ© et de la dĂ©mocratie dans 56 États Ă  travers le dialogue politique autour de valeurs partagĂ©es et par des activitĂ©s concrĂštes qui changent durablement les choses.

PrĂ©sidence de l’OSCE en 2009 : GrĂšce Structures et institutions de l’OSCE Conseil permanent (Vienne) Forum pour la coopĂ©ration en matiĂšre de sĂ©curitĂ© (Vienne) SecrĂ©tariat (Vienne) ReprĂ©sentant de l’OSCE pour la libertĂ© des mĂ©dias (Vienne) Bureau des institutions dĂ©mocratiques et des droits de l’homme (Varsovie) Haut Commissaire pour les minoritĂ©s nationales (La Haye) AssemblĂ©e parlementaire de l’OSCE (Copenhague)

Opérations de terrain Caucase du Sud

Bureau de l’OSCE Ă  Bakou Bureau de l’OSCE Ă  Erevan ReprĂ©sentant personnel du PrĂ©sident en exercice pour le conflit dont la ConfĂ©rence de Minsk de l’OSCE est saisie

Asie centrale Centre de l’OSCE Ă  Achgabat Centre de l’OSCE Ă  Astana Centre de l’OSCE Ă  Bichkek Bureau l’OSCE au Tadjikistan Coordonnateur des projets de l’OSCE en OuzbĂ©kistan Europe orientale Bureau de l’OSCE Ă  Minsk Mission de l’OSCE en Moldavie Coordonnateur des projets de l’OSCE en Ukraine Europe du Sud-Est PrĂ©sence de l’OSCE en Albanie Mission de l’OSCE en Bosnie-HerzĂ©govine Mission de l’OSCE au Kosovo Mission de l’OSCE au MontĂ©nĂ©gro Mission de l’OSCE en Serbie Mission de contrĂŽle de l’OSCE Ă  Skopje chargĂ©e d’éviter le dĂ©bordement du conflit Bureau de l’OSCE Ă  Zagreb

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Magazine de l’OSCE

Message du porteparole de l’OSCE

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l suffit de jeter un Ɠil sur la couverture de ce numĂ©ro du Magazine de l’OSCE pour confirmer ce que nous savons dĂ©jĂ , Ă  savoir que l’Organisation pour la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe, avec son mĂ©lange de dialogue et d’action d’une richesse inĂ©galĂ©e, est en constante Ă©volution. La PrĂ©sidence grecque a pilotĂ© l’Organisation avec la clairvoyance habituelle en traçant la voie qui a menĂ© d’abord Ă  Corfou, oĂč les ministres des affaires Ă©trangĂšres de l’OSCE ont lancĂ© un dialogue de sĂ©curitĂ© renouvelĂ©, et qui conduira ensuite Ă  AthĂšnes au dĂ©but de dĂ©cembre, oĂč le Conseil ministĂ©riel examinera comment faire avancer le « Processus de Corfou ». Lisez dans l’article de tĂȘte ce que le Premier Ministre et Ministre des affaires Ă©trangĂšres de la GrĂšce, George Papandreou, qui a pris la relĂšve comme PrĂ©sident en exercice le 6 octobre, a Ă  dire au sujet de sa vision pour AthĂšnes et au-delĂ . Alors que ce sera bientĂŽt au tour du Kazakhstan d’ĂȘtre Ă  la barre, le Ministre des affaires Ă©trangĂšres Kanat Saudabayev explique dans un vaste entretien ce que la PrĂ©sidence signifie pour son pays et se dit convaincu que ses initiatives Ă  venir insuffleront une vie nouvelle Ă  l’Organisation. Comme c’est la premiĂšre fois qu’un État de l’ex-Union soviĂ©tique et d’Asie centrale assume la PrĂ©sidence de l’OSCE, le Magazine en a profitĂ© pour se pencher sur le rĂŽle de cette prestigieuse fonction. On trouvera pour la toute premiĂšre fois, dans une galerie de photos, un portrait des PrĂ©sidents en exercice qui se sont succĂ©dĂ©s au fil des annĂ©es, avec des informations Ă  jour les concernant, en commençant par l’ancien Ministre allemand des affaires Ă©trangĂšres Hans‑Dietrich Genscher. Ce numĂ©ro ne serait pas complet s’il ne couvrait pas le vingtiĂšme anniversaire de la chute du mur de Berlin et du rideau de fer, qui est Ă©troitement liĂ©e aux tout dĂ©buts de l’OSCE. Le discours Ă©mouvant de M. Genscher lui a valu une ovation debout de la part des plus de 600 invitĂ©s rĂ©unis Ă  la Hofburg le 6 novembre. Le Ministre autrichien des affaires Ă©trangĂšres, Michael Spindelegger, et le Ministre grec supplĂ©ant des affaires Ă©trangĂšres, Dimitris Droutsas, ont pris la parole pour les gĂ©nĂ©rations suivantes. Pour passer aux affaires militaires aprĂšs la diplomatie — il y a eu de l’action en RĂ©publique de Chypre en juin, lorsque plus de 300 MANPADS — missiles tirĂ©s Ă  l’épaule — ont Ă©tĂ© dĂ©truits par explosion dans le cadre des activitĂ©s de l’OSCE relatives Ă  la sĂ©curitĂ© dans la sphĂšre politico-militaire. Cet Ă©vĂ©nement a marquĂ© une page importante dans la longue histoire de la coopĂ©ration entre l’Organisation et cette Ăźle magnifique. Enfin, attardons-nous un moment sur les 25 couvertures du Magazine et rendons hommage Ă  Patricia Sutter, qui a lancĂ© cette publication phare en mars 2004. Pat, qui s’en va aprĂšs sept ans, a travaillĂ© sur chacun de ces numĂ©ros avec dynamisme et avec un enthousiasme sans borne pour cette Organisation. Typiquement, elle considĂšre son dĂ©part comme une nouvelle occasion pour le Magazine de continuer Ă  Ă©voluer en mĂȘme temps que l’OSCE ellemĂȘme. Martin Nesirky 23 novembre 2009 OSCE/Susanna Lööf

Le Magazine de l’OSCE, qui est Ă©galement disponible en ligne, est publiĂ© en anglais et en russe par la Section de la presse et de l’information de l’Organisation pour la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe. Les opinions exprimĂ©es dans les articles sont celles de leurs auteurs et ne reflĂštent pas nĂ©cessairement la position officielle de l’OSCE et de ses États participants.

Note de la rĂ©daction : au moment oĂč le Magazine de l’OSCE a Ă©tĂ© mis sous presse, Martin Nesirky a Ă©tĂ© nommĂ© par le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’Organisation des Nations Unies Ban Ki‑moon pour devenir son nouveau porte-parole. M. Nesirky prendra ses fonctions DĂ©cembre 2009 le 7 dĂ©cembre.


DĂ©cembre 2009

Dans ce numéro Russian Federation

Russian Federation

Astana

Mongolia

AFP PHOTO/GEORGES GOBET

Kazakhstan China Aral Sea

Almaty

Caspian Sea

Kyrgyzstan

Uzbekistan Turkmenistan

Tajikistan

PRÉSIDENCE GRECQUE DE L’OSCE 4 Papandreaou aux États participants : « Sortons de l’impasse de la mĂ©fiance » VINGTIÈME ANNIVERSAIRE DE LA CHUTE DU MUR DE BERLIN 6 La coopĂ©ration est la seule option porteuse d’avenir pour l’humanitĂ© dĂ©clare Genscher 9 Hans-Dietrich Genscher : un hommage 10 Spindelegger et Droutsas : « Victoire de l’inattendu » 12 Berlin, 0 heure : La nuit de la chute du mur Martin Nesirky

www.osce.org DĂ©cembre 2009

13 Réflexions sur Berlin : un fanal pour une « Europe entiÚre et libre » Iran

DIMENSION POLITICO-MILITAIRE Afghanistan

Pakistan

14 Les laurĂ©ats d’un concours vidĂ©o font revivre l’esprit de 1989 Tatyana Baeva

27 Chypre face Ă  la menace des MANPADS Anton Martynyuk et F. David Diaz

PRÉSIDENCE ENTRANTE

NOMINATIONS

16 Le Kazakhstan cherche Ă  « insuffler une vie nouvelle » aux relations entre les États participants : entretien avec le Ministre des affaires Ă©trangĂšres Kanat Saudabayev

31 Jirˇ i Parkmann, chef du Bureau de l’OSCE à Prague

20 Successions à la barre : La Présidence de la CSCE/OSCE au fil des années

Janie McCusker, chef de la gestion de la sécurité

Calendrier prĂ©visionnel de l’OSCE

24 Centre de recherche sur l’OSCE (CORE) : Une Ă©cole pour les prĂ©sidences de l’OSCE Diana Digol

PremiĂšre et quatriĂšme de couverture : le Magazine de l’OSCE de 2004 Ă  2009 avec Patricia N. Sutter comme RĂ©dactrice en chef et Nona Reuter comme maquettiste.

Magazine de l’OSCE

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P R É S I D E N C E G R E C Q U E D E L’ O S C E

www.papandreou.gr

Papandreaou aux États participants : « Sortons de l’impasse de la mĂ©fiance »

Quelques semaines aprĂšs avoir prĂȘtĂ© serment comme Premier Ministre grec et assumĂ© les fonctions de Ministre des affaires Ă©trangĂšres, le nouveau PrĂ©sident en exercice de l’OSCE, George Papandreou, s’est adressĂ© au Conseil permanent le 29 octobre dans un message vidĂ©o depuis AthĂšnes. Il a indiquĂ© que le principal dĂ©fi auquel l’Organisation Ă©tait confrontĂ©e Ă©tait de remĂ©dier Ă  la mĂ©fiance et a appelĂ© les États participants Ă  dynamiser la coopĂ©ration et la solidaritĂ©, car « il ne pourra pas y avoir de paix durable dans la rĂ©gion de l’OSCE aussi longtemps que nous continuerons Ă  regarder nos relations par le bout d’un lorgnette Ă  somme nulle ». Voici des extraits de ses observations.

9 novembre 2009, Brandburger Tor, Berlin. Le Premier Ministre et Ministre des affaires étrangÚres de la GrÚce, George Papandreou, figurait parmi les différents dirigeants de la planÚte qui ont assisté aux célébrations marquant les 20 ans de la chute du mur de Berlin.

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Magazine de l’OSCE

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prĂšs les annĂ©es d’impasse stratĂ©gique de la guerre froide, la rĂ©silience des structures de sĂ©curitĂ© dans l’espace de l’OSCE a Ă©tĂ© mise Ă  l’épreuve par des conflits rĂ©gionaux, des tensions ethniques et des diffĂ©rends frontaliers qui ont menacĂ© de dĂ©gĂ©nĂ©rer en crises ouvertes. Les efforts dĂ©ployĂ©s par l’OSCE pour promouvoir la paix et la stabilitĂ©, par exemple dans le cadre du TraitĂ© FCE, sont toujours dans l’impasse. La sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique, la criminalitĂ© organisĂ©e, la cybercriminalitĂ©, la migration illĂ©gale, la traite des ĂȘtres humains, le terrorisme, l’absolutisme et le

fondamentalisme sont autant de sujets de graves prĂ©occupations pour nous. Nous ne devons pas laisser flĂ©chir notre dĂ©termination de nous attaquer Ă  ces dĂ©fis. AprĂšs tout, l’OSCE elle-mĂȘme a rĂ©ussi non seulement Ă  survivre aux rĂ©percussions de l’aprĂšs‑guerre froide, mais aussi Ă  attĂ©nuer activement les tensions et la mĂ©fiance qui menaçaient la paix, la prospĂ©ritĂ© et la stabilitĂ© rĂ©gionale. Aussi divergentes que puissent ĂȘtre nos vues sur les causes profondes des tensions, nous devons sortir de l’impasse de la mĂ©fiance en redynamisant notre coopĂ©ration et en renforçant notre solidaritĂ©. Il est de notre devoir de le faire car des relations instables entre nos États voisins nuisent Ă  la sĂ©curitĂ© de l’Europe dans son ensemble, laquelle, Ă  son tour, est Ă©troitement liĂ©e Ă  la sĂ©curitĂ© de nos rĂ©gions voisines. Depuis qu’elle a assumĂ© la PrĂ©sidence de l’OSCE, la GrĂšce a jouĂ© le rĂŽle d’intermĂ©diaire dĂ©sintĂ©ressĂ©. Nos efforts ont portĂ© sur la rĂ©alisation d’un consensus et sur la prĂ©servation des normes et principes de l’Organisation. Ils ont visĂ© Ă  rĂ©soudre les problĂšmes, et non pas Ă  les exploiter. Dans ce mĂȘme esprit, nous nous sommes efforcĂ©s de dĂ©gager un consensus aussi large que possible sur l’adoption de dĂ©cisions Ă  AthĂšnes les 1er et 2 dĂ©cembre. Le Processus de Corfou symbolise l’attachement de mon pays aux normes et aux valeurs de l’OSCE. Il a constituĂ© ce que nous avons rĂ©alisĂ© de plus important jusqu’ici et tĂ©moigne d’un consensus sur un certain nombre de rĂ©alitĂ©s fondamentales : ‱ PremiĂšrement, les changements qui sont intervenus en Europe depuis la fin de la guerre froide sont irrĂ©versibles. ‱ DeuxiĂšmement, il ne pourra pas y avoir de paix durable dans la rĂ©gion de l’OSCE aussi longtemps que nous continuerons Ă  voir nos relations par le bout d’une lorgnette Ă  somme nulle. Nos gains devraient ĂȘtre des victoires pour tous ; nos pertes devraient aussi constituer des dĂ©faites pour chacun. Telle est la solidaritĂ© que nous devrions tous nous efforcer d’assurer. ‱ TroisiĂšmement, malgrĂ© les Ă©normes progrĂšs que nous avons accomplis vers « une Europe entiĂšre, libre et en paix avec elle-mĂȘme », la mise en Ɠuvre intĂ©grale de cet objectif, tel qu’il est consacrĂ© dans la Charte de Paris de 1990, continue Ă  se dĂ©rober. Nous devons renouveler notre dĂ©termination Ă  travailler ensemble pour faire

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converger nos diffĂ©rentes perspectives stratĂ©giques afin de rĂ©tablir la confiance entre nous. ‱ QuatriĂšmement, un climat de mĂ©fiance et de tension s’est instaurĂ© parmi les États participants de l’OSCE en raison d’une application partielle ou sĂ©lective des principes de l’Acte final de Helsinki. Cela a assombri les relations entre les partenaires et les empĂȘchent de s’unir dans la solidaritĂ© pour s’acquitter d’une responsabilitĂ© commune majeure : faire face aux nouvelles menaces du XXIe siĂšcle pour la sĂ©curitĂ©. ‱ Enfin, chacun d’entre nous a conscience que, grĂące Ă  l’étendue de la participation au sein de l’Organisation, l’hĂ©ritage de celle-ci et son concept de sĂ©curitĂ© globale offrent des avantages sans pareils pour notre dialogue de vaste portĂ©e et sans exclusive sur les dĂ©fis actuels et futurs de la sĂ©curitĂ© europĂ©enne. MalgrĂ© les nombreuses contraintes qui doivent ĂȘtre surmontĂ©es, il est encourageant que tous les États participants aient adhĂ©rĂ© au dialogue renouvelĂ© et fait preuve de la volontĂ© politique nĂ©cessaire comme en tĂ©moignent ne serait-ce que le nombre et la grande qualitĂ© des rĂ©unions au niveau des ambassadeurs qui se sont tenues jusqu’ici Ă  Vienne dans le cadre du Processus de Corfou. La volontĂ© politique est, aprĂšs tout, la quintessence des efforts que nous dĂ©ployons pour prĂ©server la sĂ©curitĂ© coopĂ©rative et indivisible dans une grande Europe. À cet Ă©gard, je tiens Ă  rendre hommage aux prĂ©sidents russe et français pour leurs initiatives en matiĂšre de sĂ©curitĂ© et Ă  exprimer ma gratitude pour l’impulsion que la politique de « remise Ă  zĂ©ro » de la nouvelle administration Obama a imprimĂ©e Ă  ce processus fondamentalement multilatĂ©ral. Nous savons tous que les conflits prolongĂ©s qui ne cessent d’affliger l’espace de l’OSCE depuis des dĂ©cennies restent des sources potentielles de dĂ©saccord, et nous ne pouvons pas nous permettre de les relĂ©guer au second plan comme l’a montrĂ© la guerre d’aoĂ»t 2008 en GĂ©orgie. Si les doctrines stratĂ©giques sont façonnĂ©es par les idĂ©es que l’on se fait, se sont les rĂ©alitĂ©s de terrain qui façonnent la vie des gens. Pour les populations touchĂ©es, quelle que soit leur origine nationale, le simple concept de sĂ©curitĂ© coopĂ©rative et indivisible n’a aucun intĂ©rĂȘt pratique immĂ©diat. Les gens veulent la paix et la stabilitĂ© et non pas un statu quo fragile. Aussi la PrĂ©sidence grecque n’a-t-elle Ă©pargnĂ© aucun effort pour rechercher les moyens de faire en sorte que l’OSCE reste engagĂ©e en GĂ©orgie, en particulier dans les zones touchĂ©es par le conflit. Et nous poursuivrons ces efforts, car nous sommes convaincus que la situation exige une coopĂ©ration et une prĂ©sence de l’OSCE accrues et non pas rĂ©duites sur le terrain. Permettez-moi de rendre hommage aux trois coprĂ©sidents du Groupe de Minsk ainsi qu’à mon

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ReprĂ©sentant personnel pour le conflit dont la ConfĂ©rence de Minsk de l’OSCE est saisi, l’Ambassadeur Andrzej Kasprzyk, pour les efforts inlassables qu’ils ont dĂ©ployĂ© en vue de trouver une solution mutuellement acceptable pour le Haut-Karabakh. Nous sommes encouragĂ©s par l’impulsion positive qu’ont apportĂ©e les rĂ©centes rĂ©unions tenues frĂ©quemment par les prĂ©sidents armĂ©nien et azerbaĂŻdjanais. Je prĂȘterai personnellement mon soutien aux coprĂ©sidents des parties dans leur quĂȘte visant Ă  instaurer une paix durable dans la rĂ©gion du Caucase du Sud. J’exprime Ă©galement une gratitude particuliĂšre aux modĂ©rateurs et observateurs du format de nĂ©gociation Ă  « 3 + 2 » pour la Transnistrie. Mon ReprĂ©sentant spĂ©cial, l’Ambassadeur Charalampos Christopoulos, et le chef de la Mission de l’OSCE en Moldavie, l’Ambassadeur Philip Remler, accomplissent un travail magnifique et je salue les efforts qu’ils dĂ©ploient pour instaurer la confiance entre les parties. AprĂšs une longue pĂ©riode d’abstinence, la famille des nations de l’OSCE a besoin maintenant, plus que jamais, de pouvoir cĂ©lĂ©brer le rĂšglement des conflits prolongĂ©s — et de le faire ensemble. Cela adressera aux autres rĂ©gions de conflit de la planĂšte le message selon lequel une diplomatie efficace peut effectivement permettre de rĂ©gler pacifiquement les diffĂ©rends. À l’ùre de la mondialisation, la dĂ©marcation entre sĂ©curitĂ© dure et sĂ©curitĂ© douce s’est estompĂ©e de plus en plus. La diplomatie n’est pas simplement un problĂšme de personnes ; c’est aussi le problĂšme de savoir comment nous — les nations aussi bien que les individus — usons de notre pouvoir de maniĂšre responsable, humaine et Ă©quitable. C’est Ă  nous qu’il incombe d’apporter la preuve que la recherche d’une paix et d’une prospĂ©ritĂ© durables dans l’espace de l’OSCE n’est pas purement gratuite mais constitue au contraire un objectif tangible que nous pouvons atteindre Ă  travers la coopĂ©ration et la jonction des efforts dans l’intĂ©rĂȘt mutuel de nos États et de nos peuples. Je suis fermement convaincu que la coopĂ©ration rachĂštera l’humanitĂ©, comme l’a dit Bertrand Russell. AprĂšs ces rĂ©flexions et dans cet esprit, je vous invite tous Ă  conjuguer nos efforts pour transformer cette occasion historique en un succĂšs commun. Je me rĂ©jouis Ă  la perspective de vous accueillir tous en dĂ©cembre Ă  AthĂšnes, oĂč nous pourrons prendre un nouveau dĂ©part et faire renaĂźtre l’esprit de Helsinki.

Faites connaissance avec le nouveau PrĂ©sident en exercice George Papandreou ‱ Premier Ministre et Ministre des affaires Ă©trangĂšres de la GrĂšce depuis le 6 octobre 2009 ‱ Ministre des affaires Ă©trangĂšres de fĂ©vrier 1999 Ă  fĂ©vrier 2004 ‱ MinistĂšre de l’éducation et des affaires religieuses de 1994 Ă  1996 et en 1988–1989 ‱ Membre du Parlement de 1981 Ă  septembre 2009 NĂ© Ă  Saint Paul, Minnesota, George Papandreou est fils et petit-fils d’anciens premiers ministres grecs. Il a fait ses premiĂšres Ă©tudes Ă  Toronto, Ă  Stockholm et dans l’Illinois. Il est titulaire d’une maĂźtrise en sociologie et dĂ©veloppement de la London School of Economics et a Ă©tĂ© chargĂ© de recherche au Centre pour les affaires internationales de l’UniversitĂ© Harvard. Il est Ă©galement titulaire d’un diplĂŽme de sociologie de l’Amherst College du Massachusetts et a suivi des cours Ă  l’UniversitĂ© de Stockholm.

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VingtiĂšme anniversaire de la chute du mur de Berlin

« 1989 : l’annĂ©e la plus heureuse dans l’histoire de l’Europe » La coopĂ©ration est la seule option porteuse d’avenir pour l’humanitĂ© dĂ©clare Genscher

« Vous avez Ă©levĂ© nos esprits et rĂ©chauffĂ© nos cƓurs, » a dit l’Ambassadeur d’Allemagne auprĂšs de l’OSCE, Heiner Horsten, Ă  Hans-Dietrich Genscher aprĂšs le discours improvisĂ© et Ă©loquent de 25 minutes que ce dernier a prononcĂ© devant plus de 600 invitĂ©s qui l’ont ovationnĂ© debout lors d’une manifestation spĂ©ciale commĂ©morant le vingtiĂšme anniversaire de la chute du mur de Berlin. Cette manifestation, qui s’est tenue dans le Grosser Redoutensaal de la Hofburg le 6 novembre, avait Ă©tĂ© organisĂ©e conjointement par la dĂ©lĂ©gation allemande auprĂšs de l’OSCE, la PrĂ©sidence grecque et l’Autriche en tant que pays hĂŽte de l’OSCE. ÂgĂ© maintenant de 82 ans, M. Genscher a Ă©tĂ© Ministre des affaires Ă©trangĂšres de la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale d’Allemagne pendant une pĂ©riode de 18 ans qui a vu la signature de l’Acte final de Helsinki en 1975 et la chute du mur de Berlin en 1989. Il a Ă©tĂ© le premier PrĂ©sident en exercice de la ConfĂ©rence sur la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe (CSCE) avant que celle-ci ne devienne l’OSCE. Voici des extraits du discours de M. Genscher.

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l a Ă©tĂ© soulignĂ© Ă  juste titre que la chute du mur de Berlin constituait un Ă©vĂ©nement d’une portĂ©e extraordinaire qui dĂ©passait de loin l’Allemagne. Pourquoi au juste ce mur a-t-il Ă©tĂ© construit ? Deux systĂšmes Ă©tait en concurrence sur le sol allemand : la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale d’Allemagne (RFA), libre et dĂ©mocratique avec son Ă©conomie de marchĂ©, d’un cĂŽtĂ©, et le systĂšme socialiste de la RĂ©publique dĂ©mocratique allemande (RDA), de l’autre. La construction du mur par les dirigeants de la RDA a constituĂ© un aveu de dĂ©faite dans la bataille entre les deux systĂšmes. Les gens voulaient Ă©chapper Ă  ce qu’ils considĂ©raient comme le mauvais

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systĂšme afin de pouvoir passer dans ce qui Ă©tait Ă  leurs yeux le bon systĂšme et d’y vivre dans la libertĂ©. Les rĂ©percussions de la dĂ©cision de construire le mur de Berlin se sont donc fait sentir bien au-delĂ  de la ville. Richard von WeizsĂ€cker a dit un jour, lorsqu’il Ă©tait PrĂ©sident fĂ©dĂ©ral : « l’histoire de l’Allemagne ne nous a jamais appartenu en propre. » Thomas Mann a exprimĂ© cette idĂ©e en 1953 dans le cĂ©lĂšbre discours Ă  la jeunesse allemande lorsqu’il dĂ©clarait : « ce que nous voulons c’est une Allemagne europĂ©enne et non une Europe allemande ». L’Allemagne se tournait ainsi vers l’Europe, et il est sans doute symbolique que le chancelier Helmut Kohl et moi-mĂȘme aient vĂ©cu la chute du mur non pas Ă  Bonn, ni Ă  Berlin, mais Ă  Varsovie, oĂč nous rendions visite au nouveau gouvernement polonais formĂ© par Solidarnoƛć, et pendant que nous dĂźnions, la nouvelle est tombĂ©e : « le mur de Berlin a Ă©tĂ© ouvert. » Je n’oublierai jamais ma rencontre avec Lech Walesa et son conseiller de politique Ă©trangĂšre Bronislaw Geremek le lendemain matin. Geremek a dit : « la chute du mur marque un grand jour pour l’Allemagne car, M. Genscher, elle signifie l’unitĂ© pour votre pays. Mais c’est aussi un grand jour pour la Pologne. Si l’Allemagne est unifiĂ©, la Pologne aura la CommunautĂ© europĂ©enne pour voisin. » Aujourd’hui, la Pologne est membre de cette communautĂ©. Le mur sĂ©parait non seulement des allemands d’autres allemands et des berlinois d’autres berlinois, mais aussi des europĂ©ens d’autres europĂ©ens. Nous savons aujourd’hui que la chute du mur a constituĂ© un Ă©vĂ©nement historique qui a permis de surmonter la division de la planĂšte. Mais les choses n’en restĂšrent pas lĂ . L’histoire n’accorde aucun rĂ©pits, ne marque pas de pause. Le monde a nĂ©anmoins soufflĂ© briĂšvement, mais en 1998 et 1999 deux hommes d’État ont lu correctement les signes des temps. Il y a eu MikhaĂŻl Gorbatchev, qui a Ă©voquĂ© devant les Nations Unies en dĂ©cembre 1988 les grands dĂ©fis auxquels l’humanitĂ© Ă©tait confrontĂ©e, Ă  savoir la prĂ©servation des ressources naturelles, l’élimination de la faim et de la pauvretĂ© dans le monde en dĂ©veloppement et l’arrĂȘt de la course aux armements. Il y a eu le PrĂ©sident amĂ©ricain Georges Bush, qui a dĂ©clarĂ©, en 1989, qu’un ordre mondial nouveau Ă©tait en train d’émerger. L’ A N N É E L A P L U S H E U R E U S E

Toutefois, bien avant cela, on avait rĂ©flĂ©chi Ă  la façon dont ce qui nous divisait au cours de la guerre froide pouvait ĂȘtre surmontĂ©. Le fait est que la coopĂ©ration au sein de la CSCE et de l’OSCE avait un rĂŽle essentiel Ă  jouer pour que nous puissions vivre 1989 comme l’annĂ©e peut-ĂȘtre la plus heureuse de l’histoire europĂ©enne. Les peuples de l’Europe n’étaient-il pas, Ă  l’automne de 1989, plus unis dans leurs espoirs et leurs craintes et dans leurs prĂ©occupations et leurs dĂ©sirs et plus proches les uns des autres que jamais auparavant dans leur histoire ? Tel est le message de cette Ă©poque que nous devons honorer alors qu’il nous incombe aujourd’hui d’aborder la question d’une nouvelle structure future, non seulement pour l’Europe, mais aussi pour la vaste zone transatlantique de Vancouver Ă  Vladivostok, comme une tĂąche commune. Il y a eu aussi le tournant historique de 1975, qui a Ă©tĂ© amorcĂ© avec l’Acte final de Helsinki. Des pays divisĂ©s en deux camps opposĂ©s selon les rĂšgles de la guerre froide et alors que la confrontation idĂ©ologique et militaire sĂ©vissait Ă  une Ă©chelle

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inimaginable se sont rĂ©unis Ă  Helsinki pour s’efforcer de parvenir Ă  un minimum de consensus. En lisant l’Acte final de Helsinki, nous pouvons constater que c’est un chef-d’Ɠuvre d’équilibre entre les intĂ©rĂȘts — un accord sur les principes de la coexistence entre les humains et les nations, un accord sur le fait que nous ne pourrons trouver un terrain d’entente qu’à la condition d’ĂȘtre prĂȘt Ă  se parler et Ă  travailler ensemble et qu’il convient de respecter les Ă©motions, les dĂ©sirs et les besoins des hommes ainsi que la dignitĂ© humaine. Tout cela a Ă©tĂ© inclus dans la troisiĂšme corbeille de la CSCE concernant les questions humanitaires. Revenons sur ce qui s’était passĂ© avant cela : le 17 juin 1953, un soulĂšvement populaire a Ă©tĂ© Ă©crasĂ© par les chars soviĂ©tiques en RDA, tout comme en Hongrie en 1956 et en TchĂ©coslovaquie en 1968, puis il y a eu les mesures prises Ă  l’encontre de Solidarnoƛć, sans intervention soviĂ©tique cette fois, et enfin cet Ă©vĂ©nement sans prĂ©cĂ©dent qui a marquĂ© 1989. Il n’aurait pas Ă©tĂ© possible sans la disposition de l’Acte final de Helsinki permettant aux dĂ©fenseurs des droits civils de rappeler Ă  leur propre gouvernement qu’il avait souscrit Ă  certains engagements, qu’il avait dĂ©cidĂ© que l’Acte final ne serait pas enfoui dans les archives des ministĂšres des affaires Ă©trangĂšres mais mis Ă  la disposition de chaque citoyen et publiĂ© dans la presse, que rien de cela ne se ferait du jour au lendemain mais qu’il s’était engagĂ© Ă  lancer un processus qui le rendrait possible. UNE PORTE NOUVELLE

Je me souviens de ces journĂ©es dĂ©cisives de la ConfĂ©rence de suivi de la CSCE Ă  Madrid (1980–1983) qui ont succĂ©dĂ© Ă  la destruction en vol d’un avion corĂ©en, alors que la rĂ©union Ă©tait au bord de la rupture. Et puis nous nous sommes souvenus que si nous avions rĂ©alisĂ© quelque chose de prĂ©cieux et Ă©tions assis Ă  la mĂȘme table pour dĂ©battre des problĂšmes, il ne fallait pas que cela s’arrĂȘte. C’est ce qui fait l’importance historique de l’Acte final, dont dĂ©coule justement l’OSCE, qui m’accueille et Ă  laquelle je peux m’adresser aujourd’hui. M. Bush, le PrĂ©sident amĂ©ricain de l’époque, n’avait-il pas raison lorsqu’il a parlĂ© d’un nouvel ordre mondial qui Ă©tait en train d’émerger ? Ce n’était pas la fin de l’histoire. Une nouvelle porte avait en fait Ă©tĂ© ouverte. Aujourd’hui, nous nous rendons compte que l’on n’a pas mis Ă  profit la pĂ©riode qui a suivi pour instaurer et façonner ce nouvel ordre mondial. C’est aux EuropĂ©ens et Ă  tous les signataires de l’Acte final de Helsinki qu’il aurait incombĂ© de le faire. AprĂšs tout, les EuropĂ©ens ont un message Ă  adresser au monde — message qui peut et doit dire : il est possible de tirer des leçons de l’histoire. Et il est Ă©galement possible de trouver des intĂ©rĂȘts communs malgrĂ© les nombreuses divergences, puis de s’efforcer de faire avancer ces intĂ©rĂȘts communs Ă  travers la coopĂ©ration, en nous rapprochant les uns des autres. Nous sommes placĂ©s aujourd’hui devant une dĂ©cision fondamentale : dans un monde toujours plus exigĂŒe et interdĂ©pendant, oĂč il n’existe plus de rĂ©gion reculĂ©e, Ă  quoi peut ressembler cet ordre mondial ? Il est Ă©vident que l’on ne peut pas laisser simplement les choses suivre leur cours en pensant que cela finira par s’arranger. C’est l’option du chaos, qui dĂ©bouche finalement sur la loi de la jungle. Et puis on songe aux idĂ©es fondamentales qui se sont matĂ©rialisĂ©es ici avec la CSCE, qui sont de travailler ensemble pour le bien commun sur la base de l’égalitĂ© des droits que l’on soit grand ou petit. C’est l’option de la coopĂ©ration, qui, Ă  mon avis,

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VingtiĂšme anniversaire de la chute du mur de Berlin est la seule possible, la seule qui soit attrayante et la seule qui soit porteuse d’avenir pour l’humanitĂ©. C’est lĂ  notre mission en tant qu’EuropĂ©ens. C’est aussi celle des États signataires, de Vancouver Ă  Vladivostok, y compris les grandes dĂ©mocraties d’AmĂ©rique et ce grand pays qu’est la Russie ainsi que les États qui faisaient autrefois partie de l’Union soviĂ©tique. S U J E T S FA M I L I E R S

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C’est pour cette raison que la mission de la CSCE et de l’OSCE n’a pas pris fin avec la chute du mur de Berlin. Il est plutît de notre devoir envers les autres parties du monde de continuer à

22 dĂ©cembre 1989. HansDietrich Genscher, Ministre des affaires Ă©trangĂšres de la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale d’Allemagne, et Jiƙí Dienstbier, Ministre des affaires Ă©trangĂšres de la RĂ©publique socialiste tchĂ©coslovaque, coupent la clĂŽture de fil barbelĂ© Ă  la frontiĂšre germanotchĂ©coslovaque. Ils se revoyaient dans des circonstances nouvelles : la premiĂšre fois qu’ils s’étaient rencontrĂ©s, c’était dans l’arriĂšre-salle d’une auberge durant le printemps de Prague de 1968. Ils ont Ă©tĂ© ultĂ©rieurement les deux premiers prĂ©sidents en exercice de la CSCE/OSCE.

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travailler Ă  l’unification europĂ©enne et au façonnement de son avenir. Telle est la signification des dĂ©veloppements qui trouvent leur nouvelle expression dans le Processus de Corfou. Nous retrouvons ici de nombreux thĂšmes familiers aux gens de notre Ă©poque. Il est Ă©vident que nous devons instituer un mĂ©canisme capable de rĂ©gler les conflits par des moyens pacifiques. Il est Ă©vident que nous devons continuer Ă  nous efforcer de maĂźtriser les armements et d’instaurer des mesures de confiance. C’est lĂ  une nĂ©cessitĂ©. Nous devons prendre conscience des nouveaux dĂ©fis qui vont bien au-delĂ  de la course aux armements et des menaces militaires : combattre le terrorisme mondial, protĂ©ger les ressources naturelles et lutter contre la criminalitĂ© organisĂ©e. Une grande autoresse allemande de notre Ă©poque, constatant que l’on savait quand une guerre commençait, a posĂ© un jour la question suivante : quand commence l’avant-guerre ? On pourrait ajouter une deuxiĂšme question Ă  celle de Christa Wolf : oĂč commence l’avant‑guerre ? L’avant-guerre commence quand les prĂ©jugĂ©s empoisonnent la façon dont les peuples raisonnent et agissent. Il commence dans le cƓur des humains, dans leur esprit oĂč viennent se loger de faux sentiments de

supĂ©rioritĂ© et de fausses exigences de sĂ©grĂ©gation qui peuvent entraĂźner une Ă©volution dangereuse dans notre façon de penser et d’agir. Nous avons pour tĂąche d’éduquer les jeunes, et ce sans attendre qu’ils aillent Ă  l’école, mais en commençant lĂ  oĂč les premiĂšres impressions forment leur caractĂšre, Ă  savoir au sein de la famille. Le message fondamental du processus de la CSCE et de l’OSCE est que nous pouvons rĂ©aliser beaucoup de choses si nous nous respectons mutuellement. J’espĂšre donc sincĂšrement que nous saisirons les occasions que nous ont offertes une nouvelle administration aux États‑Unis et une nouvelle doctrine en Russie, dont tĂ©moigne l’initiative annoncĂ©e par le PrĂ©sident russe Ă  Berlin l’an dernier. Plusieurs dĂ©fis nouveaux ont surgi depuis la chute du mur. Et la coopĂ©ration au sein de cette grande organisation qu’est notre OSCE offre une merveilleuse plateforme pour dĂ©battre de notre avenir commun avec courtoisie et dans le respect mutuel. J’espĂšre donc que l’OSCE a conscience qu’il est de son devoir de poursuivre les processus qui ont Ă©tĂ© engagĂ©s et dont la portĂ©e dĂ©passe de loin les États participants de l’OSCE. Je souhaite et j’espĂšre ceci, tout en lançant un appel aux responsables actuels : tout comme nous avons entrepris alors, Ă  un moment trĂšs difficile, de surmonter les murs et les frontiĂšres en Europe, travaillons maintenant ensemble pour que les États signataires de l’Acte final de Helsinki — les États participants de l’OSCE —apportent leur contribution afin que nous puissions resserrer les rangs en tant que communautĂ© partageant un destin commun et donner un visage nouveau Ă  la planĂšte Ă  travers notre exemple. Tel est le vƓu que je formule aujourd’hui. Il est liĂ© Ă  la gratitude de mon pays envers tous ceux qui nous ont soutenus Ă  l’époque de notre division. Nous avons compris ceci — et l’espace de la CSCE a certainement quelque chose Ă  y voir : la division est la pire des choses et l’unification n’est pas toujours aisĂ©e, mais elle est souhaitable. Nous devons nous efforcer d’Ɠuvrer ensemble Ă  la rĂ©alisation de cet objectif. (traduit de l’Allemand par les services linguistiques du SecrĂ©tariat de l’OSCE)

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Hans-Dietrich Genscher : un hommage

19 et 20 juin 1991, Berlin. C’est au Reichstag que s’est tenue la premiĂšre rĂ©union des ministres des affaires Ă©trangĂšres de la CSCE, 18 mois Ă  peine aprĂšs la chute du mur.

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Hans-Dietrich Genscher Ă©tait Ministre des affaires Ă©trangĂšres de la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale d’Allemagne au moment de la signature de l’Acte final de Helsinki en 1975. Il occupait encore ce poste — pour l’Allemagne unifiĂ©e — lorsqu’il est devenu le premier PrĂ©sident en exercice de la ConfĂ©rence sur la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe (CSCE) en 1991. M. Genscher a Ă©tĂ© non seulement le tĂ©moin de dĂ©veloppements historiques en Europe, mais aussi un des architectes de la sĂ©curitĂ© europĂ©enne coopĂ©rative et globale, le concept de sĂ©curitĂ© phare de l’OSCE. Appartenant Ă  une gĂ©nĂ©ration qui a dĂ» participer Ă  la deuxiĂšme guerre mondiale avant mĂȘme d’atteindre la majoritĂ©, M. Genscher a toujours Ă©tĂ© profondĂ©ment attachĂ© Ă  l’idĂ©e que la politique Ă©trangĂšre est un moyen de prĂ©server et de favoriser la paix et la stabilitĂ©. Il a grandi jusque dans les premiĂšres annĂ©es de l’ñge adulte dans ce qui Ă©tait alors l’Allemagne de l’Est, mais a quittĂ© celle-ci peut aprĂšs pour Ă©chapper Ă  la rĂšgle communiste de l’aprĂšs‑guerre et participer au dĂ©veloppement politique dĂ©mocratique de l’Allemagne de l’Ouest.

Il a adhĂ©rĂ© au Parti libĂ©ral-dĂ©mocrate dĂšs 1952, Ă  l’ñge de 25 ans, y a poursuivi sa carriĂšre pour en devenir le PrĂ©sident dans les annĂ©es 1970 et 1980 et reste aujourd’hui une source d’inspiration pour ceux qui façonnent et analysent la politique Ă©trangĂšre en Allemagne et au-delĂ . Hans-Dietrich Genscher, qui a maintenant 82 ans, a bien sur Ă©tĂ© particuliĂšrement sollicitĂ© cette annĂ©e, qui marque le vingtiĂšme anniversaire de la chute du mur de Berlin et l’ouverture du rideau de fer. Il a notoirement aidĂ© Ă  passer librement Ă  l’Ouest des rĂ©fugiĂ©s d’Allemagne de l’Est Ă  Budapest, Ă  Prague et ailleurs. Il a en outre Ă©tĂ© associĂ© Ă©troitement aux nĂ©gociations ayant abouti Ă  l’unification allemande, qui a marquĂ© l’accomplissement d’une stratĂ©gie politique Ă  long terme axĂ©e sur les droits dĂ©mocratiques et le rĂŽle politique des citoyens individuels. Au cours des 20 derniĂšres annĂ©es, l’espace de la CSCE — et maintenant de l’OSCE — a progressĂ© rĂ©guliĂšrement. Certaines rĂ©gions se sont dĂ©veloppĂ©es Ă  un rythme diffĂ©rent de celui des autres, et la tĂąche de l’OSCE est loin d’ĂȘtre terminĂ©e. Toutefois, le concept original de sĂ©curitĂ© globale et coopĂ©rative de

l’OSCE demeure incontestablement indispensable pour assurer une paix durable et un dĂ©veloppement stable dans l’ensemble de la rĂ©gion et offrir une source d’inspiration bien au-delĂ . Le dialogue politique, la confiance mutuelle et le respect des droits humains et dĂ©mocratiques sont aussi importants qu’ils l’étaient en 1975 et 1989. À l’aube d’une nouvelle dĂ©cennie du XXIe siĂšcle, l’expĂ©rience politique de Hans-Dietrich Genscher conserve sa pertinence — en particulier Ă  un moment oĂč les États participants ouvrent un nouveau chapitre dans leur coopĂ©ration Ă  travers le Processus de Corfou. — Mission permanente de l’Allemagne auprĂšs de l’OSCE

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VingtiĂšme anniversaire de la chute du mur de Berlin

Lors de la commĂ©moration spĂ©ciale du 6 novembre, le Ministre autrichien des affaires Ă©trangĂšres Michael Spindelegger (au centre) et le Ministre supplĂ©ant grec des affaires Ă©trangĂšres Dimitris Droutsas (Ă  droite) ont rendu hommage au courage et Ă  la persĂ©vĂ©rance de ceux qui ont rendu possible les Ă©vĂ©nements de 1989, notamment Hans-Dietrich Genscher (Ă  gauche). Tous deux ont fait part de leurs rĂ©flexions sur le rĂŽle jouĂ© par la CSCE/OSCE dans le renforcement de la sĂ©curitĂ© en Europe et ont misĂ© sur le Processus de Corfou. Le lecteur trouvera ci-aprĂšs des extraits de leurs observations, traduits de l’allemand.

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OSCE/Susanna Lööf

« Victoire de l’inattendu »

es Ă©vĂ©nements de 1989 ont servi de point de dĂ©part Ă  l’éclosion d’une nouvelle Europe. Se fondant sur des valeurs communes et sur le concept du renforcement de la confiance entre l’Est et l’Ouest, la ConfĂ©rence sur la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe (CSCE) a apportĂ© une contribution fondamentale Ă  cette transition pacifique vers une nouvelle Ăšre. Georg Steiner a dit que « 1989 Ă©tait une victoire de l’inattendu ». Je crois que c’était, surtout, une victoire des citoyens et des mouvements de droits civils qui a contribuĂ© Ă  susciter les changements radicaux de cette Ă©poque. Pour citer Heinrich Böll : « la libertĂ© n’est pas un don ; elle se mĂ©rite. » La transition Ă©tait un processus qui a consistĂ© en plusieurs petites Ă©tapes et qui Ă©tait inspirĂ© par le courage moral et le dĂ©sir de libertĂ©. Aujourd’hui, les militants des droits civils dans ce qui Ă©tait Ă  l’époque l’Allemagne de l’Est, dont le courage a permis de jeter les bases de la rĂ©unification de l’Allemagne, ont notre admiration et notre respect. En 2009, pour me faire une idĂ©e de l’opinion de mes concitoyens sur l’Europe, j’ai organisĂ© un tour d’Autriche, qui m’a permis de me rendre compte du scepticisme des Autrichiens face Ă  l’Europe d’aujourd’hui. Je peux donc vous dire de premiĂšre main que de nombreux citoyens se posent actuellement la question suivante : « À quoi sert l’Europe aujourd’hui ? Comment pouvons-nous changer la donne ? » Tout le monde ne mesure pas l’importance du vingtiĂšme anniversaire de la chute du rideau de fer et du mur de Berlin. Pour ceux qui n’ont pas vĂ©cu ces Ă©vĂ©nements, ils ne signifient pas grand-chose. C’est la raison pour laquelle la commĂ©moration de cet anniversaire nous offre une occasion de rappeler, en particulier aux jeunes, l’importance de l’annĂ©e 1989 et d’insister sur les avantages concrets et les possibilitĂ©s que cette Europe unie offre aujourd’hui Ă  ses citoyens. Nous devons nous efforcer, encore et encore, de faire revivre l’enthousiasme de cette Ă©poque, de renforcer la volontĂ©

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de contribuer Ă  un dĂ©veloppement pacifique et d’affirmer la quĂȘte de libertĂ© et de solidaritĂ© pour l’avenir de l’Europe. Nous devons Ă©galement nous souvenir du fait que la division de l’Europe ne fait pas encore entiĂšrement partie du passĂ©. Il reste sur ce continent des hommes et des femmes pour lesquels la libertĂ© et la sĂ©curitĂ© ne vont pas de soi. Nous ne devons pas oublier cette Europe « dĂ©savantagĂ©e ». En effet, ce sont ces rĂ©gions — des Balkans Ă  la mer Noire — qui pourraient devenir sources de dynamisme pour une future Europe. Nous devons tirer parti de leur potentiel humain, Ă©conomique et culturel. Les Ă©vĂ©nements de 1989 reprĂ©sentent donc non seulement une chance Ă  saisir, mais Ă©galement un mandat pour une nouvelle Europe. Vienne a traditionnellement servi de point de rencontre entre l’Est et l’Ouest — avant, pendant et aprĂšs la chute du rideau de fer. C’était Ă  une confĂ©rence de la CSCE rĂ©unie Ă  Vienne en 1989 qu’Édouard ChevardnadzĂ©, qui Ă©tait Ă  l’époque Ministre des affaires Ă©trangĂšres de l’Union soviĂ©tique, a dĂ©clarĂ© : « le rideau de fer rouille ». Aujourd’hui, 20 ans aprĂšs la chute du mur, nous constatons qu’il persiste parfois dans nos esprits. Certaines de nos conceptions et certains des termes que nous employons rĂ©sistent au changement. Si je peux me permettre d’évoquer le jargon de l’OSCE, nous employons encore toujours les expressions « Ă  l’Est de Vienne » et « Ă  l’Ouest de Vienne ». Mais, ici aussi, les choses Ă©voluent. En rĂ©ponse aux propositions du PrĂ©sident russe Dmitry Medvedev, l’OSCE, sous sa PrĂ©sidence grecque, s’est employĂ©e Ă  prĂ©parer un nouveau dialogue de sĂ©curitĂ© dans le cadre de l’Organisation et a amorcĂ© le « Processus de Corfou » qui a Ă©tĂ© un vĂ©ritable succĂšs. Nous ne nous sommes pas dĂ©tachĂ©s de l’évolution que l’OSCE connaĂźt depuis de nombreuses annĂ©es mais avons, au contraire, poursuivi dans cette voie et tentĂ© de nous

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es murs divisent les villes, les sociĂ©tĂ©s et les perceptions — et cela, malheureusement, mĂȘme aujourd’hui et mĂȘme en Europe. Les murs reprĂ©sentent des obstacles Ă  la prospĂ©ritĂ© et Ă  la libertĂ© de l’ĂȘtre humain, portant atteinte Ă  sa dignitĂ©. Toutefois, la chute du mur de Berlin a dĂ©montrĂ© que les barriĂšres physiques ne pouvaient rĂ©sister au dĂ©sir de paix et d’unitĂ© des citoyens et Ă  leur dĂ©termination Ă  construire un avenir fondĂ© sur une communautĂ© de dessein et des valeurs communes. Le 9 novembre 1989 a marquĂ© la fin d’une Ăšre de mĂ©fiance et de dissensions et a ouvert la voie Ă  la coopĂ©ration dans le but d’édifier une Europe pacifique et stable. Il convient de ne pas oublier l’importante contribution de certaines personnes qui ont prĂ©parĂ© le terrain politique Ă  des mesures audacieuses et dĂ©cisives pour un avenir meilleur. Hans-Dietrich Gensher a contribuĂ© de façon dĂ©cisive aux Ă©vĂ©nements qui ont marquĂ© l’histoire de ce continent. Le courage et la persĂ©vĂ©rance dont il a fait preuve au cours de cette pĂ©riode d’incertitude et de remise en question est, pour nous tous, source d’inspiration. Depuis 1989, l’Europe a connu une transformation positive. La Charte de Paris pour une nouvelle Europe, adoptĂ©e en 1990, envisageait une Europe fondĂ©e sur les principes dĂ©mocratiques, l’état de droit et la protection des droits de l’homme et des libertĂ©s fondamentales. Cela dit, Ă  l’occasion de cet anniversaire, nous nous devons d’intensifier nos efforts afin que cette vision se rĂ©alise pleinement. L’OSCE, que j’ai l’honneur de reprĂ©senter ici aujourd’hui, joue un rĂŽle central Ă  cette fin. L’Organisation s’appuie sur la notion selon laquelle la sĂ©curitĂ© de l’Europe commence par la dignitĂ© inhĂ©rente Ă  la personne humaine. CrĂ©Ă©e en tant qu’instrument de dĂ©tente, l’OSCE a instaurĂ© une plateforme de dialogue, mettant en cause les dogmes de la confrontation et rĂ©duisant l’inertie du statu quo pour susciter un changement fondamental et positif. BĂ©nĂ©ficiant d’un solide consensus entre ses États participants aprĂšs la fin de la guerre froide, l’OSCE a adoptĂ© un ensemble ambitieux d’engagements et crĂ©Ă© des institutions et des opĂ©rations de terrain pour apporter son soutien aux États et aux sociĂ©tĂ©s traversant de difficiles processus de transition. Par ailleurs, l’OSCE a dĂ©montrĂ© que la vraie sĂ©curitĂ© ne pouvait ĂȘtre globale que si elle prenait en considĂ©ration tous ses aspects. Nous avons rĂ©pondu en grande partie aux questions soulevĂ©es en 1989. Aujourd’hui, comme dans le passĂ©, l’OSCE reste l’enceinte au sein de laquelle des questions difficiles peuvent ĂȘtre soulevĂ©es et rĂ©glĂ©es. L’OSCE a toujours reprĂ©sentĂ© l’Europe telle

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que nous l’imaginions ou telle qu’elle aurait pu ĂȘtre idĂ©alement. Elle a toujours Ă©tĂ© le reflet de l’Europe telle qu’elle est. Dans cet esprit, la PrĂ©sidence grecque de l’OSCE a amorcĂ© un nouveau dialogue sur l’avenir de la sĂ©curitĂ© europĂ©enne — le Processus de Corfou. Il a pour finalitĂ© d’examiner franchement tous les aspects de la sĂ©curitĂ© europĂ©enne d’aujourd’hui. Le but est de renouveler nos engagements en faveur d’une sĂ©curitĂ© indivisible, coopĂ©rative et globale, de forger une volontĂ© politique d’agir en commun, et de renforcer les institutions que nous avons crĂ©Ă©es pour assurer la sĂ©curitĂ© sur l’ensemble du continent. La notion gĂ©nĂ©reuse, dĂ©fendue par l’OSCE, d’une Europe Ă©largie est une ressource unique permettant Ă  56 pays de coopĂ©rer sur des questions de sĂ©curitĂ© dans un cadre de valeurs partagĂ©es. Je suis convaincu que nous avons aujourd’hui besoin plus que jamais de cet outil. Vingt ans plus tard, nous sommes reconnaissants aux hommes et aux femmes de la gĂ©nĂ©ration de 1989 pour leur courage, eux qui ont dĂ©fendu leurs idĂ©aux et comblĂ© des fossĂ©s qui semblaient infranchissables. LĂ  oĂč se dressait un mur sombre, une porte s’est soudainement ouverte. Tous les participants sont passĂ©s Ă  travers cette porte pour se rĂ©pandre dans les rues et les Ă©glises, surmontant de nombreux obstacles. Chacun d’eux a saisi la chance de bĂątir et de façonner quelque chose d’inĂ©dit et a osĂ© le changement. Vingt annĂ©es se sont Ă©coulĂ©es depuis que nous avons reçu ce don extraordinaire de libertĂ©. Mais, aujourd’hui encore, rien ne nous enthousiasme ou nous motive davantage, rien ne nous remplit de sentiments plus positifs que le pouvoir de la libertĂ©. Aujourd’hui, nous sommes Ă©galement conscients de notre responsabilitĂ©, celle de ne jamais plus permettre Ă  de quelconques murs d’ĂȘtre Ă©difiĂ©s qui nous sĂ©pareraient l’un de l’autre. Dimitris Droutsas, Ministre supplĂ©ant des affaires Ă©trangĂšres de la GrĂšce et EnvoyĂ© spĂ©cial du PrĂ©sident en exercice de l’OSCE

6 novembre 2009, Hofburg, Vienne. Concert donnĂ© par des membres de l’Orchestre de chambre de Vienne dans le cadre de la manifestation spĂ©ciale organisĂ©e pour commĂ©morer la chute du mur de Berlin.

Franz Morgenbesser/vipinart

appuyer sur les fondations traditionnellement solides de l’Organisation. Michael Spindelegger, Ministre autrichien des affaires Ă©trangĂšres, Vienne, 6 novembre 2009

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VingtiĂšme anniversaire de la chute du mur de Berlin

Berlin, 0 heure

10 novembre 1989, Brandenburger Tor. AprĂšs 28 annĂ©es, les Berlinois de l’Est et de l’Ouest cĂ©lĂšbrent leur rĂ©unification.

La nuit de la chute du mur

Klaus Lehnartz/Bundesregierung

Martin Nesirky

Berlin, 9 octobre 2009 — De retour sur place pour la premiĂšre fois en une dĂ©cennie pour une rĂ©union avec des correspondants et des diplomates, je me mĂȘle aux inĂ©vitables touristes allant voir le mur, dont des fragments subsistent sur fond de nouveaux bĂątiments clinquants. Le Palais de la RĂ©publique dĂ©bordant d’amiante, qui abritait le Parlement est-allemand et que les Berlinois de l’Est qualifiaient d’un ton moqueur de « ballast de la RĂ©publique », n’existe plus depuis longtemps. Il ne reste pas non plus grand-chose du centre de presse oĂč je travaillais et oĂč le responsable est-allemand des mĂ©dias, GĂŒnter Schabowski, a paru ĂȘtre lui-mĂȘme surpris par l’annonce sibylline qui a eu pour effet d’ouvrir une grande brĂšche dans le mur. Cela Ă©tant, ce que je crois ĂȘtre venu rechercher est encore bien prĂ©sent — des souvenirs de conversations et d’observations entendues il y a 20 ans, mais nĂ©anmoins encore bien prĂ©sents. Au checkpoint Charlie, je suis debout sous la pluie face Ă  l’ancien point de passage et me souviens du premier Allemand de l’Est entrant dans Berlin Ouest, les bras tendus en l’air et le regard Ă©bahi. Je m’étais faufilĂ© Ă  travers le poste de contrĂŽle de l’Est vers l’Ouest quelque temps avant que les gardes ne commencent Ă  permettre Ă  des Allemands de l’Est de passer. J’avais dĂ©jĂ  empruntĂ© ce passage des dizaines, si pas des centaines de fois — Ă  deux reprises avec un chat restĂ© indetectĂ© dans le coffre et la radio Ă  fond. Il va sans dire que mon passage, le 9 novembre, m’avait donnĂ© encore plus de frissons. J’ai passĂ© une bonne partie du reste de cette nuit Ă  bavarder, grisĂ© par le murmure des conversations, Ă  prendre frĂ©nĂ©tiquement des notes, ainsi qu’à essayer de trouver un tĂ©lĂ©phone Ă  cette Ă©poque d’avant le tĂ©lĂ©phone portable et Ă  prendre conscience que la ville de mes ancĂȘtres renaissait.

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Dans le district de Prenzlauer Berg, oĂč j’habitais, et Ă  Berlin Mitte, oĂč je rencontrais frĂ©quemment des dissidents et m’efforçais d’échapper aux policiers de la Stasi, les souvenirs sont tout aussi vivaces, mĂȘmes si les façades des bĂątiments sont aujourd’hui tape-Ă -l’Ɠil et les cafĂ©s chics. ArrivĂ© dans une rue pavĂ©e, je regarde autour de moi, cette fois-ci sous un soleil automnal, me souvenant d’une nuit d’octobre 1989 au cours de laquelle des policiers en uniforme et des membres de la Stasi en civil ont arrĂȘtĂ© des manifestants qui rĂ©clamaient une rĂ©forme gorbatchĂ©vienne. À l’époque, sous le faible Ă©clairage des lampadaires, on se serait cru davantage en 1939 qu’en 1989. J’avais rĂ©ussi Ă  m’échapper et Ă  me cacher dans une cour avant de rentrer chez moi pour rĂ©diger mon article. Il Ă©tait clair que quelque chose allait devoir lĂącher, mais je n’aurais pas pu deviner comment cela allait se faire. Je pense en particulier Ă  un ami, bien que je n’aie pas pu le retrouver en octobre. Au dĂ©but de mon affectation, il avait Ă©tĂ© la source d’une exclusivitĂ© sur un lĂ©ger assouplissement par l’Allemagne de l’Est des restrictions de voyage ; cela peut paraĂźtre quelque peu ridicule aujourd’hui, mais, Ă  l’époque, c’était un scoop. J’ai mĂȘme transmis mon article Ă  partir de Bonn sous le non du correspondant en chef pour me couvrir ainsi que ma source. La premiĂšre fois que j’ai revu cet ami aprĂšs le 9 novembre, il m’a offert un panneau-frontiĂšre qu’il avait dĂ©robĂ© pour moi la nuit mĂȘme de la chute du mur. Martin Nesirky a Ă©tĂ© correspondant de Reuters en Allemagne de l’Est et Ă  Berlin-Ouest de 1987 Ă  1991. Il est porte-parole de l’OSCE depuis avril 2006. Il a rĂ©digĂ© ce rĂ©cit de tĂ©moin Ă  l’invitation de Reuters, qui l’a publiĂ© le 4 novembre Ă  l’occasion de vingtiĂšme anniversaire de la chute du mur de Berlin.

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La premiĂšre rĂ©union des Ministres des affaires Ă©trangĂšres de la CSCE s’est tenue les 19 et 20 juin 1991 dans le bĂątiment du Reichstag Ă  Berlin, 18 mois seulement aprĂšs la chute du mur. Le choix de ce lieu Ă©tait un signe d’apprĂ©ciation envers l’Allemagne et Berlin — et envers le PrĂ©sident de la premiĂšre rĂ©union du Conseil des ministres de la CSCE, le Ministre des affaires Ă©trangĂšres Genscher, qui avait Ă©tĂ© un Ă©lĂ©ment moteur du processus de la CSCE depuis 1975. Berlin Ă©tait un choix « logique » : ayant Ă©tĂ© au centre de la confrontation Est-Ouest pendant des dĂ©cennies, elle pouvait Ă  prĂ©sent servir de fanal pour une « Europe entiĂšre et libre ». Pour le Ministre des affaires Ă©trangĂšres Genscher, ce fut un moment trĂšs Ă©mouvant lorsqu’il souhaita la bienvenue aux Ministres des affaires Ă©trangĂšres de la CSCE sur les marches du Reichstag. Dans ses mĂ©moires de 1995, Erinnerungen, il raconte qu’alors que se tenait la rĂ©union du Conseil de la CSCE, le dĂ©bat sur Bonn ou Berlin en tant que capitale d’une Allemagne rĂ©unifiĂ©e faisait rage au Bundestag et qu’il avait quittĂ© prĂ©cipitamment la rĂ©union pour se rendre au Bundestag et y plaider la cause de Berlin. Le Conseil de la CSCE a d’ailleurs Ă©tĂ© la derniĂšre grande rĂ©union Ă  se tenir dans l’ancien Reichstag avant qu’il ne soit complĂštement remis Ă  neuf et rĂ©novĂ© pour servir Ă  nouveau de Parlement allemand. — L’Ambassadeur Willhelm Höynck, premier SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la CSCE/OSCE (de juin 1993 Ă  juin 1996), Ă©voquant son Ă©troite coopĂ©ration avec l’ancien Ministre des affaires Ă©trangĂšres Hans-Dietrich Genscher Ă  la fin des annĂ©es 1980 et au dĂ©but des annĂ©es 1990

La commĂ©moration du vingtiĂšme anniversaire de la chute du mur de Berlin, plus tĂŽt dans la journĂ©e, nous a fait prendre conscience du fait que cet Ă©vĂ©nement avait suscitĂ© une multitude de changements et de processus dont nous ne sommes toujours pas en mesure, aujourd’hui, de cerner toutes les consĂ©quences. Le monde a radicalement Ă©voluĂ© et les effets de cette Ă©volution sont encore inconnus. Vivant Ă  une Ă©poque de changements, nous portons une responsabilitĂ© considĂ©rable pour notre avenir. La façon dont nous nous comportons durant cette pĂ©riode de transformation profonde sera lourde de consĂ©quences pour les gĂ©nĂ©rations Ă 

DĂ©cembre 2009

venir. Le seul moyen pour les États participants de contribuer Ă  bĂątir un avenir de paix, de stabilitĂ© et de prospĂ©ritĂ© est d’agir de concert, dans le respect du droit international et de l’égalitĂ© souveraine des États, notamment de leur intĂ©gritĂ© territoriale, de rĂ©affirmer nos valeurs et nos principes communs, de renforcer le dialogue, de rendre le multilatĂ©ralisme plus effectif et de parvenir Ă  un consensus sur les questions fondamentales qui nous concernent tous. — Extrait de l’intervention de

Miroslava Beham, Ambassadrice de Serbie auprĂšs de l’OSCE, Ă  la sĂ©ance spĂ©ciale du Conseil permanent, le 6 novembre 2009

19 juin 1991, Berlin. Le Reichstag Ă  l’ouverture de la premiĂšre rĂ©union des Ministres des affaires Ă©trangĂšres de la CSCE.

La manifestation spĂ©ciale organisĂ©e plus tĂŽt dans la journĂ©e Ă  la Hofburg pour commĂ©morer le vingtiĂšme anniversaire de la chute du mur de Berlin a mis en relief la raison d’ĂȘtre de l’OSCE. Elle nous a rappelĂ© la valeur de notre dialogue stratĂ©gique et de nos efforts visant Ă  renforcer la confiance et la coopĂ©ration dans la vaste rĂ©gion de l’OSCE — de Vancouver Ă  Vladivostok — grĂące Ă  notre agenda global en matiĂšre de sĂ©curitĂ© et Ă  notre attachement Ă  sauvegarder les droits des individus et leurs libertĂ©s fondamentales. — Extrait de l’intervention de Stefan Skjaldarson, Ambassadeur d’Islande auprĂšs de l’OSCE, au nom de des dĂ©lĂ©gations du Canada, de l’Islande, du Liechtenstein, de la NorvĂšge et de la Suisse, Ă  la sĂ©ance spĂ©ciale du Conseil permanent, le 6 novembre 2009

Franz Morgenbesser/vipinart

La rĂ©union historique de Helsinki a Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ©e d’une quantitĂ© considĂ©rable de travail. Aujourd’hui, nous avons le Processus de Corfou, dernier jalon dans la phase comparativement rĂ©cente des dĂ©libĂ©rations sur l’avenir de notre sĂ©curitĂ© commune et de notre coopĂ©ration. La chute du mur de Berlin peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme le premier jalon de ce mĂȘme processus. Et divers dĂ©veloppements au cours de ces deux derniĂšres dĂ©cennies prouvent que cette chute du mur ne marquait que le dĂ©but du dĂ©mantĂšlement, brique par brique, du mur de mĂ©fiance dans nos esprits. Il s’agit d’un exercice inĂ©vitable, laborieux et axĂ© sur des objectifs prĂ©cis qui nous occupe jour aprĂšs jour et qui est loin d’ĂȘtre terminĂ©. Nous considĂ©rons que la dĂ©cision concernant la prĂ©sidence kazakhe de l’OSCE ne reprĂ©sente certes qu’une seule brique, mais une brique trĂšs importante, retirĂ©e de ce mur. — Extrait de l’intervention de Kairat Abdrakhmanov, Ambassadeur du Kazakhstan auprĂšs de l’OSCE, Ă  la sĂ©ance spĂ©ciale du Conseil permanent, le 6 novembre 2009

dpa/picturedesk.com

Réflexions sur Berlin : un fanal pour une « Europe entiÚre et libre »

19 juin 1991, Vienne. L’ancien Premier Ministre Hans-Dietrich Genscher se fait ovationner à la Hofburg.

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VingtiĂšme anniversaire de la chute du mur de Berlin

Changer les choses de ses propres mains Les laurĂ©ats d’un concours vidĂ©o font revivre l’esprit de 1989 Tatyana Baeva

C

OSCE/Susanna Lööf

omment procĂšde-t-on pour mesurer l’impact global d’un travail trĂšs personnel qui cherche Ă  associer concept et crĂ©ativitĂ©, originalitĂ© et pertinence ? AprĂšs nous ĂȘtre enfermĂ©s dans une piĂšce et avoir commencĂ© Ă  passer en revue chacun des projets soumis dans le cadre du concours vidĂ©o de l’OSCE, nous, les six membres du jury, avons dĂ©cidĂ© de faire abstraction de nos critĂšres soigneusement Ă©tablis, de nous installer confortablement et de nous contenter de regarder, de faire confiance Ă  nos impressions et d’écouter. « Pour choisir les cinq projets gagnants, le facteur dĂ©terminant a tout simplement Ă©tĂ© le suivant : Quelles sont les vidĂ©os qui ont le mieux capturĂ© la sociĂ©tĂ© civile en action en deux ou trois minutes ? », explique Alexandros Dimitrakopoulos, Conseiller Ă  la dĂ©lĂ©gation grecque auprĂšs de l’OSCE. « En dĂ©finitive, vous le sentiez lorsque tout allait bien ensemble. » Le concours, « Taking part : Civil Society Initiatives in the OSCE Area », a Ă©tĂ© lancĂ© par la dĂ©lĂ©gation allemande auprĂšs de l’OSCE dĂ©but aoĂ»t en coopĂ©ration avec la PrĂ©sidence grecque et la Section de la presse et de l’information du SecrĂ©tariat. « Dans l’esprit de la chute du mur de Berlin, il y a 20 ans, nous avons voulu, Ă  travers l’objectif des camĂ©ras de jeunes hommes et de jeunes femmes, rendre hommage aux initiatives citoyennes qui contribuent Ă  promouvoir la stabilitĂ©, la prospĂ©ritĂ© et la dĂ©mocratie dans la rĂ©gion de l’OSCE », a dĂ©clarĂ© l’Ambassadeur Heiner Horsten, Chef de la dĂ©lĂ©gation allemande auprĂšs de l’Organisation. « AprĂšs tout, c’était des membres courageux, dĂ©terminĂ©s et responsables de la sociĂ©tĂ© civile qui ont rĂ©ussi Ă  faire tomber le mur ‘de leur propres mains’, comme l’a un jour dĂ©clarĂ© l’ancien Ministre allemand des affaires Ă©trangĂšres Hans-Dietrich Genscher ».

Les six laurĂ©ats — d’ArmĂ©nie, du Kazakhstan, du Kirghizistan, de Moldavie et de Pologne — n’en croyaient pas leurs oreilles lorsque nous les avons appelĂ©s pour leur faire savoir que leur projets avaient Ă©tĂ© retenus, qu’ils seraient invitĂ©s Ă  assister aux activitĂ©s organisĂ©es Ă  la Hofburg pour commĂ©morer l’anniversaire de la chute du mur de Berlin et qu’ils auraient l’occasion de rencontrer Hans-Dietrich Genscher. « Le souhait d’influer sur le cours des choses et d’inspirer d’autres personnes Ă  en faire autant est le fil conducteur commun Ă  tous les projets gagnants », a indiquĂ© Uwe Petry, Conseiller Ă  la dĂ©lĂ©gation allemande auprĂšs de l’OSCE. « Pour le reste, les thĂšmes abordĂ©s dans les vidĂ©os et les jeunes gens qui les ont produites sont aussi diffĂ©rents les uns des autres que les pays dont ils sont originaires. » « You Can Always Help — Just Because » est une vidĂ©o muette bien conçue montrant un randonneur ayant quittĂ© Erevan par l’autoroute de Sevan. MalgrĂ© de nombreuses tentatives infructueuses de se faire prendre en stop, il n’est pas dĂ©couragĂ©. Lorsqu’il voit une grosse pierre au beau milieu de l’autoroute, il n’hĂ©site pas Ă  la ramasser et Ă  la jeter hors du chemin. Originaire d’Erevan, Ani Harutyunyan, une mathĂ©maticienne ĂągĂ©e de 21 ans qui poursuit des Ă©tudes universitaires du troisiĂšme cycle, a produit sa vidĂ©o dans le cadre d’une sĂ©rie de quatre messages d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral pour attirer les tĂ©lĂ©spectateurs dans le monde du bĂ©nĂ©volat. « Dans le mĂȘme temps, je voulais illustrer ce qu’est rĂ©ellement un message d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral », a‑t‑elle dit. « En ArmĂ©nie, les entreprises utilisent ce type de message pour attirer l’attention mais, dans bien des cas, il n’ont pas vraiment l’intĂ©rĂȘt public Ă  cƓur. » En soumettant sa vidĂ©o intitulĂ©e « Free Sailing in the Free Internet », Ulan Shamset, un ingĂ©nieur de 25 ans devenu journaliste, espĂ©rait attirer l’attention sur son engagement personnel en faveur de la libertĂ© d’expression au Kazakhstan en tant que coordonnateur de l’initiative civique K@ZNET Freedom rĂ©cemment crĂ©Ă©e. Des scĂšnes au tempo rapide montrent des hommes, des femmes et des enfants manifestant pacifiquement Ă  travers le pays pour envoyer au Gouvernement le message qu’ « il n’y a pas de libertĂ© sans libertĂ© de l’internet » et demander instamment l’abolition des lois internet restrictives. Nos volontaires sont convaincus que la loi actuelle est inĂ©quitable et ne tient pas compte des principes de la libertĂ© et de la dĂ©mocratie », dĂ©clare Ulan. « Nous espĂ©rons que, lorsque le Kazakhstan assumera la PrĂ©sidence de l’OSCE l’annĂ©e prochaine,

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Vienne, 5 novembre 2009. L’Ambassadeur d’Allemagne Heiner Horsten (troisiĂšme Ă  partir de la droite) entourĂ© (de gauche Ă  droite) d’Ignacy KolaczyƄski (Pologne), de Kaarmanbek Kuluev (Kirghizistan), de Victoria Kriukova et d’Oxana Andriuc (Moldavie), d’Ulan Shamset (Kazakhstan) et d’Ani Harutyunyan (ArmĂ©nie).

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le Gouvernement prouvera que nous sommes effectivement une dĂ©mocratie, non seulement en paroles mais Ă©galement en actes. Nous sommes indĂ©pendants aujourd’hui et la sociĂ©tĂ© civile Ă©merge. » Ulan se rĂ©jouissait Ă  la perspective de raconter Ă  ses amis restĂ©s au pays que le dossier d’information qu’ils avaient prĂ©parĂ© spĂ©cialement pour son voyage Ă  Vienne — contenant un CD-Rom, un bateau en papier pliĂ© Ă  la main pour reprĂ©senter le thĂšme de sa vidĂ©o et un bouton « I Love K@ZNET Freedom » — avait Ă©tĂ© remis au Ministre Genscher. La promotion de la tolĂ©rance interethnique n’était qu’un des thĂšmes explorĂ©s par le plus jeune laurĂ©at, Ignaci KolaczyƄski, un lycĂ©en polonais de 18 ans qui souhaiterait devenir avocat. La vidĂ©o « Civil Society: Where does it begin ? » braque les projecteurs sur une vaste gamme d’activitĂ©s menĂ©es au niveau local dans le propre quartier d’Ignaci, notamment une action menĂ©e au nom de commerçants vietnamiens dont les Ă©choppes Ă©taient menacĂ©es de fermeture. « Je souhaitais montrer Ă  d’autres jeunes gens qu’il Ă©tait possible de vivre en harmonie avec des personnes de cultures et d’origines ethniques diffĂ©rentes et que chacun a le droit de travailler et de ne pas faire l’objet de discriminations », a-t-il dĂ©clarĂ©. Ces valeurs lui ont Ă©tĂ© inculquĂ©es trĂšs jeune par son pĂšre, qui a Ă©tĂ© Ă  trois reprises observateur militaire de l’OSCE en GĂ©orgie entre 1994 et 2002. « Seeing with Eyes Closed », la vidĂ©o d’Oxana Andriuc, 29 ans, cadre dans une agence de publicitĂ©, et de l’étudiante en journalisme Victoria Kriukova, 21 ans, toutes deux de Moldavie, a un double objectif : accroĂźtre la confiance en soi d’un groupe d’aveugles par la pratique de sports et promouvoir une tolĂ©rance accrue au sein de la sociĂ©tĂ© pour les personnes handicapĂ©es. Les scĂšnes filmĂ©es par l’équipe de production ont capturĂ© la discipline et la persĂ©vĂ©rance de plusieurs hommes aveugles s’efforçant d’amĂ©liorer leurs capacitĂ©s Ă  pratiquer un jeu de ballon dans un club de sport pour personnes handicapĂ©es situĂ© dans la ville de Bender. Dans une interview, le fondateur du club, qui est nĂ© aveugle, a dĂ©clarĂ© qu’il souhaitait aider des gens comme lui. « C’est encore plus dur pour ceux qui perdent l’usage de la vue Ă  un stade ultĂ©rieur de leur vie », explique-t-il sans s’apitoyer le moins du monde sur son propre sort. Oxana et Victoria, qui, chez elles, sont activement engagĂ©es dans des questions sociales, ont dĂ©clarĂ© qu’elles se sentaient « presque coupables » de profiter de Vienne et du tapis rouge que leurs hĂŽtes de l’OSCE dĂ©roulaient Ă  leur intention. « Savoir que, durant notre visite et les conversations que nous avons eues, nous avons rencontrĂ© beaucoup d’intĂ©rĂȘt pour le sort de la communautĂ© d’aveugles dont il est question dans la vidĂ©o, ce qui pourrait peut‑ĂȘtre aboutir Ă  l’ouverture d’autres sources de financement, fait que nous nous sentons mieux. » « Don Quichotte de Bichkek », un dĂ©fenseur des droits de l’homme qui est un visage familier de la capitale kirghize, est l’acteur principal de la vidĂ©o de Kaarmanbek Kuluev, journaliste indĂ©pendant ĂągĂ© de 24 ans. Kaarmanbek suit, l’espace d’une journĂ©e, Maksim, un manifestant engagĂ© et sans peur qui ne semble pas, Ă  premiĂšre vue, protester contre quoi que ce soit de particulier. « Certains dĂ©sapprouvent de ses activitĂ©s, le qualifiant de clown tandis que certains le comparent Ă  Don Quichotte s’attaquant aux moulins Ă  vent », explique Kaarmanbek. « Mais d’autres, dont sa mĂšre, comprennent le message qu’il veut faire passer grĂące Ă  sa mĂ©thode, qui lui fait souvent avoir des ennuis avec la loi. » Kaarmanbek, dont la couverture animĂ©e d’histoires insolites des alentours de Bichkek attire de nombreux partisans, a eu le dernier mot Ă  la cĂ©rĂ©monie de remise des prix pour le concours vidĂ©o qui s’est dĂ©roulĂ©e Ă  la Hofburg le 5 novembre. RĂ©pondant aux observations Ă©logieuses de l’Ambassadeur allemand Hornstein et de l’Ambassadrice grecque Mara Marinaki, il a dĂ©clarĂ© : « Cela m’a intĂ©ressĂ© de voir comment une grande organisation fait de la grande politique, mais le monde des jeunes et quelque peu diffĂ©rent. Nous ne portons pas de cravates, nous avons des surnoms, nous sommes sur Facebook et nous n’assistons pas souvent Ă  des confĂ©rences officielles. Mais le fait que votre Organisation s’intĂ©resse aux activitĂ©s de la sociĂ©tĂ© civile est quelque chose qui nous remplit de fiertĂ© et qui nous encourage Ă  travailler encore plus dur. » Tatyana Baeva a Ă©tĂ© recrutĂ©e par le SecrĂ©tariat de l’OSCE en qualitĂ© d’attachĂ©e de presse et d’information en octobre 2009. Auparavant, elle Ă©tait attachĂ©e de presse auprĂšs de la dĂ©lĂ©gation de la Commission europĂ©enne en Russie.

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« You Can Always Help – Just Because » Ani Harutyunyan (ArmĂ©nie)

« Free Sailing in the Free Internet » Ulan Shamset (Kazakhstan)

« Civil society: Where Does it Begin? » Ignaci KolaczyƄski

« Seeing with Eyes Closed » Oxana Andriuc et Victoria Kriukova (Moldavie)

« Don Quixote of Bishkek » Kaarmanbek Kuluev (Kirghizistan)

sur le WEB www.youtube.com/osce

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E N T R E T I E N AV E C L E F U T U R P R É S I D E N T E N E X E R C I C E

Le Kazakhstan cherche Ă  « insuffler une vie nouvelle » aux relations entre les États participants Kanat Saudabayev a Ă©tĂ© nommĂ© SecrĂ©taire d’État — Ministre des affaires Ă©trangĂšres du Kazakhstan le 4 septembre 2009. Peu aprĂšs avoir pris ses nouvelles fonctions, dans le cadre desquelles il a notamment dirigĂ© les prĂ©paratifs faits par son pays en vue de la PrĂ©sidence de l’OSCE qu’il assumera en 2010, M. Saudabayev a rĂ©pondu aux questions de grande portĂ©e que lui a posĂ©es le porteparole de l’OSCE, Martin Nesirky. Il a indiquĂ© ce que la PrĂ©sidence signifiait pour le Kazakhstan et ses citoyens et s’est dĂ©clarĂ© convaincu que ses initiatives Ă  venir en matiĂšre de sĂ©curitĂ© rĂ©gionale et internationale insuffleraient une vie nouvelle aux relations entre les États participants de l’OSCE. Martin Nesirky : le Kazakhstan sera le premier pays d’Asie centrale et le premier État de l’ex-Union soviĂ©tique Ă  prĂ©sider l’OSCE. Qu’est ce qui a incitĂ© votre pays Ă  se lancer dans cette mission difficile ? Kanat Saudabayev, Ministre des affaires Ă©trangĂšres : la PrĂ©sidence de l’OSCE reprĂ©sente une nouvelle phase logique dans le dĂ©veloppement de notre jeune État. L’OSCE et nombre de nos partenaires dans l’Organisation ont jouĂ© un rĂŽle important dans nos rĂ©alisations. Depuis 18 ans que notre pays est indĂ©pendant, nous avons rĂ©ussi Ă  instaurer une solide Ă©conomie axĂ©e sur le marchĂ©, Ă  assurer un dĂ©veloppement dĂ©mocratique et Ă  renforcer l’harmonie interethnique et interreligieuse. DĂšs le dĂ©but, le Kazakhstan a Ă©tĂ© un participant actif et a jouĂ© un rĂŽle de premier plan dans les processus visant Ă  assurer la sĂ©curitĂ© et l’intĂ©gration dans la rĂ©gion eurasienne. Pour tĂ©moigner de notre attachement Ă  la paix, nous avons renoncĂ©, peu aprĂšs notre indĂ©pendance, au quatriĂšme arsenal d’armes nuclĂ©aires de la planĂšte. L’OSCE a jouĂ© un rĂŽle clĂ© dans le maintien de l’architecture de sĂ©curitĂ© europĂ©enne et dans la dĂ©termination de la nature des relations mutuelles entre les divers pays europĂ©ens ainsi que des principes rĂ©gissant ces relations. L’Organisation a fait la preuve mainte et mainte fois de son aptitude Ă  apporter une « valeur ajoutĂ©e » dans la sphĂšre de la sĂ©curitĂ©. Je suis convaincu que la contribution potentielle du Kazakhstan Ă  la stabilitĂ© rĂ©gionale, conjointement avec les initiatives internationales en matiĂšre de sĂ©curitĂ©, insuffleront une vie nouvelle dans les relations entre les États participants de l’OSCE. Ceux qui vont assumer la PrĂ©sidence de l’OSCE hĂ©sitent Ă  trop dĂ©voiler leurs prioritĂ©s Ă  l’avance, mais pourriez-vous indiquer sur quoi vous vous proposez de concentrer votre attention et pourquoi ? Vous avez tout Ă  fait raison : nous annoncerons officiellement nos prioritĂ©s Ă  la premiĂšre sĂ©ance du Conseil permanent en janvier 2010. Jusque-lĂ , nous devons tous soutenir les efforts que dĂ©ploie la PrĂ©sidence grecque actuelle pour s’acquitter de son

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ordre du jour chargĂ©. À ce stade, je peux dire sans hĂ©sitation que nos efforts seront axĂ©s sur les questions de sĂ©curitĂ© europĂ©enne, le rĂšglement des conflits prolongĂ©s et la stabilisation de l’Afghanistan. Nous prĂȘterons Ă©galement une attention Ă©troite aux questions liĂ©es Ă  la maĂźtrise des armements et Ă  la prolifĂ©ration des matiĂšres dangereuses et des armes de destruction massive. En tant que leader reconnu dans le domaine de la non-prolifĂ©ration, le Kazakhstan entend tirer tous le parti possible des pratiques qu’il a dĂ©veloppĂ©es. Le Kazakhstan attache une grande importance Ă  la lutte contre les menaces et les dĂ©fis nouveaux de l’ùre moderne, en particulier le terrorisme international, l’extrĂ©misme religieux et les diverses formes de trafic illicite et de criminalitĂ© organisĂ©e. Comme vous le savez, les États participants ont approuvĂ©, pour la dimension Ă©conomique et environnementale en 2010, le thĂšme « Promotion de la bonne gouvernance aux points de passage des frontiĂšres, amĂ©lioration de la sĂ©curitĂ© du transport terrestre et facilitation du transport international par la route et le rail dans la rĂ©gion de l’OSCE ».

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multilatĂ©rale de la stabilitĂ© et de la sĂ©curitĂ© ainsi que le principe du consensus auquel il est recouru dans la prise des dĂ©cisions constituent des caractĂ©ristiques qui contribuent au caractĂšre original de notre organisation. Cela dit, nous ne nous sommes pas toujours montrĂ©s capables de rĂ©agir comme il convient Ă  des situations de tension et de conflit bien que l’Organisation ait Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en tant qu’instrument d’alerte rapide et de rĂšglement des crises. Je pense que ce problĂšme n’est pas imputable Ă  l’OSCE elle-mĂȘme, mais au manque de volontĂ© politique des États participants. Dans notre quĂȘte du

OSCE/Foreign Ministry of Kazakhstan

En ce qui concerne la dimension humaine, la tolĂ©rance et les questions connexes figureront parmi les principaux points de notre ordre du jour. Fort de notre propre expĂ©rience positive du maintien de la paix et de l’harmonie dans une sociĂ©tĂ© multiethnique et multiconfessionnelle ainsi que de la promotion du dialogue interreligieux international dans le cadre des congrĂšs des dirigeants de religions mondiales et traditionnelles, nous prĂ©voyons de nous intĂ©resser aux nombreux aspects de la question, y compris la paritĂ© entre les sexes et les droits de l’homme. Comment prĂ©voyez-vous d’orienter le Processus de Corfou lancĂ© sous la PrĂ©sidence grecque ? Le Processus de Corfou est la rĂ©ponse logique de la communautĂ© de l’OSCE aux Ă©vĂ©nements plutĂŽt difficiles et parfois traumatisants qui se sont produits dans l’espace de l’OSCE ces derniĂšres annĂ©es. Nous nous efforcerons d’entretenir un dialogue sur tous les aspects de la sĂ©curitĂ© paneuropĂ©enne, qui est liĂ©e aux trois dimensions et concerne gĂ©ographiquement non seulement l’espace euroatlantique mais aussi la vaste rĂ©gion eurasienne. Le Processus de Corfou est conforme Ă  cette approche. Il a pour objectif ultime de rechercher des rĂ©ponses concrĂštes Ă  des questions prĂ©cises. Il n’a fixĂ© aucune limite quant Ă  sa durĂ©e ou Ă  son contenu. Nous estimons que le Processus de Corfou devrait ĂȘtre axĂ© principalement sur les sujets qui bĂ©nĂ©ficient du plus de soutien et qui ont le plus de chances de se traduire en documents et en programmes concrets. Une sĂ©rie de rĂ©unions de travail sont en cours Ă  Vienne et si ces discussions aboutissent Ă  des rĂ©sultats, la PrĂ©sidence kazakhe s’emploiera assidĂ»ment Ă  mettre en Ɠuvre tout accord qui sera intervenu. À votre avis, en quoi l’OSCE diffĂšre-t-elle d’autres organisations ? Qu’est-ce qui caractĂ©rise, selon vous, ses principales forces et faiblesses ? La vaste couverture gĂ©ographique que sa composition confĂšre Ă  l’OSCE, sont approche

compromis, nous devrions rĂ©ellement tirer tout le parti possible de notre plateforme de dialogue sans pareille. Comment le Kazakhstan peut-il influer sur le rĂšglement des conflits prolongĂ©s ? Malheureusement, les conflits les plus prolongĂ©s dans l’espace de l’OSCE se sont dĂ©clarĂ©s sur le territoire de la CommunautĂ© d’États indĂ©pendants (CEI). Comme vous le savez le PrĂ©sident Nursultan Nazarbayev est intervenu personnellement

Le Kazakhstan abrite plus de 100 groupes ethniques.

Faites connaissance avec Bekmurzayevich Saudabayev – SecrĂ©taire d’État de mai 2007 Ă  aoĂ»t 2009 – Ambassadeur au États-Unis de dĂ©cembre 2000 Ă  mai 2007 – Chef de la Chancellerie du Premier Ministre avec rang de membre du Cabinet en 1999–2000 – Ambassadeur au Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et accrĂ©ditĂ© Ă©galement auprĂšs de la NorvĂšge et de la SuĂšde, de 1996 Ă  1999 – Ministre des affaires Ă©trangĂšres en 1994 – Ambassadeur en Turquie de 1994 Ă  1996 M. Saudabayev est titulaire d’un doctorat de philosophie de l’UniversitĂ© d’État du Kazakhstan et d’un doctorat de sciences politiques de l’UniversitĂ© de Moscou. Il est diplĂŽmĂ© de l’Institut culturel d’État de Leningrad et de l’AcadĂ©mie des sciences sociales du ComitĂ© central du Parti communiste de l’Union soviĂ©tique. Avant d’entrer dans la diplomatie, il a fait une brillante carriĂšre dans la culture et les arts, d’abord comme Directeur du ThĂ©Ăątre acadĂ©mique du Kazakhstan puis comme PrĂ©sident du ComitĂ© culturel d’État. Il parle kazakh, russe, anglais et turc.

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Russian Federation

Russian Federation

Astana

Mongolia

Kazakhstan China Aral Sea

Almaty Kyrgyzstan

Uzbekistan Turkmenistan

Tajikistan

Iran

Population : 16,4 millions d’habitants PIB par habitant : 8 350 dollars des États-Unis (2008)

Afghanistan

Pakistan

The names and boundaries on this map do not imply official endorsement or acceptance by the OSCE.

Groupes ethniques : plus de 130 PPA (paritĂ© de pouvoir d’achat) : 177 545 millions de dollars des États-Unis (2008, FMI)

en vue d’assurer un dialogue constructif entre les parties au conflit, tant au niveau bilatĂ©ral que dans le cadre de divers formats multilatĂ©raux. Historiquement, le Kazakhstan a entretenu des relations cordiales avec tous les pays de la CEI et participe Ă  des projets d’investissement importants dans la plupart d’entre eux. Nous comprenons les arguments et les problĂšmes des parties et nous sommes toujours efforcĂ©s d’en tenir compte, tout en veillant Ă  respecter les normes fondamentales du droit international. C’est lĂ  prĂ©cisĂ©ment l’approche que nous entendons adopter pendant la pĂ©riode oĂč nous serons Ă  la barre de l’OSCE. Sur le plan pratique, nous prĂ©voyons de nommer un reprĂ©sentant personnel du PrĂ©sident en exercice de l’OSCE pour les conflits, qui prĂ©sidera ou coprĂ©sidera en outre des organes de nĂ©gociation spĂ©cialisĂ©s. Nous ne voulons pas surestimer nos capacitĂ©s, mais il est certain que nous n’épargnerons aucun effort pour tenter de rĂ©aliser quelques progrĂšs dans ce domaine difficile. Nous prĂ©voyons Ă©galement de mettre l’accent sur la diplomatie prĂ©ventive. La crise d’aoĂ»t dernier nous a convaincu que c’était nĂ©cessaire. Le monde est en proie Ă  une crise financiĂšre Ă©conomique. Pensez-vous que l’OSCE a un rĂŽle Ă  jouer dans le rĂšglement de cette crise ? Bien que l’OSCE ne soit pas un organisme financier, elle devrait jouer un rĂŽle actif dans les mesures prises pour remĂ©dier aux consĂ©quences de la crise mondiale, et notamment pour faire face Ă  ses incidences nĂ©gatives sur la situation dans la rĂ©gion de l’OSCE en matiĂšre de sĂ©curitĂ©. L’Organisation devrait en particulier dĂ©terminer les principaux domaines relevant de son mandat qui sont les plus vulnĂ©rables aux Ă©volutions nĂ©gatives dans la sphĂšre de la sĂ©curitĂ©, par exemple les processus migratoires dans l’espace de l’OSCE. Dans le contexte de la crise mondiale, les migrants reprĂ©sentent le secteur Ă©conomique le plus vulnĂ©rable dans les pays d’origine comme de destination. Ils appartiennent Ă  la catĂ©gorie des personnes les plus vulnĂ©rables, avec les rĂ©fugiĂ©s et les personnes dĂ©placĂ©es. L’OSCE devrait examiner comment ses activitĂ©s peuvent aider tous les pays intĂ©ressĂ©s Ă  relever le niveau de protection sociale, Ă©conomique et juridique de ces personnes. En tant que producteur et exportateur important d’énergie, le Kazakhstan est un acteur majeur dans la l’industrie Ă©nergĂ©tique mondiale. Comment sont expĂ©rience dans ce secteur peut-elle aider l’OSCE Ă  contribuer Ă  l’accroissement de la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique ? Les États participants de l’OSCE n’ont pas de position commune sur le rĂŽle

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Magazine de l’OSCE

Map: OSCE Magazine/Nona Reuter

Caspian Sea

de l’Organisation dans la rĂ©alisation de la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique. Nous savons que les pays occidentaux sont ceux qui souhaitent le plus renforcer la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique et la sĂ©curitĂ© des approvisionnements en Ă©nergie, eu Ă©gard en particulier aux problĂšmes qui se sont posĂ©s l’hiver dernier Ă  propos des fournitures de gaz en Europe. Nous savons aussi que de nombreux États participants souhaiteraient tirer parti des possibilitĂ©s de l’OSCE pour assurer la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique en Europe. Le Kazakhstan est un pays dotĂ© d’importantes rĂ©serves d’hydrocarbure. En tant que pays enclavĂ©, nous souhaitons vivement exporter des matiĂšres premiĂšres vers autant de dĂ©bouchĂ©s Ă©trangers que possible, y compris les marchĂ©s europĂ©ens. Les rĂ©alitĂ©s actuelles montrent cependant que de nombreux exportateurs de pĂ©trole et de gaz prĂ©fĂšrent rĂ©gler les questions d’approvisionnement Ă©nergĂ©tique au niveau bilatĂ©ral — fixation des prix, mise en place des itinĂ©raires, volumes et autres facteurs — sans l’intervention de pays ou parties tiers. Ces pays estiment que l’OSCE ne possĂšde ni l’expĂ©rience ni les mĂ©canismes nĂ©cessaires pour prĂ©server et renforcer efficacement la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique. Il serait donc trĂšs fĂącheux de placer des espoirs excessifs dans ce que l’OSCE peut faire pour assurer rĂ©ellement la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique. Nous estimons cependant que l’OSCE pourrait offrir une enceinte commode pour la dĂ©monstration de la bonne volontĂ© politique voulue de la part des États participants en vue de rĂ©gler les problĂšmes de sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique. L’an prochain, dans le cadre de ses activitĂ©s liĂ©es Ă  la deuxiĂšme dimension, le Kazakhstan s’efforcera d’organiser un Ă©change de vues entre les États de l’OSCE sur cette question dans l’espoir qu’ils parviendront Ă  s’entendre. Quelles sont les approches nouvelles qui peuvent ĂȘtre adoptĂ©es pour promouvoir l’équilibre entre les sexes au sein de l’Organisation et dans l’ensemble de l’espace de l’OSCE ? Assurer l’égalitĂ© entre les hommes et les femmes fait partie intĂ©grante de notre politique, tant au sein de l’Organisation qu’au niveau des États. Cet engagement, qui est Ă©noncĂ© dans la Charte pour la sĂ©curitĂ© europĂ©enne de 1999, est primordial pour renforcer la paix, la prospĂ©ritĂ© et la dĂ©mocratie dans la rĂ©gion de l’OSCE. Au Kazakhstan, les femmes reprĂ©sentent 58% de l’ensemble des fonctionnaires et environ 40% des chefs d’entreprises. Afin de crĂ©er une sociĂ©tĂ© compĂ©titive, nous poursuivrons les efforts que nous dĂ©ployons pour veiller Ă  ce que le principe de l’égalitĂ© entre les sexes reste profondĂ©ment ancrĂ© dans notre pays. Bien entendu, nous ferons tous ce qui est en notre pouvoir pour promouvoir la politique d’équilibre entre les sexes au sein de l’OSCE. RĂ©cemment, nous avons proposĂ© aux États participants les thĂšmes des manifestations qui seront

DĂ©cembre 2009


consacrĂ©es Ă  la dimension humaine en 2010. En tĂȘte de notre liste figure une rĂ©union supplĂ©mentaire sur la promotion de l’équilibre entre les sexes et la participation des femmes Ă  la vie politique et publique, qui est prĂ©vue le 8 mars, JournĂ©e internationale de la femme. Le Kazakhstan a dit qu’il fera une large place aux partenaires asiatiques de l’OSCE pour la coopĂ©ration. Comment envisagez-vous l’évolution des relations extĂ©rieurs de l’OSCE en 2010 ? Le Kazakhstan est Ă  la croisĂ©e des civilisations europĂ©ennes et asiatiques. Nous lions notre avenir Ă  celui tant de l’Est que de l’Ouest. Dans le monde moderne, le systĂšme de sĂ©curitĂ© et de coopĂ©ration ne doit pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme spĂ©cifiquement « europĂ©en » ou « asiatique ». L’Europe et l’Asie sont Ă©troitement liĂ©es l’une Ă  l’autre gĂ©ographiquement, politiquement et Ă©conomiquement. Ces liens sont particuliĂšrement manifestes en Asie centrale. Le mĂ©canisme de l’OSCE pour le dialogue avec ses partenaires asiatiques est irremplaçable. Il est important pour nous d’intensifier notre interaction en poursuivant nos manifestations communes traditionnelles et en identifiant des domaines supplĂ©mentaires de coopĂ©ration pour renforcer la sĂ©curitĂ© mutuelle. Nous nous fĂ©licitions vivement de la perspective de continuer Ă  aider l’Afghanistan Ă  reconstruire son Ă©conomie, en Ă©troite coopĂ©ration avec les autoritĂ©s locales et les autres membres de la communautĂ© internationale, y compris l’OSCE, l’Organisation du TraitĂ© de sĂ©curitĂ© collective, l’Organisation de coopĂ©ration de Shanghai et l’Organisation de coopĂ©ration Ă©conomique. Nous espĂ©rons intensifier le dialogue entre l’OSCE et l’Organisation de la ConfĂ©rence islamique et la Ligue des États arabes. AprĂšs tout, le Kazakhstan a aidĂ© Ă  lancer la crĂ©ation de la ConfĂ©rence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA), qui est une sorte d’OSCE asiatique. En 2010, lors du troisiĂšme Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la CICA, nous prĂ©voyons d’organiser une rĂ©union supplĂ©mentaire Ă  l’intention des partenaires asiatiques de l’OSCE, vu qu’ils sont tous membres de la CICA, Ă  l’exception du Japon, qui a le statut d’observateur. Le Kazakhstan sera aussi le premier pays dotĂ© d’une mission de terrain Ă  dĂ©tenir la PrĂ©sidence. Quel rĂŽle le Centre de l’OSCE Ă  Astana joue-t-il dans les aspirations du Kazakhstan Ă  la rĂ©forme ? Les travaux du Centre de l’OSCE Ă  Astana aideront beaucoup la PrĂ©sidence du Kazakhstan. Le Centre entretient de bonnes relations avec les organismes gouvernementaux et les institutions de la sociĂ©tĂ© civile et exĂ©cute des projets prĂ©cis. Nous soutenons les efforts dĂ©ployĂ©s par le Centre de l’OSCE pour promouvoir le renforcement de la confiance et de la sĂ©curitĂ© dans la rĂ©gion, amĂ©liorer la sĂ©curitĂ© et la gestion des frontiĂšres,

DĂ©cembre 2009

gĂ©rer les ressources en eaux transfrontiĂšres, aider le Gouvernement Ă  amĂ©liorer les mĂ©canismes lĂ©gislatifs et institutionnels aux fins du dĂ©veloppement de la sociĂ©tĂ© civile, lutter contre le blanchiment d’argent et combattre la corruption. Je pense que les activitĂ©s du Centre devraient ĂȘtre dictĂ©es par les besoins de la sociĂ©tĂ© et promouvoir en outre une coopĂ©ration rĂ©gionale Ă©troite. Je pourrais peut-ĂȘtre ajouter que nous sommes nous-mĂȘme confrontĂ©s Ă  divers dĂ©fis et que nous favorisons des rĂ©formes libĂ©rales. Nous sommes rĂ©solus Ă  poursuivre dans une voie qui mĂšnera Ă  une sociĂ©tĂ© civile plus dĂ©veloppĂ©e et plus engagĂ©e politiquement et Ă  une culture politique parvenue Ă  maturitĂ©. Comment le Kazakhstan se prĂ©pare-t-il Ă  la PrĂ©sidence ? Le Kazakhstan s’est prĂ©parĂ© activement Ă  la PrĂ©sidence d’une maniĂšre responsable. Une commission Ă©tatique sur les questions liĂ©es Ă  la PrĂ©sidence a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e par dĂ©cret prĂ©sidentiel et fonctionne dĂ©jĂ . Une Ă©quipe spĂ©ciale sur la PrĂ©sidence travaille trĂšs activement Ă  Astana. À Vienne, les activitĂ©s de la PrĂ©sidence seront coordonnĂ©es par la Mission permanente du Kazakhstan auprĂšs de l’OSCE. Ces deux derniĂšres annĂ©es, des cours, des sĂ©minaires et des sessions de formation ont Ă©tĂ© organisĂ©s au SecrĂ©tariat et dans les institutions de l’OSCE Ă  Vienne, Varsovie et La Haye, au Centre de recherche sur l’OSCE de Hambourg et dans diffĂ©rentes capitales europĂ©ennes. Nous sommes reconnaissants au SecrĂ©tariat et aux États participants de l’appui qu’ils nous ont apportĂ© pour nous prĂ©parer Ă  assumer cette importante responsabilitĂ©. Quelle est l’image de l’OSCE dans le public au Kazakhstan ? Au Kazakhstan, les gens perçoivent l’OSCE comme une organisation internationale hautement respectĂ©e. L’intĂ©rĂȘt s’est accru considĂ©rablement depuis que notre pays a Ă©tĂ© choisi pour assumer la PrĂ©sidence. Nos citoyens Ă©tudient avec enthousiasme divers aspects de l’action de l’OSCE et discutent activement des problĂšmes auxquels l’Organisation fait face actuellement. Il n’est pas exagĂ©rĂ© de dire que l’occasion qui est offerte au Kazakhstan de diriger cet organisme influent suscite parmi ses citoyens de la fiertĂ© et le sentiment de participer aux processus qui se dĂ©roulent dans la rĂ©gion euroatlantique. Comme l’a notĂ© le PrĂ©sident Nazarbayev, la future PrĂ©sidence est considĂ©rĂ©e comme un projet national stratĂ©gique.

sur le Web www.mfa.kz www.osce2010.kz (sera présenté officiellement le 7 décembre)

www.osce.org/cio

Magazine de l’OSCE

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Successions Ă  la barre

La PrĂ©sidence de la CSCE/OSCE au fil des annĂ©es e principe de l’OSCE consistant Ă  changer de PrĂ©sidence est l’expression du droit de tous les États de jouer un rĂŽle Ă©gal dans l’Organisation. « L’idĂ©e de changer rĂ©guliĂšrement de PrĂ©sidence remonte Ă  l’époque d’avant l’OSCE oĂč celle-ci Ă©tait encore une ‘ConfĂ©rence itinĂ©rante’ », dit Thomas Fischer, un spĂ©cialiste de l’histoire de l’Organisation. « De fait, le rĂšglement intĂ©rieur dĂ©battu en Finlande en prĂ©vision de la ConfĂ©rence sur la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe (CSCE) rĂ©unie de 1973 Ă  1975 prĂ©voyait une rotation quotidienne — voire biquotidienne dans certains cas — dans la prĂ©sidence des sĂ©ances. » Le rĂŽle directeur que joue actuellement la PrĂ©sidence s’est matĂ©rialisĂ© au Sommet de Paris de novembre 1990, au cours duquel la CSCE a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme le principal garant de la sĂ©curitĂ© dans une nouvelle Europe sans clivages. À ce Sommet a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e la Charte de Paris pour une nouvelle Europe, qui a annoncĂ© le lancement de la transformation de la ConfĂ©rence pour en faire l’organisation que nous connaissons aujourd’hui en la dotant d’un SecrĂ©tariat et d’autres structures permanentes ainsi que d’autres moyens opĂ©rationnels. « La PrĂ©sidence tournante et les rĂ©unions ordinaires de la CommunautĂ© europĂ©enne ont servi de modĂšle pour la PrĂ©sidence de la CSCE/l’OSCE et ses rĂ©unions ministĂ©rielles, encore que, dans le cas de l’OSCE, les prĂ©sidences ne soient pas rĂ©ellement ‘tournantes’ », dĂ©clare Wilhelm Höynck, Ambassadeur extraordinaire de la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale d’Allemagne au dĂ©but des annĂ©es 1990, qui a Ă©tĂ© ultĂ©rieurement, de juin 1993 Ă  juin 1996, le premier SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la CSCE/l’OSCE. La nĂ©cessitĂ© d’apporter une rĂ©ponse opĂ©rationnelle aux conflits en Yougoslavie a donnĂ© un caractĂšre d’urgence aux dĂ©bats qui ont eu lieu lors de la premiĂšre RĂ©union du Conseil de la CSCE Ă  Berlin en 1991 et de sa deuxiĂšme RĂ©union Ă  Prague en 1992, » ajoute-t-il. « Ces deux rĂ©unions ont abouti

10 septembre 1991, Dom Soyuzov, Moscou, troisiĂšme RĂ©union de la ConfĂ©rence de la CSCE sur la dimension humaine (10 septembre – 15 octobre 1992). Le Ministre allemand des affaires Ă©trangĂšres, Hans Dietrich Genscher, dĂ©fendait vigoureusement le principe selon lequel les engagements dans le domaine de la dimension humaine Ă©taient « des questions qui intĂ©ressaient directement et lĂ©gitimement tous les États participants ». Le « MĂ©canisme de Moscou » qui en est rĂ©sultĂ© offrait la possibilitĂ© d’envoyer des experts pour aider des États participants Ă  rĂ©gler un problĂšme liĂ© Ă  la dimension humaine.

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Magazine de l’OSCE

Ă  une dĂ©finition formelle du rĂŽle du PrĂ©sident en exercice lors du troisiĂšme Sommet, tenu Ă  Helsinki en juillet 1992. » Les possibilitĂ©s et les limitations de la PrĂ©sidence ont Ă©tĂ© dĂ©finies par des dĂ©cisions prises lors des rĂ©unions suivantes : Au Sommet de Helsinki de 1992, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© que le PrĂ©sident en exercice sera responsable « de la coordination et des consultations en ce qui concerne les affaires courantes de la CSCE », et qu’il serait priĂ© « de communiquer les dĂ©cisions
 aux institutions de la CSCE et de leur donner, s’il y a lieu, des avis sur ces dĂ©cisions ». Le PrĂ©sident en exercice pourrait ĂȘtre assistĂ© par « son prĂ©dĂ©cesseur et son successeur formant avec lui une TroĂŻka ; des groupes ad hoc d’orientation ; des reprĂ©sentants personnels, en tant que besoin ». Le Sommet de Budapest de 1994 a dĂ©cidĂ© que « la responsabilitĂ© gĂ©nĂ©rale de l’exĂ©cution restera confiĂ©e au PrĂ©sident en exercice » et que « la durĂ©e [de son] mandat sera en rĂšgle gĂ©nĂ©rale d’une annĂ©e civile ». La RĂ©union du Conseil ministĂ©riel de l’OSCE tenue Ă  Porto (Portugal) en 2002 s’est efforcĂ©e de rationaliser les mĂ©thodes de travail de la PrĂ©sidence en adoptant une dĂ©cision (voir page
) aux termes de laquelle la PrĂ©sidence en exercice de l’OSCE serait dĂ©signĂ©e pour ce faire « en vertu d’une dĂ©cision de la RĂ©union au Sommet ou du Conseil ministĂ©riel, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale deux ans avant le dĂ©but du mandat de la PrĂ©sidence ». En outre, les fonctions de la PrĂ©sidence seront « exercĂ©es par le Ministre des affaires Ă©trangĂšres de l’État participant ainsi dĂ©signé  avec le concours des membres de son personnel et du PrĂ©sident du Conseil permanent ». On trouvera dans les pages qui suivent une galerie de photos des Ministres des affaires Ă©trangĂšres qui ont assumĂ© les 18 prĂ©sidences jusqu’ici, en commençant par l’ancien Ministre allemand des affaires Ă©trangĂšres, Hans Dietrich Genscher.

PremiĂšre PrĂ©sidence : Allemagne, juin – dĂ©cembre 1991

Bundesregierung

L

Hans Dietrich Genscher, PrĂ©sident en exercice de la CSCE, Ministre des affaires Ă©trangĂšres et ViceChancelier de la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale d’Allemagne (1974–1992). PrĂ©sident honoraire du Parti libĂ©ral-dĂ©mocrate (FDP) allemand depuis 1992. AssociĂ©-gĂ©rant de Hans Dietrich Genscher Consult GmbH depuis 2000.

DĂ©cembre 2009


Jarl Hjalmarson Foundation

Czech foreign Ministry

SenĂĄt PCR

1992 : Tchécoslovaquie

1993 : SuĂšde

Jiƙí Dienstbier, PrĂ©sident en exercice de la CSCE (1er janvier – 2 juillet 1992). Ministre des affaires Ă©trangĂšres et Vice-Premier Ministre de la TchĂ©coslovaquie (19989–1992). Rapporteur spĂ©cial de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Bosnie-HerzĂ©govine, en RĂ©publique de Croatie et en RĂ©publique fĂ©dĂ©rale de Yougoslavie (1998– 2001). Membre du SĂ©nat tchĂšque depuis 2008.

Josef Moravčík, PrĂ©sident en exercice de la CSCE (3 juillet – 31 dĂ©cembre 1992). Dernier Ministre des affaires Ă©trangĂšres de la TchĂ©coslovaquie (juillet – dĂ©cembre 1992). Ministre des affaires Ă©trangĂšres de la RĂ©publique slovaque nouvellement formĂ©e (mars 1993 – mars 1994). Premier Ministre de la Slovaquie (mars – dĂ©cembre 1994). Maire de Bratislava (1998–2002).

Margaretha af Ugglas, PrĂ©sidente en exercice de la CSCE. DeuxiĂšme femme Ministre des affaires Ă©trangĂšres de la SuĂšde (1991–1994). Membre du Parlement europĂ©en (1995). PrĂ©sidente du Conseil d’administration de la Fondation Jarl Hjalmarson depuis 2002

www.bologna.chiesacattolica.iT

Italian Defence Ministry - Press Service

European Commission

1992 : Tchécoslovaquie

1994 : Italie

1995 : Hongrie

Beniamino Andreatta, PrĂ©sident en exercice de la CSCE (1er janvier – 11 mai 1994). Ministre des affaires Ă©trangĂšres (1993–1994). Ministre de la dĂ©fense (1996–1998). DĂ©cĂ©dĂ© le 26 mars 2007.

Antonio Martino, PrĂ©sident en exercice de la CSCE (12 mai – 31 dĂ©cembre 1994). Ministre des affaires Ă©trangĂšres (mai – dĂ©cembre 1994). Ministre de la dĂ©fense (2001–2006). Ancien professeur Ă  l’UniversitĂ© LUISS Ă  Rome. Membre du ComitĂ© de la dĂ©fense du Parlement.

LĂĄszlĂł KovĂĄcs, PrĂ©sident en exercice de l’OSCE, Ministre des affaires Ă©trangĂšres (1994–1998 et 2002–2004). Membre du Conseil des sages du Conseil de l’Europe (1997–1999). Vice-PrĂ©sident de l’Internationale socialiste (2003–2008). Commissaire europĂ©en Ă  la fiscalitĂ© et Ă  l’union douaniĂšre depuis 2004.

KEYSTONE

Centre of Public Diplomacy Danish MFA

European Parliament

1994 : Italie

1996 : Suisse

1997 : Danemark

1998 : Pologne

Flavio Cotti, PrĂ©sident en exercice de l’OSCE. Chef du DĂ©partement fĂ©dĂ©ral suisse des affaires Ă©trangĂšres (1994–1999). PrĂ©sident de la ConfĂ©dĂ©ration suisse (1991 et 1998).

Niels Helveg Petersen, PrĂ©sident en exercice de l’OSCE. Ministre des affaires Ă©trangĂšres (1993–2000). Membre du Parlement danois (membre du PrĂ©sidium, 2005–2007).

Bronislaw Geremek, PrĂ©sident en exercice de l’OSCE. Ministre des affaires Ă©trangĂšres (1997–2000). Professeur titulaire de la Chaire de civilisation europĂ©enne au CollĂšge de l’Europe – Natolin (2002–2008). Membre du Parlement europĂ©en (2004–2008). PrĂ©sident de la Fondation Jean Monnet pour l’Europe (2006–2008). DĂ©cĂ©dĂ© le 13 juillet 2008.

December 2009

OSCE Magazine

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European Commission

ÖVP-Bundespartei

OSCE/Susanna Lööf

2000 : Autriche

Wolfgang SchĂŒssel, PrĂ©sident en exercice de l’OSCE (1er janvier – 4 fĂ©vrier 2000). Ministre des affaires Ă©trangĂšres (1995– fĂ©vrier 2000). Chancelier autrichien (2000–2007). Membre du Parlement autrichien.

Benita Ferrero-Waldner, PrĂ©sidente en exercice de l’OSCE (5 fĂ©vrier – 31 dĂ©cembre 2001). Ministre des affaires Ă©trangĂšres (fĂ©vrier 2000 – 2004). Commissaire europĂ©enne aux relations extĂ©rieures et Ă  la politique europĂ©enne de voisinage (2004–2009).

baragan

OSCE/Portugese Foreign Ministry

2000 : Autriche

Knut VollebĂŠk, PrĂ©sident en exercice de l’OSCE. Ministre des affaires Ă©trangĂšres (1997–2000). PrĂ©sident du Groupe de personnes Ă©minentes sur le renforcement de l’efficacitĂ© de l’OSCE (2005). Ambassadeur aux États-Unis (2001– 2007). Haut Commissaire de l’OSCE pour les minoritĂ©s nationales depuis 2007.

OSCE/Alex Nitzsche

1999 : NorvĂšge

2002 : Portugal

2002 : Portugal

Mircea Dan Geoana, PrĂ©sident en exercice de l’OSCE. Ministre des affaires Ă©trangĂšres (2000– 2004). Membre du SĂ©nat roumain depuis 2004. PrĂ©sident du SĂ©nat depuis 2008.

Jaime Gama, PrĂ©sident en exercice de l’OSCE (1er janvier – 6 avril 2002). Ministre des affaires Ă©trangĂšres (1983–1985 et 1995–2002). PrĂ©sident du Portugal depuis 2005.

Antonio Martins da Cruz, PrĂ©sident en exercice de l’OSCE (7 avril – 31 dĂ©cembre 2002). Ministre des affaires Ă©trangĂšres (2002–2003).

OSCE/Mikhail Evstafiev

OSCE

Belga-Benoit Doppagne

2001 : Roumanie

2003 : Pays-Bas

2003 : Pays-Bas

2004 : Bulgarie

Jaap de Hoop Scheffer, PrĂ©sident en exercice de l’OSCE (1er janvier – 3 dĂ©cembre 2003). Ministre des affaires Ă©trangĂšres (2002 – 2003). SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’OTAN (2004–2009). Chaire de la paix, du droit et de la sĂ©curitĂ© Ă  l’UniversitĂ© de Leyde depuis septembre 2009.

Bernard Rudolf Bot, PrĂ©sident en exercice de l’OSCE (4–31 dĂ©cembre 2003). Ministre des affaires Ă©trangĂšres (2003–2007). PrĂ©sident du Conseil d’administration de l’Institut nĂ©erlandais pour la dĂ©mocratie multipartite ; et PrĂ©sident du Conseil des gouverneurs de l’Institut nĂ©erlandais de relations internationales Clingendael.

Solomon Passy, PrĂ©sident en exercice de l’OSCE. Ministre des affaires Ă©trangĂšres (2001– 2005). PrĂ©sident du ComitĂ© parlementaire des affaires Ă©trangĂšres (2005–2009). PrĂ©sident fondateur et PrĂ©sident honoraire du Club atlantique de Bulgarie.

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OSCE Magazine

December 2009


OSCE/Mikhail Evstafiev

European Commission

BOBO

2006 : Belgique

2007 : Espagne

Dimitrij Rupel, PrĂ©sident en exercice de l’OSCE. NommĂ© Ă  nouveau Ministre des affaires Ă©trangĂšres (novembre 2004 – novembre 2008). EnvoyĂ© spĂ©cial du Premier Ministre pour les affaires Ă©trangĂšres (novembre 2008 – fĂ©vrier 2009).

Karel De Gucht, PrĂ©sident en exercice de l’OSCE. Ministre des affaires Ă©trangĂšres (2004–2009). Commissaire europĂ©en au dĂ©veloppement et Ă  l’aide humanitaire depuis 2009.

Miguel Ángel Moratinos, PrĂ©sident en exercice de l’OSCE. Ministre des affaires Ă©trangĂšres depuis 2004.

LEHTIKUVA/Pekka Sakki

OSCE/Mikhail Evstafiev

2005 : Slovénie

2008 : Finlande

Ilkka Kanerva, PrĂ©sident en exercice de l’OSCE (1er janvier – 4 avril 2008). Ministre des affaires Ă©trangĂšres (2007–2008). Membre du Parlement finlandais depuis 1975.

Alexander Stubb, PrĂ©sident en exercice de l’OSCE (5 avril – 31 dĂ©cembre 2008). Ministre des affaires Ă©trangĂšres depuis 2008.

personal

AFP PHOTO/Carl Court

2008 : Finlande

2009 : GrĂšce

2009 : GrĂšce

Dora Bakoyannis, PrĂ©sidente en exercice de l’OSCE (janvier – 5 octobre 2009). Ministre des affaires Ă©trangĂšres (2006 – 5 octobre 2009).

George Papandreou, Président en exercice (depuis le 6 octobre 2009). Premier ministre et Ministre des affaires étrangÚres de la GrÚce depuis le 6 octobre 2009.

December 2009

RĂŽle de la PrĂ©sidence de l’OSCE La PrĂ©sidence assure la direction politique de l’OSCE ; supervise les activitĂ©s de l’Organisation dans les domaines de la prĂ©vention des conflits, de la gestion des crises et du relĂšvement aprĂšs un conflit ; reprĂ©sente l’OSCE ; et coordonne et guide les institutions de l’OSCE. RĂ©uni Ă  Porto (Portugal) les 6 et 7 dĂ©cembre 2002, le Conseil ministĂ©riel de l’OSCE a adoptĂ© des lignes directrices plus dĂ©taillĂ©es que jamais pour les activitĂ©s de la PrĂ©sidence en exercice. La DĂ©cision No 8 des Ministre des affaires Ă©trangĂšres visait Ă  rendre les mĂ©thodes de travail de la PrĂ©sidence en exercice « conformes aux nouvelles pratiques et Ă  l’expĂ©rience acquise au cours de la derniĂšre dĂ©cennie » et Ă  « garantr que ses actions ne soient pas incompatibles avec les positions convenues par tous les États participants et qu’il soit tenu compte de toute la gamme des opinions des États participants ». En bref, la PrĂ©sidence : ‱ Assure la prĂ©sidence des rĂ©unions au Sommet, des rĂ©unions du Conseil ministĂ©riel, du Conseil permanent et de leurs organes subsidiaires, les coordonne et leur rend compte de ses activitĂ©s ; ‱ Coordonne le processus dĂ©cisionnel pour les affaires courantes de l’OSCE et fixe les prioritĂ©s pour les activitĂ©s de cette derniĂšre pendant l’annĂ©e oĂč elle exerce cette fonction, avec le concours des structures exĂ©cutives de l’Organisation ; ‱ PrĂ©sente au Conseil permanent, pour examen, des projets, rapports et aperçus gĂ©nĂ©raux ; ‱ PrĂ©sente au Conseil permanent des recommandations sur des questions dĂ©terminĂ©es ; ‱ Communique les opinions et dĂ©cisions des RĂ©unions au Sommet, du Conseil ministĂ©riel et du Conseil permanent au SecrĂ©tariat, aux institutions et aux opĂ©rations de terrain en leur fournissant des avis et des conseils sur leurs activitĂ©s ; ‱ Assume ses responsabilitĂ©s concernant les nominations et les affectations ; ‱ Est chargĂ©e de la reprĂ©sentation extĂ©rieure de l’OSCE, en consultation avec les États participants et avec le concours du SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral ; et ‱ DĂ©signe des reprĂ©sentants personnel pour traiter d’une crise ou d’un conflit ou pour mieux coordonner les efforts des États participants dans le traitement d’une question particuliĂšre. L’annĂ©e se termine par une rĂ©union du Conseil ministĂ©riel, le principal organe de dĂ©cision de l’OSCE, les annĂ©es oĂč il n’y a pas de rĂ©union au sommet. Le dernier Sommet a eu lieu en novembre 1999 Ă  Istanbul. Ces pages ont Ă©tĂ© prĂ©parĂ©es avec le concours d’Ursula Froese, de la Section de la presse et de l’information.

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Accéder au centre


Vienne, le 10 juin 2009. Jeunes diplomates de Lituanie et du Kazakhstan avec l’équipe de CORE.

DIANA DIGOL

Hambourg, Allemagne. Ici au centre de recherche sur l’OSCE (CORE), nous sommes fiers que notre centre ne soit pas une institution universitaire classique, comme toutes les autres. Nous combinons la recherche avec le renforcement des capacitĂ©s, la publication et l’enseignement, principalement sur demande. Nous sommes le seul organe de rĂ©flexion dans le monde qui se consacre spĂ©cifiquement Ă  la recherche sur l’OSCE. Nous entretenons une relation productive avec l’Organisation, et coopĂ©rons souvent avec elle sur des projets spĂ©ciaux. Mais nous sommes indĂ©pendants et ne mĂ©nageons pas nos critiques franches et constructives. Compte tenu du relativement jeune Ăąge de notre institution — elle n’a mĂȘme pas dix ans — je crois que nous avons eu notre juste part de projets intĂ©ressants qui ont permis d’apporter des changements en Asie centrale et au-delĂ . Par exemple, CORE a aidĂ© Ă  mettre au point le concept de

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l’AcadĂ©mie de l’OSCE Ă  Bichkek et a jouĂ© un rĂŽle important pour son dĂ©marrage. NĂ©anmoins, il est bon de rappeler que les possibilitĂ©s inexploitĂ©es sont encore trĂšs nombreuses, c’est ainsi qu’au dĂ©but 2007, le Kazakhstan s’est adressĂ© Ă  CORE pour l’aider Ă  renforcer les connaissances et les compĂ©tences de ses diplomates en rapport avec l’aspiration du pays Ă  se trouver Ă  la tĂȘte de l’OSCE. C’était pour CORE une chance unique de contribuer Ă  la capacitĂ© de ce qui Ă©tait susceptible de devenir le premier pays de la CommunautĂ© des États indĂ©pendants et d’Asie centrale Ă  prĂ©sider la plus importante organisation de sĂ©curitĂ© rĂ©gionale au monde. Les collaborateurs de CORE ont immĂ©diatement mis en pratique leur expertise collective de l’OSCE en concevant des modules adaptĂ©s aux besoins des responsables des ministĂšres du Kazakhstan. En automne 2007, cinq jeunes diplomates d’Astana sont arrivĂ©s Ă  notre siĂšge Ă  Hambourg et se sont immergĂ©s avec enthousiasme dans un programme intensif de quatre semaines.

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core

Une Ă©cole pour les prĂ©sidences de l’OSCE


Du 10 septembre au 6 octobre, du lundi au samedi, le groupe a assistĂ© Ă  des confĂ©rences organisĂ©es par 25 experts de CORE, du secrĂ©tariat de l’OSCE, du Haut commissaire pour les minoritĂ©s nationales (HCNM) et du Bureau des institutions dĂ©mocratiques et des droits de l’homme (BIDDH). Pour complĂ©ter cette connaissance thĂ©orique, CORE a organisĂ© des exposĂ©s et des discussions pour les Kazakhs Ă  Vienne, au BIDDH Ă  Varsovie et au Bureau fĂ©dĂ©ral des Affaires Ă©trangĂšres d’Allemagne Ă  Berlin. Peu de temps aprĂšs la formation, Ă  la fin de novembre 2007, la dĂ©cision attendue par le Kazakhstan s’est rĂ©alisĂ©e. Les États participants ont convenu, lors de leur rĂ©union du Conseil ministĂ©riel Ă  Madrid, que le pays d’Asie centrale prendrait la prĂ©sidence en 2010 succĂ©dant Ă  la GrĂšce et prĂ©cĂ©dant la Lituanie. Le programme de formation est maintenant plus pertinent que jamais. AprĂšs l’évaluation positive du programme pilote, il a Ă©tĂ© demandĂ© Ă  CORE de dispenser des cours similaires pour un second groupe de diplomates kazakhs — cinq hommes et cinq femmes — du 1er au 29 juin 2008. Se prĂ©parant Ă  la prĂ©sidence en 2011, le MinistĂšre lituanien des affaires Ă©trangĂšres a Ă©galement constatĂ© les bienfaits qu’il Ă©tait possible de recueillir de ces cours. Cette annĂ©e, j’étais chargĂ© d’organiser et de coordonner un troisiĂšme cours de formation qui prĂ©sente un ensemble diffĂ©rent de dĂ©fis. Pour la premiĂšre fois, c’était un groupe mixte de 12 diplomates de Lituanie et six diplomates du Kazakhstan. En outre, il nous a Ă©tĂ© demandĂ© de transfĂ©rer la formation Ă  Vienne et de la limiter Ă  deux semaines, du 1er au 14 juin, les participants ne pouvant s’absenter un mois entier de leur travail. Ma principale prĂ©occupation consistait Ă  maintenir le niveau de formation Ă©levĂ© fixĂ© par mes collĂšgues tout en l’adaptant aux nouvelles circonstances. Nous avons dĂ©cidĂ© que, pour tirer le meilleur parti du temps qui nous Ă©tait allouĂ©, nous rĂ©partirions les 18 participants en trois groupes durant la premiĂšre semaine. Chaque groupe se concentrerait sur l’une des trois questions : la dimension humaine, la prĂ©vention des conflits et les opĂ©rations de terrain et le Haut commissaire pour les minoritĂ©s nationales, ainsi que les menaces et les dĂ©fis Ă  la sĂ©curitĂ©, notamment les questions Ă©conomiques et environnementales. Durant la deuxiĂšme et derniĂšre semaine, les participants se sont retrouvĂ©s pour des sĂ©ances consacrĂ©es notamment aux questions relatives Ă  la prĂ©sidence, aux procĂ©dures spĂ©ciales, au rĂŽle et aux responsabilitĂ©s de la PrĂ©sidence en exercice. « Le programme intensif et bien structurĂ© nous a permis non seulement de voir de prĂšs comment l’Organisation travaille dans la pratique mais aussi d’accĂ©der au centre des engagements et des responsabilitĂ©s communs pris par les États

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participants », a dĂ©clarĂ© Timur Sultangozhin, premier secrĂ©taire de l’Ambassade du Kazakhstan Ă  Varsovie. « Cette formation est particuliĂšrement utile pour ceux d’entre nous qui serons appelĂ©s Ă  servir d’agents de liaison dans les institutions de l’OSCE et les grandes capitales dans l’espace de l’OSCE ». M. Timur Sultangozhin a lui-mĂȘme pris rĂ©cemment ses fonctions au BIDDH. Usen Suleimenov, ReprĂ©sentant permanent adjoint du Kazakhstan auprĂšs de l’OSCE, a dĂ©clarĂ© « outre les aspects thĂ©oriques de la formation, ce que j’ai trouvĂ© de plus utile, ce sont les Ă©tudes de cas pratiques, notamment notre simulation des situations de prise de dĂ©cision. J’espĂšre que les futures prĂ©sidences poursuivront l’initiative kazakhe et tireront parti de la formation offerte par CORE. » « Il est clair, vu la quantitĂ© des sujets couverts durant ces deux semaines, que des oublis sont inĂ©vitables, » a dĂ©clarĂ© Dainius Baublys, chef de la division 24 juin 2008, Vienne. Le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’OSCE Marc Perrin de Brichambaut et Frank Evers, chef adjoint de CORE (au centre) avec de jeunes diplomates du MinistĂšre kazakhe des affaires Ă©trangĂšres qui ont participĂ© au deuxiĂšme cours de formation en rapport avec la prĂ©sidence organisĂ© par CORE.

CORE et le KAZAKHSTAN Le centre de recherche sur l’OSCE (CORE), un centre de rĂ©flexion indĂ©pendant au sein de l’Institut de recherche sur la paix et la sĂ©curitĂ© de l’UniversitĂ© de Hambourg (IFSH) a Ă©tĂ© fondĂ© en 2000 Ă  l’initiative du Directeur de l’IFSH, Dieter S. Lutz, qui fait autoritĂ© dans le domaine de la recherche sur la paix en Allemagne. AprĂšs la mort du professeur Lutz en 2003, Wolfgang Zellner, cofondateur de CORE, s’est attachĂ© Ă  promouvoir la vision du centre de recherche. CORE a accueilli un grand nombre de stagiaires et Ă©tudiants du Kazakhstan et a menĂ© plusieurs activitĂ©s en commun avec les principaux instituts universitaires et de recherche du pays. En 2007, en coopĂ©ration avec le Centre de l’OSCE Ă  Almaty, CORE a organisĂ© des sĂ©minaires sur une journĂ©e dans les cinq universitĂ©s kazakhes Ă  Almaty, Astana et Karaganda. Cette annĂ©e, du 23 au 28 novembre, CORE et la communautĂ© universitaire du Kazakhstan ont organisĂ© un atelier d’une semaine Ă  Almaty sur les mĂ©canismes de l’OSCE dans le domaine de la prĂ©vention des conflits, financĂ©s par l’Office allemand d’échanges universitaires (DAAD). Seize collaborateurs de CORE viennent d’Allemagne, du Kazakhstan, de Moldavie, de la FĂ©dĂ©ration de Russie, du Royaume-Uni et des ÉtatsUnis. Plus de la moitiĂ© d’entre eux travaillent Ă  des projets financĂ©s par des Ă©tablissements de recherche, des organisations internationales, le Bureau fĂ©dĂ©ral des affaires Ă©trangĂšres d’Allemagne et un grand nombre de partenaires. www.core-hamburg.de

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core

Le centre de recherche sur l’OSCE (CORE) fait partie de l’Institut de recherche sur la paix et la sĂ©curitĂ© de l’UniversitĂ© de Hambourg (IFSH)

Diana Digol, Moldavie, a rejoint CORE en mars 2008 comme chercheur principal. Elle est titulaire d’un doctorat en sciences politiques et sociales de l’Institut universitaire europĂ©en de Florence et d’une maĂźtrise de l’AcadĂ©mie diplomatique de Vienne et de l’UniversitĂ© Johns Hopkins-SAIS (Bologna Center).

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www.core-hamburg.de

de la prĂ©sidence de l’OSCE au MinistĂšre lituanien des affaires Ă©trangĂšres. « Il a Ă©tĂ© utile de pouvoir tĂ©lĂ©charger les documents du cours Ă  partir du site Web et de les lire avant le cours. Les documents et les confĂ©renciers Ă©taient, on ne peut, plus excellents. » Les stagiaires kazakhs et lituaniens estiment que ces activitĂ©s communes leur ont permis de se projeter dans un partenariat qui les prĂ©pare Ă  participer Ă  la mĂȘme troĂŻka de l’OSCE. « Le fait d’avoir participĂ© Ă  la mĂȘme formation que nos homologues du Kazakhstan et d’apprendre comment travailler en Ă©quipe et instaurer de bonnes relations interpersonnelles avec des personnes d’horizons culturels diffĂ©rents, Ă  tous les niveaux, est crucial pour tout le processus de la prĂ©sidence », a dĂ©clarĂ© l’attachĂ© lituanien Nijole Naginyte, basĂ© Ă  Vilnius. « Il est Ă©galement utile d’apprendre Ă  connaĂźtre le personnel de l’OSCE avec lequel nous serons amenĂ©s Ă  travailler Ă©troitement avant et durant la prĂ©sidence lituanienne de l’OSCE. » Egle Morkunaite, qui a passĂ© trois ans avec la dĂ©lĂ©gation lituanienne auprĂšs de l’OSCE Ă  Vienne et qui occupe aujourd’hui le poste de troisiĂšme

secrĂ©taire au dĂ©partement de la prĂ©sidence de l’OSCE au ministĂšre se dit heureuse de la possibilitĂ© qui lui a Ă©tĂ© offerte d’actualiser et d’étendre ses connaissances de l’OSCE. « Lorsque l’on travaille Ă  la dĂ©lĂ©gation, on coordonne les mĂȘmes types de questions dans le cadre de fonctions spĂ©cifiques, et on a donc rarement l’occasion — et le temps — d’approfondir d’autres questions, » a-t-elle dĂ©clarĂ©. J’ai eu quelques moments de surprise durant ces deux semaines en dĂ©couvrant soudainement d’autres aspects de certaines nuances de quelques questions complexes. Le groupe a bĂ©nĂ©ficiĂ© de 45 confĂ©renciers durant la premiĂšre semaine et de 20 autres experts du SecrĂ©tariat de l’OSCE et des dĂ©lĂ©gations de l’OSCE. Jonathan Stonestreet, Conseiller Ă©lectoral principal du dĂ©partement des Ă©lections du BIDDH, a pris sur lui une des tĂąches les plus difficiles en couvrant les engagements de l’OSCE relatifs aux Ă©lections dans six unitĂ©s de formation de 90 minutes chacune. Un autre confĂ©rencier Ă©tait Emmanuel Marion, chef adjoint de l’UnitĂ© pour les questions stratĂ©giques de police du secrĂ©tariat. « L’avantage de ce programme est que nous sommes capables de voir les graines qui donnent une bonne rĂ©colte au profit des principaux acteurs des prochaines prĂ©sidences. Les cours servent Ă  ouvrir les yeux de l’équipe de la future prĂ©sidence sur des questions que nous traitons tous les jours au secrĂ©tariat. Comme nous assurons la continuitĂ© dans le travail de l’OSCE, il est de notre responsabilitĂ© de partager cette mĂ©moire institutionnelle. » Pour ma part, je voudrais ajouter que la responsabilitĂ© de CORE va au-delĂ  de la conception des cours et de leur dĂ©roulement harmonieux. Mes collĂšgues Wolfgang Zellner, Franck Evers et Anna Kreikemeyer qui ont organisĂ© les sessions prĂ©cĂ©dentes, participent rĂ©guliĂšrement Ă  ces cours comme intervenants. Cette annĂ©e, en plus de mon rĂŽle d’organisateur, j’ai dispensĂ© un cours sur « l’introduction Ă  la dimension humaine ». D’aprĂšs les informations reçues, c’est l’accent mis sur l’aspect trĂšs pragmatique du programme qui semble le plus apprĂ©ciĂ©. Nous espĂ©rons dĂ©velopper ce processus en nous inspirant Ă  l’avenir de cette dĂ©marche, Ă  savoir, offrir aux participants non seulement une apprĂ©ciation de l’histoire fascinante et de la raison d’ĂȘtre de l’OSCE, mais aussi en leur dĂ©voilant un aspect approfondi de la dynamique interne de l’Organisation. J’espĂšre que les prĂ©sidences futures — et les pays qui aspirent Ă  la prĂ©sidence — continueront Ă  garder CORE dans leur champ de vision. Le centre CORE serait fier si cette formation devient une pratique Ă©tablie alors qu’il s’apprĂȘte Ă  cĂ©lĂ©brer le 10e anniversaire de sa fondation en janvier 2010.

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Chypre face Ă  la menace des MANPADS

OSCE/Anton Martynyuk

Comment se débarrasser de 324 missiles portatifs vieillissants

ANTON MARTYNYUK ET F. DAVID DIAZ

12 juin 2009, Kalo Chorio, Chypre. La conversation animĂ©e entre une cinquantaine d’hĂŽtes du Gouvernement chypriote est interrompue par une Ă©norme explosion qui secoue le champ de tir de la Garde nationale adjacent au petit village de Kalo Chorio, prĂšs de la ville cĂŽtiĂšre de Larnaca. Depuis notre cabine d’observation situĂ©e Ă  environ 1 kilomĂštre du site mĂȘme de l’explosion, les Ă©pais nuages de fumĂ©e qui se forment au dessus de cette zone sont impressionnants. Le Ministre de la dĂ©fense de Chypre, Costas Papacostas, et ses invitĂ©s se mettent spontanĂ©ment Ă  applaudir.

A

ux cotĂ©s de membres du corps diplomatique, y compris des ambassadeurs et des attachĂ©s militaires, de reprĂ©sentants des Nations Unies, des autoritĂ©s chypriotes et des villages voisins ainsi que de journalistes, nous venons d’assister Ă  la destruction de 20 systĂšmes portatifs de dĂ©fense aĂ©rienne (MANPADS) — la derniĂšre partie d’un lot de 324 armes excĂ©dentaires de ce type qui avaient Ă©tĂ© mises Ă  feu dans des fosses dĂ©couvertes durant quatre jours au dĂ©but du mois de juin. Il s’agissait lĂ  de la derniĂšre phase d’un projet coordonnĂ© par l’OSCE en ayant recours Ă  des spĂ©cialistes provenant principalement des États-Unis et du Royaume-Uni. La majoritĂ© des frais et des dispositions pratiques a Ă©tĂ© prise en charge par le MinistĂšre

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de la dĂ©fense de la RĂ©publique de Chypre. « La cĂ©rĂ©monie d’aujourd’hui souligne l’engagement Ă  long terme de la RĂ©publique de Chypre d’entraver aussi efficacement que possible la prolifĂ©ration illĂ©gale des armes lĂ©gĂšres et de petit calibre », a dĂ©clarĂ© le Ministre de la dĂ©fense, Costas Papacostas, Ă  ses invitĂ©s. Faisant rĂ©fĂ©rence aux 324 MANPADS excĂ©dentaires qui venaient d’ĂȘtre dĂ©truits, il a dit que « mĂȘme si leur durĂ©e de conservation Ă©tait largement dĂ©passĂ©e, on pouvait toujours craindre de les voir tomber entre les mains de criminels, de terroristes ou d’insurgĂ©s qui pourraient les utiliser de façon nocive et destructive et causer des pertes de vies humaines ». Les forces militaires ont commencĂ© Ă  utiliser les MANPADS en 1967 pour se protĂ©ger contre les attaques aĂ©riennes. Un coup d’Ɠil Ă  ces missiles Ă  courte-portĂ©e suffit pour comprendre pourquoi ces armes mortelles sĂ©duisent particuliĂšrement les « acteurs non Ă©tatiques ». ComposĂ©s d’un tube lancement, du missile luimĂȘme et d’un lanceur, les MANPADS sont faciles Ă  transporter, Ă  cacher et Ă  utiliser. Le modĂšle dĂ©truit dans le cadre du projet de l’OSCE — le « 9M32M STRELA » — Ă©tait conçu pour frapper des cibles volant Ă  une altitude pouvant atteindre 5 kilomĂštres. Selon divers experts, ces missiles ont Ă©tĂ© fabriquĂ©s Ă  plus d’un million d’exemplaires, et des milliers d’entre eux, Ă©chappant au contrĂŽle des gouvernements nationaux, peuvent ĂȘtre achetĂ©s au marchĂ© noir par n’importe qui pour seulement quelques centaines

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osce

OSCE/Anton Martynyuk

US State Dept./F. David Diaz

Ci-dessus : des techniciens chypriotes et amĂ©ricains fixent des explosifs sur un tube de lancement contenant un missile MANPAD. À droite : F. David Diaz (extrĂȘme gauche) et Anton Martynyuk (extrĂȘme droite) et l’équipe de spĂ©cialistes technique. Le deuxiĂšme Ă  partir de la gauche est le colonel de la Garde nationale Georgios Georgiadis. Ci-dessous : des membres de la dĂ©fense aĂ©rienne chypriote dĂ©chargent des MANPADS et Ă©tablissent un inventaire avant de les dĂ©truire.

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de dollars. L’utilisation de MANPADS contre des aĂ©ronefs civils a Ă©tĂ© signalĂ©e Ă  plus de 40 reprises depuis les annĂ©es 1970 et a causĂ© l’écrasement de 28 avions et la mort de 850 personnes dans le monde entier. « Nous voulions nous dĂ©barrasser de nos stocks depuis des annĂ©es notamment parce que nous sommes dans une rĂ©gion politiquement ‘chaude’ et que l’üle compte deux aĂ©roports internationaux dont l’un est situĂ© Ă  Larnaca mĂȘme, Ă  peu de distance d’ici, » a signalĂ© le Colonel Georgios Georgiadis, Directeur du matĂ©riel militaire Ă  la Garde nationale. « Vous pouvez vous imaginer combien nous sommes soulagĂ©s de ne plus ĂȘtre obligĂ©s de superviser ces stocks de missiles qui Ă©taient dispersĂ©s dans plusieurs entrepĂŽts. » C’est grĂące Ă  la dĂ©termination de la RĂ©publique de Chypre Ă  se dĂ©barrasser de ses stocks de MANPADS de façon sĂ©curitaire que la demande d’assistance technique prĂ©sentĂ©e par le Ministre de la dĂ©fense aux membres de l’OSCE s’est rapidement traduite par des initiatives concrĂštes. En octobre 2008, lors d’une sĂ©ance conjointe du Conseil permanent et du Forum pour la coopĂ©ration en matiĂšre de sĂ©curitĂ©, M. Papacostas a dĂ©clarĂ© que, mĂȘme si « les experts de notre Garde nationale peuvent utiliser des dĂ©tonateurs et de simples explosifs pour dĂ©truire des petites quantitĂ©s de MANPADS, il ne l’ont encore jamais fait de façon massive et souhaitent vivement apprendre Ă  le faire du mieux possible en respectant les normes internationales de sĂ»retĂ© et de protection de l’environnement ». En mars de cette annĂ©e, les experts du RoyaumeUni et des États-Unis regroupĂ©s sous la tutelle de l’OSCE se sont rendus Ă  Chypre pour examiner de prĂšs ces MANPADS, Ă©valuer la menace qu’ils reprĂ©sentent, examiner les mĂ©thodes disponibles pour les

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Ă©liminer et visiter la zone prĂ©vue pour leur dĂ©molition, qui s’étend sur prĂšs de 20 kilomĂštres carrĂ©s. En Ă©troite collaboration avec l’UnitĂ© de neutralisation des explosifs et des munitions de la Garde nationale chypriote, nous avons Ă©laborĂ© un plan dĂ©taillĂ© pour l’élimination de ces armes. Nous avons aussi veillĂ© Ă  renforcer en mĂȘme temps les capacitĂ©s des experts chypriotes Ă  rĂ©aliser des opĂ©rations de plus grande ampleur en s’appuyant sur les pratiques optimales disponibles. Quand nous sommes revenus en juin, — sous une tempĂ©rature Ă©touffante de 40 degrĂ©s — les mois de coopĂ©ration intensive entre Vienne, Nicosie, Londres et Washington avaient manifestement portĂ© fruit. Le colonel Georgiadis, qui gĂ©rait les activitĂ©s sur le terrain, n’avait laissĂ© au hasard aucun aspect concernant la sĂ»retĂ© humaine ou environnementale. La garde nationale et les spĂ©cialistes du Royaume-Uni avaient dĂ©jĂ  testĂ© les procĂ©dures en dĂ©truisant deux MANPADS. La police militaire prĂȘtait main forte pour assurer la sĂ©curitĂ© de la zone de dĂ©molition et les pompiers de Larnaca, des mĂ©decins militaires et du personnel soignant Ă©taient prĂȘts Ă  intervenir en cas d’urgence. Les MANPADS ont Ă©tĂ© transportĂ©s sur le site depuis le dĂ©pĂŽt militaire en suivant scrupuleusement les normes de sĂ»retĂ© recommandĂ©es par l’OSCE. Des mĂ©thodes de comptabilitĂ© prĂ©cises avaient Ă©tĂ© instaurĂ©es et tous les missiles qui n’auraient pas explosĂ©s pendant cette dĂ©molition devaient ĂȘtre neutralisĂ©s de façon appropriĂ©e. C’est toutefois surtout le souci manifestĂ© par le MinistĂšre de la dĂ©fense pour le bien ĂȘtre des rĂ©sidents de la zone voisine du champ de tir qui nous a favorablement impressionnĂ©s. Durant la cĂ©rĂ©monie,

Angoulis Kyriakos, le maire de Kalo Chorio (ce qui signifie « bon village ») a signalĂ© avec une satisfaction Ă©vidente que les rĂ©sidents avaient Ă©tĂ© consultĂ©s durant la planification de l’opĂ©ration. Les maires de trois autres villages voisins ayant une population d’environ 1 700 habitants figuraient aussi au nombre des invitĂ©s. « Kalo Chorio, le village le plus proche du champ de tir compte environ 2 000 rĂ©sidents, principalement des rĂ©fugiĂ©s », a dĂ©clarĂ© le Colonel Georgiadis. « Nous voulions nous assurer qu’une opĂ©ration d’une telle envergure et Ă©talĂ©e sur plusieurs jours n’aurait pas de rĂ©percussions nĂ©gatives sur eux ou leurs exploitations agricoles. Quand nous avons rencontrĂ© les reprĂ©sentants du village, nous avons constatĂ© que les rĂ©sidents prĂ©fĂ©raient une grosse explosion quotidienne Ă  plusieurs petites explosions Ă©talĂ©es tout au long de la journĂ©e, car ils avaient l’impression que ça les dĂ©rangerait davantage. » Nous voulions initialement pratiquer plusieurs explosions en utilisant les dix fosses dĂ©couvertes existantes mais, compte tenu du vƓu qu’ils avaient exprimĂ©, nous avons fait creuser cinquante fosses de dĂ©molition prĂ©vues pour recevoir deux MANPADS chacune. Pour rĂ©aliser une seule grosse explosion par jour, nous avons reliĂ© les 50 fosses au moyen de « connecteurs non Ă©lectriques bidirectionnels Ă  microretard », grĂące auxquels il s’écoulait seulement 25 millisecondes entre les explosions dans chacune des fosses. « De loin, on entendait seulement une explosion spontanĂ©e alors qu’il s’agissait en fait de 50 explosions consĂ©cutives », a expliquĂ© le Colonel Georgiadis. «C’était la premiĂšre fois que nous utilisions cette mĂ©thode et nous avons Ă©tĂ© trĂšs contents d’obtenir ainsi le rĂ©sultat espĂ©rĂ© — dĂ©truire jusqu’à

Des soldats chypriotes placent deux MANPADS au fond d’une fosse en vue de leur destruction.

US State Dept./F. David Diaz

Qu’a-t’il fallu pour dĂ©truire 324 MANPADS, 101 poignĂ©es de commande et 648 batteries Ă  Chypre ?

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‱ 70 personnes mobilisĂ©es par la Garde nationale y compris les policiers militaires responsables de la sĂ©curitĂ© de la zone et le personnel chargĂ© de creuser les fosses et de les prĂ©parer en vue de la sĂ©rie suivante de dĂ©molitions ‱ 3 000 mĂštres de cordeau dĂ©tonnant ‱ 3 000 blocs de TNT ‱ un rĂ©seau de communication reliant le point de mise de feu et les fosses de dĂ©molition ‱ 200 Ă  300 mĂštres de fils pour dĂ©clencher Ă©lectriquement l’explosion ‱ 1 000 sacs de sable placĂ©s sur le pourtour des zones de dĂ©molition Les poignĂ©es de commande ont Ă©tĂ© broyĂ©es sĂ©parĂ©ment pour rĂ©duire l’utilisation d’explosifs et la production de dĂ©bris. Les batteries ont simplement Ă©tĂ© plongĂ©es dans l’eau et dĂ©truites de façon appropriĂ©e.

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100 MANPADS d’un seul coup tout en limitant le niveau de bruit par respect pour les rĂ©sidents des villages voisins. » Le Colonel Georgiadis a reconnu que les membres de son Ă©quipe et lui-mĂȘme avaient d’abord pensĂ© que la coopĂ©ration avec l’OSCE serait seulement superficielle ». « Nous avons constatĂ© qu’elle Ă©tait beaucoup plus profonde que cela », a-t-il ajoutĂ©. « Il a fallu passer par toutes les Ă©tapes pour se rendre compte de tous le profit que chacun en a tirĂ©, en particulier nos officiers. Nous avons, par exemple, appris sur place Ă  appliquer les pratiques optimales recommandĂ©es par l’OSCE pour enregistrer, photographier et vĂ©rifier les marquages d’identification et de fabrication des MANPADS et des poignĂ©es de commande — ce qui ajoute au processus un Ă©lĂ©ment de transparence. » Le Colonel Georgiadis convient que cet exercice leur a donnĂ© davantage confiance en eux. « Depuis lors, nous avons dĂ©truit chaque mois 85 tonnes de vieilles munitions d’artillerie. Nous avons Ă©galement dĂ©placĂ© les sites d’explosion de trois kilomĂštres vers l’intĂ©rieur du champ de tir pour rĂ©duire encore plus les nuisances imposĂ©es aux villages voisins. » Il a signalĂ© que les objectifs du projet en matiĂšre de renforcement de la confiance avaient Ă©galement influencĂ© la qualitĂ© de l’interaction entre la Garde nationale et les forces britanniques en poste Ă  Chypre, dont le commandant avait Ă©tĂ© invitĂ© Ă  observer la dĂ©molition. « C’est un des projets les plus efficaces et les plus rentables auxquels nous ayons jamais participĂ© », a prĂ©cisĂ© l’expert Bob Gannon. « La Garde nationale a fait preuve de beaucoup de professionnalisme, il n’y a eu aucun problĂšme logistique et, en fait, il nous ont Ă©galement beaucoup appris. Il ne fait aucun doute pour personne que l’UnitĂ© de neutralisation des explosions et munitions est dĂ©sormais parfaitement en mesure de rĂ©aliser Ă  l’avenir des opĂ©rations de dĂ©molition de ce type Ă  trĂšs grande Ă©chelle. Nous avions simplement pour rĂŽle de leur donner un coup de main en ce qui concerne la supervision sĂ©curitaire et les conseils techniques. » Nous espĂ©rons qu’ensemble — l’OSCE, les ÉtatsUnis et le Royaume-Uni —, nous pourrons nous fonder sur cette premiĂšre activitĂ© fructueuse de collaboration avec nos homologues chypriote pour rĂ©aliser d’autres activitĂ©s pratiques reflĂ©tant le dynamisme du MinistĂšre de la dĂ©fense. Il serait, par exemple, logique de combiner maintenant les efforts pour amĂ©liorer les installations de stockage d’armes lĂ©gĂšres et de petit calibre et leur gestion. Cela rendrait la vie des prĂšs de 800 000 habitants de cette belle Ăźle moins dangereuse et plus sĂ»re. Peu de gens sont conscients du fait que Chypre est l’un des 35 premiers signataires de l’Acte final de Helsinki et un des membres fondateurs du Groupe des pays neutres et non-alignĂ©s, qui a contribuĂ© fortement Ă  concilier les intĂ©rĂȘts opposĂ©s de l’Est et de l’Ouest.

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Depuis cet Ă©vĂ©nement marquant, « Chypre a participĂ© activement Ă  tous les organes de l’OSCE et s’est acquittĂ© de ses obligations avec une forte dĂ©termination », a dĂ©clarĂ© M. Papacostas. « En tant que membre de la famille europĂ©enne et de l’OSCE, nous continuerons Ă  travailler avec le mĂȘme zĂšle pour promouvoir la paix et la stabilitĂ© dans le monde. » Anton Martynyuk, Administrateur chargĂ© des MDCS Ă  la Section d’appui au FCS du Centre de prĂ©vention des conflits de l’OSCE dirigeait l’équipe de ce projet. F. David Diaz s’occupe des questions concernant l’élimination et la rĂ©duction des armements au Bureau des affaires politico-militaires, le centre de coordination du DĂ©partement d’État des États-Unis pour la destruction des armes classiques, y compris les MANPADS.

« Des contrĂŽles efficaces et globaux » : enrayer la diffusion illicite des MANPADS La dĂ©termination des États participants Ă  empĂȘcher la prolifĂ©ration de « lance-missiles antiaĂ©riens portatifs » — les MANPADS tels qu’ils sont dĂ©finis dans le Document sur les armes lĂ©gĂšres et de petit calibre (ALPC) — est exprimĂ©e dans ce document ainsi que dans les trois dĂ©cisions supplĂ©mentaires adoptĂ©es par le Forum pour la coopĂ©ration en matiĂšre de sĂ©curitĂ© de l’OSCE en 2003, 2004 et 2008. Collectivement, ces textes constituent un ensemble efficace de mesures visant Ă  contrĂŽler plus Ă©troitement les exportations, les transferts et le stockage de MANPADS. DĂ©cision No 7/03 du FCS : SystĂšmes portatifs de dĂ©fense aĂ©rienne, les États participants recommandent de promouvoir l’application de contrĂŽles Ă  l’exportation efficaces et globaux pour les MANPADS. Il est demandĂ© instamment aux États participants de « proposer des projets pour rĂ©gler les problĂšmes liĂ©s aux MANPADS, » tels que la sĂ©curitĂ© et la gestion des stocks ainsi que la rĂ©duction et l’élimination. DĂ©cision No 3/04 du FCS: Principes de l’OSCE pour les contrĂŽles Ă  l’exportation de systĂšmes portatifs de dĂ©fense aĂ©rienne. Cette dĂ©cision complĂšte et renforce la mise en Ɠuvre du Document sur les armes lĂ©gĂšres et de petit calibre en demandant que des directives plus strictes rĂ©gissent les transferts de MANPADS ; elle inclut un large Ă©ventail d’exigences concernant la gestion et la sĂ©curitĂ© des stocks de MANPADS dans les États oĂč ceux-ci pourraient ĂȘtre exportĂ©s. Les États participants sont convenus d’incorporer ces principes dans leurs pratiques nationales et de les promouvoir dans les pays ne participant pas Ă  l’OSCE. DĂ©cision No 5/08 du FCS: Mise Ă  jour des principes de l’OSCE pour les contrĂŽles Ă  l’exportation de systĂšmes portatifs de dĂ©fense aĂ©rienne. Cette dĂ©cision prĂ©sente des amendements ayant pour objet d’amĂ©liorer la mise en Ɠuvre des contrĂŽles Ă  l’exportation en en facilitant la comprĂ©hension par les exportateurs commerciaux et les organes octroyant les licences correspondantes. Ces deux mises Ă  jour couvrent Ă©galement les questions relatives aux transferts de production. Lectures recommandĂ©es ‱ Annexe C au Guide des meilleures pratiques concernant les procĂ©dures nationales de gestion et de sĂ©curitĂ© des stock du Manuel de l’OSCE sur les meilleures pratiques concernant les armes lĂ©gĂšres et de petit calibre, 2006 ‱ Document sur les armes lĂ©gĂšres et de petit calibre, 2000

DĂ©cembre 2009


Nominations

OSCE

Jirˇ Ă­ Parkmann a pris ses fonctions de chef du Bureau de l’OSCE Ă  Prague le 1er octobre succĂ©dant Ă  l’Ambassadeur JaromĂ­r Kvapil, tous deux de nationalitĂ© tchĂšque. Avant d’ĂȘtre nommĂ© Ă  l’OSCE, l’Ambassadeur Parkmann a Ă©tĂ© chef adjoint de la mission tchĂšque Ă  Paris (2004– 2008) et Consul gĂ©nĂ©ral de la RĂ©publique tchĂšque Ă  MontrĂ©al (1999–2003). Plus rĂ©cemment, il a Ă©tĂ© chef de l’unitĂ© de la Politique europĂ©enne de sĂ©curitĂ© et de dĂ©fense (PESD) au MinistĂšre des affaires Ă©trangĂšres durant la prĂ©sidence de la RĂ©publique tchĂšque de l’Union europĂ©enne. Auparavant, il a occupĂ© les postes de Conseiller auprĂšs du premier ministre adjoint des affaires Ă©trangĂšres, PrĂ©sident du comitĂ© intergouvernemental chargĂ© de la sensibilisation de l’opinion publique dans le contexte de l’adhĂ©sion de la RĂ©publique tchĂšque Ă  l’OTAN et Conseiller chargĂ© des relations extĂ©rieures avec le Ministre sans portefeuille. DiplĂŽmĂ© de l’universitĂ© d’économie Ă  Prague, Parkmann est

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consiste Ă  s’assurer que l’Organisation soit en mesure d’accomplir ses tĂąches avec efficacitĂ© et efficience avec un systĂšme de sĂ©curitĂ© qui fonctionne bien. Il incombe Ă  l’OSCE de veiller sur son personnel en Ă©valuant Ă  intervalles rĂ©guliers les menaces et les risques de sĂ©curitĂ© et en prenant toutes les mesures raisonnables existantes pour permettre au personnel d’accomplir ses tĂąches. « C’est pour moi un honneur que d’ĂȘtre nommĂ©e Ă  ce poste, » a dĂ©clarĂ© Mme McCusker. « En m’inspirant du travail accompli par mon prĂ©dĂ©cesseur Declan Greenway, j’espĂšre procĂ©der Ă  un examen des politiques, procĂ©dures et pratiques de sĂ©curitĂ© afin de dĂ©terminer les moyens de les amĂ©liorer et d’adopter une approche simplifiĂ©e en matiĂšre de sĂ©curitĂ©. Je me rĂ©jouis de travailler avec mes collĂšgues Ă  la fois au secrĂ©tariat et sur le terrain. » Mme McCusker a un diplĂŽme en rĂšglement des conflits et un certificat post-universitaire de gestion des affaires ; elle a Ă©galement une formation approfondie et une expĂ©rience confirmĂ©e des nĂ©gociations et de la mĂ©diation. OSCE/Susanna Lööf

Janie McCuskera pris les fonctions de chef de la gestion de la sĂ©curitĂ© au secrĂ©tariat de Vienne le 1er octobre. Avant sa nomination Ă  l’OSCE, elle Ă©tait Coordonnateur hors classe pour les questions de sĂ©curitĂ© et Chef de la sĂ©curitĂ© au Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) Ă  New York oĂč elle a mis en place la structure et la capacitĂ© en matiĂšre de sĂ©curitĂ© et prodiguĂ© des conseils aux hauts responsables chargĂ©s de la gestion des questions stratĂ©giques, politiques et opĂ©rationnelles de sĂ©curitĂ©. De nationalitĂ© britannique, la carriĂšre de Mme McCusker en matiĂšre de gestion de la sĂ©curitĂ© s’étend sur une trentaine d’annĂ©es. En tant que spĂ©cialiste du contreespionnage au sein de la British Royal Force pendant 22 ans, elle a travaillĂ© dans divers endroits au Royaume-Uni et en Allemagne ainsi qu’à l’OTAN, puis en RĂ©publique fĂ©dĂ©rale de Yougoslavie. AprĂšs avoir rejoint les Nations Unies comme responsable de la coordination des mesures de sĂ©curitĂ© sur le terrain en 2001, elle a Ă©tĂ© en poste en OuzbĂ©kistan jusqu’en 2003. La gestion de la sĂ©curitĂ© Ă  l’OSCE

Ă©galement titulaire d’un diplĂŽme de commerce international et a poursuivi des Ă©tudes postuniversitaires Ă  l’universitĂ© Charles. « Jadis siĂšge du secrĂ©tariat de la ConfĂ©rence sur la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe (CSCE), le Bureau de Prague est le gardien du passĂ© de l’Organisation depuis 1991, et j’espĂšre orienter les activitĂ©s du Bureau dans la bonne direction, » a dĂ©clarĂ© l’Ambassadeur Parkmann. En tant que base de donnĂ©es oĂč sont centralisĂ©s des documents historiques toujours plus nombreux, nous avons la responsabilitĂ© particuliĂšre de garder vivante la mĂ©moire institutionnelle de l’OSCE en aidant les historiens, les chercheurs et les participants Ă  notre programme de recherche dans leur Ă©tude de ces dossiers inestimables. L’Ambassadeur Parkmann souhaite renforcer le projet d’histoire orale du Bureau de Prague qui vise Ă  recueillir une collection d’enregistrements sonores d’entretiens avec les dĂ©lĂ©guĂ©s de la CSCE qui ont contribuĂ© Ă  l’Acte final de Helsinki de 1975. Le Bureau s’attache Ă©galement Ă  Ă©tudier la phase de transition de l’Organisation dans les annĂ©es 90 de la CSCE Ă  l’OSCE. Le Bureau est aussi le point central pour la gestion des dossiers des documents papier et des dossiers Ă©lectroniques et, sur ce plan, il travaille en Ă©troite coopĂ©ration avec le secrĂ©tariat Ă  Vienne. Il aide Ă  organiser les rĂ©unions du Forum Ă©conomique et environnemental lorsqu’elles se tiennent Ă  Prague. CALENDRIER PRÉVISIONNEL DE L’OSCE (dĂ©but 2010) ‱ Observation des Ă©lections prĂ©sidentielles — Ukraine, 17 janvier ‱ Atelier de la prĂ©sidence sur la lutte contre les cultures illicites et le renforcement de la sĂ©curitĂ© et de la gestion des frontiĂšres : la ThaĂŻlande en tant qu’étude de cas — Chiang Mai, Chiang Rai, ThaĂŻlande, du 24 au 28 janvier ‱ Forum Ă©conomique et environnemental de l’OSCE, partie I : promotion de la bonne gouvernance aux points de passage des frontiĂšres, amĂ©lioration de la sĂ©curitĂ© du transport terrestre et facilitation du transport international par route et par rail dans la rĂ©gion de l’OSCE — Vienne, 1er et 2 fĂ©vrier ‱ Atelier international d’experts de la prĂ©sidence sur la lutte contre l’esclavage moderne : expĂ©riences nationales, rĂ©gionales et internationales ­ — Oulan-Bator, Mongolie, 9 et 10 fĂ©vrier ‱ Atelier d’experts des secteurs public/ privĂ© sur la protection des infrastructures Ă©nergĂ©tiques vitales contre les attaques terroristes — Vienne, 11 et 12 fĂ©vrier

ANNIVERSAIRES 1er aoĂ»t : 35Ăšme anniversaire de la signature de l’Acte final de Helsinki (1975) 19 novembre : 20Ăšme anniversaire de la signature du traitĂ© FCE (1990) 21 novembre : 20Ăšme anniversaire de la signature de la Charte de Paris pour une nouvelle Europe (1990)

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L’Organisation pour la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe www.osce.org www.osce.org/publications e-mail: oscemagazine@osce.org


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